Un sursaut d’adrénaline lui fit rouvrir les yeux. Un toussotement comprima son torse. Le félin était tapi dans l’herbe à quelques pas d’eux seulement. Il attendait patiemment et tranquillement qu’ils perdent connaissance pour pouvoir commencer son festin et les dévorer. Ses babines ruisselaient d’ores et déjà de bave.
Le souffle rauque d’Axel souleva sa poitrine.
Le félin approcha et sa gueule s’ouvrit dans toute sa largeur.
Ce fut à cet instant que le jeune homme sentit un frisson le parcourir. Son corps n’était plus qu’un amas de chair sur un ensemble d’os disloqués que le félin allait se faire un plaisir de ronger. Pourtant, il lui restait quelque chose en réserve au fond de lui, quelque chose qu’il n’avait encore jamais été présent dans son organisme, et qui coulait pourtant dans ses veines avec la même fluidité que son sang dans ses artères.
La mâchoire de la bête claqua, véritable promesse de mort. Axel écouta la seule chose qu’il lui restait, son instinct de survie. Un vrombissement similaire à celui d’une prise électrique défectueuse. Déchira l’atmosphère. Des éclairs bleus jaillirent de ses doigts et cliquetèrent en frappant le félin. La bête poussa un cri déchirant. Un court instant plus tard, les éclairs disparurent et Axel, épuisé, perdit connaissance. Mais pas avant d’avoir vu la bête s’éloigner, et pas avant d’avoir vu une silhouette familière s’approcher de lui. Il avait à peine assez de force pour parvenir à continuer à penser de manière logique. Il ne porterait pas de costumes de sitôt. Il ne saurait pas quel goût les crustacés les plus chers du monde avaient, ni quelle saveur les œufs d’esturgeons pouvaient bien expliquer leur prix exorbitant. C’était les seules certitudes qu’il avait.