Chapitre 2 : Présences incertaines

Par Zosma
Notes de l’auteur : Bonjour à ceux qui s'aventurent par là, je vous préviens juste que cette histoire est un premier jet et donc que pas mal de choses doivent encore être retravaillées. Mais je la poste quand même parce que je sais que sinon j'avancerai jamais (ce qui serait bien dommage). Voilà, désolée de vous avoir dérangé et bonne lecture !

Au réveil, je ne me rappelai pas.

Et je n’avais pas non plus oublié.

Parce que si j’ouvrais les yeux, je verrais une pièce, et la pièce serait blanche, et il n’y aurait pas de porte, et j’y serai enfermée, toute seule, juste moi, sans personne, et il y aurait des tas de questions et aucune réponse et j’aurai juste envie de refermer les yeux et d’arrêter de penser pour venir flotter dans un néant gargantuesque où les sols, les murs et les plafonds ça n’existaient pas et où la nourriture ça ne sortait pas de nulle part et où il n’y aurait même pas de nourriture en fait, puisqu’il n’y aurait rien et même moi je n’existerai pas et ce serait beaucoup mieux.

 

Je crois.

 

Mais, et s’il y en avait une de porte ? Et si je m’étais trompée ? Et si la pièce n’était pas blanche ? Et si le monde entier avait changé pendant mon sommeil ?

 

Il faut bien que quelqu’un vérifie...

 

Alors j’ouvris les yeux.

Blanc.

J’étais rassurée.

Et rien n’avait changé.

La pièce était toujours blanche, elle était toujours vide. Il n’y avait que moi, mes cheveux, le vomi et le plateau. Et elle.

Elle était toujours là. Elle tambourinait au fond de mon crâne, insistante, réveillée, impatiente. Et j’avais espéré qu’elle s’en aille, que le sommeil l’ennuie et qu’elle ne revienne plus. Mais la folie demeurait et après tout, elle n’avait pas tort… Nous étions si bien toutes les deux...

 

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Il y eut à nouveau un bruit, différent du raclement qui avait été produit avec le plateau. Un bruit ténu, répétitif, un bruit qui s’approchait.

Un bruit de bottes qui martelaient le sol.

Et je compris que je n’étais pas seule, et que ce monde ce n’était pas que mon monde.

Pas seule.

Mais la pièce était vide.

Et qui d’autre pouvait être là alors que la pièce était vide ?

Le son des pas s’atténua et il fut bientôt remplacé par des voix indistinctes. Je les entendais à peine et je ne les voyais pas et elles n’étaient pas dans ma tête, dans le noir, dans le rien, pas comme la folie, les voix, elles, elles provenaient d’au-delà des murs.

Alors il y avait quelque chose derrière. Une porte, il n’y en avait pas. Mais il y avait une autre pièce, derrière ces murs, il y en avait une autre. Il y avait une issue.

 

La folie s’agita tout à coup. Une issue, elle n’en voulait pas. Elle était très bien là où elle était, elle ne voulait pas partir. Et ma folie, la folie, je l’ai écoutée. Parce que je ne pouvais pas faire autrement. Parce qu’il était si simple de lui obéir… L’espoir me quitta aussitôt et je me pelotonnai contre cette démence paresseuse.

 

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Les voix étaient entrées, et elles discutaient, et elles étaient si proches, et si j’ouvrais les yeux, peut-être que je les verrais.

 

À quoi ça ressemblait une voix ?

 

Elles étaient dans la pièce blanche, à quelques pas de moi, et si je me levais, si j’allais vers elles, elles me verraient sûrement.

 

Et si elles me voyaient, est-ce qu’elles me feraient sortir d’ici ?

 

Est-ce que j’en avais envie ?

 

Je ne sais pas.

 

En tout cas, la folie voulait qu’on reste allongées, là, sur le sol blanc. Alors je n’ai pas bougé. J’avais toujours les yeux fermés. Il faisait noir. Et j’écoutai, j’écoutai les voix.

— Ça empeste ici, cracha l’une d’elles.

— Ça ne m’étonne même plus, commenta une autre.

— Elle est de plus en plus timbrée. T’as vu quand elle a commencé à s’arracher les cheveux ?

— Pathétique, oui.

Elles parlaient de moi. Ou de la folie ? De nous deux ? Leurs murmures étaient si bas, je devais faire appel à toute ma concentration pour les déchiffrer.

— Son cas ne s’arrange pas, elle ne se rappellera jamais.

— Tu perds espoir ?

— C’est surtout la Reine qui perd patience. Et je tiens à ma tête figure toi.

— Il y a encore beaucoup d’expériences à tester, tout n’est pas perdu. Elle ne mettra plus longtemps à craquer, je le sens.

— Tu parles, elle ne lâchera jamais l’info...

Toute cette discussion ne me dit rien qui vaille. Mon corps se crispa, comme s’il savait de quoi il en retournait.

— Elle dort encore ?

J’entendis l’un d’eux s’approcher dans un froissement de tissu discret et je sentis sa présence à quelques pas de moi.

— On dirait.

— Bien, attrape-la, je surveille la porte.

À la mention d’une porte, même la folie ne put m’empêcher de réagir et d’ouvrir les yeux. Une porte. Alors il y en avait une ? Je me redressai sans attendre et essayai de me relever sans succès. Il était dur à contrôler, mon corps, il était faible. Mais s’il y avait une porte, je devais la voir, je devais l’atteindre.

— Bordel, elle est réveillée !

— Dépêche-toi, grinça la voix la plus éloignée entre ses dents

Il n’y avait plus rien d’autre qui comptait. Parce que je le voyais, là-bas, dans le mur, face à moi, ce trou, ce passage, cette porte. La folie était déçue, il y avait une issue finalement… Fuir. Je pourrais fuir.

 

Mais pour aller où ?

 

La folie était contre cette idée et elle glissa le long de mes épaules et je baissai la tête pour regarder le sol. Il était blanc le sol.

 

Nous sommes très bien ici.

 

Mais moi, je voulais juste aller ailleurs.

Je souhaitais juste que mon monde ne se limite pas à cette pièce blanche et à l’obscurité de mes pensées.

Avant que je puisse y réfléchir plus longuement une force inconnue me plaqua contre un des quatre murs et m’empêcha de bouger.

— Et bloque-lui bien les bras si tu ne veux pas qu’elle te griffe au visage.

Je n’avais pas fait attention à eux, trop absorbée par cette possibilité de liberté, je n’avais pas fait attention aux voix. Et ce fut là une regrettable erreur.

Ils étaient deux. Deux personnes, comme moi, pas comme la folie. Deux personnes visibles, et tangibles, et réelles. Elles l’étaient, de mon point de vue tout au moins. L’un m’avait agrippée et était en train de lier mes poignets dans mon dos. L’autre se tenait plus loin, juste devant le trou et semblait particulièrement concentré. Ils portaient tous deux un vêtement similaire, un uniforme noir, complètement noir à l’exception d’un cœur rouge plaqué au milieu de leur poitrine.

Un cœur.

 

Je hais les cœurs.

 

Cette pensée fit subitement remonter la bile brûlante le long de mon œsophage et je fis de mon mieux pour que son trajet n’aille pas plus loin. Et je ne bougeai pas. La folie aurait adoré que je me débatte, mais il y avait autre chose, la peur. Et pour l’instant, celle-ci avait le dessus.

— C’est normal ça ? s’inquiéta le plus proche en terminant de me menotter les mains.

— Non… Elle aurait déjà dû hurler, ou au moins s’agiter. C’est bizarre qu’elle soit aussi calme.

C’est vrai que je n’avais pas hurlé. C’est vrai que jusque-là, je n’avais émis aucun son. Je ne le faisais pas. Je n’y avais même jamais pensé et je ne savais pas si j’en étais capable. L’idée même d’essayer rendit ma gorge sèche. Incapable.

— Enfin, estime-toi heureux, fit-il remarquer à son collègue d’un ton plus enjoué, elle mord aussi d’habitude. Mais garde-la à l’œil, elle prépare peut-être quelque chose.

Il attrapa mon bras et me fit bifurquer sans ménagement vers la sortie. Dès lors, je ne quittai plus la porte des yeux. J’allais la traverser. J’allais quitter la pièce blanche. J’allais quitter ce dedans invivable. Je m’empressai de marcher. Je voulus suivre le rythme de mon geôlier et même le dépasser. Mais ma tête tournait. Et j’allais si lentement. Alors il tira et je trébuchai, et il fut si difficile de se relever. Quel supplice pernicieux de contempler le dehors et de ne pouvoir y accourir. Pourquoi mon corps me faisait-il tant souffrir ? Encore quelques pas...

Enfin, enfin nous traversions le trou, la porte, je l’avais fait. Je me retournai instinctivement et jetai un dernier regard à la pièce blanche, le plateau n’avait pas bougé, ni le vomi, ni mes cheveux qui offraient un contraste saisissant avec la pâleur du sol, comme des serpents ensanglantés gisant sur du marbre frais. Le frisson débuta dans mes orteils et finit sa course au bout de mon nez. Cette pièce ne m’évoquait qu’une angoissante absence.

 

La reverrai-je un jour ?

 

Le passage se referma peu à peu sur lui-même et la pièce blanche disparut. Et il ne resta là qu’un mur lisse sans aucune preuve que cet enfer ait un jour existé. L’homme à côté de moi se pinça le nez.

— On va commencer par la laver, ça devient intenable.

 

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J’étais trempée. Frigorifiée. Humiliée.

 

Ils m’avaient emmenée dans une autre pièce. Et elle aussi elle était blanche. Ils ne m’avaient pas déshabillée, ni même démenottée. L’eau avait jailli, sans prévenir. Elle était savonneuse. Elle me piquait les yeux. Et je tremblais, je tremblais parce que l’eau était froide.

Et ils avaient observé. Et ils avaient parlé. « Renifle-la pour voir ». « Regarde-moi ça, la robe ne cache plus grand-chose ». « Vraiment, ça me dégoûte ». « Mets-lui encore un coup ».

Puis un autre seau s’était déversé sur moi.

Et selon eux j’étais propre.

Mon odeur était supportable.

Les membres humides et les cheveux gouttant, ils m’avaient ensuite repoussée dans le couloir.

Parce que c’était un couloir, ce qu’il y avait derrière le trou, c’était un couloir.

Et il était immense.

Une ligne droite encadrée de deux murs perpendiculaires.

Et il était sans fin.

Et il y avait certainement d’autres portes, mais je ne pouvais pas les voir ; et d’autres pièces, mais je ne pouvais pas y accéder.

 

Et je n’étais pas libre.

 

Ce que je pensais être le dehors était en fait un autre dedans. La pièce blanche n’était alors qu’une partie d’autre chose. Mais c’était quoi cette autre chose ?

 

Puis j’effleurai mes cheveux mouillés et je frôlai mon crâne. Il manquait quelque chose là-haut, quelque chose d’important.

 

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Leurs rires graisseux me suivaient encore. Et le couloir était interminable.

— Arrête-toi, m’ordonna-t-on.

Et j’obéis, mes jambes, ces traîtresses, avaient bien compris qui était leur maître. J’attendis qu’ils arrivent à ma hauteur et m’encadrent sous leur haute stature alors que je me recroquevillai malgré moi.

Pour la deuxième fois, je vis le mur s’ouvrir dans une forme circulaire jusqu’à laisser un passage assez grand pour que nous puissions entrer.

Ça fonctionnait comme ça ici. Il n’y avait pas de porte. Pas besoin puisque les murs s’ouvraient. Alors, peut-être, les murs étaient-ils des portes ?

L’un de mes deux compagnons se glissa à l’intérieur et j’entamai un mouvement pour le suivre. J’y retournais, c’est ça ? Là-bas. La pièce blanche, ils m’y ramenaient. Ou allais-je ailleurs ? Y avait-il un ailleurs ? Pourquoi m’avaient-ils fait sortir ? Pourquoi me nettoyer ? Pourquoi étais-je là, qu’avais-je fait, qui étais-je, que voulaient-ils quevoulaientilsquevoulaientilsquevoulaientilsque–

Moi, la folie et la peur nous sommes arrêtées net.

Debout, le corps nu et frissonnant, l’horreur se languit autour de mon cou puis m’empoigna brutalement pour me couper le souffle.

 

Peut-être que la folie avait eu raison, peut-être n’aurais-je jamais dû quitter la pièce blanche. Peut-être n’aurais-je jamais dû me réveiller.

 

Ce n’était pourtant qu’une table métallique qui me faisait face. Juste ça. Une table.

 

Mais à peine l’avais-je aperçue que je sentis ma chair se déchirer dans un bruit décousu. Malmenée. Piquée. Écrasée. Mon corps n’était plus que spasmes et tremblements. Pourtant je ne faisais que regarder. Je connaissais cette table, c’était certain. Cette table...

Je devais m’en aller. Autre part. N’importe où. Mais pas ici.

Alors que je reculais d’un pas terrifié, je butai contre quelqu’un. Je devais partir, mais ils me retenaient. Il me retenait.

Pas d’échappatoire.

Il me poussa à l’intérieur, de toutes ses forces, alors que je tanguai dans le sens inverse. Pour m’en aller.

Pour partir. Partir.

Insuffisant.

Et je chutai.

Dans cette nouvelle pièce. Face à cette table.

Sonnée. Apeurée.

Ils s’y mirent à deux pour me soulever et me poser sur la plaque. Mon sang se glaça à son contact. Mes muscles se figèrent un à un.

Et, encore une fois, je ne bougeai plus.

Trop faible. J’étais trop faible.

Ils attachèrent mes poignets puis mes chevilles aux quatre coins de la table. Elle était froide. Elle était froide et mon corps était froid et nous ne faisions plus qu’un.

Ils me tournèrent le dos. Il n’y avait pas qu’une table dans cette pièce. Il y avait d’autres meubles. Et dans ces meubles… Il y avait d’autres outils, ceux-là, ceux au service de la souffrance.

Parce que la douleur provenait d’ici. Toutes ces marques, tous ces bleus, ils avaient été faits sur cette table. Avec ces outils. Mon corps s’en souvenait. Mon corps se rappelait.

Mais mon corps était tétanisé. Et je ne pouvais plus penser à rien d’autre.

 

Ils commencèrent par enfiler des gants. Je les entendis fouiller, longtemps. Murmurer, tout bas. De l’eau coula non loin. Du métal tinta contre du métal. Un grincement strident s’approcha. S’approcha.

Puis apparut la lumière.

Et la lumière faisait mal, comme tout le reste. Mais la lumière détourna mon attention. Ils se tenaient à deux pas de moi, les hommes, mais mes yeux ne captaient qu’un halo flamboyant. Alors je ne les voyais pas et c’était comme s’ils n’étaient pas là, et c’était bien mieux ainsi.

— On devrait peut-être l’endormir, non ? murmura l’un d’entre eux.

— Je sais que t’es nouveau ici, mais tu ferais mieux de t’habituer rapidement. Tu faisais quoi avant ? De la recherche médicale, c’est ça ? Et donc, tu les endormais tes souris avant de les plonger dans l’eau bouillante ? Est-ce que tu les cajolais avant de leur injecter tous ces produits ? Hein, dis-moi ?

— Non, je–

— Alors tu la fermes et tu fais ce que je te dis. Regarde-la. Regarde-la bien. Ce truc– et enfonce-toi bien ça dans le crâne si tu veux pas devenir dingue en travaillant ici– ce truc n’est rien d’autre qu’une souris. Donc traite la comme telle et tout ira bien.

Je ne voyais pas, mais j’entendais. J’entendais et je sentais. Et la table était froide, et la lumière si chaude. Et j’étais une souris, c’était ce qu’ils avaient dit, une souris. Je devais m’en convaincre moi aussi si je ne voulais pas devenir dingue. Non ? C’était logique. Tout irait mieux si j’étais une souris. Comment être une souris ? Ils relevèrent ma robe mouillée juste au-dessus de ma taille. Pourtant les souris n’avaient pas de robe. Je creusai le ventre. Je fermai les yeux. Fort. Je ne devais pas voir ça. Ma respiration s’emballa alors que le moment approchait. Parce que je savais ce qui arriverait. Je savais.

 

Ce n’était pas la première fois.

 

Mais pourquoi ?

 

La pointe d’une lame agressa subitement ma peau. Une souris. Je devais être minuscule, avoir des poils, un museau, et une queue aussi. Je devais penser comme une souris. À quoi pensaient les souris ? Ça brûlait. La douleur se rappela à moi. Je ne l’aimais pas la douleur. Elle fit son chemin le long de mon bas-ventre. Très lentement, parce qu’elle aimait prendre son temps. J’étais une souris. Et je souffrais. Et ça ne fonctionnait pas. Peut-être parce que tu es déjà dingue non ? Non, non, ça devrait marcher, tout ça n’a pas de sens. Je ne suis pas dingue. Je suis une souris. Pas dingue– tout ira bien. Une souris– pas dingue– bien, tout va bien.

 

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Tout s’arrêta lorsqu’un son strident résonna à travers toute la pièce et à travers tout mon corps. Les hommes s’arrêtèrent, la lame s’arrêta et je recommençai à respirer pendant un court instant.

 

Puis ils paniquèrent et je paniquai avec eux. Parce que c’était une alarme, ce bruit, c’était une alarme et s’il y avait une alarme c’était qu’il y avait un danger. Et ce danger, il risquait d’être pire que ce qui était supposé m’arriver sur cette table.

 

La lumière tomba dans un fracas silencieux et ils me détachèrent avec des gestes précipités. Puis moi aussi je tombai. Je glissai. Je chutai. Et mon corps rejoignit le sol.

 

Et je ne comprenais plus.

— Merde, jura l’un d’eux dans un grognement.

— C’est l’endroit le plus caché du Royaume, commença l’autre sur un ton affolé, comment un intrus…

— On s’en fout du comment ! Ferme-la et applique le protocole.

Et ils s’activèrent à travers toute la pièce dans une violente tempête. Les papiers furent déchirés, les fioles fracassées, les instruments renversés. Et tout allait vite. Tout devait aller vite.

L’alarme résonnait.

— Avec un peu de chance il ne trouvera pas cette pièce.

— Ferme-la je t’ai dit !

J’étais à terre. J’étais à terre et j’aurais dû me relever. J’aurais dû partir. J’aurais dû en profiter. Mais il y avait l’alarme. Et il y avait le danger. Et la porte était fermée. Et était-ce une porte ?

 

Qu’est-ce que je dois faire ?

 

Je ne pouvais plus me retenir. Poings serrés. Desserrés. Je ne pouvais plus. Je ne comprenais plus.

Alors je m’assis. Je plongeai ma tête entre mes mains et, recroquevillée, je me balançai d’avant en arrière, d’avant en arrière, d’avant en arrière…

 

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Puis il y eut des cris qui s’ajoutèrent à l’alarme.

Et il y avait du sang par terre.

 

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Quelqu’un était entré.

Il avait stoppé la tempête.

Moi, je n’avais pas bougé.

 

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Peut-être devrais-je regarder.

Peut-être qu’il n’y avait plus personne.

Parce que l’alarme s’était tue.

Le silence était revenu.

Et j’ai toujours était seule avec le silence.

 

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— Vous entendez ça, j’ai enfin réussi à l’éteindre !

Je me tendis brusquement. C’était une autre voix. Dans la même pièce que moi.

Une voix que je n’avais jamais entendue.

— Kaleb ?

Et elle s’approchait.

— Qu’est-ce que c’est ?

— À toi de me le dire.

Non. Deux. Il y avait deux nouvelles voix. Elles étaient deux. Et j’étais seule. Et est-ce qu’elles étaient réelles ? Elles étaient réelles si je ne les voyais pas ?

 

Tu dois regarder.

 

C’était simple de regarder. C’était simple, alors pourquoi trouvais-je ça dur ? Pourquoi avais-je peur ?

 

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Finalement, il y avait juste beaucoup de sang.

Quelques gouttes avaient atterri sur ma jambe.

Le reste suintait du corps de mes geôliers.

Ils gisaient de l’autre côté de la table, leurs cadavres, juste là, et leur sang formait une mare, et la mare dégoulinait peu à peu jusqu’à moi.

 

Et les deux voix n’étaient pas que des voix. C’était deux hommes. Deux autres hommes. Deux autres hommes qui avaient fait ça.

Et ils se tenaient juste devant le trou. Et ils se tenaient juste devant moi. Et leurs yeux me fixaient. Ils ne faisaient pas la même taille. Ils n’avaient pas la même couleur de cheveux. Mais aucun n’avait les cheveux roux. Moi j’avais les cheveux roux. Moi je ne bougeais pas.

— C’est fascinant ! se réjouit tout à coup le plus petit des deux.

Son regard brilla d’un air émerveillé derrière ses lunettes.

Elles étaient rondes.

Et très grandes.

— Je n’ai jamais vu ça Kaleb ! ajouta-t-il en s’adressant à son compagnon. Je veux dire… certaines personnes résistent mieux que d’autres, mais là… c’est comme s’il n’y avait rien.

L’homme à lunettes tenta alors de s’avancer de quelques pas. Vers moi. Le besoin de reculer tirailla mes muscles. Mais l’autre le stoppa avec son bras. L’autre ne semblait pas aussi joyeux. Il continuait de me toiser, la mâchoire serrée, et il ne disait rien et l’homme à lunettes insista encore :

— On doit absolument étudier ça de plus près, il faut l’emmener.

Il tenta de repousser le bras, toujours élevé comme une barrière entre lui et moi, pour pouvoir passer. Mais le bras ne bougea pas. Moi non plus je ne bougeai pas. Et l’homme à lunettes voulait vraiment s’approcher et c’était comme si tous ces doigts étaient prêts à se refermer sur moi d’un instant à l’autre.

Mais il y avait le bras.

Et il ne pouvait pas m’atteindre.

Alors il continua d’un air grave :

— Je ne peux pas la lire Kaleb. Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ? On ne peut pas la laisser là.

L’autre homme était si silencieux qu’on aurait dit qu’il n’entendait rien et si je fermais les yeux c’était comme s’il n’était pas là. L’autre homme, il ne faisait pas de bruit, un peu comme moi, alors l’homme à lunettes laissa couler un peu de désespoir dans ses mots :

— Kaleb… S’il vous plaît...

C’est alors que l’homme silencieux cessa d’être silencieux et qu’il laissa échapper un murmure dans la pièce, ce qui rendit l’air un peu plus lourd :

— Encore une fois, tu ne réfléchis pas.

Et cette phrase, trop tranchante, trop glaciale, ne dut pas plaire à l’homme à lunettes puisqu’il détourna les yeux sans répondre.

— Regarde autour de toi, ordonna l’homme silencieux.

Et l’homme à lunettes s’exécuta. Son attention dériva entre les déchets renversés au sol, la table, les débris de verres, les corps, la lumière. Elle clignotait la lumière. Elle était tombée et maintenant elle clignotait. Puis il constata :

— On dirait une salle de laboratoire, vu les divers équipements... Et si on regarde bien elle est remplie d’OA, mais la plupart sont détruits. Ce n’est pas vous qui avez fait ça je suppose, ou je l’espère en tout cas parce que ce serait un vrai gâchis.

— Donc ? encouragea l’homme silencieux.

— Donc, j’en conclus qu’ils voulaient nous cacher quelque chose.

— Maintenant regarde-la.

Il m’observa. Là, face à moi, derrière le bras, devant la porte. Concentré. Les sourcils froncés. Alors moi aussi je l’observai. Il avait un visage mince. Beaucoup trop mince. Ses cheveux étaient blonds. Et ses cheveux étaient bouclés. Affreusement bouclés. Et puis ses lunettes étaient ancrées sur son nez. Et elles étaient énormes. Puis les mots s’écoulèrent de sa bouche :

— Vu ses vêtements et son état, ce n’est pas une scientifique. Et encore moins un de leur soldat. À moins que ce soit un piège, mais ça m’étonnerait, elle nous aurait déjà sauté dessus ou autre chose, enfin peu importe, dans tous les cas on ne serait pas là, debout, à discuter tranquillement. Et, avouons-le, ce serait un piège très grossier. Au fait, saviez-vous que seulement 20 % de nos scientifiques sont entraînés aux bases du combat ? C’est un chiffre relativement faible si on le compare aux époques antérieures et si nous prenons en compte le fait que nous sommes loin de vivre dans une période de paix, ce nombre peut être considéré comme assez alarmant. D’ailleurs, pour remédier à cela il s’avère que j’ai réfléchi à plusieurs solutions pouvant être mises en place, et si vous êtes d’accord je vous les ferais parvenir pour que vous puissiez–

— Jemmy, le stoppa l’homme silencieux.

Et l’homme à lunettes se tut aussitôt et cligna plusieurs fois des yeux comme s’il ne savait pas bien où il était.

Moi non plus, je ne savais pas très bien où j’étais.

Peut-être que je devrais aussi cligner des yeux…

L’homme à lunettes, après un court instant, finit par retrouver ses mots :

— Oui, euh… bon… Ce qui est sûr c’est qu’elle est sûrement liée à ce qui se trame ici.

— Et ?

— Et on aimerait savoir ce qui se trame ici, elle pourrait nous apporter des réponses. Vous voyez, raison de plus pour l’emmener et–

L’homme silencieux l’interrompit d’un claquement de langue agacé et l’homme à lunettes se tut immédiatement. Honteux.

— Mais ? reprit ensuite l’homme silencieux.

— Mais…

L’homme à lunettes réfléchit quelques secondes de plus, il me regardait encore et le sol était gelé sous mes paumes, et tout l’air de la pièce avait disparu, comme ça, d’un coup.

Et si je bougeais ?

Non, ce n’était pas le moment.

Pas maintenant.

Ne bouge pas.

Ne bouge pas où il y aura un troisième corps dans la pièce.

Ne bouge pas.

— Elle est… effrayée ? supposa l’homme à lunettes. On ne sait pas si elle est dangereuse et on ne sait pas quelle réaction elle aura en s’approchant.

— Bien.

L’homme silencieux rabaissa enfin son bras et mes yeux s’écarquillèrent et je cherchai la porte et elle était beaucoup trop loin et l’homme à lunettes ne fit pas d’autres mouvements pour venir vers moi.

Il ne s’approcha pas.

Pourquoi ?

Et je ne savais toujours pas ce qu’ils comptaient faire, ces deux hommes, là, devant moi.

Je devais bouger maintenant ?

Ils bloquaient la porte.

Est-ce que je savais encore bouger ?

L’homme silencieux tendit un sac à son partenaire.

— Il y a encore de la place dedans, fais attention à ce que tu touches et prends ce que tu trouves intéressant. Moi, je m’occupe ça.

Ça.

Ça. C’était moi ça.

L’homme à lunettes s’éloigna vers le fond de la pièce et examina plusieurs objets que les scientifiques n’avaient pas eu le temps de casser. Pas l’homme silencieux. L’homme silencieux me fixait. L’homme silencieux avait les yeux noirs. Extrêmement noirs. Et l’homme silencieux avança.

Et je reculai, toujours assise, je reculai. Mais il y avait le mur. Et le mur m’arrêta. Parce que ce mur-là ce n’était pas une porte. Tous les murs n’étaient pas des portes. Toutes les portes étaient-elles des murs ? Noirs. Si proche. La folie n’aimait pas ça. Il s’accroupit devant moi. Et je plongeai dans deux abysses insondables.

 

Est-ce qu’ils allaient me sauver, ces yeux ?

 

Ou bien allaient-ils me condamner ?

 

Eux-mêmes semblaient tergiverser dans une immobilité palpable.

Puis ça se produisit. Et le choc fit sursauter mon corps.

 

— Tu sais parler ?

 

Il l’avait fait. Il s’était adressé à moi, directement à moi. Personne ne s’était jamais adressé à moi. Et alors je me dis que moi aussi j’étais réelle, pas vrai ? Moi aussi j’existais.

Un sourire fendit mes lèvres.

Et l’homme silencieux haussa un sourcil.

 

Puis je ne dis rien.

 

Cette question. Il fallait l’ignorer cette question.

 

Parler.

 

Parler.

 

J’en suis capable ?

 

Je ne sais pas. Je ne sais pas et j’en ai assez de ne pas savoir. Assez, assez– ignore-le.

 

Oublie cette question.

 

L’homme silencieux n’insista pas. Et il se redressa. Et il était grand. Et à quoi pensait-il ?

— Tu vas nous suivre, compris ?

Je hochai la tête. Je savais le faire ça, suivre quelqu’un. Je l’avais déjà fait. Alors je me mis debout. Une jambe après l’autre. Je m’appuyai contre le mur pour me stabiliser.

Ne les suis pas.

 

Où vont-ils m’emmener ?

 

Ne les suis pas. Ils sont dangereux, ils ont l’air dangereux. Les cadavres, ils sont là à cause d’eux.

Mais je ne veux pas rester ici.

Je ne peux pas.

 

Tout cet endroit, il me donnait la nausée.

 

Ses yeux regardaient ailleurs maintenant. Il fixait autre chose, plus bas. Alors je l’ai imité. Et j’ai vu ma robe imbibée du même rouge qui maculait le sol. Sans réfléchir, je passai ma main sur la tâche. Puis je contemplai mes doigts poisseux. Je frottai mon pouce contre mon index. C’était mon sang celui-là. Et ça piquait, juste là où ils avaient coupé, juste au bas de mon ventre.

Je relevai la tête.

Je m’enfonçai de nouveau dans ses yeux sombres.

Nous nous regardions maintenant.

Et aucun mot ne lui échappa.

— On peut y aller Kaleb, intervint tout à coup l’homme à lunettes en s’approchant de nous.

Le sac qu’il transportait sur son épaule était rempli, la fermeture sur le point de craquer. Il nous regarda l’un après l’autre.

— Est-ce qu’on doit utiliser la manière forte ?

— Non, lança l’homme silencieux en se retournant pour repartir vers la porte, pas pour l’instant.

L’homme à lunettes remonta alors ses lunettes sur son nez tout en souriant et me fit signe de passer devant lui pour suivre l’homme silencieux.

 

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Ce couloir, est-ce qu’il avait une fin ?

 

Est-ce qu’il menait quelque part ?

 

Et si le couloir n’avait pas de bout, est-ce qu’il avait un début ?

 

Je me demandai où était la pièce blanche aussi. Sûrement derrière un de ces murs. Depuis combien de temps nous les longions ces murs ?

 

Depuis combien de temps étais-je réveillée ?

 

L’homme silencieux était devant moi et il allait tout droit, et de toute façon il n’avait pas le choix parce que à droite, il n’y avait pas de chemin, à gauche non plus, et il y avait juste le tout droit.

Alors moi, je le suivais.

Je plissai les yeux en observant son dos.

C’était très étrange parce que l’homme silencieux, même quand il marchait il ne faisait pas de bruit. Moi j’en faisais beaucoup, l’homme à lunettes aussi parce que je l’entendais derrière moi. Mais pas lui.

Ses pas étaient muets.

Sa respiration aussi.

Peut-être qu’il ne respirait pas.

Est-ce que c’était possible de ne pas respirer ?

Je pris instinctivement une grande bouffée d’air, puis je fermai ma bouche et je bouchai mon nez et je ne laissai plus rien sortir ni entrer. Ne pas respirer, c’était facile au début, il fallait juste ne rien faire. Puis une drôle de pression commença à s’amasser en moi, d’abord dans ma poitrine, puis dans ma tête et le couloir blanc commençait à devenir gris et flou et j’avais l’impression que j’allais exploser, là, dans l’obscurité.

Je toussai.

J’avalai de grandes goulées d’air.

Et je toussai encore.

Et je me rendis compte que c’était impossible de ne pas respirer.

Et puis l’homme silencieux me regardait.

Il s’était arrêté et il s’était retourné et il me regardait, comme ça, parce que j’avais fait du bruit et je n’aurais pas dû faire du bruit.

Et ses yeux étaient noirs.

Trop noirs.

 

Recule.

 

— Tout va bien ? lança l’homme à lunettes derrière moi.

Je baissai les yeux tandis que ma poitrine se levait et s’abaissait très vite et j’essayai de redevenir silencieuse.

Je faisais encore trop de bruit.

Silence.

Silence.

Silence.

C’était ma faute.

Il fallait que le silence revienne.

Qu’est-ce qu’ils me feraient si j’étais trop bruyante ?

Est-ce qu’ils allaient me tuer ?

Est-ce qu’ils allaient partir sans moi ?

Est-ce qu’ils allaient me laisser là ?

Dans le couloir blanc.

Dans la pièce blanche.

Où est-ce qu’elle était la pièce blanche ?

Il n’y avait pas de bruit dans la pièce blanche.

Peut-être qu’on pourrait y retourner.

Je déglutis.

Silence.

Je relevai la tête.

L’homme silencieux s’était remis à avancer.

Alors tout allait bien.

Briser le silence, peut-être que ce n’était pas si grave.

Et mes pieds recommencèrent à fonctionner.

Bruyamment.

 

Où allions-nous ?

 

══════════════════

 

Le couloir n’était pas vide.

Et il n’était pas seulement blanc.

Il y avait un peu de rouge aussi.

Sur le mur à gauche.

Il y avait du sang.

Et à côté du sang, toujours contre le mur, à gauche, un corps était affaissé sur lui-même.

À ses pieds, il y avait une colonne immense. Elle s’élançait jusqu’au plafond dans un entortillement infini de marches et ce n’était pas vraiment une colonne, c’était plutôt un escalier.

Il y avait un escalier dans le couloir vide, près du mur gauche, à côté d’un homme inconscient, entouré de rouge et de blanc, et tout en haut de l’escalier, dans le plafond, il y avait un trou, une cavité, une porte.

 

Là-haut.

 

Il y avait une sortie.

 

Et je n’attendis pas plus longtemps. Je me mis à courir vers l’ouverture, à dépasser l’homme silencieux, à grimper l’escalier, et j’ignorai la douleur, j’ignorai la folie, parce que là-bas, tout en haut, il y avait le dehors.

Il y avait le vrai monde.

 

Plus vite.

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Edouard PArle
Posté le 09/11/2022
Coucou !
woooo mais j'adore de plus en plus !!
Mille interprétations me sont venues pendant ce chapitre, j'étais surstimulé xD Je me suis d'abord demandé si la narratrice n'avait pas été lobotomisée, si elle n'était pas testée dans un univers de SF et pleins d'autres hypothèses... J'ai failli croire le gars quand il a dit que c'était une souris xD On peut imaginer pleins de choses au début et c'est super cool.
Au fur et à mesure, avec l'arrivée des deux hommes, on a de plus en plus d'éléments. Tout ces indices donnent envie de savoir la vérité, d'en apprendre plus ! La chute avec la course vers le monde extérieur est magnifique et donne très envie de poursuivre.
L'introspection fonctionne très bien, je me suis déjà attaché à la narratrice malgré le peu qu'on sait d'elle.
Je suis toujours séduit par ta mise en page, et j'aime vraiment beaucoup la répétition des "et".
Je poursuis ma lecture !!
Zosma
Posté le 15/11/2022
Hey !
Ah oui beaucoup de questions x) Et peut-être que c’est une souris, hein, qui sait ?
Ouf, le personnage est attachant, c’est rassurant parce qu’on est pas près de la lâcher !
Merci encore ! Et pour les « et », j’ai tendance à en abuser, j’espère que tu feras pas une overdose plus tard haha
Serdaigle
Posté le 31/03/2021
J'ai commencé ton histoire hier, et bien j'ai bien fait de la mettre dans ma pile à lire ! ^^

On est vraiment directement rattaché à la narratrice, on découvre avec elle l'intrigue et les différentes questions qu'on se pose à la lecture sont les siennes ce qui renforce cette identification

Dès le début tu arrives à accrocher ton lectorat et tu le maintiens en haleine avec le suspens et cette soif de savoir

vraiment continue sur cette lancée (j'ai hâte de savoir ce qui se passe je m'en vais lire le prochain chapitre ^^)
Zosma
Posté le 31/03/2021
Merci !

Je suis rassurée qu'on s'identifie bien à la narratrice, j'avais justement peur que comme elle est paumée et "folle", ça ne marche pas et ça agace.

Pour l'instant les questions et les mystères fonctionnent, super ! Bon, il va falloir que je commence à apporter des réponses au bout d'un moment... x)

En tout cas, bonne lecture pour la suite !
Serdaigle
Posté le 31/03/2021
Merci là je suis au dernier chapitre ^^

Personnellement j'aurai tendance à dire qu'avoir un personnage "fou" ça peut être bien parce qu'on sort de l'ordinaire, et un lectorat aura toujours tendance à être attiré par ce qui sort justement de l'ordinaire ^^

et aussi on peut s'identifier à cette personne, parce qu'il y a un lien d'empathie qui se crée, on veut comprendre pourquoi elle souffre et on veut qu'elle réussisse à retrouver la vérité et la raison ^^

Pour l'apport des réponses, je sais pas si tu connais, c'est le foreshadowing, c'est un procédé qui permet de divulguer des éléments de réponses sans pour autant tout expliquer

Ainsi tu maintiens une dose de suspense et tu gardes les explications pour la fin :D (si c'est une explication de moindre importance tu peux éventuellement utiliser le procédé mais après l'expliquer deux ou trois chapitres après par exemple ^^)

ça peut être un bon moyen pour apporter des réponses sans trop en divulguer si tu considères qu'elles seront importantes à dévoiler en fin d'histoire ^^
Pluma Atramenta
Posté le 08/01/2021
Salut Zosma !

C'étaient déjà le titre, la couverture et le résumé qui m'avaient ouvert l'appétit, il y a quelques mois de cela (désolée de ne pas avoir jeté un œil plus tôt à ton manuscrit, j'ai une PàL chargée) mais le contenu de ces pages est également vachement prometteur. Déjà par la mise en page originale et la forme du texte en général. Se mettre dans la peau d'une "folle" n'est pas mince affaire et pourtant, tu as réussi ce laborieux exercice avec brio. On comprend ton personnage, on ressent ce qu'il ressent, on compatit avec ses questions. Une super idée que tu as là, de nous laisser découvrir ton univers à travers les yeux de cette femme (?) qui, comme nous, ne semble pas le connaître.
Et, je me répète mais... Whaouh ! Quel potentiel immense en ton style et ce scénario tout sauf banaux ! J'apprécie aussi beaucoup ta manière de décrire les choses, si simple et en même temps... le fait de commencer tout de même régulièrement les phrases par un "Et" ajoute une saveur particulière au texte, sûrement parce que cette sorte de répétition verse dans la prose. Ceci signifie qu'implicitement, le narrateur est encore en train de réfléchir à ce qu'il voit au moment où il parle, renforçant ainsi notre hypothèse de départ : cette personne est complètement folle. Et les autres personnes autour d'elle guère sympathiques, à ce qu'il semblerait... Mais sait-t-on ? Et est-ce vraiment de la folie, malgré tout ?
Oh là là, ce mystère insoutenable que tu laisses planer...! Bien joué ;) Tes courtes phrases percutent, les questions incessantes rythment le récit et la simplicité avec laquelle la narratrice expose sa situation est efficace, touchante.
J'ai en revanche une coquille et une remarque, en espérant que mon point de vue pourrait t'être utile :

- "Puis j’effleurai mes cheveux mouillé" (= mouillés)

- Les descriptions ! J'imagine que cette totale (ou presque) absence de description est volontaire et c'est vrai que cela ajoute une épice, un charme, une "bascule" intrigante au texte. En revanche, ce qu'il manque peut-être, c'est une mise en scène. La tienne reste à stabiliser, peut-être en semant davantage de détails d'ambiance au fil des mots. Petit conseil tout subjectif ;) N'oublies pas non plus de te pencher sur les avis des autres afin de les regrouper et ne t'inquiètes pas si tu as encore peu aujourd'hui : ils viendront ! <3
De mon côté, j'espère avoir la suite bientôt, tout cela m'intrigue à un point hors du commun... Hâte donc de la savourer prochainement ;)

Bonnes inspirations !
Pluma.
Zosma
Posté le 14/01/2021
Bonjour !

Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis très contente que tu ais apprécié ce début d'histoire et tes compliments me font vraiment plaisir ! Tout ce que tu as noté est très juste. C'est vrai que j'ai opté pour un style d'écriture et une mise en page peu ordinaires et je t'avoue que j'avais peur que ça rebute la plupart des gens mais visiblement ça a l'air d'aller. Si tu es intriguée c'est que j'ai bien fait mon travail :p
Aïe aïe aïe, la mise en scène, un de mes pires ennemis (juste après les dialogues, bruuuh rien que d'y penser je frissonne...), et elle n'est pas aidée par les brèves descritptions que je fais ^^' En effet il va falloir que je travaille là-dessus. Merci pour tes conseils et pour avoir relevé cette vilaine faute :o
J'espère que la suite (quand elle arrivera) te plaira également !
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