Chapitre 16: Regards Croisés

Par Lucinda

     Pendant que Léora dormait paisiblement contre le mur de pierre, Alric et Elowyn se tenaient à l'écart de l'autel, leur conversation devenue de plus en plus animée à mesure que le crépuscule enveloppait la salle d’une lumière tamisée. Le contraste entre la tranquillité de Léora endormie et l'activité croissante des deux compagnons était saisissant. Alric, dont l'expression était marquée par un sourire malicieux, jetait un regard amusé et apparemment inattendu vers Elowyn. Il se tenait légèrement de biais, les bras croisés, avec une attitude décontractée qui tranchait avec la tension palpable de leur quête. Ses yeux brillaient d'un éclat espiègle, reflétant son humeur enjouée malgré les défis auxquels ils faisaient face. La lumière des torches projetait des ombres dansantes sur ses traits, accentuant son sourire.

— Alors, Elowyn, je dois admettre que tu as été une aide précieuse pendant cette aventure,  dit-il, sa voix basse remplie de chaleur et d'admiration.  Sans toi, j’aurais déjà perdu une jambe, un bras… ou même mon cœur. 

Ses mots, bien que sincères, étaient enveloppés dans un ton de plaisanterie qui dévoilait une appréciation plus profonde. Elowyn, visiblement touchée par le compliment, répondit avec un sourire qui dévoilait une légère rosée sur ses joues, résultat d'un mélange d'effort et de chaleur. Sa présence était illuminée par les lueurs des torches, et ses yeux pétillaient d'une lueur reconnaissante. 

— Ce fut un plaisir de travailler avec toi, Alric. Ta bravoure et ton humour ont vraiment rendu ce voyage beaucoup plus supportable. 

Leurs regards se croisèrent, et une étincelle de complicité sembla traverser l'espace entre eux. Leurs sourires, échangés avec une familiarité grandissante, révélaient un lien qui s’était tissé au fil des épreuves. Alric, toujours avec son charme naturel, se pencha légèrement plus près d’Elowyn. Sa proximité était à la fois intentionnelle et naturelle, une marque de la connexion croissante qu’ils partageaient.

— On dirait que nous formons une bonne équipe, n'est-ce pas ? demanda-t-il, son sourire s’élargissant en un sourire presque séducteur. Sa voix était empreinte d’une légèreté qui contrastait avec la gravité de leur mission.

Elowyn acquiesça, ses yeux capturant la lumière des torches et reflétant une chaleur intérieure. Son sourire s'élargissait, montrant une ouverture et un enthousiasme sincères, portait une note d'espoir qui ajoutait à la chaleur de leur échange. Les deux se tenaient là, à l'écart de la scène principale, et leur conversation se déroulait avec une fluidité qui trahissait une affinité naissante. Les murs du temple, témoins silencieux de leur échange, semblaient presque les envelopper d’une atmosphère intime. Alric et Elowyn se rapprochaient non seulement en tant que partenaires dans la quête, mais également en tant qu’individus qui trouvaient un écho dans la compagnie de l’autre. Les mots échangés, les sourires partagés, et les regards complices étaient des signes évidents d'une connexion qui se renforçait à mesure qu'ils surmontaient les défis ensemble. Alric, avec son sens de l'humour habituel, laissa échapper un léger rire, ses yeux fixés sur Elowyn avec une admiration non dissimulée.

— Eh bien, nous pourrions toujours essayer d’organiser une autre aventure ensemble, dès que cette quête-ci sera terminée. 

Elowyn, amusée, haussa les sourcils d'un air taquin. 

— Est-ce une proposition ou une menace, Alric ? 

— Peut-être un peu des deux,  répondit-il, son sourire révélant une sincérité sous-jacente malgré l'humour apparent. Mais je suis certain que nous pourrions faire une excellente équipe, même en dehors de ce temple. 

Alors qu'ils continuaient à parler, les ombres des torches dansaient autour d’eux, créant un cadre à la fois mystérieux et réconfortant. Leurs voix se mêlaient aux bruits lointains du temple, et pour un moment, le poids de leur quête semblait se dissoudre dans l’atmosphère apaisante de leur conversation. Le lien entre Alric et Elowyn se consolidait, et malgré les dangers qui les attendaient encore, ils trouvaient un réconfort inattendu dans leur camaraderie croissante. Léora, réveillée par le murmure de la conversation qui se déroulait près de l’autel, émergea lentement du sommeil. Ses yeux, encore lourds de fatigue, s'ouvrirent sur la scène qui se déroulait devant elle. Elle était allongée dans un coin de la salle, un sac sous la tête servant de coussin rudimentaire. Les ombres vacillantes des torches projetaient des motifs dansants sur les murs, et le murmure des voix formait un fond sonore presque hypnotique. Alric et Elowyn étaient en pleine discussion, leurs silhouettes se découpant nettement contre la lueur chaude des torches. Léora observa Alric, son regard se posant sur son sourire malicieux et son air détendu. À ses côtés, Elowyn, les joues encore légèrement rosies par l'effort, répondait avec un sourire qui illuminait son visage. Les deux semblaient totalement absorbés l’un par l’autre, leurs regards se croisant avec une complicité évidente. Une vague de tristesse envahit Léora, la fatigue et l'épuisement ne faisant qu'accentuer la douleur qu'elle ressentait. Elle se leva doucement, ses muscles endoloris protestant contre le mouvement. Sa respiration était encore lente et profonde, chaque inspiration et expiration marquant les limites de sa fatigue. Elle observa Alric, dont l’attitude enjouée et les échanges chaleureux avec Elowyn semblaient marquer le début d’une connexion particulière. Leurs rires et leurs échanges créaient une bulle d’intimité qui contrastait vivement avec le danger environnant. Léora détourna le regard, ne pouvant ignorer le pincement douloureux qui se formait dans son cœur. Elle fixa le plafond voûté du temple, tentant de repousser les pensées envahissantes qui assaillaient son esprit. Les détails du plafond, orné de sculptures anciennes et de runes mystérieuses, semblaient presque se mouvoir sous ses yeux embrumés. L’art architectural, autrefois fascinant, était maintenant une distraction nécessaire pour échapper à la réalité de ses émotions. Elle se remémora les moments passés avec Alric, les instants de réconfort partagé et les sourires échangés. L'image de leur complicité croissante avec Elowyn l’affectait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle était épuisée, à la fois physiquement et émotionnellement, et le contraste entre l’intimité d'Alric et Elowyn et sa propre solitude semblait amplifié par la fatigue. Léora se leva en silence, ses pas légers sur le sol en pierre du temple. Elle se déplaça vers un coin plus sombre de la salle, où elle pouvait observer sans être vue. Là, elle s'appuya contre le mur, ses pensées tourbillonnant autour de la situation compliquée dans laquelle elle se trouvait. Malgré les efforts qu'elle faisait pour rester objective, une part d'elle ne pouvait ignorer la douleur de voir Alric se rapprocher d’Elowyn. Les voix d'Alric et d’Elowyn continuaient de résonner doucement dans l'espace, leur conversation prenant un ton plus personnel à mesure qu'ils se rapprochaient. Léora ferma les yeux un moment, cherchant à calmer le tumulte intérieur. Elle se rappela les mots réconfortants d’Alric et la manière dont il avait pris soin d'elle. Cette pensée fut un baume temporaire pour son esprit agité, mais elle ne pouvait ignorer la réalité de leurs relations qui évoluaient. Elle resta ainsi, les yeux fixés sur le plafond et les oreilles attentives aux sons autour d’elle, attendant que ses émotions se calment et que son esprit trouve la paix avant de rejoindre ses compagnons. Le murmure de la conversation d’Alric et Elowyn se mêlait au bruit de l’eau coulant à travers les canaux du temple, créant une mélodie étrange qui contrastait avec le calme intérieur qu'elle recherchait désespérément.

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