Chapitre 2 : Deux louves

Chapitre 2 : Deux louves

Chumani avance dans la neige depuis plusieurs heures. Elle a quitté le village sans prévenir personne. C’est plus simple, comme ça.

La marche est pénible. Ses bottes fourrées s’enfoncent dans l’épais tapis blanc, chaque pas demande un effort. Le sac de provisions et d’herbes-médecine qu’elle a emporté pèse sur son épaule. Malgré ses vêtements d’hiver, le froid vif lui pique la peau.

La lumière change déjà. Dans une heure, la nuit l’obligera à trouver un abri.

Elle escalade un raidillon en s’aidant de ses mains. Lorsqu’elle arrive en haut, elle se redresse, essoufflée, et s’immobilise. À quelques pas d’elle, un loup lui fait face. Non, c’est une louve : elle a les mamelles gonflées. Elle la fixe de ses incroyables yeux d’or. Son pelage argenté paraît brillant dans le crépuscule.

Le cœur de Chumani bondit dans sa poitrine, mais elle s’efforce de ne pas paniquer.

– Tu n’as pas l’air de vouloir m’attaquer, dit-elle comme si la louve la comprenait. Tu sembles même un peu triste. Regarde, je recule.

Cependant, au premier pas en arrière, la petite fille sent de légers coups dans son dos. Une deuxième louve, à la fourrure d’un blanc de neige, la pousse du museau vers l’avant. Sur son front se dessine une petite étoile noire. Tandis que la première fait demi-tour, puis s’éloigne pas à pas, Chumani comprend : elles lui demandent de les suivre !

Fascinée, elle se met en marche. Elle s’aperçoit qu’elle n’a plus peur. Les deux bêtes la mènent pas à pas dans la montagne.

Elles arrivent à l’entrée d’une caverne. Sur le sol, un louveteau tremblant est recroquevillé au milieu d’un nid de poils et de feuilles. Quand il gémit, la louve argentée le lèche nerveusement. C’est sa mère. L’autre, celle qui porte l’étoile, attrape Chumani par la manche et la tire vers le bébé.

– Il est malade, n’est-ce pas ? Vous voulez que je le soigne ?

Elle s’accroupit près du petit animal. Alors qu’elle tend la main vers lui, la mère sursaute, nerveuse, mais la louve blanche la rassure d’un coup de langue.

La jeune guérisseuse prépare une potion avec les herbes qu’elle a emportées et la fait boire au petit.