Chapitre 2 : Un réveil brutal

Par OEL

Gabriel passa les heures qui suivirent son réveil allongé, immobile sur son lit, les yeux rivés sur l’ampoule suspendue au plafond. Elle semblait l’hypnotiser. Parfois, il détournait les yeux pour regarder la petite horloge accrochée au mur au-dessus de la porte qui affichait  la date en bas de l’heure 27 décembre 17H00. Cela faisait donc  une semaine qu’il dormait.
De temps à autre, des silhouettes passaient furtivement dans sa chambre  changeant ses draps, refaisant ses pansements ou ajustant sa perfusion. Mais tout cela semblait irréel, comme si ça se produisait à mille lieues de lui. Finalement, après un temps qui lui parut infini, il détourna son regard de l’ampoule à de douleur sourde qui pulsait dans son bras gauche. Il tourna la tête, posa la tête sur son bras  et vit des bandages tâchés d’un rouge pâle. Lentement, les souvenirs revinrent : la créature, Alex, le bureau qui tremblait... et ce hurlement. Il inspira profondément, cherchant à calmer l’accélération soudaine de son souffle. Une sensation d’étouffement montait, mais il se força à rester immobile, à observer la pièce. La chambre était froide, impersonnelle, un espace fonctionnel conçu pour soigner les corps, mais rarement les esprits. Les murs, peints d’un blanc cassé, semblaient presque gris sous l’éclat artificiel des néons qui clignotaient parfois, comme fatigués de leur propre existence. L’odeur omniprésente du désinfectant était entêtante, un mélange de propreté clinique et de vide émotionnel.
Le lit, installé au centre de la pièce, était entouré de machines silencieuses. Elles émettaient un bourdonnement discret, un bruit de fond constant qui devenait presque assourdissant dans le silence pesant. Des câbles s’étendaient comme des veines artificielles, reliés à des moniteurs dont les écrans affichaient des chiffres et des lignes défilant.
Un rideau épais, couleur vert pâle, pendait à moitié tiré, divisant la pièce en deux. Derrière lui, une chaise en plastique usé était coincée dans un coin, comme si elle s’était excusée de son inconfort évident. Une petite table roulante, posée près du lit, portait un plateau vide, une carafe d’eau à moitié remplie et un gobelet jetable. Tout semblait figé dans une attente interminable, comme si même le mobilier hésitait à rompre le silence.
Les fenêtres, hautes et étroites, laissaient filtrer une lumière grise qui se mêlait maladroitement à celle des néons. Dehors, on distinguait vaguement des silhouettes d’arbres nus se balançant sous un vent invisible. Les rideaux de tissu léger qui les encadraient avaient jauni avec le temps, leur couleur fanée rappelant l’usure d’un lieu qui avait vu trop de souffrance.
Au-dessus de la porte, l’horloge ronde battait faiblement, ses aiguilles semblant lutter pour avancer. Chaque "tic" résonnait comme un rappel insistant du temps qui passait, mais qui ne semblait jamais vraiment bouger. À côté d’elle, un tableau d’affichage blanc montrait un planning d’interventions, griffonné d’une écriture rapide et presque illisible.
Le sol, carrelé d’un gris terne, était parsemé de petites éraflures et de marques de pas. Chaque pas d’infirmière ou de médecin résonnait distinctement, apportant une ponctuation inattendue au calme lourd de la pièce.
Gabriel, allongé sur le lit, se sentait étranger à cet endroit. L’espace semblait oppressant dans son vide fonctionnel, comme s’il l’avalait lentement, le réduisant à un simple patient parmi tant d’autres. Pourtant, dans chaque reflet du verre des machines ou des fenêtres, il croyait percevoir des ombres fugaces, des éclats de cette nuit où tout avait basculé.
La chambre était plus qu’un lieu de repos, elle était un cocon fragile, un endroit où réalité et hallucination semblaient prêtes à se mélanger à tout moment. Chaque détail, aussi insignifiant soit-il, semblait chargé d’une tension latente, comme si la pièce elle-même savait que Gabriel n’était pas encore sorti de son cauchemar.
Malgré son épuisement, une idée s’imposa dans son esprit : Alex savait quelque chose. Il repensa à la dispute qu’ils avaient eu  sur Victor, ce garçon retrouvé près d’une falaise, et à ces histoires qui semblaient si délirantes sur le moment. Mais si tout cela faisait partie d’un puzzle plus grand ? Il n’avait qu’une seule piste. Une personne qui pourrait peut-être lui donner des réponses : Agatha La mère d’Alex. Après tout Alex avait parlé d’un « voile » élément qui revenais souvent dans les récit que racontait Agatha quand ils étaient enfants. Elle devait forcément savoir quelque chose, avoir une explication logique sur ce qui venais de se passer. 
Quelque jours passèrent et Gabriel ne reçut aucune visite, ni d’Agatha (ce qui était étrange vu qu’elle était comme sa mère), ni du capitaine ce qu’il trouvait normal vu qu’il avait vu la même chose que lui. Gabriel avait demander une petite télévision à mettre dans sa chambre à une infirmière parc qu’il cherchait des information sur la situation. A sa grande surprise elle la lui avait apportée. Il cherchait quelque chose à suivre en passant une chaine après l’autre quand soudain il tombait sur une annonce intitulé « l’hécatombe du poste de police 5, le lieutenant Gabriel Strauss seul survivant enfin réveillé ». il ressentit dans le même instant son cœur s’affoler. Le journaliste se mis alors à parler : « la nuit du 20 décembre à marquer notre petite communauté tout entière. Comme vous le savez sans doute déjà à part si vous étiez caché dans une grotte, le 20 décembre dernier un groupe d’individu à pénétré le poste de police 5 avec des explosif et des armes militaire comme nous le montre les vidéos suivante. On sait aussi que les force de police présente en engagé un confrontation avec les dits individu qui on à la fin dans un acte désespéré fait sauter le bâtiments tuant au passage toute personne à l’intérieur du bâtiment. La seul personne qui a pu être sauvé était le lieutenant Gabriel Strauss à qui notre maire va décerner la médaille du courage en son honneur et celui de ses camarade tombé au combat. Une source dans l’hôpital nous a affirmer que le lieutenant Strauss avait retrouvé connaissance et qu’il était en état de choc… » Gabriel s’est empressé d’éteindre la télévision.
« des individus armés », « explosif » marmonna-t-il les bras posé sur le front. D’où sorte-t-il ces images, d’où sorte-t-il cette histoire débile… débile répéta-t-il. Non ce n’est pas possible, mes souvenir sont bien réel je sais ce que j’ai vu mon bras et mes douleur peuvent en témoigner je n’ai pas pu inventer tout ça ce n’est possible. Après un instant d’hésitation il ralluma la télévision et le reportage repris : «  la cérémonie de commémoration et de mise en terre de ces héro mort pour nous protéger aura lieu en début d’année afin de débuter l’année en se souvenant qu’elle aurait pu se terminer sur un ton plus grave si ces hommes et femmes n’avaient pas neutraliser la menace … » 
Neutralisé la menace ? s’écriât Gabriel  Mais ils sont morts !! tous mort quelle menace ont-ils neutralisés. Sa tension était en train de grimper en flèche, l’instant d’après un médecin à surgit dans la pièce 
Que ce passe… qui a mis cette télévision dans cette chambre ? Gabriel vit du coin de l’œil l’infirmière pâlir allonger vous monsieur dit le médecin 
L’instant d’après Gabriel semblait être tirer petit à petit vers le sommeil. Le médecin venais probablement de l’injecter un calmant assez fort parce qu’il n’a même pas fallu une minute pour qu’il ne parvienne plus à maintenir ses yeux ouvert.
Les jours qui passèrent, Gabriel ne reçut toujours aucune visite. Les seules personnes qu’il voyait étaient les médecins et les infirmières qui allaient et venaient, toujours pressés, comme s’ils avaient un emploi du temps infiniment chargé. Ses journées, autrefois animées et imprévisibles, étaient devenues insupportablement monotones. Chaque matin commençait par un suivi de ses différentes fractures, et chaque soir se terminait par un entretien avec un psychologue.
À mesure qu’il répétait inlassablement son histoire à ce dernier, sans jamais en modifier le moindre détail, Gabriel commençait à se demander s’il sortirait un jour de cet endroit. Le temps s'écoulait, lentement, méthodiquement, chaque jour se fondant dans le suivant, jusqu'à ce que le 3 janvier apporte enfin un changement.
Ce matin-là le silence pesant de la chambre fut brisé par trois coups secs contre la porte. Gabriel tourna la tête, ses yeux encore embués par la fatigue.    
— Entrez. lança-t-il d’une voix rauque.
La porte s’ouvrit doucement, révélant une femme d’environ soixante-dix ans. Elle portait un élégant manteau bleu nuit drapé sur ses épaules et une robe blanche d’une délicatesse qui semblait hors du temps. Dans ses mains fines, elle tenait une canne qui, malgré sa simplicité, reflétait une certaine grâce naturelle.
— Bonjour, Agatha, dit Gabriel d’un ton calme, presque apathique. Je n’attendais plus votre visite.
Un sourire doux éclaira le visage de la vieille dame.    
— Contente de te voir en meilleure forme, répondit-elle avec chaleur. Excuse-moi de ne pas être passée plus tôt. J’avais tant à faire, surtout avec… avec la mort d’Alex.
Ces mots frappèrent Gabriel comme un coup. Il détourna le regard, incapable de soutenir le sien.
— C’est... ma faute, murmura-t-il. J’ai été stupide. On s’est disputés avant... tout ça.
Agatha posa une main légère sur la sienne.
— Gabriel, écoute-moi. Ce n’est pas ta faute. Tu as fait tout ce que tu pouvais, comme toujours.
Il serra les dents, combattant l’envie de hurler.
— Vous ne comprenez pas. Il est mort à cause de ce... 
Agatha le fixa, l’air inquiet 
—comment va Jordan dit Gabriel (Jordan est le fils de cinq ans d’âge de Alex) ? J’aurais aimé le voir.
— Ne t’inquiète pas pour lui, c’est un garçon courageux et très intelligent. Il sait que son père est n’est plus là et est parti en essayant de sauver des vies. Tout n’est pas facile à expliquer à un enfant de cinq ans, mais un jour, il comprendra mieux ce qui s’est passé, dit Agatha en posant doucement sa canne contre le mur.
Elle s’approcha du lit, son regard se posant sur Gabriel avec une sincérité qui semblait percer    ses pensées.    
— Si je suis venue ici aujourd’hui, reprit-elle, c’est parce que je sais que tu voulais me parler.
Gabriel hésita un instant avant de     demander :    
— Vous savez comment… comment est mort votre fils ?
Agatha acquiesça lentement, son expression devenant grave.    
— Si tu fais référence aux images des  vidéos surveillance diffusé dans les infos… Oui je les ai vu 
Gabriel baissa légèrement la tête, comme s’il cherchait ses mots dans le vide qui le séparait d’Agatha. Avant qu’il ne puisse parler, la voix d’Agatha retentit à nouveau, douce mais ferme.    
— Gabriel, tu t’es perdu dans tes pensées ? demanda-t-elle.
— Je… Je ne sais pas comment vous expliquer, commença-t-il, avant d’être interrompu par un geste calme de sa main.
— C’est moi qui ai créé les vidéos que tu as vu, dit-elle avec une simplicité troublante. 
Gabriel releva la tête, stupéfait.
— Vous… avez créé les vidéos …comment …pourquoi ?
Elle hocha la tête, son ton devenant un peu plus pressant, presque agacé par son incrédulité.
— Oui, c’est moi qui ai conçu ces vidéo. Je ne connais pas tous les détails de ce qui s’est passé dans le bâtiment, mais je sais une chose : mon fils n’aurait pas pu mourir à cause d’une explosion ou de balles.
Le silence s’étira entre eux, tandis que Gabriel l’observait, ses pensées s’entrechoquant dans sa tête.    
— Que voulez-vous dire par "c’est moi qui ai  créé" ? demanda-t-il finalement.
— Ce que je veux dire, répondit-elle patiemment, c’est qu’il n’est pas donné à tout le monde de voir ce que toi et tes collègues avez vu ce jour-là. C’est pourquoi il existe des gens comme moi. Des gens dont le rôle est de faire en sorte que ces événements soient oubliés, soit en donnant l’illusion qu’ils n’étaient qu’un rêve, soit en créant de nouveaux souvenirs… ou en les effaçant.
Elle s’arrêta, réalisant qu’elle allait peut-être trop vite pour lui. Gabriel, quant à lui, restait figé, cherchant désespérément à comprendre ce qu’il entendait.
— Si tu voulais me voir, continua-t-elle après une pause, c’est parce que tu cherchais des réponses sur ce qui s’est réellement passé ce jour-là, n’est-ce pas ?
Il hocha la tête.
— Oui… Je voulais savoir.
Agatha inspira profondément, adoucissant son regard.
— Très bien. Je vais essayer d’expliquer… mais doucement, cette fois.
Te souviens-tu qu’enfant, je vous racontais souvent, à Alex et toi, des histoires tirées de mes aventures ? demanda Agatha d’un ton presque nostalgique.    
Gabriel hocha la tête, un sourire fugace sur les lèvres.    
– Oui, je m’en souviens très bien. En grandissant, je me suis toujours dit que vous auriez dû en faire des livres. Vous auriez rencontré un sacré succès.
Agatha éclata de rire, un rire bref, presque moqueur.    
– Oh, non. Je n’aimerais pas que ma vie soit ainsi étalée à travers le monde, encore moins transformée et déformée avec le temps. C’est souvent comme ça que naissent les contes pour enfants. Elle s’interrompit un instant, plissant légèrement les yeux. Tiens, prends Cendrillon, par exemple. Tu crois connaître l’histoire, n’est-ce pas ?
Gabriel haussa un sourcil, intrigué.    
– Bien sûr. Une pauvre fille maltraitée, une fée, un prince charmant… Tu vas me dire quoi ? Qu’elle n’a jamais perdu sa chaussure ?
Agatha eut un sourire énigmatique.    
– Pas tout à fait. Et si je te disais que l’histoire est tout autre ? En réalité, Cendrillon était une jeune magicienne ambitieuse. Elle voulait désespérément s’attirer les faveurs d’un prince. Mais à force de jouer avec des sortilèges qu’elle ne maîtrisait pas, elle a fini par disparaître. Pffft. Un mauvais sort qui a mal tourné, sans doute. Tout ce qu’on a retrouvé d’elle, c’est une de ses chaussures.
Elle conclut sur un ton amusé, mais son regard brillait d’une lueur qui mettait Gabriel mal à l’aise. Pendant un instant, il resta muet, la bouche entrouverte, comme s’il tentait de trier les informations qui s’étaient empilées dans sa tête. Puis il se redressa brusquement.
– Attendez… Votre vie ? Vous insinuez que toutes ces histoires sont… vraies ?
Agatha posa sur lui un regard perçant.    
– Et toi, Gabriel, tu crois que ce que tu as vécu récemment n’était que des chimères d’enfant ?
Le silence s’épaissit entre eux. Une tension invisible semblait alourdir l’air de la pièce.
– Je pense, reprit-elle enfin, qu’à partir d’aujourd’hui, tu devrais envisager que tout soit possible. L’imagination est un outil puissant, mais elle n’est pas qu’un jeu. Apprends à anticiper le pire, même ce qui te semble improbable. Ça pourrait bien te sauver la vie dans le monde que tu viens de découvrir.
Gabriel inspira profondément, rassemblant son courage.    
– Admettons que ce que j’ai vécu soit réel. Pourquoi cacher la vérité à tout le monde ?
Il haussa le ton, les mots brûlant sur sa langue.    
– Cet homme, ou… cette chose, a tué votre fils. Vous ne voulez pas le retrouver ?
Agatha lui lança un regard glacial.    
– Pour commencer, je vais te demander de baisser d’un ton, mon garçon.
Gabriel ouvrit la bouche pour répliquer, mais se ravisa à la dernière seconde.
– Ensuite, sache que certaines vérités ne doivent pas être dévoilées. C’est une règle vieille comme le monde. C’est pour ça que le Voile a été forgé.
Gabriel plissa les yeux, sa méfiance transparaissant dans sa voix.    
– Ce “voile” ? C’est quoi, ça ?
Il insista sur le mot comme s’il cherchait à dissiper une brume épaisse. Agatha prit une grande inspiration, le regard distant.    
– Pour commencer, le monde tel que tu le connais n’est qu’une fraction de ce qu’il est vraiment. Ses frontières, ses réalités, ses lois… Elles s’étendent bien au-delà de ce que ton esprit peut concevoir si toutefois tu es capable d’imaginer quelque chose, ajouta-t-elle, un éclat sarcastique dans la voix.
Il y’a longtemps, dit Agatha. Les humains, ceux qui ne pouvaient ni ressentir, ni capter, ni utiliser l’énergie de la nature qui nous entoure, ont déclaré la guerre à tous les autres.    
– Pourquoi ont-ils fait ça ? demanda Gabriel. Ils n’avaient aucune chance de gagner.
– Les raisons qui ont conduit à cette guerre sont nombreuses et variées, répondit Agatha, entre autres la discrimination. Ce qui est certain, c’est qu’à la suite de ce conflit, des sages du peuple elfique ont fait jaillir une barrière magique qui a séparé le monde en deux et banni ceux qui étaient dépourvus de dons magiques. Cela a mis fin à la guerre, du moins pendant un temps. Les humains restés en dehors du Voile cherchaient alors un moyen de franchir cette barrière. Certains voulaient rejoindre une partie de leur famille, d’autres continuer la guerre, et certains, simplement, désiraient retrouver le monde d’avant. Les tentatives pour franchir le Voile ont causé de nombreuses pertes. Un conseil s’est alors formé de l’autre côté pour décider de la marche à suivre. Les familles qui souhaitaient se réunir ont été invitées à venir du côté des humains sans dons magiques, et une décision a été prise celle de modifier les souvenirs de ceux qui vivaient parmi ici, de ce côté. Les seules familles à avoir gardé leur mémoire sont celles ayant des ancêtres aux capacités magiques. Moi-même, je descends d’une de ces familles.
Gabriel resta un instant pensif, déconcerté.    
– Cette histoire est difficile à croire, murmura-t-il. Si cela est vrai, où se trouve ce Voile ? Personne ne l’a jamais vu.
Agatha le regarda intensément,    
– Si personne ne l’a jamais vu, c’est tout simplement parce qu’il est impossible de le voir. Considère plutôt le Voile comme un sort qui a permis de séparer une partie du monde et de la placer dans une réalité superposée à celle-ci. Il est donc tout autour de nous. Pour le franchir, il faut se rendre à des points de passage spécifique et disséminés un peu partout dans le monde.
– L’avez-vous déjà franchi ? marmonna Gabriel.
Agatha acquiesça lentement, un léger sourire aux lèvres.    
– Oui, j’ai passé une bonne partie de ma vie là-bas. C’est aussi là que Alex est né et que j’ai rencontré son père. C’était un demi-elfe. Mais bon, tout ça fait partie des aspects plus compliqués de ma vie…
À ces mots, Gabriel se souvint d’une chose, un souvenir précis, comme une éclatante révélation.
– Quand Alex est parti, après la fin du collège, dans un pensionnat à l’étranger…
Agatha le coupa immédiatement    
– Oui, exactement. Il était de l’autre côté. À partir de 15 ans, les capacités endormies en nous se réveillent. Et il n’est pas facile de les cacher. C’est pourquoi il est obligatoire pour chaque jeune garçon ou fille qui n’a pas grandi de l’autre côté de s’y rendre à l’âge de 15 ans.
– Donc Jordan… ?
– Devra normalement y aller, termina Agatha d’un ton calme.
À ce moment précis, la porte de la chambre d’hôpital s’ouvrit doucement.
Je passais pour voir si tout allait bien pour vous, monsieur Strauss, annonça l’infirmière qui s’occupait de Gabriel en apparaissant à la porte.
– Tout va bien, Léa, merci de vous en inquiéter, répondit Gabriel avec un sourire.
– D’accord, je fais ma ronde pour m’assurer que tout se passe bien pour tout le monde, dit-elle en esquissant un petit sourire. Elle referma doucement la porte et continua sa route.
Gabriel se tourna alors vers Agatha, les yeux brillants d’interrogation.    
– Que vouliez-vous dire par « normalement y aller » ?
Agatha se redressa légèrement, prenant un moment avant de répondre.    
– Eh bien, répondit-elle d’un ton mesuré, Alex ne souhaitait pas que Jordan y aille. Il disait que c’était trop dangereux. Depuis qu’il est revenu avec lui, il cherchait un moyen de sceller ses capacités. La seule chose que je sache à ce sujet, c’est que cela est lié au sang de Jordan.
– Que voulez-vous dire par là ? demanda Gabriel, une pointe d’inquiétude perçant dans sa voix.
– Oh, ne t’en fais pas, répondit Agatha en levant la main comme pour apaiser sa crainte. Par "sang", je veux simplement dire le sang qui coule dans ses veines. Les quatre elfes qui ont créé le Voile ont utilisé quatre artefacts extrêmement puissants, quatre œufs lesquels qui ont laissé en eux d’après la légende leur accordant d’immense pouvoir pour le reste de leur vie.
– Et où est le rapport avec Jordan ? demanda Gabriel.
– Le père d’Alex est un descendant de l’un de ces elfes. Ajouter à ça, Aella, la mère du petit, est une elfe et descend directement de la lignée de l’un des quatre. Ce qui fait de lui un enfant aux dons hors du commun, a priori.
Gabriel ne put s’empêcher de penser à Jordan, ce petit garçon qui mâchouillait ses chaussures avec un air innocent, et un sourire lui échappa.    
– Alex refusait toujours de parler de la mère de Jordan. J'avais renoncé à lui poser des questions. Vous savez ce qu’il lui est arrivé ?
– À ce que je sache, répondit Agatha, elle va très bien. Elle a gardé avec elle Isabella, la sœur jumelle de Jordan.
– Jordan a une sœur jumelle ! s’écria Gabriel, visiblement étonné. Pourquoi avoir emmené le garçon et pas la fille ? Si c’est sa jumelle, elle court forcément les mêmes dangers que lui là-bas, non ? Ou bien elle ne possède pas ses dons ?
Agatha le regarda calmement avant de répondre.    
– La raison pour laquelle Isabella est restée de l’autre côté, c’est qu’elle est un peu trop elfique pour ce monde. Si Alex l’avait rapportée avec lui, rien au monde n’aurait empêché Aella de mettre le monde à feu et à sang pour retrouver ses enfants. Il ne m’a jamais dit quel accord il avait passé avec elle pour qu’elle le laisse partir avec Jordan. Je me suis longtemps dit qu’il l’avait prise sans en parler à Aella, mais ça ne le ressemble pas d’agir ainsi. Alors, la seule option possible, c’est qu’il a dû la convaincre qu’un enfant qui ressemble davantage à un humain ne serait jamais accepté parmi les elfes. Et c’est vrai.
Gabriel souffla lourdement, comme si une lourde pierre venait de se poser sur ses épaules.
– Franchement, dit-il en se massant les tempes, avec tout ce que vous me racontez aujourd’hui, j’ai l’impression que ma tête va exploser. Il y a beaucoup trop de fiction dans vos mots. 
Gabriel entrevit Agatha rouler des yeux, puis, l’instant d’après, elle leva son bras droit et l’étendit en direction de Gabriel, la main tournée vers le plafond. Elle serra lentement ses doigts contre sa paume et, dans un murmure, prononça « Illuminare ». Au moment où elle ouvrit sa main, une petite sphère blanche, de la taille d’une balle de tennis, apparut en plein milieu. Elle ajouta ensuite « Dispergite », et la sphère se divisa en plusieurs lueurs encore plus petites, qui dansèrent autour de son lit. Gabriel, sans un mot, resta figé, les yeux rivés sur les lumières qui tournaient lentement, comme hypnotisé.
– Je suppose que maintenant tu me crois, ou bien penses-tu qu’il s’agit d’une hallucination ? demanda Agatha.
Sans répondre directement, Gabriel la fixa un moment, puis déclara, le regard sérieux :
– Vous ne m’avez pas parlé des loups-garous.
– C’est normal, répondit Agatha d’un ton détaché. Vu qu’ils n’existent pas.
– Je sais ce que j’ai vu, rétorqua Gabriel. Cette chose avait tout du loup-garou, c’est vous qui avez dit que chaque légende vient de quelque part.
Agatha resta calme, presque amusée.    
– Du calme, petit loup, dit-elle le sourire au lèvre. Les loups-garous, tels que tu les imagines et les comprends, n’existent pas. Je te demande de te calme ajouta-elle lorsqu’il tenta de répliquer.    
– Ce que tu appelles loup-garou est en réalité une magie obscure et répugnante, à mon avis. L’individu doit absorber une potion à base de sang de loup lors d’une pleine lune, ce qui provoque une cassure dans son être, lui conférant des aptitudes physiques accrues : une meilleure force, vitesse, acuité visuelle et olfactive, et la possibilité d’attaquer sans être à visage découvert. On l’appelle un lycanthrope. Le terme "loup-garou" vient plutôt de l’Europe occidentale.
– Et des dents et des griffes assurées, ajouta Gabriel pour compléter la description. 
– Entre autres, oui, répondit Agatha, un sourire en coin.
– Ce loup-garou, reprit Gabriel, en remarquant une légère réaction de la part d’Agatha, était à la recherche d’un de ces œufs que vous avez mentionnés plus tôt. Savez-vous pourquoi il est venu le chercher dans le poste de police ?
Agatha prit une profonde inspiration avant de répondre.    
– Eh bien, dit-elle lentement, ce jour-là, un peu avant le soir, Alex est rentré en toute hâte à la maison. Il disait devoir entrer en contact avec son père pour lui parler de l’œuf qu’il avait trouvé. Il faut noter que ces œufs sont un mystère pour les gens de notre époque et avait été caché par les anciens. Mais bon, passons. Après avoir contacté son père, il lui a confié l’œuf pour qu’il le mette en lieu sûr. N’oublie pas, je te l’ai dit : ces œufs-là laissent des marques. Il a dû sentir émaner la magie de l’artefact. Pourquoi il s’en est pris à toi en premier, je l’ignore.
– Victor, marmonna Gabriel.
– Qui est Victor ? demanda Agatha, l’air intrigué.
– Un jeune de 17 ans qu’on a retrouvé à moitié mort… Une histoire compliquée, répondit Gabriel, d’un ton pensif.
– Au sujet de Jordan, que comptez-vous faire ?
– Que veux-tu dire par là ?
– Eh bien, vous avez dit qu’Alex voulait le tenir éloigné de tout ça pour le protéger, et avec l’homme qui cherche ces œufs, ne pensez-vous pas…
Agatha l’interrompit avant qu’il ne termine.    
– Je compte apprendre à Jordan tout ce qu’il doit savoir le plus tôt possible. Le plus tôt sera le mieux. Je ne suis pas partisane de la protection par l’ignorance, ça a souvent l’effet inverse. Et je pense qu’il est dans l’intérêt de Jordan qu’il sache utiliser ses capacités. Pour cela, à ses 15 ans, il partira comme son père avant lui, et comme ma sœur et moi l’avons fait. Il sera en sécurité là-bas, et je pourrai toujours aller le voir en cas de problème.
Elle marqua une pause avant de reprendre, l’air plus détendue.    
– Bon, je crois qu’on va s’arrêter là pour aujourd’hui, il commence à se faire tard.
Gabriel regarda l’horloge au-dessus de la porte et constata qu’il était encore seulement 15 heures.    
– Il ne se fait pas si tard que ça, dit-il, un brin perplexe. J’avais encore plein de questions à vous poser.
– Nous aurons le temps de parler plus tard, répondit-elle en se levant. Il faut que je rentre, je dois aller m’occuper de Jordan n’oublie pas. Je comptais te dire une dernière chose…
– Quoi donc ? demanda Gabriel, curieux.
– Durant les années à venir, je compte t’apprendre à lutter contre ceux de l’autre côté du Voile. Je compte sur toi pour m’aider à protéger mes petits-enfants.
Gabriel la regarda, étonné.    
– Vous comptez me donner des pouvoirs magiques ? demanda-t-il, l’air presque enthousiaste.
Agatha sourit avec amusement.    
– Ne sois pas ridicule, répondit-elle en se levant de sa chaise. Je vais t’apprendre à te défendre contre la magie et à la combattre. Nous en reparlerons plus tard.
– Tu sors demain de l’hôpital, c’est ça ? lui demanda-t-elle en s’approchant de la porte.
– Oui, répondit-il en s’étirant.
– Très bien, c’est une bonne nouvelle, dit-elle en avançant vers la porte. Je m’occuperai de guérir complètement tes blessures une fois que tu seras dehors.
Gabriel la regarda, stupéfait.    
– Parce que vous pouvez faire ça ?
Agatha eut un petit rire amusé.        
– Je ne me contente pas de faire voler des lumières.
Elle se dirigea vers la poignée de la porte.    
– Bon, ajouta-t-elle, on se reverra dans deux jours pour la cérémonie d’adieu d’Alex et des membres de ta brigade.
Elle ouvrit la porte et la referma doucement derrière elle, laissant Gabriel seul avec ses pensées. Son esprit devait maintenant assimiler tout ce qu’il venait d’apprendre.
 

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Alyonasys
Posté le 01/02/2025
Encore et toujours captivant et incroyable hâte d'avoir la suite vraiment je suis absorbé par cette univers !

En espérant que la suite Vienne vite toujours aussi bien écrit j'adore
OEL
Posté le 01/02/2025
Merci beaucoup, j'avais un petit doute sur ce chapitre. J'ai eu plus de mal à l'écrire et j'ai dû le modifier à plusieurs reprises.
Alyonasys
Posté le 01/02/2025
Deriens j'adore en tout cas ! C'est une histoire super intéressante et très mystérieuse vrm un grand potentielle 😊
OEL
Posté le 01/02/2025
mercii beaucoup
Vous lisez