Monde Désertique, Ville Centrale, Immeuble des Crismos, 2 :10 PM, Zaquo :
Cinq minutes passent, Zaquo veut s’absenter. Histoire de prendre l'air, dit-il. En sortant du bâtiment, il s’arrête et fixe le ciel. Toujours aussi bleu, se dit-il. Leur monde n'a jamais connu une seule goutte de pluie, pas un seul nuage à défigurer du visage. C'est en parcourant les mondes parallèles, qu'il découvrit toute la richesse que peut posséder un ciel, mais aussi toute sa cruauté. Ses longues nuits de son enfance à observer les étoiles, en devenaient banales à côté des multiples spectacles que lui offraient ces autres mondes. Il ne dirait pas non à une petite pluie, immédiatement. Sa route se prolonge vers le centre de la ville, là où s’étend une grande place. Divers commerces longent les murs qui y font face, peu de passants pour s'appuyer sur le puits centrale. Il s'en approche pour y regarder son contenu. Une eau bleu comme le ciel monte comme une cru. Elle s’arrête, puis monte, pour redescendre et s’arrêter. Ces récents mouvements sont inexplicables, même pour Zaquo. Il quitte le monument pour s'enfoncer dans une petite rue. Il s'en détache vite pour se faufiler dans une ruelle. Il s’arrête à mi-chemin pour s'adosser au mur, les genoux fléchis par une angoisse. Il vient de perdre son père. La vision encore fraîche du cadavre de son père ravive une peur enfouie s'extrayant de sa faiblesse exposée, il la retient au besoin des apparences pour ne pas flancher devant la maudite influence du Tyran sur son existence. Essoufflé par son mal, il ravale sa salive. Étourdit, il n'entend pas Warren s'approcher et lui poser une main sur l’épaule en s'exclamant :
« - Eh bien alors, on a un coup de mou ?!
- Warren... je suppose que je n'ai pas à te demander ce que ça fait de perdre quelqu'un de cher ?
- Ma femme a été enlevée par Temporal, et l'Apocalypse m'a prouvé que le seul Dieu qui existe aujourd'hui, est celui de la mort.
- C’est radicale. Dit Zaquo au coin d'un sourire, baissant les yeux.
- Tu sais ce qui doit être fait.
- Je sais, mais il y a trop de responsabilités. C'est à moi de gérer la situation, mon père est mort, c'est à moi de le succéder. Je suis partie longtemps de ce monde. Les choses ont changé, et les gens me connaissent que pour mes exploits. Je ne ferais pas un bon représentant.
- Alors si ce n'est pas toi qui le fera ?
- Quelqu'un de plus compétent. Assure Zaquo. Et si jamais, il n'y a vraiment personne… j'ai déjà pris la décision de m'imposer ce titre.
- Alors première question monsieur le chef, on fait quoi du Tyran ?
- On va le déloger, mais on doit en parler à tête reposer. On va rentrer, établir un plan pour cette nuit. On aura 24 heures, ce sera suffisant.
- 24 heures ?
- Notre planète tourne très lentement, nos journées et nos nuits durent 24 heures. Lorsqu'on s'endort, absolument rien ne pourra nous réveiller jusqu'au levé du soleil, rien.
- Donc tu ne vas pas dormir de la nuit ?
- Exactement. Avec vous ici, on peut enfin passer à l’offensive. »
À leur retour dans l'appartement, ils découvrent que chacun s'est déjà attelé à une occupation, qu'ils ont décidé bien avant Zaquo de s'offrir une pause. La plainte de Warren quant à son appétit, décide Zaquo à partir pour aller chercher de quoi nourrir tout ce beau monde. Il doit marcher un moment pour éviter les interférences du Tyran. Il sera de retour dans quatre heures environ selon lui. Son départ ne perturbe pas l'ambiance reposée. Robinson s’était posé dans un coin, parlant avec son mamba d'un naturel familial. Il le caresse sous la mâchoire en s'excusant de ne pas pouvoir le nourrir pour l'instant. Sur la table du salon se déroule une partie d’échec. Oliver a toujours eu ce jeux de société de poche sur lui. Il s'amuse à jouer contre Jonathan. Même si ce dernier a des tendances aux explosions assez fréquentes, il n'en demeure pas moins intelligent. Ils s’échangent depuis plusieurs années les victoires et les défaites, sans compter leurs incalculables égalités. Ils prennent le temps à chaque tour d'analyser le jeu. D'intense réflexion dont Junko est spectatrice. Ils n'en sont qu’à leur première partie, et elle s'annonce très serrée. Du côté de la fenêtre ouverte, toujours dans le salon, Shawn et Joey fument une cigarette. Ils font dos à l’extérieur et ressentent cette intense lumière parvenant du soleil. Pourtant, aussi puissante paraît-elle, ils s’attendaient à s’écrouler sous une chaleur extrême, mais il n'en est rien. Une interrogation de plus sur ce monde qui cache vraisemblablement quelque chose. Une clopes se consume et en soufflant sa fumée, Shawn soupir. Il regarde son ami, il fume. Il fixe les cendres qui s’éparpillent à la fenêtre :
« - Ça fait bizarre, d’être si loin de la maison… j’espère qu'ils vont bien.
- Ne me dis pas que tu doutes du Commandant. Shawn, sérieusement ?!
- Ne me taquine pas. Sourit-il. Je sais qu'ils seront encore en vie à notre retour. Mais le but de Temporal n'est pas de détruire les mondes, c'est de les soumettre. Je ne veux pas les voir… misérables, plus qu’après une Apocalypse. Temporal n'est pas un Dieu, il peut mourir.
- Oui… tant mieux pour nous. »
À part, dans la chambre de Xeno, le corps de ce dernier y repose sur le lit. Phil se trouve à ses côtés, il fixe la blessure, puis le visage de l'homme, plusieurs fois. Il ne sait pas exactement pourquoi ce corps… l'intrigue. Le fait de voir cette carcasse vide, ce simple corps sans vie, éveille un sentiment partagé entre la solitude et l'espoir. Comme s'il s'attend que Xeno se relève, émergeant de ses rêves. Paralysé dans sa transe, il ne bouge pas.
Rien ne se passe trois heures durant. Une troisième clope chacun est en train de griller. Une seconde partie d’échec a trouvé un potentiel gagnant, Jonathan veux vaincre cette fois-ci. Phil demeure encore seul avec le cadavre. Le mamba de Robinson lève la tête vers la porte et celle-ci s'ouvre. Un homme dans la trentaine, au teint hâlé et aux petits yeux fatigués peinant à faire paraître leur clarté bleu, entre. Il recoiffe ses cheveux azur lisses d'une main et s'exclame :
« - Vous devez être l’équipe Joxtrot. Zaquo m'a prévenu de votre arrivée. Je suis Tyro. Xeno, enfin monsieur le Maire, est un bon ami alors je… je devais, essai-t-il d'expliquer en bafouillant, aller quelque part et… … où est Xeno ? Reprend-il plus sérieux.
- Désolé de vous l'apprendre comme ça, mais votre ami est mort. Révèle Shawn.
- Quoi ? … Non… Pas encore… »
Il n'a pas une seconde pour réaliser, que sa main tenant un grand sac plastique, tombe au sol, coupée. Le haut de son corps ne tarde pas à suivre la chute. Coupé en deux à la taille, son effondrement dévoile quelqu'un qui était derrière lui. Il s'apparente à un adolescent, aux longs cheveux bruns maladroitement attachés en queue de cheval. On porte attention à sa main droite d'abord rigide, pour redevenir ‘‘normal''. Beast sort de nulle part depuis le couloir et tente d'attaquer le jeune. Ce dernier l'esquive et se met à courir. Beast se relève pour accourir dans le salon et s'exclamer :
« - C'était lui ! C'était le Tyran !
- Le Tyran… répète Joey ébahit comme ses compagnons.
- C'est quoi ces têtes ?! On doit le rattraper, venez !
- Non ! Clame Oliver sèchement.
- Non !? Le Tyran est à porté de main et tu me dis de ne pas le suivre ?
- Beast, insiste Oliver en allant attraper ses épaules, tu as sûrement de grandes capacités pour être aussi confiant, crois-moi ou non, mais nous ne sommes pas prêt.
- Moi je ne suis pas prêt ?! S'emporte Beast.
- On a vu ce qu'il a fait. Sa main a découpé cette homme bien bâtit comme du beurre. Zaquo a raison, le seul moyen de le nuire, c'est de désactiver son générateur ! Donc, s'il te plaît, calme-toi. »
Beast voit très bien cette angoisse qui anime le regard d’Oliver. Junko est recroquevillée dans un coin, évitant tout contact visuel avec le cadavre. Les autres le fixent dans l'espoir qu’il comprenne la vérité que lui expose Oliver. Seul Jonathan est resté figé dans son enthousiasme, grenade à la main, sourire en coin. Beast grince des dents avant d'aller s'asseoir dans un fauteuil où il râle :
« - Je ne suis pas du genre à pouvoir rester assit des heures. Je sortirais si l'envie m'en prend. »
Une heure de plus passe, Beast est déjà sortit se dégourdir les jambes. Les autres sont restés. Même Phil demeure toujours aux côtés de Xeno dans la chambre à la porte ouverte sur l’entrée. On toque de nouveau, Zaquo entre d'abord souriant, mais l'odeur âcre du sang et la mine déconfite des présents lui fait demander, perdant son sourire :
« - Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Tyro est mort. Lance Robinson. Ils ne voulaient pas te le dire tout de suite.
- Quoi ? … Non… Pas encore… »
C'est à genoux que Zaquo termine ses mots. Personne ne s'approche, ils le laissent encaisser. Une mort de plus en l'espace de quelques heures. On le pense abattu, mais Zaquo connaît ses responsabilités. Si ces morts sont des minces sacrifices pour le Tyran, pour lui c’est bien plus, et même au-delà des liens du sang ou du temps. Il se considère comme le dernier pouvant apporter le coup de grâce au Tyran, alors il ne doit pas tomber plus bas avant d'avoir accomplit ce pour quoi on l'a préparé. Il reprend pied. Il balaie la salle du regard et déclare :
« - On va préparer la contre-attaque !
- J'ai la dalle ! Interrompt Jonathan.
- Bon OK, d'abord on mange, je ne suis pas contre. Se résigne Zaquo. »
La pause fait bien de s'imposer. Leur ventre vide tiraillent leur peur gonflée dans leurs entrailles, perchée au bord de leur chair. La menace du Tyran est plus qu’évidente et doit être maîtrisée. La tâche s'annonce ardue, d'autant plus que le Tyran possède des alliés de gros calibre. S'occuper de lui et de ses larbins en même temps paraît être le scénario le moins enviable.
Ils dégustent leurs plats tandis que le Tyran les observe, du haut du plus grand immeuble de la ville, à une centaine de mètres de là. Assit au bord, il chantonne un air d’une bonne humeur. Un vortex rouge apparaît derrière lui, une femme en sort. De longs cheveux écarlates se marient du même éclat de ses grands yeux. Une longue robe rouge sang échancrée pour de somptueuses formes, elle approche du Tyran et s’arrête à son niveau.
« - Tu n'en finis pas ?
- Transmet ce message à Temporal. J'ai trouvé les Dieux Apocalyptiques.
- Quoi ? Ces gars là ?
- Temporal m'a créé dans le but de détecter les Dieux dès que je les verrais. C’est chose faite.
- C'est pour ça que tu n'as rien fait. Et tu comptes faire quoi ?
- Même si je plus faible que vous tous. J'ai une ultime mission à accomplir : capturer les Dieux. J'ai juste un problème.
- Lequel ? Tu as besoin de mon aide ? Demande-t-elle d'un air faussement triste.
- J'ai pas besoin de ton aide Gilda. Grogne le Tyran. C’est juste qu'il manque un Dieu sur les sept. Mais bon, un plus ou un de moins, il nous les faut. Fais passer le message et ce soir, on pourra fêter ça.
- Ne me déçois pas, je vais préparer le banquet. »
La lune se lève. Son rayonnement fait scintiller toute la planète dans cet éclat violet, provenant de ses cristaux. À partir de maintenant, toute la ville est endormit jusqu’à demain matin, dans 24h. Les habitants ont toujours connus des nuits paisibles, celle-ci n'en sera aucunement différente… pour ceux qui rêvent. Tous ceux encore debout sont réunis chez Zaquo, histoire de mettre au clair ce qu'ils ont convenu :
« - Quoiqu'il arrive, nous avons des renforts à l’extérieur. Déclare Zaquo en se levant de sa chaise. Ils sont surtout là pour surveiller les portes, mais on peut compter sur eux. Nous nous irons au quatre coin de la ville afin de trouver un maximum de larbin du Tyran. Trouver l'emplacement de son générateur et le détruire. Vous connaissez vos équipes, je- »
Il est coupé par un appel, provenant d'un de ses gars en ville. On lui assure avoir vu des humanoïdes traîner. Un autre appel venant de l’extérieur, l'homme est paniqué et fait comprendre que tout le monde est en train de se faire tuer là-bas. Sa voix disparaît et la ligne est coupée. Une urgence de plus que Zaquo ne peut pas contrôler lorsque la porte de l'appartement vole en éclat. Personne derrière. Beast est le premier a sauté dans le tas. Il reste silencieux un instant et se dirige, tous crocs dehors, vers les escaliers des étages supérieurs. Zaquo le voit monter et s'exclame avant de se retourner :
« - Je vais suivre Beast, et vous… minute, y manque pas des gens là ? »
Jonathan, Warren et Joey était déjà partie pour quitter l'immeuble. Les autres n'ont pas bougé et décident de suivre Zaquo, qui soupir devant ce manque de communication. Ils suivent les pas de Beast déjà bien avancé. C'est vers le quinzième étage que Zaquo s’arrête, voyant Beast immobile au milieu de cette pièce vide, transitant entre les escaliers. La pièce est à peine baignée par des rayons de lune, beaucoup de zones d'ombres se démarquent. Beast fait savoir qu'il y a quelqu'un qui se cache dans cette pièce, c'est certain. Il leur demande d'avancer sans lui et qu'il couvre leurs arrières. Zaquo ouvre la marche, Beast grogne en regardant dans tous les recoins. Ils passent, mais le hurlement de Beast vers eux, fait paniquer Shawn en fin de file. Beast semble frapper dans le vent , mais touche bien quelque chose dans le noir. Un bruit sourd contre un mur, Beast revient au milieu de la pièce, Zaquo continue la route avec les autres. Une voix s’élève dans la pièce où se trouve Beast. Un homme au timbre très jeune et enjoué :
« - C'est quoi ton problème à me sentir de partout ?
- Je suis mi-homme, mi-tigre, même dans le noir j'ai une bonne vue et une bonne ouïe. Réplique Beast.
- Je vois… j’ai un travail à faire, mais j'ai mes propres règles aussi, alors si tu le veux bien… … buvons. Déclare-t-il en sortant deux petits verres et une bouteille d'alcool de son grand manteau noir en sortant des ombres.
- Boire ?
- J'ai une tradition chez moi, explique le jeune homme en s'asseyant, le résultat d'un combat n'est jamais gagné d'avance. Si je meurs dans ce combat, je serais oublié et vice-versa. Alors buvons et présentons-nous, avant d'entamer notre potentiel dernier combat.
- Minute, si je suis ton raisonnement, comment feras-tu pour ne pas que je sois oublié ?
- Je graverais ton nom dans mon dos. Comme les deux premiers. Si tu gagnes, libre à toi de ne pas m'oublier à ta manière, mais n’omet jamais que ceci est un serment à vie.
- Je vois… les traditions hein ?! J'ai ai ma claque de vos traditions, alors finissons-en vite. Et s'il le faut, je me souviendrais de toi. Annonce Beast en prenant place devant l'homme.
- Je me prénomme Shundô, continue ce dernier en servant les verres, dans mon monde ça signifie ‘‘celui qui part avant’’.
- C'est tout.
- Mon nom complète la phrase. Shundô Onme, ‘‘celui qui part avant l'aube’’.
- Tu viens de quel monde ?
- Le Monde Nuit. À toi maintenant.
- Je suis Beast, du Monde Sauvage.
- Si tu t'appelles Beast, comment s'appelle les autres ?
- C'est le nom que m'a donné le Monde Carrefour, dans mon monde nous n'avons pas de nom.
- Vous êtes tous des hybrides ?
- De nos jours, quasiment.
- Beast, l'homme-tigre du Monde Sauvage. Très bien. Ceci étant dit. Santé !
- Santé ! »
Les verres trinquent, un cul de sec, les verres claquent, ils clouent leur bec. Beast n'avait pas encore vu le visage du jeune Shundo caché dans sa cagoule, il repense au moment où il l’a frappé. Il jette en œil par une fenêtre et s'y dirige. Ses bras deviennent de puissantes pattes de tigre et il détruit une grande partie du mur à coup de poings. Il se tourne vers Shundo et lui lance :
« - Je ne sais pas comment ça marche, mais tu as une capacité en rapport avec les ombres, c’est sûr. La lune est magnifique n'est-ce pas ? »
L’énorme lune baignait toute la pièce de son éclat, renforcée par celui des cristaux. Il n'y a quasiment plus d'ombres dans la pièce. Shundo regarde autour de lui, il soupir un coup et retire sa capuche, découvrant son crâne chauve et ses yeux blancs, enroulés dans son teint pâle. Au creux de ses mains qu'il ouvre, les ombres s'y accumulent et prennent la forme de dagues. Une dans chaque main, il tient des dernières paroles :
« - Un combat peut se terminer dès le premier assaut. J'ai pas de temps à perdre.
- On est d'accord sur ce point. »
Beast hurle et complète sa transformation homme-tigre. Il a la posture d'un animal, ses bras et ses jambes dévoilent leur part bestiale, avec ces pattes orangés rayées de noir et ses énormes griffes. Ils se jettent l'un sur l'autre, Shundo passe la griffe de Beast, mais échoue dans sa contre-attaque au couteau. Beast plante ses griffes sur son flanc gauche et le repousse dans le mur plus loin. Blessé par le choc et ses entailles, Shundo se redresse et lance plusieurs couteaux à base d’ombres. Beast fait des bons sur les côtés pour feinter sa course et éviter les couteaux. Il prépare son coup, mais Shundo bascule derrière en pivotant à côté de lui. Un couteau blesse Beast dans le dos. À ses yeux sauvages, son adversaire comprend qu'il en faudra plus. Un hurlement supplémentaire, l’homme-tigre bondit poings déjà préparé. Shundo tente d’arrêter sa patte, mais la force de l'animal le surpasse, il est repoussé jusqu’au mur détruit et entame une fatale chute. Il croise le regard de Beast en basculant, le sien se floute de souvenirs avant d’ancrer l'ultime image de sa vie. Un ciel étincelant d’étoiles et dominé par l'imposante présence de la lune. Un ultime instant avant de toucher le sol, il pu se voir, au milieu du vide, surplomber la majesté céleste de la nuit. Naître avec elle et mourir pour elle. Ses souvenirs se répandent dans les éclats violâtres qui transcendent leur couleur rouge âcre. Il n'en reste qu'un reflet, d'une lune. Elle est magnifique. Du haut de la pièce, Beast regarde le corps de l'assassin et ne peut pas s’empêcher de lui parler :
« - J'ai fais mine de ne pas savoir. Je connaissais ton monde et tes traditions. On m'a souvent dit de me méfier des gens. J'ai mentit. J’espère que les noms de tes victimes sont vraiment ancrés dans ton dos. Sinon, tu ne vaudra pas mieux qu'un escroc. »
Il fait demi-tour pour rejoindre ses alliés déjà arrivés sur le toit. Ils font face au Tyran, au bord du toit. Il ne bouge pas et reste souriant. Tout le reste du groupe de la 60ème n'ose pas bouger pour l'instant. Le Tyran paraît fier, pourtant il en est tout autre. Il s'est rendu ici dans l’idée de capturer les Dieux, mais comment maîtriser un Dieu ? S'il les amoche trop, cour-t-il le risque de réveiller leur Dieu ? Qu’a-t-il vraiment à disposition pour les capturer immédiatement ? Ses questions sont brisées par les paroles de Shawn, se mettant en avant du groupe :
« - Zaquo, Robinson, restez en retrait ! Ils nous veulent vivant, alors on ne risque pas de mourir ici nous. Tyran ! S'exclame-t-il en ouvrant les bras. Je suis sûr qu'une machine à tuer dans ton genre ne s'est jamais retrouvée dans un face à face. On va t'offrir un peu de challenge. »
Oliver et lui-même retroussent leurs manches, enfilent leurs Gants Flamboyants et les allument.
Pendant tout ce temps, et les dieux savent qu'il est précieux, Warren a changé de bâtiment et s'est rendu sur son toit. Assit au bord du vide, il se laisse submerger par l’éclat de la nuit. Il aimerait goûter à l'air frais de ce monde, mais il est exempt de vent. Aussi serait-il tenter de plonger et rêver de voler, paisiblement. Warren pense être celui qui était le plus sceptique sur l'existence des mondes parallèles. Le retour à la réalité l’a arraché de ses croyances. Bien que tragique devrait être la révélation, Warren y voit l'espoir d'accomplir un rêve. La compétence de son double lui permet de transformer ses membres et même son corps en véhicule. Il a déjà compris qu'il ne pouvait pas se transformer en un véhicule qu'il n'a jamais expérimenté. Il veut dès ce soir, vérifier si la force de son rêve et le poids de son expérience, peuvent le conduire à la réussite, à l'exploit. Parce qu'il sait pertinemment que ses alliés auront besoin de son soutient, le moment venu. D'ici là, tout ce qu'il fera, c'est se souvenir.