Chapitre 2

Quatre jours se sont écoulés depuis la fin des examens. Quatre jours de préparation intensifs pour le rituel du contrat. J'ai pris la décision de refuser la demande d'Allistir. J'ai annoncé à mes parents qu'une famille encore plus aisée a demandé ma main. Mon cher Kodric a accepté de m'aider en faisant une demande en mariage à mes parents après mon couronnement. Nous ferons traîner les fiançailles le plus longtemps possible avant de les briser. Il se sera alors écoulé assez de temps pour que je puisse prendre mes propres décisions. A partir de maintenant, mes parents n'auront plus aucuns droits sur moi.

C'est aujourd'hui qu'a lieu la cérémonie du contrat. Pourtant, un soldat m'a conduite vers une aile du palais que je n'avais encore jamais visitée. L'aile où les membres du conseil réside. Le soldat m'indique que Dame Indis et Dame Lovaï m'ont fait venir pour m'offrir un présent. Je me demande ce que cela peut bien être.

Lorsque j'entre dans les appartements, un souffle de beauté et de grandeur m'envahit. Les portes s'ouvrent sur un grand salon, où les murs lambrissés semblent respirer l'histoire de notre royaume. Des tentures somptueuses racontent des récits anciens, chaque détail évoquant le passé glorieux de notre nation. Des tapis doux ajoutent une touche chaleureuse, rendant l'espace à la fois majestueux et accueillant.

Les deux conseillères m'attendent, assises sur les divans rouges et ors du salon. A mon entrée, elles se lèvent et s'inclinent devant moi, je suis prise de court par cette marque de respect. Nos rôles devraient être inversés. Je ne comprends pas vraiment la situation et je pense que cela doit se voir sur mon visage, car Dame Lovaï s'approche de moi en me rassurant.


—    Ne vous en faites pas petite demoiselle, nous sommes ici pour vous faire une magnifique surprise.
—    Nous nous sommes inclinées pour voir votre réaction, ricane la conseillère Indis.
—    Chut ! tu vas lui faire peur !

Décidément, je suis de plus en plus perdu, mais il semble que dame Indis, cherche mes réactions alors je ne vais pas la décevoir.


—    J'espère donc que l'émotion de mon visage vous aura satisfait, je lance à lelfe.

Elle part en éclat de rire, un son cristallin et haut perché. Après s'être calmée, elle me regarde avec de magnifiques yeux bleus, ils sont rieurs et ne laissent apercevoir aucune méchanceté. Kodric m'avait prévenu que dame Indis possède un humour bien à elle.


—    Oh oui ma chère, c'était plaisant à voir ! Bon, commençons, Lovaï et moi-même sommes ici pour vous présenter vos appartements. Vous y habiterez dès demain, vos affaires font déjà l'objet d'un déménagement. Vous devez être au courant.
—    En effet, mais mes parents ne m'avaient pas prévenu que cela serait si tôt.
—     Oui, nous avons accéléré les choses, sous les bons conseils de notre cher dragon.

Merci Kodric, pour cette liberté. Plus vite je serais là, plus vite je ne serais plus sous la jouge de mes parents.


—    Je vous remercie à vous deux pour m'accueillir aujourd'hui.
—   Allons dans la penderie, me propose Dame Lovaï. Un dernier cadeau vous y attend. Vous pourrez explorer plus tard.
—    C'est beaucoup trop ! je m'exclame.
—    Mais non voyons ! C'est la procédure habituelle.

Nous nous rendons dans la penderie, l'impatience me rend presque surexcité. J'ai pu repérer une porte à gauche. Les conseillères me guident à droite, la porte s'ouvre sur la chambre, une pièce spacieuse où règne une élégance intemporelle. Un lit à baldaquin drapé de soie trône au centre, draps blancs contrastant magnifiquement avec des coussins et des couvertures d'un rouge profond, rappelant les couleurs de notre royaume bien-aimé. Les meubles en bois, sculptés avec une précision remarquable ajoutent une touche de noblesse à la pièce, et des étagères délicates abritent des objets précieux et des livres anciens. Un coin lecture avec une grande bibliothèque m'invite à la détente et à la réflexion.

Les deux femmes me précèdent dans la pièce, en face des immenses fenêtres. J'y entre à mon tour et trouve Dame Indis, l'elfe aux magnifiques cheveux blonds et Dame Lovaï, l'orc aux yeux dun rose si doux, qui se tiennent aux côtés de la robe que Yui a confectionnée avec tant d'application, ces derniers jours. Elle est exposée sur un présentoir élégant, un chef-d'uvre incarnant le phnix majestueux. Mon cur bat fort d'émotion à la vue de cette création magnifique qui repose devant moi, un témoignage de l'habileté de mon ami.

Avec une voix douce et mélodieuse, Indis prend la parole.
—    Amalie, cette robe représente la majesté du phnix et le feu qui brûle dans le cur de notre nation. Tu devras la porter lors de ton couronnement.

Lovaï, avec sa stature imposante, ajoute d'une voix profonde et respectueuse,
—    Porte cette robe avec fierté, Amalie. Puisses-tu incarner la force du phénix dans chaque décision que tu prendras.

Émue par ces paroles, je m'approche de la robe, laissant mes doigts effleurer délicatement le tissu. Je sens la puissance du phnix qui semble briller à travers le tissu, une fusion de la créativité de Yui et de la tradition de notre royaume. Mon cur est rempli de gratitude envers mon ami.

La robe est une pièce d'une beauté saisissante, semblant tout droit sortie des légendes anciennes. Elle est d'un rouge profond, évoquant le feu ardent qui brûle dans le cur de la mythique créature. Elle est ornée de broderies dorées qui s'étendent en motifs tourbillonnants le long de la robe, évoquant les plumes dorées du phnix. La coupe de la robe est élégante, avec un corsage ajusté qui mettra en valeur ma silhouette, avant de s'évaser gracieusement vers le bas. La traîne de la robe est décorée de motifs en forme de flammes, rappelant l'élément du feu. Les manches sont légèrement évasées et ornées de délicates plumes, créant un effet aérien.

Je n'arrive pas à trouver de mots, ils semblent tous sêtre volatilisés de ma bouche. Je détache enfin mes yeux de la robe pour regarder les deux conseillères.


—    Merci infiniment !

Ce fut tout ce que je parvins à leur dire, mais à voir leur visage, toutes mes émotions se voyaient sur le mien. Je sens les larmes perler au coin de mes yeux. Dame Lovaï s'exclame alors qu'elle souhaite rester avec moi.


—    J'aimerais vous aider à choisir votre tenue pour la cérémonie d'aujourdhui ! Vos habits doivent être presque arrivés.
—    Avec plaisir !

En effet dix minutes plus tard, des coffres remplis de vêtements arrivent dans mes nouveaux appartements. Dame Lovaï en emporte plusieurs dans la chambre et les ouvre avec enthousiasme. Elle sort presque toutes mes robes et les étale sur le sol et sur le lit. Juste avant de commencer, elle m'a placé devant un grand miroir et maintenant elle passe toutes les robes devant moi. Au bout d'une quinzaine de tenues, je lui exprime le plus poliment possible que nous avons essayé assez de robes.


—    Vous avez raison ! Puisqu'il n'y a pas de robes qui conviennent, choisissons un costume ! Vous en avez ?
—    Oui et je n'ai eu que quelques occasions pour les mettre.
—    Parfait ! Dans quel coffre sont-t-ils ? Vient m'aider petite demoiselle !

Je lui prête main forte avec joie. Son entrain est communicatif, elle sautille presque jusquaux coffres. Elle en ouvre un bleu, le premier costume qu'elle sort est composé dune veste rouge bordeaux qui attire immédiatement l'attention, coupée avec élégance. Des épaulettes imposantes confèrent une touche de majesté, accentuant la prestance de la personne qui la porte. Des chaînes dorées délicatement tressées ornent la veste, ajoutant une note d'opulence et de sophistication à l'ensemble.
Le tissu blanc aux motifs enflammés, descendant avec fluidité jusqu'aux mollets, évoque une danse de flammes figée dans le temps. Les motifs semblent danser sur le fond immaculé, créant une harmonie entre la puissance du rouge et la pureté du blanc. L'ensemble du costume incarne un équilibre entre la passion ardente et la grâce, mêlant la richesse du rouge à la pureté du blanc. Les détails dorés ajoutent une touche royale, faisant de ce costume bien plus qu'un simple vêtement, mais une déclaration de présence et d'élégance. C'est une tenue qui ne passe pas inaperçue, captivant le regard et laissant une impression durable. A sa vue Dame Lovaï ne dit qu'une chose comme saisi par l'ensemble,


—    C'est parfait ! Petite demoiselle tu seras parfaite aujourd'hui.

Elle m'emporte alors dans la penderie pour me changer, puis nous essayons plusieurs bijoux qui iront avec ma tenue. La conseillère met tellement d'enthousiasme dans la préparation que j'en oublie presque la cérémonie.
                                                                          **
Une foule immense est rassemblé dans la plus grande cour du palais. J'ai limpression que toute la capitale s'est réunie ici. La conseillère orc m'a conduite en haut des marches, j'ai traversé la foule aux côtés d'elle et de Kodric qui nous a rejoint. La foule s'est écartée à mon passage, j'ai pu voir l'émerveillement de mon costume sur leurs visages.
Flamme, près de moi sur un perchoir, regarde tour à tour le rassemblement puis le ciel, je devine aisément que mon amie na qu'une envie : voler pendant des heures plutôt que d'être là.

Je la caresse doucement et elle tourne son regard vers moi. J'entends sa douce voix dans ma tête :
—   Par une journée comme celle-ci je serais allée voler près de l'océan, avec le bruit des vagues et l'odeur iodée. Pourtant, je suis heureuse d'être ici aussi. Je peux voir la jeune femme que tu deviens à travers un moment aussi important.
— Je suis heureuse que tu sois là ! Merci d'être resté à mes côtés.

Ses yeux expriment tout ce qu'elle ne dit pas à travers notre lien et je sais qu'elle peut voir à travers les miens.
Notre moment est rompu par le conseiller Calion qui commence à faire un discours prenant sur notre royaume et sur les phnix. Sur les anciens souverains, les élus de ces créatures magiques. En effet, au commencement le roi ou la reine était choisi par un phnix et montait directement sur le trône, mais de nos jours il ne suffit plus de croire à la réflexion d'un oiseau de feu. C'est pourquoi, l'ancien conseil a organisé un concours pour savoir qui serait le plus apte à gouverner. Aujourd'hui, je suis la gagnante du concours et une élue de Flamme. J'avais toutes les chances de mon côté.

Notre cher diplomate nous explique ensuite et encore, car chacun le sait : le royaume dOri est celui qui compte le plus de peuples différents, ce qui est notre plus grande fierté. Je sais que le pays des Orcs est celui en dessous de nous. Le seul qui ne compte qu'un seul peuple et aucun être magique est celui des dragons. Il est aussi le plus puissant.
Le général des armées de terre s'approche du dragon pendant le discours, il s'appelle Oréo, cest un métamorphe ours. Quelqu'un arrive derrière lui. Il sagit dAllisir, je me tends à son approche.


—  Votre Altesse, me salue-t-il. Quelle joie que vous soyez enfin des nôtres, vous serez j'en suis sûr une grande reine. Dans tous les cas, vous pouvez compter sur moi pour vous aider comme il se doit. J'espère être prochainement votre roi.

Mes parents ne lui ont donc pas transmis mon refus. L'elfe me sourit de manière suave, mais il ne m'inspire que du dégoût. Je sens Kodric se raidir face à cette déclaration, je décide de couper court à la conversation.


—  Je vous remercie Allistir, je suis ravie de recevoir votre aide.

Le dragon fait partir l'elfe et m'informe qu'il est colonel et un personnage fort arrogant. Pourtant, il est un très bon soldat et du grade chevalier, mais qu'il n'hésite jamais à rabaisser son adversaire quand il gagne ou pour d'autres raisons. Je le regarde partir et je remarque que de nombreux chevaliers ou soldats sont présents.


—  Dites moi Oréo, qui sont toutes ces personnes ?
—  Ce sont tous ceux qui ont été sélectionnés pour devenir votre garde du corps.

J'ai dû pâlir, car Oréo m'a tout de suite rassuré en me disant que je n'aurais pas à choisir alors que je ne connaissais personne. Je ne me sens pas du tout rassuré de n'avoir aucun choix sur cette décision. Kodric me réconforte :
—  Ne t'en fais pas, j'ai veillé à ce que ce soit quelqu'un en qui tu peux avoir confiance.

Oréo hoche la tête d'un air ravi, je me demande s'il connaît bien la dite personne. Calion, notre cher diplomate, explique alors que tous les soldats présents vont recevoir une gradation et une augmentation.
—  Je vois, les personnes sélectionnées doivent être compétentes et pour les récompenser de ne pas avoir été élu comme mon garde du corps, vous leur offrez des consolations. De plus, je suppose que c'est aussi avoir une place de choix car il sera près de moi et du conseil.
—  C'est le cas, cette place est très convoitée.
—  Avez-vous choisi une personne Oréo ?
—  Quelques-unes et avant que vous ne me demandiez, je ne peux pas vous le dire, cela trahirait l'effet de surprise.
—  Eh bien, je ne suis pas sûr d'apprécier les surprises, je bougonne tout bas.

Oréo part, en riant, avec Kodric qui lui se poste près des soldats, je le vois parler à plusieurs femmes. Je suppose donc qu'elles sont les personnes qu'il a choisies. Je remarque deux métamorphes loups un peu à l'écart. Je les reconnais, ce sont les amis d'Oréo, d'après ce que m'a brièvement raconté le général, ils forment à eux trois une petite famille.
Les deux généraux se rapprochent à nouveau de moi. Calion recapte lattention de l'ensemble des gens en contre-bas, il fait une courte annonce où il déclare que les débats ont été houleux pour désigner mon garde du corps. L'elfe diplomate continue pendant au moins quinze minutes de parler des délibérations qui se sont produites, j'avoue avoir cessé d'écouter, mon attention se porte sur les soldats devant moi. J'aperçois Oréo qui affiche une mine de plus en plus réjouie et impatiente à mesure que le discours de Calion continue. Il arrive finalement à la fin et annonce qui est l'élu.


—  Nous avons choisi pour garde du corps de notre future reine, Orion, un métamorphe loup et soldat de renom. Sa dextérité au combat n'est plus à prouver, il est d'un calme à toute épreuve et une personne sur qui l'on peut toujours compter. Les soldats de sa division peuvent en témoigner. Pour la sécurité et l'adaptation de notre future reine nous avons préféré choisir une personne ayant les compétences que possède Orion.

Voilà pourquoi Oréo affichait cet air satisfait, le loup est son frère et il vient de devenir mon garde du corps, ce qui veut aussi dire qu'il accèdera au titre de chevalier. Si mes souvenirs sont bons, la cérémonie d'adoubement se déroulera demain. Je suppose que cela aurait pu être bien pire, au moins je sais que je peux lui faire un peu confiance vu sa relation avec le général.

Un représentant des dieux me demande de prendre place devant la foule et les conseillers, Orion s'avance aussi et s'agenouille devant moi et déclame son serment :
—Moi, Orion, promets de vous protéger. De vous suivre et de ne jamais vous abandonner.

Le représentant se tourne vers la place entière :
—La future reine a trouvé un protecteur, maintenant et à jamais ils lient leur vie. Ce lien est promesse d'une relation de confiance. Ce lien entremêle leur vie à partir de maintenant. Le protecteur doit protéger notre reine pour la paix du royaume et la reine a trouvé une épaule sur qui s'appuyer.

Lorsque son incantation s'achève, une aura dorée nous enveloppe Orion et moi-même, tissant entre nous une connexion intangible. Comme un fil doré, cette lueur se dégage de nos auras pour se rejoindre et former un lien puissant, indissociable. Ce n'est pas une simple parole en l'air ou une promesse éphémère, mais un contrat ancien, gravé dans le temps lui-même. Un pendentif, en forme de goutte deau de la même teinte émeraude que mes yeux, apparaît autour de mon cou. Je le touche du bout des doigts, il est tout chaud comme sil avait été couvé pendant un moment. Orion lui possède à présent une pierre bleu ciel, comme ses yeux, incrusté sur lépaule de son armure.
Après cet instant sacré, Kodric se place à mes côtés, rapprochant doucement lune de ses grandes ailes blanches protectrices. Il me sourit doucement, ses lèvres bougent doucement, mais aucun son ne sort. Je peux y lire "félicitation Amalie, je suis fière de toi".

Je me retrouve à dévisager mon nouveau garde du corps, un loup parmi les hommes. Je sens qu'il n'est pas à l'aise sous les regards curieux de la cour. Pourtant, à travers son apparente réserve, nos regards se croisent et il m'offre un sourire timide qui me fait doucement rire. Je me rappelle que l'on ne doit jamais juger sans connaître, mais le soldat semble détonner dans ce fastueux décor.

Cette douceur m'attire, et j'espère sincèrement que nous pourrons tisser une amitié solide et empreinte de confiance. Je suis impatiente de découvrir les nombreux mystères qui se cachent derrière ce loup solitaire.

J'ai entendu dire qu'Orion est un combattant d'exception, et j'imagine qu'il est au sommet de son art, tout comme Oréo. Leurs aptitudes sont sans doute incroyables, et je me réjouis de pouvoir profiter de leurs conseils pour perfectionner la maîtrise de ma nouvelle lame.
Cependant, ce soir, ce n'est pas mon épée que je dégainerai, mais plutôt mes chaussures de danse, car qui dit prochain couronnement dit bal. Et ce sera une aventure en soi, car il marquera mes premiers pas sur la piste de danse, prête à découvrir un monde tout aussi captivant que celui des entraînements.

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