Chapitre 18 🧹

Notes de l’auteur : Chapitre dans le présent (en 1983)

Pdv de Lyna

Je m'échappais du bureau en coup de vent. Mon corps se remplissait d'inquiétude et d'anxiété. Un flot d'émotion négative m'étouffait et m'empêchait de souffler. Je ne parvenais pas à me calmer. Serait-ce de la peur ou une sorte d'adrénaline ?

Je me rendis aux toilettes afin de respirer mais une voix me sortit de ma torpeur.

- Hey, ça va ? Je t'ai vu sortir du bureau, je t'attendais. Comment ça s'est passé ?

Même si c'est Matthew et qu'il est gentil, mignon et adorable, je ne peux pas rester plus de cinq minutes tranquille. Mais je devais m'efforcer de lui répondre. Après tout ce qu'il a décidé de faire pour moi, c'est la moindre des choses.
Je fis non de la tête. Je me repassais le moment dans le bureau de Dumbledore en me demandant où était la faille. Ma mère a joué une partie de ses cartes en fonçant tête baissée sans forcément faire attention à ce que l'autre fou de Mark Taylor puisse lui faire. Ce n'était pas une critique et je ne me le permettrais jamais, mais à sa place, je ne me serais pas dévoilée aussi facilement. Chacun sa méthode dans l'histoire. Dans tous les cas, je souhaitais vivement que cela se termine.

- Ça ne s'est pas bien passé ?

- Non...

Enfin, un son qui sortait de ma bouche mais rien de pertinent pour Matthew. Il s'assit sur le rebord du lavabo, croisa ses bras sur sa poitrine et me regarda.

- Raconte, dit-il doucement.

Je le fis fissa en expliquant dans les moindres détails.

- Donc cet homme a une très grosse influence, terminai-je, je ne sais pas quoi faire...

- J'ai lu la Gazette toute à l'heure, et il semblerait qu'il soit ami avec le Ministre de la Justice actuel.

Interloquée, je me tournais vers lui avec un regard rempli de questions. Je me trouvais dans une situation où toutes informations utiles pouvaient discréditer Julian ou son père. Peu importe laquelle, tout était important, même le petit détail ferait toute la différence.

- Non, en fait, j'ai moi-même fait le lien avec les renseignements que j'avais, plus ceuxque j'ai récoltés en lisant le journal. J'ai fini par comprendre le sous-entendu qu'il y avait à travers les lignes.

- Et donc tu en as conclu quoi ? demandai-je.

- Que le Ministre de la Justice est dans le coup. À moins que je ne me trompe... mais ce n'est pas impossible.

- Attends, c'est grave ce que tu insinues... Si c'était le cas, ça serait très sérieux !

Il haussa les épaules en me répondant « Je sais ! ».

- Au fait, je voulais savoir quelque chose, fit-il après quelques secondes de silence, tu ne m'as pas dit comment tu te sentais.

-Je n'ai pas besoin de t’apprendre comment je me sens actuellement, répondis-je.

- Non, c'est vrai... mais en parler peut aider, enfin si tu veux.

Je regardais par la fenêtre des toilettes. « Comment je me sens ? », une question que je ne me suis pas posée depuis un moment. La première réponse fut « non, ça ne va pas ».

- Je m'en doute...

- J'ai l'impression que rien ne va se terminer, dans le sens où cela va mettre du temps si on voyait un jour la lumière au fond du tunnel mais... je pense que les choses vont se gâter, ça va empirer. C'est un sentiment que j'ai depuis un moment et je ne trouve pas grand-chose qui puisse empêcher cet instinct d'apparaître.

- C'est normal, tu es inquiète, me rassure-t-il.

Il résume en une phrase ce que je ressentais au plus profond de mon être. Je ne pouvais pas faire autrement que de compliquer ce qui est déjà complexe. Je ne voyais que des problèmes, et aucune solution ne surgissait. La tempête dehors me laissait dans un début de « petite dépression ». Je m'étais promis de ne pas céder mais la situation était plus forte que tout. Les larmes coulaient sans que je ne criasse gare, je tentais de me racler la gorge pour me distraire de cette colère incessante, sans succès. 

Je reniflais plus rapidement que prévu. J'ai toujours eu honte de pleurer devant les autres car je ne voulais pas passer pour une faible. J'ai espéré être solide pendant longtemps. Pourtant, la bouteille avait retenu le flot d'émotions vives que j'avais encaissé jusque là.

Vu les évènements, je ne serais pas contre l'idée de boire pour oublier ne serait-ce qu'un petit moment. Je sentis les mains de Matthew me caresser les épaules alors que j'étais dos à lui. J'essuyais donc les larmes avec la manche de ma robe Serdaigle. Il me tourna vers lui et me prit délicatement dans ses bras.

- Tu as le droit de pleurer si tu veux. Je suis là.

Mais cette envie disparut progressivement pour laisser place à de la rage. Une telle force me transperçait le cœur. Grâce à elle, je n'avais plus l'impression de me sentir faible, je sentais une certaine force me drainer, m'encourager à ne pas abandonner Pourtant, je ne pouvais pas me laisser guider par mes émotions. Cet élément de colère en moi ne me représentait pas : ce n'était pas moi, et il fallait que je taise cette sensation en me laissant aller à la tristesse, et dans les bras réconfortants de Matthew. D'ailleurs, ce n'est pas la première qu'il m'enveloppe contre lui. C'était agréable. Peut-être est-ce de la confiance ? Une chose est sûre : je ne me reconnaissais pas.

- Ah Lyna, te voilà ! Je te cherchais.

Ma mère arriva dans les toilettes. Matthew et moi, nous nous séparions aussitôt. Je tâchais de me reprendre afin d'écouter ce qu'elle avait à me dire. Quant à Matthew, il semblait gêné par cette interruption. Le pauvre, il voulait bien faire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je.

- Je te mentirais si je venais t'annoncer une bonne nouvelle mais celle-ci est déjà mieux que rien : j'ai dit à Mark Taylor que je révélerais tout à la presse sur ce qu'il se passe ici si en échange Julian n'arrêtait pas de te harceler.

- Et donc ? demanda Matthew.

- Comme il sait que je peux me montrer très persuasive, il a accepté le marché. 

- C'est vrai ? fis-je en mettant ma main sur la bouche.

- Oui, ma chérie. Tu vas pouvoir souffler un peu !

Il fallait que je lui pose la question.

- Mais comment ?

- Cette élection ne regarde pas nos enfants directement, donc je lui ai ordonné de te laisser tranquille. S'il y a une personne à attaquer, dans la logique des choses du moins, ce serait ton père, pas toi. 

- Merci maman ! lui dis-je en la prenant dans mes bras.

- Ne me remercie pas trop vite. On ne sait pas s'il tiendra parole. Enfin, j'espère.

Nous ne disions rien pendant un court moment. À dire vrai, nous étions tous les trois soulagés d'avoir une nouvelle comme celle-ci. 

- Est-ce que je peux te parler en privé ? demanda ma mère, après une longue réflexion.

Je fis signe à Matthew qui sortit des toilettes sans broncher.

- Comment s'appelle-t-il ?

- Matthew. Matthew Wilson...

Elle réfléchit un instant avant de me répondre.

- Wilson... Ce nom ne me dit rien.

- À quoi tu penses ?

- Eh bien... habituellement, j'arrive à cerner une personne rien qu'à son nom de famille et à savoir qui elle est. Là, je ne sais pas... J'ai des doutes.

À l'entente de ses paroles, je compris tout de suite ce qui se tramait. Ma mère était comme une sorte de "bienveillante maman ourse" qui défendait son bébé. Sauf que le bébé n'en est plus vraiment un...

- Maman, ne commence pas s'il te plaît ! lui répondis-je gentiment. Matthew est sympa, c'est un ami...

- Ah, non, tu te méprends ! Je ne cherche pas à savoir qui il est pour surveiller tes fréquentations. Je te fais suffisamment confiance pour ça. (elle s'interrompit avant de répondre) Mais tu sais combien j'apprécie de savoir ma fille bien entourée. Cette fois-ci, je me pose davantage des questions, habituellement tu sais que je ne fais pas autant de chichi (elle râla) même si ce garçon a quand même été ami avec Julian.

- Tout est dans la conjugaison du verbe, maman : a été, un fait produit dans le passé....

Elle eut un petit rire étouffé.

- ... qui, aujourd'hui, est terminé. Merci de me rappeler la définition du passé composé, ma chérie. Ce que je veux te dire c'est... je me questionne à propos de lui et ses origines, en quelque sorte. Il ressemble à quelqu'un que j'ai connu il y a peu de temps. 

- Qui ? Comment ça "connu" ?

Elle hésita longuement. 

- Je vais faire mes recherches. Je t'enverrai un hibou quand j'aurai trouvé des informations.

Appart ça, ce n'est pas du tout pour surveiller mes fréquentations ?

- Tu exagères, maman, lui dis-je tout simplement. 

- Promis : après j'arrête. À bientôt, ma chérie !

Elle déposa un baiser sur mon front et sortit des toilettes. 

- Bye-bye ! répondis-je.

Plusieurs semaines passèrent... (vers fin novembre 1983) *ellipse*

À contrario de tout ce que j'avais pu imaginer, même espéré priant maintes et maintes fois de tout mon cœur, de toute mon âme, les semaines suivantes furent les plus douces. Un sentiment agréable de bonheur me prenait, j'avais l'impression de respirer à nouveau, sincèrement.

Julian ne m'avait pas adressé la parole ni même approché. Mais ses regards noirs, presque assassins, en disaient long sur ce qu'il pensait. Pourtant, à chaque fois qu'il me croisait, il revenait sur ses pas comme si on lui avait demandé de m'éviter un maximum. En classe, il s'installait le plus loin possible de moi, et il écoutait attentivement le cours, d'ailleurs les profs n'hésitaient pas à lui faire des remarques par rapport à ça. Je me rappelais encore le visage du professeur Rogue qui était surpris que Julian participe.

La bonne humeur était réapparue. J'avais comme l'impression que chacun avait oublié et était passé à autre chose. Quant à moi, j'avais baissé ma garde à un point où je n'avais pas besoin de constamment regarder derrière moi quand je marche dans les couloirs. Au contraire, j'allais entre les cours paisiblement en allant à mon rythme pour retrouver confiance en moi.

- La meilleure chose qu'on puisse c'est de montrer aux autres qui il est réellement, pensai-je.

La gazette publiait toutes les semaines l'avancement de la campagne de mon père et de celui de Julian. Cette fois-ci, je ne réagirais pas aux provocations de Julian. Il va falloir être plus persuasif que ça. Dans deux mois, ce sera les élections.

- Lyna, tu m'écoutes ?

- Non, désolé...

Je me trouvais dans le parc près de la maison d'Hagrid en compagnie de Mary. Après les cours, nous avions décidé de passer du temps entre copines. Assise dans l'herbe, je songeais, dans mes profondes pensées. Je n'avais presque pas écouté ce que me disait Mary, enfin, pas assez pour que je puisse assembler les pièces du puzzle.

- Depuis une semaine, tu es un peu ailleurs, ça va ?

- C'est la reprise, je crois que j'ai trop profité des vacances, et il y a les élections qui approchent...

- Il faut te ressaisir. Jeudi et vendredi, on a des examens qui comptent pour les ASPICS. Je veux que ma super copine réussisse les doigts dans le nez.

Elle imita le geste, et nous partîmes dans un fou rire sans précédent, aussi instinctif que boire ou manger. En ce moment, elle n'arrêtait pas d'essayer de me faire rire dès que j'étais partie loin sur la lune à réfléchir au sens de ma vie à à peine 17 ans et demi. Là-haut, la vue doit y être belle...

- Oh, c'est bon de rigoler comme ça ! lui dis-je en me calmant.

Je crois que c'est la première fois depuis des années que je n'avais pas autant rigolé en étant aussi détendu. J'avais  baissé ma garde il y a bien quelques semaines. 

- Pour quoi vous riez ? demanda Lauren qui s'assit avec nous.

- Rien, des bêtises, j'essayais de faire Lyna un peu plus car Madame est dans la lune.

Elle nous regarda une à une avant de sourire à son tour.
Depuis quelque temps, je trouve que Lauren s'est drôlement ouvert à tout le monde. Derrière la carapace qu'elle s'était procurée il y a de cela des années pour des raisons que j'ignore, se cache une fille adorable, sincère, au grand cœur - une qualité que je ne pouvais lui donner à cause de son côté renfermé.

Tiens, en disant ça, tu parles aussi de toi...
J'aimerais prendre exemple sur elle pour me libérer de cette carapace. Peut-être que c'est trop tôt pour l'enlever ou peut-être est-ce que je me mets des barrières par crainte ? Attends... par crainte ou par flemme ?

- Bon, let's go en classe de potion ! s'exclama Mary en rangeant ses affaires.

Malheureusement, c'était la version que j'aurais aimé raconter.

 

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Rayondesoleil18
Posté le 22/03/2023
J'avoue que d'habitude je n'aime pas trop les fanfictions mais j'ai beaucoup apprécié celle-là. L'idée du croisement des points de vue avec parfois des reprises du même instant est bien amené, les retours en arrière interviennent aux bons moments et agréablement. L'histoire passée ou cachée des personnages et intéressante et semble annoncer une forte utilité pour la suite, que donnent hâte de la connaître du coup. J'ai beaucoup aimé aussi les moments où le narrateur et les dialogues se mettent à la portée de l'âge des personnages, parce que c'est assez réaliste. Les pointes d'humour qui parsèment certains chapitres, et liées à la réflexion des personnages, très critiques sur leur propre situation parfois, sont également bienvenues sur un sujet aussi sérieux. J'attends la suite avec impatience !
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