-Où est-ce que nous sommes ?
C'est sur ces mots que j'apercevais le regard de Sunei éteint de toute clairvoyance. Je demeurais d'autre part dans le même état, puisque j'étais à cent lieux d'en savoir davantage.
-Je n'ai guère les moyens pour t'offrir une réponse... Ma vue balayait celle du paysage que le silence avait assassiné, et tout en soulevant mon corps, je m'enquérais en demandant à mon tour : Somme-nous d'ailleurs plutôt quelque part, ou bien nulle part ?
En réponse, Sunei me happa le poignet, pivota sa tête en fixant une direction qu'il n'avait point choisi par hasard, j'avais compris.
-Où allons-nous exactement, tu as l'air de savoir où tu te rends, pourtant c'est toi le premier à m'avoir posé la question "Où est-ce que nous sommes ?". En boucle, je lançais et re-lançais mes questions sans aucune lueur de sons qui réagirait aux miens. C'est au bout d'une ultime tentative que j'étais parvenu à briser sa patience.
-J'essaie juste de trouver le chemin du retour, et je pense simplement que c'est par ici. Tu en as d'autres des questions comme ça, où tu arrêtes de me soûler ? Parce que j'en ai DÉJÀ marre.
-MAIS POURQUOI EST-CE QUE TU ES AUSSI...Je n'avais eu pas le temps de cracher ma colère que j'étais contrainte de la ravaler, à cause de l'effroyable Bise qui me glaçais le sang. Les Arbres aussi avaient peur, ils avaient froids, ainsi que le ciel, et même la terre. Ils pleuraient en appelant au secours : « Au secours sauvez nous de la tyrannie du Silence ». Je ne savais point ce qu'il en était en vérité, mais je les entendais, et cela me fit comme un choc, c'était étrange.
C'est alors que des petits hommes habillés d'un masque souriant et d'une toge d'émeraude venues par ici l'un derrière l'autre.
Ils nous passèrent bonjour d'une voix creuse et dysharmonieuse.
Ma curiosité m'invitait à les suivre, mais Sunei m'en empêcha. -Tu ne devrais y aller, ils n'ont pas l'air bienveillants.
C'étais sans doute vrai. Il était aussi vrai que ma curiosité séduisait ma conscience dans le seul but de la réduire à néant, et c'est ce qui se fit, ou presque. Je les suivais donc et Sunei m'accompagnait, et je peinais fort à le comprendre au vu de son air irrité.
Nous arrivions dans ce qui ressemblait être un amphithéâtre, et naguère je n'aurai eu les mots pour décrire toute la merveille de celui-ci. Il fallait le voir pour saisir toute la beauté de la structure, dont la magnificence était incrusté dans chacun de ses détails.
Les petits bonhommes nous poussèrent vers la scène tout aussi ravissante. C'est en chœur qu'ils se présentèrent sous le nom des "Crites".
Alors, comme le voulait les règles de bienséance, je me présentais à mon tour : -Je suis ravie de vous rencontrer les Crites ! Moi, je m'appelle Eudemoni ! J'ai 17 ans et je suis au lycée. Et voici Sunei, mon camarade qui est lui aussi du lycée !
Comme ils semblaient avoir le désir de s'amuser, je m'abandonnais à leur compagnie une dizaine de minutes, ces minutes se transformèrent en heures, presque en une journée.
Et puis, une question, transforma l'amène atmosphère et arrêta le cours du temps.
-Qu'est-ce que sont les fruits de ces arbres par-delà l'amphithéâtre ?
Les Crites si bons jusqu'à là prirent quasi feu par la folie de leur colère « Vous ne devez pas en manger, pas même y toucher, de peur d'en mourir. »
Je n'avais pas saisi leur réaction, mais après mainte réflexion, je me disais qu'ils étaient juste assez protecteur.