Chapitre 2

Quand Léa se réveille le lendemain matin, elle a mal à la tête et ne peut presque plus bouger tellement elle est faible. Elle décide de rester au lit. A treize heures, quelqu’un sonne à la porte, mais elle ne peut pas aller ouvrir. Quelques secondes plus tard on toque à la porte de sa chambre et Léa s'effraye. La porte s’ouvre et, à sa grande surprise, elle voit Marine apparaître.
— Coucou Léa ! C’était ouvert alors je suis entrée…
— Marine ! Je suis contente de te voir. Mince j’ai oublié de fermer la porte d’entrée hier soir…
Marine s’assied sur le bord du lit. Elle a deux enveloppes dans la main.
— Il y avait ça dans ta boîte-aux-lettres.
— Merci, dit Léa en prenant les lettres.
— Tu veux que je te prépare à manger ?
— Non merci, c’est gentil mais je n’ai pas faim.
Léa ouvre la première enveloppe. Au bas de la lettre elle voit la signature de Mathilde, sa cousine. Elle lui raconte sa vie et prend de ses nouvelles, pour la deuxième fois depuis novembre. Pendant que Léa lit sa lettre, Marine lit le résumé du livre qui traine sur la table-de-nuit. La deuxième enveloppe est une jolie enveloppe orange. Le nom de l’expéditeur n’est pas indiqué et il n’y a pas de signature au bas de la lettre. Une personne anonyme a, avec une écriture griffonnée, écrit ces quelques lignes.

Léa,
Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus, je ne sais pas ce que tu deviens. Je sais seulement que tu es malade et que tu dois rester chez toi. Je te souhaite d’aller mieux et d’être vite rétablie. J’ai hâte de te revoir, je ne sais pas quand ce sera mais j’attends ce jour avec impatience.

Léa reste perplexe devant cette lettre. Qui peut bien lui écrire cela ?
— Marine, lis-ça.
Marine lève les yeux de son livre et prend la lettre. A la fin de sa lecture elle regarde Léa avec des yeux tout ronds.
— Qui a écrit cette lettre ?
— Je ne sais pas, elle n’est pas signée. C’est sûrement quelqu’un du lycée. Tu n’es au courant de rien ?
— Je t’assure que non.
Les deux amies restent intriguées par cette étrange lettre, mais finissent par passer à autre chose. A seize heures, Marine rentre chez elle. Dehors la neige fond peu à peu, et le ciel s’assombrit. Léa pense à ses parents. Elle n’est pas toujours une adolescente adorable avec eux, mais maintenant qu’ils ne sont plus là elle se rend compte que la vie sans eux est difficile. Mais elle se console vite, dans quelques jours ils seront là, bientôt elle les reverra. Léa prend ses écouteurs et écoute de la musique. Elle ferme les yeux. La pluie se met à tomber, les gouttes font du bruit sur les carreaux. Elle les ignore, elle n’entend pas. Quand la pluie s’arrêtera, elle se lèvera de son lit. Elle ira manger quelque chose. Elle s’occupera des animaux. Mais pour l’instant, il pleut.

Deux jours ont passé. Léa va mieux, mais la neige la fait déprimer. Elle déteste quand l’hiver est trop long. Elle n’a aucune envie de mettre un pied dehors, mais elle va tout de même chercher son courrier. Aujourd’hui il n’y a qu’une seule lettre. Ses parents ne lui ont pas écrit depuis trois jours.

Coucou chère Léa,
Cette lettre est la première que je t’écris. Je n’écris pas souvent de lettres, mais puisque c’est le seul moyen pour te parler, je vais devoir m’y habituer. Je voulais te dire que je suis très heureux d’avoir fait ta connaissance l’autre jour. On n’a pas eu le temps de discuter très longtemps mais tu as l’air d’être une fille plutôt cool. Tes parents sont-ils rentrés ? Si non, j’espère que tu ne t’ennuies pas trop. J’aimerais bien venir te voir, mais j’habite loin alors c’est compliqué. Normalement je viendrai chez mes grands-parents aux vacances de Pâques. Je passerai te dire bonjour, c’est promis. A mon avis on aura plein de choses à se raconter, même si pour l’instant on ne se connait pas encore très bien. J’espère que tu veux bien qu’on fasse plus ample connaissance, en toute amitié.
Quentin

Cette lettre lui remonte le moral. D’un seul coup elle oublie qu’il neige dehors, que l’hiver est long, que ses parents lui manquent et qu’elle est malade. Elle ne connait pas vraiment Quentin, mais elle sent qu’ils vont bien s’entendre s’ils continuent à se parler. Elle regarde l’horloge, il est presque quatorze heures. Elle prend un stylo, une feuille de papier et se met à écrire.

Bonjour Quentin,
Je viens de recevoir ta lettre, c’est très gentil d’avoir pensé à moi. C’est vrai que je commence à me sentir seule ici. Mais mes animaux me tiennent compagnie et mes parents seront rentrés dans quelques jours si tout va bien. Moi aussi je suis heureuse d’avoir fait ta connaissance, et d’avoir enfin quelqu’un à qui parler. Si j’ai bien compris, tu habites à Paris. Tu as de la chance, je suis allée une fois dans cette ville et je la trouve magnifique. Je ne sais pas quand j’aurai l’occasion d’y retourner à nouveau, mais en tout cas ça me plairait beaucoup. Je serais contente si tu venais en avril, je pense moi aussi qu’on aurait plein de choses à se dire. Pour l’instant je passe mes journées à ne rien faire, à part lire et regarder un peu la télé. Je reste enfermée chez moi et je ne sors pas souvent, car il fait tellement froid dehors que je risquerais d’être encore plus malade que je ne le suis. Enfin bref, ce n’est pas génial comme vie. Heureusement mes amis viennent régulièrement me voir, et je reçois pas mal de lettres de ma famille. Et toi, tu ne m’as pas parlé de ta famille à toi. As-tu des frères et soeurs ? Des animaux ? Parle-moi de ta vie, je suis sure que tu as des choses intéressantes à me dire. Et puis je m’ennuie tellement que tout m’intéresse, alors profites-en pour me raconter tout ce que tu veux.
A bientôt j’espère,
Léa

Maintenant que sa lettre est écrite, il faut qu’elle l’envoie. Et ce n’est pas si simple, car elle ne peut pas vraiment aller à la poste. Elle regarde par la fenêtre. De gros flocons tombent dehors. Le thermomètre indique qu’il fait moins quatre degrés. C’est impossible, elle ne peut pas sortir aujourd’hui. Elle soupire et pose la lettre sur la table basse. Tant pis, elle la postera plus tard. Elle est fatiguée, elle a mal à la tête. Elle va dans sa chambre et se couche dans son lit. Aujourd’hui c’est lundi. Ses amis ne lui rendront pas visite jusqu’au week-end.