Quand Lucie se réveilla, sa main était toujours dans celle de Jean. Celui-ci dormait à poing fermé, sa respiration régulière et son visage serein firent plaisir à Lucie. Dernièrement, Jean avait traversé des moments difficiles et elle avait tout fait pour le soutenir dans cette épreuve. Elle était heureuse d’enfin voir son visage se détendre un peu ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps.
Elle avait du mal à se rendre compte qu’elle lui avait enfin avoué ses sentiments et surtout qu’ils étaient réciproques. Elle s’était toujours imaginé que Jean qui venait d’une famille riche et qui avait reçu une éducation digne de ce nom n’avait rien à faire d’une campagnarde comme elle, mais pour son plus grand plaisir, elle s’était trompé. Elle voyait encore le regard qu’ils avaient échangés la veille au soir et pouvait presque sentir le bonheur qui l’avait parcourue pendant ce moment.
Elle entendit les autres s’activaient dans la pièce, c’était le jour du départ. Elle resta dans son lit encore quelques minutes, repoussant au maximum le moment ou elle devrait lâcher la main de Jean. Elle regarda une dernière fois ses cheveux bruns mal coiffés et qui avaient bien poussés depuis leur départ d’Oulmes puis tout doucement elle se leva sans le réveiller.
Instantanément, une vive douleur lui parcouru le bras et l’épaule droite. Elle avait peut être un peu trop forcé pendant l’entraînement de la veille. Elle s’étira un moment et décrivit des moulinets sous l’œil inquiet de Roland qui empaquetait les vivres avec Mathilde et Rafael.
- Tout va bien ? Demanda-t-il en chuchotant.
- Oui ne t’inquiètes pas, le rassura Lucie en réprimant une grimace. J’ai juste dormi dans une mauvaise position ça va aller.
Ce n’était pas tout à fait vrai mais pas tout à fait faux non plus et elle ne voulait pas inquiéter Roland. Son bras allait de mieux en mieux, elle garderait une vilaine cicatrice de l’épaule au poignet mais elle récupérait peu à peu sa liberté de mouvement.
Elle se leva et aida les autres à rassembler tout les sacs, les armes et toutes leurs affaires. Rafael se chargea d’aller réveiller Jean et ils retrouvèrent Reuel dans la cour ou il avait déjà rassemblé les chevaux. Ils avalèrent un petit déjeuner rapide pendant lequel Lucie observa une dernière fois la masse imposante du château de Grandbois. Son immense forme noire dans le brouillard du point du jour avait quelque chose d’inquiétant mais pour Lucie cet endroit garderait à jamais un souvenir particulier malgré sa blessure et les horreurs qu’elle y avait vu.
Une fois restaurés, chacun grimpa sur la monture qui lui avait été désigné puis ils traversèrent la cour au trot sous le regard de certains villageois encore endormis et de la garde du château. Le capitaine, les attendait prés de la herse et Reuel s’arrêta à proximité :
- Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous ! Lança le soldat d’une voix forte. Jamais nous n’oublierons votre bonté.
- Les villageois sont-ils en sécurité ? Questionna Mathilde qui visiblement avait du mal à quitter ses patients.
- J’y veillerais personnellement, promit le capitaine en inclinant la tête. N’ayez crainte nous sommes maintenant au service de la dame du château et elle ne ressemble en rien au seigneur.
Mathilde hocha la tête se détendant un peu. Lucie fut rassurée elle aussi. Les villageois de Derv étaient entre de bonne mains maintenant qu’ils étaient débarrassés de ce tyran. Ils reprirent leur route sans un regard en arrière mais Lucie entendit une voix dans son dos puis une autre, puis des cris. Elle se tordit comme elle le put sur son cheval. Elle aperçut un mélange de gardes et de villageois tous rassemblés devant la muraille du château qui leur criaient bonne chance en leur faisant de grand geste. Lucie eu un large sourire et se tourna vers Jean dont le visage s’illumina lui aussi. Ils échangèrent un regard complice et tout deux se remirent face à la route et aux dangers qui les attendaient dans la capitale.
Ils chevauchèrent pendant trois jours durant au milieu de la campagne qui lentement mais sûrement était gagné par la fraîcheur de l’automne. Ils ne s’arrêtaient qu’une fois pour manger, le soir à la tombée de la nuit. Lucie qui était rompue à cette exercice ne souffrait pas trop de la position inconfortable que nécessitait de monter à cheval . Jean, Roland, Rafael et Mathilde en revanche avaient beaucoup plus de difficultés à tenir sur leur monture durant des heures et le soir, c’étaient les jambes ankylosées et courbaturées qu’ils montaient leur campement de fortune. Ils ne croisèrent presque personne sur la grande route menant à Bal et ne s’arrêtèrent pas dans les différents villages qu’ils croisèrent. Ils avaient perdu trop de temps au château de Grandbois, la priorité restait de débusquer les deux démons restants.
Le troisième jour alors que l’épais brouillard qui ne les avaient pas lâché durant les deux jours précédent se leva, Lucie put se rendre compte du changement de paysage qui s’était opéré autour d’eux. Les grandes étendues d’herbes et les champs avaient laissé place à un paysage beaucoup plus austère et rocailleux. Autour d’eux se dressaient des collines et des crêtes de plus en plus haute et la route grimpait et serpentait de sorte qu’on ne voyait pas ou elle menait. Bien plus loin au nord, Lucie apercevait une énorme chaîne de montagne dont les sommets étaient recouverts de neige. C’était la première fois qu’elle en voyait et bien qu’elle en avait déjà entendu parler , elle resta sans voix face à l’énormité et la taille de ces gigantesques blocs de pierres.
- Impossible qu’une ville se trouve ici, commenta Roland incrédule, lui aussi bouche-bée devant le spectacle qui s’offrait à eux.
- Bal est construite entre plusieurs chaînes de montagnes, expliqua Rafael en souriant devant sa réaction. Cela rend la ville beaucoup plus difficile à atteindre pour une armée et donc quasiment imprenable.
- C’est incroyable, murmura Mathilde comme fascinée par les sommets alentour. Bal doit être magnifique !
- Magnifique et démesurément grande, ajouta Jean d’un air grave. J’ai eu la chance de venir à la capitale avec mon père quand il a décidé de me faire entrer dans l’église. Je n’ai jamais rien vu de comparable, je ne saurais dire combien de personne y vivent mais c’est tout bonnement démentiel.
Lucie se demanda comment il était possible qu’une ville si grande soit juchée entre des montagnes mais d’un autre côté elle avait hâte d’y être et de voir ça de ses propres yeux.
- Je dois tout de même vous mettre en garde, reprit Rafael d’un air beaucoup plus sérieux. Bal est réputé pour ses manigances, ses meurtres, ses coups bas et enlèvements. La bas, seul le pouvoir compte et tout les moyens sont bon pour l’obtenir. Ne vous fiez à personne, méfiez vous de tout le monde.
- Ne vous fiez pas aux apparences et ne restez jamais seule, ajouta Reuel de son habituelle ton neutre. Et surtout gardez toujours vos armes à portée de main !
L’avertissement était claire, Lucie savait que les grandes villes étaient souvent plus dangereuses que les villages de campagne. Mais elle ne s’attendait tout de même pas à devoir prendre autant de précautions même vis à vis des habitants.
Ils suivirent la route pendant encore plusieurs heures et enfin au détour d’une énième crête, Lucie posa ses yeux sur la ville de Bal, ou plutôt ses murailles. La route montait doucement vers une énorme porte de fer noire encastré dans deux immenses murailles qui partaient toutes deux directement du flanc de la montagne de chaque côté. Les murs étaient d’une taille impressionnante et une fois arrivé au pied de la porte, Lucie eu vraiment l’impression d’être minuscule. Ils avancèrent vers une seconde porte beaucoup plus petite qui se dessinait dans la première. Un flux continu de voyageurs, d’hommes en armes, de marchands, de chariots, d’hommes et de femmes de toutes conditions entraient dans la ville sou l’œil vigilant de gardes portant parfois l’emblème de l’ordre du feu parfois un autre que Lucie ne connaissait pas.
Ils entèrent sans encombre et sans même à avoir à descendre de cheval. Lucie fut surprise que les gardes les laisse entrer sans rien dire alors que la Rage noire sévissait encore. Ils se laissèrent porter par le flot de voyageurs qui encombrait la rue. Des deux côtés des pavés se trouvaient de grosses maisons de pierre aux mures sales et noircis. Dans chaque espace vide entre les bâtiments, des familles s’étaient installés dans des petites cabanes en bois de fortune et Lucie les voyait aller et venir dans les ruelles l’air misérable. Elle comprit très vite qu’a Bal, chaque espace vide ne le restait pas longtemps, par manque de place, des habitants construisaient des abris avec tout les objets qu’ils trouvaient donnant parfois à leurs habitations de fortunes des allures grotesques.
Lucie se sentait oppressée. Tout ce foisonnement autour d’elle, toutes ces maisons, ces cabanes, ces gens par centaines lui donnait le tournis. Elle avait l’impression d’être encerclée, prise au piège dans cette masse de pierre et de chair sans pouvoir s’en échapper. Pour ne rien arranger, elle avait l’étrange impression d’être constamment observée.
- Cette ville ne me plaît pas du tout, lança-t-elle en se cramponnant à la bride de son cheval. Il y a trop de monde, je me sens épiée.
- Effectivement, nous sommes suivis, répondit calmement Reuel comme si ce qu’il venait de dire était la chose la plus normal au monde.
- Quoi ? S’étonnèrent en cœur Jean et Roland en se tournant dans tous les sens sur leur montures.
- Dés que nous avons passés la porte, plusieurs personnes se sont mis à nous suivre, précisa Reuel avec indifférence.
- Combien ? Demanda Rafael l’air grave.
- Cinq, peut être plus.
- Il faut dire que nous ne passons pas inaperçus, commenta Mathilde en désignant leur montures.
Lucie comprit en regardant la foule autour d’elle qu’ils étaient les seuls à être montés, les autres chevaux qu’elle voyait servait à tirer des chariots de marchandises.
- On va se débarrasser des chevaux dés qu’on le pourra, déclara Rafael en lançant un œil inquiet en arrière. Tu crois que c’est eux ? Qu’ils sont au courant de notre arrivée ? Demanda-t-il à son frère, anxieux.
- Pas forcément, répondit-celui-ci. Mais il faut s’attendre à tout.
Ils continuèrent encore un moment dans la même rue, ralentis par le flot de voyageurs qui ne diminuait pas jusqu’à arriver sur une grande place pavée. Partout sur la place, des gens tenaient des stands et criaient à qui voulait l’entendre la qualité de leur marchandises. Roland repéra un estrade ou se vendait des bêtes en tout genre et il s’y dirigèrent au grand regret de Lucie. Elle ne voulait pas quitter les chevaux mais elle était consciente qu’ils les gêneraient plus qu’autre chose dans ce labyrinthe de rue bondés.
Le vendeur mit du temps avant d’accepter leur offres. Ce n’était pas tout les jours qu’un groupe de gamins se présentaient avec six chevaux à vendre et il se montra méfiant. Finalement, Rafael et Jean lui firent une offre qu’il ne put pas refuser et Lucie lui tendit la bride de sa propre monture à contrecœur.
- Nous devons trouver un endroit sur pour passer la nuit, commenta Jean les yeux vers le ciel et le soleil qui déjà commençait sa longue descente.
- Je crois que le mieux serait les quartiers le plus pauvres, proposa Mathilde l’air pensive. Personne ne viendra nous chercher la bas et encore moins l’ordre du feu !
- L’’endroit réputé comme le plus mal famé est le quartier du port, commenta Rafael qui semblait toujours plus tendu qu’a l’ordinaire.
Ils demandèrent leur chemin à un marchand de fruits qui leur expliqua comment se rendre au port et ils repartirent dans la foule en suivant une rue qui descendait légèrement. Maintenant que Lucie se trouvait au même niveau que les habitants, elle se rendit compte à quel point le cheval lui avait épargné les odeurs de la foule. Des effluves de tabac, d’alcool, de transpiration et d’urines lui agressaient les narines et la faisait grimacer. Elle plissa le nez et se rapprocha de Jean, dégoûtée par tout ces gens qui la frôlait en permanence sans discontinuer.
Ils marchèrent une bonne demi-heure à pas d’escargots, gênés par cette foule intarissable de gens pressés qui se bousculait sans cesse. Au grand bonheur de Lucie, ils tournèrent dans une ruelle beaucoup moins encombrée et elle put enfin respirer même si l’odeur n’était pas bien meilleur que dans la rue principale.
- Sommes nous toujours suivi ? Demanda Roland en regardant autour d’eux d’un œil méfiant.
- Difficile à dire, répondit Reuel d’un ton neutre. Il y a tellement de monde qu’il est très facile de se dissimuler dans la foule.
- Restez sur vos gardes, avertit Rafael qui décidément n’avait vraiment pas l’air dans son assiette.
Ils repartirent dans le dédale de ruelles nauséabondes et Lucie jetait des regards alentour, la main sur le manche de son épée. Partout ou elle posait son regard, se trouvait une personne en train de mendier. Il y avait des vieux dont on ne voyait même plus la face tant leur barbe envahissaient leurs visages, des femmes cajolant leur enfants dans leurs bras en essayant de les calmer, des homme seuls , le regard éteint, des familles entières couverte de crasses de la tête aux pieds suppliant pour un bout de pain. Lucie n’avait jamais vu autant de mendiants et elle fut très vite submergée par une grande tristesse. Comment était-ce possible qu’autant de gens meurent de faim dans la rue ? Bal, n’était elle pas la capitale du royaume ? La ville la plus belle et la plus riche ?
Elle fut tenter de s’arrêter et de distribuer le contenu de sa bourse à tout ces pauvres gens mais elle savait que c’était impossible. Elle ne pouvait attirer l’attention sur eux en particulier si ils étaient potentiellement suivis. Elle se contenta de regarder chacun d’eux avec compassion et de s’excuser gentiment de ne pas pouvoir les aider. Les autres aussi étaient visiblement très mal à l’aise et se confondaient d’excuses envers tout ces gens qui suppliaient sur leur chemin.
Finalement, Lucie n’y tint plus, elle remarqua une jeune femme un peu plus vielle qu’elle au regard vide et à l’air affamée. Elle se détacha du groupe et s’avança droit vers elle.
- Lucie ! Lucie revient ! Pressa Jean qui la suivit de prés.
Elle s’arrêta devant la jeune femme qui leva vers elle des yeux implorants. Lucie ouvrit sa bourse et en sortit une pièce d’or qu’elle lui tendit. Celle-ci avança sa main mais au lieu de prendre la pièce, se saisit de la main de Lucie. En un éclair, l’autre main de la jeune femme sortit de sous sa robe faisant luire la lame d’un couteau. Lucie n’eut pas le temps de réagir et elle sentit Jean essayer de la tirer en arrière. Elle vit la lame du couteau approcher dangereusement de son bras et s’arrêter net l’instant d’après. Reuel s’était déplacé si vite qu’elle ne s’en était même pas rendu compte. Il tenait le bras de la jeune femme fermement et avait arrêté son geste.
Quand la jeune femme comprit ce qu’il venait de se passer elle se mit à hurler à pleins poumons. Elle gesticulait dans tout les sens et tenta d’atteindre Reuel avec sa main libre mais celui-ci finit par la lâcher. La jeune femme prit la fuite avant même que Lucie ai le temps de dire quelque chose, stupéfaite devant ce qui venait de se passer.
- Se méfier de tout le monde, rappela doucement Reuel en époussetant sa tunique. Tout va bien, tu n’as rien ? Demanda-t-il ses grand yeux noisettes l’inspectant rapidement.
- Non, répondit Lucie encore sous le choc de l’agression. Non je crois que ça va.
Jean était devenu livide et Roland avait tiré son épée et jetait des regards autour d’eux, dans tout ses états.
- Plus de peur que de mal pour cette fois, commenta Reuel. On ferait mieux d’y aller.
Les cris de la jeune fille avait créé un attroupement et les passants s’arrêtaient pour voir d’où venait tout ce raffut. Lucie ne se sentait pas à l’aise du tout au milieu de tout ces regards réprobateurs et Roland tenant toujours son épée levée n’arrangeait pas les choses.
- Ranges ton arme Roland, lui conseilla Mathilde discrètement.
Celui-ci obéit, se rendant compte de sa bêtise et ils se dépêchèrent de quitter la ruelle bondée.
Après avoir déambulés dans des ruelles de plus en plus sombre et de plus en plus sale, ils finirent par trouver le port. Une énorme rivière traversait la ville et Lucie fut impressionnée par la vitesse du courant et le tumulte qu’il provoquait. L’eau était boueuse et charriait avec elle de nombreuses embarcations plus délabrées les une que les autres ou s’agglutinaient des gens ainsi que des tonneaux, des énormes sacs de jute et toute sortes de marchandises. Lucie se demanda comment il était possible qu’autant de bateaux arrivent à naviguer sur la rivière sans entrer en collision mais Jean la tira par le bras la sortant de sa torpeur.
Ils trouvèrent une grande auberge à quelques mètres seulement du bord du quai et décidèrent de tenter leur chance. La salle était pleine à craquer, des marins venus des quatre coins du royaume buvaient bruyamment dans des langues que Lucie ne connaissait pas. Des hommes et des femmes à l’allure peu recommandables et d’autres encore dont on ne voyaient pas le visage sous leur capuches chuchotaient dans leur coin sûrement en train de négocier des affaires douteuses. Ils avancèrent jusqu’à l’aubergiste en essayant de se faire le plus petit possible mais Lucie sentit bon nombre de regards les scruter discrètement alors qu’ils se mettaient d’accord sur le prix d’une chambre.
Une fois la nuit payée, ils montèrent l’escalier menant au dortoir qui leur était désigné et ils se retrouvèrent dans une petite pièce ou une dizaine de paillasse étaient disposées ça et la.
- Ça ira pour cette nuit, commenta Reuel en inspectant la pièce.
Lucie exténuée et encore étourdie par l’événement de la ruelle, s’allongea et ferma les yeux un moment. Elle entendait les autres s’activaient autour d’elles. Des cris et des bruits de fête lui parvenait du rez de chaussée mais elle était si fatiguée qu’elle tomba très vite dans un sommeil profond.
La nuit fut longue et tourmenté. Plusieurs fois Lucie se réveilla en se demandant quelle heure il était. Une faible lueur éclairait timidement la pièce et ses camarades dormaient autour d’elle. Reuel assis contre un mur face à la porte avait les yeux fermés lui aussi mais Lucie était persuadé qu’il ne dormait pas vraiment. Elle fut réveillé à nouveau par des éclats de voix mais dans son demi-sommeil, elle eut l’impression qu’il venait de l’extérieur et non de l’auberge. Elle finit par se rendormir en tenant la main de Jean tout prés.
Le lendemain matin elle fut réveillé en sursaut par la porte qui s’ouvrit à la volée découvrant Mathilde l’air surexcitée.
- Le roi ! Le roi est mort ! S’écria-t-elle en s’efforçant de reprendre son souffle.
- Quoi ? Grogna Roland en se frottant les yeux encore tout endormi.
- Le roi, répéta Mathilde incapable de se calmer. Il a était empoisonné hier soir, tout le monde ne parle que de ça.
- Ça pourrait confirmer nos soupçons, commenta Jean en se tournant vers Rafael.
- Comment c’est dehors ? Demanda celui-ci le visage inquiet.
- La ville est sans dessus dessous, répondit précipitamment Mathilde. Tout le monde est dans la rue et cherche à en savoir plus.
- Nous devons y aller nous aussi, déclara Rafael avec gravité. Nous devons trouver un moyen de savoir ce qu’il s’est passé.
- Peut être qu’il y aura des funérailles public, hasarda Lucie avec espoir. Si c’est le cas, la reine y sera ainsi que toute la cour et sûrement une bonne partie de l’église.
- Autant dire toute nos cibles au même endroit, tonna Roland avec impatience.
Une silence se fit dans la pièce et Lucie en profita pour sortir des vivres de son sac. Elle mangea avec appétit et très vite les autres l’imitèrent.
- Quoi qu’il en soit nous devons changer d’auberge, lâcha Reuel d’un ton sans appel. Il est trop dangereux de rester trop longtemps au même endroit.
Ils finirent de déjeuner au pas de course et en quelques minutes à peine leurs affaires furent prêtes. Quand ils descendirent dans la grande salle de l’auberge celle-ci était totalement vide, même l’aubergiste manquait à l’appelle. Quand Lucie franchit la porte du bâtiment, elle fut assaillit par un vacarme tel qu’elle n’en avait jamais entendu. Des centaines et des centaines d’habitants s’étaient regroupés sur le bord du quai, certains criaient et demandaient des information sur le roi, d’autres expliquaient ce qu’ils avaient entendu à qui voulait bien l’entendre, d’autres encore pleuraient, juraient, se lamentaient bruyamment, créant une cacophonie difficile à supporter.
L’atmosphère était électrique. Lucie sentait toute cette tension autour d’elle dans les mouvements des habitants, sur leurs visages contractés de douleurs et d’angoisse. Ils restèrent groupés et s’engouffrèrent dans la foule, s’arrêtant de temps à autre pour écouter ce qui se disait autour d’eux. Très vite, ils comprirent que Lucie avait raison et que les funérailles du roi se tiendrait dans l’après midi sur la grande place de la ville.
- Il faut à tout prix qu’on y soit, s’impatienta Roland qui semblait contaminer par l’énervement général. C’est peut être notre chance.
- Je suis d’accord, approuva Rafael. Mais nous devons nous montrer extrêmement prudent. Je ne suis pas tranquille depuis que nous somme arrivés ici !
- Nous n’avons qu’a nous procurer des vêtements plus discrets, proposa Jean en désignant un étalage de l’autre côté de la rue.
L’homme ne comprit tout d’abord pas ce qu’ils souhaitaient pensant probablement qu’ils voulaient parler du roi mais quand Jean sortit quelques pièces d’or de sa bourse l’attention de l’homme se porta tout de suite sur lui comme si le vacarme atour de lui en l’atteignait plus. Jean acheta six grande cape de voyage sombre avec chacune une grande capuche. Une fois l’homme payée, Lucie imita les autres et revêtit la cape par dessus ses vêtements.
Ainsi vêtus, ils repartirent à travers le tapage des ruelles bondées et tentèrent de se frayer un chemin en direction du centre de la ville sans se perdre les uns, les autres. Ils demandèrent plusieurs fois leurs chemin, avançant péniblement dans une foule toujours plus compact à mesure qu’ils approchaient de la grande place de Bal.
- Le roi devait être très aimé, commenta Lucie avec tristesse. Je n’ai jamais vu autant de monde de toute ma vie !
- Il paraît que c’était souverain juste et bon avec ses sujets, ce qui est rare, expliqua Mathilde en jouant des coudes.
- Tout de même, je ne pensais pas que c’était possible qu’autant de gens vivent au même endroit, grogna Roland qui ouvrait la marche. C’est incroyable.
Ils continuèrent encore un long moment et il devait être plus de midi passé quand ils débouchèrent enfin sur une immense place pavée. Ici la foule était si dense que Lucie ne pouvait presque plus bouger. Au milieu de cette marée humaine se tenait une gigantesque statue de marbre qui semblait toucher le ciel. Derrière la statue, des escaliers d’une taille colossale grimpaient vers un bâtiment si grand et si beau que Lucie en eut le souffle coupé. Le soleil se reflétait sur la surface de ces murs couverts d’or et sur des milliers de petites représentations du même métal qui se tenaient sur le toit ou la façade.
- C’est la qu’il sera enterré, murmura Jean à ses côtés. Le palais du pape, on dit que seul les cardinaux, le pape et des domestiques ont le droit d’y entrer.
Effectivement le lieu était parfaitement choisi pour accueillir la sépulture d’un roi. Lucie se demanda comment des humains avaient pu construire des piliers aussi gigantesque, il soutenait un toit immense aux couleurs rouge et or qui dominait la place de toute sa taille.
Autour d’eux régnait une ambiance très étrange. Alors que beaucoup d’habitants pleuraient et se recueillaient en silence, Lucie sentait une tension sur le point d’exploser. Elle n’aurait pas su dire quoi mais quelque chose la dérangeait, peut être se faisait elle des idées, mais tout son corps était sur le qui vive.
Après une attente qui lui sembla interminable dans le vacarme incessant de la foule, finalement un son de cor retentit. Instantanément un silence se fit, un silence de mort. Lucie remarqua une estrade de bois sur laquelle une longue file d’hommes en armes monta. À leur suite vient de nombreux hommes portant l’emblème de l’ordre du feu portant un cercueil d’or. Alors qu’elle était assez loin, elle arrivait à distinguer les pierres précieuses encastrés à l’intérieur et les couleurs qui en émanaient.
La place retenait son souffle, ils posèrent le cercueil sur l’estrade et une femme d’une grande beauté habillée d’une longue robe noir ainsi qu’un homme grisonnant portant la robe rouge des cardinaux s’avancèrent. La femme se campa tout prés du cercueil et bien que Lucie fut trop loin pour le voir, elle devina qu’il était ouvert quand elle vit la femme poser sa main dedans.
- Peuple de Bal, c’est le cœur meurtri que je m’adresse à vous, commença-t-elle d’une voix forte qu’on sentait prête à se briser à tout moment. Nous sommes réunis ici en ce triste jour, pour rendre hommage à votre roi, mon époux. Je sais que chacun d’entre vous partage ma tristesse car il n’y eu jamais de roi plus aimé de ces sujets que mon bien aimé.
A ces mots beaucoup de têtes acquiescèrent autour de Lucie, certains pleuraient et reniflaient bruyamment buvant les paroles de la reine avec une ferveur sans pareille.
- Mon tendre et cher Boris a perdu la vie hier soir durant une cérémonie en l’honneur de mon anniversaire. Dans sa grande gentillesse il avait organisé pour moi une fête somptueuse dans le seul but de me faire plaisir. Mon bien-aimé était de ceux qui veille sur les siens et sur son peuple.
La reine marqua une nouvelle pause, embrassant la foule du regard, une larme coulant sur son visage triste.
- Mon mari a été lâchement assassiné, reprit elle d’une voix grave, chargée de colère. Empoisonné, il a agonisé pendant de longues minutes à la vu de tous. Je sais parfaitement que je ne suis arrivée à Bal que depuis quelques mois et que je reste une étrangère pour vous mais je vous promets de régner aussi bien que lui et surtout je vous jure que je retrouverais ceux qui lui ont fais ça et que je leur ferais payer leurs actes !
Tout autour de Lucie ce fut l’explosion, des cris d’approbations retentirent dans toute la place, toutes les rues et probablement toute la ville :
- Vive la reine Alice.
- Longue vie à la reine !
Lucie croisa le regard Mathilde à côté d’elle qui lui fit un regard éloquent en direction de la reine. Elle avait peut être raison, la reine était peut être l’un des deux démons qu’ils cherchaient.
Après quelques minutes de liesse et de hourra pour la reine, celle-ci leva la main et demanda le silence.
- Le pape n’étant pas en état de donner les derniers sacrement à mon défunt époux, le cardinal Auguste s’en chargera à ma demande. Il sera aussi chargé de retrouver les assassins de mon mari et je crois savoir qu’il a déjà une très bonne piste sur l’identité des coupables.
Suivant le geste à la parole elle invita l’homme à la robe rouge à s’avancer prés d’elle.
- Mes chers enfants, la peine que ressent mon cœur n’est rien à côté de celle de la reine clama-t-il en posant sa main sur sa poitrine de façon théâtral. Mes hommes ont travaillés d’arraché pieds toute la nuit pour mettre la main sur les immondes vermines qui s’en s’ont prit à notre roi bien aimé. Ils ont découvert que son meurtre avait été orchestré par deux garçons à peine majeur.
Un frisson parcouru la foule, les gens se regardaient les uns les autres incrédule cherchant l’avis de leurs voisins.
- Ho je comprend votre étonnement, approuva le cardinal en secouant la tête avec force. Comment deux adolescents pourraient commettre un acte aussi horrible. La vérité est que ces deux garçons sont des être maléfiques, tuant pour le plaisir, leurs âmes sont sûrement corrompus par des forces démoniaques. Ne vous fiez surtout pas à leur apparence angélique, ils sont sans aucun doute les personnes les plus dangereuse du pays. Selon mes informations, ce seraient deux frère jumeaux, l’un aurait le crâne rasé et l’autre serait la copie identique de son frère avec en plus des cheveux blonds et bouclés. Les assassins du roi se nommeraient Rafael et Reuel.
Ce fut un coup de massue. Lucie n’en croyait pas ses oreilles. Beaucoup de question se bousculèrent dans sa tête, comment connaissaient ils le nom de Rafael et Reuel ? Comment pouvait il les accuser d’un meurtre qu’ils n’avaient pas commis devant toute la population de Bal ? Dans quel but ?
Un grondement grandissant émana de la foule et trois mots se répétaient dans la bouche des habitants qui grognaient :
- Rafael et Reuel !
- Rafael et Reuel !
- Rafael et Reuel !
Lucie fut prise de panique, ils allaient se faire prendre. Elle sentit son cœur s’accélérer mais son corps refusa de bouger quand elle sentit une main lui rabattre sa capuche sur la tête. Elle eu tout juste le temps d’apercevoir les cheveux blonds et les yeux noisettes de Reuel sous sa propre capuche lui ordonner :
- Il faut fuir !
Je viens de terminer ce 17ème chapitre. Alors, je trouve globalement que les descriptions, pour cette arrivée dans Bal, pourraient être approfondies.
J'ai bien aimé la scène où la "mendiante" attaque Lucie. J'ai trouvé que ça donnait vie à la ville plus que toutes les autres scènes.
La chute est pas mal, mais je crois que tu pourrais aussi l'améliorer :) Je t'écris mes remarques détaillées :
Dernière phrase du premier paragraphe :
"ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps" -> je pense que tu peux couper cette phrase, elle alourdit le tout, et répète l'idée générale du paragraphe sans que ça apporte plus.
" Elle s’était toujours imaginé que Jean qui venait d’une famille riche et qui avait reçu une éducation digne de ce nom" -> deux choses : 1) Lucie ne vient-elle pas elle-même d'une famille aisée ? 2) le fait qu'il soit moine par contre, ça ne la gênait pas ? En théorie, ils sont censé faire vœu de chasteté, non ?
"Ne vous fiez à personne, méfiez vous de tout le monde." -> très redondant, d'autant qu'en plus, Reuel reprend la même formulation à la réplique suivante !
"La route montait doucement vers une énorme porte de fer noire encastré dans deux immenses murailles qui partaient toutes deux directement du flanc de la montagne de chaque côté. Les murs étaient d’une taille impressionnante et une fois arrivé au pied de la porte" -> hou, c'est un peu lourd comme description ! Je pense que tu peux faire mieux.
"L’’endroit réputé comme le plus mal famé est le quartier du port" -> il y a... un port... dans la montagne ?... Je suis terriblement perplexe.
-> au-delà du fait que j'ai été surprise à l'idée qu'il y ait un port dans la montagne, je suis aussi assez étonnée par la réflexion. Ne seraient-ils pas au contraire plus en sécurité dans un quartier plus riche ? Loin des voleurs à la sauvette, des faux-mendiants etc ?
"Mathilde l’air surexcitée" -> je crois que surexcitée à une connotation assez positive. Ça me donne l'impression qu'elle est ravie à l'idée que le roi soit mort, mais je ne suis pas certaine que ça soit ton intention.
"Nous devons trouver un moyen de savoir ce qu’il s’est passé." (réplique de Rafael) -> Pourquoi ? Ils ne savent pas que c'est lié à leur quête. Pas vraiment.
"Lucie avait raison et que les funérailles du roi se tiendrait dans l’après midi" -> c'est trèèèès rapide pour les funérailles d'un roi, non ? Là je fais un parallèle avec l'histoire, je ne crois pas que ce soit courant de ne pas laisser le corps disposé pour une veillée avant de passer à l'enterrement. Mais bon, c'est du détail tu me diras !
"en permanence sans discontinuer." -> là encore, tu additionnes deux expressions qui sont très proches en sens.
La chute :
Alors pour rejoindre mes commentaires précédents : là, ce serait le moment idéal pour qu'ils comprennent qu'ils ont peut-être à faire à au moins un des deux démons ! Ça marquerait d'autant plus la surprise.
Bon, sinon, je trouve l'idée pas mauvaise (de retourner la population entière de Bal contre les jumeaux), mais je crois que c'est un peu bizarre d'annoncer ça en public, en expliquant seulement leurs noms et le fait qu'ils sont jumeaux. J'aurais bien vu le truc style quand ils arrivent en ville, le roi est déjà mort, on arrive un peu plus tard, pourquoi pas pour son enterrement, et il y a des affiches placardées partout avec des portraits approchants de Rafael et Reuel justement... Et puis à l'enterrement, on apprendrait leurs noms, ceux des gens avec qui ils voyagent pourquoi pas...
Tu vois l'idée ?
Voilà pour ce chapitre, en espérant que ça te sera utile :)
À bientôt.
Encore merci pour ton commentaire qui une fois de plus tape toujours juste. =)
Il y a effectivement beaucoup de choses que je vais devoir changer dans ce chapitre, en rapport avec tout ce que je vais changer dans l'histoire lors de la réécriture. Malheureusement je crois que je ne vais pas garder grand chose.
L'idée que el groupe arrive quelques jours plus tard après la mort du roi me semble bonne. Je vais réfléchir à comment elle pourrait rentrer dans le scénario.
J'espère que la fin de l'histoire te paiera, l'histoire va s'accélérer un peu très bientôt.
Merci et a bientôt.
Tu en es où de tes publications sur PA ? C'est complet pour ton premier jet ? Sinon, tu as combien de chapitres au total ?
À bientôt :)
C'est une des raisons pour lesquelles je n'était pas très présent sur Pa en ce moment mais je m'y remet la. Je suis en train de lire un chapitre de ton histoire et je pense que je vais les enchainer un peu.
A très vite !
J'espère que la suite de mon histoire te plaira !
À bientôt :)