Il était une fois,
Une belle jeune fille qui vivait dans un modeste foyer au sein d’une grande fratrie d’enfants.
Elle n’était ni la plus jeune, ni la plus âgée, mais c’était pourtant elle qui fut désignée pour s’occuper de tous.
Oui, de tout le monde sauf elle.
Quand sa mère tomba gravement malade, elle n’hésita pas à sacrifier tout ce qu’elle avait par amour.
Souvent, elle regardait au loin les autres enfants s’amuser. Elle souriait pendant que des larmes coulaient discrètement sur ses joues pâles.
Ces frères et soeurs pouvaient faire des bêtises ou sortir de la maison. Mais pas elle.
Elle devait rester.
Prisonnière, dans ce foyer sans amour.
En tout cas, elle en était convaincue.
Une croyance qu'elle conservera toute sa vie.
Car c’était une brave fillette douce et gentille. Elle respectait chaque vie sur terre.
Excepté peut être la sienne.
Elle portait de long cheveux noirs, de la même couleur que ses yeux de chat.
Des traits fins ornaient son visage, marquant ainsi chacune de ses expressions.
Parfois, des moments de répit s’offraient à elle.
Mère nature apporte toujours du réconfort à ceux qui ont un coeur pur.
Le long du jardin, des coquelicots lui faisaient de l'oeil.
Elle en cueilli quelque uns pour admirer la douceur de leurs pétales sous ses doigts abîmés.
N'ayant pas de jouets, elle s’imagina tenir dans les mains des danseuses avec de belles robes rouges.
En réalité, elle espérait secrètement recevoir un jour tout l’amour qu’elle offrait aux autres inconditionnellement.
Cet espoir pouvait se lire dans son regard.
Cette lueur.
C’est probablement comme cela qu’elle finit par attirer le premier monstre jusqu’à elle.
Un beau jour, en passant par-là, une étrange créature sentit l'odeur fraîche de la jeune fille.
De sa cachette, il se mit alors à l’observer prudemment.
Il savait qu'il ne pouvait pas se montrer à elle directement, de peur de la voir s'enfuir.
Mais soudain, il fut frappé par quelque chose chez elle.
Quelque chose dont il était en quête depuis des années :
Un cœur pur.
Il remarqua ensuite les magnifiques yeux de la jeune fille qui brillaient d’un étrange éclat.
Il sut ce qu’il lui restait à faire ensuite.
Il mit l’un de ses plus beaux masques pour la séduire et choisit avec soin, chacun de ses mots pour gagner sa confiance en prenant une voix mélodieuse.
N’ayant aucune méchanceté en elle, la jeune fille ne se méfia pas du monstre et elle reproduisa ce qu’elle faisait depuis toujours :
Elle offrit son cœur.
Une fois le monstre reput, il relâcha sa proie un court instant.
Assez pour qu’elle puisse s’enfuir le plus loin possible, avec deux enfants sous le bras.
Les années qui suivirent furent difficiles, il fallait être tout le temps aux aguets et subvenir aux besoins de sa nouvelle famille.
Les deux garçons grandir sans père, avec pour seul repère leur mère.
Mais un jour, la jeune femme en eu assez d’être seule.
Ses garçons étaient de moins en moins présent, vivant leurs aventures chacun de leur côté.
C’est ainsi qu’elle rencontra sur son chemin, le prochain monstre.
Il avait l’air gentil et sincère.
Comme le précédent.
A croire que c’était elle qui finissait par les rendre mauvais !
Elle avait des doutes mais elle gardait toujours au fond d’elle un sentiment puissant :
L'espoir.
L’espoir d’un avenir harmonieux, où tout serait simple. C’est tout ce qu’elle désirait.
Cependant, elle finit par se rendre compte de l’imposture.
Hélas, il était trop tard ! Un petit être grandissait en elle.
Une adorable petite fille.
La mère de famille n’avait donc encore une fois plus le choix.
Il fallait disparaitre pour les protéger.
Mais où aller ?
Peu importe.
Elle prit la décision de ne plus jamais tomber amoureuse et de consacrer sa vie aux autres.
Comme toujours.
Elle oublia ses rêves.
Ainsi, elle porta soin aux malades tout en pensant à sa mère regrettée, qu’elle n’a pu sauver.
Des questions tournent dans sa tête.
Est-ce que chaque histoire est vouée à se répéter ?
Elle-même n’avait pas connu son père et son beau-père n’était pas un tendre.
Ses enfants auraient-ils enfin une chance de vivre autre chose, pourquoi pas un conte de fée ?
La pauvre malheureuse, personne ne lui avait dit que les princes charmants n’existaient pas !
On lui avait caché la vérité.
L’amour qu’elle désirait tant, était en réalité enfoui en elle depuis toujours.
Elle ne l’avait simplement pas donné à la bonne personne : elle-même.
En conséquence, l’histoire se répéta une troisième et dernière fois.
L’autre qu’elle prit pour son valeureux prince, prit sous son aile la femme et sa petite fille.
L'autre en avait peut-être l'apparence, mais au fond de lui, c'était encore plus sombre et froid que la mort.
Un beau jour, l"autre lui dévoila son abominable visage.
Remplit de haine et de rage, il poussa la fillette qui était sur son chemin et se dirigea droit sur sa proie.
Cette dernière affolée par les cris, s'interposa entre eux.
Mais elle n'avait pas les armes pour combattre.
Personne ne lui en avait donné.
Le prince monstrueux s'empara de la femme par le bras et l’emmena dans la cuisine.
Avait-il faim ?
Probablement
...
de sang !
Il grogna et sa fureur explosa sur la mère hébétée.
Elle fut projetée à terre, la respiration coupée.
L'homme qui était censé la protéger du mal du monde extérieur, se tenait devant elle.
Le mal était bien là, sous ses yeux.
Alors que le bien était en elle.
La femme retrouva ses esprits, elle senti en une seconde le sang monter jusqu'à ses tempes et ses muscles se contracter sous l’effet de l’adrénaline.
Elle était prête.
Prête pour quoi ?
Le combat?
Non.
Elle s'offrit en sacrifice au monstre assoiffé.
Pendant ce temps, la petite fille terrorisée, restait à l'écoute derrière la porte, hurlant de chagrin et de colère.
L'instinct maternel avait été le plus fort.
Sa petite fille serait à l’abri, le temps qu’il faudra.
Mais quand était-il de l’enfant qui grandissait dans son ventre ?
Il était condamné à être un témoin malgré lui de ce drame familial.
Ce bébé pouvait-il sentir les coups?
La peur de sa mère ?
Et le mal à travers les entrailles?
La mère pria de toute ses forces pour que le destin de l'enfant de cette bête ne soit pas voué au même que le sien.
Seulement, il n'y avait personne pour écouter ses prières.
Je le sais, car ce bébé c'était moi.
C’est probablement comme ça, que tout a commencé. Voici un conte sur l’original du mal, de notre mal. D’un mal qui se transmet de mère en fille. J'ai était témoin et victime de violence avant même d'être naît ! Pas mal ! Et pas si rare qu’on le pense... L'auteur était un homme censé m'aimer, nous aimer…Pas étonnant que mes relations amoureuses soient si foireuses. Alors quoi ? C’est comme ça et pas autrement ? C’est quoi cette destinée de merde ?
L’histoire ne peut pas finir ainsi. Encore heureux que je suis entrain de l'écrire !
Pendant longtemps, j'ai cru que j'avais hérité des bons côtés de ma mère, de sa générosité, de sa bienveillance et de son éternel optimiste. Et par ailleurs aussi, des côtés sombres de mon « père », de son égoïsme, sa haine et ses peurs.
Comment accepter d'être deux choses opposées en même temps? C’est un coup à perdre la tête ! Pas pour rien que j’ai fait des études de psychologie. Mais en réalité, chacun de nous est capable du meilleur comme du pire. C'est une question de choix.
Oui plus facile à dire qu’à faire ! On fait souvent les mauvais choix. La preuve.
D'abord, je voudrais te transmettre coeur et courage, car tu témoignes avec beaucoup de force de ce passé que tu affrontes et je me sens solidaire de ta démarche – j’ai éprouvé de la tristesse à la lecture, de la colère contre ces monstres ; j’éprouve beaucoup d’empathie à la lecture pour ta mère et pour toi. J’ai été surprise de la forme du conte, parce que le début ressemblait à tout autre chose. Mais je comprends pourquoi, parce qu’en effet c’est plus facile de raconter par la fiction.
J’aime bien ton projet d’écriture. On ne parle pas assez, je trouve, des violences conjugales, des violences dans la famille, et de la façon dont elles impactent les membres de la famille, génération après génération.
Je me suis demandé à la lecture si c’était un premier jet. On sent une énergie dans l’écriture qui est vivifiante et qui est agréable à lire, mais parfois j’ai été un peu perdu-e dans le télescopage des pensées. Par rapport aux chapitres précédents, il y a plus de coquilles.
Je vais passer au chapitre 3. Merci en tous cas pour ce récit.
Désolé de t'avoir rendu triste ou en colère :s
Mais il fallait que cela sorte, c'est assez égoïste mais si cela peut être utile comme tu le dis, c'est intéressant. Et oui les monstres sont omniprésents, j'ai trop regardé de SF donc je ne suis pas objective ^^'
L'avantage de la création, c'est qu'elle nous fait éprouver des émotions plus ou moins confortables sans nous impliquer personnellement, comme on l'est dans la vie.