19
Tout ce que je pensais croire de mon monde et de la magie se révélait être faux, tous mes repères avaient disparu et depuis plusieurs jours, ma vie était constamment chamboulée.
Je devais avoir l’air encore plus confuse que ce que je ressentais, car Morgane m’entraîna dans un fauteuil brun, assorti au canapé où elle s’installa aux côtés de Maël, tous deux face à moi.
— Nous t’écoutons, commença Morgane. Raconte-nous ton histoire.
— Qu’est-ce qu’une histoire comme la mienne peut vous faire à vous, des êtres immortels ? demandai-je, méfiante.
— On n’est pas si vieux que ça, voyons, fit Maël, toujours aussi décontracté.
— Chaque personne a une histoire. Chaque histoire est unique et a le mérite de devoir être écoutée car on apprend toujours grâce à l’expérience d’autrui, dit Morgane, ignorant complètement son amant.
Je restai silencieuse un moment et je plongeai mon regard dans celui, mélancolique, de Morgane. Son visage, son corps, elle paraissait si jeune mais ses yeux étaient si vieux… Elle caressa doucement une plaque métallique accrochée à son cou. Elle devait avoir souffert bien plus que son sourire et son rire ne le laissaient croire.
Sans m’en rendre compte, mon visage s’abaissa vers mes mains, qui s’appuyaient désespérément à mes genoux. Des larmes commencèrent à couler, évacuant toute la tension des derniers jours. Et pourtant… pourtant, j’avais toujours l’impression d’avoir un énorme poids sur la poitrine, comme si quelqu’un tentait de m’étouffer.
Je passai une main sur mon visage, me sentant perdue. Morgane me regarda longuement. J’avais l’impression qu’elle devinait tout ce qu’il se passait dans mon esprit chamboulé.
— Tu peux lire dans les pensées ? demandai-je à mi-voix.
— Moi ? Non ! répondit-elle en gloussant, comme si l’idée était absurde.
Je fronçai les sourcils. Elle sentit ma frustration car elle continua :
— Prudence, je ne peux pas lire dans tes pensées mais après trois siècles d’existence, j’ai appris à lire les visages et les regards. Je sais que tu n’as aucune raison de nous faire confiance. Tu viens seulement de nous rencontrer et jusqu’à présent, tu n’as pas eu la chance d’avoir quelqu’un sur qui compter mais… on est là pour t’aider.
Je voulus la corriger. Je pouvais compter sur William. J’avais pu compter sur lui lorsqu’on avait été attaqués par les orcs, il n’avait fait que m’aider mais en retour… je l’avais laissé se faire capturer… Et maintenant, je n’avais plus personne. Encore une fois.
— Tu as dit que William t’a envoyée nous voir. Tu peux nous dire pourquoi et tout ce qu’il s’est passé. S’il t’a envoyée à nous, c’est qu’il avait une bonne raison de le faire, non ?
William faisait confiance à Morgane et Maël, ou il n’aurait pas suivi le conseil de Myrddin. Il connaissait les vampires depuis longtemps alors… leur faire confiance ne devrait pas être impossible ; surtout que je n’avais aucune idée où aller ou quoi faire maintenant que j’étais toute seule.
— En réalité… c’est Myrddin qui nous a envoyés, William et moi, pour vous trouver mais… William a été capturé par les Agramiens.
Ils réagirent instantanément : Morgane perdit son sourire et Maël se redressa. Ils se lancèrent un regard et communiquèrent en silence, se comprenant parfaitement. Je n’arrivais pas à déterminer si c’était parce qu’ils étaient des vampires ou si c’était parce qu’ils étaient ensemble depuis des siècles. Ils se retournèrent vers moi, visages graves.
— Raconte-nous tout, dit Morgane d’une voix qui ne me laissa pas le moindre choix.
J’hésitai un dernier instant avant de soupirer et de leur raconter tout ce que je me permis de révéler : l’attaque de Lamania et la mort de ma mère qui m’avaient entraînée à travers le Bilderŵ et jusqu’à Erydd, William qui m’avait sauvée des Agramiens et menée à Myrddin, et enfin, le sortilège qui brûlait mon espérance de vie et me liait au sort de William parce qu’il devait me guider jusqu’à Lelawala. Je ne voulais pas me souvenir de l’horreur des orcs mais je leur racontai cette mésaventure, ainsi que les craintes de William.
— William a raison, les orcs ne se rendent jamais autant dans le sud, ou très rarement, acquiesça Morgane d’un air sombre.
— Je n’ai croisé des orcs que près des montagnes ou dans des zones extrêmement reculées de Dareia. Nos éclaireurs n’ont rien repéré non plus. Par où seraient-ils passés ? La forêt a beau être vaste, toute la zone au nord du Lac Drych est occupée soit par les ogres, soit par nous. Et à l’est, il y a les Agramiens.
— Peut-être qu’Agram les a engagés comme mercenaires, en dernier recours pour le combat final contre Melahel ? proposa Morgane.
— Les Agramiens tomberaient si bas ? siffla Maël.
Elle avait l’air aussi confuse que William que les orcs soient si près d’Azraald. L’idée que ces immondes créatures aient pu être engagés comme mercenaires pour gagner une guerre était horrifiante. J’espérai de tout cœur que les orcs n’étaient pas venus ici grâce aux Agramiens…
— Je vais envoyer un message à Azraald, décida Maël, se levant et partant dans une autre pièce.
Mes pensées se tournèrent de nouveau vers William. Je ne pouvais pas croire qu’il était mort, mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter de son sort. S’était-il échappé des Agramiens ? Où était-il ? Était-il blessé ? S’il s’était échappé, avait-il rencontré les ogres et dans ce cas-là, n’avais-je pas mis sa vie en danger une nouvelle fois ?
— Prudence.
Je sursautai, et je réalisai que Morgane m’avait appelée plusieurs fois. Elle s’assit près de moi et entoura mes épaules d’un bras réconfortant tout en serrant ma main gauche. Je tressaillis et la retirai immédiatement, malgré le gant qui cachait la peau noircie.
— Est-ce que cela te fait mal ? demanda-t-elle.
Je secouai la tête.
Elle n’hésita pas un instant et retira le gant. Elle observa de près le sort qui s’était étendu à la totalité de ma main. Elle souleva légèrement ma manche et retira le bracelet de cuir pour observer jusqu’où s’étendaient les arabesques mortelles, au-dessus de mon coude à présent. Ses doigts froids effleurèrent ma marque en forme de lys. Un léger courant électrique traversa ma peau et je me dégageai de son emprise, aussi gentille soit elle.
— D’où vient cette marque ? On dirait le lys royal, remarqua-t-elle.
— Une… marque de naissance… Maël m’a soigné la jambe plus tôt… il peut soigner les gens ? Il maîtrise la magie ? continuai-je curieusement.
Elle pinça les lèvres avant de se lever et me servit une tasse de thé. La chaleur qui en émanait me rassura, l’odeur était sucrée et épicée. Je ne me serai pas attendue à une telle saveur à Erydd.
— Il ne maîtrise pas la magie, aucun vampire ne le peut, c’est au-delà de nos capacités. Pour pouvoir utiliser la magie, il faut pouvoir avoir accès à la voie des Enaidi, or, les vampires sont techniquement morts et ne peuvent pas y avoir accès.
Le fait que les Enaidi, ces êtres puissants qui régissaient la magie à Dareia, étaient aussi connus à Erydd piqua ma curiosité. Au moins quelque chose que nous avions en commun. Peu importe les continents de Dareia, les Enaidi restaient les mêmes. Mais je n’osai pas interrompre son récit.
— Cependant, notre existence même, au-delà des frontières de la mort, relève de la magie. Nous sommes des êtres qui avons connus une mort douloureuse, empoisonnée par un venin qui nous transforma en créatures autre… Ni mort, ni vivant, ni morts-vivants. Une existence au-delà de toutes les frontières et qui nous condamne à nous nourrir de sang.
— William a mentionné que vous buviez du sang… animal, n’est-ce pas ? demandai-je, ayant de nouveau peur que les vampires ne m’attaquent.
— C’est le cas pour notre clan, mais pas tous les vampires de Dareia. Certains ne peuvent pas se passer du sang humain, certains préfèrent une vie différente de celle du clan et leurs choix alimentaires ne dépendent que d’eux. Tous les vampires doivent théoriquement connaître les lois qui nous régissent et nous permettent de vivre en harmonie avec les mortels. Mais se nourrir de sang animal est suffisant pour survivre et ne pas succomber à notre soif. Notre nature de vampire nous permet également de posséder des facultés qu’aucune autre créature de Dareia n’a : vitesse, force, immortalité et… des capacités proches de la magie.
Elle fit une pause et disparut en un clin d’œil, elle réapparut immédiatement à mes côtés pour prendre la tasse vide de mes mains. Incrédule, je la laissai faire. Elle avait traversé la pièce sans que je ne m’en rende compte. Mais ce n’était pas la vitesse que Maël avait utilisée plus tôt pour s’éloigner des ogres.
— Nous appelons ces capacités des « dons » qui sont uniques pour chacun d’entre nous. Je peux me transporter en un instant sur un lieu que je peux voir, peu importe la distance. Quant à Maël, il peut soigner toutes blessures physiques, cependant, il est incapable de faire quoi que ce soit pour le moindre empoisonnement ou infection, y compris les sortilèges.
Je remuai les mains nerveusement. J’avais espéré que Maël aurait pu me soigner et m’épargner de continuer cette quête suicidaire… Encore une fois, Morgane me prit les mains pour me rassurer. Cette fois-ci, lorsque j’essayai de les retirer de son emprise, elle les retint.
— N’aie pas peur, ce sortilège ne peut pas contaminer les autres et encore moins un vampire.
— Mais…
— Et tu n’as pas à te sentir coupable de recevoir un peu de réconfort après tout ce que tu as vécu, Prudence… continua-t-elle avant d’hésiter. Mes mains sont froides, il n’y a aucune chaleur humaine mais…
— Merci…
Elle sembla surprise mais je continuai, les larmes aux yeux :
— J-je me fiche que tu aies les mains glaciales, c’est… c’est plus de réconfort que ce que je n’ai eu depuis que William a été… depuis qu’il a été… enlevé…
Elle avait l’air encore plus étonnée, puis un sourire apparut sur son visage :
— Tu tiens à lui, n’est-ce pas ? fit-elle d’un air amusé.
Je me mis à rougir, et je bafouillai malgré moi :
— P-pas vraiment ! Enfin, oui, mais non ! Pas dans ce sens-là ! Il est… un ami, je crois, je ne suis même pas sûre, mais il est… il m’a sauvée et il m’a aidée et je suis reconnaissante e-et, je… je ne sais même pas s’il est encore en vie…
— Je voulais évidemment dire que tu tenais à lui en tant qu’ami, voyons, continua-t-elle d’un air malicieux.
Je me souvins des yeux remplis d’amour d’Isolde, et je me sentis coupable de l’avoir oubliée… William avait une famille et une presque-fiancée qui l’attendaient à Azraald, s’il pouvait un jour y retourner.
Mon cœur était soudain très lourd, par culpabilité si William ne les retrouvait pas, et de tristesse parce que je n’avais personne qui attendait mon retour.
Morgane me serra les mains pour attirer mon attention sur elle.
— Ne t’en fais pas pour William. Je le connais depuis des années et il n’y a personne aussi borné et courageux que ce petit. S’il n’a pas déjà échappé aux Agramiens, il est certainement en vie. Il est fort et intelligent, il ne se laissera pas tuer aussi facilement. Aie foi en lui.
Je ne trouvai rien d’autre à dire. J’espérai qu’elle avait raison.
— Allez, viens. Tu dois avoir faim et être fatiguée. Ta quête peut attendre une bonne nuit de sommeil en sécurité avant de continuer, non ?
Je n’avais pas faim et la peur m’empêcherait de dormir, mais j’étais trop lasse pour lutter lorsqu’elle me força à manger et insista pour me préparer un bain chaud. Ce n’était que de la nourriture très épicé et aux saveurs inattendues mais le bain fut un délice. Je me détendis tant que malgré mes peurs, je faillis m’y endormir. Une fois propre et habillée d’une chemise de nuit prêtée par Morgane, elle me guida dans un lit si confortable que je m’endormis immédiatement. Malheureusement, ce ne fut pas un sommeil aussi reposant que ce que j’aurai espéré…
À mon réveil, je me redressai en gémissant, des maux de têtes me tambourinaient le crâne. Par la grande fenêtre, je pouvais voir toute la plaine où les vampires s’étaient trouvés la veille. Le soleil se levait doucement. Il dépassait à peine la cime des sapins. Le ciel était coloré de nuances magnifiques, jaune, orange, rouge, bordeaux… Ces couleurs se mélangeaient dans une harmonie incroyable. La prairie normalement verte était d’un jaune-orangé chaleureux et l’ombre des sapins était étrangement violette. Se lever avec un tel paysage était tout simplement magique.
Mais pas de vampire en vue. À part pour une silhouette qui se trouvait en plein milieu de la plaine. C’était Morgane. Elle siffla et un rapace, un faucon sans doute, alla se poser sur son avant-bras. Elle était dos à moi donc je ne vis pas bien ce qu’elle faisait mais quelques instants plus tard l’oiseau s’envola vers Azraald. Morgane se retourna, et disparut. J’entendis sa voix derrière moi :
— Bonjour, Prudence.
J’hurlai et virevoltai vers Morgane, me plaquant contre la fenêtre et tentant de calmer les battements violents de mon cœur.
— Morgane !
— Excuse-moi si je t’ai fait un peu peur, dit-elle en souriant.
— Un peu ? repris-je.
— Tu es réveillée depuis longtemps ? Tu as bien dormi ? me demanda-t-elle.
— Non, pas vraiment…
Morgane prit une grande inspiration :
— Maël et moi avons discuté de ta situation hier soir. On voudrait t’aider à atteindre Lelawala pour qu’elle puisse te soigner.
— Je… c’est gentil, mais…
— Tu ne vas quand même pas refuser notre aide ? fit-elle d’un air amusé.
— Vous avez tant fait pour moi… je… je ne sais pas…
— Ce n’est rien pour nous, nous sommes des vampires immortels. Notre vie serait rapidement ennuyante si on n’assistait pas les personnes qui ont besoin de notre aide. Je n’ai jamais rencontré Lelawala, mais je connais quelqu’un qui saura te guider.
— Du moment que ce n’est ni un ogre, ni un orc, ni quoi que ce soit qui essaiera de me dévorer… murmurai-je.
Elle eut l’air amusé, ce qui m’inquiéta encore plus.
— Oh non, elle est parfaitement végétarienne, ne t’en fais pas.
Des vampires buvant du sang animal étaient aussi considérés végétariens, non ? Était-ce sensé me rassurer ? Mais Morgane et Maël n’avaient fait que m’aider, William leur faisait confiance et Myrddin nous avait envoyés vers eux.
— Merci beaucoup, Morgane… dis-je, même si je ne voulais pas quitter le cocon de confort que m’avaient offert les vampires, si j’avais su qu’un jour je considèrerais des créatures buveuses de sang comme un lieu de confort et de détente…
— À ton service, Prudence, me répondit-elle avec un sourire malicieux. Maël a averti Azraald de la présence des orcs, mais ne t’en fais pas, il n’a pas dit que c’était toi qui nous avais prévenus, uniquement qu’il s’agissait de quelques-uns de nos vampires qui les avaient repérés.
— Et William ? Vous n’avez pas un vampire aux superpouvoirs qui pourrait le sauver des Agramiens ?
Elle n’eut pas le temps de répondre que Maël sortit d’une autre pièce et répondit à ma question :
— Tu n’as vraiment pas à t’en faire pour William. Il sait se battre, c’est moi qui lui ai appris, après tout ! Risquer qu’un vampire aille le libérer serait risquer d’entraîner le clan dans la guerre, et nous avons passé ces vingt dernières années à éviter une telle chose. Je suis sûr que William va bien, et le meilleur moyen d’assurer son futur, c’est de faire cesser cette guerre, ce qui sera le cas très bientôt.
Instinctivement, mes doigts touchèrent le tube en bois dans lequel se trouvait le message de Myrddin. Il avait dit que c’était important pour l’avenir de tout Dareia. Ce message concernait-il la guerre ? Ou bien la location de la princesse disparue ? J’étais tentée de demander aux vampires s’ils savaient quoi que ce soit sur la princesse, mais Maël interrompit mes pensées :
— Qu’est-ce qui te fait croire que William est aux prises des Agramiens ? Le connaissant, il y a peu de chances qu’il ait été fait prisonnier aussi facilement… Il arrive à me tenir tête à l’escrime et il a réussi à vaincre des orcs, alors quelques Agramiens devraient être un jeu d’enfants pour lui.
J’hésitai, n’ayant pas vraiment la moindre preuve qu’il était bel et bien prisonnier des Agramiens. Comme l’avait dit Maël, William savait se battre. J’avais vu ses capacités contre les orcs et même s’il avait été seul contre plusieurs Agramiens, ils n’avaient pas été terriblement armés non plus…
— Il a été blessé. Il a reçu une flèche dans une épaule. Je… on discutait et… je crois qu’il les a distraits le temps que je puisse fuir.
Morgane et Maël s’assombrirent. Même un combattant expérimenté aurait du mal à se défendre une fois blessé… Si je n’avais pas parlé de ma mère, si je ne nous avais pas laissés être aussi inattentifs…
— Toujours aussi noble au point de frôler la stupidité, ce gamin… maugréa Maël en passant une main dans ses cheveux.
— Même si William a été capturé, il aura un plan. Ne le sous-estimons pas, répondit Morgane, posant une main sur le bras de son compagnon pour le rassurer.
Il acquiesça.
William se serait-il laissé capturer pour sauver sa petite sœur prisonnière des Agramiens ? Il ne m’aurait pas abandonnée, non ? Il savait que je ne connaissais ni la forêt, ni ses créatures et que j’aurais été en danger seule, surtout avec des orcs dans les parages. J’avais fini comme apéritif pour ogres au bout de quelques minutes, après tout. M’aurait-il vraiment abandonnée pour aller sauver sa petite sœur ? Je ne pouvais pas lui en vouloir d’essayer par tous les moyens de la sauver mais… j’avais commencé à croire que je pouvais compter sur lui, et maintenant, je ne savais plus ce que je devais penser de William.
— Bon, fit Morgane en se tournant vers moi, Prudence, le sortilège continue de s’approcher de ton cœur et chaque minute compte. Préparons-nous pour aller rencontrer cette personne. Ta robe est toute déchirée et on fait à peu près la même taille alors je vais te prêter quelques-uns de mes vêtements.
— Oh, ce n’est pas la peine, vraiment…
— Ma chère, si tu essaies de garder les mêmes vêtements, tu seras plus dévêtue qu’une catin, ajouta Maël avec un grand sourire.
Je ne dis plus rien.
Morgane roula les yeux au ciel avant de m’attraper le bras et m’emmener loin des commentaires crus du vampire. Elle me laissa une pile de vêtements sur le lit où j’avais dormi. La robe que j’avais portée jusqu’à présent était effectivement anéantie, j’espérai qu’Isolde ne m’en voudra pas… Les vêtements que me prêta Morgane étaient dans le même style que ce qu’elle portait : confortable et pratique. Des collants bruns chauds et une robe bleu sombre, ouverte sur les côtés qui me permettait d’être libre dans mes mouvements. Elle m’avait également prêtée des bottes faites pour la marche dans la forêt et une fixation en cuir à ma cuisse pour y glisser la dague que m’avait donnée William. Je tressai mes cheveux et je repartis auprès des vampires.
— Tu as presque l’air d’une Melahelienne tout ce qu’il y a de plus normal, habillée comme ça ! s’exclama Maël d’un air moqueur.
Morgane lui donna une petite tape de réprimande sur le bras et il eut un sourire encore plus enthousiaste.
— Si tu es prête, allons-y, déclara Morgane.