Chapitre 2 [NOUVELLE VERSION]

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le deuxième chapitre de cette réécriture, un peu plus calme que le précédent ^^ Bonne lecture !

MAJ : 23/11/2024

Altaïs battit des cils, aveuglé par la lumière environnante. Aussitôt, un éclair de panique le traversa et ses paupières se refermèrent. Il n’avait aucun souvenir des instants qui avaient précédé sa perte de conscience. Rien que les ténèbres. Rien que la terreur et la certitude qu’il allait mourir.

Était-il de nouveau prisonnier ?

Il voulut se redresser avec un mouvement brusque, mais une douleur fulgurante lui coupa le souffle. Une exclamation retentit près de lui – « … blessé ! », comprit-il – mais il n’entendait que le fracas de ses souvenirs dans son esprit, la course de ses poursuivants, leurs railleries et leur violence. Avec un effort surhumain, il bougea son bras. Il était allongé sur une surface confortable, presque moelleuse, qui n’avait rien à voir avec ce qu’il avait connu ces deux dernières années.

— Vous êtes en sécurité.

Cette voix douce et grave, presque rauque…

Altaïs laissa ses yeux s’habituer à la lumière. Peu à peu, une silhouette se dessina devant lui, révélant un visage familier, encadré de courts cheveux aussi dorés que le soleil. Il s’attarda un long moment sur les iris vert printemps, comme s’il cherchait à y déceler un mensonge, mais le jeune homme soutint son regard sans se dérober.

— Alexander…

Sa gorge se noua sous l’émotion ; il ne pouvait pas y croire, refusait de tomber dans un énième piège. Ça ne pouvait pas être lui, ce souvenir auquel il s’était accroché pendant deux ans pour tenir bon. Ça ne pouvait pas…

Un sourire rassurant étira les lèvres d’Alexander, mais celui-ci ne lui attira qu’une œillade ombrageuse en retour.

— Comment vous sentez-vous ?

Altaïs se contenta d’observer son environnement avec méfiance. La pièce n’était pas très grande, mais Alexander se trouvait entre la porte et le lit sur lequel il était allongé. Il ne voyait pas non plus d’arme dont il aurait pu se saisir pour se défendre.

Tu n’en as jamais eu besoin en sa présence…

Mais tout avait changé.

Lentement, il prit appui sur ses bras pour s’asseoir, s’acharna à ignorer la douleur qui envahissait chaque parcelle de son corps. Du coin de l’œil, il aperçut Alexander se tendre, puis se relâcher lorsque Altaïs s’immobilisa, une main posée sur le matelas de lin rembourré avec de la paille. Son sourire s’évapora au profit d’une expression plus grave.

— Altaïs…

Altaïs resta silencieux, le souffle court à cause de l’effort fourni pour se redresser, à moins que ce ne soit son appréhension. Ses doigts tordirent la fourrure qui recouvrait ses jambes. Alexander l’avait peut-être sauvé des mercenaires, mais il ne pouvait pas lui faire confiance. Il ne le pouvait plus, pas après ces deux dernières années. Un brouillard poisseux se répandit dans sa tête, et son regard s’attarda un instant sur ses mains. Il avait été privé si longtemps de la lumière du soleil que sa peau avait adopté une pâleur fantomatique qui faisait ressortir ses cicatrices.

— Pourquoi… Pourquoi ne m’as-tu pas encore livré à la royauté ?

Il grimaça, la gorge brûlée par sa voix éraillée. Alexander inclina la tête sur le côté avec un air peiné.

— Vous me posez sincèrement la question ? Après tout ce que nous avons partagé ?

Le silence défiant d’Altaïs fut son unique réponse.

— J’étais votre Protecteur, je vous avais fait le serment de vous être loyal. J’ai échoué à vous protéger, mais je n’ai jamais renoncé à vous retrouver.

— Tu sais pourtant ce dont on m’a accusé.

— C’est pour cette raison que je vous ai trouvé grièvement blessé, à la merci d’hommes peu recommandables ?

La mâchoire d’Altaïs se crispa pour toute réaction. Il se maudissait pour sa faiblesse.

Pour tout ce qu’il aurait rêvé de dire, pour tout ce qu’il était contraint de taire.

— Comment un régicide finit-il pourchassé par des mercenaires ?

Altaïs détourna la tête, la gorge nouée et le visage blême. Que pouvait-il répondre à cette question ? On l’avait désigné d’office comme étant le coupable idéal. Pourtant, il ne supportait pas ce mot qui lui collait à la peau et le souillait toujours un peu plus aux yeux des autres.

Régicide.

régicide

régicide

— Je n’ai pas tué le roi, souffla-t-il.

Alexander se pencha en avant.

— Nous le savons tous les deux. Qui est le coupable ?

Altaïs demeura silencieux. Une telle certitude animait Alexander, mais lui ne pouvait pas répondre… ne pouvait rien révéler… rien avouer…

— Que s’est-il passé ? Où étiez-vous ces deux dernières années ?

Mais Altaïs se taisait, le regard baissé. Il luttait pour ne pas s’enfoncer trop loin dans son esprit, pour ne pas se perdre dans ses souvenirs, garder une attache avec la réalité. Il luttait pour ne pas s’effondrer.

Alexander se redressa avec un soupir trahissant sa fatigue et se dirigea vers la porte. Altaïs releva la tête avec un mouvement brusque, effrayé.

— Où vas-tu ?

Il détesta sa voix aux accents paniqués, son incapacité à maîtriser sa peur. Et si Alexander le vendait au plus offrant ? Si on lui remettait ses chaînes, si on l’enfermait de nouveau ? Y survivrait-il seulement ?

Tu n’as jamais été en danger avec lui.

jamais.

mais c’était avant. avant. avant.

Alexander marqua un léger temps d’hésitation, puis assura avec douceur :

— Je vais simplement chercher de quoi manger. Il y a des marchands ambulants dans la rue. Avez-vous une préférence ?

Cette fois, un éclat de surprise traversa le regard d’Altaïs. Sa bouche se tordit avec méfiance, mais il répondit finalement par la négative. Dans son état, il ne pourrait de toute manière rien faire si Alexander décidait de le livrer à la Couronne.

Ni fuir,

ni combattre.

 

 

Alexander poussa la porte avec son épaule, les mains prises par deux généreuses portions de ragoût au fumet chaud et alléchant. Il aurait pu se rendre au palais pour dénoncer Altaïs, revenir avec une escouade de soldats, rentrer dans les bonnes grâces de ses supérieurs et de la famille royale. Il aurait pu. Mais il ne trahirait pas Altaïs. Parce qu’il avait échoué à le protéger, parce qu’il le savait innocent, et parce que même si celui-ci avait été coupable, Alexander l’aurait aidé envers et contre tout. Parce que sa loyauté envers Altaïs allait bien au-delà d’une simple question d’allégeance.

Altaïs se redressa avec difficulté lorsqu’il entra dans la pièce, mais une lueur de soulagement éclaira son visage en constatant qu’il avait tenu parole. Alexander attrapa deux petites cuillères en bois, puis il s’installa sur la chaise près du lit et tendit l’un des bols au jeune homme.

— Je… Qu’attends-tu de moi ?

Alexander prit son temps pour avaler sa cuillerée avant de déclarer :

— Des réponses.

Le visage d’Altaïs se ferma.

— Je n’en ai pas à t’apporter.

— Dans ce cas, que dois-je faire ? Vous amener immédiatement au palais ?

Une flamme embrasa le regard d’Altaïs.

— Cela ferait de toi un héros.

— Je n’aspire pas à être un héros, le détrompa Alexander. Et vous le savez. Pourquoi vous livrerais-je en pâture à votre famille alors que vous n’êtes pas coupable ?

— Qui me croira si j’affirme que je suis innocent ?

Alexander demeura silencieux quelques instants. Il devinait que la question recelait nombre de sous-entendus. Depuis son plus jeune âge, Altaïs était le prince malaimé d’Issheimr. On le décrivait comme un enfant difficile, incapable de se plier aux règles. Cela avait empiré au cours de son adolescence, où son comportement révolté faisait souvent jaser. Et quelque temps avant la mort du roi, il y avait eu cette affaire qui avait fait beaucoup de bruit. Altaïs avait fugué. Il avait réussi à duper l’armée pendant plusieurs jours avant d’être finalement rattrapé. Après cet évènement, Alexander avait été assigné à la surveillance du prince, mais l’épisode n’avait pas joué en faveur d’Altaïs lors de son accusation. On lui avait reproché d’avoir tout préparé, d’avoir cherché des complices. Après tout, il était le mouton noir de la famille royale. Quoi de plus normal qu’il en soit arrivé à de telles extrémités ?

Lui-même y avait cru à une époque. Quand les rumeurs lui faisaient parvenir les échos du comportement du prince, il avait songé avec mépris à cet individu qu’il pensait capricieux et égocentrique. Avec amusement également, parfois, à l’idée qu’une personne tienne ainsi tête à la royauté, qu’il n’avait jamais portée dans son cœur.

— Je vous crois.

Peu avant son intronisation officielle dans la Haute-Garde, alors qu’il finissait sa formation militaire, Alexander avait découvert une première fêlure sur le masque d’Altaïs. Au détour d’un couloir, il avait brièvement entraperçu les secrets qu’il dissimulait. Quelques jours plus tard, il avait été choisi pour devenir son Protecteur. Il n’avait pourtant pas reçu pour ordre de protéger Altaïs, mais de le surveiller, de s’assurer que le prince reste tranquille, même s’il devait utiliser sa magie pour se défendre. Au fil des mois, au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient, Alexander avait pris conscience des brisures que s’efforçait de dissimuler Altaïs, du rempart qu’il avait érigé pour se protéger, persuadé que personne ne lui viendrait en aide. Ils avaient tant partagé avant que leur monde ne s’écroule…

Alexander avait toujours su Altaïs en danger au palais, même si celui-ci taisait ses secrets, mais il avait agi trop tard pour le sauver. Et si nous fuyions ? Et si nous partions loin de ce palais ? Vous rêvez de pouvoir vous échapper, et rien ne me retient ici. Deux ans plus tard, les mots qu’il avait prononcés quelques jours avant le régicide résonnaient toujours aussi douloureusement dans sa poitrine.

— Tu n’as aucune idée de ce qu’il s’est passé cette nuit-là.

— Qu’en savez-vous ? J’avais promis de vous protéger, de vous…

— Je n’ai pas besoin que tu me protèges !

Alexander tressaillit. C’était la première fois qu’Altaïs élevait la voix face à lui, mais il discernait au fond de ses prunelles orageuses la peur que le jeune homme ne parvenait pas à réprimer.

Si tu savais ce dont je me souviens…

Mais avant toute chose, il devait comprendre ce qu’Altaïs avait traversé.

— Je vous ai cherché sans relâche ces deux dernières années répliqua Alexander avec douceur. Où étiez-vous tout ce temps ? Que vous est-il arrivé, la nuit du régicide et après ? Pourquoi ne faites-vous pas appel à l’utilisation des souvenirs pour apporter la preuve incontestable de votre innocence ?

Altaïs ferma les yeux un bref instant.

— Je ne peux pas.

— Vous ne pouvez pas ? répéta Alexander, les sourcils froncés.

Dans un procès, accéder aux souvenirs d’une personne était la procédure traditionnelle pour prouver son innocence ou sa culpabilité. Il s’agissait d’un droit fondamental, alors pourquoi…

— Mes… Mes souvenirs sont… sce… scellés…

Altaïs inspira brusquement, les traits tordus par la douleur. Soudain, il lâcha le bol encore plein, qui déversa son contenu sur le sol, agrippa la tunique trop grande dont il était vêtu.

Il suffoquait,

étouffait sous le poids d’un interdit.

Alexander bondit de sa chaise, mais s’immobilisa presque aussitôt, laissant son geste en suspens. Il ne pouvait pas toucher Altaïs sans son accord, surtout après avoir été témoin de ses réactions aussi vives.

— Altaïs… Je t’ai… Je vous aiderai…

Il s’efforça d’être le plus rassurant possible, mais les doutes l’envahirent. Que lui était-il arrivé pour qu’il se méfie ainsi de lui en dépit de ce qui les avait liés ? Que lui avait-on fait ?

Mes souvenirs sont scellés.

Altaïs fut pris d’une féroce quinte de toux, puis, soudain, il se courba pour vomir un filet de bile sur le parquet.

— Tout va bien, murmura Alexander. Vous êtes en sécurité.

Altaïs demeura immobile, la tête baissée et le corps tremblant. Alexander ne put réfréner la vague de colère qui l’envahit. Sceller les souvenirs de quelqu’un était l’objet d’un tabou profondément enraciné dans le royaume. La personne soumise à cette puissante magie n’oubliait pas, mais devenait incapable de transmettre ses souvenirs, voire de les évoquer – ceux que le sort ciblait du moins. Alexander devinait qu’Altaïs avait tenté de déjouer le sort et en avait subi les conséquences. Il était prisonnier d’un véritable piège ; un piège destiné à briser un être, un piège qui violait l’esprit de la pire des manières.

Quelqu’un voulait

le réduire

au silence.

— J’imagine que vous ne pouvez pas me révéler qui vous a infligé ce sort…

Altaïs se contenta de secouer la tête, ses tremblements s’atténuant peu à peu. Il releva enfin le menton, s’essuya la bouche d’un revers de bras. Une ombre voilait ses prunelles, mais l’évocation du sort semblait avoir ranimé sa rage.

— Je n’ai pas tué le roi. Et je trouverai un moyen de le prouver.

— Je ne vous ai jamais cru coupable.

Altaïs le scruta pendant de longues secondes, comme s’il cherchait à déceler la moindre trace de mensonge, le piège qu’Alexander pourrait lui tendre.

— Tu es le seul à m’avoir un jour écouté, souffla-t-il.

— Certaines choses ne changent pas.

Un sourire presque imperceptible se dessina sur le visage d’Altaïs, et Alexander sentit son cœur se réchauffer. Il lui avait manqué plus que de raison.

— Vous avez besoin de soins, mais je ne suis pas certain de pouvoir m’en occuper correctement avec les moyens dont je dispose.

L’esquisse de sourire d’Altaïs s’évapora aussi rapidement qu’elle était apparue.

— Cela me suffira. Je…

Sa voix vacilla.

— Cela me suffira.

Alexander passa une main nerveuse dans ses cheveux.

— Très bien. Dans ce cas, pourriez-vous vous déshabiller pour que je regarde vos blessures ?

Altaïs pâlit, et il lui fallut plusieurs secondes avant d’accéder à la demande d’Alexander. D’un geste tremblant, il ôta sa tunique, comme si une part de lui s’y refusait. Chaque mouvement lui arrachait un tressaillement. Il ferma les yeux lorsque Alexander s’approcha et entreprit de défaire ses bandages. Au cours de la nuit, celui-ci avait agi dans l’urgence, conscient qu’Altaïs faiblissait de minute en minute. Mais aujourd’hui, Altaïs était éveillé et lui, parfaitement lucide. Même un aveugle aurait compris à quel point le jeune homme prenait sur lui pour laisser Alexander scruter son corps.

— Pensez-vous pouvoir m’indiquer quelles sont les blessures que je ne peux pas voir ?

Alexander poursuivit son travail, veillant à être le plus délicat possible. Lorsque ses doigts effleuraient la peau d’Altaïs, il le sentait se crisper.

— J’avais l’épaule gauche déboitée, mais je me la suis remise moi-même.

Son ton laconique ne trahissait pas le trouble qu’exprimait son corps. Alexander pinça les lèvres, mais s’abstint de faire le moindre commentaire.

— Ma cheville est…

La voix d’Altaïs se fêla, un bref instant avant qu’il ne se ressaisisse.

— Ma cheville est brisée. Quelques côtes également. Deux, je dirais, peut-être trois. En ce qui concerne le reste, je pense que tes yeux suffisent, ajouta-t-il avec amertume.

Les bandages s’étalèrent paresseusement sur la fourrure. De longues lignes de feu zébraient son torse et son ventre, ses bras et son dos. Elles étaient cependant plus nettes que la veille et sur le chemin de la guérison. Les marques bleutées ornant sa gorge et ses poignets s’estompaient, à l’image de celles qui parsemaient le reste de son corps. Sa lèvre n’était plus fendue, et il ne restait plus qu’une fine balafre au niveau de son arcade sourcilière.

Sous les plaies qu’il avait soignées au cours de la nuit, Alexander discerna des cicatrices plus anciennes, qui racontaient bien des histoires sur la vie d’Altaïs. Il était prêt à mettre sa main à couper que certaines dataient d’avant le régicide. Altaïs avait toujours été très secret sur sa vie au palais avant qu’Alexander devienne son Protecteur, mais celui-ci pressentait déjà à l’époque que ses relations conflictuelles avec sa famille dissimulaient bien plus qu’elles ne le laissaient paraître.

— Comment avez-vous réussi à fuir dans cet état ?

— Certaines perspectives permettent de dépasser la douleur.

— Comme celle d’échapper à des mercenaires ?

— Par exemple.

— Que vous voulaient-ils ?

— Me ramener là où je devais être, cracha Altaïs.

Prisonnier…

— Depuis combien de temps étiez-vous là où vous deviez être ?

Silence.

Alexander reformula :

— Étiez-vous emprisonné depuis le régicide ?

Cette fois, Altaïs acquiesça d’un air résigné. Alexander n’ajouta rien, conscient que la conversation était douloureuse, mais une kyrielle de questions émergeaient dans son esprit. On avait affirmé qu’Altaïs s’était évaporé sans laisser de traces, que l’armée l’avait pourchassé pendant des mois sans succès. S’il avait été emprisonné, cela s’était fait dans le plus grand secret. Mais si des mercenaires l’avaient piégé, pourquoi ceux-ci ne l’avaient-ils pas dénoncé afin d’obtenir une récompense suffisante pour vivre dans l’oisiveté jusqu’à la fin de leurs jours ? Et si la famille royale l’avait retrouvé en premier, pourquoi dissimuler la captivité d’Altaïs ? Pourquoi le réduire au silence au lieu de l’exécuter ?

Comme la veille, une lumière blanche entoura les mains d’Alexander. Il s’attarda plus longuement sur l’épaule malmenée, les côtes brisées et les poignets fragilisés. Il n’oublia pas non plus les hématomes, les écorchures et les déchirures laissées par un fouet, mais ce qui était visible était toujours plus simple à guérir. Il poursuivit le processus sur les jambes nues et termina par la cheville ; il voulait être sûr que l’os se ressoudait correctement, même s’il n’y parviendrait pas en une fois.

Altaïs n’avait plus prononcé un seul mot lorsqu’il put enfin se rhabiller. Une expression lasse s’étala sur son visage. Alexander se mordilla la lèvre. Combien de secrets ? Combien d’ombres et de cicatrices cachait-il ?

— Vous devriez vous reposer. Je dois m’absenter quelques heures, est-ce que cela ira ?

— Je ne m’enfuirai pas si c’est ce qui t’inquiète, souffla Altaïs.

Il ne lui demanda pas où il comptait se rendre, peut-être trop épuisé pour y réfléchir.

— Je m’inquiète surtout de votre état, rétorqua Alexander.

Altaïs secoua légèrement la tête, comme si cette idée lui paraissait absurde.

 

 

Alexander sortit du bureau de l’un des lieutenants de la Haute-Garde sans demander son reste et rangea la bourse remplie de couronnes devant lui servir lors de sa prochaine mission – la protection d’un convoi de marchandises dans le sud du royaume. Mission qu’il n’effectuerait jamais. Il était venu récupérer ses directives pour ne pas éveiller les soupçons, mais cette fois, il comptait bien déserter, reprendre la liberté dont la royauté l’avait privé en le contraignant à rejoindre l’armée lorsqu’il était plus jeune. Il avait été tenté de rendre son insigne de Protecteur deux ans auparavant, mais ses supérieurs l’avaient averti que sa désertion serait considérée comme de la traîtrise et qu’il serait accusé d’avoir été le complice d’Altaïs.

Alexander n’avait eu d’autre choix que de courber l’échine.

Priant pour ne croiser aucune connaissance, il traversa les couloirs de l’aile nord du palais royal, dédiée à la gestion de l’armée. Tout l’édifice était taillé dans une pierre blanche que l’on trouvait dans les montagnes bordant Issheimr et qui permettait de construire la plupart des bâtisses du royaume. Des arcs soutenaient le plafond, ouvragés par des artisans de renom et sillonnés de gravures de fleurs, de feuilles et de givre évoquant le cycle des saisons. Les épais tapis rouges, qui recouvraient le sol et conservaient la chaleur à l’intérieur du palais, étouffaient le son de ses pas. Accrochées aux murs, des tapisseries aux motifs pourpres, dorés ou bleus dépeignaient des scènes de l’histoire d’Issheimr, en particulier le règne d’Arnvald, qui avait gouverné le royaume d’une main de fer plusieurs décennies auparavant.

Alexander s’en détourna. S’il s’efforçait de garder ses opinions pour lui, cette vénération le répugnait. Arnvald avait peut-être su redresser Issheimr de la ruine provoquée par les guerres intestines avec le Nord, mais il avait également coupé le royaume, déjà isolé par sa position géographique, du reste du monde. Ses successeurs n’avaient jamais changé cette politique implacable, que ce soit envers les contrées voisines ou envers le peuple issheimérien. Si la situation s’était stabilisée depuis cette époque sanglante, la misère les guettait comme un rapace.

Une domestique croisa sa route en sens inverse et jeta un coup d’œil discret à sa cape en laine, ainsi qu’à la broche qui la maintenait en place, symbole de la Haute-Garde. Alexander se raidit, oubliant aussitôt les tapisseries qui décoraient les murs. Il était certain que n’importe qui pouvait deviner son secret rien qu’en le regardant. Si celui-ci s’éventait, il gagnerait un aller simple pour les geôles. Après tout, il hébergeait un prince accusé de régicide, recherché dans tout le royaume depuis deux ans.

Deux ans…

Les évènements le dépassaient. Qui pouvait en vouloir à ce point à Altaïs ? Au point de l’emprisonner, caché à la vue de tous, et de le torturer pendant deux longues années… Que s’était-il passé la nuit du régicide ? Il frissonna en se remémorant la terreur qui lui avait étreint la poitrine lorsqu’il s’était rendu compte qu’Altaïs n’était plus dans ses appartements, lorsque, guidé par sa magie, il s’était lancé à sa recherche, l’avait entendu crier, l’avait aperçu une dernière fois.

Il était arrivé trop tard.

Il ne l’avait jamais retrouvé.

Soudain, quelqu’un surgit derrière lui et le bouscula violemment. Alexander n’eut pas le temps de se retourner ; la pointe d’un poignard piqua le creux de ses reins.

Il se figea, le cœur battant à tout rompre.

— L’odeur de sa magie te colle à la peau, souffla une voix près de son oreille.

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Nathalie
Posté le 01/04/2023
Bonjour Mathilde Blue

On avance dans la compréhension de ton univers sans s’ennuyer. On tremble en même temps qu’Alexander. C’est bien rythmé et bien écrit. Pas de faute repérée ici (ou alors j’ai été trop happée par l’histoire pour les remarquer).
Mathilde Blue
Posté le 08/05/2023
Bonjour Nathalie,

Je suis ravie qu'on discerne un peu à peu l'univers dans lequel évoluent les personnages et qu'on partage les sentiments d'Alexander :)
AlodieCreations
Posté le 26/03/2023
Pauvre Altaïs ! Je suis presque sûre que c'est bien un complot (peut être même que c'est lié à sa magie ? mais il est trop tôt pour le dire)

et c'est quoi cette fin de chapitre ? c'est cruel de nous faire ça ! bouhouhou

(va directement lire la suite)
Mathilde Blue
Posté le 26/03/2023
Idée intéressante pour le complot, ça se dévoile au fil des chapitres tu verras :p

Oups, il paraît qu'il y a pas mal de cliffhangers dans ce roman xD
AlodieCreations
Posté le 26/03/2023
oh chouette, j'adore les cliffangers ! :O
Camille Octavie
Posté le 16/02/2023
Bonjour :)
Évidemment avec une fin comme ça je vais enchaîner direct le chapitre suivant :')
Je n'ai pas grand chose à te dire qui pourrait t'aider à améliorer, c'est déjà tellement bien ! On sent qu'il y a beaucoup de travail derrière :)
J'ai vu les hypothèses des autres lecteurs, je me demande aussi pourquoi Altais a pu être gardé et torturé aussi longtemps... par contre pour moi sceller les souvenirs ça pourrait vouloir dire que c'est bien lui qui a tué le roi, mais sous la contrainte...
Mathilde Blue
Posté le 17/02/2023
Re :)

Merci pour ton retour, ça me fait très plaisir de savoir que tu apprécies :) Et tes interrogations sont tout à fait pertinentes !
A.W. Zephyrus
Posté le 11/02/2023
Ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier, d'où l'inclination certaine de l'humanité à être pourrie. Rest In Peace Alex, at least you tried. 🤷🏽‍♂️

Coquille :
"— Comment avez-vous réussir à fuir dans cet état ?"
*Comment avez-vous réussi.

A.W. Zephyrus.
Mathilde Blue
Posté le 12/02/2023
Bonjour,

Heureusement, Alexander n'est pas encore mort à la fin de ce chapitre.

Mathilde
Cla
Posté le 05/02/2023
Un deuxième chapitre qui pousse encore plus notre curiosité ! Les personnages sont forts en couleur et, je crois que tu as réussi à donner de la consistance à ton univers ! Soit en sûre. ^^

Je continue ma lecture hihi. :)
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Coucou !

Merci pour tes petits mots, c'est très encourageant ! À force de faire mine de développer l'univers, ça finit par fonctionner, je suis émue x)

Merci pour ton retour !
Flammy
Posté le 05/02/2023
Le début du chapitre était plus calme, mais c'est pas encore maintenant que tout va s'apaiser on dirait =o Je pensais que ça serait juste une sortie de routine pour Alexander, même s'il respire visiblement la culpabilité à 30km, mais qu'ils se fasse choper aussi vite pour des raisons de magie qui laissent des traces, je ne m'y attendais pas =o Surtout que bon, des personnes capable de sentir cette magie et qui sont à la recherche d'Altaïr, il doit pas y en avoir tant que ça, si ? C'est quand même le gros coup de bol de tomber sur Alexander dan une ville aussi grande ^^" C'est pas une critique, plus un "Franchement, il a pas de bol".

Sinon, j'aime beaucoup Altaïr ! Tu décris très bien le côté animal blessé, traumatisé, mais qui essaie quand même de surpasser ça, même si c'est physiquement trèèès compliqué. Je trouve qu'on voit bien le côté mental fort, mais qui se casse la gueule, avec un corps qui de toute façon ne suit pas. Ca donne envie de lui faire un câlin, mais en vrai non sinon ça va empirer les choses ='D

Bon, très clairement, c'est pas lui qui a tué le roi. Le fait qu'il ait été autant maltraité, et que sa mémoire ait été scellé, tu fais pas ça à un coupable x) Mais pourtant tant de violence envers Altaïs ? Parce que c'est le coupable parfait et qu'il fallait un Bouc Emissaire ? Pourquoi pas juste le tuer alors ? Le temps de manipuler ses souvenirs pour tenir un procès foireux ? Beaucoup de questions ^^

Bon, Alexander lui a l'air d'être un peu très loyal con ='D Il a a priori des raisons de croire Altaïs (le truc où il regrette de pas avoir agi, sa magie qui lui souffle de le faire), mais il a l'air de pas avoir l'habitude de faire des trucs louches ^^" On sent bien sa panique, le côté un peu dépassé mais pleins de bonne volonté quand même. Curieuse de voir ce qui va lui arriver dans le chapitre suivant =D
Mathilde Blue
Posté le 06/02/2023
Coucou !

Alors, si ça s'apaise dans l'épilogue déjà les personnages pourront être contents xD

Haha, Alexander qui respire la culpabilité à 30km c'est si bien résumé x) Alors je nuancerai ton propos en réduisant le fait qu'ils sont dans le palais et que ça change tout parce que c'est à priori ici que sont les gens susceptibles de chercher Altaïs et de percevoir sa magie ^^ Après pour la défense d'Alexander, il ne pouvait pas savoir que la magie d'Altaïs lui collait à la peau x)

Je suis ravie que le personnage d'Altaïs te plaise et qu'on perçoive bien cette ambivalence entre son mental qui se casse la gueule et son corps qui de toute façon ne suit pas ! Et effectivement, le câlin n'est pas la meilleure option dans ce cas ^^'

Hahaha, tant de questions qui ne trouveront évidemment pas leurs réponses maintenant :p Cela dit toutes tes remarques et interrogations sont très pertinentes ^^

Pauvre Alex x) Il est intelligent mais effectivement il n'a pas l'habitude de faire des trucs louches (il se tire un peu une balle dans le pied, on ne va pas se mentir) et c'est un très mauvais menteur, ce qui n'est pas le combo idéal xD

Merci pour ton retour ! :D
Natacha
Posté le 25/01/2023
J'adore les chapitres où "il ne se passe pas grand-chose", parce que ça permet de développer les personnages et leurs relations. Toujours autant hâte de lire la suite, parce qu'il y a beaucoup de questions dont j'exige les réponses ! Et puis, ils me plaisent bien, ces damoiseaux.
Mathilde Blue
Posté le 27/01/2023
Coucou !

Oui je suis tout à fait d'accord ! Et ça permet aussi de mieux rythmer le texte de pouvoir alterner des chapitres plus tranquilles avec des plus dynamiques ^^
Haha, c'est vrai qu'à ce stade on ne sait quasiment rien xD Mais ravie qu'ils te plaisent ;)

À tout de suite !
espritdepapier
Posté le 17/01/2023
Ah non, ça s'est vraiment pas gentil !

Je commence à apprécier Alexander, moi ! Alors le coup de poignard par derrière dans un moment calme, mon p'tit coeur il a pas du tout aimé :'(

Faut pas faire de choses comme ça, sinon on est obligé de lire la suite pour savoir et... oh wait, mais tout est calculé :O

Plus sérieusement (faut pas m'en vouloir, je m'investis émotionnellement dans mes lectures ;D), ce deuxième chapitre plus calme soulève encore beaucoup de questions ! Pauvre Altaïs !

Ton style est toujours aussi agréable, et (assassin exclu), j'ai envie de me balader dans les couloirs du chateau maintenant !

Bon, je vais voir si Alex s'en sort, parce que hein, bon, j'aime pas pas savoir :D
Mathilde Blue
Posté le 18/01/2023
C'est terrible parce que comme tu as lu les chapitres suivants j'ai envie de faire des blagues mais qui pourraient spoiler les personnes qui lisent tous les commentaires xD

Ça aurait pu être pire pour Alex, un vrai coup de poignard par exemple, oups (on en est qu'au début, il est pas à l'abri dans la suite)...

Mais je t'en prie, investis toi émotionnellement, ça va être drôle vu comment les personnages prennent cher xD Non je rigole, ça me fait très plaisir en vrai ^^

Il y a d'autres dangers que de potentiels assassins dans le palais :p
Peridotite
Posté le 11/12/2022
Coucou Mathilde,

Alexander soigne Alais puis part travailler à la caserne.

J'ai lu ce chapitre d'une traite, le style est globalement fluide, peut-être quelques longueurs ici ou là mais rien d'alarmant.

J'ai quelques questions de fond qui me turlupinent :

Comment ça se fait qu'Alexander soit certain de l'innocence de Alais ? Il était au palais cette nuit-là ? Il suspecte quelqu'un d'autre ? Est-ce qu'il enquête là-dessus depuis 2 ans ? Il me manque une petite phrase pour bien comprendre d'où lui vient son intuition.

Et comment ça se fait qu'Alais fasse confiance à ce point à Alexandre qu'il ne connait pas ? On dirait que les deux se connaissent d'avant. Je serais lui, j'aurais essayé de fuir quand Alex est parti chercher à manger, car je l'imagine terrifié à l'idée d'être prisonnier à nouveau. Je comprends son état faible, mais si j'étais toi, je le ferais essayé au moins, ce qui montrerait sa détermination à éviter les mercenaires. Là il me paraît (trop) résigné.

Le cliffangher final est bien, tu instaures du suspense. Il n'y a donc pas que des mercenaires sur les traces d'Alais, mais aussi des soldats.

Au plaisir de lire la suite :-)
Mathilde Blue
Posté le 11/12/2022
Coucou !

Alors, Alexander n’est pas certain de l’innocence d’Altaïs, il conserve tout de même des doutes mais sait que quelque chose cloche, raison qui sera expliquée prochainement mais il mentionne tout de même qu’il s’accroche à un souvenir (« Qu’il s’accrochait à un souvenir, persuadé qu’il aurait pu changer les choses s’il avait agi à l’époque ? »).

Altaïs ne fait pas confiance à Alexander, mais celui-ci est dans les faits le seul à l’avoir aidé et soigné. Si vraiment Alexander était pressé de le dénoncer, il n’aurait pas entendu qu’Altaïs se réveille. Et Altaïs reste gravement blessé et épuisé psychologiquement. Dans son état, je ne le verrai pas essayer de fuir pour se retrouver en plus dans des rues bondées de personnes qui pourraient le reconnaître. Ça ne me semble pas cohérent.

Je suis ravie que le cliffhanger fonctionne bien à la fin :)

Merci pour ton retour et à bientôt !
ClementNobrad
Posté le 29/11/2022
Chapitre agréable à lire, on défile avec plaisir. On devine les multiples péripéties à venir...

Quelques remarques. Tu en fais ce que tu veux, ce n'est qu'un ressenti personnel. :)

Chapitre plus lent que le précédent, et pour cause, les personnages sont statiques :) Cependant, je trouve que certaines de tes formulations sont trop longues et mériteraient d'être recoupées.

Exemple : "Il détailla son visage soucieux encadré de courts cheveux blond soleil comme s’il s’agissait d’un mirage, effleura d’une œillade ses iris vert céladon, son front plissé par l’inquiétude et la cicatrice en croissant de lune au-dessus de son sourcil droit. "

Tu poses également certaines questions, un peu trop explicites. L'intrigue est bien posée et on a l'impression que tu "crains" que ton lecteur ne saisissent pas les enjeux que tu sous-entends :

Exemple : " Qui pouvait en vouloir à ce point à Altaïs ? Au point de l’emprisonner, caché à la vue de tous, et de le torturer pendant deux longues années… Pouvait-il s’agir d’un complot ? "

Beaucoup de ces questions explicites, que l'on se pose, "alourdissent" un peu ton récit.

Au plaisir de te relire.
Mathilde Blue
Posté le 02/12/2022
Hello !

Je suis ravie que ce chapitre te plaise :) Effectivement, il est plus lent, après un premier chapitre aussi dynamique, je trouvais important que le suivant soit plus posé !

C'est noté pour les formulations trop longues et les questionnements un peu lourds, je vais voir comment élaguer un peu !

Merci pour ton retour :)
Eryn
Posté le 16/11/2022
Coucou Mathilde Blue !
Cette réécriture est super ! Je me souviens que j'avais mis le nez dans l'ancienne version, qui souffrait encore de beaucoup de maladresses dans le style... Tu les as bien évacuées dans cette version ci, le style s'est affiné, et la façon dont les événements sont amenés est bien plus efficace. Découverte de l'identité du jeune homme blessé en fin du chapitre précédent, ici, fin de chapitre sur Alexander menacé... C'est top, tu as fait du beau boulot et ça donne envie de lire la suite !
Mathilde Blue
Posté le 17/11/2022
Coucou Eryn !

Oh ça me fait plaisir que tu apprécies ce début ! Oui en effet j'ai beaucoup retravaillé le texte, et comme je recommence sur un nouveau document ça me permet d'exploiter mon style actuel, c'est plus simple que d'essayer de corriger directement ! Merci pour ton retour en tout cas, je suis en train de travailler sur un plan détaillé de la réécriture pour gagner en efficacité !
dcelian
Posté le 13/11/2022
COUCOU !!!

Trop chouette ce chapitre, j'aime bien la dynamique que tu instaures entre Altaïs et Alexander, les deux ont l'air très différent et ont du mal à se comprendre mais ça crée des interactions intéressantes ! L'histoire s'étoffe lentement, j'ai igoaejbkvdqvidugjo hyper hâte d'apprendre plus de choses sur le complot qui a fait tuer le roi, sur le sort qui empêche Altaïs de parler, ses souvenirs, tout ça... Et tu apportes aussi une nouvelle profondeur à Alexander en expliquant qu'il y a 2 ans lorsque le prince était accusé de régicide, il s'est tu alors qu'il le croyait innocent. Si Altaïs apprenait ça, je me demande comment il réagirait...
Petite interrogation de mon côté : pendant une bonne partie du chapitre, Altaïs semble très blasé et las, on dirait presque qu'il veut en finir, et puis finalement il se réveille d'un coup pour dire qu'il prouvera son innocence quoiqu'il lui en coûte. Je trouve ça bien, parce que ça montre qu'il veut aller de l'avant, mais j'aurais peut-être aimé en apprendre un peu plus sur ses motifs pour changer de position aussi rapidement ? Ou peut-être que je suis juste passé à côté d'un détail. Comment tu expliques ce revirement, toi ?

J'aime aussi beaucoup toutes les questions que se pose Alexander, sa pensée est logique et rationnelle, il songe à toutes les éventualités pour les décortiquer une par une et c'est super agréable en tant que lecteur parce qu'on le suit sans problème. Ta plume est très fluide aussi, c'est vachement cool et facile à lire !

Et puis la FIN iveodigugrr ????? AHHH MALHEUR le suspense
J'ai plus qu'à revenir rapidement, alors....

A BIENTÔT BISOUS
Mathilde Blue
Posté le 14/11/2022
COUCOU !!!!

Oh trop contente si tu apprécies les interactions entre Altaïs et Alexander, j'ai revu TOUS les dialogues xD Et ouiiiiiii, tellement de questions en perspective du coup hehe. Et pareil, j'ai retravaillé toute la profondeur d'Alexander en introduisant un élément qui n'était pas dans le premier jet x)

Alors je pense que par rapport à ton interrogation sur les sentiments d'Altaïs, c'est parce qu'il est effectivement très partagé entre sa colère et sa lassitude. D'un côté, il souffre (physiquement et moralement), il se sent piégé par la situation et le fait qu'il n'ait pas le choix de remettre sa vie entre les mains d'Alexander, de l'autre il est révolté (ce qui lui a permis de trouver la force de fuir notamment). Je pense que le moment de basculement c'est celui après qu'il essaie de parler de ses souvenirs et qu'il subit le contrecoup du sort ? En réaction, c'est sa colère qui prend le dessus sur sa lassitude à ce moment (parce que c'est dans son caractère). J'espère que ça t'a un peu éclairé ^^'

Ravie qu'on suive bien les pensées d'Alexander en tout cas ! C'est délicat de trouver un équilibre pour ne pas en faire trop mais que ce soit tout de même assez clair !

Haha, je me suis fait une spécialité cliffhanger dans ce roman xD

Merci pour ton commentaire beaucoup trop adorable <3
Bisouuuuuus
dcelian
Posté le 15/11/2022
OK je comprends mieux !! Merci pour ta réponse. Je compatis aussi pour tes dialogues, c'est vraiment compliqué comme exercice. Mais le rendu actuel fonctionne très bien pour moi !
Pour les cliffhanger : je pourrais pas me permettre de te jeter la pierre vu que je fais la MÊME CHOSE hahaha (c'est très satisfaisant il faut dire)
Hortense
Posté le 12/11/2022
Un lien de confiance s'établit petit à petit entre les deux protagonistes, mais dans son état, Altaïs n'a guère d'autre choix que de s'en remettre à Alexander. L'histoire d'Altaïs semble compliquée, d'autant que certaines cicatrices semblent indiquer qu'il subissait des mauvais traitements bien avant la mort du roi. Curieux prince, mal-aimé pour de mauvaises raisons... On ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour ce personnage malmené par la vie. On se dit qu'il a eut de la chance de tomber sur Alexander, mais la fin du chapitre laisse supposer que ses ennuis ne sont pas terminés. Dans quelle mesure Alexander parviendra-t-il à l'aider sans risquer de subir le même sort ?
La suite devrait nous l'apprendre !
Mathilde Blue
Posté le 13/11/2022
Hello !

Oui la situation est compliquée pour Altaïs, tout comme son histoire... Il ne connaît pas Alexander, il pourrait se faire trahir à tout moment. Je suis ravie qu'il suscite de l'empathie. Les ennuis sont en effet loin d'être terminés (ils ne font que commencer si j'ose dire), aussi bien pour lui que pour Alexander qui est désormais dans une situation tout aussi délicate !

Merci pour ton retour :)
JeannieC.
Posté le 06/11/2022
Et voici la rencontre entre Altaïs et Alexander ! La réunion des deux points de vue. Leurs psychologies se répondent bien et j'ai apprécié le naturel des dialogues. Ils sonnent plutôt bien et Alexander est du genre direct. Cela pose le personnage - ça, et le tutoiement, même s'il s'adresse à un Prince, aussi potentiellement régicide soit-il.
On passe habilement de temps de confiance à des menaces même très diffuses, comme lorsqu'Alexandre glisse un "je pourrais te ramener à ceux qui te recherchent". Mais on sent que l'envie d'être un héros n'est pas ce qui le motive. Qu'il veut comprendre.
Le chapitre coule très bien.
Mathilde Blue
Posté le 11/11/2022
Ooooh, je suis super contente que cette rencontre te plaise, surtout si tu trouves que les deux psychologies se répondent bien. Oui en effet, Alexander ne mâche pas ses mots, surtout que la situation est tout de même très délicate donc il n'y a pas de temps à perdre et il se met en danger en ne dénonçant pas directement Altaïs... Mais tu as raison sur le fait que ce n'est pas d'être un héros qui le motive :)

Merci pour ton retour !
C. Kean
Posté le 04/11/2022
Je poursuis !

Ici, la répartition des deux points de vue fonctionne très bien et permet d’explorer en miroir les méfiances réciproques de nos deux héros. On comprend un peu mieux les motivations d’Alexander, et le rôle que la magie semble jouer dans ses décisions.

Mais je trouve qu’on rencontre un peu le revers de ta plume : c’est fluide, c’est vif, tu sais où tu vas ; et les choses vont très vite. J’aurai aimé un peu plus de développement pour mieux saisir ce qui se passe dans leurs deux têtes, comment se passe cette relation symbiotique avec la magie, comment Alexander « observe » ses décisions, ses réactions. Puis explorer un peu sur quoi repose ce début de confiance entre Altaïs et Alexander. J’ai le sentiment que les choses sont dites, comme un peu posée-là mais qu’elles ne prennent pas toujours « corps » ou ne se déploie pas, et à titre personnel ça me bouscule pas mal en tant que lectrice, parce que j’ai la sensation de manquer de temps pour explorer les choses par moi-même et me laisser porter par l’épaisseur des personnages. On parle ici d’un goût personnel, évidemment ! C’est juste un peu frustrant parce que j’apprécie l’histoire que tu mets en place et les relations qui vont y prendre place sur fond de complot et d’intrigues familiales, et donc j’aurai envie d’en percevoir plus et de m’y projeter davantage.

Une autre petite remarque : je trouve ça assez étonnant qu’Alexander choisisse le tutoiement. Il s’adresse à quelqu’un d’un rang social plus élevé que le sien, un prince royal. Puisqu’il semble avoir un certain respect de la hiérarchie dû à sa profession, mais peut-être qu’il y a une raison claire à cela ?

Bon, sinon, la gestion du suspens, c’est 10/10 ! C’est quoi cette fin de chapitre pleine de dangereuses promesses !
Mathilde Blue
Posté le 04/11/2022
Hello !

Je suis contente que tu trouves les points de vue mieux équilibrés dans ce chapitre :) Pour ce qui est du reste, j’aurais tendance à dire que la situation exige aussi que ça aille vite, ils sont tous les deux un peu sur les rotules et un peu dépassés par les évènements donc ils sont un peu obligés de mettre les choses à plat, mais je n’irais pas jusqu’à parler de confiance à ce stade. Il y a d’ailleurs dans les chapitres suivants des moments où ils ont davantage le temps de réfléchir (comme dans le prochain qui est consacré à Alexander) :) Tes arguments sont très intéressants et j’essaierai de voir comment étoffer un peu ce chapitre sans casser le rythme instauré !

Pour le tutoiement, oui c’était plutôt voulu ! Ils sont dans un cadre informel, dans une situation particulièrement instable, et techniquement Altaïs est désormais un fugitif en premier lieu, donc le tutoiement me paraissait plus logique :)

Ravie que le suspens soit bien géré haha ^^ (passion cliffhangers)

Merci pour ton retour complet ! :)
Liné
Posté le 03/11/2022
Hello !

Le rythme de ce chapitre est aussi bon que le premier. J'aime notamment l'évolution : on ne tourne pas autour du pot, Alexander avoue rapidement à Altaïs qu'il l'a reconnu et la fin du chapitre promet encore quelques mésaventures...

J'ai beaucoup d'empathie pour les deux personnages. Alexander qui décide de faire preuve d'humanité, d'empathie et de confiance. Et puis le côté rebelle d'Altaïs et le fait qu'il ait été emprisonné. Tu abordes aussi les thématiques de souvenirs bloqués et de blessures, qui s'entendent parfaitement dans "notre" monde et auxquelles on peut facilement se sentir lié-es (en tout cas c'est mon cas).

Sur les remarques de forme, je suis une fan inconditionnelle des mots qui se baladent dans un texte, comme c'est le cas pour les trois premiers mots ! (attention par contre, si c'est bien de l'impératif, il n'y a pas de "S" à "souffre" et "hurle").

Je trouve que tu maîtrises bien les changements de points de vue, et que ces deux points de vue s'équilibrent et apportent chacun à l'histoire, un peu comme deux contre-points qui se rencontrent facilement. Dans les changements de points de vue, l'écueil est souvent de donner des infos aux lecteurices que le personnage n'a pas : ici ce n'est pas le cas, on continue de suivre le regard du personnage sur lequel on se concentre.

Sur ce sujet, j'ai juste un doute sur ce genre de passage (attention, pinaillage très technique) : "Altaïs avait tenté de déjouer le sort en abordant le sujet et en avait subi les conséquences. Il était prisonnier d’un véritable piège ; un piège destiné à briser un être, un piège qui violait l’esprit de la pire des manières." -> est-ce que ce sont les infos qu'Alexander a (on est dans "sa" partie) ? J'ai douté un peu, je me suis demandé si on était reparti dans le point de vue d'Altaïs, mais en fait non ? Comme on parle des actions passées d'Altaïs depuis le point de vue d'Alexander, peut-être clarifier comment et pourquoi Alexander est au courant, ou rappeler que ce sont ses observations à lui ?

A bientôt !
Mathilde Blue
Posté le 04/11/2022
Re !

Je suis contente que le rythme soit toujours bon ! Et non c’est vrai que je n’aime pas tourner autour du pot, mes personnages non plus du coup x)

Ça me fait plaisir que mes personnages suscitent de l’empathie, je pense que ce sont vraiment eux qui tiennent le récit :) Et c’est tout à fait vrai pour les thématiques que j’ai choisies d’aborder, elles s’entendent également dans notre monde, notamment ce qui concerne les souvenirs (et indirectement le poids du silence) et les traumatismes !

J’adore aussi les mots qui se baladent et les « écarts » de narration ^^ C’est marrant que tu fasses la remarque pour l’impératif parce qu’à l’origine j’avais écris ces avec « tu » devant puis j’avais trouvé plus stylé de l’enlever mais je n’avais pas songé que ça ferait une confusion avec de l’impératif. Maintenant que tu le soulignes c’est vrai que ça paraît plus logique.

Je suis ravie que les points de vue s’équilibrent bien ! Pour moi ça me semble assez évident d’alterner (je ne m’imagine pas du tout écrire un roman avec un seul point de vue) mais c’est vrai que ça peut être délicat à traiter. Pour le passage que tu as souligné, c’est bien le point de vue d’Alexander et le fruit de son analyse, mais je clarifierai ce passage pour éviter toute confusion !

À tout de suite !
Edouard PArle
Posté le 31/10/2022
Coucou !
Ce concept de verrouillage de souvenirs est très intéressant pour maintenir le mystère sur la personne qui a provoqué la déchéance d'Altaïs, ça promet un bien joli mystère.
Les quelques éléments supplémentaires amenés sur la mort du roi ne font qu'accentuer le mystère de cette nuit décisive. La présentation des principaux protagonistes de la cour permettra peut-être de savoir qui a le plus profité de ça. Tu restes assez vague sur les éléments qui convainquent Alexander de croire Altaïs donc j'imagine que ce sera approfondi plus tard.
Je note toujours la fluidité de l'exposition, les éléments sur l'univers et la magie sont amenés tout en douceur.
Quelle chute ! On est obligé de lire la suite xD
Mathilde Blue
Posté le 31/10/2022
Coucou !

Ravie que le concept des souvenirs verrouillés te plaise, j'y avais beaucoup réfléchi parce que c'était connecté à plusieurs thèmes de l'histoire ! Quant à cette nuit décisive, le secret demeure... Pour un bon bout de temps x) Pour Alexander, effectivement ça va être approfondi (assez rapidement d'ailleurs) !

Haha, Mathilde passion cliffhanger xD
LionneBlanche
Posté le 31/10/2022
Coucou, c’est re moi ! ^^
Oh le beau complot que voilà… Sauf qu’Altaïs ne peut rien dire. Tordu ce verrouillage des souvenirs, mais je trouve que c’est logique, dans un monde où l’on peut les partager, que certains aient trouvé comment les bloquer. Si ce n’était pas le cas, d’ailleurs, le petit prince serait sans doute mort depuis… Deux ans. Il aurait été trop dangereux de le laisser en vie. Du coup, tu viens de légitimer le fait qu’il puisse l’être encore avec cette information. Alexander va devoir mener l’enquête…
Je suis curieuse d’en apprendre plus sur ce qu’il avait deviné d’Altaïs avant les fait, et de savoir pourquoi ce dernier c’était enfuit. À mon avis, sa situation été déjà compliqué à l’époque. Je me demande qui le retenait captif et la torturé, qui le déteste autant. Il y a en plus des chances que ce soit le coupable…
Avant la fin du chapitre, je n’avais même pas songé aux répercussions que son sauvetage pourrait avoir sur Alexander, alors même qu’il travaille au palais. Il risque gros, en vrai, très gros, surtout s’il commence à chercher des réponses.
Ton histoire avance doucement, elle nous laisse juste ce qu’il faut d’indice et on a le temps de découvrir les personnages et l’univers. Ça fait du bien de temps en temps, un rythme plus calme
Allez, la suite ! ^^

« Enfin, ses iris clairs s’arrêtèrent face à un doux regard vert printemps. »
C’était bien la même couleur dans le chapitre 1 ?
Mathilde Blue
Posté le 31/10/2022
Re !

Très tordu n'est-ce pas ? Je ne voulais pas un personnage amnésique, mais ça me tenait à coeur de travailler le thème de la mémoire (et indirectement de la parole) donc ce mécanisme est venu assez rapidement ! C'est vrai qu'on peut se demander si c'est ce qui a permis à Altaïs de rester en vie ^^ Peut-être que la personne qui l'a enfermé y voyait un autre intérêt... Mais c'est certain que sa vie a toujours été compliquée, on ne fugue jamais sans une bonne raison...

Pour ce dont Alexander a été témoin, l'information arrive plutôt vite dans l'histoire, difficile de vraiment garder le silence longtemps dessus x) Mais effectivement, il risque lui aussi très gros si on découvre qu'il aide Altaïs !

Ravie que tu apprécies l'histoire en tout cas !

Oups, alors pour les yeux clairs, ce sont bien ceux d'Altaïs (bleu très clair). Pour le vert d'Alexander, c'était sa couleur initiale puis j'avais changé puis remis le vert, j'irai vérifier que j'ai bien tout changé !
Isapass
Posté le 30/10/2022
Ca continue très très bien ! J'ai trouvé très habile ta façon d'exposer le contexte tout en montrant le début de la relation qui va probablement se tisser entre les deux hommes. Il y a encore plein de choses à apprendre et à comprendre (notamment sur le fonctionnement de la magie dont on a encore qu'un aperçu, et bien sûr sur ce qui est arrivé à Altaïs pendant ces deux ans), mais je trouve que le dosage est très bon : tu frustres juste assez tes lecteurices pour qu'ils aient envie de continuer. Et le cliffhanger est parfait !
Je ne suis pas sûre d'avoir exactement compris le mécanisme du blocage des souvenirs. J'ai compris que c'était forcément quelqu'un d'autre qui avait bloqué les souvenirs d'Altaïs par magie. C'est bien ça ? Si c'est le cas, est-ce qu'Altaïs ne pourrait pas faire valoir ça pour montrer que quelqu'un lui veut du mal, à défaut de prouver son innocence ? Ca ne suffirait pas à lui donner le bénéfice du doute ?
Bon, je suppose que je comprendrai mieux ensuite.
En tout cas, je lis avec plaisir. J'aime déjà Alexander : je trouve que ses doutes le rendent attachant et je pense que ce serait moins le cas s'il était sûr et certain de l'innocence d'Altaïs.
Je continue !
Mathilde Blue
Posté le 31/10/2022
Coucou !

Oh, c'est chouette si le chapitre est bien dosé entre un début d'explication sur le contexte et les prémisses de la relation entre Altaïs et Alexander ! C'est toujours délicat à trouver ^^ Haha, je me suis spécialisée dans les cliffhangers pour ce roman xD

En ce qui concerne le mécanisme du blocage des souvenirs, c'est effectivement une personne extérieure qui a verrouillé les souvenirs d'Altaïs (dans ce genre de cas, ce sera toujours une personne extérieure qui pourra utiliser cette méthode). Mais de nombreux facteurs font qu'Altaïs peut difficilement le faire valoir pour l'innocenter. Je ne peux en effet pas t'en dire beaucoup plus sans te révéler certains éléments que l'on découvrira au fur et à mesure, mais tu peux déjà considérer que la justice d'Aeldor a tendance à présumer coupable plutôt qu'innocent, donc ce serait très risqué pour Altaïs de tenter de faire valoir son innocence comme ça, ça risquerait fort de se retourner contre lui.

Ça me fait très plaisir que tu trouves Alexander attachant ! Son personnage fait partie des points que j'avais beaucoup retravaillé dans cette réécriture parce qu'il manquait initialement de profondeur !

Merci pour ton retour <3
Taranee
Posté le 02/10/2022
On dirait que ça ne va pas être facile de cacher Altaïs. Peut-être que sa magie est spéciale, si elle est si aisément reconnaissable...
J'espère quand même que ça va aller pour les deux protagonistes.
Je me demande vraiment ce que cache le passé du prince...
En tout cas, j'aime ton style d'écriture, même si je ne saurais pas dire pourquoi. La gentillesse naturelle d'Alexander et la méfiance et la crainte d'Altaïs transparaissent bien dans ton texte.
Mathilde Blue
Posté le 08/10/2022
Hello !

Haha, c'est une piste possible pour sa magie, mais on ne sait pas vraiment où il se trouvait pendant deux ans, l'explication se trouve peut-être là aussi... Je reconnais que j'aime bien semer des pistes :p
Je suis contente que tu aimes le style d'écriture, ça faisait partie des gros enjeux puisque j'ai beaucoup évolué depuis le premier jet !

Merci pour ton commentaire, il me fait très plaisir !
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