Chapitre 17 - Le Fabuleux dîner

Par vefree
Notes de l’auteur : 17e et dernier chapitre.
Voilà qui clôt les pérégrinations de ma cuisinière et j'espère de belle façon. Dites moi ce que vous en pensez sincèrement et sans ambages.
 
 Chapitre 17 - Le fabuleux dînerDans la chapelle, le vieil Antoine s’affairait, sûr de ses gestes, sûr de ce qu’il devait faire ici. Il s’agenouilla devant l’autel et se mit à prier sans se préoccuper du couple silencieux derrière lui. Il avait abandonné sa canne, comme si la décision qu’il avait prise lui avait redonné vigueur et muscles. Marion et Léo se tenaient cois. Un peu désarmés par une telle démarche, ils n’avaient aucune idée de ce qui allait se passer, ni quel serait vraiment leur rôle. Environ dix minutes après, le vieil homme se releva sans souffrir de ses articulations et se tourna vers le couple. Son visage rayonnait et exprimait une certaine joie pour en être arrivé là. Il voyait le bout du chemin et il était heureux.- Je constate que vous vous servez encore de cette chapelle, Marion. Je suis content, fit le vieil homme tout sourire.- En effet, répondit-elle. Je viens parfois m’y recueillir quand j’ai besoin d’aide.- ... et je vous entend toujours lorsque vous le faites, l’informa-t-il avec un clin d’œil espiègle.- Vous m’entendez toujours, quand..., se surprit-elle. Alors, c’est comme ça que vous savez tout sur moi ?- Entre autre, oui... confirma-t-il tout en montrant que cela n’avait aucune importance. Venez, suivez-moi.Il leur fit signe d’un petit geste en se dirigeant vers l’ouverture de la crypte.- Pas sans lumière, hé ! s’exclama Léo.Ce dernier n’était pas disposé à la témérité. Les endroits sombres n’étaient toujours pas son fort et en la circonstance, il n’était pas question d’affronter le noir d’un tombeau sans un peu de lumière. Il partit chercher une lampe pendant Marion restait sur les talons d’Antoine pour ne rien rater de ce qu’il pourrait faire ou dire.- Racontez-moi comment vous faites pour vous mettre en connexion, ça m’intéresse, s’enhardit à demander la jeune femme.- Oh, vous savez, ma jolie, rien de plus simple quand les Plus Hauts vous donnent une tâche telle que la mienne... laissa-t-il en suspend.- Comment ça ? Vous voulez dire que... vous venez directement de l’autre monde... incarné sur Terre... juste pour nous ?- C’est ce que je vous dis depuis le début. Vous êtes un peu longue à la détente. Oui, j’ai emprunté ce corps pour mieux vous servir...Pendant ce temps, Léo revenait avec de quoi les éclairer, alors que Marion et le vieil homme descendaient déjà les premières marches tout en parlant.- Mais alors, vous êtes une sorte d’avatar un peu spécial, non ? s’étonna Marion.Antoine se mit à rire et son écho se propagea sur les vieux murs de la crypte.- On peut dire ça, oui. Je suis descendu sur Terre spécialement pour vous... dans votre monde...- Mais pourquoi ? s’interrogea la jeune femme, tout en dévalant les marches avec lui. Pourquoi ? Qu’avons-nous de si spécial pour mériter de tels égards ?- J’avais une dette, expliqua-t-il arrivés tout en bas des marches.Léo, qui suivait derrière, éclairait les deux autres ainsi que l’endroit.- Je vous préviens, je ne comprend rien à ce que vous racontez, fit le cuisinier d’une voix peu rassurée en jetant des regards inquiets dans la pénombre. Si vous voulez que je vous suive de bon gré, il va falloir être plus clair.Seul le grand crucifix de pierre blanche habitait la pièce de toute sa hauteur. Marion se souvenait de cet endroit et réprima un frisson.- C’est là que le jeune Paolo a failli mourir... dit-elle en se frottant les bras.- Oui, bon, on fait quoi, là ? s’impatienta Léo. Je n’ai pas envie de rester trop longtemps ici, moi.- Une dette, vous dites ? questionna Marion à l’attention d’Antoine. Quelle genre de dette ?- J’étais votre meurtrier dans l’autre vie d’avant...Marion se figea sur place et fixa le vieil homme, foudroyée. Léo demeurait silencieux et tentait de comprendre, les yeux agrandis par l’incrédulité.- Vous voulez dire que... alors... mais alors, bredouillait la jeune femme, les cinq religieuses dans la crypte, c’était votre forfait ?Le vieil homme devint grave et ne cilla pas sous le faisceau de la lampe que Léo lui braquait en plein visage.- En quelque sorte, c’est ça, avoua le vieil homme. Je m’appelais Jean-Edmond Laplace. J’étais officier et mercenaire, et... je suis mort en même temps qu’elles sous l’épée vengeuse de ...Il leva le menton pour désigner Léo.- Qui ça ?... Moi ? protesta-t-il un doigt enfoncé dans sa propre poitrine. Mais, je n’ai rien fait, je le jure ! Et d’abord, je n’ai pas d’épée.- Vous en aviez une dans l’autre vie, assurément, certifia Antoine. Et vous vous en serviez très bien. Quand son fil m’a traversé le corps, je m’en souviens très précisément. Je vous assure que ça fait un mal de chien !Léo le regardait les yeux écarquillés, cherchant un semblant de véracité et de lien avec sa mémoire. Mais, rien.- Alors, avec la mort, quand je suis passé de l’autre côté, continuait d’expliquer le vieil Antoine, les Plus Hauts m’ont mis immédiatement à l’épreuve. Ils ont proposé que je rachète mes actes impardonnables en remplissant le rôle de passeur d’âme, ici-même, dans ce château. J’ai accepté. Et avec mes nouveaux pouvoirs, je devais tout faire pour que vous vous retrouviez tous les deux. En plus de devenir le garant du lieu pour que soit rétabli ce qu’il a toujours été ; un lieu tranquille et spirituel. C’est comme ça que j’ai habité ce corps emprunté spécialement, en le préservant de la mort humaine pendant trois cents soixante-quatre ans précisément. J’ai éprouvé toutes les souffrances d’ici-bas, comme vous, même celles que vous n’imaginez même pas et j’avais la faculté de cerner distinctement toutes les âmes de ce lieu et d’en être leur gardien. Tout devait contribuer à ce que vous soyez de nouveau ensemble. Cette acuité m’a fait souffrir le martyr. Je voyais toutes les vies et toutes les souffrances de ceux qui ont vécu dans ce château. Mais ainsi, j’ai pu réunir toutes les conditions pour que vous vous retrouviez dans la vie suivante. Aujourd’hui, je dois donc vous remercier pour m’avoir permis de remplir ma tâche, racheter mes fautes et de repartir heureux auprès des Plus Hauts. - Vous... s’étonna Léo, sidéré, mais alors... vous avez trois cents soixante-quatre ans ? Antoine rit de bon cœur.- Ça vous en bouche un coin, hein ! Ce qu’il venait de leur dire était suffisamment surprenant pour les figer bouche bée. Le couple resta un long moment ainsi en regardant le vieil homme qui évoluait au pied du crucifix. Comment était-ce possible ? Le vieil homme se préparait à sa fin le plus naturellement du monde. Il cherchait des doigts une inscription au pied de la sculpture.- Marion, vous voulez bien aller chercher la bougie et l’encens sur l’autel, là-haut, s’il-vous-plaît... vous serez gentille.Celle-ci s’exécuta sans dire un mot. Trop abasourdie par les révélations d’Antoine, elle ne savait que dire, ni contredire qui ou quoi que ce soit. Elle remonta les escaliers en silence. Pendant ce temps, les deux hommes se jaugeaient du regard dans la lumière de la lampe torche. Le cuisinier estimait l’homme bien trop étrange pour se fier à ce qu’il disait. Plus de trois cents ans !... Comment pouvait-on prétendre vivre aussi longtemps ? Il était fou à lier, certainement. Et il demeurait planté là, dans une crypte sans lumière, seul avec lui. Dans un moment, il allait sûrement lui déballer que, non content de lui avoir révélé qu’il était un meurtrier dans la vie d’avant, il avait aussi une dette égale et qu’il devait prendre le relais... il allait mourir aussi pour faire le passeur d’âme à sa place... Non, tout ceci était insensé. Parfaitement incroyable. Pourquoi l’aurait-il guéri de son cancer, alors ?... La panique était en train de le gagner et la situation lui échappait. Il avait beau le scruter sous tous les angles, il ne trouvait trace d’homme sensé sur lui. C’était un vieil homme rabougri en mal de sensation et puis c’était tout. Mais, depuis tout à l’heure, Antoine faisait montre d’un certain rajeunissement. Il ne se servait plus de sa canne, ses yeux étaient redevenus clairs et vifs, il se tenait droit comme un i, même sa voix ne dénotait plus l’aigreur des années... Alors, où étaient passés ses siècles de vie ? Le vieil homme l’observait, amusé par son incrédulité. Puis, soudain, il se mit à murmurer un débit de paroles incompréhensibles, dans une langue étrange, comme s’il récitait une prière. Presque aussitôt, Léo se souvint. Il avait déjà entendu quelque part ces mots qui sonnaient comme une guérison. Même en ignorant ce qu’ils disaient, il les connaissait et savait à quoi ils servaient. Son cœur s’accéléra et une émotion le saisit. Ces paroles étaient la porte de la rédemption. Il n’avait pas d’explication plus rationnelle mais il était sûr de ce qu’il entendait. Il l’avait vécu. Il ne pouvait en être autrement. Ces mots le portaient vers une joie indicible, celle qui rend toute vie possible et remplie d’Amour. Marion revint alors avec la bougie allumée et l’encens fumant. Elle les tendit au vieil homme qui cessait son murmure incompréhensible. Il remercia la jeune femme en les lui prenant des mains. Puis, il les porta jusqu’au grand crucifix et les déposa dans un petit logement prévu à cet effet sous les pieds du Jésus de pierre. Ensuite, il dépoussiéra l’inscription gravée sur le socle de la croix sculptée, il appuya sur toutes les lettres dans un ordre précis connu de lui seul. Elles s’enfoncèrent en déclenchant un mécanisme d’ouverture qu’on entendit résonner à l’intérieur même de la statue. Deux lourdes portes de la taille d’un homme assis s’ouvrirent face aux trois personnes présentes, libérant un espace cubique et vide creusé à même la pierre. Léo et Marion avaient reculé d’un pas, craintifs et se tinrent par la main comme pour se rassurer mutuellement.- C’est ici que nous allons nous quitter, mes chers, annonça soudain le vieil Antoine.- Co... comment ça ? s’inquiéta Léo. Vous... allez entrer là-dedans ?- Ceci est le tombeau pour mon corps, en effet. Je vais m’y installer et vous dire adieu. Lorsque je serai parti, je vous demanderai de faire la formule de fermeture que je vous donnerai en appuyant sur les lettres comme je l’ai fait tout à l’heure. Voilà pourquoi j’avais besoin de vous.- Mais vous n’allez tout de même pas vous emmurer vivant ! s’inquiéta Marion.- Non, ma chère, ne vous inquiétez pas. Je ne serai plus de ce monde lorsque vous refermerez les portes de pierre. À présent, je vais vous souhaiter tout le bonheur et la joie dans votre tâche commune. Soyez heureux, tous les trois. Et, je suis heureux, moi aussi, grâce à vous d’avoir rempli la mienne. Je vais rejoindre les Plus Hauts avec le sentiment d’avoir acquit ma rédemption. Vous avez ma plus grande gratitude.Le couple ne sut quoi dire sinon de le saluer en hésitant d’une inclinaison de la tête. La gorge serrée, la jeune femme lui tendit la main. Antoine la lui serra.- Merci pour ce que vous avez fait pour nous, dit Marion.- Pourquoi vous avez dit trois ? interrogea Léo, intrigué. Nous ne sommes que deux, là...- Ne me remerciez pas, répondit Antoine sans faire cas de la remarque de l’homme. Je devais le faire, c’est tout.Puis, il se retourna et fit face au tombeau. Sans aucune hésitation, il y pénétra et s’y installa en position de lotus, face à eux. Son visage était serein et déterminé. Il les salua silencieusement tour à tour d’une inclinaison de la tête avec un sourire bienveillant. Il ferma les yeux et son visage se détendit. Ses rides s’effacèrent peu à peu, sa peau se lissa imperceptiblement. Petit à petit, il semblait redevenir encore plus jeune. Il médita ainsi quelques bonnes minutes devant le couple immobile et silencieux. Son visage exprimait une totale sérénité, une félicité incommensurable. Marion, émue, serra Léo contre elle. Il glissa son bras autour de ses épaules, protecteur. Ils observaient l’homme assis dans son tombeau. Antoine ouvrit de nouveau les yeux et leur offrit un regard empli de compassion. - Appuyez sur les lettres, maintenant, leur dit-il. «I»... «R»... «I»... «N»... Adieu !Marion s’exécuta. Puis, elle revint aussitôt se blottir contre Léo. Ils observèrent les portes se fermer doucement dans un grincement de poussière. Antoine ferma de nouveau les yeux et sa peau se teinta d’or. Sa tête s’inclina légèrement en avant, ses épaules tombèrent, ses doigts et ses paumes ouvertes vers le ciel en signe d’offrande se figèrent. L’âme d’Antoine quittait le corps d’emprunt et les portes se verrouillèrent sur lui dans un bruit de cliquetis métalliques. Le silence reprit soudain ses droits dans la crypte sombre. L’encens avait fini de se consumer et la lumière de la bougie brillait toujours dans la petite niche du Christ en croix. Seules s’entendaient leur respiration. Léo soupira. Marion renifla et essuya une larme sur sa joue. C’était fini. Antoine n’était plus. o0o0o0oLe fabuleux repas de Marion et Léo s’annonçait alors que le mois de mai débutait dans le froid et sans soleil. L’option de le servir sous le kiosque semblait compromis si la météo persistait à accumuler le gris et les nuages bas. Qu’à cela ne tienne, le menu était opérationnel. Ils avaient rôdé leur exercice et invité familles et amis pour la dégustation. Tout était fin prêt à part, peut-être, au sujet de la présentation de la table pour laquelle ils n’étaient pas d’accord. L’un souhaitait du grand classique ; nappe blanche, verres en cristal et argenterie, l’autre voulait du moderne ; mélange des matières, chemin de table en bambou, verre soufflé à la bouche, nappe en soie sauvage et ménagère design. Il allait falloir se décider.Pour l’heure, le grand jour n’était pas encore là, et Marion stoppait sa petite voiture rouge qui ne pétaradait plus devant la tour carrée sur l’aile Est pour décharger des courses en passant par la petite porte extérieure du cellier. Elle attendait une demi-douzaine d’hôtes pour le soir. Le château serait plein pour plusieurs jours. La vente de son livre était un vrai succès de librairie et beaucoup de lecteurs désiraient découvrir sa cuisine et son lieu de vie, surtout depuis qu’elle avait fait courir le bruit qu’un col tricolore lui servait de compagnon tant à la ville qu’aux fourneaux. Il y avait donc du pain sur la planche !... Elle empila les cageots de légumes, les emballages de viandes et de farine sur un socle à roulettes et le fit rouler jusqu’au cellier. Puis, elle rangea ses provisions dans les étagères et la chambre froide. De l’autre côté de la réserve, la porte de la cuisine était ouverte. Elle pouvait voir Léo, armé d’un couteau hachoir, qui donnait de grands coups dans une pièce de viande, concentré sur son ouvrage. Comment allait-elle lui dire ce qu’elle venait d’apprendre ? Il n’en avait jamais été question entre eux et d’ailleurs à quel moment en auraient-ils parlé ? Ce n’était pas leur motivation première et, de plus, rien ne prédisposait la jeune femme à avoir envisagé la chose ces dernières années puisqu’elle avait depuis longtemps fait une croix sur ses espérances dans ce domaine. Tout en retournant garer sa voiture plus loin, sur le parking, elle essayait de formuler dans sa tête mille et une manières de le lui dire. Mais rien n’était satisfaisant dans ses pensées.De retour à la cuisine, Marion attrapa son tablier et le passa autour du cou tout en observant Léo affairé sur la parure d’un gigot d’agneau. Il avait presque retrouvé sa silhouette d’avant. Encore un peu trop maigre et les cheveux grisonnants, presque blancs, il était pourtant redevenu bel homme. Mais, il gardait indéniablement les traces indélébiles de son cancer marqué sur lui. Marion le trouvait plus charmant ainsi, finalement. Les épreuves l’avaient rendu plus posé, plus profond. Il avait recouvré force et énergie et on pouvait dire que sa convalescence l’épanouissait à merveille. Mais, la nouvelle qu’elle allait devoir lui annoncer n’était-elle pas trop étonnante ? À coup sûr, cela allait l’ébranler. Et puis, elle ne se sentait pas encore le courage de le lui dire. Elle renonça à évoquer le sujet tout de suite. La bonne formule n’avait pas atteint le ressort qui l’expulserait de sa bouche. Et si jamais il le prenait mal, hein ? ... non. Pas avant leur grand repas... Il valait mieux ne rien dire avant.Elle sortit une casserole et la posa sur l’un des feux du piano.- Ça va ? questionna Léo en lui jetant un œil intéressé.- Oui, oui, fit-elle en prenant un air aussi détaché que possible.Ils s’absorbèrent chacun dans leur tâche jusqu’à ce que Léo enfourne le gigot en réglant les boutons à la bonne température. Puis, il s’approcha dans le dos de sa femme et enroula ses bras autour de sa taille. Il déposa un baiser tout contre son cou, tendrement. Marion sourit tout en remuant des échalotes en train de dorer et un léger frisson la parcourut lorsqu’il l’enlaça.- Dites-moi, mademoiselle la cantinière, avez-vous des projets pour ce soir ? lui susurra-t-il à l’oreille en lui soufflant son haleine chaude dans les cheveux. Il m’a semblé constater qu’un grand lit froid vous attendait en rentrant chez vous...Facétieux, il aimait jouer avec des petits noms pour la nommer ainsi, histoire de taquiner sa fierté, sachant qu’elle ne manquerait pas de lui rappeler qu’elle n’était pas du genre à avoir froid aux yeux et qu’elle le traiterai d’arpette si nécessaire. Mais, cette fois-ci, il la sentit trembler différemment contre lui. Imperceptiblement.- Mes projets pour ce soir, mon cher, répondit-elle sur le même ton facétieux sans cesser de remuer ses échalotes, sont une grande bouillotte bien chaude contre laquelle je m’enroulerai voluptueusement pour faire des rêves plein de rose et de bleu !- C’est tout !! s’exclama-t-il, déçu. Moi qui espérait au moins les dix meilleures positions du kamasutra...- Désolée, chéri, répondit-elle. Nous avons un service de quinze couverts pour ce soir et pas des moindre. Connaissant une partie de nos hôtes, je sais à quel point ils vont m’accaparer et je serai vidée complètement lorsque nous irons nous coucher.C’était pourtant vrai. Mais, ce qu’elle ne voulait pas ajouter pour ne pas l’alarmer, c’était qu’elle avait la nausée, le ventre en vrac et, pour ne rien arranger, une libido qui hésitait entre le zéro absolu et l’ébullition sans crier gare en l’espace de quelques minutes. Elle ne voulait surtout pas compromettre la réussite de leur grand repas dont la date approchait et qui devait être le point d’orgue de leur tâche de couple. Elle faisait donc tout pour montrer que tout allait bien. Léo soupira bien fort en posant son menton sur son épaule.- Même pas drôle ! fit-il, bougon.- Tu devrais diminuer tes doses de vitamines, je crois...- C’est ça ! C’est la faute de mes vitamines, maintenant. - Dis moi... tu n’avais pas des entrées à dresser, il me semble ? lui rappela-t-elle gentiment.- Mouais... ça peut attendre, non ? ... je peux bien câliner ma femme encore un moment.- Je te rappelle quand même qu’il est dix-neuf heures et que les hôtes se mettent à table dans une heure. Tu comptes téléphoner à Mary Poppins au dernier moment ?Avant que Léo ne trouve quelque chose à répondre, Diane fit son entrée dans la cuisine.- Pardon de vous déranger les tourtereaux en tablier, mais où sont passés les chandeliers en argent ? demanda la mère des enfants. Je voulais les mettre sur la table...- Ils sont au salon, lui répondit Marion. Je m’en suis servie l’autre fois quand les Dumontet de Paris sont venus...- Ok, merci. Puis, Diane se ravisa alors qu’elle faisait demi-tour.- Oh, j’oubliais... fit-elle en pointant un doigt en l’air. Le monsieur de la librairie de Cluny, là... il demande ce qu’on mange ce soir ? Il veut savoir, avant de se mettre à table.- Encore un qui n’aime pas les surprises, on dirait, soupira la cuisinière. Dis-lui, un crumble de poivrons et chèvre frais en entrée, un gigot d’agneau aux flageolets frais de printemps et un tiramisu.- Merci, Marion. Je vais lui dire.- De rien !Léo se tourna de nouveau vers sa femme et ouvrit la bouche pour répliquer, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Un cercle pâtissier s’interposa entre leur deux visages.- Les entrées t’attendent, monsieur l’arpette ! lui rappela-t-elle.- Je me demandais quand tu allais la placer, celle-là, grigna-t-il.Mais, il se soumit en prenant le cercle qu’elle lui tendait et se détourna pour s’atteler à ce qu’elle lui ordonnait. Et tout en grommelant pour lui-même :- Ça va être ta fête, ce soir, tu verras...Elle eut un sourire verdâtre qui, heureusement, échappa à son compagnon.o0o0o0oLe grand jour était arrivé.Ils s’étaient levés très tôt pour œuvrer dans les meilleures conditions et ils avaient choisi les produits avec le plus grand soin. Deux défis étaient à relever ; celui d’y prendre le plus grand plaisir et surtout celui de le partager ensuite avec leurs convives, invités spécialement pour profiter de leurs créations culinaires. C’était pour eux un peu comme une offrande, un don offert généreusement pour la simple joie de célébrer la vie ensemble. Bien plus que juste une recette, l’idée de Marion était devenu un véritable repas complet avec tout l’apparat qu’on pouvait envisager lors d’une cérémonie solennelle, telle un mariage, une fête familiale, Noël ou même un anniversaire d’entreprise ou d’une personne chère. Mais, bien au-delà d’un assemblage de bons ingrédients goûtus, c’était aussi l’utilisation de toute une connaissance ésotérique qui force à tendre vers le Nombre d’Or, une sorte de perfection, en somme, que Marion et Léo allaient mettre en œuvre. Bref, c’était un repas qui, en tout état de cause, ne pouvait souffrir de médiocrité encore moins de négligence. Tout devait être réglé dans les moindres détails. La jeune femme avait placé la barre très haut et elle en avait conscience. Elle comptait énormément sur le professionnalisme de son cher et tendre pour assurer son rôle de violon solo et surtout elle voulait de lui un total engagement tant dans la maîtrise de sa cuisine que dans son esprit. Ils devaient être en parfait accord comme lors de leurs meilleurs moment d’amour. Pas question de se contenter d’une petite levrette au coin d’un couloir, non. Ici, elle envisageait l’excellence ; leur cuisine serait jouissive ou ne le serait pas !Étrangement, ce matin-là, son ventre ne protestait plus et semblait décidé à lui laisser un répit bienvenu. Dès les premières lueurs du jour, à peine s’étaient-il souhaité le meilleur, que Marion sortit au jardin cueillir les légumes nécessaires pour la préparation du repas. Dans la rosée matinale, le potager resplendissait d’énergie et de vigueur. Les pois gourmands pendaient doucement, leurs tiges agrippées à leurs tuteurs ainsi que les petits poids plus dodus. Les fleurs de courgettes s’épanouissaient sans vergogne et offraient à la lumière du petit jour ses pistils, ses pétales jaunes orangés éclatants à peine ouverts. Les pieds de pommes-de-terre tapissaient le sol d’un vert sombre piqueté de petites fleurs blanches. Les tiges des oignons se dressaient aussi hauts qu’ils pouvaient, cherchant à atteindre le ciel de leurs pointes aigües et vertes. Les tendres petits radis cachaient leur pudique rougeur à l’ombre des haricots sous leur bouquet de verdure un peu rêche. Et une araignée avait tendu sa toile brillante de mille gouttelettes, tel un bijou divin, entre un pied de tomates et un autre d’aubergines. Les salades pommées battaient en rang disciplinés dans un carré réservé, non loin des pousses de roquettes et d’épinards. Le camaïeu tout en vert de l’ensemble du potager remplissait le cœur de Marion d’une joie indicible qui, dès le début de la journée, lui permettait d’augurer la plus belle des réussites.De son côté, Léo mettait l’orchestre en route. La cuisine se soumettait à ses ordres. Feux gaz au diapason, plans de travail rutilants, ustensiles de toutes sortes à portée de main, robots et mandolines donneront de la voix, casseroles et faitouts prêts pour le baptême du feu et partitions sur les chevalets. Autrement dit, la cuisine s’accordait sur les recettes tant répétées. Du cellier, il sortit toute l’épicerie nécessaire à la réalisation du repas en commençant par le dessert. Cette partie était la plus délicate et la plus longue à réaliser. C’était par là qu’il allait commencer. Le chocolat.Aujourd’hui, la cuisine était à la fois un camp retranché et les coulisses d’un philharmonique en grande répétition. Sauf qu’il ne s’agissait aucunement de répétition, cette fois-ci, mais bel et bien du seul et unique concerto qu’ils ne donneraient jamais. Interdit d’y entrer sans avoir une bonne raison ! Les autres membres de la maisonnée durent se contenter de la salle-à-manger où les attendaient des thermos de thé et de café, un paquet de céréales, un pot de lait et un panier de tartines pour le petit-déjeuner. Le petit Mathis ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas droit à son bisou matinal. D’habitude, Tata ne se faisait pas prier pour le prendre dans ses bras et le couvrir de baisers.  Mais, il avait beau se pendre au loquet de la porte, rien à faire ; l’accès à la cuisine lui était désespérément refusé. Justine tenta une énième fois de lui expliquer en le prenant dans ses bras et en lui faisant miroiter les perspectives de la journée ; un cinéma avec Clovis, Nounou et elle. Nounou était la jeune maman, voisine du château qui, occasionnellement, gardait les petits chez elle. Il sécha ses larmes, mais il n’était pas plus enthousiasmé que ça par les promesses de sa sœur.De l’autre côté, dans la cuisine, Marion rentra par le cellier, son panier d’osier rempli de légumes fraichement cueillis. La pièce était déjà emplie de la bonne odeur de chocolat qui fondait sous la vigilance du maître cuisinier. Rien de tel pour détendre la jeune femme qui sentait jusque-là une pression l’envahir de plus en plus. Ce petit répit odorant lui permit de mieux se concentrer sur la suite des préparatifs. Chaque gestes, chaque préparations faisaient l’objet d’une attention toute particulière. Et les heures s’écoulaient, dispensant très peu de paroles ni l’un, ni l’autre, juste de quoi ajuster et combiner leurs  élaborations. Viandes, légumes, farine, œufs, fruits, alcool, glace, mousse, gel, condiments, épices, aromates, assaisonnements, les ingrédients s’associaient sous leur houlette avec une assurance et une maîtrise rarement mise en œuvre. C’était un peu comme s’ils n’étaient plus vraiment de ce monde, transportés quelque part, dans un univers uniquement fait pour cet instant, un dialogue subtil entre le matériel et une perfection confinant au divin. La joie que ressentait Marion en cuisinant se lisait sur son visage et tout dans son corps la transportait dans un bain de félicité encore jamais atteint. On aurait pu croire à une hallucination tant le phénomène paraissait magique, mais lorsqu’on observait Léo, on se prenait à envisager une contagion. Leurs doigts et leurs gestes, entièrement consacrés à la création culinaire, faisait se matérialiser une nourriture digne d’un banquet pour les Dieux de l’Olympe. Rien n’était maladroit ou hésitant. Réglé comme du papier à musique. La mesure et le rythme s’enchainaient à merveille. Les Mozart de la cuisine. Une symphonie miraculeuse.Les heures s’étiraient vers le soir, le moment où serait servi le dîner. Ils n’étaient pas encore sortis une seule fois de la cuisine et leur silence commençait à inquiéter Maxime. Jamais ils ne les avaient vus se comporter de la sorte lorsqu’ils cuisinaient ensemble. La journée en était passablement chamboulée, car, au repas de midi, Marion leur apporta quelques nourritures sorties du réfrigérateur, de quoi se faire des sandwichs ou manger des restes froids. Sans un mot, elle fit demi-tour et claqua la porte, non sans oublier d’y accrocher un «do not disturb - kitchen busy». Les amis et la famille firent leur apparition les uns après les autres dans le courant de l’après-midi. Diane et Justine étaient allées chercher Camille à la gare. Les autres arrivaient en voiture. L’invitation était suffisamment mystérieuse et emprunte d’inconnu pour mettre tout le monde dans ses petits souliers. Ils savaient qu’ils étaient attendus pour déguster un repas fabuleux mais rien ne leur avait été précisé. Maxime avait pour mission de mettre tout le monde à l’aise et de les installer dans leur chambre. Diane et ses ainés avaient été mis au courant pour la mise en place de la table. Ils savaient ce qu’ils avaient à faire ; tout était prévu sur une liste spécialement établie pour eux. La météo était clémente, mais comme ils avaient décidé peu de temps avant d’organiser le repas pour un soir, la fraîcheur de fin de journée était un tantinet trop présente pour le servir sous le kiosque. En conséquence, la grande salle de réception du rez-de-chaussée sera déployée et décorée pour l’événement. Yvan et Valérie, les amis de Cluny, supposaient qu’on allait fêter la guérison de Léo. Mais, Rémi, le collègue du cuisinier, émit l’hypothèse que cela ressemblait à une sorte de fiançailles qui n’avouait pas son nom. Ce que le cousin Stéphane démentit, car, selon ses souvenirs, Marion n’était pas du genre cérémonieuse. Son précédent mariage avait été conclut très vite et sans festivité aucune. Bien qu’il supposa après réflexion que le fameux Paul de l’époque l’influençait terriblement sur ce genre de disposition. Bref, en attendant que le couple de mystérieux cuisiniers ne leur donne un signe de vie, certains firent un tour dans le parc à l’arrière du château, d’autres donnèrent un coup de main à la mise en place du décor de la salle et d’autres encore peaufinaient leur tenue devant le miroir. Le soleil déclinait à l’horizon en dardant ses rayons couleur de feu lorsque, de l’autre côté de la porte de la cuisine, les alchimistes prirent une grande expiration finale, les mains sur les hanches, le tablier en goguette, la toque de travers et ils admiraient leurs premiers résultats. Le plat principal dorait dans le four, les accompagnements étaient maintenus au chaud, les assiettes de service aussi, les tubes de chocolats entourés leurs habits en filaments de sucre doré étaient gardés au frais. Le reste serait à faire à la minute lors du dressage des assiettes pour le service. Enfin, après tant d’heures passées à ciseler leur chef d’œuvre, Léo plongea son regard dans celui de Marion, un demi-sourire satisfait éclairant son visage. La jeune femme, en retour, lui sourit sans retenue. Elle n’avait jamais été aussi heureuse de sa vie. L’homme l’accueillit dans ses bras où elle se blottit avec délectation, dans un soupir d’aise. Serrés l’un contre l’autre, quelques précieuses minutes de bonheur défilèrent, savourant leur félicité commune.- Je crois qu’on a besoin d’une bonne douche tous les deux avant d’aller rejoindre nos amis, dit enfin Léo.- Tu as ma foi raison, confirma Marion. Et je ne tiens pas à les recevoir en tablier tout chiffonné.- Puis, soudain, la jeune femme s’écarta et posa la main sur la bouche comme si une catastrophe venait de survenir.- On a oublié de décanter le vin ! s’exclama-t-elle.- Et merde ! râla aussitôt le cuisinier. Des vins aussi vieux, ça met des heures à décanter. La poisse !- Tant pis, il faut le faire quand même, décida Marion en se ruant dehors pour filer droit au potager dans la lueur du couchant et la trappe de la cave. Léo sur ses talons, ils parvinrent jusqu’au stock pour choisir ensemble quatre bouteilles et deux magnums. Sans perdre de temps, ils revinrent à la cuisine. La jeune femme sortit des carafes pendant que Léo se chargeait de la lourde tâche de faire sauter les bouchons de cire. L’opération réalisée d’une main de maître, le premier nectar rouge ambré foncé put s’écouler dans le cristal tout doucement pour le laisser s’aérer et garder ses dépôts dans la bouteille. Puis, il déboucha le magnum de rouge sans la vider pour l’instant, pendant que les bouteilles de blanc, bien plus récentes celles-là, restaient au frigo, sauf une. Elle fut habillée d’un tube isotherme pour la conserver bien au frais.- Attends, il faut quand même vérifier s’ils sont bons, fit Léo qui tendait un bras pour prendre un verre. Imagine que ce soit un immonde picrate imbuvable. On aurait l’air fin !Il goûta. Le précieux liquide glougloutait et ballotait dans sa bouche. Les traits du goûteur exprimèrent quelque chose entre le sublime et la surprise.- Je n’ai jamais dégusté quelque chose d’aussi, dit-il en avalant bruyamment...- D’aussi, quoi ?- ... d’aussi... effroyablement stupéfiant ! lâcha-t-il en claquant de la langue.- Fais goûter ?! s’empressa-t-elle sur son verre avant qu’il ne le finisse. - En buvant, l’expression de la jeune femme oscilla entre la grimace et l’enchantement.- Tu as raison... tout bonnement stupéfiant. J’espère que ça leur plaira.Puis, elle détacha son tablier et abandonna son torchon sur le plan de travail. - Bon, de toutes façons, on commence en douceur, déclara-t-elle. Pas la peine de les faire grimper aux rideaux tout de suite, on débutera par du champagne en apéritif.- Ok. Allez, à la douche, jeune fille ! ordonna gentiment l’homme en jetant son torchon sur celui de sa femme.Tout propres, coiffés, habillés de frais dans des blouses de cuisinier, Léo en noir et col tricolore, comme il se devait, et Marion en blanc, descendirent le grand escalier de l’entrée sous les yeux enfin rassurés de Maxime et Yvan.- Enfin vous voilà ! s’exclama le frère, portant fièrement un beau costume sombre et une cravate. On se demandait si vous n’étiez pas morts la tête dans le four...- Maxime nous a dit que vous êtes en cuisine depuis ce matin, c’est vrai ? demanda Yvan en embrassant son amie sur les deux joues.- Oui, depuis ce matin, c’est vrai, avoua Léo en lui serrant la main à son tour.- Je ne sais pas ce que vous êtes en train de nous concocter mais je sens que ça va être énorme, pronostiqua-t-il, les yeux pleins de gourmandises.- Allons dire bonjour aux autres, suggéra Marion en entraînant son compagnon par la main.Ils pénétrèrent dans la salle de réception où ils furent accueillis avec des «ah !» libérateurs. Tous étaient impatients d’avoir de leurs nouvelles. En même temps qu’ils firent le tour de tout le monde pour les embrasser, Marion admirait le résultat de leur décoration. La grande table ronde où les couverts étaient dressés trônait au milieu de l’immense pièce dont les baies vitrées à petits carreaux ornées de tentures de velours doré et magenta donnaient gaité et soleil sur trois pans de murs peints de blanc ivoire. Des appliques murales diffusaient une lumière tamisée et douce, donnant une ambiance propice à la convivialité et la confidence. Et bien sûr, plus que tout autre ajout dans le décor, la table offrait aux yeux de tous des perspectives de gourmandises rares, une découverte culinaire inexplorée. Elle accueillait tout en brillance, mélange de matières et de couleurs, dans une harmonie parfaite, des hôtes déjà conquis et rendus à la cause des cuisiniers.Marion remercia Diane et Maxime d’avoir répondu à ses directives et d’avoir su rendre le décor de la table tel qu’ils l’avaient imaginé et prévu. Léo retrouvait Rémi, son collègue de compétition lors du concours des Meilleurs Ouvriers de France. Pour eux deux, il semblait que le temps était lointain celui de l’année où ils avaient remporté tous deux la médaille tricolore, l’un en cuisine, l’autre en pâtisserie. Ils étaient jeunes, alors. Ils étaient impétueux. Et leur ambition respective les avaient guidés chacun vers des chemins différents. Pour autant, malgré l’esprit de compétition qu’ils se plaisaient à entretenir, une solide amitié s’étaient établie entre eux. Elle résista, tant à la distance qu’ils avaient mis dans les emplois qu’ils assuraient, qu’à la rivalité qu’ils voulaient bien se donner histoire de galvaniser leur créativité. Ils avaient fait tous deux l’école hôtelière. Et, depuis, ils s’étaient trouvés la même complicité tant derrière les fourneaux qu’en vie de famille. Ils s’étaient mariés à peu près, à la même époque, avaient eu leur premier enfant presque en même temps. C’était ainsi que Camille considérait Rémi un peu comme un oncle. D’ailleurs, plus présent que son père durant une grosse partie de son adolescence, le jeune homme lui réservait une place particulière dans son cœur. Divorcé précocement, vissé à sa place de chef pâtissier dans un restaurant étoilé proche d’où vivaient Camille et sa mère. Sa vie était entièrement tournée vers la cuisine et le peu de temps libre qu’il avait, il le réservait à la pêche en mer où il emmenait parfois le fils de son ami avec ses deux enfants. Pendant ce temps, Léo parcourait les mers en cuisinant. Il lui envoyait des cartes postales des quatre coins de la planète en lui trouvant chaque fois une recette unique qu’il dénichait dans les ruelles de villes insolites ou des arrières salles dans un hôtel local. Mais, lorsqu’il fit la rencontre de Solenne à bord du Syracuse, Léo resta très discret dans ses écrits. À l’époque, tellement déçu de ses inconséquentes conquêtes féminines, il n’osait  espérer que ce fut la bonne. Aussi, s’était-il contenté d’avouer qu’il était vraiment amoureux sans détailler les projets qu’il nourrissait dans sa tête. Puis, lorsqu’il démissionna, il rejoignit son ami pour lui avouer la décision qu’il avait prise : rejoindre cette femme qui avait osé l’embrasser en partant et qui lui avait dit à demi-mot qu’ils étaient faits pour vivre ensemble. Rémi n’en croyait pas ses oreilles. Jamais, ô grand jamais, il lui était concevable de tout plaquer pour un baiser, fusse-t-il d’une femme qui semblait être déjà connue de lui, une femme qui faisait battre son cœur différemment des autres. Inconcevable ! Pourtant Léo l’avait fait même contre l’avis de son ami. Ils avaient beau avoir des points de vue différents sur la question des femmes, ils n’en avaient pas moins du respect l’un pour l’autre. À lui, il avait expliqué ses motivations profondes. À lui, il avait avoué son cancer. Il se savait condamné et comptait vivre cet amour quoi qu’il en coûta. Yvan et Valérie étaient le seul couple d’amis rescapés du divorce de Marion. Ils avaient résisté aux tempêtes de la séparation et avaient résolument soutenu la jeune femme en proie à une grosse remise en question de sa vie toute entière. Elle les avait connus alors qu’elle était venue s’installer à Cluny pour travailler. C’était un couple stable et sans histoire. Ils avaient deux enfants, travaillaient chacun, l’un dans un cabinet d’expert comptable, l’autre comme sage-femme. Ils se voyaient peu. À peine une ou deux fois par an. Mais, chaque fois, ils passaient des heures à faire le tour de leur vie. Ils faisaient un bilan. Une manière comme une autre de prendre du recul sur les événements. Valérie était aussi médium et Marion pouvait se confier à elle comme avec personne d’autre. Yvan acceptait cet état même s’il ne le vivait pas de l’intérieur. D’ailleurs, Marion aurait pu leur parler d’Antoine, mais elle ne l’avait fait qu’à demi-mot. Le personnage poussait Marion dans de tels retranchements qu’elle finissait par ne plus trouver de mots pour évoquer les expériences qu’il lui faisait vivre. Certes, elle leur avait raconté comment et pourquoi Léo et elle-même s’étaient rencontrés, mais elle n’avait jamais poussé jusqu’à révéler le protagoniste étrange lié au château et son rôle dans leur histoire. Le vieil Antoine était tabou même pour les amis.Le cousin Stéphane était venu de Bordeaux spécialement pour cette dégustation particulière. D’un âge entre celui de Maxime et Marion, il était l’enfant unique du frère de leur mère. Divorcé lui aussi et père de trois enfants vivant à l’étranger avec leur mère, il tentait de se construire une autre vie sur les ruines de la précédente. Fragilisé, mais pourtant bon vivant, il était resté avenant malgré un visage marqué par une tonsure et une couronne de cheveux poivre et sel qui lui donnaient dix ans de plus.Camille, lui, avait retrouvé avec plaisir Ludovic, Justine ainsi que Rémi, son oncle d’adoption. Il lui semblait que l’époque était lointaine, celui où ils partaient pêcher ensemble, où ils allaient au cinéma et qu’il s’était passé plein de choses depuis le temps du divorce de ses parents. Mais, à bien y réfléchir, seulement cinq ans s’était écoulé depuis ses treize ans. Justine, elle, s’était faite toute belle en espérant séduire le jeune homme et elle y parvint presque lorsqu’elle évoqua avec lui la première fois qu’il vint ici avec son horrible sweet-shirt. Elle lui soutira un sourire. Il promit de ne plus jamais le remettre en sa présence. Au contraire, pour ce soir-là, en l’honneur de son père, il avait revêtu un costume tout neuf acheté pour l’occasion. La jeune adolescente ne s’était pas gênée pour le complimenter et qu’elle le trouvait très séduisant habillé comme un «people», disait-elle. Ludovic avait fait de même et rivalisait de fierté avec Camille. Pour tous les deux, ainsi que pour Justine, c’était la première fois qu’ils étaient conviés avec des «vieux» à une dégustation culinaire aussi prestigieuse et ils avaient conscience que l’événement était de taille. Certes, ces enfants-là avaient été éduqués avec le bien-manger, tombés depuis tout jeune dans des assiettes variées grâce à leurs parents. Et ils savaient apprécier la diversité des plats, tant ceux servis à la cantine de l’école que celle de la maison. Pourtant, c’était la première fois ici qu’on leur proposait de participer à une dégustation privée, bien souvent réservée aux connaisseurs, tant aux experts qu’aux critiques de tous poils. Pour eux, c’était un peu comme si on leur ouvrait les portes d’un banquet à l’Elysée, sauf qu’ici, le président c’était papa et la première dame de France, c’était la belle rousse toujours à ses côtés.Lorsque chacun eurent été présentés, Marion et Léo tournèrent les talons pour filer chercher le champagne et les petits fours de l’apéritif. Pendant ce temps, quelques uns s’intéressèrent au menu qui était présenté devant chaque couverts parmi la décoration. Il était rédigé de manière très énigmatique et la poésie des mots évoquait en premier lieu le travail d’harmonie qu’ils avaient mis en œuvre.- «Strates de la vie de l’univers», lut Rémi, le sourcil froncé.- «Corne d’abondance et Fontaine de jouvence», lut ensuite Yvan désespéré de ne rien comprendre.- Mais que va-t-on manger en définitive ? s’inquiéta Camille qui craignait de ne pas apprécier le mystère de ces intitulés.- «Sainte-Anne et les secrets de sa tour d’ivoire», lut encore Justine qui commençait à perdre son sourire. Je ne comprend rien... Papa, on va manger quoi ?- Je n’en sais pas plus que toi, chérie, lui répondit Maxime qui s’éventait nerveusement avec le carton du menu. Il n’y a rien qui puisse nous mettre sur la voie de ce qu’on va manger.- C’est peut-être un rébus, émit Stéphane qui s’amusait tout de même. Une énigme à résoudre...La porte de la salle s’ouvrit enfin sur Marion qui portait deux plateaux de petits fours et Léo un énorme seau à champagne avec un jeroboham plongé dans des glaçons. Ils furent accueillis avec des soupirs de satisfaction. Enfin, une introduction qui s’annonçait bien. Des bulles ! Le tout posé sur une desserte, Léo se tourna vers son ami Rémi avec un sabre à la main.- Je te laisse l’honneur de sabrer le champagne, mon cher, l’invita-t-il en lui tendant l’arme dont le fil brillait comme un miroir argenté.- J’ai comme l’impression que je n’ai pas le choix, dit le collègue intimidé. Et si je me rate, il se passe quoi ?- Tu vas au coin avec un bonnet d’âne et tu nous regardes manger, menaça Léo tout en souriant. Tu ne te planteras pas, je le sais, ajouta-t-il, confiant. Tu as toujours été le meilleur à cet exercice.Rémi se saisit de l’énorme bouteille et la tint par le cul d’une seule main. De l’autre, il présenta la garde du sabre le long du goulot et il se concentra.- Hiiii ! Ça va gicler, couina Justine qui trouvait pratique d’avoir une bonne raison pour se blottir contre Camille.Impressionnés et attentifs, tout le monde retint son souffle. Et, d’un seul élan du sabre contre le goulot, le bouchon partit comme un boulet de canon à travers la pièce sans verser une goutte du précieux nectar. Tous applaudirent l’exploit et l’admirable maîtrise du chef. Stéphane salua les mains de battoir du pâtissier capable de tenir un jeroboham d’une seule main par le fond sans le faire tomber. Léo remplit les flûtes et Ludovic les distribua.- Bon, je me sens obligée de faire un mini-discours, commença Marion d’une voix un peu émue.Tous offrirent leur attention à la cuisinière.- J’ai eu cette idée de repas un peu particulier lorsque Léo, mon cher amour de toujours, est revenu d’entre les morts enfin guéri. Vous savez tous par où nous sommes passés, toutes les souffrances que Léo a dû endurer pour être aujourd’hui auprès de vous et célébrer sa résurrection. Vous savez tous aussi, certains plus que d’autres, que nous nous connaissons d’une autre vie. Et ce repas marque la consécration de ce qui a mit des siècles à se réaliser.- Et donc, vous allez assister ce soir, la coupa Léo en l’entourant d’un bras affectueux, à THE banquet le plus vieux du monde !- Oui, confirma Marion, nous y avons mis la somme de nos expériences de vies, notre maîtrise ancestrale de la cuisine et notre foi inconditionnelle en l’Amour... avec un grand A, bien sûr.- Nous espérons que ce que nous vous avons concocté depuis des mois saura ravir vos papilles, car le but... si j’ose l’avouer... non, ne m’en veut pas, mon amour... le but est que vous...Puis, il se ravisa lorsque son regard croisa celui de Justine et Camille, son fils. Ils étaient décidément trop jeunes pour entendre les mots qu’il allait prononcer.- ... non, bon, soyons raisonnables, renonça-t-il. Le but est que vous y preniez autant de plaisir que nous en avons eu à le réaliser. Voilà.Marion avait retenu sa respiration tant qu’il n’avait pas fini sa phrase. Elle fut soulagée de pas entendre prononcer les quelques coquineries dont il était coutumier et que les plus jeunes auraient eu du mal à appréhender.- Nous n’en doutons pas, assura Maxime, souriant et pince sans rire.Tous levèrent leur verre.- À la santé de tous, bien sûr, déclara Léo et merci d’être là.- À ta résurrection ! s’exclama Rémi, heureux d’avoir retrouvé son ami.Les bulles du précieux nectar se dispersèrent dans les gosiers aussi aisément que des gouttes de rosée dans l’air et donnèrent le sourire à tous. Marion distribua les petits fours en expliquant le contenu et les anecdotes de chacun d’eux.- Celui-ci est né spontanément quand on faisait nos essais pour le repas, racontait-elle en montrant la mini verrine de purée surmontée d’une chips. C’est une purée de fenouil avec une chips de parmesan wasabi. Celui-ci, c’est une création de Léo lorsqu’il était sur le Syracuse ; une anchoïade émulsionnée sur un canapé de pomme-de-terre croustillant...- Mmmh ! J’adore celui-là, fit Diane la bouche pleine. On dirait du crabe.- En effet, confirma Léo, c’est un éclair à la crème de crabe. C’est moi qui l’ai inventé aussi.- Etonnant, ce petit mélange de raisin et de fromage, s’intrigua Rémi, lorgnant sur la brochette qu’il venait d’entamer.- Dites, c’est normal que je sois déjà en extase ? questionna Valérie qui agitait les doigts qu’elle venait de lécher. Ce petit smootie de melon au basilic était...L’expression de son visage en disait bien plus long que tout autre mot.- On se calme, Valérie ! ricana Léo. Garde ta fougue pour tout à l’heure. Je crois que tu en auras besoin.- Dites donc, vous deux, s’adressait Stéphane au couple de cuisiniers, vous ne nous avez jamais raconté comment vous vous êtes rencontrés.- Si ! dit Maxime. Je t’en ai déjà parlé.r32;- Oui, toi, mais c’est mieux quand c’est raconté par les intéressés...- D’accord, Stef’, accepta Marion. Mais, c’est une longue histoire, alors, si tu veux bien, on vous la racontera quand on aura apporté l’entrée, ok ?- C’est ça, renchérit Léo. Mettez vous à table, nous arrivons avec de quoi manger.Et ils firent demi-tour direction la cuisine pour entamer le premier acte de l’opéra. Étalage des ardoises rectangulaires sur le plan de travail et dressage du mille-feuilles. Avec des gestes précis et rapides, Léo empilait les couches de feuilles de brick dorées au four, un carpaccio de rascasse mariné à l’huile d’olive et aux baies de sansho, ces incroyables petites baies japonaises alliant les saveurs de citronnelle et de poivre, une mousse d’asperge blanche à la coriandre et une gelée pleine de bulles colorées pour recouvrir le tout. Autour du mille-feuilles, il disposa une tombée de balsamique et une émulsion de sauce hollandaise si légère et si fine qu’elle était à peine présente. Quelques fleurs de pervenche et de capucine, des pousses de fine moutarde pour le décor et l’assiette prenait des airs de printemps au potager.Léo se redressa et posa les mains sur les hanches pour admirer son travail. Une rectification par-ci, une fleur à redresser par-là, Marion fignolait en essuyant une assiette du coin de son torchon.- On peut envoyer ! déclara Marion, satisfaite, en s’emparant des deux premières assiettes.- Hep, hep, hep ! rappela Léo d’un regard sévère. Il manque quelque chose !Marion le regarda un instant interdite. Puis, elle comprit ce qu’il voulait au clin d’œil à peine perceptible qu’il venait de lui faire. Elle s’approcha de lui et déposa un rapide baiser sur ses lèvres.- Ah, quand même ! s’exclama-t-il, satisfait.- En route ! Il ne faut pas les faire attendre.- Pars devant, proposa-t-il. Je vais vérifier le farcis. Je te rejoins.Elle emporta trois assiettes sur les bras pendant qu’il admirait l’oie en croûte qui dorait doucement dans le four. Il restait dix minutes de cuisson. Parfait, question timing. Cela laisserait le temps à la viande de se reposer avant d’être servie et aussi le temps de déguster l’entrée. Puis, il empila lui aussi trois assiettes sur ses bras alors que Marion revenait pour prendre les dernières.Autour de la table, les conversations s’étaient tues. On admirait le travail.- Et alors, pourquoi avez-vous appelé cette entrée «Strates de la vie de l’univers» ? demanda Rémi intrigué. Les strates, bon, j’ai compris pourquoi, mais le reste...- Vas-y, Marion, puisque c’est ton idée, je te laisse lui expliquer, lui dit Léo. Je vais chercher le vin.La jeune femme se lança alors dans des explications à la fois simples et compliquées. Toute la difficulté était de faire comprendre la démarche même si elle était ésotérique pour la plupart.- Tout est une question de symbolique et d’harmonie, expliqua-t-elle. Dans chaque élément universel ; le métal, la terre, le feu, l’air, ... puis le minéral, le végétal, l’animal, l’hominal, il se trouve des aliments qui ont une dominante dans chacun d’eux. Ce sont des composantes de notre environnement et nous les avons appliqué à ce que nous mangeons et avons essayé de les mettre le plus en harmonie possible. Autrement dit, si on tient compte de ces combinaisons universelles, une recette peut tout simplement être divine. Nous avons essayé, Léo et moi, d’être au plus proche de la perfection.- Fiou ! s’exclama Ludovic en se grattant le menton. Je ne savais pas que la cuisine c’était si compliqué. À vous regarder faire, ça ne paraît pas, pourtant...- C’est parce qu’il a toujours été plus difficile de comprendre ce qui compose notre univers que de le vivre, confirma Marion. Et heureusement, d’ailleurs, l’équilibre de notre monde est si bien fait qu’il tourne tout seul comme si notre conscience avait une fonction tâche de fond.Léo revint avec une carafe qu’il maintenait avec précaution ainsi qu’un petit panier d’osier allongé dans lequel il avait déposé la vieille bouteille ouverte.- Mesdames et messieurs, l’interrompit-il, voici le vin pour accompagner ce plat. Nous n’avons pas hésité à faire dans l’audacieux car ces bouteilles de plusieurs dizaines d’années proviennent de la cave secrète du château. Certaines sont même centenaires.Quelques exclamations admiratives fusèrent de la tablée où tous les yeux étaient braqués sur la vieille bouteille empoussiérée délicatement bercée dans son petit panier. Léo faisait le tour de la tablée avec son trésor pour que chacun approuve de près l’authenticité du vin.- Aloxe Corton, dix-huit cents vingt-trois, annonça solennellement le cuisinier. Domaine de Barjac.Des yeux arrondis de surprise fixaient le trésor liquide et tentaient de lire la vieille étiquette moisie.- Dix-huit cents vingt-trois !!!! s’exclama Camille qui n’en croyait pas ses yeux. C’était pendant la Restauration, ça. Sous le règne de Louis XVIII, peu avant la Révolution de Juillet...- C’est ça, mon fils, assura Léo mal à l’aise. Je te fais confiance. L’histoire et moi, on a jamais été copains.- Heu... je crois bien qu’il a juste, confirma timidement Yvan qui tentait de se remémorer ses cours de jeunesse.- C’est dingue ! s’exclama Rémi. Alors, vous dormiez sur le trésor de Toutankhamon sans le savoir !Marion rit de bon cœur. - Le Toutankahmon des vignerons, c’est un peu ça, oui, riait-elle. Tu vois, Maxime, pourquoi je ne voulais pas qu’on condamne les issues du château !? On pourrait dire que c’est un trésor qui n’attendait que nous. Qui aurait pu s’intéresser à de si vieux nectars à par nous ?- Mais, si toutefois vous n’appréciez pas les vins vieux, proposa Léo, nous avons aussi du blanc bien frais d’une quinzaine d’année que nous pouvons vous servir.- Je peux goûter, moi ? demanda Justine toute excitée à l’idée de boire de l’alcool.- Maxime fit la grimace. Diane prit un air sérieux et fixa sa fille qui la suppliait du regard.- Je te ferai goûter dans mon verre, concéda sa mère qui ne pouvait lui refuser de profiter de l’occasion comme les adultes.La dégustation de l’entrée commença. Dans le bruit des conversations, du cliquetis des couverts et le tintement des verres en cristal, chacun entama le feuilleté dans son assiette d’ardoise. Dès les premières bouchées, le silence se fit une place de choix entre les convives. Parmi le croustillant des feuilles de brick et parmesan grillé, le fondant aérien de l’asperge et la texture du poisson mariné, les saveurs de l’assaisonnement, les sensations en bouche monopolisaient toute les attentions. Comme l’avait prévu Marion, les cinq sens allaient se réveiller en même temps et elle pouvait l’observer sur tous les visages. On ne s’occupait plus que de son assiette.Les uns disséquaient la construction du feuilleté pour découvrir un à un les ingrédients qu’elle contenait, les autres tranchaient l’ensemble pour n’en faire qu’une bouchée, certains, plus curieux, combinaient des associations bien à eux, qui le poisson et la feuille de brick, qui la mousse d’asperge et une fleur de pervenche, qui la gelée, le balsamique et les pousses de moutarde. Finalement, les aventuriers de la dégustation semblaient y prendre un plaisir certain. Marion ne disait rien, mais, tout en mangeant et savourant elle-même, elle ne ratait rien de leurs réactions muettes. Léo, de son côté, plus pragmatique et critique, s’inquiétait du résultat. - Médiocre, vous ne trouvez pas ? questionna-t-il, pince-sans-rire. Je crois que j’ai raté la mousse. Elle manque d’assaisonnement.- Tu plaisantes, le contredit Diane. C’est ce que je préfère. Cette légèreté... c’est incomparable.- Moi, j’aime beaucoup, dit simplement Ludovic.- Est-ce que je peux laisser le poisson ? demanda Camille qui rougissait de honte. J’aime pas quand il est cru...- Donne-le moi, alors, proposa Rémi qui au contraire prenait un certain plaisir avec l’entrée. Moi, j’adore.Puis, une fois que le don du jeune garçon eut été opéré, le silence reprit ses droits, jusqu’à ce que les assiettes furent terminées. Sur les visages, on lisait à la fois la satisfaction et l’étonnement. L’aventure de la dégustation prenait un chemin très audacieux pour certains.- Je n’ai jamais rien mangé d’aussi particulier, dit Valérie.- Ça veut dire que tu aimes ou que tu n’aimes pas ? s’inquiéta Marion.- Oh, j’aime, ce n’est pas ça, répondit-elle. Mais, c’est... c’est... ça éveille en moi des sensations bizarres...- Oui, on a l’impression que nos sens se sont tout d’un coup aiguisés et qu’on peut tout percevoir très loin, constata Yvan avec surprise.- Oui, voilà, tu as trouvé ce que je voulais dire, approuva sa compagne.- Eh bien, tant mieux, se satisfit la cuisinière. Je crois que c’est une bonne entrée en matière pour la suite... Si vous avez terminé, je vous propose de rassembler vos assiettes et de les porter à la salle-à-manger, pendant que Léo et moi allons vous préparer le plat principal.Diane, Ludo et Rémi se levèrent pour s’exécuter, tandis que les maîtres d’œuvres poursuivirent. Un peu fébrile, le chef sortait la croûte farcie du four. Son aspect était parfaitement ciselé. Les torsades incrustées dans la pâte n’avaient pas craquelé et apportaient à la forme animale de l’ensemble les petits symboles végétaux des petits épis de blé. Pendant qu’il mettait le tout sur un plateau de présentation, Marion vérifiait la sauce d’accompagnement et rassemblait les assiettes chaudes. Léo se présenta dans la salle des convives et montra à tous le résultat, tout chaud sorti du four.- Je vous présente la bête avant que je ne lui fasse un sort, dit-il en faisant un tour de table sous les yeux admiratifs. Une oie désossée et farcie de légumes de printemps, parfumée à la truffe et d’un peu de foie gras. Puis, il retourna en cuisine. Il s’empara d’un grand couteau et d’un pic et entama de tailler des tranches dans le farci. Marion avait déposé des arabesques de sauce dans les assiettes. Il n’y avait plus qu’à déposer une tranche dessus. Sans attendre, ils présentèrent le plat devant leurs convives muets.- Alors c’est ça qui s’appelle «Corne d’abondance et Fontaine de jouvence»... s’intrigua Rémi.- C’est prometteur, dis donc... fit Valérie qui s’emparait de ses couverts.- On va rajeunir, alors, si je comprend bien, plaisanta Maxime.- Je vous explique en gros, commença Marion qui se réinstallait à table. Nous avons appelé ce plat ainsi car il contient tous les ingrédients qui peuvent symboliser les éléments universels. Autrement dit, l’association parfaite qui nous constitue, nous, en tant qu’être humain. Nous avons en nous tout ce qu’il nous faut pour vivre, normalement. Dans l’absolu, nous sommes constitué de toutes les combinaisons élémentaires pour vivre en harmonie avec notre environnement. Et cette harmonie est en permanence en mouvement, en perpétuel déséquilibre, comme une respiration qu’on tente toujours de garder au bon rythme, ce qui, bien souvent, nous amène à devoir gérer nos émotions et la santé de notre corps. Or, comme nous sommes en déséquilibre permanent et que nous avons, nous, les humains, cette manie de tout mettre en doute, nous avons besoin d’un apport extérieur, comme une nourriture équilibrée, pour continuer à vivre en harmonie et en bonne santé. D’où la corne d’abondance et la fontaine de jouvence.- Bon, je crois que c’est sûr ; la cuisine, c’est trop compliqué pour moi, déclara Yvan. J’ai le tournis, là.- N’attendez pas pour manger, conseilla Léo. Ça se mange chaud.- Je vous propose de goûter avant, dit Marion. Ensuite, je pourrais vous expliquer mieux, si vous voulez.C’est ce que tout le monde fit en silence. Sauf Valérie pour qui ce que venait de dire son amie commençait à bouleverser ses perspectives. - Tu veux dire que... on pourrait se passer de manger dans l’absolu mais comme on n’est pas parfait, on doit se nourrir pour vivre ?...- En gros, c’est ça, oui.- ... En fait, on a l’harmonie en soi, mais c’est jamais acquis, continuait Valérie dans ses réflexions dites tout haut. C’est sans arrêt en train de changer en nous...- Tu as tout compris.Les fourchettes nourrissaient les convives chacune à des rythmes différents. On mâchait cérémonieusement. Les yeux s’étaient tournés vers l’intérieur, attentifs aux sensations que procuraient toutes les saveurs mêlées.- C’est dingue, Marion, fit Rémi. Comment es-tu parvenue à mettre autant de philosophie dans un plat ? D’habitude, on regarde juste l’équilibre diététique et c’est tout.- La diététique n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg pour la question nourriture, répondit-elle. C’est bien pour ça que cette discipline est finalement fausse et conduit bien souvent à une santé précaire. Elle ne tient pas compte de tout un pan de notre être fait de pensées, d’émotions et d’amour...- Ah oui, c’est vrai, et l’amour dans tout ça ? interrogea Diane. Tu nous en rebat les oreilles si souvent et j’ai toujours du mal à voir où ça se loge...- Si tu arrives à voir que l’amour est une respiration, un échange de pulsations, une fréquence ondulante qui s’ouvre et se ferme et qui lie deux êtres ensemble tu verras que l’amour se loge partout dans ce qu’on fait. Si l’amour est universel, ce n’est pas pour rien. Si on ne met pas de conscience dans nos actes, le résultat est toujours médiocre et si on rationalise de trop, on passe à côté de l’essentiel du vivant.- Je suis paumé, là, fit Rémi en avalant une bouchée.- Ne t’en fais pas, ça m’a fait pareil au début, le rassura Léo avec un clin d’œil.- Mmmhh ! Je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon ! s’exclama Stephane tout en savourant les yeux mi-clos. Tu as compris quelque chose, toi ? demanda-t-il à son cousin Maxime, dépité.Celui-ci leva les épaules en signe d’impuissance. Impossible pour lui non plus de saisir toute la subtilité de ce que disait sa sœur. C’était presque vexant.- Et toi, tu as pigé quelque chose, maintenant ? questionna Rémi à l’intention de son ami.- Il a fallu que j’en passe par le cancer avant de comprendre que ce qu’elle disait était fondamental, avoua le chef cuisinier.- Merci bien ! Je ne tiens pas du tout à prendre le même chemin.- Je ne te le recommande pas, rit Léo. Ça vous file des cheveux blancs, cette histoire !- Je ne te le fais pas dire ! s’exclama le pâtissier en jetant un oeil grimaçant sur la coupe de cheveux de son collègue où le blanc dominait. Il y a de quoi se les arracher, en fait...- Je crois que je vais arrêter là mes explications, sinon, je risque de plomber votre plaisir, dit Marion un peu gênée. Je préfère que vous profitiez de bien manger plutôt que de vous prendre la tête avec des réflexions compliquées. Vous aimez ?- Moi, je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon, dit Valérie qui roulait des yeux. C’est à la fois, chaud, fondant, goûteux, croustillant. Ce mélange de saveurs, c’est vraiment divin.- Dis, Tatie, tu ne nous a jamais vraiment raconté comment vous vous êtes rencontrés, Léo et toi, voulu savoir Justine qui savourait autant une tablée si prestigieuse que ce qu’elle avait dans l’assiette.- Mais si, je vous ai raconté, voyons ! protesta la concernée.- Non, mais, tu ne nous a jamais raconté votre coup de foudre, précisa la jeune fille. - Comment tu veux que je te raconte, ça, en fait ? Il n’y a pas de mots pour dire ce que c’est.- Ça se raconte pas, un coup-de-foudre, ça se vit, jeune fille, répondit Léo pour abonder dans le même sens. Quand tu auras rencontré l’homme de ta vie, c’est ton cœur qui te le dira.- Mais il me dit déjà que j’aime Camille, moi, protesta Justine. Alors, comment savoir... Sous les yeux arrondis de toute la tablée, elle s’interrompit en comprenant soudain que son élan  du cœur l’avait poussée à avouer quelque chose de surprenant pour tous. Le concerné lui-même, à côté d’elle, la regardait, interdit et rougissant sous sa grande mèche brune, sans trop savoir s’il devait accorder du crédit ce qu’elle venait de dire.- ... comment savoir si c’est de l’amour en fait, finit-elle de dire trois tons plus bas.Un instant silencieux et surpris, tout le monde tentait d’appréhender la spontanéité de la jeune fille. Un petit air compassionné se dessinait sur les visages.- Ton cœur bat très fort quand il est là ? lui demanda Marion.- Oui, répondit-elle tout bas, presque honteuse.- Tu as envie de le toucher et d’être près de lui tout le temps ? demanda-t-elle encore.- Oui.- Quand il n’est plus là, tu penses tout le temps à lui ?- Oui.- Eh bien, ne cherche pas plus loin... conclut sa tante en souriant.- Tu veux lui faire dire quoi, là ? s’inquiéta Léo qui fronçait les sourcils.- Et toi, Camille ? questionna Marion sans tenir compte de l’interrogation de son compagnon.- Heu... je... bredouilla le jeune garçon qui rougissait plus encore.- Tu veux bien arrêter, s’il-te-plaît, insista Léo. Tu ne vois pas que tu les mets mal à l’aise !? - Mais, tu vois bien que c’est aussi ça, l’amour ! s’exclama la cuisinière en désignant les jeunes gens d’une main et en souriant franchement à son compagnon. Il y a des choses qui ne se commandent pas vraiment. Ça vous tombe dessus sans prévenir et il faut bien les accepter et les vivre pour pouvoir les apprécier. Tu ne crois pas ? Même à nous, d’ailleurs. As-tu déjà oublié ce qui s’est passé quand nous nous sommes bousculés dans la coursive ? Je suis sûre que c’est arrivé à la plupart d’entre nous, n’est-ce pas ?Marion avait lancé sa question à la cantonade, tout en enfournant une nouvelle bouchée. Il fallait avouer qu’elle n’avait pas complètement tort. Même si bien souvent l’amour se mêlait avec d’autres émotions plus perturbées, il était presque tout le temps l’instigateur des rapprochements entre les êtres. Personne ne pouvait le nier. Camille, lui, accusait difficilement la révélation qu’avait faite Justine. Figé sur place, il avait cessé de manger et son regard errait partout sans oser se poser sur quoi que ce soit de peur d’attirer un peu plus les interrogations sur lui. Son père le scrutait le sourcil froncé, en se demandant comment il avait pu être le géniteur de ce petit empoté. Puis, il fixait aussi Justine, juste à côté, qui suppliait sa mère du regard de lui donner un peu de soutien. Sa spontanéité maladroite ne faisait que lui jouer des tours.- Oh, non, la coursive, c’est rien que nous deux, ça ! protesta Léo en se tournant vers sa compagne.- La coursive ? Quelle coursive ? demanda Maxime.- Heu... si j’essaie de retourner en arrière, à l’âge qu’a cette jeune fille, intervint le cousin Stéphane qui tentait de dédramatiser, il me semble que j’étais dans le même état pour une fille de ma classe... Je me souviens que ça me rendait tout chose...Justine regarda son oncle avec le soulagement d’être comprise. Enfin quelqu’un qui reconnaissait ses sentiments !- Quelle coursive ? redemanda Yvan qui s’interrogeait comme Maxime.- C’est notre coup de foudre, révéla Marion en portant son verre de vin à ses lèvres.- Là où vous l’avez eu, c’est ça ? voulut savoir Yvan.- Vous êtes trop curieux, les gars, les interrompit Léo. C’est notre jardin secret, ça. Marion, viens, je crois que nous avons un dessert à préparer.Il se leva de table en s’essuyant la bouche et posa sa serviette sur la table. - Terminez tranquillement, ajouta-t-il à tous. Nous revenons avec la dernière dégustation.- C’était un terrible coup de foudre, confia Marion avec un clin d’œil malicieux en suivant Léo qui la tirait par le bras. Ce jour-là, j’ai su dresser un ours !- Veux-tu te taire, femme ! grogna faussement le cuisinier en l’entraînant un peu plus vite vers la sortie.Dans la cuisine, pendant que les convives poursuivaient la conversation des amours de leurs hôtes, les deux artistes se chipotaient sur leur niveau de pudeur à propos de leur rencontre.- Qu’est-ce que tu as besoin de leur dire comment ça s’est passé entre nous à ce moment-là, hein ?! lui reprochait Léo. C’est super intime, ça. Et d’ailleurs, y’a pas de mots pour expliquer comment ça s’est passé.- Je n’avais pas l’intention de leur raconter par le menu, tu sais, le rassura Marion. Mais, si, il y a des mots pour raconter ça...Elle le frôla de manière sensuelle.- Ça s’appelle l’amour, mon chéri.- C’était même bien plus grand que l’amour... avoua-t-il. Mais y’a pas de mots pour dire mieux.- Oh... à ce point ! Tu ne m’avais pas dit que c’était à un tel degré pour toi à ce moment-là...Elle se colla tout contre lui en lui caressant une joue d’un doigt.- On n’a pas le temps pour une petite gâterie, mon sucre, mais je te promet que quand le dessert sera dégusté...Il se dégagea doucement mais fermement de ses bras, toujours sous le stress de servir le meilleur repas qui soit. Il rejoignit le frigo pour en sortir les constructions de chocolat et de filaments de sucre qu’il avait élaboré le matin même. Il restait à dresser leur contenu. Glace, sabayon, mousse aux agrumes, fruits compotés et coulis de chocolat blanc chaud. Un effet chaud-froid garanti avec panache du fumée à la clé. Le dressage était délicat. Les superpositions devaient se glisser dans un certain ordre à l’intérieur des tubes d’une dizaine de centimètres. Et, pour que la réaction chimique se fasse, la mousse d’agrumes devait préalablement être immergée dans un bain d’azote liquide pour se glacer instantanément, puis, le chocolat chaud serait être versé dessus immédiatement. Ensuite, le service ne devait pas attendre pour que les convives profitent du spectacle. Marion approchait tous les appareils près de Léo qui se chargeait de la délicate tâche de dresser chaque assiette. Le cuisinier se concentrait. Ses gestes étaient sûrs et sa maîtrise parfaite. Il savait que son ami ne manquerait pas de le critiquer puisqu’il était sur son domaine de compétence. - C’est marrant qu’on parle de ça maintenant, je trouve, disait Marion dont l’esprit s’était mis à s’égailler dans une certaine rétrospective, toute heureuse. Depuis ce temps-là, regarde où on en est arrivé. On est là, tous les deux, à faire le plus merveilleux des repas... ce tube de chocolat noir et ces filaments dorés, franchement, j’adore... et... n’est-ce pas formidable de pouvoir réaliser enfin ce que nous n’avons pas réussi à faire il y a plus de trois cents ans ?- Mmh...- C’est vrai, Léo. Si j’avais pu imaginer ce qui nous arriverait quand on s’est trouvé dans cette coursive, sur le Syracuse, je ne sais pas, mais...- Mmh...- C’était si incroyable ... si intense... j’ai buggé sur tes yeux verts, tu sais...- Rapproche l’azote, s’te-plaît...- En fait, ça devait se passer comme ça et c’est merveilleux... Tu as su guérir de ta maladie, en plus... Je suis si heureuse, si tu savais...- Mmh...- Léo ?...- Mmh ?- On va avoir un bébé...- Attends, le chocolat coule pas assez... Un sursaut le prit soudain alors que la phrase que venait de prononcer sa compagne entrait dans sa cervelle telle un pirate dans une taverne et la casserole chaude qu’il tenait buta sur le tube de chocolat qui bascula lamentablement sur le plan de travail. Dans un réflexe désespéré, Léo tenta de le récupérer immédiatement, mais l’effet chaud-froid entamait déjà le massacre.- Et merde !!! ... Tu as dis quoi, là ? s’exclama-t-il, épouvanté. - On va avoir un bébé, j’ai dit, répéta Marion qui n’osait faire un seul mouvement.- Tu ne vois pas la catastrophe, là ? Mais aide-moi, s’te plaît !! se désespérait-il en redressant le tube de chocolat dégoulinant de son contenu.- Je le mangerai, celui-là, ne t’en fais pas, le rassura Marion qui gardait le même ton de voix calme. Tu as entendu ce que je t’ai dit ? Elle se rapprocha tout doucement de lui, à la fois poussée par le désir d’une réponse et craintive.- Oui, j’ai entendu, disait-il, ses yeux assombris et désemparés sur la catastrophe. Regardes ce que tu m’as fait faire !- Je m’occuperai de son sort, tu verras... dédramatisa-t-elle arrivée tout contre lui en le forçant à la regarder dans les yeux.Elle lui répéta la même question muette, cette fois.- Un bébé, tu dis ? répondit-il.Elle opina de la tête.- Co... comment a-t-on réussi cet exploit ? - Devine ?- Ça veut dire que je suis complètement guéri, alors...- Voui... entre autre...- Et ça veux dire aussi que tu n’étais pas si stérile que ça...- Bah voui, aussi !Ils s’embrassèrent soudain fougueusement alors que les fabuleux desserts fumaient tranquillement abandonnés dans leur habit doré. Telle la cerise sur le gâteau, la nouvelle venait couronner leur chef d’œuvre, laissant les cuisiniers créateurs un long moment dans la félicité la plus magique.Fin
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Mimi
Posté le 14/09/2013
J’ai fini… Et j’ai bien pris le temps de savourer le final !
Pour commencer, j’ai été très convaincue des explications d’Antoine, c’est très logique et ça rentre bien dans le contexte de l’histoire. Je ne suis absolument pas déçue de ces révélations… et ça passe très bien, en fait, qu’il soit âgé de trois cent soixante-quatre ans :)
Ensuite, j’ai dévoré la partie descriptive du fabuleux repas (comme j’aurais aimé y être !), entre les explications de Marion et les réactions propres à chacun… Une très belle symphonie en définitive ! Et terminer sur la révélation de Marion, c’est juste adorable ♥
Maintenant que l’aventure culinaire est terminée (bouhouh…), tu sais probablement déjà ce que j’en ai pensé :) mais je vais tout de même te donner mon impression finale !
J’ai vraiment apprécié de plonger dans ton univers, c’était une expérience très enrichissante (et motivante !). Tu as su faire passer ton goût pour la cuisine avec justesse, et les petits détails, que ce soit dans l’utilisation du vocabulaire dans les descriptions, le contexte historique qui vient seconder, toutes les ambiances et les sentiments que tu fais se rencontrer sont une magnifique composition. Même si parfois je me suis sentie un peu larguée par les éléments surnaturels, tout trouve une explication à la fin et chacun peut y trouver ce qu’il y cherche, je pense :)
Voilà, ma chère Vefree, il ne me reste plus qu’à te remercier infiniment pour cette lecture, pour tout le temps que j’ai adoré passer à la lire. J’espère pouvoir lire d’autres choses de toi bientôt ! Et j’achèterai probablement la version papier :)
Bisous ! ♥
Mimi 
vefree
Posté le 14/09/2013
Eh bien nous y voilà ! Je dois franchement te remercier pour avoir lu avec plaisir et rapidité mon histoire. Il semble que ça t'ai vraiment plu et moi j'en suis toute chose.
Pour l'instant, je ne promet à personne une nouvelle histoire, mais il se pourrait bien que j'y revienne un jour. J'aime beaucoup écrire. C'est le temps qui me manque en ce moment. Et puis tes encouragements ne peuvent que m'aider à trouver l'inspiration.
Merci beaucoup pour ta lecture, pour tes gentils commentaires (oui, je l'ai déjà dit)  et aussi ton enthousiasme.
Je te fais des gros bisous
Vef' 
dominosama
Posté le 09/04/2013
Ha bha c'est malin, il va être beau le dessert ^^"
 
Bon,  c'est normal si je vien de manger et que j'ai de nouveau faim ?
 
Une très jolie fin/faim, pour histoire bien aboutie, bravo, j'ai dévoré lol :p
vefree
Posté le 09/04/2013
Cool, tu es arrivée à la fin !
Quel appétit as-tu, mazette ! Remarque, c'est mieux d'avoir quand même mangé pour lire, c'est vrai. Un tel chapitre le ventre creux est un supplice. Pareil pour l'écrire, je te promet !
Je suis contente que ça t'ait plu, en tous cas. Et merci pour tes gentils commentaires, d'être allée jusqu'au bout, toussa toussa.
Biz Vef' 
Keina
Posté le 09/02/2011
Roooh la la, ce que tu m'as donné faim dans ce chapitre ! Le repas avait l'air trooooop bon. Ton style se déploie vraiment quand tu parles de cuisine. Tous les sens sont sollicités, et ça ne m'a donné qu'une envie : filer dans le meilleur restaurant du Havre pour me régaler les papilles ! Malheureusement, mon portefeuille ne me le permet pas en ce moment, sniff...
En tout cas, j'ai adoré comment tu as terminé cette histoire. Avec beaucoup d'humour et de finesse, ça m'a mis un sourire jusqu'aux oreilles ! ^^ Je me doutais dès le retour de Marion dans sa petite voiture qu'elle allait devoir annoncer à Léo qu'elle était enceinte. Et là, elle le lui annonce à un moment ultra délicat de cuisine ! xD Bref, c'était vraiment une chouette scène, parfaite pour terminer. 
Pour conclure, j'ai pris du plaisir à lire ton histoire, même si ma lecture a été assez chaotique. Je trouve avec une vue d'ensemble qu'elle est assez cohérente et rythmée. Elle manque peut-être encore d'équilibre entre les différents événements (le repas de fin prend beaucoup d'importance alors que la rémission de Léo est assez vite expédiée) mais les thèmes abordés donnent une ambiance particulière à l'ensemble, bien homogène. Par contre je ne sais pas du tout à quel type de maison d'édition tu pourrais le proposer. J'ai peur que ça soit un peu trop mystique pour une maison d'édition spécialisée dans l'imaginaire... tu pourrais peut-être tenter ta chance dans les maisons spécialisées dans l'ésotérisme... Mais bon, tu n'en es peut-être pas encore là ! 
Bisous, et encore bravo ! ^^ 
vefree
Posté le 09/02/2011
Oh, à propos de bon resto au Havre, j'ai un très bon souvenir gustatif lorsque j'ai visité ta ville il y a une bonne dizaine d'années de cela. Je ne me souviens plus du nom du resto, mais il était sur les hauteurs de la ville. Une salle plutôt sombre, mais cosi et accueillante et pas très grande. C'était un bon souvenir. Malheureusement, ça ne va pas trop t'aider pour le retrouver, je sais bien. Sniff !
Bon, je suis contente si tu as aimé la fin de mon histoire. J'aurai aimé quelque chose de plus spectaculaire, mais je crois qu'en fait l'histoire ne s'y prêterait pas.
Je vais tenir compte de ton avis de conclusion. Tu n'es pas la seule à me dire que le passage de la rémission de Léo est un peu trop rapide. Je vais probablement essayer d'étoffer ce passage. Et c'est vrai que proportionnellement à certains passages culinaires, ça peut donner une impression de déséquilibre.
Pour ce qui est de l'édition, c'est dans un coin de ma tête, mais je suis aussi embêtée que toi pour trouver celle qui serait susceptible d'être intéressée par ce genre d'histoire. Rien ne presse, bien sûr et j'explore doucement cet aspect de l'écriture. Sej disait que ça pourrait très bien être du fantastique, mais sa typicité ne la range pas forcément non plus dans l'ésotérisme. C'est un peu des deux sans vraiment en être. Bref, oui, c'est pas évident. Le choix d'une maison se fera donc au feeling, je crois, lorsque je serai prête.
 
Merci, merci tout plein de m'avoir commentée et lue jusqu'au bout. C'est vraiment très gratifiant pour moi, tu sais.
Câliiiiiins ! Vef' 
Cricri Administratrice
Posté le 13/01/2011
Chère vefree,<br />
<br />
Voilà, je viens officiellement de terminer les Pérégrinations d'une Cuisinière. Excuse-moi de ne pas avoir lu ces deux derniers chapitres plus tôt, mais j'attendais d'avoir mon cadeau d'anniversaire (mon iPad !) pour reprendre mes lectures. Et franchement, je ne le regrette pas car ça donne vraiment l'impression de tenir un livre entre les mains.<br />
<br />
Que dire de ce final, sinon qu'il m'a fait l'effet d'un feu d'artifice ? C'est plein de lumière, de couleurs, d'énergie, de sensualité et de spiritualité : un paroxysme de bien-être. Je ne sais comment le formuler mieux, mais t'avoir lue ce soir, ça m'a fait que du bien, ça m'a procuré que du plaisir, je me sens pétante de bonne humeur et gonflée à bloc.<br />
<br />
Je lis beaucoup d'histoires ici pour m'évader. Ton écriture à toi me fait un effet différent. Elle me confronte plutôt directement à la réalité, mais en me la présentant sous un angle inattendu. Ca me laisse méditative, ça me fait réfléchir et ça touche directement à mon émotif.<br />
<br />
Et puis, il y avait encore beaucoup de choses à découvrir, dans ce flamboyant épilogue ! Je suis tombée sur les fesses quand j'ai compris qui était réellement le vieil Antoine ! Même sa mort m'a paru lumineuse sous ta plume.<br />
<br />
Je me rappelle les passages difficiles par lesquels sont passés tes personnages : la souffrance, la maladie, le meurtre, l'amour impossible, la solitude,... Et je me sens comblée par ce final qui rayonne d'espoir.<br />
<br />
Bref, un immense merci à toi pour tout le positif que cette histoire m'a donné. Alors que le thème de départ était très éloigné de mes centres d'intérêt habituels (franchement, ma pauvre vefree, tu pleurerais si tu me voyais dans ma cuisine), je ressors complètement conquise, touchée droit au coeur, concernée bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. <br />
<br />
Te lire fut une très riche expérience. Encore merci pour ça... et au plaisir de te lire encore !!! :D
vefree
Posté le 13/01/2011
Aaah, ma chère Cricri !.... si tu savais le plaisir que tu me fais en me disant ça.
Le temps a passé depuis que j'ai bouclé cette histoire et déjà repris toute la réécriture. J'ai tenu compte de bien des commentaires qu'ils viennent de toi ou d'autres. J'ai apprécié les retours constructifs et enthousiastes de mes lecteurs/trices. Mais toi, tu es une exception. Celle qui confirme la règle, comme on dit. Je pourrais presque dire que je l'ai écrite pour toi, mais ce serait faux. C'est juste tombé là au bon moment et sous les bons yeux. Il était dit que quelque part, cette histoire était faite pour toi, involontairement. Alors, que tu y aies trouvé du réconfort et de l'espoir, c'est exactement ce que je voulais s'il m'était donné une lectrice comme toi. Et à toi, je peux le dire, en fait, je dédie cette histoire à ma mère qui est morte de son quatrième cancer. Ce n'est pas parce que, elle, en est morte que d'autres n'ont pas la possibilité d'une rémission ou d'une guérison. N'est-ce pas, ma chère Cricri ! Tu l'as bien gagnée, ta guérison !!!
Ce qui me touche dans ce que tu me dis aussi, c'est le fait que le sujet sur la cuisine, à priori, n'était pas un centre d'intérêt pour toi. Malgré cela, tu as apprécié mon histoire. Venant de toi, c'est un compliment qui va bien au-delà de mes espérances. Alors, merci pour ça. Même les passages de récit entièrement culinaire, vraiment, tu es sûre que tu as aimé, que tu ne t'es pas ennuyée ? ... sincèrement ?
C'est vrai que pour cette histoire, je voulais une fin positive. C'était pas possible autrement. Une maladie telle que celle-ci est une épreuve épouvantable, tu le sais mieux que les autres. Je ne voulais pas plomber le moral de mes lecteurs, non. Ce n'était pas envisageable. J'avais donc deux choses que je voulais faire ressortir ; qu'une rémission est toujours possible même quand on croit que tout est perdu et d'autre part à travers les époques du récit, permettre au lecteur d'envisager la vie de leur âme bien plus grande, plus large, plus illimitée qu'on puisse imaginer. Ces successions de vies auxquelles je crois et qui me font dire que la vie est tout de même une grande et belle chose, tout comme l'est son pendant, la mort. Eh oui ! Elle aussi peut être belle si tant est qu'on veuille bien s'en préoccuper.
A l'instar du vieil Antoine qui est mon personnage fétiche, mon empêcheur de tourner en rond, mon divertissement d'écriture et surtout mon support d'expérience, le maître ésotérique de mon message. Je suis contente que tu aies apprécié sa fin.
Pour ce qui est d'une future histoire, ce n'est pas encore mûr, mais ce qui est sûr, par contre, c'est bien l'envie de continuer d'écrire. Alors, ne t'en fait pas, Cricri, un jour je reviendrai avec une nouvelle aventure. Je pense qu'elle sera tout autre. C'est pour ça que je laisse mûrir.
Je t'embrasse très fort. Vef' 
Seja Administratrice
Posté le 21/12/2010
Eh voilà, tout fini :')<br /><br />Ma foi, c'est le genre de fin à laquelle je m'attendais. Léo et Marion préparent leur repas, les convives l'apprécient. Et tu m'a bien mis l'eau à la bouche avec toutes ces descriptions xD Et puis, tout est bien qui finit bien, même le coup de la grossesse passe :P<br /><br />C'est une fic que j'ai vraiment aimé suivre. De toute façon, en alternant les époques, tu étais sûre de me harponner xD J'aime énormément ce jeu de pistes que ça a donné. Il y a sûrement des incohérences dans la partie "historique", mais je suis pas assez calée en histoire pour chercher la petite bête. Mais j'ai cru comprendre que ton beta avait relevé les incohérences. En tout cas, j'ai adoré cette histoire de la religieuse et du mousquetaire *o*<br /><br />Quant à Solène/Marion, c'était bien intéressant aussi de la suivre. Et puis, j'ai aimé tes descriptions, elles sont toujours tellement visuelles, tellement jolies. Sans parler de tes descriptions culinaires, miam miam. Bref, une fic qui m'a fait passer par un paquet d'émotions aussi (ce pauvre Léo...).<br /><br />Au plaisir de lire autre chose de toi !
vefree
Posté le 21/12/2010
Une fin consensuelle, non ? ... Je pense que ça doit être un truc comme ça, ouais... je n'ai pas trouvé mieux. Mais, comme je suis en phase de réécriture/correction, je suis preneuse de bonnes idées. Mais peut-être est-ce la seule valable pour ce genre d'histoire... Etant novice encore, peut-être existe-t-il une autre façon de terminer sous un coup de théâtre. Non, pas les tuer à coups de fourchettes, non !! Bref, je pense que c'est perfectible.
Malgré tout, je suis contente que tu aies apprécié de lire mon histoire à deux époques. Au fait ! ... tu ne m'as rien dit sur la fin d'Antoine. Est-ce que ça t'a plu aussi ou as-tu trouvé ça trop bizarre ? Pour la partie historique, ne t'en fais pas, j'ai des sources bien informées en effet et je vais m'appliquer à limiter les incohérences au maximum. Et puis je suis contente aussi que tu en sois passée par toutes sortes d'émotions. C'était un peu quand même le but...
Voilà. Tu es arrivée au bout et j'en suis très heureuse. Avoir un retour global est toujours très gratifiant.
Pour l'instant, je n'ai pas d'autre histoire ni en route, ni en tête, mais qui sait. Jusque là, je me suis toujours fait surprendre par mes inspirations, alors qui sait.
Mes plus affectueux remerciements pour tes retours. Vef' 
Jamreo
Posté le 11/05/2013
Coucou Vef !
Voilà, j'ai terminé ma lecture depuis une petite semaine, et je trouve enfin un peu de temps pour continuer ma contribution chaotique de commentaires. 
D'abord, je me répète je crois, mais lire la fin de ton histoire (et bientôt l'histoire entière, cet été, c'est au programme ^^) sur papier c'était très agréable! D'autant plus que le livre est vraiment joli. Ensuite, tu ne peux pas savoir à quel point je suis soulagée que tout se termine sur une note aussi joyeuse. Après tous les doutes que tu nous as mis dans la tête, avec la maladie de Léo, l'histoire funeste de Guillaume qui aurait pu laisser croire, au fond, que Mathilde et lui sont de toute façon maudits à travers les âges et sont destinés à ne jamais vivre leur histoire jusqu'au bout (hein, ce serait possible :P pas joyeux mais possible). D'ailleurs, sans l'intervention de ce vieil Antoine, le schéma malheureux aurait pu se répéter. Un peu différemment, mais quel coup dur ç'aurait été pour Marion. Et pour moi accessoirement, parce que Léo, je te l'ai déjà dit mais c'est un personnage que j'aime décidément beaucoup. Jusqu'à sa peur du noir, c'est surprenant de trouver de petites "faiblesses" comme ça dans un perso qui paraît aussi ronchon de nature. D'ailleurs j'ai comme l'impression que ces épreuves l'ont changé.  
Alors là, aussi, je comprends bien mieux l'acharnement d'Antoine à vouloir s'immiscer dans la vie de Léo et de Marion ! C'est vrai, j'arrivais pas trop à comprendre en quoi ça le concernait, et d'où lui venait cette étrange omnsicience. C'est lui qui a tué Mathilde, donc. Pauvre bougre : devoir rester sur terre en attendant de pouvoir réparer son erreur. Là aussi, un personnage qui m'a laissé une très forte impression. Un très vieil homme pourtant très marquant et "dynamique" avec son caractère mystérieux, ironique et mordant, juste très énervant en fait, mais c'est à lui qu'on doit la guérison miraculeuse.
Bref, une très belle fin avec ce grand repas qui laise quand même rêveur. Ils ont essayé de mêler l'univers entier dans leurs plats, je dis chapeau ^^ et pour ce bébé : un petit Guillaume,  une petite Mathilde?  Nah, je rigole x)
Voilà, ce fut une lecture très agréable, quoiqu'inattendue pour moi - mais c'est ça aussi que j'ai apprécié. Me plonger dans un univers tout à fait atypique. Ton roman me laissera cette impression ^^
Merci encore pour cette lecture !
(et encore une fois, je te lègue un commentaire fleuve : incroyable xD ) 
vefree
Posté le 11/05/2013
Oooh, mais pourquoi n'ai-je pas été avertie de ton commentaire ? D'habitude tout fonctionne... En plus, il me fait chaud au coeur, ton ptit mot. 
J'apprécie beaucoup quand tu me dis que mon histoire te laissera finalement un agréable souvenir. C'est vrai, il aurait pu te laisser indifférente, l'oublier juste après l'avoir lu. Alors je suis vraiment très heureuse de ça.
Je suis heureuse aussi que tu aies apprécié mes personnages et notamment le vieil Antoine et Léo. Moi aussi, je les aime bien. Surtout le vieil Antoine. Au début, c'était un électron libre dans ma tête et dans mon histoire, ce n'était qu'une anecdote. Et puis, il m'a titillé de plus en plus et je lui ai donné une place somme toute primordiale au final. Je suis plutôt fière de ce qu'il est devenu. J'adore les rédemptions.
Léo, bien sûr que ça l'a changé cette maladie. Sans cela, il n'aurait jamais accepté de cuisiner en duo. Sa rencontre avec Solenne a aussi tout changer pour lui. Il lui fallait ça pour prendre conscience de la valeur de ce qu'il faisait.
C'est vrai que ça aurait pu tourner au drame ; maudits jusqu'à la fin des temps. Ils se seraient retrouvés des siècles plus tard pour souffrir encore et se voir séparés de nouveau. Mais le pardon est rédempteur et le travail qu'effectuent Solenne et le vieil Antoine est primordial lui aussi pour parvenir à une fin heureuse. En fait, je ne suis pas du genre à chercher les fins dramatiques. Je les aime chez les autres, mais perso je n'y arrive pas. Je suis une éternelle positive !! Lol !
Merci vraiment pour ta lecture et tes retours si clairvoyants. Merci !
Biz Vef' 
La Ptite Clo
Posté le 21/10/2010
Bon, les tourtereaux, je vous inscris à Un dîner presque parfait sur M6, vous allez faire un tabac ! =D
Blague à part, ça me fait toute chose de savoir que je laisse ici mon tout dernier commentaire. =( Alors par quoi commencer tout d'abord ?
Ah, à par un petit détail qui m'a étonné dans le chapitre précédent, lors de la découverte du tableau, de l'urne, etc... En fait, comme je ne connais rien aux traditions de ces vieux siècles donc je ne critiquerai pas, mais j'ai été surprise de voir apparaître une urne funéraire datant de cette époque. O_o Je me doute bien qu'ils pouvaient crâmer les gens, mais les conserver dans des urnes (j'ai une image assez moderne des urnes en fait), ça m'a un peu intrigué. Mais bon, peut-être que ça se faisait, qui sait. :)
Léo m'a bien fait rigoler, comme d'habitude... Surtout dans ses relations avec le vieil Antoine et son rationnalisme ! ^^ (Mais diiiis donc, à un moment, c'est devenu hot-calor-caliente quand même xD)
Et la disparition d'Antoine. En fait, pour faire dans l'ordre, le secret d'Antoine. Je suis restée, comme Marion et Léo, sur les fesses quand j'ai appris que c'était lui qui avait zigouillé notre bonne soeur ! O_o (mais j'ai bien rigolé quand il a évoqué la prestation à l'épée de Guillaume xD)
Sa mort était belle, en revanche. Il va pouvoir être en paix maintenant. Et j'ai deviné aussitôt que Marion était enceinte ! Mais c'était balot de l'annoncer à Léo alors qu'il était en PLEINE concentration cruciale, capitale, sur la préparation du dessert ! Bon sang, elle devrait savoir que c'est hyper délicat comme préparation ! xD
En tout cas, Vef, je te mets au défi de réussir un festin comme celui-là ! (J'ai bien aimé la gaffe de Justice xD et Camille il est tout meuuuugnon)
Bref, ce commentaire part VRAIMENT en live, mais je veux que tu saches que, même si je me suis pas toujours manifestée, j'ai passé un très agréable moment à te suivre et à te lire durant tout ce temps. (J'ARRIVE PAS À CROIRE QUE JE SUIS EN TRAIN DE DIRE ADIEU À MA CUISINIÈRE PREFEREE ! O_O)
C'est que nos deux tourtereaux vont vraiment me manquer, mais ils ont tourné la page désormais, et le meilleur n'est qu'à venir pour eux, ils peuvent vivre leur amour tranquille et pleinement, et c'est tout ce que je leur souhaite. =)
Merci, Vefree. ;)
vefree
Posté le 21/10/2010
Mooooooohhhhh, Clocheeeeeetttte ! Tu es tellement mignonne, tu sais. Te voilà arrivée au bout et tu... tu... sniff ! tu me mets la larme à l'œil, c'est malin ! 
Les tourtereaux au Dîner presque parfait ?!.... mais ils seront parfait, j'en mets ma main au feu !!!! looool ! 
Je vais quand même essayer de te répondre. ahem ! ... alors... pour l'urne, maintenant que tu le dis, j'ai un horrible doute. Est-ce que ça existait vraiment à cette époque ? C'était sûrement exceptionnel, mais c'est à vérifier. Maintenant, je peux te dire comment je l'ai vu lorsque je l'ai imaginé. Je me suis dit que comme Guillaume est un noble et qu'il est mort en Afrique d'une maladie infectieuse, il s'est arrangé pour que son corps soit brûlé et ses cendres soient ramenées auprès de sa famille, plutôt que de pourrir dans une caisse en bois, dans la cale du navire de retour. Question hygiénique, me suis-je dit et le vicaire missionnaire a dû se charger de tout ramener en France pour honorer sa mémoire comme il le souhaitait dans sa lettre testament à Mathilde. C'est vrai que c'est un peu tiré par les cheveux historiquement. Je ne sais pas si je dois dire "tant pis" ou si je vais devoir corriger cette petite partie. En tous cas, merci d'avoir émit un doute, je pourrai ainsi vérifier ce qu'il en est vraiment avant de raconter des énormités.
Bah quoi ? Léo a retrouvé la forme, alors si c'est pas pour honorer sa compagne, c'est pour quoi, hein ? ... faire des macarons ? .... oui, bon, ça aurai pu, mais non. J'aime bien quand ils se font des câlinous. En tous cas, je suis contente que mon ours te fasse marrer. C'est bien aussi que ça sente la détente, un peu, non ?
Oh, et puis si la disparition d'Antoine t'a à la fois surprise et émue, c'était le but. Vef', super contente, tiens !
Et puis pour le petit secret de Marion..... ouais, ok, un secret de polichinelle ... *moue de contrariété* ... trop facile pour un polichinelle dans le tiroir... tant pis. Je reconnais, trop facile à deviner. Mais c'était amusant d'imaginer Léo se faire déconcentrer par la nouvelle !!!! hihi !!  Bon, j'avoue, je plaide coupable, ce festin est un fantasme irréalisable. Bien que, je relèverai bien le défi pour voir... Mais, certains petits détails me paraissent carrément utopiques, je crois. Je ne sais pas où trouver le matériel. Alors, oui, tu peux déjà être assurée que je ne réussirai pas à le reproduire comme je l'ai décrit.
*verse une autre petite larme avec Clochette* bouuuuuh ! oui, c'est fini ! Enfin, pas pour moi. J'ai encore beaucoup de travail qui m'attend pour améliorer cette histoire, pour la rendre encore plus intense et passionnante. Enfin, c'est ce qui me tient à cœur. Tes retours, comme ceux des autres, me sont très précieux et m'encouragent à entamer la réécriture avec enthousiasme. Merci. Merci, vraiment beaucoup d'y avoir prêté autant d'attention et d'intérêts.
 
Biz Vef' 
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