Les rayons de l’aube vinrent caresser les rideaux, lançant dans la pièce une douce lueur. La lumière para le visage d’Amaya, l’habillant d’une auréole de chaleur. Ses paupières fermées frémirent, mais ne s’ouvrirent pas, faisant osciller ses cils aux reflets auburn. Angelus, réveillé depuis déjà quelques minutes, se perdit dans la contemplation de sa nouvellement femme.
Il aimait tout chez elle, sa peau rosée, ses lèvres délicates, la courbure tendre de son visage, ses cheveux d’un brun velouté… Il aurait pu la regarder ainsi des heures, la veillant de son amour infini.
Mais ils avaient à faire.
Angelus caressa l’épaule de son épouse.
— C’est l’heure de se lever, souffla-t-il.
Il posa un baiser sur ses lèvres, l’entoura de ses bras. Elle remua, ses paupières papillonnèrent.
— Déjà ? bailla-t-elle.
— Malheureusement, oui.
Elle lui offrit un sourire éclatant.
— Allons, le devoir nous appelle.
Angelus l’observa s’extirper lentement des draps, il avait envie de l’attirer contre lui et d’oublier leur travail, mais il se retint. Il se leva lui-aussi.
La fraîcheur matinale les accueillit en un frisson lorsqu’ils sortirent. L’air marin qui fouettait la cité portait des effluves salés. Ils déambulèrent dans les allées du marché de Pusilla, entre les échoppes poissonnières et les étals divers. Ils achetèrent leur repas de la journée et se dirigèrent vers le temple en flânant. Les personnes qu’ils croisaient sur leur chemin les saluaient respectueusement.
— Alors, les préparatifs avancent ? s’enquit le maréchal ferrant, Abram.
— Oui, nous pensons pouvoir partir avant l’hiver. Avec un peu de chances, nous pourrons passer le col avant qu’il soit enneigé.
— Mais c’est génial, ça !
Angelus sourit. Abram faisait partie de ceux qui souhaitaient les accompagner dans leur périple. Il leur serait d’une grande aide.
Le couple salua le maréchal ferrant et se dirigea vers la grève qu’il longea. Amaya avait le regard rivé sur l’horizon azuré, un léger sourire aux lèvres.
— À quoi tu penses ? demanda Angelus.
— Je me disais que tes yeux avaient la même couleur que ce ciel. Magnifique.
Il rougit. Elle s’arrêta un instant pour l’embrasser, perdant ses doigts dans ses boucles blondes. Tout ce qui se trouvait autour d’eux parut disparaître. Angelus la serra contre lui.
— Toi, tu es plus que magnifique, murmura-t-il quand ils se relâchèrent. Tu es sublime. Ma seule qualité est d’être chanceux.
Le sourire qui étira les lèvres d’Amaya valait mille soleils.
— Tu exagères, franchement.
Ses joues avaient pris une teinte écarlate. Elle remit des mèches en place pour se donner contenance.
— Dépêchons-nous, on va finir par être en retard, dit-elle.
Il hocha la tête et lui prit la main.
La silhouette du temple se dessinait à l’horizon quand ils croisèrent la vieille Agrippa qui fixait la mer. Elle se tourna vers eux avec une grimace, une main sur ses reins douloureux.
— Désolée de ne pas avoir pu être à votre mariage, les jeunes, grinça-t-elle. Mon dos me faisait bien trop souffrir.
— Ce n’est rien, nous comprenons. La douleur s’est-elle atténuée ?
— Un peu. Mais je n’ai pas grand espoir. Je ne pense pas que je passerai l’hiver.
Un voile de tristesse passa sur le visage d’Amaya. Elle se pencha sur la vieille femme.
— Voulez-vous venir au temple pour que l’on s’occupe de vous ? Notre porte vous est toujours ouverte, vous le savez.
Les lèvres d’Agrippa se retroussèrent.
— Non merci, petite. La dernière fois que j’y suis allée, c’était pour voir mon petit-fils se faire tuer. Je n’y retournerai pas.
La vielle femme se détourna d’une démarche rigide et s’éloigna. Angelus vit Amaya baisser les yeux, il posa une main sur son épaule.
— Certains ne comprennent pas la volonté des dieux, ne t’en veux pas. Il est de notre devoir de libérer les âmes prisonnières du Sinistre, quitte à endosser le rôle du meurtrier.
— Je sais.
Mais le sourire ne revint pas sur son visage. Elle se remit en route, la tête tournée vers le sol.
Le temple s’imposa face à eux, petite pyramide pâle surmontée du drapeau de la Trinité.
Ils traversèrent la place au centre de laquelle se dressait l’autel sacrificiel et pénétrèrent dans le bâtiment par l’entrée principale.
Une ouverture dans le plafond du hall laissait pénétrer une douce lumière qui se déversait dans un bassin triangulaire. Un vieil homme recevait des soins de la part d’un sans-visage, une femme enceinte attendait sagement sa bénédiction sur un banc doré.
Les deux jeunes époux pénétrèrent dans les sous-sols de la pyramide par une porte dérobée. Ils rejoignirent les vestiaires où ils enfilèrent leurs longues toges blanches. Ils s’embrassèrent une derrière fois avant de revêtir leurs voiles. Angelus pouvait deviner les iris noisette de sa femme au travers des mailles larges au niveau des yeux, elles brillaient de douceur.
— Allons-y, souffla-t-elle, sa bonne humeur retrouvée.
Ils gravirent les marches de la pyramide pour une journée de plus au service de la Foi.
*
Asha donna un coup sur le tronc de l’arbre. Une encoche apparut, si fine qu’elle en était presque invisible.
Voilà presque une lune que la jeune fille avait quitté le champ de bataille de la Cité des ombres. Elle avait voulu s’installer sur les berges giboyeuses du lac, mais la proximité de Clervie l’avait prudemment repoussée vers les montagnes. Repérant des traces de loups, elle avait remonté une rivière qui alimentait le lac afin de sortir de leur territoire.
Elle avait alors découvert cette petite clairière bordant le ruisseau qui ressemblait tant à son Sanctuaire. Elle avait su que c’était le bon endroit.
Sa main chargée d’une pierre taillée s’abattit de nouveau sur le bois.
Mais là étaient venues les difficultés. Asha n’était pas Teac, elle ne pouvait fabriquer que des outils rudimentaires. Elle n’avait trouvé dans les sacoches de Nuit que deux dagues, un petit couteau et une longue corde. Si ces objets étaient utiles, elle aurait aimé avoir une hache ou des vêtements de rechange. La chaleur de la saison chaude était encore bien présente, elle avait décidé de ne pas abîmer plus sa robe en restant nue.
L’encoche s’agrandissait, bien trop lentement malheureusement.
Elle avait disposé des collets pour attraper de petits animaux, s’était construit une cabane vétuste adossée au tronc d’un chêne. Mais elle savait qu’il faudrait plus que quelques branches pour affronter l’hiver. D’autant qu’elle devait aussi faire des réserves de nourriture. Sans arc, elle ne chassait plus et ne se nourrissait que de plantes, œufs et les rares animaux qu’elle parvenait à capturer dans ses collets.
Alors qu’Asha frappait de nouveau, elle sentit son estomac se soulever. Elle eut à peine le temps de se lever et de faire quelques pas qu’elle rendit ce qu’elle avait avalé la veille. Elle tomba à genoux, tremblante. Un vent frais fouetta sa peau nue, annonciateur de la saison blanche. Mais elle s’ébroua, refusant de céder à la nature. Elle reprit sa place, munie de sa hache primitive, et reprit son travail.
Elle n’eut droit qu’à quelques minutes de repos avant que la nausée ne revienne.
Nuit s’approcha, inquiète, en la voyant courbée sur le sol.
— Ça va, ça va…
Asha frappa le bois, tous ses muscles protestaient contre ce travail forcé, mais elle ignora leurs supplications silencieuses.
Elle avait fait un choix. Désormais, elle n’en avait plus.
*
Un mur de flammes effleura Conan, il recula d’un bond. La chaleur était étouffante, mais il maintint sa garde, attendant le moment opportun pour frapper. La protection de Maxima faiblit, et il aperçut une brèche. Il s’y engouffra, l’épée tendue en avant. La Porteuse le vit arriver et para avant de le repousser avec force. Il s’effondra, son arme vola loin de lui.
— Pas mal, concéda-t-elle. Tu fais des progrès, même si tu es toujours nul à chier.
Elle lui tendit une main qu’il ne saisit pas, préférant se relever tout seul. La jeune femme soupira et se replaça face à son élève. Elle avait adapté sa garde pour palier le handicap de son œil brûlé. La moitié droite de son visage était presque entièrement recouverte de cicatrices, et une partie de son cuir chevelu aussi. Elle n’en était devenue que plus menaçante.
— Tu triches aussi, lança Conan, tu utilises ton pouvoir.
— Parce que tu crois que dans un vrai combat, les démons ne vont pas utiliser leurs sortilèges ? Ou que les soldats de la Trinité vont se battre à la loyale ? Allez, en place, le pleurnichard.
Il grogna.
La lumière de la princesse était revenue dans la Cité des ombres, aussi Maxima portait sur elle des braises dont elle se servait pour activer son pouvoir. S’il réussissait à les éteindre, il gagnerait un avantage considérable.
Sur un signe de son mentor, il s’élança. Les épées de bois claquèrent, le jeune garçon maintint le corps-à-corps pour empêcher son adversaire de le repousser avec ses flammes. Cette technique réussit plutôt bien jusqu’au moment où il tenta de jeter les braises à terre. Maxima surprit son geste et riposta avec une force qu’il ne lui connaissait pas. Il mordit la poussière, une cuisante douleur à la poitrine et au cou vint s’ajouter à sa collection bien fournie de blessures d’entraînement. Il gémit.
— Oh mais quel fragile, çui-là.
— Maxima, as-tu fini de martyriser les nouvelles recrues ? tonna Bénen, mi-amusé, mi-sérieux.
— Négatif, je vais encore lui en mettre quelques-unes.
Le conseiller soupira.
— Ne l’abîme pas trop quand même, il est prometteur.
Conan, le visage toujours tourné vers le sol, ne put retenir un sourire. Il se releva en bombant le torse.
— Regardez-le, lança Maxima. Un compliment et il se croit roi du monde. Viens par ici que je fasse disparaître ce petit air de fierté.
— À vos ordres.
Il reprit son arme.
Malgré ses efforts, il ne parvint pas à toucher Maxima une seule fois. Ce n’était pas pour rien qu’elle était responsable de l’armée des ombres.
Le terrain d’entraînement accueillit un nouvel arrivant alors que Conan était enfin relâché. Il se hérissa en voyant paraître la silhouette de l’Ombre.
Lohan, le second de la Faction Étoilée, bien reconnaissable à sa peau foncée.
Conan sentit ses muscles se tendre. Cet homme qui se pavanait sur le terrain d’entraînement était le meurtrier d’Asha.
Le jeune garçon secoua la tête. Asha était — avait été — un monstre à l’image de ses semblables. Il devrait remercier l’Ombre pour ce qu’il avait fait.
— En es-tu sûr ?
Il sursauta, se retourna. Mais il n’y avait personne derrière lui.
— Tu crois vraiment que je méritais mon sort ?
Il se mit à respirer par à-coups. Maxima était allée parler avec Lohan et ne se rendit pas compte que son élève avait soudain pâli.
— Je t’ai appelé, ce jour-là. Je t’ai appelé à l’aide. Et tu t’es sauvé.
Il se mit à trembler.
— Tais-toi.
— Le monstre, ici. Ce n’est pas moi. C’est toi.
— Tais-toi !
Son cri attira sur lui le regard des soldats les plus proches.
— C’est toi, toi, toi, toi…
— TAIS-TOI !
— … Le monstre…
Il s’effondra, sa tête enserrée dans ses mains. Des larmes acides rongeait ses joues.
— Tu m’as tuée. C’est ta faute.
Il se mit à hurler pour couvrir le son de cette voix. Mais elle résonnait à l’intérieur même de son crâne.
— Et tes parents aussi, c’est ta faute.
— NON !
— Tu les a tués.
Il avait l’impression que sa poitrine se déchirait.
— C’est les Sylviens… réussit-il à articuler. C’est eux qui les ont tués…
La voix d’Asha se fit saccadée. Un rire moqueur et sinistre s’éleva pour lui transpercer le cœur. Il hurla.
— Conan ?
Il vit Asha face à lui, il lui bondit dessus, enserra son cou.
— TAIS-TOI !
Il reçut un puissant coup qui l’envoya valser. La voix se tut, le décor se dilua. Il hoqueta, sentant vaguement qu’il était tombé. Lorsqu’il releva les yeux, la vision floue, il reconnut Maxima au-dessus de lui.
— Nan mais ça va pas ?!
Il reprit lentement ses esprits.
— Je… pardon…
Elle ne répondit pas et lui tendit une main qu’il attrapa en tremblant.
— Va te reposer, lâcha-t-elle.
Il hocha la tête et quitta le terrain d’entraînement en titubant, sentant sur lui les regards de ses nouveaux camarades et celui, encore plus lourd, de l’Ombre qui semblait vouloir le disséquer.
*
— C’est lui, ton fameux élève ? fit Lohan en fixant le jeune garçon qui s’éloignait d’une démarche hésitante.
— Oui. Bon, il ne s’est pas vraiment montré sous son meilleur jour.
— Il a l’air instable.
— Tout le monde ici l’est plus ou moins. À commencer par toi.
L’Ombre ramena ses yeux noirs sur ceux, ambrés, de Maxima.
— Faites attention, second, je pourrais m’énerver.
Un sourire étira les lèvres de sa subordonnée.
— Ne prenez pas ombrage si vite, capitaine. Énervez-vous plutôt à l’épée.
Elle lui tendit un sabre d’entraînement qu’il saisit. Il n’attendit pas que Maxima soit en garde pour la frapper à l’estoc. Elle évita le coup au dernier moment et contre-attaqua à l’aide d’une pluie de flammes.
Un mur d’ombres jaillit du sol pour contrer le feu rugissant. Les deux Porteurs en profitèrent pour se remettre en place. À peine les ombres et les flammes s’étaient-elles évanouies qu’ils fondirent l’un sur l’autre. Ils échangèrent coups et parades sous les yeux médusés des soldats qui avaient arrêté leur entraînement pour les observer.
— Ça suffit ! gronda soudain Bénen.
Les deux jouteurs stoppèrent net.
— Vous déconcentrez mes recrues, allez jouer ailleurs.
Lohan le défia du regard, tendu. Il finit néanmoins par hocher la tête.
— De toute façon, je n’ai guère plus de temps. Désolé, second, mais nous devons nous arrêter là.
— À la prochaine fois, alors, capitaine.
Elle tourna son œil borgne vers les spectateurs.
— Z’avez fini de glander, bande de fainéants ?! Remettez-vous en place, et que ça saute !
La foule de curieux s’ébroua. Lohan ne put empêcher l’ébauche d’un sourire de naître sur ses lèvres. S’il y avait bien une personne en qui il avait confiance à la Faction Étoilée, c’était Maxima.
Il quitta le terrain d’entraînement et se rendit directement à la Tour. Adhara l’avait convoqué la veille entre deux réunions et ne tolérerait aucun retard.
Il pénétra dans l’atmosphère doucereuse de la chambre avec un frisson.
— Enfin, fit la voix de la princesse. J’ai failli attendre.
— Je suis pile à l’heure.
— Mouais. Tais-toi et viens par ici.
Adhara avait revêtu une robe de soie blanche transparente. Elle le fixait de ses yeux brûlants, nonchalamment allongée sur la couche.
Lohan s’assit à ses côtés, elle leva aussitôt ses mains délicates pour défaire sa ceinture. Il retira sa cape et sa chemise. Il sentit ses bras l’enlacer et ses lèvres l’embrasser. Sa main s’abaissa jusqu’à une cuisse qu’il attrapa, commençant de l’autre à retirer la robe.
Alors qu’ils roulaient sur le lit, Adhara cessa soudain ses baisers. Elle le fixait, les sourcils froncés.
— Quoi ?
— Tu n’es pas comme d’habitude.
Il soupira.
— Bien sûr que si, enfin.
— Non, tu es mou. Depuis que tu es revenu, tu as changé.
— Tu dis n’importe quoi.
— Mets-y du tien, je veux de la passion, moi. Sinon j’irai me chercher un autre amant.
Lohan se tendit, planta ses iris sombres dans ceux d’Adhara. Il resta un long moment silencieux. Les yeux dorés de la princesse le défiaient, hautains. Il se crispa encore, il avait une soudaine envie de faire disparaître ce regard-là. Un rictus déforma son visage.
— Pas la peine de chercher à me mettre en colère. Je vais y mettre du mien.
Adhara eut à peine le temps de sourire, ses lèvres furent attrapées. Tout son corps fut dévoré de baisers, à son plus grand plaisir.
*
Toute la tribu s’était rassemblée dans un silence lourd autour des cavaliers. Keira fixait l’encolure de sa monture. Elle évitait lâchement de croiser les yeux larmoyants de ceux qui savaient qu’ils ne reverraient jamais leurs proches.
Un enfant fondit soudain en larmes. Ses pleurs brusques déclenchèrent une vague de lamentations qui se propagea dans l’assemblée. Keira serra le crin de Zérif, retenant ses larmes avec peine. Elle avait appris que sa sœur était vivante, elle ne se sentait pas le droit de pleurer.
Moïa, silhouette frêle surmontée d’une chevelure blanche ébouriffée, les accueillit d’un air sombre. Elle invita d’un geste de plomb Aedan à la suivre dans la hutte des Arsalaïs. La jeune fille vit son père disparaître avec une angoisse étrange.
Allait-il parler d’Asha ?
Keira se repassait la scène sans pouvoir y croire. Elle ne savait pas comment sa sœur avait pu réussir une projection, privilège des plus grands Arsalaïs. Mais ce qui était sûr, c’était que cette apparition avait remué tous les Sylviens présents, personne n’avait jamais assisté à pareil spectacle. Le souhait du fantôme quelques jours seulement après la bataille avait laissé aux spectateurs de ce miracle un goût amer dans la bouche.
Keira libéra enfin Zérif après des jours de services ininterrompus. Le jeune étalon eut un hennissement joyeux et galopa jusqu’au troupeau. Sa cavalière le regarda partir avec un sourire fade. Elle aurait aimé avoir son insouciance.
Le repas du soir autour du grand feu ne fut pas festif. Un deuxième hommage fut rendu aux défunts, et si quelques danseurs se dévouèrent, leurs mouvements languissants furent pour Keira un coup de trop. Elle quitta la place centrale et s’enfonça dans la forêt.
Elle ne put retenir un sanglot quand elle passa devant l’arbre à liège qu’elle avait taillé avec Artis. Elle fourra sa main dans sa ceinture et détacha la statuette de danseuse qu’elle y avait accrochée. Elle la considéra d’un regard plein de reproches. Prise d’un élan d’amertume, elle la jeta dans les fourrés. Elle se détourna, tremblante, et voulut continuer son chemin mais s’effondra un peu plus loin.
— Keira ?
La jeune fille sursauta. Oèn vint lui poser une main sur l’épaule.
— Ça… ça va pas ?
Elle s’essuya les yeux.
— Si, si. Ça va passer.
— Je suis là pour toi, tu sais.
Elle le dévisagea, frappée par le regard inquiet et chaleureux qu’il portait sur elle. Les larmes affluèrent. Comment pouvait-elle le laisser la réconforter alors qu’il venait de brûler son père ?
— Là, là.
Il la berça comme une enfant.
— On a passé de meilleures saisons, n’est-ce pas ? lança-t-il d’une voix chevrotante.
Elle eut un hoquet.
— Je suis désolée…
— Pourquoi ?
— Je n’arrête pas de pleurer, alors que toi tu as perdu tellement plus que moi. Je ne mérite pas ça.
— Mais qu’est-ce qui t’arrive, enfin ?
Keira serra les dents. Elle faillit tout lui avouer. Lui parler d’Asha, de sa promesse. Lui dire à quel point cela lui pesait de devoir mentir à tout le monde.
— Écoute…
Il saisit doucement son visage pour remonter ses yeux vers les siens. Elle reçut une vague d’amour qui la fit frissonner.
— Tu es la fille la plus forte que je connaisse. Tu es belle, courageuse, humble. Tu es la meilleure Hekaour de toute la tribu, et tu aurais aussi pu devenir une excellente Arsalaï. Alors ne dis jamais « je ne mérite pas… » parce que tu mérites tout.
— Oèn…
Il l’embrassa.
— Ce n’est pas ta faute, ce qui est arrivé, souffla-t-il. C’était notre choix de nous battre, on doit l’assumer. Je suis fier d’avoir vengé Asha. Et mon père le serait aussi.
Keira sentit sa gorge se serrer. Elle se laissa choir contre le torse de son compagnon. Elle avait envie de lui dire, mais elle se retint. Elle ne voulait pas qu’il apprenne, comme elle, que son père était mort pour rien.
Qu’Asha l’avait abandonnée avec cette douloureuse mission.
Keira se mordit les lèvres. Elle était affreuse.
Oèn l’entoura de sa chaleur, ils s’allongèrent côte à côte dans l’herbe tendre. Lui aussi pleurait malgré tous les efforts qu’il fournissait pour s’en empêcher.
La jeune fille le serra contre elle.
— Merci, souffla-t-elle. Merci d’être là.
— Merci à toi…
Il renifla.
— Tu sais, j’ai eu tellement peur que tu meures pendant cette bataille… Je suis trop soulagé…
— Moi aussi. Moi aussi…
Elle nicha sa tête au creux de son cou, s’immergea dans les battements de son cœur, s’oublia dans son odeur. Il n’existait plus que lui, lui et son amour.
Keira s’endormit sans même s’en rendre compte.
Lorsqu’elle ouvrit, les yeux, elle sentit un vent frais susurrer sur sa peau. Elle leva la tête vers la voûte céleste.
Les étoiles paraissaient bien plus froides que l’air ambiant.
J'ai été étonné de voir que Conan était vivant. Contrairement à d'autres, je n'ai pas trouvé son retour trop artificiel, un peu convenu, mais j'ai hâte de voir ce qu'il va devenir.
Merci pour ce petit commentaire ^^
- murmura-t-il quand ils (se) relâchèrent
- Son cri attira sur (enlève le “sur”) les regards des soldats les plus proches.
- Lorsqu’il releva les yeux, la vision floue. Il reconnut Maxima au-dessus de lui. (C’est normalement une seule phrase)
- Elle se (ne) répondit pas
Remarques
- Mais elle résonna à l’intérieur (elle résonnait ?)
- Il vit Asha face à lui, il lui bondit dessus, enserra son cou. (la répétition + l’autre)
- Il quitta le terrain d’entraînement, une vaste place de terre battue, (…) (Décrire le terrain à la fin je trouve ça un peu bizarre mais bon)
Ohh, des nouveaux persos ! Je me demande quel rôle ils vont avoir ^^
Asha me fait un peu de peine, ça a l'air dur, elle va sans doute pas tenir longtemps... :(
Et Keira et Oèn sont adorables ♥ Et je rejoins Slib, le secret de Keira rend son personnage encore plus intéressant ^^
• "marché de Pusilla, entre les échoppes poissonnières et les étales diverses" → étals divers
• "Viens par par ici que je fasse disparaître ce petite air de fierté" → petit (+ deux 'par' au début ^^)
• "Il se hérissa en voyant paraître le silhouette de l’Ombre" → 'la silhouette', non ? ^^
• "Des larmes brûlante rongeait ses joues" → brûlantes / rongeaient
• "La voix Asha se fit saccadée" → "voix d'Asha", non ? ^^
• "Il reçu un puissant à la tête qui l’envoya valser" → reçut / un puissant quoi ? 😄
• "Elle le fixait de ses yeux brûlant, nonchalamment allongée" → brûlants
• "Je vais y mettre du miens" → mien
• "et si quelque danseurs se dévouèrent, leurs mouvements languissants" → quelques
• "Mais qu’est-ce qui t’arrives, enfin ?" → arrive
• "Qu’Asha l’avait abandonné avec cette douloureuse mission" → si le "l'" désigne Keira, ce serait plus "abandonnée" du coup ^^
• "Oèn l’entoura de sa chaleur, ils s’allongèrent côtes à côtes" → je crois qu'on dit "côte à côte" ^^
T’es chou <3
merci <3
Les nouveaux persos du début apportent le point de vue qui semblait manquer. Avec la cité des ombres, il y avait les porteurs, les villageois (du village humain au tout début) étaient ceux qui subissaient sans rien dire, les Sylviens qui savaient, et maintenant, les exécutants qui pensent agir pour le plus grand bien... les plus dangereux, pour moi. Au nom de la foi, on peut perpétrer des actes terribles, ce qui est déjà le cas. Le pire : ils ont l'air de très bien vivre avec, surtout Angelus, pas perturbé pour un sou d'avoir buté des ens.
Oui, il manquait une pièce au puzzle ^^ Justement, ça me permet de parler de fanatisme religieux.
Merciiiii
D'ailleurs, pas facile pour elle non plus, cette vie d'ermite alors qu'elle est enceinte. Pourvu que le bébé n'en pâtisse pas ! Mais bon, elle vient d'un peuple qui a l'air de plutôt bien se débrouiller dans la nature, du coup je ne m'en fais pas trop pour elle.
Du côté de Lohan et Conan, j'ai aimé leur rencontre impromptue, même si ça a été très fugace. Conan aurait des remords, finalement ? Ahah, du coup je me demande comment le personnage va évoluer...
Et ce nouveau couple que tu nous présentes au début... Ils ont l'air tout choupinou ensemble, et à la fin de la scène on se dit qu'en fait, ils le sont peut-être pas tant que ça ! J'aime beaucoup les personnages en demi-teinte que tu nous présentes !
Je déteste le manichéisme, du coup je suis très contente que tu trouves mes perso en demi-teinte :D Pour Conan, je pense qu'il ne peut pas passer d'un état "les rebelles c'est des méchants du coup je vais montrer à leurs ennemis comment les détruire" à l'exact opposé sans qu'il y ait des séquelles. Et ce fossé entre son ancienne empathie et ses nouvelles idées génocidaires va se creuser, mais je n'en dis pas plus.
C'est exactement ce que je voulais transmettre avec la scène d'intro des deux tourtereaux, je suis contente de voir que j'ai réussi, c'était pas facile débine doser !
Encore merci <3
Asha la pauvre, toute seule dans les bois enceinte et a devoir se construire une cabane et chasser T.T Mais s'il y en a une qui peut y arriver c'est bien elle !
Conan... j'ai bien aimé sa partie ! et finalement j'aime bien son évolution, ce perso est vraiment celui qui a tout fait déraper, et c'est un fardeau impossible a assumer en restant mentalement sain. Maxima est badass, pour le moment je l'aime bien !
Lohan a retrouvé sa routine de vie on dirait. Je pense que son histoire avec Asha a du le changer, mais pour le moment ça a pas l'air de trop l'influencer.
Et pour finir, les Sylviens... trop émouvants comme toujours. Oèn le sanglier a été super, réconfortant et gentil... comme quoi <3 !
Elle est courageuse <3 ou inconsciente ? Je sais pas trop XD
Conan : tu le verbalises bien je trouve, « un fardeau impossible à porter en restant mentalement sain » ! C’est marrant comme ça éclaire la vision que j’ai de mon propre perso sous un nouveau jour
A propos de Maxima, tu n’as pas trouvé ça bête qu’elle se brûle avec ses propres flammes ? C’est super que tu l’apprécies parce qu’à la base ça devait être un personnage tertiaire juste mentionné
Oui je voulais pas faire changer le perso trop brusquement, j’espère que ça ne fait pas trop bizarre
Oui <3
Comme toujours merci pour ta lecture et ton com Sorryfounette ! J’espère qu’on pourra se recroiser bientôt sur le forum^^
Nan ça fait pas bizarre l'absence de changement chez Lohan, je trouve ça assez réaliste, et triste.
C’est pas une absence totale de changement c’est plutôt un changement lent ^^