Un silence de plomb régnait sur le village. Ainsi, la prophétie était donc vraie...Puis, d'un coup, sans prévenir et brisant le silence jusqu'ici pesant, le petit groupe d'aventuriers se retrouva submergé. Tous et toutes se précipitaient vers les nouveaux venus. Les questions fusaient de toutes part. Comment allaient les choses au dehors ? Avaient-ils trouvé l'Ombre d'Orage ? Des moyens étaient-ils mis en place pour faire tomber la barrière d'Oilossë ?
Mais alors que les aventuriers peinaient à répondre voire comprendre les questions qu'on leur posait, une puissante voix s'éleva par-dessus les autres :
- Silence ! Tonna Falathar., Laissez-les donc respirer bon sang !
La foule s'écarta soudainement et le silence regagna les villageois. Les aventuriers soupirèrent de soulagement et se tournèrent vers les six :
- Merci à vous messire. S'exclama l'humain en s'inclinant vers Falathar. Je tiens à m'excuser du dérangement que mes compagnons et moi vous avons causé en cette magnifique matinée.
- Voyons votre altesse, relevez-vous. Lui ordonna Falathar. Un prince comme vous n'a nul besoin de s'incliner face à un soldat comme moi.
- Comment... ? S’interloqua le prince
- Je reconnais ces armoiries sur votre épée. Vous êtes de la famille des Darius. J'ai combattu au côté de Gregory Darius.
- C'était mon arrière arrière grand père. Sourit, l'humain. Je suis Ethan Darius. Fils de James Darius et Sillia de Zëdith.
- Bienvenue à vous votre Altesse. S'inclina Milglia. Dites-moi qu'est-ce qui vous amène donc dans notre modeste village ?
- Et bien...Je vous avoue que nous sommes un peu perdus...S'excusa le Prince. A vrai dire, ni moi ni aucun de mes compagnons savons exactement où nous sommes à l'heure actuelle. Aux vues de la neige, j'imagine que nous sommes descendus bien plus au sud que prévu...Je n'avais d'ailleurs jamais vu d'elfes comme vous auparavant...Donc on a vraiment dû aller trop loin...
- La faute à qui ? Bougonna le nain.
- Hey ! Je vous ai déjà dis que votre carte était cent fois trop grande pour moi ! Protesta la fée de sa voix fluette.
A cette annonce, les derniers chuchotements se turent définitivement. Folliera et Deliarra se levèrent, un petit air sceptique peint sur le visage :
- Vous ne savez vraiment pas où vous vous trouvez ? Demanda Deliarra en première.
- Ni qui nous sommes ? Continua Folliera
- Et bien à vrai dire...Bredouilla Ethan. Non...Je n'étais pas très bon en géographie durant mon enfance... s'excusa le prince rouge de honte et se maudissant intérieurement d'avoir fait l'école buissonnière à chaque fois que son précepteur se présentait au château.
- Moi tout c'que j'sais c'est qu'on est chez des elfes. Ronchonna le nain.
- Sire Ferlonn...Le prévint le prince d'un air menaçant.
Le nain se tut en grommelant. La fée pouffa discrètement et se posa sur l'épaule du prince avant de se tourner vers Lulla. Elle plissa légèrement les yeux et étouffa un cri de surprise :
- Non...C'est impossible...Vous êtes...Vous êtes...
- Bonjour Maya. Répondit tendrement la guérisseuse. C'est bien moi. A ce que je vois, la mémoire des fées est toujours aussi bonne. Je suis heureuse de te revoir et en bonne santé qui plus est.
- Mais alors... Nous sommes...
- C'est exact. Acquiesça Lulla. Bienvenue dans mon village natal Maya. Bienvenue à Oilossë.
A cette annonce, Ethan et Ferlonn ne purent s'empêcher de laisser tomber leurs mâchoires d'étonnement. Oilossë ? Avaient-ils bien entendu ? Impossible ! Il était donc à l’extrême ouest de Taïdo et qui plus est dans le village le plus célèbre de tout le continent !
- Mais... Si nous sommes à Oilossë...Réfléchit le prince à voix haute. Cela signifie que nous étions censés rencontrer la barrière non ?
- C'est bel et bien là qu'est le mystère de votre présence ici. Commenta Galbar. J'ai moi même essayé plus d'une centaine de fois de percer cette barrière mais l'énergie qui y circule est d'origine divine. Ce qui signifie que selon les lois élémentaires de la magie, seul la mort ou la volonté des dieux pourraient lever cette malédiction. Expliqua-t-il d'un air à la fois curieux et pensif.
Sire Ferlonn, toujours choqué de la nouvelle bégayait sans pouvoir s'arrêter :
- Oilossë...Glace...Barrière...Pas Possible...
Sous le choc, le jeune fée prénommée Maya s'était également tue...
Une voix cristalline brisa soudain le semi-silence :
- Mes excuses grand sages. Puis-je solliciter la parole ?
L'attention se reporta sur Elerinna, toujours au centre de la place, en tenue cérémoniale.
- Tu peux. Lui accorda Milglia.
- Sans vouloir êtres indiscrète chers aventuriers, quel était l'objet de votre périple ? Peut-être pourrions-nous vous aider à retrouver votre chemin...
- Excellente idée. Approuva le nain. J'en peu plus d'voir autant d'elfes moi !
- Sire Ferlonn ! Pour la dernière fois... ! Menaça le prince. Ne me forcez pas à vous bâillonner comme lors de notre passage à Herlaar ! Veuillez excuser mon compagnon de voyage gente dame. Il ne pense pas réellement ce qu'il dit ! S'excusa-t-il ensuite envers Elerinna.
- Je vois que nous vous avons dérangée dans votre intronisation au sein du cercle des guérisseuse. Remarqua la fée. Veuillez accepter nos plus sincère excuses ma chère. Cela n'était point dans nos intentions.
Elerinna, sous tant d'attentions, rougit légèrement et rassura les nouveaux venus : elle ne tenait rigueur à personne pour ce qu'il se passait. Elle réitéra sa question mais la réponse que lui apporta Ethan plongea le village dans un choc encore plus grand :
- En tant qu'élus des dieux, nous sommes à la recherche de l'artefact perdu de la prophétie.
Cette fois ci, c'est Falathar qui bégaya de choc :
- Élus des dieux ? Artefact perdu ? Mais... Mais...
- C'est la vérité. Affirma Maya en s'avançant. Regardez... Fit-elle en tendant son poignet en direction de Lulla.
La matriarche des guérisseuses s'approcha et saisit délicatement le frêle poignet de la fée entre son pouce et son index. Elle l'observa longuement avant d'y découvrir une petite marque en forme d'étoile qui luisait de légers reflets dorés.
- Nous avons tous la même. Le devin qui a prononcé la prophétie lui même l'a reconnue... Expliqua la fée d'un air extrêmement sérieux.
Ferlonn et Ethan approuvèrent ses dires en hochant la tête et en découvrant leurs propres marques. Celle d'Ethan se trouvait sur sa hanche gauche et celle de Ferlonn au milieu de son front.
Mais alors que Lulla observait la marque de Maya et que le reste des anciens discutaient de la marche à suivre, Elerinna s'était approchée d'Ethan et observait la marque en question. Elle lui semblait vaguement familière... Où l'avait-elle donc déjà vue ? Soudain, elle se souvint...Elle avait la même ! Dans la nuque...Elle l'avait entraperçue lors de ses onze ans dans le miroir de sa coiffeuse ! Mais alors... Cela signifiait-il qu'elle était une élue elle aussi ? Serait-ce pour cela qu'elle était capable de traverser la barrière ?
Soudain, alors qu'Elerinna s'enfonçait de plus en plus dans ses questions, une voix s'éleva dans la foule :
- Grand sages, je sollicite la parole.
- Maman ? S'étonna Elerinna
- Tu peux parler Tillyne. Accorda Deliarra
- Nous savons tous que la prophétie dit que les élus sont au nombre de quatre. Or je sais qui est le quatrième élu. C'est ma fille. C'est Elerinna. J'ai vu la marque dans sa nuque. Je sais que depuis qu'elle est enfant elle peut traverser la barrière !
- Que dis-tu ? Tonna Falathar, abasourdi. Tu savais et tu n'as rien dit ? Depuis le temps que ta fille aurait pu nous aider à renouer avec le monde extérieur ! Et toi ! Toi tu voudrais que maintenant elle s'en aille en nous laissant plus seuls que jamais ! Fulmina-t-il. Je devrais te faire enfermer pour haute trahison Tillyne !
- Falathar assez ! L'interrompit Milglia. Je suis certaine que Tillyne avait une bonne raison de nous le cacher. N'est-ce pas ? Termina-t-elle en se tournant vers la concernée.
- Je voulais simplement la protéger ! Ce n'était qu'une enfant et je ne souhaitais pas qu'elle soit utilisée comme un vulgaire objet où même pire qu'elle devienne arrogante parce qu’elle était née différente. Je voulais l'éduquer dans les valeurs de notre village en lui donnant le choix et la possibilité d'une enfance normale. Se défendit Tillyne, les larmes aux yeux.
- Maman...Tu savais ? Demanda Elerinna la voix tremblante.
- Bien sûr ma puce...Pourquoi je ne te trouvais jamais alors que le village est si petit ? Et cette marque tu l'as depuis ta naissance. Je la couvrais simplement avec une fine couche d'argile lorsque tu dormais...Je suis désolée ma chérie. Je savais que tu étais spéciale mais je ne voulais pas que l'on puisse profiter de toi ou de ton don... sanglota sa mère.
Elerinna prit sa mère dans ses bras et l'enlaça de toutes ses forces. Quelques larmes coulèrent sur ses joues bleutées.
- Tillyne nous comprenons tes motivations. Nous te pardonnons et décidons de suivre ton exemple : ainsi, Elerinna aura le choix. Elle pourra partir avec les aventuriers si tel est son désir mais elle pourra également choisir de servir son village en tant que première messagère vers l'extérieur. Énonça Milglia d'une voix forte.
- Elerinna. Continua Folliera. Le choix t'appartient. C'est à toi de décider et à personne d'autre. Ne laisse personne t'influencer ou faire pression sur ta personne. Fais uniquement ce qui te semble juste.
- Mais je...Je...paniqua Elerinna.
- Inutile de nous donner ta réponse maintenant mon enfant. La rassura Lulla Prend le temps qu'il te faudra pour réfléchir. En attendant...Fit-elle en se tournant vers les aventuriers, Vous êtes nos invités. Nos guérisseuses et nos prêtresses vont vous trouver une maison où vous pourrez vous installer ainsi que des vêtements chauds.
- Nous vous remercions grands sages ! S'inclina Ethan. Nous vous sommes très reconnaissants.
Une colonne d'elfe se détacha de la foule et s'avança vers les voyageurs afin de les guider vers leur nouveau lieu de résidence temporaire. Pendant ce temps là, Elerinna raccompagna sa mère chez elles et lui fit une petite tisane avant de la mettre au lit. Épuisée par tant d'émotions, cette dernière ne tarda pas à s'endormir.
Profitant de son état léthargique, Elerinna s'échappa discrètement vers la forêt par la porte de derrière. Comme lorsqu'elle était petite, elle se mit à courir de toute ses forces vers la rivière gelée.
Malheureusement, cette fois ci, ce n'étais pas un rire léger et insouciant qu'elle arborait mais quelques larmes cristallines. A bout de souffle et ralentie par tout son attirail cérémonial, l'elfe s'arrêta.
Elle était perdue. Que devait-elle faire ? Rester fidèle à son village ? Partir à l'aventure ? D'un côté, elle avait la possibilité d'aider tous les Oilossien et de l'autre, peut être des milliers...non ! Des milliards de vies...Elle aimait profondément son village et tous ceux qui s'y trouvaient mais de l'autre côté de la barrière l'attendait tout un monde qu'elle rêvait de connaître depuis sa plus tendre enfance. Que décider ? Que faire ?
Tu commences ton chapitre en parlant du silence de plomb, mais tu parles aussi des questions qui fusent dans tous les sens, je ne vois pas trop comment ces deux informations peuvent coexister --'