Chapitre 3

Après la cérémonie, Lovaï m’a raccompagné jusqu’à ma chambre pour que je puisse me préparer. Flamme m’a quitté pour aller voler au-dessus de la capitale, ma phoenix préfère l’air du soir à l’ambiance étouffante d’une salle rempli de monde.  Pour cause la soirée de mon couronnement s’annonce réjouissante. J’ai visité la salle de bal et je n’en ai jamais vu de si somptueuse.

Je pense que ma tenue l’est tout autant. Elle est cousue avec de l’organza rouge claire, avec au-dessus un autre tissu plus orangé qui donne un effet flamboyant. Heureusement, elle n’a pas de traîne, ce serait gênant pour danser. Le tout semble saupoudrer de paillettes. Ma tenue bien que magnifique est aussi très confortable, mes déplacements sont assez fluides. J’ai réussi à glisser dans une poche le collier que j’ai obtenu il y a quelques heures, je me sens un peu angoissé à l’idée de le laisser dans la chambre. Elm est occupée à mon maquillage et à ma coiffure, tandis que Lunet s’occupe de repasser les plis de ma robe.

Aelis, quant à elle, fait les cent pas tout en me fustigeant de nombreux conseils ou plutôt d’ordre sur ma conduite à adopter lors du bal. Je dois bien me tenir, sourire aux personnes et surtout de ne pas suivre Yui dans ses folies. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que je vais passer la soirée en sa compagnie. De temps à autre je lui tire la langue quand elle est de dos, ce qui a pour effet de faire rire les autres dames.

Lorsque l’heure arrive, je suis plus que prête. A mes côtés, se trouvent mes deux dames de compagnie, Elm et Aelis me font penser à des gardes du corps, couvrant mes arrières. Cette pensée me renvoie directement à Orion. Je me demande s’il sera présent ce soir, j’en doute, il n’a pas l’air du genre à se mêler à la foule.

Lorsque j'entre dans la salle, un émerveillement me submerge instantanément. Sa magnificence m'enveloppe, baignant chaque recoin dans une luminosité éblouissante, offerte par d'habiles sortilèges magiques. Les rayons de lumière dansent gracieusement sur les somptueuses tenues et les éclats étincelants des bijoux des convives, créant un véritable spectacle visuel. Les murs sont parés de somptueux morceaux de tissus orangés, apportant une touche chatoyante et chaleureuse à l'ensemble de la pièce. À perte de vue, de majestueuses tables débordent de mets délicats et de boissons exquises, attisant les sens et éveillant les papilles. C'est un véritable festin pour les yeux et les sens, une symphonie de couleurs et de saveurs qui se déploie sous mes yeux. A mon entrée, les discussions cessent. Un homme annonce mon arrivée puis tout le monde s’incline devant moi.

-  Bonsoir à tous. Je vous remercie de votre présence, j’en suis très honorée. Je vous propose de commencer la soirée. J’espère qu’elle sera agréable pour tout le monde.

Après cela, les discussions reprirent. Je me mets alors à arpenter la salle à la recherche de mon meilleur ami. En chemin, j’ai parlé avec beaucoup de monde comme me l’a conseillé Aelis. D’ailleurs, celle-ci ne m’a pas quitté une seconde, je la vois qui scrute les alentours. Je sais très bien qu’elle cherche Yui, elle veut sûrement lui mettre la main dessus avant qu’il ne me voie pour lui donner à lui aussi des directives. Elle pense qu’il va me faire faire des folies ce soir. Elle se trompe, tout ce que je compte faire ce soir avec lui, c’est danser jusqu’au bout de la nuit. Dans tous les cas il n’a pas l’air décidé à se montrer, je pensais pourtant qu’il aurait hâte d’entendre les commentaires que susciterait ma robe, vu que c’est lui encore qui l’a cousu il y a quelque mois. Il a déjà beaucoup de succès. Il a un talent incroyable, mais sa popularité viens surtout du fait qu’il crée des vêtements pour tous, de toutes les espèces et de toutes les tailles, orcs comme elfes. Il a toujours eu à cœur que tout le monde puisse se retrouver dans la mode.

En l’attendant, je discute plusieurs dizaines de minutes avec un charmant jeune homme. Il s’appelle Silas, il est très beau garçon, la couleur rouge et or de son costume s’harmonise parfaitement avec la couleur ébène de sa peau. Nous avons un débat très intéressant sur la magie, comme moi, il la trouve merveilleuse mais dangereuse. Il voudrait qu’on interdise certaines formes de magies. Je lui explique que je suis d’accord avec lui sur la première partie de son explication, mais pas sur la deuxième car cette magie pour certains est quelque chose qu’ils apprennent alors que pour d’autre, c’est une magie qui est lié à eux depuis qu’ils sont nés. Alors si on interdit cela voudrait qu’on essaie de réprimer la magie en eux sans pouvoir l’utilisé, ce qui pourrait être encore plus dangereux autant pour eux que pour les autres. Ayant moi-même un peu de magie, je n’aimerais pas que l’on m’interdise de l’utiliser. Pour l’instant ils n’ont jamais créé de problème et c’est très bien ainsi.

Plus je parle avec Silas plus, sans que je ne puisse l’expliquer, il me mal à l’aise, je peux facilement sentir sa puissance il n’essaye même pas de l’atténuer. De plus, je peux voir dans ses yeux que mes propos ne lui plaisent pas, plus nous discutons plus ses yeux deviennent ombrageux.

Alors que je terminais de lui expliquer mon point de vue sur la magie, quelqu’un me saute dessus par derrière. Je me retourne et vois qu’il s’agit de Yui, je le prends directement dans mes bras. Je peux voir par-dessus l’épaule du rouquin, Aelis me jettant un regard noir comme pour me mettre en garde. Nous nous retournons ensuite face à Silas.

-  Silas, permettez-moi de vous présenter Yui mon meilleur ami.

-  Enchanté Yui, je suis Silas, le frère de Kodric général des armées de l’air, se présente-t-il. Mes compliments pour la robe que sa future Majesté porte ce soir, elle est sublime. D’ailleurs, est-ce vous qui avez cousu votre costume ? Il est ravissant, il est de la même couleur que la pointe de vos cheveux, c’est amusant.

-  Merci beaucoup monsieur Silas ! Le violet est ma couleur préférée alors j’ai voulu accorder la couleur de mon costume avec celle sur mes pointes, c’est du lilas. Votre costume est magnifique ! Il s’accorde parfaitement avec la couleur de votre peau !

Je comprends mieux pourquoi sa magie me disait quelque chose, il est le frère de Kodric, il est donc un enfant dragon lui aussi. Pourtant il ne semble pas être un métamorphe, peut-être sa magie est-elle différente de celle de son frère. Je m’étonne que le général ne m’ait pas parlé de son frère. Il est vrai qu’il était toujours mal à l’aise quand j’aborder le sujet, mais je n’y avais pas vraiment réfléchi.

Je décide de couper la parole à mon meilleur ami qui commence à s’emballer, quand il est lancé, il ne peut plus s’arrêter. Il commence même à hausser le ton et je vois Aelis arriver avec une mine furibonde. Je prends Yui par le bras, m’excuse auprès de Silas et entraîne mon meilleur ami sur la piste de danse. Cette action stoppe ma dame de compagnie dans sa course, car elle ne peut arriver en grande pompe sur la piste sans s’attirer le regard courroucé des danseurs.

Sur la piste, le son envoûtant d'une valse nous enveloppe, et comme par magie, nos mouvements se synchronisent naturellement. Yui m'offre un grand sourire, et je me laisse emporter dans ses bras, tournoyant avec grâce. C'est l'un des rares moments où Yui se tait, se concentrant pleinement sur la musique, sur nos pas, et surtout sur moi, anticipant chacun de mes gestes.

Et moi aussi, je suis absorbée par la danse, qui nous permet de révéler au reste du monde cette connexion unique qui nous unit, cette synchronisation parfaite. Beaucoup de gens nous questionnent sur notre relation, se demandant si nous sommes en couple. La réponse est non, car ce que nous partageons va bien au-delà de l'amour romantique. Nous sommes amis, mais nous sommes plus que cela, presque comme des âmes jumelles, des moitiés complémentaires.

Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas cette relation si spéciale qui nous lie, mais c'est une évidence pour nous. Nous sommes simplement nous-mêmes, plus que des frères et sœurs, tels des jumeaux ou une seule âme scindée en deux. Une profonde intimité, indéfinissable et inexplicable, guide chacun de nos mouvements.

Alors que nous virevoltons sur la piste, je me perds dans mes réflexions, capturée par l'instant présent qui transcende toute explication. La danse nous lie dans un lien indissoluble, et ensemble, nous entamons une nouvelle danse, puis plusieurs, prolongeant cet instant magique qui nous appartient à jamais.

-  J’ai trouvé Silas très beau, pas toi ? Il a quelque chose en plus que tous les autres gens de la salle n’ont pas. Il a presque une aura de monarque, tu ne trouves pas ? me lance mon meilleur ami.

-  Tu as raison, Silas est très beau et c’est vrai qu’il dégageait quelque chose. Mais pour moi, je sentais plus une grande puissance magique émanant de lui, comme s’il était une créature redoutable. Il a beau être le frère de Kodric, je ne me sens pas à l’aise avec lui, on aurait dit qu’une grande colère l’abritait.  

-  Oh dommage que je ne puisse pas sentir ça. C’est étrange qu’il soit en colère pendant une fête. Bon, trêve de plaisanterie, prépare-toi à danser toute la nuit !

-  J’y suis préparée depuis des lustres, lui répondis-je en riant, mais il faut que je danse avec d’autres personnes pour « faire bonne figure » comme me le dirait Aelis.

Nous rions aux éclats face à mon imitation pitoyable. Ils moururent au moment où les portes de la salle s'ouvrirent brutalement, plongeant toute la pièce dans un silence glacé. Mon cœur se serra d'angoisse en voyant une créature majestueuse s'engouffrer dans la pièce en volant. Les dragons ! Ils étaient là, dans notre domaine, et leur présence n'annonçait rien de bon. Je sens tout mon corps se tendre d’angoisse et d’appréhension. La créature commence à emporter les draps orangés des murs et à faire des piqués sur les buffets. D’horribles sifflements bruissent dans le couloir, comme annoncer par leur homologue des dragons entrent dans la salle de bal. Mon ami s’accroche à ma main et moi à la sienne.

Six dragons, tous plus colorés les uns que les autres, entrent avec une démarche imposante, laissant une impression de puissance incommensurable. Leurs écailles chatoyantes reflètent la lumière des chandeliers, et leurs yeux brillent d'une lueur menaçante. Leurs ailes imposantes semblent prêtes à déployer leur force destructrice à tout moment. Je sens une haine émaner d’eux. Je comprends qu’ils sont les dirigeants du royaume d’Abiarune.

Je ne connais pas vraiment ce royaume, je sais seulement que les dragons ne gouvernent que des humains. Il n’y a aucune personne ayant des pouvoirs magiques, Kodric me l’a longtemps expliqué. Lui, qui est à demi-dragon, déteste ses paires. Les six sont connus pour être craints de tous les royaumes environnent.

Un dragon se démarque des autres. Il ne porte que deux couleurs sur ses écailles. À ses côtés, se tient une jeune femme qui semble étrangement absente, ses yeux ne se posent sur rien.

Le chef des dragons, celui qui ressemble à un arc-en-ciel, prit la parole d'une voix imposante qui résonne dans toute la salle.

-  Peuples d'Ori, votre divertissement est sur le point de prendre fin. Vous célébrez ici votre future reine, une souveraine qui se tient fièrement devant vous. Mais permettez-moi de vous rappeler que les liens qui vous unissent ne sont que des fils fragiles face à notre puissance. Laissez-moi vous présenter l'ultime couronnement, celui de la soumission, éructe-t-il.  Car désormais, votre royaume sera à genoux devant nous, les maîtres des cieux. Les dragons sont arrivés, et l'ombre de notre règne s'étendra sur ces terres.

Calion est en train de parler avec le dragon, essayant de lui faire entendre raison. Il prononce son nom : Fafnir. Il tourne ses yeux rouges ver moi, je peux lire dans son regard que pour lui je ne suis qu’un insecte.

-  Je ne te propose qu'une solution, petit être magique : rends-toi sans faire d'histoires, et toi ainsi que tes sujets magiques pourrez espérer sauver vos vies. Cependant, si tu oses te rebeller, sache que nous n'hésiterons pas à t'ôter la vie, et entraînerons la leur dans le sillage de ta rébellion.

Je sentis la pression de ses paroles s'abattre sur moi. D'un côté, il me propose de me rendre sans chercher à renverser leur domination, et tout se passera bien pour moi et mon royaume. D'un autre côté, si je refuse de me soumettre, il nous prédit une mort certaine. Je sais que je ne peux pas prendre cette menace à la légère. L'avenir d’Ori est en jeu. Calion tente encore de résonner Fafnir.

-  Arrête de palabrer petit elfe ! hurle le dragon. Votre armée a été prise par surprise, et votre royaume se retrouve désormais sans défense. Nous savions qu’elle serait rassemblée ici pour célébrer ton prochain couronnement, misérable humaine. Ou devrais-je dire : enfant d’un oiseau de feu. Actuellement, ton royaume est vulnérable, créant l'opportunité parfaite pour une offensive de notre part. Une opportunité qu’il nous a fallu attendre un moment.

Perdue dans mon angoisse, je vis du coin de l’œil quelqu’un s’approcher des dragons. Fafnir fait signe à cette personne, comme si cela représente une sorte de signal. Je me rends compte avec horreur que c’est Silas qui rejoint le dragon. Une fois arrivé à sa hauteur, il se tourne vers moi, il déclare que j’ai échoué à son ultime test et que c’est cela qui avait été décisif sur sa décision à faire entrer l’ennemi dans la capitale.

-  Vous m’envoyez désoler Votre Altesse, mais la magie est destructrice et je veux la faire disparaitre. Les dragons ont promis de m’y aider. De plus si vous capitulez bien gentiment, la place de roi me sera donnée. C’est un de mes droits les plus légitime.

-  Ordure ! hurle Kodric, son visage d’ordinaire si calme est maintenant rouge de colère. Comment oses-tu te proclamer roi ? Tu n’en auras jamais l’étoffe, tu es bien trop orgueilleux et égoïste pour ça !

-  Que tu croies mon frère ! Je m’occuperais bien mieux du royaume qu’elle. Amalie ne connais rien de nous, elle ignore tout et sa courte vie d’humaine ne sera pas assez longue pour qu’elle apprenne quelque chose d’utile.

Ce fus comme si ses paroles avait atteint un point en Kodric, car le général se jette sur son frère avec violence, les faisant rouler sur plusieurs mètres. Les cinq autres dragons entament un mouvement vers la foule qui hurle, mais ils sont stoppés par Oréo et les quelques soldats présents dans la salle.

Fafnir rugit si fort que les portes fenêtres se sont explosées, les cris redoublent d’intensité. Il ne fit qu’un seul pas dans ma direction, car les membres du conseil forment une ligne protectrice entre moi et le dragon. La colère envahi les yeux du reptile et de la fumée sortit de sa bouche, j’interprète ce signe comme de mauvais augure. Le chef me repose sa question : me rendre ou mourir. Calion réponds à ma place et sa voix déterminée empli toute la salle couvrant les cris des deux frères toujours occupé et de ceux de la foule apeurée.

-  Jamais notre royaume ne se rendra soyez en assuré ! Nous nous battrons jusqu’au bout et ce ne sera pas vous qui nous ferez pliés. Nous ne cautionnons pas l’injustice et vous êtes en train dans commettre une grande.

-  Comment vous battrez vous alors que vous n’avez plus aucune armée ? ricane Fafnir, un sourire cruel plaqué sur sa longue tête.  

-  Vous avez oublié un détail important dans vos calculs, nous tous présents savons soient nous battre que ce soit de manière frontale ou en soutient et certains d’entre nous sommes aussi dotés de dons magiques que nous maîtrisons.

Le sourire du dragon se change aussitôt en une grimace de rage. Calion me jette un regard et appelle tout le monde à se battre et alors, même les plus apeurés se sont relevé pour affronter l’ennemi. Une clameur de courage parcoure la salle à cet instant, ils sont prêts à défendre notre royaume.

Face à cela Fafnir décide de passer à l’attaque et ouvre ses puissantes mâchoires pour cracher un torrent de flammes brûlantes, embrasant tout sur son passage. Les langues de feu dansent avec fureur, réduisant en cendres les tentures et les tables, il les a visés pour nous montrer qu’il ne plaisante pas. Les flammes rugissantes commencent à lécher le plafond, projetant une lueur sinistre à l’intérieur de la salle. Cette vision me terrifie.

La foule et les conseillers se sont déployés pour attaquer les dragons, j’entends à côté de moi la respiration saccadée de Yui, je cherche un endroit pour le mettre à l’abri pour que je puisse rejoindre le combat. Alors que je contemple la salle face à moi, je me rends compte que je ne vois plus la mystérieuse femme au yeux roses et le dragon vert. M’attendant au pire je me mets à regarder de tous les côtés et soudain je la repère. Elle se dirige vers moi, accompagné du reptile. D’un mouvement, je fais passer Yui derrière moi de manière à le protéger et je mets en position de combat, malheureusement vêtu d’une robe mes mouvements risquent d’être grandement gênés aussi fluide soit elle. Autour de nous les cris ne font que croite, les dragons ont fait venir certains de leurs soldats.

Sur un ordre de la jeune femme que je ne compris pas, le dragon ouvre sa mâchoire, prêt à cracher un torrent de flammes brûlantes. Je sens soudain ma magie se faire électrisante, elle parcourt mon corps, faisant vibrer chaque fibre de mon être. Mon cœur bat la chamade, et mes mains tremblent légèrement alors que je me trouve terrifiée par cette sensation intense.

Les flammes du dragon s'échappent de sa gueule, dansant avec fureur et éclat, mais étrangement, elles semblent ralentir devant moi. Mes yeux s'écarquillent d'étonnement tandis que je vois le feu tournoyer autour de moi sans me toucher avant de s’éteindre, comme si une barrière invisible me protégeait.

Quelqu’un nous a protégé grâce à un bouclier. Les questions fusent dans mon esprit mais j’essaye de le calmer, pour pouvoir protéger Yui. Mes yeux se posent sur la mystérieuse jeune fille devant moi. Ses yeux roses perçants semblent refléter la même énergie ardente que celle du dragon. Elle me regarde avec une détermination farouche, ses mains flamboyantes prêtes à en découdre.

-  Qui es-tu ? lui demandé-je, méfiante.

-  Je suis Lyria, la maîtresse du feu et la reine d’Abiarune, et je suis ici par ordre de Fafnir, répond-elle d'une voix froide et déterminée.

Une sensation de peur m'envahit, mais je refuse de céder à cette menace. Pourtant le bruit assourdissant de la bataille m’empêche de me concentrer. Je sens une pulsation au plus profond de mon corps. Je sens mes pouvoirs, comme une flamme qui ne cesse de grandir, une appréhension sourde m'étreint. Je sais que je ne peux pas fuir ce combat, car c'est mon devoir en tant que reine de protéger mon royaume et mes sujets, mais l'idée que mes pouvoirs puissent se déchaîner me remplit d'une angoisse inédite. Je ne les jamais utilisé dans un vrai combat et je ne sais pas si je peux les maitriser alors qu’ils ne font que s’enflammer.

Je fais face à Lyria, toujours en position défensive. Malgré ma détermination sans faille, je sens mes jambes trembler. C'est un sentiment effrayant, car je réalise que ce combat décidera du sort de mon royaume et de mon peuple.

Les flammes des dragons et de la mystérieuse Lyria s'entremêlent dans une danse infernale, et je me prépare à affronter cette étrange et redoutable adversaire, une adversaire dont le lien avec le feu semble puissant.

Aelis surgit précipitamment près de Lyria et se jette sur elle, dans un acte de bravoure désespéré, elle se précipite pour me protéger moi et Yui, des griffes meurtrières de la reine d’Abiarune. Les coups de l'épée de la vaillante elfe s'écrasent sans succès sur le bouclier de force déployé par le dragon vert et bleu.

À cet instant crucial, Orion, mon nouveau protecteur, intervient. Son regard bleu acier se pose sur moi, et il me dit que nous devons fuir la salle. Je lui résiste, car je ne veux pas abandonner. Mes yeux englobent la situation et je vois que nous sommes en train de perdre, les dragons sont beaucoup trop puissants. Une peur glacée me traverse, je ne pourrai jamais gagner contre eux.  Sans hésitation, Orion prend ma main et j’attrape le bras de Yui, il est hors de question que je le laisse derrière. Le loup jette un regard en arrière pour voir quel est le poids qui a été rajouté, il fronce les sourcils, mais ne dis rien.

Tout en avançant, je me retourne pour voir ma dame de compagnie qui se jette à corps perdu vers Lyria, elle a dû apercevoir une minuscule ouverture. Elle s’engouffre dans cette faille, osant tout risquer pour nous sauver. Mais le dragon, vigilant et rapide comme l'éclair, contre-attaque d'un geste redoutable. Ses crocs effilés se referment violemment sur la gorge d'Aelis, et un cri d'agonie s'échappe de ses lèvres.

Mes yeux s'écarquillent d'horreur et d'impuissance en voyant le sacrifice ultime de ma dame de compagnie. Yui pousse un grand cri plein de terreur, il s’agrippe désespérément à mon bras. Le souffle court, nous assistons à la tragédie qui se déroule sous nos yeux. Orion nous tire plus fort et nous exhorte à avancer plus vite, sans nous retourner. Le corps sans vie d'Aelis gît désormais à terre, sa peau encore marquée par les traces de dents du dragon. Sa perte, pèse lourdement sur mon cœur. Lyria et son dragon peine à nous rattraper, de nombreuses autres personnes prennent le relais d’Aelis. Orion nous entraine vers une porte cachée à l'arrière de la salle.

Ce n’est qu’une fois sorti dans le couloir que je peux voir le cauchemar qui se déroule dans tous le château. Les soldat d’Abiarune ont saccagé tous ce qu’ils pouvaient. Les murs qui arboraient autrefois des tapisseries somptueuses sont maintenant écorchés et salis, témoins silencieux de la violence qui s'est déchaînée. Des meubles luxueux sont renversés, leurs précieux ornements brisés en mille morceaux. Les étagères qui abritaient autrefois des livres et des objets d'art sont vidées, leurs trésors jetés au sol dans un désordre chaotique.

Des traces de lutte sont visibles sur les murs, avec des éraflures profondes et des éclats de bois arrachés aux portes défoncées. Les chandeliers, auparavant majestueux, gisent maintenant au sol en lambeaux, leurs bougies éteintes et leurs bras tordus.

Les couloirs résonnent encore des échos des cris et des combats qui les ont traversés. Des objets brisés, des armures abandonnées et des tâches sombres de sang témoignent de l'ampleur des dégâts causés par l'invasion des soldats.

Ils n’ont pas pu atteindre la partie des appartements privés, ils sont heureusement protégés par plusieurs sortilèges. Orion, nous amène dans ma chambre et me demande de prendre le nécessaire pour partir au plus vite. Il part ensuite pour rejoindre les appartements d’Oréo, pour y récupérer des armes. Je secoue Yui, toujours en état de choc, pour qu’il m’aide à enlever ma robe.

Une fois cela fait, je me change aussi vite que je le peux. Je récupère le collier dans la poche de ma robe. Mon ami semble être en pilote automatique. Je lui passe une chemise et un pantalon pour qu’il s’habille, c’est une chance qu’il soit un peu plus petit que moi. Puis je prends deux capes que nous enfilons, puis je me tourne pour récupérer l’épée que l’on m’a donné quand je suis arrivée ici. Les souvenirs refont surfaces et les larmes me montent aux yeux. Je continue mon chemin pour ne pas m’effondrer, mais les larmes coulent quand même sur mes joues. Dans un coffre j’attrape un couteau et deux dagues. Je donne le couteau à Yui, même s’il ne sait pas se battre, il peut lui être utile. Je four tout ce que je peux dans deux sacs. Orion revient à cet instant, il nous explique qu’il est allé jusqu’au cuisine pour aller chercher des vivres. Comme il n’a mis que quelques minutes pour l’aller et le retour, je suppose qu’il s’est transformé. Nous nous mettons en mouvement pour partir.

Mon cœur bat la chamade tandis que nous courons dans l'obscurité, échappant à la menace qui plane sur nous. La magie qui sommeille en moi se mêle à la peur et je la sens disparaître. Je sais que je dois protéger mon royaume, mes sujets, mais aussi la magie, malgré la haine des dragons et de Silas envers elle.

Nous nous passons dans les couloirs les plus calmes pour quitter l’enceinte du château, loin des dragons menaçants. Nous quittons Naen Lorena, je me retourne une fois pour voir des flammes s’échapper du palais. Si le palais est dans cet état, je me demande dans lequel doit être les différents postes de défense du royaume.

Une fois la forêt atteinte, je réalise ce qui vient de se passer. Le vent souffle doucement, cette nuit, le bal a tourné au cauchemar. Je viens de perdre en à peine une heure, la ville où j’ai trouvé ma place et ma famille laissé aux mains des dragons. Le château a été saccagé, Aelis est morte sous mes yeux, des soldats ont été tués et surement des convives aussi. Peut-être même les conseillers. Je n’ai rien fait pour sauver le royaume, je n’ai même pas agi ce soir. Mon règne n’a pas encore eu lieu et je viens de tous perdre.

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