Chapitre 2

Par EmmaLy

Théo

 

Je m’étirai comme un chat tandis que le soleil me caressait le visage. Il ne devait pas être plus de six heures et l’atmosphère était déjà quasi étouffante dans mon minuscule studio. Mon regard encore ensommeillé se posa sur mon sac à dos et je me redressai d’un bond. Enfin ! J’avais bien cru que la date fatidique n’arriverait jamais ! J’allais quitter la moiteur et la chaleur parisienne pour le grand air et les grands espaces. Le train était à midi, j’avais bien le temps de trainer encore un peu. Mais contrairement à ce que je me plaisais à croire pendant l’année, paresser au lit n’était pas si agréable que ça. Pas en ce moment en tout cas.

              Même si j’avais dormi la fenêtre ouverte, le drap et le duvet étaient trempés de sueur. Charmant. Je n’allais pas avoir le choix de les transporter en l’état. Je vérifiai rapidement les derniers détails. Ce n’était pas très long, étant donné que je n’avais pas beaucoup de place dans mon 9m². Mais tout était propre et rangé, idéal pour accueillir les touristes qui allaient occuper le logement en mon absence. Lucas passerait leur donner les clés et faire un brin de ménage entre chaque locataire. Je lui payais suffisamment de fast-food pendant l’année pour que mon meilleur pote me rende ce petit service.

              Ce que je faisais était parfaitement interdit, mais j’étais loin d’être le seul. La galère pour se loger était telle à Paris qu’il était hors de question de lâcher son appart l’été. Même quand on avait la possibilité d’avoir plusieurs mois de vacances. Et quant à payer le loyer sans y être, ce n’étaient pas les maigres aides de l’état qui allaient me le permettre. Mes tarifs étaient bien en dessous des prix du marché mais me permettaient de ne pas finir dans le rouge à la fin de l’été.

              La plupart des étudiants utilisaient leurs longs mois de vacances pour mettre des sous de côté, et même si j’essayais, ce n’était pas évident. Je travaillais au début de l’été. Mais ce n’était pas suffisant pour payer un an de vie parisienne et un été de détente. Et encore, là où je partais, j’étais logé et nourri.

C’était le moment que j’attendais toute l’année. J’avais découvert l’éco-volontariat à la sortie du lycée, et c’était rapidement devenu ma bulle d’air. Cela faisait plusieurs étés que j’avais rejoint l’association. Je connaissais par cœur toutes leurs actions, et pour cause j’avais déjà été bénévole sur la plupart d’entre elles. Élève assez moyen à la fac, je connaissais sur le bout des doigts les animaux que nous devions protéger, grâce à la formation mise à disposition par l’association.

Ours, lynx, loup… pour mener des opérations de sensibilisation j’avais parcouru presque toutes les montagnes et les forêts de France. Jura, Vosges, Alpes, Pyrénées. Au milieu de la vacuité de ma vie d’étudiant, de l’inutilité crasse de mes petits boulots purement alimentaires, enfin, pendant quelques semaines je servais à quelque chose. Je faisais ma part.

Lorsque j’étais enfant, ma mère me racontait souvent cette histoire. La forêt brûle. Les animaux s’enfuient. Seul un tout petit oiseau, un colibri reste. Avec son minuscule bec, il transporte de toutes petites gouttes d’eau jusqu’au feu. Bien sûr ça ne sert à rien. Les animaux qu’il croise lui crient de fuir, lui disent qu’il n’arrivera jamais à éteindre l’incendie. Il secoue la tête et répond de sa petite voix chantante qu’il fait sa part.

Il n’y a jamais eu de fin à cette histoire. Si l’on veut être réaliste, on peut penser que le colibri a sans doute fini en mini poulet grillé. Je préfère penser qu’ému par les efforts qu’il faisait, les autres animaux cessèrent de fuir et décidèrent de faire leur part eux aussi, ce qui leur permit de sauver la forêt. J’aurai voulu croire que cette fin était la bonne. Mais on ne peut jamais savoir la fin à l’avance. Et j’y croyais de moins en moins.

Ce que je savais, c’était qu’enfin pendant quelques semaines je pourrais y croire de nouveau. Il n’y avait rien de plus beau et de plus essentiel que de travailler à la cohabitation de l’Homme avec la nature, cohabitation qui avait si longtemps était négligée et bafouée. C’était la première année que j’allais travailler sur la problématique des loups.

Je récupérai les fiches bristol dans la poche avant de mon sac à dos et esquissai un sourire. Et dire que j’étais infoutu de faire des fiches pour mes partiels. À quoi ça tenait la motivation, hein ? J’avais spécialement révisé la formation sur le loup, je voulais tout savoir, la biologie de l’espèce, les enjeux, les arguments des deux camps, ceux qui se réjouissaient du retour des loups, et… les autres. Après tout pour répondre aux inquiétudes des gens, il fallait bien les connaître.

J’espérai être à la hauteur de ma mission. C’était une des actions les plus demandées de l’association. C’était pour cette raison que je n’avais encore jamais eu l’occasion de participer. Le sujet étant à la fois plus tendu et plus sensible, il n’était pas rare que seuls d’éminents chercheurs en écologie lassés des lenteurs de l’administration viennent faire le travail eux-mêmes.

Mais pour une fois, la chance m’avait souri. L’un des volontaires s’était désisté seulement une semaine auparavant. Comme il n’y avait pas de système de liste d’attente, on m’avait appelé pour remplacer au pied levé le lâcheur. La coordinatrice en chef avait tout de suite pensé à moi, elle savait que je mourais d’envie de découvrir cette action que je connaissais déjà sur le bout des doigts avant même de l’avoir faite.

Quelques heures plus tard, tandis que le train filait à vive allure dans les plaines, je souriais toujours béatement à mon reflet qui se superposait aux paysages estivaux qui s’imposaient kilomètre après kilomètre. A Paris, l’été était surtout synonyme pour moi de nuits trop humides, de saleté, de poussière et de cette atmosphère étouffante que les touristes semblaient inexplicablement apprécier. Dès que l’on s’éloignait de la grisaille opaque de la capitale, l’été était beau.

L’herbe verte, un peu jaunie par endroits, les champs de blé en grande forme, les fleurs sauvages qui petit à petit reprenaient leurs droits le long des chemins. C’était magnifique et bien différent de la grisaille de la ville. Il me semblait presque sentir déjà cette odeur de fleurs et de pins qui caractérisaient les alpages en cette saison. J’entendais déjà les cloches des troupeaux que l’on promenait à flanc de montagne et que l’on entendait d’un bout à l’autre de la vallée. Je me demandais parfois pourquoi nous avions besoin de villes comme Paris quand des endroits aussi paradisiaques que les Alpes existaient.

Je savais que l’habitat dispersé de montagne posait des problèmes nombreux mais comme je ne mettais les pieds dans la région que l’été, je n’avais jamais souffert un hiver d’isolement, à ne pas mettre le nez dehors à cause de la neige et à entendre hurler les loups. Mais je sentais confusément que ma vision du monde devait être un peu archaïque. Déjà parce que les loups n’étaient pas si nombreux et que le réchauffement climatique ayant fait son œuvre, la neige se faisait de plus en plus rare, même au cœur de l’hiver.

Je savourais les quelques heures de train qui me séparaient encore de ma destination. J’en profitai pour relire mes fiches encore une fois. Je regardai avec un souvenir ému les photos de mon séjour de l’année dernière. Bien sûr, c’était un autre décor. Et si j’allais retrouver quelques têtes connues, j’allais aussi faire de nouvelles rencontres.

J’avais rencontré tellement de personnes différentes que parfois, je me demandais si je n’en avais pas inventé. En même temps, il fallait voir les énergumènes que je croisais parfois.

Lorsque j’émergeai du train avec des dizaines d’autres parisiens qui venaient chercher désespérément un peu de fraîcheur à la montagne, je souris en reconnaissant Jessy qui m’attendait un peu plus loin sur le quai. Moi qui parlai d’énergumène. J’aimais bien Jessy, mais comme cliché de militante écolo, bon, elle se posait là. Dreadlocks attachées en une sorte de chignon désordonné, pantalon cargo kaki, crop top et chaussures de randonnées. Le tout assorti d’un sac à dos dont la couleur était indéfinissable. Cela faisait plusieurs étés que je me retrouvai avec Jessy. Les responsables de l’asso devaient trouver que nous formions une bonne équipe, nous avions toujours une ou deux semaines ensemble sur chaque mission.

— Hellooooo ! Alors voici notre sauveeeur !

Je souris et secouai la tête. J’appréciai un instant la caresse du vent sur ma nuque trempée de sueur.

— Salut Jessy, t’étais prévue sur la mission toi ?

Elle secoua la tête, répandant une odeur d’huile de coco aux alentours.

— Nope. Mais un couple a annulé sa venue, alors il manquait deux personnes.

J’ignorai ce détail. Peut-être la responsable des affectations pensait-elle qu’il y avait anguille sous roche entre Jessy et moi. Enfin, j’aurais toujours le temps de rectifier cette idée plus tard.

— Ca s’annonce comment ? demandai-je à Jessy tandis que nous sortions de la minuscule gare pour nous perdre sur le parking brûlant.

Elle grimaça et m’entraîna vers sa voiture, une vieille peugeot dont chaque portière était d’une couleur différente. Jessy se plaisait à dire que sa voiture lui rappelait son chat. Au vu de l’état de la carrosserie, la pauvre devait avoir vécu effectivement pas loin de neuf vies. Je m’installai quasi en apnée. La ceinture noire était brûlante sous mes doigts et l’odeur d’herbe et de coco qui envahissait l’habitacle semblait encore exacerbée par la chaleur étouffante.

              Avant même que Jessy ne démarre, j’actionnais la manivelle pour baisser la vitre. Cette voiture était décidément une antiquité. Mais Jessy refusait de s’en séparer. Ce n’était pas très moderne, on était un peu secoués, et il ne valait mieux pas être pressés. Mais comme le disait souvent Jessy, elle n’était ni en porcelaine, ni pressée, ou qu’elle se rende, ce n’était jamais urgent.

Néanmoins, sa grimace évocatrice quand je lui avais demandé comment ça s’annonçait m’inquiétait davantage que l’état – même s’il était préoccupant – de sa voiture. Jessy était plutôt le genre de fille super cool, super calme, rien ne la troublait. Alors si elle était inquiète ce n’était vraiment pas bon signe.

— C’est quoi le problème ? demandai-je lorsqu’elle s’assit à son tour.

— Le problème c’est les gens d’ici.

Cette fois, je fronçai les sourcils. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Jessy était plus babacool que babacool. Elle aimait tout le monde. Bien sûr, les gens n’étaient pas toujours ravis de nous voir débarquer avec nos flyers et nos peluches. Mais le plus souvent, nos interlocuteurs finissaient par comprendre qu’on essayait simplement de permettre la cohabitation, et pas de les donner à manger aux animaux que nous voulions protéger.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demandai-je du bout des lèvres.[AR1] 

— Ils ont demandé aux communes du coin de retirer leur accord pour notre action. Pour l’instant ils tiennent bon, mais en face aussi. Banderoles, pétitions, lettres ouvertes dans la feuille de chou locale… Ils ont même écrit à la préfecture !

Ah. Effectivement, ça ne commençait vraiment pas bien. Mais il faut savoir que je suis d’un naturel optimiste. Ce serait une victoire encore plus belle lorsque nous les aurions convaincus de la nécessité de vivre en bonne intelligence avec les loups. Mais je compris l’ampleur du problème lorsque la voiture s’engagea au ralenti dans les ruelles du village. Sur la place principale, une immense banderole était déployée. Dessus étaient inscrites des lettres brouillonnes, un peu déformées, à la peinture rouge. Je devinais une volonté d’imiter du sang, et ce n’était pas trop mal réussi. Sur la grande bande de tissu blanc était écrit : « Non aux amis des loups. Non aux complices des tueurs. » Des fourches étaient alignées debout contre le mur du cimetière dans un avertissement on ne peut plus clair. En effet, aucune mission n’avait jamais commencé aussi mal.

              Je ne pus m’empêcher de me recroqueviller sur mon siège lorsque nous croisâmes des habitants et remontai discrètement ma vitre.

— C’est pas écrit sur ta gueule, tu sais.

Raté, Jessy avait remarqué mon manège. Je la fixai quelques instants. Mon engagement pour l’association n’était peut-être pas écrit sur ma tête, mais sur la sienne, je n’en aurais pas dit autant. Elle dut comprendre ce que je pensais car sa bouche se tordit en un pli amer. Elle ralentit encore.

— Il est encore temps que je te ramène à la gare si tu veux.

Il était évident que je la décevais. Je me redressai sur mon siège et lui adressai un sourire désolé.

— Excuse-moi, je suis con. Ça doit être la fatigue.

Elle haussa les épaules.

— A ton avis pourquoi on est là ?

Je la regardai sans comprendre.

— Parce qu’il y a eu des désistements ?

— Il n’y a pas eu de désistements. Enfin pas vraiment. On avait un docteur quelque chose et une chercheuse bidule. Ils ont appris comment on était accueillis ici. Ils ont recontacté l’association et dit qu’ils ne se sentaient pas capables de commencer par quelque chose d’aussi dur. Ils sont tranquillement en train de prendre leurs quartiers sur nos missions pendant qu’on se coltine les maniaques de la fourche.

Je restais muet. Après tout, qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? On voulait tous les deux s’occuper de cette action, cela faisait deux ans qu’on postulait sans succès. Bon, les gens de l’association auraient pu nous prévenir, mais au fond, ça ne changeait rien. Ce serait un peu plus difficile. Mais ce qu’on allait faire ici serait d’autant plus utile. Peut-être étais-je trop naïf, mais je ne comprenais vraiment pas la réaction de Jessy.

— Bon, d’accord c’est pas la meilleure situation de départ. Mais on a toujours réussi à convaincre les gens. Il n’y a pas de raison que ce soit différent cette fois.

Jessy ne répondit pas mais haussa les épaules. Ce n’est que lorsqu’elle se gara devant le gîte qui allait nous héberger durant les prochains jours qu’elle se résolut enfin à me répondre.

— Je sais que ça va mal se passer parce que je connais ce genre de personne. Je sais comment elles fonctionnent. Cette action est tout sauf une bonne idée. J’ai grandi dans une ferme. Pesticides et engrais à ne plus en pouvoir, élevage intensif, grosses machines. Et évidemment crédit sur le dos et dettes croissantes. Mon père a toujours refusé de comprendre qu’il n’avait pas besoin d’autant de choses. Il continuait de s’endetter, de faire des affaires avec des requins qui lui assuraient qu’il pourrait produire plus et gagner plus. En réalité, il ne gagnait rien. Il n’a jamais rien gagné à tout ça. Lorsque j’ai été suffisamment grande pour comprendre les enjeux, j’ai essayé de le mettre en garde. Et plus le temps passait, moins il m’écoutait. Quand j’ai compris le genre de produits qu’il utilisait sur les cultures et pour les animaux, on s’est disputés pendant des semaines.

Je restai silencieux face aux révélations de Jessy. A son air grave, je devinai sans peine que ce n’était pas tout. Que les choses n’en étaient pas restées là.

— Un mois plus tard, peut-être deux, il a commencé à avoir des douleurs. Le vieux médecin de famille n’a pas été très surpris. Après tout, ça lui pendait au nez. Mon père avait un cancer. Ce qui est dingue c’est que notre médecin l’avait prévenu et ce n’était pas le seul. Durant nos disputes, je lui ai expliqué ce qu’il risquait, mais aussi les risques qu’il nous faisait courir à ma mère et moi. J’ai essayé de le convaincre d’abandonner toutes ces saloperies chimiques. Il ne m’a jamais écoutée.

Je ne pus m’empêcher de l’interrompre.

— Mais il a bien vu que tu avais raison !

Les yeux brillants, Jessy secoua la tête.

— Il n’a jamais remis en question ses pratiques. Il a dit que c’était ma faute. Que je l’avais empoisonné pour prouver que j’avais raison.

Je restai bouche bée. Jamais je n’aurais pu penser que Jessy avait vécu un truc pareil. Cela faisait plus de trois ans que nous nous connaissions et même si je savais qu’elle n’était pas en bons termes avec ses parents, je n’avais aucune idée de la raison qui l’avait poussée à ne plus les voir.

Elle essuya ses larmes d’un revers main rageuse. Je lui m’empressai de lui offrir un paquet de Kleenex avant qu’elle ne s’arrache l’œil avec l’un des serpents métalliques qui ornaient ses doigts.

— Je suis partie. Et je ne suis jamais revenue.

— Mais du coup, tu ne sais pas si… ?

Elle me dévisagea et je pris soudainement conscience de la signification des mots que je venais de prononcer.

— Si mon père est mort ? Non. Je ne le sais pas. Je pense que ma mère m’appellerait pour me le dire. On se parle encore un petit peu de temps à autre. Elle sait que je m’en veux de l’avoir laissée toute seule pour gérer la maladie de Papa. Mais elle comprend parfaitement que je n’avais pas le choix. Je ne pouvais pas rester, regarder mon père tout arrêter progressivement à cause de ses traitements, et avoir mal, tout en sachant qu’il était persuadé que c’était ma faute. Je ne pouvais pas. Elle me donne des nouvelles de la ferme parfois. Quand mon père m’a déshéritée, elle a veillé à ce qu’il la mette, elle, sur son testament. Et elle m’a mise sur le sien. Elle me donne des nouvelles de la ferme de temps à autre. Les bêtes et certains champs qui ont été vendus. Elle me tient au courant, comme elle veut que tout ça soit à moi un jour.

Je sautai sur l’occasion pour donner à cette conversation un tour plus réjouissant. Je croisais les doigts.

— Et ça te plairait de pouvoir reprendre la ferme ?

— Ce serait chouette si je peux en faire ce que je veux. Mais le problème c’est que toute la zone est pourrie. Antibios, polluants éternels, perturbateurs endocriniens… Pas l’endroit idéal pour faire de la permaculture ou une ferme pédagogique. Je reprends les cours en septembre. Je vais faire une formation de technicienne en bio-technologies. Je veux me former à la bioremédiation.

J’avoue que pour moi, Jessy n’avait pas vraiment le look première de la classe, et du peu que je savais, elle avait arrêté ses études après le bac, probablement juste après être partie de chez elle. Elle avait vécu de petits boulots, par-ci par-là.

Je devinai qu’abandonner sa liberté et son je-m’en-foutisme pour reprendre ses études allait lui coûter. Mais peut-être avait-elle eu plus de nouvelles qu’elle ne le disait. Je ne savais pas vraiment quoi dire. Même si je les préférais à quelques dizaines de kilomètres de moi, j’adorai mes parents et je n’avais jamais rien eu à leur reprocher. Je n’avais aucun moyen de comprendre ce qu’elle avait vécu et je ne voyais rien que je puisse dire sans passer pour un con ou risquer de la faire pleurer.

              Pendant notre discussion, le soleil était descendu doucement et semblait danser sur les montagnes. Tout était calme. Un oiseau chantait le crépuscule pour nous rappeler qu’il était l’heure de regagner nos habitations. Une lueur orange douce diffusait dans la vallée entre les arbres. Tout semblait si paisible. Jessy semblait sensible elle aussi à cette atmosphère étonnante et, sa respiration qui s’était faite sifflante et saccadée durant notre discussion s’apaisa peu à peu.

Notre moment de contemplation fut brutalement interrompu par un bruyant gargouillis venant de mon ventre. Jessy gloussa.

— Je vois que tu ne perds pas le Nord, me chambra-t-elle gentiment.

— J’ai beaucoup voyagé aujourd’hui ! Protestai-je, faussement outré.

Elle sourit.

— Tu as raison, il est temps d’y aller, les autres bénévoles doivent nous attendre.

Nous quittâmes l’abri de la voiture pour l’air parfumé du crépuscule qui se rafraîchissait déjà. Je me sentais revivre. Après les nuits de canicule à Paris, j’allais dormir comme un bébé. Et même la perspective de me lever à l’aurore pour commencer notre mission ne pouvait entamer ma joie.

 

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Iphégore
Posté le 20/08/2024
Bien bien ! Le deuxième protagoniste entre en scène, heureux de s'échapper de l'été parisien. Il a pour alliée une jeune femme à la vie de famille compliquée, mais qui poursuit ses propres objectifs d'assainissement de la terre, et qu'il connaît assez bien pour qu'elle puisse être utile par la suite. Son rôle reste incertain, mais tout cela devrait s'éclaircir dans les pages suivantes.

L'ambiance au village est celle de la révolte. Ça ne va pas être de la tarte !

Le récit est bien mené, j'ai hâte d'avoir la suite !


« Je me demandais parfois pourquoi nous avions besoin de villes comme Paris quand des endroits aussi paradisiaques que les Alpes existaient. » Absolument ! Il faut garder la piétaille dans ces villes pour qu'on ait de l'herbe chez nous :D

« Au vu de l’état de la carrosserie, la pauvre devait avoir vécu effectivement pas loin de neuf vies. » -> mouhahaha !

Techniquement, en France, on ne peut plus déshériter son enfant une fois qu'il été reconnu, mais personne ne t'en tiendra rigueur ;) Si elle est fille unique, elle a droit au minimum à la moitié du patrimoine.


Dans les points d'amélioration possibles :

Je n’allais pas avoir le choix de les transporter en l’état. -> ça signifie qu'il ne les transportera pas : les transporter en l'état + ne pas avoir le choix. La formule classique serait « Je n'aurai d'autre choix que de les transporter en l'état », que tu peux moderniser en « Je n'allais pas avoir le choix que de les transporter en l'état », mais sans le « que », le sens change.

Ours, lynx, loup… pour mener des opérations de sensibilisation j’avais parcouru -> l'usage place une virgule entre le complément introductif de phrase et la principale : « sensibilisation, j'avais »

Bien sûr ça ne sert à rien -> idem ici

J’aurai voulu croire -> aurais (conditionnel requis par croire)

quelques semaines je pourrais -> semaines, je

qui avait si longtemps était négligée -> été négligée

C’était la première année que j’allais travailler -> tu peux traduire le futur dans le passé avec le conditionnel : « Ce serait »

Il y a d'autres points de syntaxe et de grammaire, mais je ne vais pas t'assommer avec ;)
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