Chapitre 2 : initiation

Par Mevena

 

Je retiens mon souffle. La panique commence à me gagner petit à petit tandis que nous nous dirigeons vers le bosquet d’arbres sacrés. Nous cheminons vers la partie des arbres âgés de 16 ans, à l'instar de tous les futurs initiés et moi-même. La doyenne nous suit de près, tout comme les parents des autres initiés, ainsi que ma propre mère. 

A Nymphéa, l’initiation est un rite de passage à l’âge adulte, c’est une fierté pour les aïeuls d’être présents. 

Lorsque le petit groupe arrive à l’endroit souhaité, chacune des jeunes dryades qui m'accompagnent se dirige vers son arbre. Je fais de même et emprunte le chemin que j’ai maintes fois utilisé : il est de coutume d’aller visiter son arbre plusieurs fois par mois, encore plus avant l’initiation, afin de déjà créer une affinité avec son arbre. 

J'atteins mon laurier, chaque dryade à un type d’arbre différent, choisis par leur parents à la naissance. Ma mère a opté pour le laurier en référence à la légende de la Nymphe Daphné, le premier amour d'Apollon. Selon la légende, Daphné fuyait Apollon et allait être capturée, mais au dernier moment, son père, le dieu fleuve Pénée, la transforma en laurier. Dès lors, Apollon en fit son arbre et le consacra aux triomphes, aux chants et aux poèmes. 

D’après ma mère, Daphné était une Nymphes qui  a accompli de grandes choses, et elle aurait vu, dès que je suis née, que moi aussi j’étais prédestinée à de grandes choses, c’est pourquoi elle a choisi cet arbre. Je me rappelle avoir levé les yeux au ciel en entendant cette histoire. 

Devant moi, mon laurier se dresse, majestueux, son feuillage touffus ressort dans cette clairière où la plupart des non-initiés ont un chêne, un sapin, ou encore un olivier. 

- Très bien tout le monde, le principe est très simple, placez votre main à plat sur le tronc de votre arbre et essayez de ressentir son énergie. Une fois que vous y êtes parvenus, tenter de ne faire qu'un avec lui, imaginez-vous à sa place, avec ses racines, son feuillage. Une fois que vous sentez que votre lien est suffisamment puissant, avancez d’un pas et fondez-vous en lui.” Nous dit la doyenne. 

Je tourne mon attention vers mon laurier. Je pousse un soupir, vidant l’air de mes poumons afin de reprendre contenance. J’avance une main tremblante avant de poser ma paume tout contre le tronc. Je me concentre sur la sensation rugueuse contre mes paumes, je ressens plus que jamais l'écorce contre ma peau. 

Je canalise toutes mes pensées et sensations sur l’arbre, bientôt, je perçois son énergie vitale. Je me concentre davantage sur cette sensation. Je le perçois comme une boule d'énergie incandescente, j’essaye d’effacer toutes les autres perceptions pour me concentrer sur celle-ci. L’énergie vitale de mon arbre prend bientôt toute la place dans ma conscience, je le laisse me consumer, s'immiscer en moi. 

Je m’imagine ensuite être mon arbre, je suis profondément ancrée dans la terre grâce à mes racines, des milliers de feuilles parsèment mes branches, je sens le vent les secouer, je me sens sereine, imperturbable. La voilà la sensation que je cherchais, lentement, je fais un pas vers mon laurier. Je pose d’abord un pied sur le sol avant de me décider à pénétrer dans le tronc. 

Mais, au lieu de me sentir transportée à travers l'écorce, mon front heurte brutalement le tronc de l’arbre. Surprise je rouvre les yeux. J’observe autour de moi pour voir si quelqu’un s’en est aperçue, la doyenne est occupée à regarder les autres parvenir à ne faire qu’un avec leur arbre. Emerveillée, je les observe également s'auréoler d’une lumière verdâtre à l’aspect divin, avant de se fondre dans le tronc. 

Pourquoi je n’y parviens pas. Je recommence. Je ferme les yeux , je fais le vide et me concentre. Je ressens à nouveau son énergie vitale, je me sens me fondre en lui, devenir mon arbre. Je retente de nouveau de traverser l'écorce, mais encore une fois, je n’y parviens pas et me heurte au tronc. 

Je regarde à nouveau vers la doyenne, mais elle n’a pas remarqué, je croise cependant le regard de ma mère qui m’adresse un signe de tête encourageant. Elle a beau essayer de me rassurer au mieux, je perçois son angoisse. Je sens à mon tour une bouffée de panique m’envahir, j’ai toujours été rebutée à l’idée même de l’initiation, mais parce que je pensais à ce qu’il y aurait après, jamais je n’avais imaginée ne pas y parvenir du tout. 

Les Nymphes qui échouent à l’initiation sont très rares, il y en a une par siècle, tout au plus, et j’ignore ce qui arrive lorsque cela se produit. 

Non, je vais y parvenir. Je me concentre à nouveau, plus fort encore cette fois-ci, puis je retente. Nouvel échec. Je recommence, j’essaye de sentir mes paumes s’enfoncer dans le tronc, rien ne se passe. Je retente. Cette fois-ci, une fois que j’arrive à atteindre la bonne sensation, j’ouvre les yeux, mon corps est, à l’image des autres non-initiés, hâlé d’une lumière verte. Prise d’un élan d’espoir, je retente de faire un pas vers l’arbre, persuadée que cette fois-ci, ça marchera. 

Mais non. je me heurte encore plus violemment au tronc, cette fois-ci, mon front saigne. Complètement désemparée, je regarde autour de moi, cette fois, tous les non-initiés ont réussi leur initiation, tous les regards sont tournés vers moi. La doyenne me regarde avec un air d’incompréhension.

- Tu t’es bien concentrée sur l’énergie de ton arbre ? me demande-t-elle

- Oui, je réponds dans un souffle de panique

- C’est étrange, je n’ai jamais vu ça, on voit bien que le lien avec l’arbre est créé, mais tu ne peux pas fusionner, c’est comme si l’arbre rejetait ta présence.

- Qu’est-ce que je dois faire ? je demande, tout en sentant les larmes commencées à me monter aux yeux.

- Hélas, je pense qu’il n’y a plus rien a faire, je vais devoir prévenir les dames d’honneur, m’annonce la doyenne en secouant la tête avec affligement. 

- Mais… je bégaye, Qu'est ce que je vais devenir ? je demande d’une voix étranglée. Un silence pesant plane un instant.

- Une Thyade, répond finalement la doyenne. Je suis désolée ma chérie, ajoute-t-elle en me lançant un regard emplit de pitié. 

Je sens une vague de panique me gagner. 

Non, c’est impossible. Le monde semble tout à coup vaciller sous mes yeux, mes poumons ont de plus en plus de mal à se remplir d’air. Je recule machinalement, comme pour échapper au destin qui vient de m'être proféré.

Tous les yeux sont rivés sur moi, la doyenne esquisse un geste qui se veut rassurant. Mais, prise à nouveau par l’angoisse que l’on puisse m’emmener loin de ma mère et me destiner à une vie d’esclave, je recule à nouveau. Dans un élan de folie, et d'adrénaline, je tourne les talons et m’enfuis en courant. 

J’entends les dryades crier mon nom et se lancer à ma poursuite, mais c’est peine perdue : je passe mon temps à courir dans la forêt et ce n’est pas leur cas. Bientôt, je suis suffisamment loin pour ne plus les entendre. 

Je cours en direction de la forêt. Je cours loin. Je cours longtemps. Si bien, que mes poumons finissent par me brûler et mes jambes à s’engourdir, mais malgré cela, je continue à courir. 

Je sens des larmes brûlantes me rouler sur les joues, le vent fouette mon visage et mes cheveux. Ça ne peut pas être réel

Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas que mes jambes m’ont, d'elles-même, amener au seul endroit où je me sente réellement en sécurité : sur la rive du bassin. Je m’arrête une fois arrivée au bord de l'eau, et là, je laisse ma peur, mon chagrin et ma stupéfaction s’exprimer. Je laisse libre cours à mes larmes. De légers sanglots viennent secouer mon corps. Je pleure pendant ce qui me semble être une éternité. 

Tout à coup, j’entends des bruits de feuillage derrière moi. Je sursaute et me retourne, prête à faire face à une dryade déterminée à m’amener voir les dames d'honneur. Le feuillage s'écarte petit à petit, chacun de mes muscles se bande, se préparant soit à fuir, soit à me battre. Mais face à moi, c’est seulement ma mère qui apparaît.

- Je savais que je te trouverai ici, me dit-elle.

-Oh maman ! Je gémis, elle s’approche et me prend dans ses bras. D’un geste tout maternel, elle me caresse les cheveux tandis que je laisse libre cours à mes larmes. Sa présence me rassure, je me perds dans ses bras. Sa chaleur est si rassurante que j’en viendrais presque à oublier ce qui vient de se passer.

- Ma chérie, je sais que tu es bouleversé, mais il faut absolument que je sache  :  est-ce que tu as déjà ressenti une quelconque affinité avec l’eau ? me demande-t-elle. Comme je la regarde éberluée, elle poursuit : “est-ce que tu ressens quelque chose de spécial comme une force surnaturelle qui t’attire ?” 

Je réfléchis à sa question : oui l’eau m’attire beaucoup, mais j’ai toujours pensé que cela faisait partie des affinités qu’ont les dryades avec la nature… et puis, je me rappelle l’épisode qui s’est passé ce matin, lorsque le bassin a eu l’air d’être mué par une force surnaturelle. 

Alors, je raconte tout à ma mère : la façon dont mes mains ont commencé à me brûler, et l’eau qui s’est agitée d’une énorme secousse lorsque je les ai retirées. Je lui explique que j’arrivais à sentir l’énergie vitale de l’eau tout comme je sentais celle des arbres. Pendant que je raconte mon histoire, le visage de ma mère reste impassible.

- C’est ce que je craignais le plus, m’avoue-t-elle dans un souffle. Écoute, je dois faire vite, mais il faut que tu saches : ton père n’est pas la dryade qui est morte peu de temps après ta naissance, ton vrai père biologique était un hydriade. Elle me laisse une seconde pour encaisser la nouvelle, qui me laisse sans voix, avant de reprendre. “Il faut que tu saches que c’est l’union la plus crainte qui soit, mais pas parce que, de cette union naîtra un monstre comme les muses te l’enseignent, mais parce qu’une très vieille prophétie annonce qu’une nymphe né de l’union de l’eau et de la terre parviendrai à unir l’ensemble des clans de nymphe et à tous les gouverner.” Je déglutis, ébranlée par la nouvelle. Prise par l’urgence de la situation, ma mère poursuit : “Écoute moi bien, les quatre reines ne sont pas des Saintes, elles cherchent à conserver le pouvoir le plus longtemps possible, pour ne pas dire pour toujours. Si elles apprennent ton existence, elles te traqueront jusqu'à la mort. La doyenne ne le sait pas, mais seuls les métisses né de l’union de deux Nymphes différentes échouent à l’initiation. D’ici quelques heures les dames d'honneur sauront que tu l’as raté, et elles sauront que tu n’es pas une dryade pure. Il faut absolument que tu fuis, j’ai une amie Oréade qui vit recluse dans la montagne, elle saura quoi faire. Trouve-la, et explique-lui tout, elle t’emmènera voir ton père. Je suis désolé ma chérie de t’avoir cacher tout ça.” 

- Maman… je chuchote, toujours sous le choc

- Écoute ma chérie, je dois repartir avant qu’ils ne remarquent que je me suis absenté trop longtemps, fuit le plus vite possible, ils n'iront pas te chercher là-bas, remonte le ruisseau, c’est à sa source que tu trouveras la cachette de mon amie, dis-lui que tu viens de ma part. J’y vais ma chérie, je t’aime très fort, me dit-elle avant de déposer un doux baiser sur mon front. Sous mon regard perdu, elle se relève avant de tourner talons et de disparaître en passant par le même buisson par lequel elle était venue. 

Je déglutis. Ça fait beaucoup à encaisser, mais je n’ai pas le temps de réfléchir. 

Je me relève tant bien que mal, sans que je m’en aperçoive mes larmes ont redoublé durant le discours de ma mère. J’essuie mes joues dans un geste de la main, puis, je recommence à courir , cette fois-ci en direction du ruisseau. Tout en poursuivant ma course, des pensées martèlent mon crâne. Moi, la fille d’une dryade et d’une hydriade

Je repense à tout, à comment, depuis toute petite j’ai toujours adoré me baigner, aller dans l’eau et la toucher. Je me rappelle à quel point tout le monde trouvait ça étrange que mon teint soit aussi pâle et que mes yeux soit d’un vert persan, plutôt que d’un vert vif. Mais maintenant que je sais ça, cela n’a rien d’étonnant si l’on considère le fait que les hydriades ont tous des cheveux blonds, une peau pâle et des yeux bleus. 

Il faut croire que j’ai hérité d’une partie du teint et des yeux de mon père, je pense ironiquement. La surprise passée, c’est maintenant un sentiment de colère qui m’envahit. Pourquoi ma mère m’a-t-elle caché ça ? Si je l’avais su, ça m’aurait évité bien des tracas, et pourquoi me laisser passer l’initiation si elle savait que j’échouerai ? Et maintenant je dois trouver une oréade dont je ne connais même pas le nom. 

Jusqu’à maintenant, j’ignorais même qu’il existait encore des oréades. Les Oréades sont une sous-catégorie de dryades, ce sont des Nymphes des montagnes et des grottes, mais cela fait des siècles qu’elles ont quitté Nymphéa. 

Étonnamment, je n’ai plus mal aux jambes lorsque je cours, peut-être est-ce l'adrénaline, ou bien mon cerveau qui ne cesse de fuser depuis que je connais toute la vérité… Quoi qu’il en soit, j’arrive enfin au ruisseau, ce dernier est situé tout à l’Est de la forêt, et la traverse dans la longueur. Il puise sa source dans la montagne qui se situe au delà de la forêt, cet endroit n’est pas interdit, cependant, peu de dryades y vont, pour ne pas dire aucune, car elle se situe à plusieurs heures de marche et qu’il n’y a rien là-bas à part des rochers. 

Je décide de m’arrêter cinq minutes pour reprendre mon souffle. J’ai l’habitude de courir, mais cette fois-ci, la peur me tenaille le ventre. Les mains sur les genoux, je tente de me remettre de ma course et de mes émotions. 

J’entends des voix au loin, les autres dryades essayent de me retrouver… Elles peuvent ressentir mon énergie vitale, pour l’instant je me suis quelque peu éloignée et elle doit se confondre avec celles des autres animaux de la forêt, mais elles ne tarderont pas à la discerner et à venir à ma rencontre. Il faut que je me dépêche. À contre cœur, je reprends ma course, cette fois-ci en suivant le ruisseau. 

 

J’ignore durant combien de temps je cours, 1 heure ? 2 heures ? Quoi qu’il en soit, après de longues minutes à courir à travers la forêt en suivant le ruisseau, les arbres se font enfin de moins en moins nombreux, et petit à petit, la forêt laisse place à une vaste plaine. 

À bout de souffle, je m’arrête un instant et me retourne. D’ici, je parviens à voir la clairière, je peux voir la lumière des boules de lux filtrer à travers les fenêtres des chaumières. A l’heure actuelle, les dryades doivent surement se relayer pour me chercher, de toute façon, Nymphéa est un lieu fermé, je ne pourrais pas me cacher longtemps, car à l’Est se trouve la barrière magique nous séparant du clan des ouranies, et à l’Ouest, celle du clan des lampades. Enfin, sauf si l’amie de ma mère parvient à me faire sortir comme elle l’a sous-entendue. Mais si elle parvient à me faire sortir, quels genres de dangers vais-je trouver au-delà des frontières ?

Je reprends ma route, mais cette fois-ci, je suis trop épuisée pour courir, et je privilégie la marche rapide. J’en profite pour reprendre mon souffle. Heureusement que la lune est pleine, la nuit est à son apogée et elle est la seule source de lumière qui me permette de voir devant moi. Je continue à suivre le ruisseau dans le sens inverse. à cause de la nuit noire, j’ai beaucoup de mal à apercevoir la montagne. On peut l’apercevoir depuis le camp, et d’après ma perception, elle devrait se situer à un peu moins d’un kilomètre de la lisière de la forêt. Mes sens sont perturbés par le noir de la nuit, la seule chose que je puisse faire est de continuer à suivre le ruisseau, c’est d’ailleurs la seule chose que je puisse encore apercevoir assez distinctement, la lune se refletant sur la surface de l’eau. 

Je suis parcourus d’un frisson, je me rends compte que n’importe qui pourrait sortir de l’obscurité et m’attaquer. Un frisson d’effroi me parcourt l’échine à cette pensée, et j’accélère le pas.

Je pense avoir marché sur un bon kilomètre maintenant, mais la montagne me paraît encore loin. Au moins, j’arrive maintenant à la voir, plus que quelques centaines de mètres à parcourir. Prise par un élan d’espoir, je me remet à courir. 

J’arrive assez rapidement au flanc du relief. Le ruisseau semble trouver sa source un peu plus haut, mais je me décide à tenter ma chance : 

- Eh oh ! il y a quelqu'un ? je crie. Seul mon écho me répond. Dis-lui que tu viens de ma part. La voix de ma mère résonne dans ma tête. “Je suis la fille de Caïssa, elle m’a dit de venir vous voir”, je rajoute sans grande conviction. Personne ne me répond non plus. 

Je me décide finalement à commencer à gravir la montagne, en espérant pouvoir me rapprocher de la source du ruisseau. Mes pieds nus glissent contre les pierres, mais je continue. Au bout de quelques mètres, je m’autorise à regarder derrière moi, la pente n’est pas encore raide, mais j’espère sincèrement que la source d’eau n’est pas trop loin. A en juger par le bruit que fait l’eau, je devrais m’en approcher. 

Ne pouvant compter sur ma vue, je me concentre sur mes sensations. Je ferme les yeux, je ressens d’abord mon propre souffle, puis je projette ma conscience vers l’extérieur et discerne directement le ruisseau, mentalement, je suis son écoulement à contre sens. Je ressens une chute. Oui, il prend sa source dans une cascade. Je la sens proche, à une dizaine de mètres tout au plus. 

Soulagée, je rouvre les yeux et poursuit ma route. La plante de mes pieds me fait souffrir, je ne serais pas étonnée si de profondes entailles y étaient nées. Le sol rocheux me complique la tâche. 

C’est d’abord le bruit de l’eau que j’aperçois. Je ferme à nouveau les yeux. La source est juste devant moi, derrière le buisson. J’écarte le feuillage et me retrouve nez à nez avec une magnifique chute d’eau. Le peu de lumière que me procure la lune me permet d’apercevoir une végétation abondante, des arbres d’au moins trois mètres de haut surplombent la source, un amoncellement de roches d’où s’échappe une eau limpide. Une grande cavité bordée de pierres rondes récupère l’eau, qui s'écoule ensuite dans le ruisseau. 

Bouche Bée par ce spectacle, j’en ai presque oublié ce pourquoi j’étais venue.

- Il y a quelqu’un ? je redemande d’une voix forte. S’il vous plait, j’ai besoin d’aide, je rajoute d’une voix emplit de panique, je suis la fille de Caïssa, elle m’a dit que vous sauriez quoi faire. A nouveau, mon écho me répond. Mes épaules s’affaissent, le doute et le désespoir commencent à m’envahir. S’il vous plaît, répondez. L’angoisse me tenaille la poitrine.

- J'avais bien dit à Caïssa qu’il fallait que tu partes avec ton père dès le début. 

Surprise, je sursaute et me retourne, une personne plus petite que moi se tient à quelques centimètres de moi. 

Je plisse les yeux pour parvenir à distinguer quoi que ce soit. C’est une dryade, physiquement tout le montre : son teint hâlé, ses yeux d’un vert luisant, ses cheveux bruns. Mais à ma grande stupéfaction, elle ne ressemble pas aux dryades du clan, qui ont toutes l’air d’avoir le même âge que lors de leur initiation, la femme qui se tient devant moi à les traits marqués par le temps. 

Elle aussi semble avoir du mal à me voir avec l’obscurité qui règne. Elle glisse alors sa main dans les pans de sa tunique, aux aguets, je m’attends à ce qu’elle sorte une arme quelconque. Mais non. Elle en ressort une boule de lux. La sphère lumineuse éclaire son visage que je distingue alors plus facilement. Ses traits sont en effet creusés, ses yeux ont l'air hantés, comme si elle avait vécu des choses qui lui avaient laissé une marque indélébile. J’aperçois une cicatrice qui lui barre le sourcil, comme pour confirmer mes pensées. Elle me dévisage également, comme pour s’assurer que je suis bien celle que je prétends être. Après ce qui me paraît être un long moment, elle reprend la parole : 

- Viens avec moi, me dit-elle avant de se retourner. Elle s’enfonce dans la pénombre, la lueur de la lux dansant dans son sillage. Sans plus réfléchir, je la suis, et m’engouffre à sa suite dans l’obscurité de la montagne.

 

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Nini24
Posté le 07/04/2024
Vraiment, super chapitre, j'ai adoré! Encore plus hâte de lire la suite!
Tout est super, mais je pense que ce serait peut-être pas mal de revoir la ponctuation dans la partie où elle essaye de faire son initiation. J'ai trouvé que c'était peut-être un peu trop rapide et saccadé, après c'est aussi possible que je ne l'ai mal interprété et que ce soit voulu.
Il y aussi la partie où sa mère lui avoue l'identité de son père, j'ai trouvé que ça se passait un peu trop rapidement aussi. Ce serait intéressant de décrire un peu plus ébahissement, et de faire en sorte que le récit de sa mère se passe en plusieurs paragraphes, moins vite, qu'elle fasse des pauses dans ses phrases.
Voilà, trop hâte de connaître la suite de l'histoire!
Nini24
Posté le 28/04/2024
Il y a aussi une petite incohérence vers la fin du texte, quand elle dit ne pas savoir si elle a couru une heure ou deux. Quelques paragraphes plus loin, pourtant, elle estime avoir parcouru un kilomètre. L'incohérence est là: en marchant, on met environ 10 min pour parcourir un kilomètre, mais en courant, il n'est pas vraiment possible qu'elle ait mis une heure, encore moins deux.
Mevena
Posté le 01/06/2024
C'est vrai, merci beaucoup pour ces retours ! ça va beaucoup m'aider pour la correction !
Monika
Posté le 03/01/2024
J'adoreeee ! On rentre assez rapidement dans l'action :) hâte de lire la suite et de voir la fille de Caïssa découvrir ses origines, ses réelles pouvoirs et son père :) merci !
Mevena
Posté le 24/01/2024
merci beaucoup pour ton retour ! La suite ne devrait pas tardé à arriver haha, je suis très heureuse que cette histoire te plaise !
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