Chapitre 2 - La pousse d'Emeraude

Par Fanzy
Notes de l’auteur : Bonjour à tous, voici mon deuxième chapitre de ce roman fantastique/science-fiction dans un monde où la société moderne s'est effondrée. J'ai pas mal d'interrogations concernant le dynamisme, l'enchainement des péripéties ect...
Vos commentaires sont donc les bienvenus, ainsi que critiques, positives comme négatives.
Bonne lecture !

Le lendemain de l’apparition du cercle, Solal était toujours sur le qui-vive. Il avait passé la veille à surveiller le parc et les alentours du manoir, la carabine sur l’épaule. Il n’y avait aucun signe quelconque d’activité suspecte. Le sol continuait de fumer légèrement, et le cercle semblait irradier une douce tiédeur.

Il avait beau réfléchir à une possible origine rationnelle du phénomène, rien ne lui permettait de faire la moindre supposition logique. Françoise non plus, la vieille dame n’avait su apporter la moindre réponse aux questions de Solal, elle s’était même emportée après avoir entendue les suppositions du jeune homme tout du long de la journée.

  • Je ne veux plus entendre parler de ce maudit cercle pour le moment ! Avait-elle répliqué. La neige l’aura sans doute recouvert demain !

Mais ce ne fût pas le cas, le cercle perdura, indemne.

Le surlendemain, au réveil, Solal pris un petit déjeuner près de la cheminée, le froid était tel que la cuisine glaciale et non chauffée était invivable. Le feu de la grande cheminée du salon avait le mérite de brûler la nuit entière quand Solal le chargeait le soir avant d’aller dormir. Il s’installa donc en tailleur sur le sol, face aux braises crépitantes. Son repas était fait de flocons d’avoine et de lait en poudre réhydraté, un peu de chocolat en poudre pour le goût. Après la mort de Marlon et la fuite de Malika, il avait écumé les supermarchés et épicerie des alentours pour récupérer un maximum de produits à longue conservation.

Après avoir mangé et s’être réchauffé à l’aide d’un café et du feu, il se décida à sortir pour sa ronde, et promener son chien. Il se dirigea vers le cercle, pour vérifier si le phénomène avait évolué. A première vue, rien n’avait changé. Solal fit machinalement le tour du cercle, cherchant d’éventuelles nouvelles empreintes du visiteur mystérieux. Il n’y avait rien dans les environs du cercle, le jeune homme s’apprêtait à retourner au manoir quand un éclat verdoyant attira son regard au centre du cercle. Une minuscule pousse verte perçait le sol nu, plissant les yeux pour mieux la voir, Solal voulu s’approcher et il posa un pied dans le cercle. Une sensation de chaleur intense l’irradia aussitôt dans tout le corps, suivie d’un fourmillement désagréable qui lui donna la nausée. Solal eu un mouvement de recul instinctif, incapable de comprendre le phénomène, il eu le sentiment que même avec la plus forte volonté du monde il n’arriverait pas à s’approcher. Son cri de surprise étouffé avait interpellé Vaillant. L’épagneul renifla avec vigueur son maître, visiblement inquiet, puis il se détourna rapidement du cercle, comme gêné par sa proximité.

  • Mais c’est quoi ce délire…

Bien qu’étrange et inconnu, Solal n’était pas effrayé par le cercle, il était plutôt fasciné. Ce truc improbable était peut-être un bon présage après tout ? Depuis trois ans le monde ne fonctionnait plus avec logique, peut-être que ce phénomène était un début de l’explication de l’état actuel du monde. Solal se demanda si cela se produisait, ou c’était produit auparavant ailleurs dans le pays, dans le monde ?

Solal s’en retourna vers le Manoir, avec dans les idées de revenir plus tard vérifier l’évolution de la pousse miniature qui semblait luire doucement. Il vit des volets s’ouvrir à l’étage et Françoise qui les rabattis sur les murs. La propriétaire des lieux dormait dans un petit salon-bibliothèque à l’étage, la pièce bénéficiant d’une cheminée, la vieille dame n’avait pas froid la nuit tant que le feu brulait. Solal lui dormait dans une chambre au rez-de-chaussée, il dormait habiller l’hiver tellement le froid mordant pénétrait les murs et les fenêtres mal isolés.

Il claqua la porte de la cuisine en entrant et fit chauffer de l’eau, tout en préparant un plateau avec thé, tasse, cuillères et gâteaux secs pour Françoise. Il porta le plateau au salon et le posa sur une table basse, non loin du feu. Il en profita pour rajouter deux bûches au foyer. La vieille dame ne tarda pas, déjà habillée et coiffée, elle salua Solal, s’installa dans son fauteuil et se servit un thé. Solal resta sans broncher, pensif, le regard perdu sur le parc. Françoise n’était pas causante le matin, et Solal l’avait bien compris. Plus tôt qu’il ne l’aurait cru, elle demanda :

  • Alors ton cercle est toujours là ?  
  • Oui, et il y a du nouveau. Dit-il en se retournant vers la vieille dame. J’ai remarqué une pousse dans le cercle. Elle a… Une sorte d’éclat poursuivit-il d’un ton hésitant. Et quand j’ai voulu m’approcher, je… je n’ai pas pu.
  • Une sorte d’éclat ? Qu’est-ce que tu entends par là ? S’interrogea Françoise.
  • Comme si elle brillait, comme une source lumineuse, de couleur verte.

La vieille dame ne dit rien, mais fronça les sourcils.

  • Quand tu dis que tu n’as pas pu t’approcher, comment ça ? S’enquit la vieille dame.
  • J’ai senti une chaleur, presque une brûlure. J’ai eu la nausée, et même Vaillant ne s’en approche pas.

Françoise regarda Solal dans les yeux longuement, l’air inquiet.

  • Tu ne devrais plus t’en approcher, cela ne me dit rien qu’y vaille, ce n’est pas naturel. Va savoir d’où viens ce truc. Il s’agit peut-être d’une technologie militaire ou quelque chose du genre. 

Solal pris le temps de considérer la remarque, étudiant cette possibilité.

  • Tu te souviens, lorsque cela a commencé ? Les politiques s’accusaient les uns les autres pour trouver des responsables aux évènements inexplicables qui se produisaient. Les Américains étaient persuadés que les Russes utilisaient des armes chimiques inconnues et les Russes pointaient les Américains du doigt. Peut-être qu’il y avait du vrai dans tout cela.

La vieille femme regardait Solal avec insistance, elle poursuivit :

  • J’ai toujours pensé et je pense encore aujourd’hui que la situation où nous sommes a été voulue, tout ce merdier avant même que cela commence : le réchauffement climatique, les incendies, la montée des eaux…
  • Comment ça voulu ? Coupa Solal. Il fronçait les sourcils. Jamais en plus d’un an de proximité avec Françoise ils n’avaient abordés les raisons de l’effondrement du monde. Solal n’avait jamais souhaité parler de cette expérience ; la plus traumatisante qu’il avait vécu jusqu’alors. La vieille dame avait seulement confié à Solal qu’il n’y avait personne qu’elle ne souhaitait retrouver.
  • Mon… Mon fils, Jean. Il travaillait haut placer pour le gouvernement avant tout cela. Les quelques mois qui ont précédé l’effondrement, il était très inquiet, sur le qui-vive. Il savait quelque chose concernant une menace à la sécurité nationale. Il a cherché à me rapatrier à Paris, chez lui, mais j’ai refusé catégoriquement. Je savais qu’il y avait quelque chose de grave, mais il n’a jamais rien voulu me dire.

Solal resta bouche-bée. C’était la première fois que Françoise mentionnait son passé, et son fils. Quelle fonction avait-il au juste ? Membre du gouvernement ! Que savais encore la vieille dame ? Tout à coup la vision que Solal avait de sa colocataire changea.

  • Waw, lâcha-t-il tout simplement. Vous pensez que le gouvernement était au courant d’une menace ? Ils n’ont pas su l’éviter ?
  • Je ne veux pas spéculer, mais pour moi tout ce qui s’est passé s’explique d’une manière rationnelle. Au début les gens ont cru à une punition divine, le début de l’apocalypse ou une force surnaturelle qui aurait détruit l’humanité mais je ne crois pas à ces conneries. L’homme est doué pour détruire, et je suis sûr que tout cela est de notre faute. Ce cercle et quoi qui s’y trouve ne m’inspire pas confiance et je pense que c’est dangereux.
  • Ok, mais qu’est-ce qu’on fait ? On ignore ce truc ?
  • Qu’est-ce que tu veux y faire de toute façon ? Si tu ne peux pas t’en approcher le mieux c’est de garder un œil dessus et on avisera si cela évolue de manière inquiétante.

Françoise avait raison, il fallait l’admettre mais Il comptait bien surveiller l’étrangeté dans le parc quoi qu’il en soit.

Il s’habilla chaudement et se muni de la carabine, il sorti comme chaque jour faire son inspection du parc. Il traversa la cour du manoir et se rendit aux étables ou étaient parquées une dizaine de poule. Il leur jeta du grain et quelques pommes abîmées récoltées dans le verger à l’automne dernier. La vielle ferme qui entourait le domaine de Françoise possédait des ressources inestimables au vu de la situation : silo à grain, bois de chauffage en quantité, récupérateurs d’eaux et même une cave bien fournie en vins. Il y avait même une mare où des canards dinde c’étaient reproduits en nombre. Les murs en pierres qui l’entouraient les protégeait de la plupart des prédateurs.

Il rempli une brouette de bûches et les amena sous le porche du manoir. Il se dirigea ensuite de l’autre côté de la bâtisse, vers le parc.

Le cercle de neige fondue était encore là, et au centre, la petite pousse de la veille était devenue dix fois plus grande : D’environ quarante centimètres, tel un tentacule cristallin, ce que Solal avait identifié comme une pousse végétale ondulait lentement et avec grâce. L’homme resta droit comme un piquet, debout prêt du cercle, les yeux rivés sur le phénomène. Bien que le phénomène aurait put être effrayant, Solal se sentait plutôt résigné : des évènements sans précédant se produisait, et cela ne faisait que débuter. Depuis le commencement, Solal voulait en savoir plus, comprendre comment le monde avait pu changer aussi radicalement.

Les jours et semaines qui suivirent, Solal se rendit chaque jour ou presque dans le parc pour observer le développement de cette chose étrange, ni animale ni végétale. Rien de semblable n’existait sur Terre, du moins rien dont Solal n’avait jamais entendu parler. Après un mois, la chose mesurait plus de trois mètres de haut, et tout autant en largueur. Elle se ramifiait, à la manière d’un arbre tortueux, la matière qui la constituait était toujours d’un vert acide, translucide. Aux extrémités des pseudo-branches, se trouvait des bouquets de filaments fin qui rappelaient un peu à Solal les tentacules d’une anémone de mer. Les filaments semblaient insoumis à la gravité, flottant d’une manière paresseuse dans l’air, ils mesuraient presque un demi-mètre maintenant. Tout autour, le cercle avait fini par disparaître, laissant place à une douce tiédeur. La neige ne tenait plus sur le sol sur un rayon d’au moins cinquante mètres autour du spécimen.

Solal avait toujours aimé la nature, les plantes, le jardinage. Il était fasciné par le spécimen, allant jusqu’à prendre des notes, mesurer et décrire son développement. Il se refusait encore à essayer de le toucher, bien que depuis la « germination » il ne sentait plus de force rédhibitoire l’empêchant d’approcher.

Au cours de ses nombreuses heures d’observations, Solal n’avait identifier que quelques théories plausibles concernant l’origine du spécimen : la première était d’origine scientifique ; une forme de vie développé en laboratoire ? La seule autre possibilités que Solal envisageait était une origine inconnue, non terrestre. Après tout, au vu du monde actuel cela ne semblait pas si déconnant. De nombreux scientifiques avaient déjà établi que l’Univers recelait probablement d’autres formes de vies.

 

* * *

 

Début Mars, les chutes de neiges cessèrent et la température s’adoucit. Le printemps approchait, c’était l’époque de l’année que Solal préférait, les fleurs et les feuilles repoussaient, les insectes se réveillaient et les oiseaux offraient leurs trilles et gazouillements à qui veux l’entendre. Depuis l’effondrement, des phénomènes climatiques étranges s’étaient manifestés : pics de chaleurs, mois d’hivers glacials, sécheresses qui s’éternisaient et feux de forêts qui avaient ravagés des hectares dans certaines régions du pays. Solal avait traversé des paysages désolés lors de ses périples. Les conditions climatiques avaient commencé à se dégrader il y une trentaine d’année déjà, l’activité humaine ayant faussé les paramètres de la Terre, mais les dix dernières années avaient été les pires.

Pour la première fois depuis trois ans, le printemps était à l’heure et la nature semblait plus vivace que jamais. En même temps que la pousse d’émeraude devenait un « arbre » en dépassant les huit mètres fin mars, la végétation autochtone dans le par cet aux alentours foisonna avec tant de vigueur que Solal fut obligé de tailler la vigne vierge, le lierre et les rosiers qui grimpaient le long de la vieille bâtisse. Françoise s’en plaignait, les tiges épineuses des rosiers lui griffaient les mains quand elle ouvrait les volets.

  • C’est insensé enfin !  Se plaignît-elle un midi à table. Tu as taillé ces foutues rosiers il n’y a même pas une quinzaine !

Solal avait tué un chevreuil la veille, ils avaient fait cuir un cuissot au feu de cheminée et il se régalait de son gibier. Il fini sa bouchée et dit :

  • Je n’ai jamais vu ça non plus, tout semble pousser avec plus de vigueur et de rapidité, et bien plus tôt que d’ordinaire. Pourtant les températures sont à peu près normales pour la saison.
  • Tu pense que cela est dû à ton arbre magique ? La vieille femme le regardait d’un air suspicieux.
  • Ce n’est pas mon arbre ! Se défendit Solal, la vieille dame lui reprochait souvent de trop se soucier de « l’arbre ». Mais vu comment il se développe je ne serais pas étonné qu’il ait une influence sur son environnement direct, termina-t-il.

Françoise ne répondit rien, se contentant de siroter son verre de vin de noix. Elle semblait pensive, au cours des derniers mois elle s’était peu enquit de l’évolution du phénomène dans le parc. Pour elle cela ne pouvait être que dangereux, et Solal s’intéressait de trop prêt à l’arbre. La croissance exponentielle de la végétation l’irritait, elle prétextait s’inquiéter pour l’entretien du manoir et du parc qu’elle aimait propre et tiré au cordeau. Solal se chargeait depuis son arrivé de l’entretien du parc, bien qu’il laissât délibérément la végétation masquer l’avant du manoir afin de ne pas attirer d’éventuels ennemis, il gardait les portes, fenêtres et allées suffisamment entretenues pour que cela ne soit pas gênant. Depuis quelques semaines, c’était ingérable : il taillait une zone que la précédente était à refaire quelques jours plus tard.

Solal cogitais, la croissance accélérée de la végétation semblait plus importante autour du manoir, bien que lors de ces parties de chasse il s’éloignait de plusieurs kilomètres il avait constaté qu’en dehors d’un rayon d’un demi kilomètres, la végétation semblait moins vigoureuse et moins épanouie.

Cela signifiait-il que l’arbre étrange stimulait la vie autour de lui ? Si cela était bien le cas, Solal se demandait jusqu’où irais la croissance végétale au cours du printemps, puis de l’été.

 

* * *

 

Le printemps s’étira longuement, la météo idéale offrit une température douce et de saison ainsi que des pluies régulières qui stimulait la végétation devenue si luxuriante que la toiture du manoir disparue sous les vrilles et les lianes des plantes grimpantes. Solal n’en finissais plus de tailler, couper, arracher pour conserver une demeure visible. Pour ne rien arranger, des nuées d’insectes divers et variés envahissais les abords du manoir, rendant folle une Françoise qui était importunée par les insectes invasifs.

Fin mai, le spécimen iridescent dans le parc ne pouvait plus être comparé à un arbre. Sa hauteur dépassait les quarante mètre, son diamètre était encore plus important, les « branches » plongeant dans le sol telles des drageons, donnant une expansion fulgurante à ce que Solal appelait maintenant l’arbre-poulpe, en référence à ses branches semblables à des tentacules qui se déployaient sans cesse en quête de terrain à conquérir. Parfois, lors des passages de Solal prêt de lui, il ondulait paresseusement, comme bercé par des vagues invisibles.

Solal et Françoise était heureux, leur relation s’étant renforcée, la vieille dame partageait beaucoup plus, et un soir lors d’un repas pris dehors, sur la terrasse, elle lui confia quelque chose d’inattendu.

  • J’ai réfléchi concernant cet arbre-poulpe comme tu l’appelle. Cela m’a fait penser à des recherches scientifiques que mon fils supervisait lorsqu’il travaillait pour le gouvernement.

Solal termina une bouchée, déglutit et surpris, demanda :

  • Vraiment ? Quel poste avait-il au juste ? Il était scientifique ?

La vielle dame le dévisagea un moment, se demandant surement ce qu’elle pouvait dire au jeune homme.

  • Non, pas scientifique. Disons un rôle de sécurité nationale. Il travaillait pour le gouvernement mais pas que, pour des organismes peu connus du publics.

Elle marqua une pause, comme si parler de son fils lui était particulièrement difficile.

Elle reprit :

  • J’ai eu mon fils avec mon mari qui était américain. Nous avons divorcé quand il a été majeur. Mon mari n’était jamais là et voyageait énormément pour son travail. Quand mon fils a terminé ses études d’avocat, il l’a emmené aux Etats-Unis et je ne les ai pas vus pendant un an. Quand mon fils est revenu, il avait un nouveau travail : celui de son père. Je ne sais pas exactement dans quoi il trempait, mais il était proche des membres du gouvernement français, allemand, et américain. Avec le défi du changement climatique, il a travaillé sur des solutions scientifiques pour enrayer le réchauffement, la montée des eaux et tout le reste.

Françoise se leva, elle leva un doigt dans un signe d’attente et entra par la porte-fenêtre du salon. Elle revint quelques instants plus tard avec une boîte en bois ouvragée.

  • C’est mon fils, Jean. Dit-elle en tendant une photo à Solal.

Il prit la photo. C’était le portrait d’un homme d’une quarantaine d’année à l’époque, le visage dur, rasé de près et arborant un smoking impeccable.

  • Quelques années avant tout cela, il est venu passer quelques jours ici, et il était enthousiasmé par une découverte scientifique majeure qui permettrait de stopper le réchauffement climatique et donc de résoudre les problématiques environnementales. Il me parlait rarement de son travail, même quand je l’interrogeais. Je m’étais fait la réflexion : s’il m’en parle, c’est qu’il est sûr, cela va se produire.

Françoise regarda Solal dans les yeux. Très sérieuse, elle poursuivit :

  • Je me demande si l’objet de ces recherches n’est pas aujourd’hui dans mon parc. Quand je vois commun ce machin se développe et les effets qu’il a sur l’environnement.

Solal resta muet un moment, puis il demanda :

  • Pourquoi m’en parler que maintenant ? Vous ne parler jamais du passé avec moi. Pourquoi aujourd’hui ?
  • Disons que j’ai appris à te faire confiance maintenant ; et pour l’arbre-poulpe au début je n’avais aucune idée de ce qu’il allait devenir. Répondit-elle.
  • Mais alors ce serait quelque chose de positif non ? Si cela a été crée spécialement pour réparer les erreurs des humains.
  • Je l’ignore, mais je pense que ce n’est pas un hasard si ce machin se développe ici, dans mon parc. Ce qui m’inquiète en revanche c’est la croissance rapide de ce truc. J’ai bien peur qu’il finisse par pousser jusque dans le manoir et qu’on soit incapable de le stopper.

Françoise semblait perdue dans ses pensées. Solal accusa les révélations et avant qu’il n’ait put poser plus de questions, elle demanda :

  • Crois-tu que ce truc pourrait-être taillé s’il s’approche de trop ?
  • Je l’ignore, répondit Solal, mais en tout cas j’ai toujours évité de le toucher, par précaution, et à votre demande.

L’idée d’attaquer le spécimen à la hache lui semblait très mauvaise, mais que ferrait ils si les extensions de l’arbre-poulpe envahissaient le manoir ? Faudrait-il qu’ils partent ?

Solal et Françoise restèrent sur la terrasse jusqu’à la tombée de la nuit, profitant de la douceur de la soirée. Dans la semi-obscurité, l’arbre-poulpe diffusait une douce lueur, visible du manoir tellement il avait grandi. Il dominait tout le parc.

Solal termina de débarrasser la table pendant que Françoise rentrait à l’intérieur ; une fois terminé il rentra à son tour et s’assit dans un fauteuil, son chien à ses pieds. Il attrapa un bouquin qu’il lisait depuis quelques jours et souffla de satisfaction, repoussant les inquiétudes liées à l’arbre-poulpe.

A peine une demi-heure après que Solal eu débuté sa lecture, l’épagneul à ses pieds se mit à gronder et releva soudainement la tête, les yeux fixant la fenêtre devant lui. Les volets étaient tirés mais les rayons de la lune passaient à travers les fentes des persiennes.

Solal s’interrompit aussitôt et tendit l’oreille. Il se leva sans bruit et jeta un œil à Françoise, celle-ci le regardait d’un air interrogateur, consciente d’une anomalie.

Vaillant s’était redressé, une raie de poils dressé sur le dos et les oreilles en arrière. Solal savait que quelque chose ou quelqu’un rodait dehors. Son chien ne le trompait jamais. Il se leva en silence et se dirigea vers la cuisine, il y décrocha la carabine pendue au mur retourna au salon. Françoise s’était levée également et tendait l’oreille. Solal ouvrit doucement la porte-fenêtre, aux aguets. Il releva le loquet des volets et les poussa vers l’extérieur. La nuit semblait calme et silencieuse, la ramure étrange de l’arbre-poulpe luisait doucement dans le parc. Vaillant était toujours en alerte, il suivit Solal de prêt, un grondement léger trahissant sa nervosité. La nuit était suffisamment claire pour que Solal ai une bonne vision, il entreprit de faire un tour du manoir.

Sur l’aile droite du manoir, Solal inspecta la remise où il stockait les outils de jardinage, Vaillant fouilla la remise, le nez au sol. Quand le chien leva les yeux vers la charpente apparente de la remise, il était déjà trop tard pour que Solal réagisse, pris par surprise.

Les deux pieds d’un inconnu le heurtèrent de plein fouet dans l’estomac, Solal bascula en arrière le souffle coupé, en dehors de la remise. La porte claqua, emprisonnant le chien à l’intérieur, celui-ci aboyant avec rage. Sonné, Solal distingua la silhouette féminine qui lui avait bondi dessus depuis la charpente, celle-ci ricana et dit :

  • Bonsoir mon chou, tu ne m’as pas oubliée j’espère ?

Malika se tenait devant lui, un sourire narquois sur les lèvres. Solal essaya d’attraper la carabine qui lui avait échappée des mains lors de sa chute. Le pied de Malika lui écrasa l’avant-bras, et il reprenait difficilement son souffle.  

  • Ah non chaton, pas cette fois ! Je te jure que tu vas manger pour ce que tu as fait à Marlon !

Elle avait les traits déformés par la rage et semblait folle, ses yeux exorbités brillant sous l’éclat lunaire. Il la vit ramasser la carabine et la crosse s’approcha à toute vitesse de son visage, sans qu’il ait le temps d’agir. Il eut une douleur vive à la tête et ce fût l’obscurité. Les jappements désespérés du chien s’estompèrent quand il bascula dans l’inconscience.

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