Toute sa vie, Isaïe avait imaginé comment serait la sienne si les Monstres n’avaient jamais existé.
Tout d’abord, sa route n’aurait guère croisé celle de Lord Georges Eighbeten.
Mais mieux encore, si les Monstres n’avaient pas existé, jamais il n’aurait dépassé la frontière entre le monde des Hommes et le leur.
Qu’il était magnifique d’avoir des fantasmes.
Vingt ans s’étaient écoulés depuis que la guerre entre les Monstres et les humains avait commencé. Malgré des tentatives de négociations, aucune entente entre les deux espèces n'avait abouti.
Une chose qui était certaine était que les Monstres existaient depuis toujours. La science avait beau chercher des explications, aucune recherche aussi aboutie qu'elle n'avait été avait convaincue les experts.
Cependant, la chose la plus intrigante était bien qu’il existait des milliers de races de monstres différentes, elles étaient toutes dotées de la même capacité.
Celle de prendre forme humaine.
Depuis les toutes premières civilisations, les Monstres s'infiltraient parmi les Hommes. Non seulement ils possédaient le pouvoir de répandre les maladies les plus atroces telles que la peste et la déviance, mais pire encore, certains se nourrissaient de chair humaine. Les zones à populations denses constituaient les meilleures garde-manger. Des villes et des cités entières furent décimés sans que l’on sache qui étaient les identités des véritables responsables.
Depuis, la chasse au monstre était l’activité favorite de l’Homme.
Pendant des siècles, il traqua puis à anéantissa tous les individus qui sévissaient dans ses villes. L’hostilité portée aux Monstres les poussèrent à vivre dans la clandestinité la plus totale. Pendant des siècles, ils vécurent dans l’ombre des Hommes.
Jusqu’à ce que l’année 2001 vint.
Chaos, reconnu comme le roi des Monstres, préparait pendant des décennies son stratagème le plus grandiose.
Il organisa puis dirigea des séries d’attentats, toutes plus meurtrières les unes que les autres, aux quatre coins du globe. Les vies de milliers de personnes furent anéantis du jour au lendemain. Alors que les humains encaissaient le choc, Chaos revendiqua les attaques puis annonça au monde entier le début de l'extinction de l’espèce humaine. La guerre fut officiellement déclarée.
Pour la première fois de l’histoire moderne, les Monstres dominaient les Hommes.
Depuis lors, le monde plongea dans la paranoïa la plus totale, et évidemment, l’identité du roi des Monstres demeurait inconnue. Les gouvernements prirent des précautions drastiques. Ils contrôlaient les faits et gestes de chaque habitant, et ne cessaient de véhiculer la propagande. Quant aux médias, ils rabâchaient sans cesse aux enfants que les Monstres se cachaient sous leurs lits pour les dévorer la nuit, et aux adultes qu’ils les observaient le jour pour connaître leurs faiblesses.
L’Organisation des Nations Unies réagissa tout de suite. Grâce à la collaboration des plus grandes puissances, elle créa l’armée parfaite pour riposter à cette menace : le Corps Central de la Paix, ou pour abréger, le CCP.
Ses soldats parcouraient le monde entier, traquaient sans relâche, et exterminaient le moindre monstre qui se cachait. La population les reconnaissait grâce à leur symbole, une colombe qui surmontaient un globe terrestre, et aux manteaux couleur écarlate qu’ils portaient.
Les Monstres les surnommaient « coquelicots » pour se moquer d’eux.
Et Isaïe était l’une de ces fleurs.
- Aïe !
A cause d’un dos d’âne, le choc projeta les passagers. Jacob serra les dents. Bien que le loup ne lui avait infligée aucune blessure grave, ses ecchymoses se mirent à lui brûler les entrailles. Il appuya de toutes ses forces sa tempe contre la vitre de la voiture pour tenter de canaliser la douleur.
Quant à Isaïe, il resta tranquille grâce aux effets de la morphine.
Il tourna la tête vers Jacob qui ne retint plus ses plaintes. Inquiet, Isaïe avança sa tête vers l’avant de la voiture.
- Pouvez-vous ralentir ? Demanda-t-il au chauffeur. Les blessures du soldat Smith le font souffrir.
- Bien sûr commandant, répondit son interlocuteur.
- Je leur ais dis que j’en avais besoin de cette putain de morphine, répéta Jacob
- Merci beaucoup.
Isaïe termina la conversation, puis s’adossa au dossier de son siège dans un soupir. Son regard se posa sur Jacob.
Âgé de vingt et un an, Jacob faisait partie de la génération qui n’avait jamais connu les années de paix. Années que Isaïe avait vécu.
Avant de venir combattre en France, Jacob était né et avait grandi aux États-Unis. Il s’était engagé dans l’armée américaine, mais ses prouesses étaient si impressionnantes que le CCP s’était intéressé à son cas.
Il fallut à peine quelques semaines pour qu’on décide de le recruter, et Jacob avait tout de suite accepté le transfert. Après tout, qu'y avait-il de plus noble de nos jours que d’intégrer l’armée humaine ? En plus, elle permettait à Jacob de remplir ses objectifs.
Depuis que des lycanthropes avaient dévoré ses parents et blessé sa sœur, il était obsédé par leur extermination. Jacob vouait une haine si profonde aux Monstres que même mort, son fantôme continuerait à les traquer.
Il avait hérité de sa mère la nationalité et la langue française. On l’avait donc immédiatement transféré aux services du CCP français pour combler le manque d’effectif.
Une fois arrivé sur place, il avait été intégré dans l’escouade dirigée par Isaïe. Bien que Jacob était plus grand en taille, Isaïe était son aîné. Leur écart d’âge et de grade avaient mené Jacob à considérer Isaïe comme un modèle puis un mentor.
Plusieurs pensées bousculèrent l’esprit de Isaïe. Il pensa à tout ce qu’avait enduré Jacob avant d’arriver au sein de l’armée française, puis à ce qu’il avait accompli au sein de celle-ci.
Ce n’est encore qu’un gamin, pensa-t-il.
Si la guerre n’avait pas existé, Jacob serait peut-être à l’heure actuelle à l’université et de profiter à fond de sa vie. Quelle personne aurait-il été ? Serait-il souvent sorti en soirées avec les amis qu’il aurait rencontrés ? Aurait-il rencontré une petite amie là-bas ? Ou bien un petit ami ? Aurait-il fait les quatre cent coups avec un meilleur ami ou alors, aurait-il été un couche tôt rabat joie comme il l’était ? Il aurait pu être le capitaine d’un club de sport dans une des universités les plus prestigieuses aux États-Unis.
Ou alors, il aurait eu d’autres passions surprenantes comme le théâtre ! L’image de Jacob dans un costume de clown aux couleurs pétantes avec son expression sombre fit irruption dans son esprit. Soudain, Isaïe se mit à glousser.
Surpris, Jacob se redressa avec une expression dubitative. Au moment où il leva un sourcil en direction de son supérieur, Isaïe se mit à éclater de rire.
Jacob écarquilla les yeux. Il y a plusieurs minutes de cela, il pensait que son mentor broyait du noir, mais lorsqu’il le vit rire, un léger sourire apparut sur le visage de Jacob. C’était si communicatif et il était si soulagé à la fois qu’il ne put se retenir d’imiter Isaïe. Lorsque le fou rire fut passé, les regards des deux hommes se croisèrent.
S’il y avait bien une chose bénie que créait la guerre, c’était la camaraderie.
Les officiers comme les soldats avaient besoin de ces liens pour survivre, surtout lorsqu’ils étaient en première ligne. Lorsque ces moments survenaient, ils les saisissaient à pleine dents pour en profiter à fond. Du point de vue d’un civil, on pourrait prendre les soldats pour des fous. Mais c’était les rires qui les préservaient de la folie. Tout leur semblait léger et insignifiant. Le bruit des mitraillettes, les hurlements agonisants de leurs camarades, la peur, la mort, tout disparaissaient.
- Sais-tu que Killian est revenu à Nantes ? Lança Isaïe. Il y a deux nuits, il était en patrouille avec son unité. Ils devaient surveiller et fouiller les alentours du Grand Blottereau. Nous savons tous que cette zone est assez calme, et cette nuit-là n’avait pas été une exception.
- Oh ? Demanda Jacob en levant un sourcil. Eh bien … On va patrouiller ailleurs quand on trouve rien non ?
- C’est ce que j’aurais fait. Mais écoute la suite. Le quartier général a fait erreur de le mettre en groupe avec Eliot.
- Hein ? Mais ils sortent pas ensemble ces deux-là ?
- Je ne sais pas, Isaïe haussa les épaules. Mais le quartier général avait envoyé Killian en ligne de front ailleurs parce qu’à leur dernière mission, lui et Eliot s’étaient amusés à passer la nuit dans des cages de gorilles dans un zoo.
- Ah ça oui ! Je m’en souviens très bien ! « C’est pour une expérience pour étudier un rapprochement social entre le singe et l’homme », fit Jacob en relevant l’une de ses mains pour imiter les guillemets. Qu’est-ce qu’ils ont encore fait ces clowns ?
- En faisant revenir Killian, le quartier général pensait qu’il avait appris sa leçon, et qu’il serait plus sérieux cette fois. Ou alors, ils l’ont fait revenir car nous manquons d’effectif manque d’effectif.
- Qu’est-ce qu’ils ont encore fait ces bouffons ?
Isaïe fixa Jacob avec une grimace qui transpirait l’évidence pour la suite de son récit. Ce dernier se mordit la lèvre inférieure.
- Comme il n’y avait aucun monstre et rien de suspect là où ils patrouillaient, ils se sont imaginé que faire un cache-cache géant dans le noir dans un urbex avec le reste de leur patrouille tuerait le temps. L’un de leur homme est resté caché pendant huit heures car Killian ne voulait pas abandonner. Il était tellement en colère de ne pas trouver son subordonné qu’il s’est mit à hurler dans tout le parc.
- Oh my God, fit Jacob. Et où est-ce que le gars était caché ?
- Dans la maison d’un habitant dans leur zone de patrouille, termina Isaïe. Il a fini par s’endormir. On l’a retrouvé le matin même car les propriétaires avaient trois bergers allemands.
Jacob grimaça. Il ne put s’empêcher de pousser une plainte de compassion, mais quel culot il fallait pour faire un cache-cache durant ses heures de travail ! Et d’autant plus, en plein conflit où on ne savait pas où son ennemi se cachait. Mais il continua à se retenir de rire car son corps vibrait de toute part. Il tourna pendant plusieurs secondes son regard vers la vitre de la voiture avant de reprendre.
- Ça explique donc les mains dans le plâtre de Morgane. Moi qui pensait qu’il n’y avait que nous les américains qui étaient assez cons pour faire ça !
- En tout cas, il y a eu un blâme de la part du quartier général, continua Isaïe. Toute l’unité a été suspendue. Heureusement qu’il n’y a eu aucune attaque de monstres cette nuit-là. Seul Dieu sait ce qui leur est passé par la tête.
- Vous m’étonnez ! Ils ont eu tellement de chances en vrai ! Ça aurait pu finir en massacre et ça aurait été la pire risée du CCP.
Le retour fut tranquille, et les deux hommes continuèrent à s’échanger des anecdotes de la même trempe. C’était surtout Isaïe qui menait la conversation, Jacob préférait écouter. Plus il fréquentait Isaïe et l’entendait parler, plus il se sentait apaisé.
Du moins, c’était l’image qu’il avait de son mentor, car Isaïe ferait tout pour maintenir cette partie auprès de Jacob. Qui sait comment ce dernier réagirait s’il découvrait les dessous de l’iceberg.
Une chose était sûre et certaine. Il n’hésiterait pas à lui réserver le même sort que ce qu’il gardait pour leurs ennemis.
Je reprends donc ma lecture ici. Apres la scène d'ouverture qui m'avait bien enchantée, nous avons ici une scène beaucoup plus calme. Cette histoire de monstres intégrés dans notre monde sous traits humains est sympa (proche des complotisme reptiliens :) ).
Si tout se met doucement en place, j'aurais quelques réserves cette fois sur la forme, comme je te l'indique un peu plus bas, certains structures de phrases sont à retravailler selon moi, notamment à cause de l'abus de être et avoir (alors oui, tu écris à un temps composé, mais il y aurait des tournures qui permettraient d'alléger tout ca)
Au plaisir de découvrir les monstres ! Jsuis sûr que l'un de nos héros en sera un ;)
"Une chose qui était certaine était que les Monstres existaient depuis toujours. La science avait beau chercher des explications, aucune recherche aussi aboutie qu'elle n'avait été avait convaincue les experts. "
Ce paragraphe est un peu dur à lire, répétition de "etait" dans la première phrase. La dernière phrase, trouver une autre formulation : ( exemple de reformulation meme si je suis pas censé : Malgré les recherches, aucune ne convainquait encore les experts. Ca permet d'enlever 2 ou 3 auxiliaires
" avait été avait " en brochette est un peu rude :)
"- Je leur ais dis que j’en avais besoin" > ai dit
"Années que Isaïe avait vécu." vécues
Alors tu utilises un temps composé pour ton récit,mais le problème c'est que la succession des auxiliaires etre et avoir est un peu lourde et casse le rythme se lecture. Exemples de paragraphes:
"Avant de venir combattre en France, Jacob était né et avait grandi aux États-Unis. Il s’était engagé dans l’armée américaine, mais ses prouesses étaient si impressionnantes que le CCP s’était intéressé à son cas"
Ou là encore :
"Une fois arrivé sur place, il avait été intégré dans l’escouade dirigée par Isaïe. Bien que Jacob était plus grand en taille, Isaïe était son aîné."
Quatre cent > cents
Au plaisir de lire la suite !