Chapitre 18

Notes de l’auteur : Notes de l’auteur : 07/05/2022: J'ai décidé de réécrire certains aspects de l'histoire et de reposter, en raccourcissant les chapitres sur Plume d'Argent pour que ce soit plus facile à lire pour les lecteurs de PA.
Je serai reconnaissante de tout commentaire, tout avis constructif pour améliorer mon récit.

Merci, et bonne lecture!

 

18

 

J’étais trop choquée pour dire ou faire quoi que ce soit.

L’homme revenu à la vie regarda tout autour. C’était si chaotique que les ogres ne nous avaient pas remarqués.

— Attrapez-les ! Attrapez-les tous ! La Reine Kawtar sera furieuse !

— NON !

— Revenez délicieux petits animaux !

— Pas par-là !!

— Où sont les apéritifs ?!

La quasi-totalité des animaux était à présent dans la forêt, hors de portée, les seuls qui restaient étaient ceux qui étaient blessés ou les rares rattrapés par les ogres. Mais cela voulait dire que l’inconnu et moi étions sur le point de nous faire repérer. Il prit son arc et son carquois dans ses mains et se baissa, dos face à moi.

— Pour te remercier de ton attention tout à l’heure, et parce que ton intervention a été bien amusante, accroche-toi à moi ! ordonna-t-il, m’aidant à monter sur son dos.

Il n’était pas du tout gêné par mon poids lorsqu’il sauta au bas du rocher et courut droit vers la forêt. Un ogre nous poursuivit et manqua de nous attraper mais l’homme tira une flèche qui frappa la main de la créature. L’ogre tomba au sol et mon sauveur sauta par-dessus son bras étendu au sol puis il disparut dans les arbres avant que l’on ne puisse être rattrapés.

Après quelques minutes de course qui ne l’essoufflèrent même pas, il ralentit et s’arrêta enfin, me laissant m’asseoir sur le sol.

Je respirai difficilement, me sentant pâle et tremblante, après tout ce que je venais de vivre. Je n’arrivais pas à croire que j’avais échappé de justesse à être l’apéritif d’un festin d’ogres. Survivre à des orcs et des ogres en moins de vingt-quatre heures était trop.

Après de longues minutes de panique, je me souvins que je n’étais pas toute seule. Je levai les yeux vers l’homme qui m’avait sauvée, et était mort encore quelques minutes plus tôt. Il me fixait. Il était accroupi à quelques mètres de moi, me jaugeant discrètement. Il restait incroyablement silencieux. Ses iris prirent une couleur dorée puis après avoir cligné des yeux, ils étaient de nouveau bleus. Était-ce moi où j’avais aperçu des dents bien plus pointues dépassant de ses lèvres ? Yeux qui changeaient de couleur, canines de prédateur, vitesse et force surhumaines… C’était un vampire.

Après les descriptions sanguinaires de William, j’étais effrayée à l’idée de rencontrer une telle créature, mais je ne m’attendais pas à un être aussi humain.

Et sans m’y attendre… j’étais soudain très calme. Je ne pouvais détacher mon regard de cet être fascinant. Il avait des yeux bleus de glace qui contrastaient avec ses cheveux noirs et sa peau pâle comme la neige. J’étais foudroyée sur place par ses traits. Une telle beauté ne devrait même pas être possible, une créature aussi belle ne pouvait pas marcher sur la même terre que moi, elle ne pouvait pas exister même dans les rêves les plus fous, elle…

Je secouai la tête, mon cœur palpitant. S’il s’agissait d’un vampire et que les mots de William étaient vrais, cette créature se nourrissait de sang humain. Il avait insisté sur le fait qu’ils n’étaient pas dangereux mais comment croire une telle chose quand un simple regard m’avait envoutée et que j’aurais volontiers offert mon cou à cet être ?

— Qui es-tu ? demanda le vampire, fronçant les sourcils.

— Heu… je… suis… bafouillai-je.

Et le semblant de phrase que j’avais tenté se transforma en couinement. Son expression s’assombrit et il se raidit.

— Qui es-tu ? continua-t-il d’une voix insistante.

— Heu… Tu… toi, qui es-tu ? m’exclamai-je pour cacher ma gêne, incapable de prononcer un mot de plus de deux syllabes.

Il se redressa et épousseta sa tenue composée d’un pantalon noir, d’une chemise bouffante couleur crème tâchée de sang séché et des bottes noires qui lui arrivaient sous les genoux. J’aperçus une épée à sa hanche lorsqu’il écarta sa cape noire et épaisse pour remettre son arc et son carquois dans son dos. Il m’observa longuement, puis soupira d’un air déçu.

— Je m’appelle Maël, répondit-il, indifférent à notre conversation.

Cela eut l’effet d’un électrochoc et heureusement pour la bouillie qu’était devenu mon cerveau, ce n’était pas à cause de la beauté hypnotique de cette merveilleuse créature. Ce nom me fit tiquer :

— Maël… heu… le chef des v-vampires ? hésitai-je.

Il me regarda en haussant un sourcil, et cessa tout mouvement. Je peinai à respirer sous ses yeux de glace.

— D’où connais-tu mon nom ? demanda-t-il d’une voix étrange.

Je dégluti et tentai de calmer les battements effrayés de mon cœur.

— William, soufflai-je, totalement terrorisée.

— William ? Où est-il ? Est-il en danger ? continua-t-il.

— C’est… c’est une longue histoire, je sais juste que l’on devait rencontrer Maël et Morgane.

Enfin ! J’avais réussi à faire une phrase complète ! Mais Maël fronça les sourcils et me fixa avec intensité, ce qui fit de nouveau fondre mon cerveau…

— Dans ce cas, allons au clan. On sera plus en sécurité là-bas. Les ogres n’approchent jamais le clan d’aussi près.

— Oh…

Si un vampire me donnait envie de le laisser me dévorer d’un simple regard, un clan entier de vampires allait détruire le peu de neurones qu’il me restait.

— Nous ferions mieux de nous dépêcher avant que ces fichus ogres ne reviennent ! grogna Maël.

Il commença à marcher, j’allais le suivre lorsque ma jambe droite se déroba sous mon poids. Je poussai un petit cri de douleur malgré moi. Maël revint sur ses pas et s’accroupit.

— Tu es blessée ?

— Une flèche, il y a quelques jours… grimaçai-je.

— Puis-je ? s'enquit-il en désignant ma robe.

Je la soulevai jusqu'à la blessure qu'il observa, elle saignait de nouveau. Il posa la main sur ma peau et ferma les yeux. Une lueur blanche émana du dessous de sa paume et lorsqu’il la retira, je n’avais plus mal. Seule une cicatrice blanche se détachait du reste de ma cuisse.

— Tu… bredouillai-je, les yeux exorbités.

— Je t’ai soignée. Dépêchons-nous.

Il m’aida à me relever. Je tentai un pas hésitant et, constatant que je n’avais pas mal du tout, je me mis à courir après lui.

Il marcha en tête et je ne m’attendais pas à entendre la moindre parole jusqu’à ce que l’on soit arrivés à son clan mais bien au contraire, Maël engagea rapidement la conversation. Il se retourna avec un sourire sur le visage.

— Tu connais William depuis longtemps ? demanda-t-il chaleureusement.

— Quelques jours seulement… répondis-je.

Voilà la raison de sa joie : William. Il devait penser que j’étais proche de lui… Le vampire sembla sceptique.

— Il ne fait pas aussi facilement confiance aux gens…

— Oh ! Il ne me fait pas confiance ! Les circonstances nous obligent à voyager ensemble !

Il haussa un sourcil. Il resta silencieux un instant, puis continua :

— Les circonstances… Isolde doit être furieuse de le savoir seul avec une jeune femme… dit-il avec un sourire en coin, son amusement évident.

— Elle… est très gentille… hésitai-je, la vision de la fiancée prête à sacrifier la sœur de William pour le garder en vie revint me hanter.

Le vampire se contenta de hausser les épaules. Il garda les mains dans les poches et le regard fixé devant lui.

— Lorsqu’il est question d’amour, la douceur et la jalousie sont deux faces d’une même pièce. Isolde est bien trop amoureuse de William pour leur bien à tous les deux… ajouta-t-il, sourcils froncés et voix tendue.

J’aurais sans doute dû dire quelque chose, mais c’étaient les mêmes pensées que j’avais eu avant notre départ. Le fait qu’un vampire qui connaissait bien mieux que moi les deux jeunes gens le dise également ne faisait que confirmer mon mauvais pressentiment.

— Pas mal le coup d’envoyer les ogres après les Agramiens ! Même si cela se serait retourné contre toi malgré tout ! s’exclama-t-il soudainement, me lançant un grand sourire malicieux.

— Ah… J’ai eu de la chance… murmurai-je, rougissant d’embarras.

— Pour quelqu’un qui ne connaît pas la forêt, c’est même un miracle ! J’étais sur le point de cesser mon acte du mort quand j’ai entendu ta voix ! Au début, j’ai cru que tu allais mourir écrasée, vraiment… admit-il, trop honnête pour que cela ne soit pas dérangeant. Mais ensuite, ah ! C’était tellement difficile de ne pas rire quand tu as réussi à embobiner ces gros tas de graisse !

Il rigola gaiement. Le son résonna dans les arbres qui, je le remarquai maintenant, étaient moins proches les uns des autres.

— D’un autre côté, ils aiment tellement écraser tout sur leur passage que cela doit être facile de les mener à la bagarre ! En revanche, je doute qu’ils tiennent parole et évitent de dévorer les Agramiens ou les Melaheliens…

Je déglutis. Soit il ne remarquait pas mon angoisse, soit il l’ignorait complètement. Vu à quel point il était insouciant, je miserai sur la première option…

— Ils prétendent que les Agramiens ont un goût exotique. Je paris pourtant que nous, vampires, avons un bien meilleur goût ! Mais ces ogres n’ont aucun goût ! Est-ce que tu as remarqué leurs vêtements ? Et leur hygiène !

Je ne savais vraiment pas comment réagir. Non seulement cette créature assoiffée de sang humain et dangereuse était bavarde, mais il était la personne la plus nonchalante que j’avais rencontrée depuis mon arrivée à Dareia. Myrddin était déjà spécial dans son genre, mais ce vampire gagnait toutes les récompenses dans le genre inattendu… Il était à peu près aussi dangereux qu’un lapin blanc.

— Ah, d’ailleurs, je ne t’ai jamais vue dans les environs d’Azraald, commença-t-il.

Je ralentis mais il continua, ignorant ma gêne :

— D’où viens-tu exactement ? Banderve, Gharmen ?

Il s’arrêta et se tourna vers moi. Malgré le sourire inoffensif qu’il affichait, son regard bleu inquisiteur était d’un froid calculateur.

Je m’immobilisai, le souffle coupé par ce changement soudain.

— Où as-tu passé toutes ces années ? s’enquit-il, sa voix tombant à un ton plus grave.

Je déglutis, et baissai le regard vers le sol. Bien plus dangereux qu’un lapin. J’étais une proie et il était un prédateur prêt à m’arracher la gorge.

— Ah… dit-il après un long silence angoissant, de retour à son innocente apparence. On est presque arrivé.

— Tu… tu n’as pas l’air très heureux… remarquai-je, essayant de contrôler les battements paniqués de mon cœur.

— Je suis très content de m’être débarrassé de ces sales ogres puants… commença-t-il.

Je m’étais débarrassée des ogres, il s’était contenté de rigoler dans son enclot.

— Mais je sais que je vais me faire disputer… maugréa-t-il d’un air penaud, un petit sourire sur les lèvres.

Je ne pus m’empêcher de le fixer, incrédule. J’avais dû rêver le regard de glace plus tôt. Ce n’était même pas un lapin, mais une sourie…

Mes yeux s’agrandirent. On arriva dans une clairière entourée de hauts arbres dans lesquels se trouvaient des maisons reliées entre elles par des ponts de cordes et des échelles. Des terrasses et des plateformes aidaient l’agencement des maisons suspendues.

Quelques vampires sortirent et nous observèrent, leur attention était complètement focalisée sur moi.

Je me retournai en entendant un couinement étouffé. Une jeune femme aux cheveux bruns avait sauté sur Maël, le plaquant au sol. Elle avait passé la corde d’un arc autour de son cou, tirant en arrière d’un air vicieux.

— Maël…! siffla-t-elle, ses yeux flamboyant de colère bien qu’il affichait un sourire idiot sur le visage.

— Tu m’as manqué aussi…! glapit-il d’une voix étranglée.

— Ne commence pas ! Tu as disparu pendant quatre jours ! Quatre jours !! s’exclama-t-elle, relâchant légèrement la pression de la corde, sans pour autant le laisser partir. Je me suis fait un sang d’encre !

— Un sang d’encre… joli jeu de mots… remarqua-t-il d’un air enjoué.

— Et tu as osé m’abandonner seule pour gérer tout le monde alors que Melahel et Agram sont sur le point de s’entre détruire ! Est-ce que tu as idée de l’angoisse que cela a été de te savoir perdu dans les bois pendant quatre jours ?!

— Je n’étais pas perdu…! gémit-il avec une grimace infantile.

— Où étais-tu passé de toute façon ?! hurla-t-elle, tirant jusqu’à ce que le vampire couine de douleur, mais il avait l’air de s’amuser de la situation.

— En reconnaissance !

— En reconnaissance ?! Je ne t’ai pas envoyé en reconnaissance !

— Je me suis envoyé tout seul !

— Dis plutôt que tu en avais marre des discussions de guerre et tu t’es perdu en essayant de t’échapper !

— Je n’ai pas voulu m’échapper ! Seulement prendre un bol d’air frais ! Ce n’est pas ma faute si les ogres étaient en train de tourner autour de notre territoire en même temps ! bafouilla-t-il, clignant des yeux innocemment, mais il avait une lueur malicieuse dans le regard.

La vampire le remarqua également et j’étais quasiment sûre que si elle ne l’avait pas déjà immobilisé au sol avec un arc pour le décapiter, elle l’aurait giflé.

— Je le savais ! Tu t’es perdu et tu t’es retrouvé chez les ogres ! s’écria-t-elle, sa furie de retour. Combien de fois vais-je devoir…

Quelqu’un toussota et la jeune femme leva son regard vers une troisième personne que je n’avais pas remarquée. Une autre vampire, aux cheveux roux, soupira avant de donner un petit coup de tête dans ma direction. Suivant son regard, la brune me remarqua enfin, ses yeux bruns s’agrandirent de surprise avant de se teinter d’un or liquide. Presque violemment, et si rapidement que je n’eus pas eu le temps de le voir, elle s’était relevée et avait traversé l’espace qui nous séparait. Elle leva la main vers mon visage, hésitant à le toucher.

Je frissonnai, terrorisée. Cette vitesse était impossible. Si elle voulait boire mon sang, elle aurait déjà eu le temps de m’abattre des dizaines de fois.

Ses lèvres tremblèrent, comme pour dire quelque chose, mais Maël se redressa, s’extirpant de l’arc.

— Morgane, un peu de tenue, voyons, dit-il d’un air amusé.

Elle se ressaisit et secoua la tête, ses yeux retournèrent à la couleur brune qu’ils avaient auparavant. Elle m’observa, en penchant la tête curieusement, et je fis un pas en arrière, perturbée par son changement de comportement si soudain. Je ne me sentais pas en sécurité, au milieu de tous ces prédateurs qui pouvaient me vider de mon sang à chaque instant.

Morgane, c’était le nom que William avait mentionné. Celle qui avait mené la seconde génération de vampires dans une guerre contre la première génération qui avait apporté une telle calamité à Erydd.

Elle portait une robe bordeaux ouverte sur les côtés jusqu’en haut des cuisses. Elle avait un épais collant marron et des bottes qui montaient jusqu’à hauteur des genoux, avec un petit talon qui la rendait un peu plus grande. Elle faisait ma taille et était prisonnière dans un corps d’adolescente. Elle avait des cheveux blond cendré qui lui arrivaient au bas du dos et de grands yeux marron, brillant de curiosité.

— Tu es la Morgane dont William m’a parlée… tu l’as aidée quand il était petit… murmurai-je, ma voix trahit malgré moi ma frayeur.

Elle se tourna doucement vers moi, comme étonnée que ce soit ce dont je me souvienne, plutôt que celle qui avait mené une guerre contre les vampires originaux… Avec un sourire chaleureux, elle fit une révérence discrète :

— Je suis honorée de faire ta connaissance, dit-elle enfin.

— Hm… J-je m’appelle Prudence… hésitai-je.

— Je m’excuse pour le manque d’accueil digne de ce nom, mais cet imbécile se fourre toujours dans des situations improbables… soupira-t-elle.

Maël n’était pas le moins du monde gêné. Il en avait même l’air fier.

La troisième vampire, celle qui avait amené l’attention de Morgane sur moi, ne cessait de me fixer sans cligner des yeux. Elle m’observait comme si elle cherchait à savoir quel goût avait mon sang et comment m’attaquer sans que je ne m’en rende compte.

— On ferait mieux d’aller à l’intérieur pour en parler, intervint Maël, s’étirant comme un chat.

Il lança un regard rapide aux quelques vampires en cercle autour de nous puis il reporta ses prunelles vers Morgane qui hocha la tête en signe d’acquiescement. Elle commença à marcher aux côtés de Maël et je les suivis, gênée. Ils montèrent une échelle en bois qui menait à une maison suspendue. Je restai en bas à les observer, sans savoir si je pouvais les suivre… Je me mis à gigoter sur place, mal à l’aise. Je jetai un regard derrière moi, les vampires étaient de plus en plus nombreux, me fixant en silence. Une fois arrivée en haut, Morgane m’interpella :

— Qu’est-ce que tu attends ? Monte ! On ne va pas te manger !

C’était justement ce que je craignais… Mais je ne dis rien. Je me contentai de monter l’échelle et une fois en haut, je suivis Morgane dans la maison suspendue. Maël était déjà assis dans le fauteuil, baillant d’un air las.

— Assis-toi, dit gentiment Morgane.

Sentant mon regard sur elle, elle se tourna vers moi. Elle me fixa en retour, puis sourit calmement :

— Tu as peur ?

— Heu…

— William avait aussi peur que toi. Mais il n’avait que dix ans. Donc c’est compréhensible.

— Tu es en train de dire que je suis une enfant pour avoir peur de créatures qui se nourrissent de sang ?

Elle haussa un sourcil en me scrutant.

— Tu as raison d'avoir peur, nous sommes des créatures dangereuses. Mais nous ne posons aucune menace contre les mortels, encore moins contre toi.

— Les créatures que m’a décrites William sont des monstres plus terrifiants que les orcs...

— Alors , c’est blessant, fit Maël en fronçant les sourcils.

Il se redressa dans son fauteuil et me scruta de ses yeux bleus de glace. Je frissonnai. Des mèches de cheveux noirs tombèrent sur ses yeux. C’était un contraste si intense que cela me fit l’effet d’une douche froide.

— Alors, d’où viens-tu ? Tu ne m’as toujours pas répondu, s’enquit-il.

— Vous ne connaissez pas de toute façon… soupirai-je après une hésitation, détournant le visage.

Morgane me prit par le bras. Je sursautai, m’attendant à la voir me déchiqueter en morceaux et boire mon sang. Elle dut le deviner car elle se mit à rigoler. Un rire cristallin, et triste. J’avais l’impression que tous les soucis du monde pouvaient trouver une solution grâce à la franchise de son regard. C’était un tel contraste avec sa peau glaciale, même à travers la manche de ma robe. Ce n’était pas naturel.

La disparition de William me revint en tête et, de nouveau, je m’assombris. Morgane le perçut car elle cessa de rire et m’observa longuement.

— Calme-toi. Nous te jurons que nous ne te ferons aucun mal… Tu peux nous faire confiance, et puis je suppose que c’est toi qui as aidé cet empoté de Maël !

Tout ce que je pensais croire de mon monde et de la magie se révélait être faux, tous mes repères avaient disparu et depuis plusieurs jours, ma vie était constamment chamboulée.

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