Chapitre 16

Par Isapass
Notes de l’auteur : Ce chapitre est un peu narratif et explicatif, mais en principe il a l'avantage de faire avancer l'histoire. N'hésitez pas à me dire si c'est pénible ou si ce n'est pas gênant.

Le bon sourire de Walt est entré dans mon champ de vision alors que j’essayais encore de savoir si c’était la honte ou la colère qui me crispait la gorge. Il m’a tendu la main et m’a aidé à me relever. Je m’attendais à des rires grinçants et à des commentaires sur ma jambe, mais l’assistance finissait de se disperser comme s’il s’était rien passé de spécial. J’avais cependant du mal à croire qu’ici les hommes étaient meilleurs qu’ailleurs ; ils devaient plutôt avoir l’habitude de ce genre de scènes, au point qu’ils y réagissaient même plus. Ça promettait.

À contresens des gars qui repartaient vers leur boulot, le costaud s’est approché de nous. Son pantalon était encore tout poussiéreux de sa chute dans l’enclos, ça nous faisait un point commun.

— Je suis Swan Sorenson, le maître d’écurie, il nous a annoncé. Monsieur Wilkinson m’a dit qu’il vous avait embauchés.

Il a pris un instant pour un hochement de tête un peu perplexe.

— C’est vrai que ça aurait été dommage de pas le faire après ta performance dans l’enclos, mon gars.

Sa surprise pouvait venir de ma performance, comme il disait, mais j’avais plutôt l’impression que c’était d’être d’accord avec son patron, qui l’étonnait. J’ai pas pu m’empêcher de sourire, mais le coup d’œil qu’il m’a jeté m’a remis à ma place.

Il nous a fait signe de le suivre et s’est dirigé vers les écuries.

— On va voir ce que vous savez faire avec les poulains. Mais je vous préviens, on fait dans le canasson de luxe, ici. Chaque bête vaut plus cher que ce que vous toucherez dans vos vies, alors vous avez intérêt à assurer, sinon vous ferez le fumier et rien d’autre.

J’ai pensé que même le fumier, ça nous aurait été, mais il fallait jouer le jeu. Et puis je me sentais en veine malgré le sale tour de Harper.

— Huit dollars par jour pour nous deux, et vos poulains en or auront jamais été entre de meilleures mains, j’ai lancé.

Walt m’a tourné un regard affolé, et j’ai eu peur d’avoir été trop loin. Mais Sorenson a même pas ralenti sa marche.

— Tu sais quoi, mon gars ? On va voir comment se passe cette journée-ci. Si je suis content, tu auras tes huit dollars.

 

Le travail consistait à s’occuper des poulains de printemps et aussi des yearlings. Enfin, pour ces chevaux-là, on disait pas « yearlings », apparemment, on disait « poulains de un an », allez savoir pourquoi. Au début, j’ai cru qu’on allait en baver avec eux, mais contrairement aux élevages de mustangs que je connaissais un peu, où les poulains naissaient et passaient leur première année dans les pâturages sans voir un humain, les canassons de riches étaient manipulés, brossés, bichonnés depuis leur naissance. Même les juments nous laissaient approcher leurs petits sans broncher. Franchement, c’était un boulot de rêve : les journées avec des bêtes aussi gentilles et aussi belles pour quatre dollars chacun, c’était presque du vol.

Il était quasiment midi, j’avais promené quelques-uns des poulains pour les habituer à s’éloigner de leur mère. Le dernier m’avait suivi comme un chiot en frottant ses minuscules naseaux dans ma paume, et j’avais le sourire aux lèvres en allant ranger le licol. La sellerie des jeunes se situait tout au bout du bâtiment. Vu que c’était une pièce aveugle, elle était restée fraîche malgré l’heure. Je me suis attardé un peu pour profiter du calme en donnant un coup de brosse sur les courroies en cuir. J’ai sursauté en entendant un bruit de porte, puis une voix aussi claire que si quelqu’un parlait à côté de moi.

— Alors, tu l’as quand même acheté, cet étalon, finalement. Contre l’avis de ta tante. Et à prix d’or, en plus.

J’ai arrêté de brosser et j’ai observé le coin d’où venait le son. Caché par des brides et des longes, un interstice dans la cloison donnait sur la pièce voisine. Je me suis approché le plus discrètement possible. C’était plus qu’un interstice en regardant bien : quelqu’un avait taillé une des planches pour obtenir cet espace.

— Et j’ai entendu dire que sans l’intervention miraculeuse d’un gamin, tu as failli le blesser, ce matin, a continué la voix. Ça aurait été dommage de devoir abattre un cheval de ce prix dès son arrivée. Enfin, d’après ce qu’on m’a raconté, ce bestiau aurait aussi pu tuer Sorenson. Ou toi.

Il y a encore eu un silence. Je commençais à me demander si le gars discutait tout seul, alors j’ai collé mon œil contre la fente. J’ai d’abord aperçu des étagères et le coin d’une table. Ça devait être le bureau. Et puis j’ai vu celui qui parlait : grand, mince avec des épaules carrées. Il portait un chapeau à large bord, une veste bleu sombre et une cravate. Une moustache bien taillée retombait de chaque côté de sa bouche comme des crocs. Son visage était immobile, aucun signe de colère ou quoi, mais j’aurais pas aimé me trouver en face de lui. C’était le genre de gars qui en imposent rien que par leur présence.

— Je t’avais pourtant dit que cet élevage ne produisait que des chevaux à moitié fous. Tout le monde le sait. Mais encore une fois, tu n’as rien écouté. Dès qu’il y a moyen de faire n’importe quoi, tu te précipites.

L’angle entre les planches me permettait pas de voir à qui il s’adressait, mais je commençais à deviner. Et j’en revenais pas. Il s’est penché en posant ses deux mains sur le bureau.

— Est-ce que tu te rends compte, Harper, quelle déception tu es pour ta tante ? Je perds mon temps jour après jour à réparer tes conneries.

Là il y a eu un bruit précipité, et les cheveux pâles de Wilkinson sont passés dans mon champ de vision. Il s’est rué sur l’autre et j’ai retenu un cri en voyant qu’il pointait un revolver sur lui. Un truc énorme et tout brillant qui paraissait trop lourd pour le bras de Harper.

— Fermez-là, Jensen ! il a hurlé d’une voix un peu geignarde. Vous avez aucun droit de venir m’emmerder. Je fais ce que je veux. Vous vous prenez pour qui ? Le patron, c’est moi, pas vous !

Jensen s’est redressé. Sa moustache a frémi comme s’il retenait un sourire. Et puis d’un coup sec, il lui a attrapé le poignet et l’a serré jusqu’à ce que Harper lâche l’arme. Ça avait duré deux secondes.

— Erreur, petit. Le patron, c’est ta tante. Et elle me paye pour faire en sorte que tout ici file droit. Toi y compris.

— Elle vous paye pas que pour ça, apparemment, lui a craché Harper en frottant son bras. Vous n’essayez même plus d’être discret quand vous sortez de sa chambre. Mais méfiez-vous, parce que le jour où ce sera moi le propriétaire, vous ne resterez pas longtemps, quels que soient vos talents comme poule de luxe.

La main de Jensen a claqué si fort sur la joue de Harper que mon oreille en a sifflé.

— Encore faudrait-il que tu sois propriétaire, a soufflé le régisseur, le visage toujours impassible.

Et puis il est sorti. Une ou deux secondes sont passées avant que je voie Wilkinson s’avancer, les yeux fixés sur la porte par où Jensen avait disparu. Sa figure était rougie par la rage et la claque, mais il avait aussi l’air un peu perdu, comme s’il se demandait ce qu’avait voulu dire le régisseur.

Je me suis redressé en retenant un gémissement. À force de me tordre pour regarder par ce fichu trou, je m’étais collé un bon mal de dos. Je me suis étiré pour faire passer. Quand j’ai levé la tête, j’ai vu un garçon accroupi sur une des poutres au-dessus du bureau. Ses longs bras et ses jambes toutes maigres repliées autour de lui le faisaient ressembler à une araignée. Avec ses vêtements noirs, sa peau sombre et son immobilité, c’était facile de comprendre pourquoi je l’avais pas aperçu plus tôt. Lui par contre il m’avait vu et il me regardait encore fixement à travers ses lunettes rondes.

 

Dès que j’ai pu, j’ai rejoint Walt dans le box où il brossait un poulain et sa mère pour lui raconter à voix basse tout ce que j’avais entendu. Il hochait la tête en continuant son travail. Je parlais autant pour lui que pour m’aider à réfléchir. Dans ce genre de situation, j’arrivais jamais à savoir s’il comprenait rien ou si au contraire il allait me sortir la solution à tous nos problèmes à la seconde où je me tairais.

— J’ai l’impression que le vrai patron, c’est ce Clay Jensen, en fait, et pas ce petit con de Harper, comme on croyait, j’ai conclu. C’est dommage que Mercy ait pas pu nous en dire plus sur lui.

— Faut qu’on trouve Paul, m’a répondu Big Boy en appuyant sur les mots pour me rappeler que c’était ça l’urgence. Sinon, Mercy et Voyage elles vont dormir dehors cette nuit.

Il avait à peine refermé la bouche que la porte du box s’est ouverte. Le garçon-araignée s’est faufilé à l’intérieur.

— Vous êtes des amis de Mercy ?

J’ai pas répondu. J’étais sûr qu’on avait parlé bien trop bas pour que qui que ce soit nous entende et je voulais pas discuter de Mercy avec n’importe qui dans le coin. Mais c’était compter sans Walt.

— Oui, des très bons amis, il a dit en tendant la main.

Le garçon a souri de toutes ses dents.

— Je suis Paul.

 

Les jours suivants, Walt et moi on a continué à travailler aux écuries. Le matin on s’occupait des poulains de printemps, promenade, pansage et tout ce qu’il fallait pour en faire des bêtes parfaitement dressées, calmes, patientes, prêtes à être montées trois ou quatre ans plus tard par n’importe quelle demoiselle de la côte en fanfreluches. L’après-midi, c’était le tour des poulains de un an. Là c’était plus sportif : ils étaient grands et pleins de sang, un peu joueurs et un peu trop gâtés pour certains. On passait des heures dans les enclos à les convaincre que le plus simple pour eux c’était de faire ce qu’on leur demandait, et pas ce qui leur passait par la tête. Comme Walt était jamais loin, je suis presque sûr qu’il m’envoyait un peu de magie de temps en temps, mais j’y faisais même plus attention. En tout cas, à nous deux, on s’en sortait plutôt bien.

Pour être tout à fait honnête, j’adorais ça. J’aurais voulu que ça dure aussi longtemps que possible. C’était tentant : Mercy et Voyage étaient en sécurité, j’avais jamais fait un boulot qui me plaisait autant, Sorenson et tout le personnel des écuries étaient assez sympas et on recevait bien les huit dollars par jour que j’avais osé demander. En plus, on avait presque jamais affaire à Harper. C’est qu’aux moments où Mercy et la petite me manquaient que je me rappelais qu’on était pas là par hasard. On essayait d’apprendre le plus de trucs sur le domaine, les gens qui y bossaient, et puis surtout sur la famille. Et pour ça, Paul était plus utile que tout ce que j’aurais pu espérer.

C’était un garçon étrange. Déjà, j’avais du mal à lui donner un âge. Tout maigre, bras et jambes interminables, il se tenait un peu courbé avec la tête légèrement en avant comme si elle était trop lourde pour son cou. Il ressemblait à un adolescent qui vient de grandir tout d’un coup sans se muscler. Par contre, ce qu’il avait dans la caboche laissait croire qu’il était bien plus vieux. Il savait tout. Il lisait et comptait n’importe quoi, utilisait des mots que j’avais jamais entendus et j’avais surpris certains employés, même des anciens, en train de le consulter sur des histoires de rendement ou sur le comportement des insectes qu’ils trouvaient dans les champs. Il disait qu’il avait tout appris tout seul, parce que Miss Helen l’avait toujours autorisé à prendre des livres dans la bibliothèque de la grande maison. Depuis, il avait lu tout ce qu’elle contenait et tout ce qui lui tombait sous la main dans les bureaux des contremaîtres, chez le pasteur, et probablement chez tous les habitants de Trinity qui voulaient bien lui prêter leurs bouquins. Il m’avait raconté tout ça avec un petit haussement d’épaules comme si c’était tout ce qu’il y avait de normal, mais j’avais bien vu que ses yeux brillaient de fierté.

— Ah, vous avez rencontré notre phénomène ! nous a dit Sorenson après nous avoir vus discuter avec le garçon. Vous savez que personne s’était rendu compte de ce qu’il avait dans la caboche jusqu’à ce que Monsieur Jensen arrive, il y a trois ans ? Depuis, il lui fait faire toute la comptabilité du domaine !

Puis il a ajouté, les yeux dans le vague :

— Il doit savoir des choses que même Miss Helen et Harper ignorent. Ils ont intérêt à le garder de leur côté, celui-là…

Ensuite il nous a jeté un coup d’œil gêné, mais le regard limpide de Walt a dû le rassurer.

— Retournez au boulot, si vous voulez mériter votre salaire ! il nous a lancé avec un sourire de bon père de famille.

En fait, il croyait pas si bien dire à propos de Paul. Parce qu’en plus de toutes ses connaissances apprises dans les livres, il savait tout ce qui se passait à Pierce Rock. Non seulement entre les employés, mais aussi dans la grande maison. Il se débarrassait vite fait de son travail qui devait être trop facile pour lui, et ensuite, il profitait de son temps libre pour se faufiler partout comme je l’avais vu faire dans la charpente au-dessus du bureau des écuries. Sa mère avait travaillé toute sa vie comme femme de chambre pour Miss Helen, et il était pour ainsi dire né sur le domaine. Il faisait partie du décor, personne s’étonnait de le voir traîner ici ou là, un bouquin à la main. C’était même une sorte de mascotte. Les gens avaient toujours un mot pour lui ou une question, une tape sur l’épaule ou un geste de salut. Lui, il gardait les yeux un peu baissés et un sourire… reconnaissant.

J’ai eu du mal à savoir ce qu’il ressentait pour les Wilkinson et leur clique. À cause de ce sourire, justement. Après tout, sa situation avait l’air de lui convenir. Mieux que ça, tout le monde admettait qu’il était vraiment très futé. Ailleurs, on lui aurait peut-être rigolé au nez s’il avait cherché un boulot à la mesure de sa grosse cervelle. Il s’en sortait sans doute pas si mal pour un jeune garçon noir. Mais je me souvenais de ce que Mercy avait dit. Qu’un jour il se laisserait plus faire. Et puis il avait pas hésité une seconde à nous aider. Enfin, à aider Mercy, surtout. Il avait même pas demandé pourquoi elle était revenue dans le coin. Son œil s’était allumé comme si on lui avait proposé un défi et il avait disparu. Deux heures plus tard, il nous avait annoncé que Mercy et la petite étaient installées chez sa mère, que personne les avait vues et que la brave femme, qui connaissait Mercy depuis sa naissance, s’occuperait d’elles avec discrétion et dévouement comme si c’étaient ses propres enfants.

Il nous a confirmé que Harper devait à tout prix ignorer que Mercy était dans le coin. Il criait à qui voulait l’entendre qu’elle avait tué son ami, son frère, un nommé Chancy Braun, et qu’il le vengerait. D’après Paul, il était tout à fait capable de tirer à vue ou même d’organiser un lynchage devant tous les employés du domaine, sans se demander une seconde s’il était dans son plein droit.

Quand Paul parlait de Harper, sa bouche se tordait de mépris et de haine. Pour lui, l’héritier de Pierce Rock était bête et méchant. Sadique, même. Et jaloux. De tout. Il se vantait d’être le patron, le meilleur cavalier, le plus malin, le plus courageux, le premier en tout, mais il enviait tous ceux qui le faisaient mentir. L’intelligence de Paul et la gentillesse que les autres lui montraient devaient lui rester en travers de la gorge. Du coup, il perdait jamais une occasion de s’en prendre à lui dès qu’ils se croisaient, ce que j’avais très vite pu voir de mes propres yeux. Walt aussi assistait aux coups de pied, aux claques derrière la tête, aux bras tordus… Harper s’adressait à Paul en l’appelant « petit singe ». Et personne le reprenait, même pas Clay Jensen qui devait se dire que tant qu’à engueuler Harper, il fallait que ce soit pour des choses importantes.

— Attends, Big Boy, on trouvera le moyen de lui faire payer ce qu’il lui fait, j’ai dit quand j’ai senti que Walt brûlait d’intervenir.

Pourtant, tout ça, ça pouvait expliquer que Paul ait eu une sérieuse dent contre Harper, mais pas contre les Wilkinson en général. Du coup, j’hésitais encore à lui dire pourquoi on était là. Et puis un jour — un peu moins d’une semaine après notre arrivée — Miss Helen est passée aux écuries, en tenant par la main un petit garçon. Y avait pas de doute à avoir, c’était Jackson. Ses yeux étaient exactement les mêmes que ceux de Voyage, de ce vert transparent qui me faisait sauter un battement de cœur à chaque fois. Par contre, si la petite ressemblait à une version plus claire de sa mère, le garçon, lui, avait pas mal de points communs avec son père. En fait, c’était lui avec une sorte de douceur en plus : les traits moins anguleux, la peau un peu dorée, des grosses boucles d’un blond de coucher de soleil. L’ascendance de Mercy avait gommé toute la pâleur glacée du physique de Harper, mais ça s’arrêtait là. Pour n’importe qui qui aurait pas connu la vérité, Jackson était un enfant blanc. Impossible de deviner que sa mère était noire. Il était habillé comme un petit monsieur et souriait timidement à tous ceux qui venaient lui faire des courbettes, c’est-à-dire toutes les personnes présentes aux écuries à ce moment. J’aurais pas su dire si les gens l’aimaient vraiment — faut dire qu’il était beau, poli et tout — ou si c’était pour faire de la lèche à Miss Helen. Un peu des deux, sûrement. Sorenson a pratiquement marché sur deux de ses gars pour être le premier à proposer de lui faire faire un tour sur son poney.

— Il est déjà très bon cavalier, pour ses trois ans ! il a crié en emmenant le poney par la longe.

Quand ils sont partis derrière le bâtiment, j’ai aperçu Harper qui fixait l’endroit où ils avaient disparu avec un air méchant. Comme c’était plus ou moins son expression habituelle, je suis passé à Miss Helen. Elle portait un large chapeau et un ensemble presque blancs ; sa peau et ses cheveux étaient aussi pâles que ceux de Harper. Paul m’avait dit qu’elle avait dans les cinquante ans, pourtant elle en paraissait trente. Elle avait beau être petite, c’était une vraie grande dame. Rien qu’à voir comment elle se tenait, comment elle regardait les choses et les gens autour d’elle, on pouvait deviner qui elle était. J’allais rentrer aux écuries quand je l’ai vu s’approcher de Paul en souriant.

— Tiens, mon petit Paul. Comment vas-tu ? Et comment va ta mère ? Elle me manque, cette brave Teresa, elle me coiffait comme personne.

La question m’a d’abord paru gentille, mais le geste qui l’accompagnait m’a fait un choc. Elle a posé sa main sur la nuque de Paul. Aussitôt, la courbure de son cou s’est accentuée et il a semblé plus petit qu’elle, alors qu’il la dépassait d’une demi-tête. Devant la gueule sombre de la porte des écuries, on le voyait à peine quand sa clarté à elle avait l’air d’éclairer l’endroit. Cette main, même légère, posée là comme un collier sur le garrot d’une mule, ça disait « Tu es mien. Tant que tu me sers bien, tu ne crains rien. Sinon… » Tout d’un coup, je me suis rappelé d’autres gestes du même genre : Jensen tapotant la tête de Paul, Sorenson sa joue. J’avais pris ça pour de la gentillesse, mais maintenant, je voyais les choses autrement. C’étaient des gestes affectueux, vraiment, mais qu’ils se seraient permis avec personne sinon leurs employés de couleur. Ceux qui travaillaient avec eux depuis toujours, en tout cas. Ici, cinquante ans après, la guerre avait pas changé grand-chose. Ces gens aimaient leurs noirs comme ils aimaient leurs chevaux ou leurs chiens. Parce qu’ils étaient à eux et qu’ils obéissaient. 

J’ai pas entendu la réponse que Paul a marmonnée, mais dès que Miss Helen s’est détournée de lui, j’ai vu son regard brûlant quand il s’est redressé. Et j’ai aussitôt pensé à Modest. Ses yeux brillaient sans doute exactement comme ça le jour où il avait tué ses maîtres.

Le soir même, Walt et moi on a expliqué à Paul pourquoi on était là.  

 

Paul avait dû sentir qu’on lui faisait pas complètement confiance. Du coup lui aussi il était resté sur la réserve. Une fois qu’on lui a fait nos confidences, il nous a tout lâché. Tout ce que je commençais juste à soupçonner d’après les morceaux de conversation et le comportement des uns et des autres, il nous l’a confirmé. Or, tout ça nous était bougrement utile pour comprendre dans quel pétrin on était partis pour se fourrer.

— Vous l’avez vu vous-mêmes, nous a expliqué Paul. Le petit, c’est le trésor de Miss Helen.

— Ouais, c’est sa dernière poupée en date, quoi. Comme Mercy avant lui.

— Oh non, c’est beaucoup plus que ça. C’est l’espoir de Pierce Rock.

En voyant nos têtes ahuries, il nous a raconté toute l’histoire. Harper était le fils du frère cadet de Miss Helen. Sa mère était morte en couches, et son père s’était cassé le cou en tombant d’un chariot emballé avant les deux ans de son fils. Sa tante l’avait élevée elle-même comme un petit roi pour compenser tout le malheur qui s’était abattu sur le gamin. Elle l’avait tellement choyé, gâté, que les plus vieux employés du domaine racontaient à mi-voix qu’à cinq ou six ans, Harper était déjà un vrai tyran. Il donnait des ordres, maltraitait les bêtes, insultait tout le monde, piquait des colères et cédait à toutes ses envies, quelles que soient les conséquences. Et non seulement Miss Helen le punissait jamais, mais elle interdisait à quiconque de lui faire la moindre remarque. Évidemment, ça s’était pas arrangé avec les années. Il était devenu de plus en plus cruel et irresponsable. En plus, il avait rassemblé autour de lui une petite bande de gars aussi cons et méchants que lui, en particulier ce Chancy Braun que Walt avait tué le jour de la tentative de viol de Mercy et qu’il voulait venger. Paul était convaincu que Harper était vraiment dangereux.

— Et je suis sûr que Miss Helen en a peur, il a ajouté. Pas pour elle, mais de ce qu’il pourrait provoquer. Jensen et elle passent leur temps à faire le ménage derrière lui, pour que personne ne sache à quel point il est tordu.

Entre-temps, Miss Helen avait hérité de Pierce Rock. Elle s’était jamais mariée. C’était pas faute de prétendants, pourtant. Ils s’étaient présentés par dizaines au fil des années ; Miss Helen les avait tous refusés. Comme ça, elle restait la patronne, disait Paul. Et elle se débrouillait pas mal : l’élevage de chevaux qu’elle avait ajouté aux activités agricoles avait bien enrichi le domaine. Ses employés lui obéissaient au doigt et à l’œil. Finalement, le seul truc qui lui posait problème, c’était Harper qui était incontrôlable.

Et puis trois ans avant, ou presque, il s’était passé deux choses. D’abord, Jensen était arrivé à Pierce Rock en tant que régisseur. Miss Helen lui avait laissé tout de suite les coudées franches, ce qui avait surpris tous les employés. Personne savait d’où il sortait, mais il avait la pleine confiance de sa patronne.

— Ça m’étonne pas, s’ils couchent ensemble, j’ai remarqué. C’est ce que Harper avait l’air de dire quand je les ai entendus l’autre jour, en tout cas.

— Oui, tout le monde le sait, mais personne n’en parle, a confirmé Paul. Peut-être même que c’était déjà son amant avant de devenir régisseur. Quoi qu’il en soit, non seulement il a tout pris en main, mais il s’est opposé à Harper. C’est le seul à avoir de l’autorité sur lui. Ou tout au moins à lui faire un peu peur. Harper essaie bien de se rebeller, mais Jensen le remet à sa place à chaque fois.

La seconde chose, c’était la naissance de Jackson. Avec sa manie de fouiner, Paul était un des seuls avec le personnel de maison à savoir que Mercy était sa mère. D’ailleurs, quand il avait remarqué qu’elle était enceinte, il savait pas qui était le père.

— Mais j’ai compris qui c’était dès que j’ai vu le petit.

Il avait craché ça les dents serrées. Ça avait l’air de le foutre encore plus en rogne que ce que Harper lui faisait à lui. Je voyais ce qu’il ressentait : rien qu’à l’écouter, j’avais envie de tuer ce salopard. J’ai failli demander à Paul pourquoi il avait rien fait pour Mercy à ce moment, mais je savais que c’était pas si facile. Qu’est-ce que moi j’aurais fait, à sa place ? L’aider à partir ? Elle avait jamais rien connu d’autre que Pierce Rock, elle aurait sans doute pas voulu quitter son fils, et enfin, d’après Paul, Miss Helen gardait à coup sûr ses papiers sous clé.

Quand il avait vu le bébé pour la première fois, Paul avait alors compris pourquoi Miss Helen avait plus ou moins tenu Mercy enfermée dans la maison pendant toute sa grossesse. Déjà, que l’héritier d’un grand domaine soit méchant comme une teigne et à moitié taré, ça la foutait mal, mais qu’il fasse un bâtard à la domestique noire, ça devait faire tache dans le voisinage. Surtout que Mercy avait pas plus de douze ans à l’époque.

— Elle pouvait virer Mercy et le petit, j’ai dit. Pourquoi elle l’a pas fait ?

— Tu ne vois pas assez loin, Sam, a répondu Paul. Tu ne raisonnes pas comme eux, tu n’as pas de propriété à léguer ni de nom à préserver, toi.

Après la naissance du petit, Paul avait pris l’habitude de laisser traîner ses oreilles près de la maison, certain que la suite allait pas être bonne pour son amie. Il avait entendu une conversation très intéressante entre Jensen et Miss Helen. Elle, elle disait que comme personne ou presque savait que l’enfant était de Mercy, qu’il était impossible de voir qu’il avait du sang noir, et que d’un autre côté, sa ressemblance avec Harper sautait aux yeux, elle voulait se le garder en annonçant officiellement qu’il était son petit-neveu. Elle avait déjà brodé une histoire pour expliquer que la jeune mère — fiancée à Harper, ou quelque chose comme ça — était morte en couche et que la famille avait confié le bébé aux Wilkinson. Il serait difficile de faire croire à un mariage, donc le petit serait toujours un bâtard, mais Harper pourrait le reconnaître plus tard.

Ici, Jensen était intervenu. Il doutait que Harper veuille reconnaître Jackson, mais Miss Helen pouvait l’adopter. Ce qui lui permettrait — là, Jensen avait eu l’air de marcher sur des œufs — de faire de lui son héritier à la place de Harper. Miss Helen avait pas dit grand-chose, mais Paul avait saisi que l’idée lui plaisait beaucoup. Du coup, je comprenais enfin pourquoi personne à part Harper nous avait poursuivis quand on avait emmené Mercy. Elle était l’élément gênant, c’était trop beau qu’elle disparaisse.

Quand Paul a eu fini de nous raconter ça, il y a eu un grand silence. Je me suis souvenu de la haine de Harper pour Jackson, celle que j’avais vue dans son regard, sans m’y attarder à ce moment-là.

— Est-ce qu’y sait, Harper ? a demandé Walt avec une voix inquiète.

— Je ne crois pas, mais il s’en doute peut-être. Et de toute façon, il est jaloux de l’attention que sa tante porte à Jackson.

Je pensais déjà à quelque chose de plus emmerdant.

— Est-ce que Miss Helen l’a vraiment adopté ?

— Non, ça, je suis sûr que non, a dit Paul avec un sourire écœuré. Elle voulait attendre un peu, pour être certaine qu’il… n’allait pas se mettre à ressembler à sa mère en grandissant.

 

J’ai ruminé tout ça pendant plusieurs jours, en me demandant quoi en faire. À présent on savait que Harper serait peut-être pas notre principal problème. Lui, il se ficherait que Jackson disparaisse ; il serait sans doute même content. Par contre, on risquait d’avoir Clay Jensen à nos trousses, et ça, c’était pas fait pour me rassurer. Et puis ce serait déjà pas simple de réussir à quitter Pierce Rock avec le petit, mais une cavale avec deux gamins, à pied, poursuivis par des hommes à cheval, je voyais pas quelles chances on aurait. On serait rattrapés le premier jour.

Je commençais à croire que c’était pas possible, quand Paul est venu vers moi avec le sourire de celui qui a trouvé une pièce d’or sous ses pieds.

— Après-demain, il a dit, Miss Helen et Jensen partent pour toute une semaine à Ferblack City, pour une grande foire. Si vous filez avec Jackson dès qu’ils s’en vont, personne ne bougera sans leur accord. Vous aurez huit jours d’avance avant qu’on vous recherche.

J’ai regardé les yeux d’ange de Big Boy et je me suis dit qu’enfin notre étoile s’était réveillée.

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Tac
Posté le 20/08/2024
Yo !
J'ai bien aimé le chapitre ! La relation avec Paul et comment il traverse sa vie et les relations avec les patron.nes. J'ai trouvé ça intéressant, et que le narrateur le capte pas direct. Je m'attendais un peu à une histoire d'héritage mais je savais pas comment elle allait s'articuler, je trouve ça assez chouette. En revanche je trouve dommage de décréter que Harper est à moitié taré, je vois pourquoi il est décrit ainsi mais je trouve que ça le deresponsabilise aussi de sa violence et de la façon dont il a été socialisé. Le récit que Paul fait de son histoire montre bien qu'il est violent parce qu'il le peut et que c'est sa façon d'exprimer sa façon d'être. Dire qu'il est fou, je trouve ça presque facile, même si les gens aussi tyranniques on aime bien cette facilité de les qualifier ainsi.
C'est du détail, mais bref, sinon j'ai hâte de lire la suite, surtout avec la petite annonce qui conclut l'enquête et relance l'action !
Plein de bisous !
Isapass
Posté le 25/08/2024
J'avais peur que ce chapitre soit un peu trop narratif, mais apparemment, ça n'a choqué personne, pour le moment en tout cas. Tant mieux si tu l'as bien aimé. En effet, c'est une histoire d'héritage et je t'avoue que je me suis un peu tiré les cheveux pour trouver un truc à peu près cohérent. Je pense honnêtement qu'il y a des trous dans la raquette (notamment sur l'histoire inventée par Miss Helen pour justifier l'existence du petit, la fiancée morte), mais comme personne n'a eu l'air choqué jusqu'à présent, je fais l'autruche...
En revanche, ça m'embête un peu que tu aies eu cette impression que je "déresponsabilisais" Harper de sa méchanceté, parce que ce n'est pas du mon intention. J'ai relu le chapitre et en fait, sauf erreur, je ne dis pas qu'il est taré. Mais c'est vrai que la façon dont sa tante l'a élevé peut avoir l'air de donner une espèce d'explication, voire d'excuse. Je pense que je pourrais rajouter une phrase disant que quand elle a essayé de le reprendre en main parce qu'il allait trop loin, tout le monde a pu voir qu'il était irrécupérable, ou quelque chose comme ça. Ceci dit, je voulais aussi montrer que Helen n'était pas top non plus et que c'était débile de l'avoir élevé comme ça. En même temps, je ne sais plus si tu as vu GoT, mais je pense que le personnage de Joffrey, même si son sadisme est plus ou moins expliqué par sa consanguinité, personne ne le lui pardonne. Je crois que c'est le personnage de fiction le plus détesté sur la planète XD (ce sont mes enfants qui ont dû me montrer un sondage de ce genre !). Bref, c'est une très bonne remarque et je la garde précieusement en mémoire.
Tac
Posté le 06/10/2024
yo ! (je réponds 25 ans après, ni vu ni connu...)
C'est moins dans la narration de l'histoire de Harper que la réaction de Big boy et Sam à son écoute, que j'ai ressenti ce "il est taré" donc ça l'excuse. J'ai eu la sensation que c'était ainsi que Sam percevait Harper (comme un taré) et, alors que lui ne l'excuse pas, j'ai eu cette sensation de "son histoire n'a de toute façon pas d'importance puisqu'il est taré, il aurait pu être choyé ou persécuté, il aurait mal tourné de toute façon". Ou alors c'est une induction de mon cerveau parce que quand je vois / entends quelqu'un dire "il est taré" c'est ce raisonnement là qui se met en place, et même si c'est pas ce que tu as voulu faire / ce que ça produit sur les autres lecteurices, c'est sur ces rails là que ça m'a mis ? Bref, dans tous les cas, c'est plus au niveau de la réaction des personnes qui écoutent (comme en plus on est du pdv de Sam) que j'ai ressenti ça. Mais encore une fois à pondérer avec les dires d'autres personnes. Je crois que cet aspect-là de négocier la ""folie"" c'est délicat de toute façon, entre les interjections qu'on dit pour qualifier les gens sans que ça corresponde forcément à une description clinique mais parce que c'est le langage courant, avec le lot de pensées automatiques derrière, c'est vraiment personnel.
Bref. Je divague.
Des bisous !
Rachael
Posté le 09/07/2023
Non, pas trouvé trop narratif, ce chapitre, c’est intéressant de comprendre comment cela fonctionne vraiment à Pierce Rock, et quelles sont les dynamiques de pouvoir. Là où ça reste un peu obscur pour moi (mais c’est peut-être parce que j’ai oublié), c’est la dynamique exacte des rapports entre les blancs et les noirs. Tu parles de 50 ans après la guerre, c’est la guerre de Sécession ? (c’est logique vu qu’on a vu une voiture dans un chapitre avant) Du coup personne n’est esclave ? Et Mercy, elle pouvait partir alors ? Pour moi y a un flou qui mériterait peut-être un éclaircissement plus tôt dans le texte, à moins que ce soit moi qui ai raté un truc (ce qui ne serait pas étonnant, vu le temps passé depuis la lecture du début).
Ce petit Paul m’a l’air d’avoir un statut à part, si on le laisse faire la comptabilité. Je l’avais imaginé très jeune d’après la description, mais il doit être quand même adulte, non, pour qu’on lui laisse de telles responsabilités ?
Isapass
Posté le 20/09/2023
Oui, je note qu'il y a des flous dans l'histoire de Mercy et plus globalement dans les rapports entre blancs et noirs. Je me confronte là à l'hésitation permanente entre la peur de trop en dire (en donnant aux lecteurices l'impression qu'on les prend pour des andouilles) et celle de laisser trop de flou...
Oui, la guerre dont je parle, qui s'est terminée 50 ans plus tôt, c'est bien la guerre de Sécession (la voiture avait bien pour vocation de donner un indice temporel :) ). Donc plus d'esclavage, mais on est bien loin de l'égalité des droits, surtout dans les états du Sud. Dans ma tête, on pouvait deviner pourquoi Mercy n'était jamais partie de Pierce Rock : elle n'a rien connu d'autre, elle a grandi sous l'emprise de Miss Helen, elle n'était probablement pas payée puisqu'elle vivait dans la maison avec un statut qui n'était pas vraiment celui d'une domestique... Tu verras dans la suite qu'en fait, elle n'avait même pas accès à ses papiers.
Evidemment, c'est très précis dans ma tête, mais je vois à tes questions que ça ne l'est pas forcément pour les lecteurices. Il faudrait donc que je vois comment distiller des informations au fil de l'intrigue (plutôt qu'en un gros bloc indirect).
Paul est peut-être un peu plus âgé que Sam, mais en tout cas, il a moins de 20 ans (même si en effet, il est un peu maigre et dégingandé). Son intelligence lui donne effectivement un statut à part. Mais je le vois aussi un peu timoré, puisque à la différence de Mercy, par exemple, il aurait pu partir depuis longtemps. Il en aurait peut-être un peu bavé, mais il a des compétences à faire valoir.
Encore une fois, j'ai de quoi réfléchir. Merci beaucoup ! ♥
Sorryf
Posté le 20/06/2023
Je n'ai pas trouvé ce chapitre trop narratif, pour moi c'est parfaitement dosé, par contre j'ai trouvé que ça manquait de Mercy xD! J'aurais bien aimé la voir retrouver Paul, s'installer en cachette avec sa petite dans cet endroit qu'elle déteste, comment on se cache avec un bébé qui pleure, etc

Intéressant ce trio de tête, Harper, Jensen, Miss Helen. ça sent les embrouilles. Je ne me rappelle plus, quel âge à Miss Helen ? J'imaginais qu'elle avait 2 ou 3 ans de plus que Mercy.
J'ai un petit trou de mémoire je ne me souviens plus de Clay Jensen, est-ce qu'on l'a vu avant ? La il engueule Harper donc il a l'air cool, mais je sais pas, ça me parait trop beau, ça me stresse.
Et puis comment va réagir le petit Jackson qui va se faire kidnapper, qui voit probablement Miss Helen comme sa maman ?
J'ai tellement hate qu'ils se barrent de là, je suis pas tranquille >.<
Isapass
Posté le 20/09/2023
Coucou ! Alors d'abord, toutes mes excuses pour le délai de réponse, j'ai super honte ! Les notifications se sont perdues, je ne sais pas pourquoi, et je viens de découvrir plein de commentaires en attente de lecture et de réponse en postant mon dernier chapitre ! Je suis désolée !
Ah ah, la plus grande fan de Mercy ! Du coup, oui, normal que ce chapitre te laisse pas mal de frustration. Et la scène de Mercy arrivant chez la mère de Paul aurait pu être bien, c'est sûr, mais comme Sam n'y était pas, je ne peux pas la raconter ;)
Miss Helen, n'a pas du tout 2 ou 3 ans de plus que Mercy : c'est une femme mûre, elle a environ 50 ans, quelque chose comme ça. Elle n'a vraiment aucune excuse de s'être "approprié" Mercy depuis sa naissance. Moi je le vois vraiment comme un reste de l'esclavage : elle considère que les noirs sont des "animaux" qu'on peut s'approprier (d'où le passage "Ces gens aimaient leurs noirs comme ils aimaient leurs chevaux ou leurs chiens. Parce qu’ils étaient à eux et qu’ils obéissaient."

On n'a pas vu Clay Jensen avant. Mercy le cite dans le premier chapitre où elle est avec eux, mais comme elle site aussi plein d'autres personnes et que c'est longtemps avant, c'est normal que tu aies oublié. Trop beau ou pas... la suite le dira ;)
Pour tes interrogations sur la suite, tu devrais avoir quelques réponses dans le chapitre suivant.
Merci beaucoup pour ta lecture indéfectible et tes commentaires adorables ♥
Akiria
Posté le 19/06/2023
Coucou,
Toujours ravie de retrouver cette histoire. En effet c'est plus narratif, je n'ai pas trouvé ça dérangeant surtout qu'on y apprend bcp de choses.
En tout cas ça avance... 😉
Isapass
Posté le 20/09/2023
Salut ! Désolée pour le délai de réponse : je découvre tout juste les derniers commentaires que j'ai eus, suite à un problème de notifications. C'est la honte, toutes mes excuses !
Tant mieux si ça ne t'a pas paru ennuyeux, le côté narratif du chapitre. Il y a un peu plus d'action dans le suivant ;)
Merci pour ta lecture et ton retour !
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