Il versa l’eau chaude dans la bassine, puis y jeta les langes. Il la posa au sol, essora le tissu, et commença à nettoyer. Il allait doucement, délicatement. Il s’attardait dans les recoins, là où s’accumulait la saleté. Enfin, pas tous. Certains étaient difficiles d’accès et il ne se sentait pas invité à y aller. Il prenait son temps. Il n’avait plus que ça, du temps. Il souleva tout ce qui le nécessitait, pour passer sur tous les côtés.
Il recommença avec un linge sec, pour éponger, même si la chaleur de Muspell favorisait l’évaporation. Il voulait faire les choses bien. Il termina en remettant chaque chose à sa place.
Il se leva et vida l’eau souillée par la fenêtre. Elle disparut presque instantanément dans le sol desséché et brûlant. Il rangea ses ustensiles et touilla son bouillon qui chauffait sur le four en terre cuite.
- Est-ce que cette toilette t’a ouvert l’appétit ?
Aucune réponse. Évidemment. Il avait beau être là depuis des semaines, il ne pouvait pas se résigner à ne pas essayer. Il retourna au centre de la pièce aux angles arrondis. Les maisons de Muspell étaient faites d’un mélange de terre et de roche, aucun mur n’était rectiligne. Il y faisait une fraîcheur relative en journée, et suffisamment chaud la nuit. La plupart des meubles étaient en pierre ou en bois brut. Les tapisseries et tapis chatoyants égayaient l’atmosphère, ainsi que quelques plantes grasses et cactus, les seuls capables de résister à de telles températures. Il s’agenouilla près du lit et passa ses bras sous le corps décharné. Il le souleva avec douceur et l’installa sur une chaise spéciale. Il attacha les sangles et bloqua la tête dans l’appareil prévu à cet effet. Il dégagea le visage creusé d’une mèche de cheveux couleur de feu avec délicatesse et la coinça derrière une oreille. Il noua un linge autour de ce cou qui ne tenait plus la tête, et alla chercher un bol. Il s’installa à une chaise, prit une cuillère de bouillon. Il saisit avec précaution la mâchoire inférieure et ouvrit légèrement la bouche.
- Tu es prête ?
Il lut dans les yeux noirs qui le fixaient qu’il pouvait commencer. Il porta la cuillère au bord des lèvres et laissa couler un filet à peine visible de liquide. Il s’arrêta pour laisser le temps de déglutir. Et il recommença. Encore. Et encore.
Il avait été impatient les premiers jours. Désormais, il était habitué. Il savait qu’il fallait environ une heure pour boire un bol. Vingt minutes pour un verre d’eau. Cinq pour une cuillère. Elle n’y pouvait rien. Il n’était pas le plus à plaindre des deux.
À la fin du repas, il la détacha et la ramena dans son lit. Il arrangea les coussins et tira le drap de coton léger sur elle.
- Tu es bien ?
Elle ferma ses paupières doucement pour acquiescer. Il lui caressa les cheveux avec tendresse.
La porte s’ouvrit sur Dyme. Cette dernière passait tous les jours.
- Comment va-t-elle ?
Cette sempiternelle question, à laquelle il répondait toujours la même chose :
- Bien. Elle vient de finir son repas.
- Bonjour Nyce, dit-elle à l’attention de la silhouette squelettique.
Dyme s’assit sur le rebord du lit et posa sa main sur celle de la jeune femme immobile. La seule chose que Till savait, c’était que Nyce était la sœur aînée de Dyme. Il ne quittait jamais la maison, et impossible d’en savoir plus. Dyme ne lui faisait jamais la conversation. Quant à Nyce…
La communication était différente. Avec l’expérience, il la comprenait pourtant de mieux en mieux. Il arrivait parfois à avoir des « dialogues » simples avec elle.
Dyme l’avait engagé pour s’occuper d’elle. D’après ce qu’il avait compris, l’état de Nyce était la raison qui avait poussé Muspell à s’isoler. Il ne savait pas combien de temps encore il devrait rester, mais il avait la désagréable impression qu’il était prisonnier. Dyme et sa famille voulaient de toute évidence garder cela secret, de sorte qu’aucun habitant de Muspell ne s’approchait jamais de la maison. Il avait certainement représenté l’opportunité parfaite pour Dyme : un étranger qui avait besoin de sauver sa peau ne ferait pas de scandale.
- Elle s’est endormie, fit-elle remarquer.
- Le moment du repas la fatigue beaucoup, constata Till.
- Un rien la fatigue.
Till profita de l’occasion. En général, la jeune femme repartait aussi sec une fois sa visite terminée.
- Dis-moi…Comment… Est-ce arrivé ?
Dyme haussa les sourcils.
- Enfin, évidemment, rien ne t’oblige à répondre, mais je m’occupe d’elle depuis des semaines alors…
Elle soupira.
- Un accident. Un bête accident. Elle s’entraînait avec son fouet, elle l’a coincé dans un interstice sur le volcan. Elle a voulu grimper pour le décrocher. Elle est tombée. Elle s’est brisé le corps.
Sa voix laissa échapper un tremblement.
- Je vois… Pourquoi la cacher alors ?
- Parce qu’il n’y a eu aucun témoin. Nous en avons profité.
- J’avoue avoir du mal à suivre.
- Enfin, je ne sais pas d’où tu sors toi, mais imagine une Mystique incapable de se servir de son pouvoir ? Réduite à errer entre une vie qui l’a brisée et une mort qui n’a pas voulu d’elle ? Elle n’est plus apte à exercer cette fonction, pour autant, elle est encore en vie ! Rien ne prévoit ce cas de figure. Ce serait la honte et le déshonneur sur Muspell si cela se savait. Aucun habitant ne doit être au courant. Ma famille serait lapidée et jetée du volcan pour ça !
Till n’en croyait pas ses oreilles.
- Elle n’est pas responsable de son état, objecta-t-il avec contrariété.
- Bien sûr que non. Mais cela ne change rien pour les gens d’ici. Ils sont bornés et brutaux. Tu ne serais pas ici si ce n’était pas le cas.
- Effectivement, reconnut-il. Et personne n’a trouvé cela étrange ? Du jour au lendemain, vous faites des cachotteries, Nyce disparaît de la circulation, vous vous barricadez sur votre volcan, et ça n’a choqué aucun habitant ici ?
- Nous avons trouvé une bonne histoire.
- Et quelle est-elle ?
- Tu es trop curieux, prévint-elle.
- Très bien, je n’insiste pas. Changeons de sujet alors. Quand penses-tu que je pourrais prendre congé ?
Elle ne répondit pas et dirigea son regard vers sa sœur assoupie.
- Je suis navrée, mais tu ne peux pas repartir. Tu connais notre secret. Tu t’occupes bien d’elle. C’est impossible.
Elle plongea ses grands yeux brûlants dans ceux de Till. Il y décela un mélange d’émotions contraires, mais surtout une détermination sans failles.
- Tu m’as bien eu, lança-t-il avec agacement. Ce n’était pas ce qui était convenu.
- Je sais. Le mensonge n’est pas dans mes habitudes, crois-moi.
- Je vois ça, ironisa-t-il en jetant un regard dans la pièce. Explique-moi simplement ce qui m’empêche de partir ?
- Tu n’auras pas fait un pas hors de ces murs qu’ils te tomberont dessus, tu n’en ressortiras pas vivant. Nous sommes à Muspell, ici. On ne fait pas dans le sentiment. Et si ce n’est pas eux, ce sera moi, pour l’avoir abandonnée.
- C’est moi qui l’abandonnerais alors que c’est ta sœur ? Tu préfères qu’un autre s’en occupe et assume ton rôle ?
Elle colla son visage au sien, blessée dans son orgueil.
- Je n’ai pas de leçons à recevoir d’un faux marchand de pacotille qui n’est pas capable de déceler une arnaque devant son nez. Je ne sais pas ce que tu es venu faire ici, mais je t’ai à l’œil depuis le premier jour. Ne t’avise pas de me reparler encore une fois sur ce ton. Et laisse tomber cet accent ridicule.
Elle avait démasqué sa fausse identité, tant mieux, il n’aurait plus à faire semblant. Tant qu’elle ne décelait pas la vraie… Mais rares étaient ceux qui la connaissaient vraiment, il pouvait dormir tranquille.
Elle quitta la maison sans un mot de plus. Till soupira et s’approcha du lit. Il observa Nyce, dont le corps était à peine perceptible sous le drap blanc. Nyce, au destin tragique. Nyce, la Mystique du Feu.
Il avait trouvé ses réponses. Son plus grand défi désormais serait de fausser compagnie à Muspell.
Alors qu’il prit une chaise pour s’installer au chevet de la jeune femme, il remarqua des larmes qui se faufilaient sur ses tempes.
- Tu as entendu notre conversation ?
Les paupières s’abaissèrent doucement. Les pleurs silencieux s’intensifièrent. Il se mit à genoux et posa ses mains sur ses joues pointues, essuyant les gouttes délicatement avec ses pouces.
- Ta sœur n’a pas de cœur, et tes semblables non plus. Ce sont eux qui devraient être à ta place. Ce sont eux qui devraient avoir honte de te traiter ainsi.
Elle ne cessait de pleurer. Till lui caressa les cheveux, le visage. Il n’était peut-être pas le meilleur homme du monde, mais il détestait l’injustice. Il avait toujours été du côté des parias, des rejetés, des oubliés, il en était un lui-même. Une colère froide s’empara de lui quand il regarda Nyce, qui aurait dû hurler de douleur, ne pas être capable d’émettre le moindre son ni d’ouvrir la bouche pour exprimer toute sa souffrance.
- Comment puis-je t’aider ?
Les grands yeux noirs de Nyce s’arrondirent. Personne ne lui avait posé cette question depuis son accident, visiblement. Elle fixa Till intensément. Elle battit des paupières pour évacuer ses larmes. Elle dirigea son regard vers l’immense tapisserie en face de son lit, et s’y arrêta. Elle baissa doucement les paupières. Till se releva et se dirigea vers le mur.
- Ça ? demanda-t-il en désignant la tenture.
Elle acquiesça. Il observa l’ouvrage qui couvrait tout le côté de la maison. Il se retourna vers Nyce, interrogateur, mais elle fixait toujours le même endroit. Il commença alors à toucher le tissu, puis le souleva tant bien que mal, découvrant ainsi une porte métallique incrustée dans la pierre. Il poussa la tapisserie sur un côté, et ouvrit la porte.
Elle était là, flamboyante, irradiant de sa chaleur toute la pièce.
L’arme sacrée.
Le Fouet du Feu.
Till regarda la jeune femme sans comprendre.
- Que veux-tu que j’en fasse ? Je ne peux même pas le toucher, tu…
Il s’interrompit. Elle le scrutait avec attention. Il se rapprocha d’elle.
- Nyce, non, je ne peux pas faire ça.
Elle ferma ses paupières.
- Je veux t’aider, mais pas de cette manière.
Elle ferma ses paupières.
Il savait, au fond de lui, que c’était le seul moyen de l’aider vraiment, la seule issue possible à ses tourments. Elle ne le lâchait pas des yeux. Une étincelle de volonté brillait dans ses prunelles noires. La même que Dyme. Un courage inégalable en plus. Till en manquait en cet instant, pourtant, il avait déjà affronté des situations difficiles.
- Comment ? se résolut-il à demander.
Elle lui désigna du regard une étagère remplie de fioles. Till s’en approcha et lut les étiquettes une par une. Il piocha deux d’entre elles. Il remplit un bol de bouillon et s’approcha de Nyce.
- Tu es sûre ?
Elle ferma ses paupières.
Il hésita. Il posa une main sur son front et lui caressa tendrement les cheveux.
- Je suis heureux d’avoir pu te rencontrer.
Elle lui sourit. Il ne savait pas qu’elle en était capable.
Il saisit une cuillère qu’il trempa dans le bouillon et versa un peu de la première fiole dedans. Il la porta à ses lèvres, et laissa glisser le liquide dans sa bouche.
- C’est du pavot. Tu vas t’endormir. Tu ne sentiras rien, je te le promets.
Elle lui sourit à nouveau, en signe de gratitude. Till n’était pas un grand sensible, mais son cœur se serra. Il se sentait affreusement coupable.
- Adieu, ma belle. Tu ne souffriras plus là où tu vas.
Les yeux de Nyce s’embuèrent. Puis, elle ferma ses paupières pour ne jamais les rouvrir.
Till attendit quelques minutes qu’elle fut profondément assoupie, et reprit une cuillère pour y verser, cette fois, la deuxième fiole. De l’aconit. Un poison puissant, qui comme, tous les poisons, entraîne une mort douloureuse. Il était soulagé d’avoir trouvé de quoi la sédater. Il posa la cuillère sur le bord de sa bouche, et, goutte après goutte, acheva la vie de Nyce.
Il resta assis à côté d’elle le temps nécessaire. Il ne vit pas la lumière du soleil qui rougeoyait autour d’eux, ne sentit pas la chaleur qui s’évaporait, ni ne perçut les bruits de la cité qui se faisaient plus discrets. Il était là, à fixer cette femme brisée qu’il venait de tuer parce qu’elle le lui avait demandé. Il ne parvenait pas à savoir si cela constituait un acte de bonté absolu, ou son parfait contraire. Lui se sentait mal, elle se sentait certainement mieux. Il se consola ainsi.
Quand la nuit fut totalement tombée, et que la pénombre se fut installée dans la maison, il se pencha sur elle. Son cœur ne battait plus. Elle ne respirait plus. Elle était partie pour de bon.
Il se releva et réalisa que Dyme ne tarderait sûrement pas. Il se dirigea vers l’arme sacrée, et s’en saisit. Il fut alors traversé par une chaleur telle qu’il n’en avait jamais connue. C’était comme si on le plongeait dans le cratère en fusion du volcan de Muspell. Il flambait de l’intérieur. Une fois cette sensation passée, elle fit place à une autre, plus agréable : une force et une énergie extraordinaires battaient dans chacune de ses veines.
Il attacha le fouet à sa ceinture, revêtit sa cape et s’extripa par la fenêtre après un dernier regard reconnaissant à Nyce.
Grâce à elle, il était devenu le Mystique du Feu.
Il grimpa sur le toit de la maison pour avoir une vue d’ensemble. La ville était encerclée par un mur de pierre sur lequel patrouillaient des gardes, quand bien même la majorité de l’édifice donnait sur les flancs à pic du volcan. Il n’y avait qu’un seul chemin qui serpentait entre les maisons pour atteindre la plus haute sur laquelle il se trouvait. Cela s’annonçait périlleux.
Il n’y avait plus grand monde dehors ; il décida de tenter sa chance. Il descendit du toit et avança d’un pas décidé jusqu’à la sortie de la ville. S’il atteignait la porte, il pourrait toujours tenter de sauter des remparts s’ils refusaient de lui ouvrir. Il dissimula avec soin l’arme sacrée sous sa cape évita de croiser les regards du peu d’autochtones qu’il croisa. Lorsqu’il arriva devant les portes, il savait qu’il devait la jouer fine.
- Bonsoir, lança-t-il aux gardes.
Il remarqua d’emblée qu’il ne s’agissait pas des mêmes qu’il avait croisés à l’aller, cela lui donnait une chance supplémentaire.
- Je souhaiterais sortir. Auriez-vous l’obligeance de m’ouvrir je vous prie ?
Les gardes se regardèrent, interloqués, puis se fendirent d’un rire gras.
- Personne ne sort ! T’avais la tête dans un trou depuis tout c’temps ?
- Non, bien sûr. Mais…C’est à la demande de Dyme.
Ils se firent suspicieux.
- Dyme, hein ? Et pourquoi ça ?
- Je dois lui rendre un service, qui me contraint évidemment à la plus grande discrétion, et qui nécessite que je sorte de la ville pour me rendre autre part.
- Tu nous prends pour des abrutis ?
- Je n’oserais pas ! s’exclama Till en feignant l’outrage.
- Eh ben on va aller lui demander, à Dyme !
- Je ne ferais pas ça, si j’étais vous. Si vous allez la déranger, alors que vous avez mis en doute un de ces ordres… Vous la connaissez comme moi…
Les deux gardes s’interrogèrent du regard. Ils se rapprochèrent pour murmurer. Till patienta en observant tous les détails de son environnement, si jamais il devait fuir autrement.
- Ah, Dyme ! Ça tombe bien que tu sois là ! s’écria soudain l’un des gardes.
Till se raidit instantanément. Ça allait vraiment se compliquer.
- Y a cette espèce d’énergumène qui demande à sortir, et il dit que c’est toi qui lui as demandé !
Il entendit les pas Dyme se rapprocher inexorablement de lui, avec colère. Il n’avait plus le choix, et tant pis pour la discrétion. Il se retourna subitement vers la jeune femme qui écarquilla les yeux de stupeur.
- Reste où tu es, ordonna-t-il.
Dyme contracta sa mâchoire de fureur.
- Qu’est-ce que tu fiche là ?
- Je pars. Et tu ne m’en empêcheras pas.
- Tu es dans l’enceinte de Muspell, avec des dizaines de gardes autour de toi, tu ne t’en sortiras pas vivant, lança-t-elle.
- Vous ne ferez rien.
Il écarta sa cape d’un coup sec et fit claquer le Fouet du Feu qui illumina de ses flammes les visages hébétés autour de lui. Dyme se décomposa complètement. Elle perdit toute son aura flamboyante en un claquement de fouet.
- Plus rien ne me retient ici, reprit Till avec détermination. Maintenant, ouvrez la porte.
Dyme ne le lâchait pas des yeux. Sa bouche s’entrouvrit, mais aucun son n’en sortit. Tout son corps semblait s’affaisser sous le poids de la réalité qu’elle venait de comprendre.
- Dyme, on fait quoi ? se risqua à demander l’un des gardes.
Elle ne lui accorda même pas un regard. Elle était focalisée sur Till. Le silence qui s’était abattu sur Muspell ne fut troublé que par les grognements du volcan. Rien ne bougeait plus. Les flammes des torches se firent toutes petites. Soudain, Dyme rebroussa chemin et empoigna sans ménagement l’épée de l’un des gardes qui se tenait en retrait. Le feu de ses yeux rivalisait avec celui du Fouet. Elle se planta devant Till, brandissant son arme sans trembler.
- Meurtrier, persifla-t-elle.
- C’était sa volonté.
- Menteur !
- Elle n’a pas souffert. J’y ai veillé.
- Menteur ! hurla-t-elle.
Elle fonça sur Till qui esquiva non sans peine. Il ne voulait pas la blesser, il ne riposta pas. Aucun garde ne leva le petit doigt. C’était entre elle et lui. Till évita les attaques furieuses de Dyme en prenant soin de se rapprocher des escaliers menant aux remparts. Quand ils furent suffisamment proches, il prit un bouclier abandonné là, contra le coup vertical de Dyme, puis la fit tomber en lui crochetant les deux chevilles. Il en profita pour enjamber les marches et ce n’est que lorsqu’il fut arrivé en haut que les gardes réagirent. Ceux présents sur le chemin de ronde se précipitèrent sur lui. Il jeta un coup d’œil rapide en contrebas, ils n’étaient que quatre, c’était faisable. Il pria pour ne pas se briser les jambes, enroula son fouet autour d’une poutre au-dessus de la porte et sauta dans le vide. Il atterrit brusquement sur l’une des sentinelles, et fit claquer son fouet pour dissuader les autres, qui restèrent figés de stupeur. Il se mit alors à courir comme il ne l’avait jamais fait. Il entendait Dyme vociférer derrière la porte pour qu’ils se dépêchent de l’ouvrir. Il se souvint qu’il faudrait aussi qu’il passe le premier barrage, mais pour ça, il avait déjà son idée.
Il profita du noir de la nuit pour quitter le chemin et s’aventura sur les falaises abruptes lorsqu’il aperçut la palissade. Il avança le plus discrètement possible, il ne devait pas traîner, les autres allaient rappliquer sans tarder. Le mur de rondins s’étendait jusqu’à la limite possible, Till ne pouvait pas l’éviter sans tomber dans le vide. Il sortit alors son arme pour embraser la palissade. Les cris ne se firent pas attendre. Le barrage s’enflamma comme un fétu de paille. Till observa la porte noircir. Des planches commencèrent à se disloquer, des braises rougeoyantes tombèrent au sol. Il retourna sur le chemin, au milieu de la panique des gardes qui tentaient désespérément d’éteindre le brasier. À ce moment-là, Dyme et les autres arrivèrent. Till s’avança alors vers la porte en feu, poussa ses battants et se retourna vers ses poursuivants.
Il lança un dernier regard victorieux à Dyme, avant de refermer la porte.
Clairement Till est mon perso préféré. Il a un petit truc en plus.
Bref. Juste au début, j'ai eu du mal à comprendre où tu voulais en venir. J'avais oublié qu'il cherchait la Mystique du Feu. Tu l'avais dit ?
Sinon au niveau de la forme, c'est parfait, et l'intrigue est vraiment bien amenée à chaque nouveau personnage. C'est un monde très dense et très riche que tu as imaginé.
Je te remercie pour tes beaux compliments, ça me touche et c'est très encourageant quand on a des doutes ;)