Chapitre 2 : Alliances précaires
La nuit tombait lorsque le groupe quitta le supermarché par une issue arrière. Bill, en tête, tenait son fusil fermement, scrutant chaque ombre. Diego referma la porte derrière eux, poussant une benne pour la bloquer. Tanner, malgré son arrogance habituelle, avait un regard inquiet, et Anna jetait des coups d’œil nerveux autour d’elle, sa barre de fer toujours à portée de main.
« On ne peut pas rester dehors trop longtemps », dit Bill à voix basse.
« Ah bon ? Merci, capitaine obvious », répliqua Tanner, le ton teinté de sarcasme.
Bill s’arrêta net, se tournant vers lui. « Écoute, gamin. Si tu veux continuer à faire des blagues, libre à toi, mais si tu veux survivre, tu fermes ta gueule et tu me laisses réfléchir. »
Tanner croisa les bras, serrant son fusil comme un bouclier. « Ouais, ouais, je t’écoute, chef. »
Diego s’interposa avant que la tension ne monte davantage. « Hé, calmez-vous, tous les deux. Si on se fait entendre, c’est fini. »
Anna hocha la tête, cherchant à éviter le conflit. « Où est-ce qu’on va, alors ? » demanda-t-elle à Bill.
« Il y avait une station-service un peu plus loin sur la route. Avec un peu de chance, elle est encore intacte. Sinon, on improvise », répondit-il.
Le groupe se mit en marche, longeant des ruelles sombres et évitant les rues principales, où des silhouettes errantes d’Infectés apparaissaient çà et là. Chaque grognement, chaque bruit de pas résonnait comme une alarme dans l’air lourd.
Ils atteignirent finalement la station-service. Elle semblait abandonnée, les vitres brisées et le toit éventré. Une lumière de la lune éclairait faiblement l’endroit, révélant des pompes rouillées et des voitures abandonnées.
Bill leva la main, intimant au groupe de s’arrêter. « Restez ici. Je vais vérifier à l’intérieur. »
« Tout seul ? Tu veux te faire bouffer, ou quoi ? » lança Diego.
« Je sais ce que je fais. Si quelque chose cloche, vous partez. Compris ? »
Bill entra, son fusil pointé devant lui. Le bâtiment était silencieux, mais une odeur putride flottait dans l’air. Il balaya la pièce avec son arme, cherchant des signes de danger. Rien. Juste des étagères renversées et quelques flaques de sang séché.
Il revint vers les autres et fit un signe. « C’est bon. On peut s’abriter ici pour la nuit. »
À l’intérieur, le groupe s’installa. Tanner trouva une caisse de chips périmées et s’assit sur le comptoir pour les manger. Diego examina les lieux à la recherche de quelque chose d’utile, tandis qu’Anna s’appuya contre un mur, le regard perdu dans le vide.
Le silence dura quelques minutes avant que Tanner ne rompe la quiétude.
« Alors, c’est ça, notre super plan ? Aller de trou pourri en trou pourri jusqu’à ce qu’on crève ? »
Bill le fusilla du regard. « Si t’as une meilleure idée, je t’écoute. »
« Ouais, on pourrait… » Tanner s’interrompit, cherchant ses mots. « Je sais pas, essayer de trouver un vrai refuge. Y a sûrement des zones sûres quelque part. »
Diego ricana. « Zones sûres ? Mec, t’as pas vu ce qui se passe dehors ? Les zones sûres, c’est un mythe. Les gens comme nous, on est tout seuls. »
« Il a raison », intervint Anna. Sa voix était basse, mais ferme. « J’ai couvert des crises avant ça. Des gouvernements qui abandonnent leur peuple. Des promesses de secours qui n’arrivent jamais. On ne peut compter que sur nous-mêmes. »
Tanner secoua la tête, frustré. « Super. Donc on va juste… errer comme ça jusqu’à ce qu’on finisse comme eux ? » Il pointa un doigt vers l’extérieur, où des Infectés passaient devant la station sans les remarquer.
« Écoute, gamin », dit Bill en s’asseyant. « Ce n’est pas le moment pour tes crises existentielles. Tu veux survivre ? Alors ferme-la et fais ce qu’il faut. C’est tout. »
La tension dans la pièce était palpable, mais elle fut brisée par un son lointain : un hurlement guttural. Anna frissonna.
« Ils se rapprochent », murmura-t-elle.
Bill se leva, son fusil à la main. « On reste ici pour la nuit. Mais on doit rester discrets. Pas de lumière. Pas de bruit. Et surtout… pas de disputes. »
Tanner soupira mais ne répondit pas. Diego s’assit contre un mur, sa machette à portée de main, tandis qu’Anna se recroquevillait dans un coin, tenant sa barre de fer comme si elle pouvait la protéger.
La nuit serait longue, mais pour la première fois, ils se retrouvaient forcés de faire front ensemble.
Extrait du journal d’Anna
“Ils ne s’aiment pas. Je ne peux pas les blâmer, moi non plus je ne leur fais pas confiance. Mais on est bloqués ensemble, et la peur de mourir est plus forte que notre mépris mutuel. Bill a raison : nous n’avons pas besoin de nous aimer. Nous avons juste besoin de survivre encore un jour. Peut-être que demain, il n’y aura plus d’Infectés. Peut-être qu’il n’y aura plus de nous non plus.”