Chapitre 2 : Où Louisa fait la rencontre de Joffrey et Blanche

Le jeune homme avait débité son discours d’une traite, sans respirer une fois. Il finit sa tirade, les bras écartés, et se pencha pour saluer. Louisa vit soudain deux mulots sortir de l'une des manches de la veste de cirque rouge et trop grande de Joffrey pour courir sur son dos et entrer dans l’autre manche. Ça explique le surnom, pensa Louisa. Il passa sa main gauche dans sa masse de cheveux bleu ciel si ébouriffés qu’il étaient semblables à un de ces vieux nids d’oiseaux abandonnés dans un arbre, et complètement hérissés vielles brindilles.

 

« Julia, c’est très gentil de l’avoir amenée, mais nous n’aurons plus besoin de tes services. Reprit le garçon. Vas donc voir notre chère directrice pour l’informer de l’arrivée de notre nouvelle pensionnaire au cheveux de feu, que je vais de ce pas emmener visiter notre humble demeure ! Si vous voulez bien me suivre … »

 

D’un geste, Joffrey invita Louisa à le suivre. Dès que les deux furent entrés dans le foyer, Louisa à la suite de Joffrey, une toute petite fille qui ne devait pas avoir plus de huit ans se précipita vers Joffrey et s’accrocha à sa veste.

 

«  Je te présente ma petite sœur autoproclamée, notre Boucles d’or officielle, Blanche ! »

 

Effectivement, les cheveux de la petite fille étaient la première chose que l’on remarquait chez elle. Ils étaient si blonds, qu’il semblait en emmaner de la lumière, et formaient de longues boucles indisciplinées.

 

« Nom, Prénom, Âge, Motif de Ta Présence Ici, Loisir » Réclama la petite fille d’une traite. 

 

« On fiche tous les pensionnaires, expliqua Joffrey. Au cas où ils partent. Ils partent toujours. Ajouta-t-il tristement. On veut garder un souvenir d’eux.

Ouvrant la bouche pour le première fois depuis qu’elle était arrivée, Louisa répondit, elle aussi d’une traite.

« Dorsel, Louisa, 15 ans, mon père est… mort, arts martiaux.  »

 

Blanche lista toutes ces information sur une petite fiche.

 

« Tu as le même âge que Joffrey. Quel art martial ? Demanda elle

- Du karaté, mais je me débrouille aussi en judo et en taekwondo »

 

«  Et vous ? Demanda Louisa aux deux enfants qui lui faisaient face.

- Nous quoi ? Demanda Blanche.

- Nom, prénom, Âge, motif de vos présences ici, Loisir, énuméra Louisa »

 

Blanche et Joffrey parurent surpris. Ils avaient posé leur liste de questions à tout les nouveaux arrivants, mais jamais personne ne leur avait retourné leurs questions.

Mais Louisa était très curieuse, un peu trop, même, et estimait que si on lui posait ces questions, elle était en droit de les retourner.

Blanche répondit la première :

«  Gardin, Blanche, huit ans, pas de famille d’accueil convenable, résoudre des énigmes. »

 

Elle se tourna vers Joffrey, attendant qu’il réponde.

« Dupont, Joffrey, quinze ans, mère droguée, père alcoolique et pas de famille d’accueil qui veuille bien me prendre, apprendre des tours à des animaux. »

 

« Et vous êtes là depuis combien de temps ? hésita Louisa 

 

- Je ne me souviens pas d’un temps où je n’étais pas là, répondit Blanche.

 

- Je suis arrivé à onze ans, en même temps que Blanche, répondit Joffrey. Le foyer venait tout juste d’être créé et on en était les tout premiers pensionnaires. C’est là que Boucles d’or s’est autoproclamée ma petite sœur. On est les seuls à ne jamais partir du foyer et à être sûrs de ne pas en bouger. Personne ne veut élever un garçon de quinze ans qui élève lui même des souris, et Blanche refuse de se séparer de moi. Moi non plus, je ne veux pas être séparé d’elle d’ailleurs. Alors à chaque fois qu’une famille parle de l’adopter, elle est odieuse avec eux. On est frère et sœur, tu comprends. Alors, nous deux, c’est tout ou rien. Soit nous deux en même temps, soit aucun. Ça nous assure de rester très longtemps au foyer. Personne ne veut adopter deux enfants en même temps. Et on est très bien au foyer. C’est ici, chez nous, maintenant. »

 

«  Joffrey ! Au lieu d’expliquer à notre nouvelle pensionnaire comment vous êtes odieux avec chaque couple qui veut vous adopter, fais lui donc visiter le foyer ! Et montre lui sa chambre, elle ne va pas se balader toute la journée avec son gros sac, elle va finir par se faire mal au dos  ! » Dit soudain une voix.

 

Un homme apparut au détour d’un couloir. Très jeune, souriant,  les cheveux blonds rassemblés en une longue tresse, des yeux bleus protégés par de grandes lunettes, un corps grand et dégingandé, il ressemblait à un jeune étudiant en lettres ou en Histoire, ou a un grand frère cool.

 

Joffrey se tourna vers le nouvel arrivant d’un air rieur. Il sembler régner entre eux deux une atmosphère amicale, comme si le jeune aux lunettes et à la tresse s’amusait à réprimander Joffrey, pour que celui ci discute, négocie, tout en riant, avant de finir par obéir. De temps en temps.

 

«  Arthur ! Je présentait justement à Louisa notre magnifique foyer, remplit d’enfants aux histoires si joyeuses, et dont le nom fait l’apologie du vol par effraction ! Louisa, dit Joffrey, je te présente Arthur, notre surveillant et éducateur. Il est là toute la semaine, toute la journée pour soit disant s’occuper de nous. Il dit que c’est son métier de prédilection, mais je suis convaincu qu’il n’est là que parce qu’il n’a pas réussi à avoir un poste de pédopsychiatre. Alors il s’est infiltré ici pour essayer d’exercer sur nous en cachette.

 

- Ou bien je voulais juste m’occuper h24, sept jours sur sept de petits monstres comme Blanche et toi. Ton explication est presque plus crédible que la mienne.

 

- J’ai toujours raison, Arthur, il va falloir t’y faire, répondit Joffrey.

 

- Je vais arrêter de discutailler avec toi avant d’être obligé de te donner raison, répliqua Arthur. En plus, laisse moi te rappeler que tu sors ton histoire de vol par effraction à chaque nouveau sans exception. Tu te rends compte du nombre de petits enfants que tu as dut traumatiser avec ça ? »

 

Il se tourna vers Louisa.

 

«  Tu t’appelles Louisa, n’est ce pas ? Bienvenue au foyer ! Ne t’inquiètes pas, contrairement à ce que Joffrey te raconte, tu ne m’aura pas sur le dos vingt quatre heures sur vint quatre. Rosalie, l’autre éducatrice sera là demain, elle était malade aujourd’hui. Et ne croit pas toutes les bêtises que te racontes Joffrey. À l’entendre, on dirait qu’il ne sont que tous les deux au foyer. Mais il y a une dizaine d’autres enfants que tu verra au déjeuner. »

Expliquant qu’il devait y aller, Arthur passa son chemin, emportant au passage la fiche remplie par Blanche ( il lisait chaque fiche de chaque nouveau attentivement, pour en savoir un peu plus sur ses pensionnaires.)

 

Quittant le hall du foyer, Blanche, Joffrey et Louisa montèrent un escalier, et arrivèrent sur le palier de l’étage supérieur.

 

Sur la seule porte, grande ouverte du palier, celle en face des escaliers était collé une feuille plastifiée, sur lequel était inscrit «  salle de repos ».

Par la porte grande ouverte, Louisa observa une salle pleine de canapés, de fauteuils de couleurs, de bibliothèques, de jeux de sociétés, avec quelques ordinateurs dans un coin.

 

La salle se voulait accueillante, mais était tellement sur-décorée, et pleine de couleurs criardes qu’elle sonnait faux : la salle se voulait invitante au bonheur, mais ne faisait que rappeler que les enfants qui étaient assis sur les poufs et les canapés avaient tous vécu des choses horribles, et qu’on essayait de leur remonter le moral d’une façon ou d’une autre. Que l’on avait besoin de leur remonter le moral.

 

S’arrachant à la contemplation de la salle pleine de couleurs, Louisa suivit Joffrey et Blanche qui montaient l’escalier. Elle inspira un grand coup, pour se donner du courage, et suivit les deux enfants, en priant pour que la suite de la visite soit plus réjouissante.

 

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Baladine
Posté le 30/01/2022
Salut Luna !

On s'y croirait au foyer des Trois Ours ! Ça donne presque envie d'y aller. Les personnages sont attachants, et les dialogues dynamiques et réjouissants.

Je t'ai fait un bouquet de coquilles :
-cheveux bleu ciel
- vieux nids d'oiseaux abandonnés
- vieille brindille au lieu de "vielle"
-plus besoin
- ils étaient si blonds qu'ils semblaient emmener la lumière (?)
- estimait que si on si on (deux fois si on )
- du temps où je n'étais pas là, au lieu de je n'était
- fais-lui visiter
- elle sonnait faux

Voilà ce que j'ai pu repérer.
A bientôt,
Claire
Luna Peregrine
Posté le 30/01/2022
Merci beaucoup pour ton retour !
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