Chapitre 20 : Serment et conséquences

Par Notsil

Lucas regarda l’aquilaire s’envoler, se protégea de la poussière soufflée par les puissants battements d’ailes des aigles géants. La station était toute proche de Larimar ; bientôt ils rejoindraient le Messager Arcal.

L’Émissaire Matthias les conduisit à travers la petite ville. Il restait attentif, nota Lucas. Il savait qu’il aurait dû faire de même ; mais la fatigue pesait sur lui comme une chape de plomb et la douleur qui irradiait de son bras était insupportable malgré son attelle de fortune.

Le Messager Arcal les attendait à l’entrée d’une auberge, «  L’Orchidée ».  Son air soucieux disparut une dois qu’il les eut comptés. Ils montèrent dans une salle à manger privée ; Arcal les confia à Lias, un Émissaire du Cinquième Cercle dépêché à sa demande, puis conduisit Lucas à l’arrière.

Un Guérisseur de Soctoris les y attendait, l’air revêche. Une perle noire et une perle blanche étaient nouées dans la mèche rouge qui symbolisait son statut : un Initié, comprit Lucas, capable de percevoir les lignes énergétiques qui parcouraient les corps. Il ne décrocha pas un mot, se contenta de lui indiquer de s’allonger sur le lit tout proche, puis posa ses mains sur lui, l’une sur le front, l’autre sur le bras cassé. Il avait les mains froides, songea Lucas, et le toucher léger : nulle douleur n’était remontée de son bras. L’homme ferma les yeux ; Lucas sentit son bras le picoter, puis le brûler, avant qu’un fourmillement le saisisse, comme si de minuscules insectes grouillaient soudain sous sa peau.

Puis la sensation cessa aussi soudainement qu’elle était apparue, et le Guérisseur recula.

—C’est fait.

La voix était à son image, sèche et râpeuse.

Lucas s’assit aussitôt, plia ses doigts, puis son bras, ravi. Rien à dire, les Soctorisiens étaient maitres dans leur art.

—Rallonge-toi, conseilla Arcal.

Lucas commença à protester qu’il se sentait parfaitement bien quand un vertige le saisit ; il perdit conscience dans la foulée.

Le Guérisseur ricana.

—Tous les mêmes, à penser qu’une guérison aussi intense ne coûte rien ! L’énergie dépensée va le faire dormir jusqu’au matin, au moins.

Arcal acquiesça tout en comptant les pièces qu’il déposa dans la main tendue du Soctorisien.

—Il est jeune, encore. Il apprendra que tout a un prix.

Si les Soctorisiens étaient les meilleurs soigneurs de la Fédération des Douze Royaumes, leurs services étaient bien plus rares ; et ils méprisaient les Massiliens, ces ailés qui passaient leur temps à se battre quand eux-mêmes cultivaient la paix.

Néanmoins, Arcal avait ses contacts. Mendeis était un joueur invétéré, et surtout, malchanceux. Si la plupart des Guérisseurs œuvraient dans des dispensaires et percevaient un salaire de la part de la Fédération des Douze Royaumes, Mendeis avaient besoin de bien plus d’argent.

Les citoyens de chaque planète étaient soignés gratuitement dans les dispensaires subventionnés par la Fédération, même s’il était de coutume d’offrir un présent au Guérisseur. Pour les actes moins urgents, moins vitaux, les Guérisseurs pouvaient monnayer leurs services très chers. Surtout les Guérisseurs Initiés aussi doués que Mendeis.

Et quelle planète sinon Massilia offrait des blessés en permanence ? Mendeis ne les appréciait pas, mais reconnaissait qu’ils étaient une source de fonds essentiels à sa bourse. Une cité moyenne de la taille de Larimar, c’était plusieurs duels quotidiens. Une aubaine pour Mendeis.

Le Messager Arcal avait préféré jouer la carte de la prudence. Se séparer de Lucas maintenant impliquait de prévenir la Seycam pour un remplacement ; pour le moment c’était hors de question.

*****

Lucas s’éveilla la tête bourdonnante, les souvenirs flous.

—Bien dormi ?

—Syrcail ! s’exclama le jeune Envoyé en se redressant.

Pris de vertige, il ferma les yeux un instant. Syrcail gloussa.

—Eh bien, tu as dormi comme une marmotte toute une journée, toute la matinée, et en plus tu traines au lit ?

Lucas grimaça, puis sourit. Syrcail avait toujours les mots justes. Il avisa le bandage serré autour du torse de son ami.  

—Ils n’ont pas guéri ton aile ?

—Non, je dois apprendre la patience et la frustration. Un mois sans voler, tu imagines ? grommela son ami en croisant les bras. Je vais être confié à un autre Messager durant ma convalescence.

—Ta présence va me manquer. Eraïm ! Je t’envie presque.

Syrcail sourit.

—Allez, viens. Ils t’attendent.

L’Envoyé le conduisit dans une petite salle où brûlait un bon feu. Mais Lucas n’avait d’yeux que pour la panière de brioches et la corbeille de fruits au centre de la robuste table. Son estomac gronda de façon peu appropriée.

—Te voilà donc de retour parmi nous, commenta Arcal. Installe-toi et restaure-toi, nous devons parler.

Lucas s’exécuta, réalisant entre deux bouchées que son mentor aurait dû être plus enjoué, avisant l’air sombre de Lisko et l’abattement de sa fille.

—Qu’ai-je manqué, Messager ?

—Une banale promenade, une bousculade et un duel à la clé, soupira Arcal.

Le sang de Lucas se glaça.

—Qui ?

—La jeune fille, bien évidemment. Zénéfiel est totalement dans son droit, malheureusement pour nous.

—Ce n’est qu’une enfant, intervint Lisko.

—Porter une dague signifie savoir s’en servir, ici, rappela le Messager.

—Je suis son père, je devrais avoir le droit de prendre sa place !

Arcal fit un geste de dénégation et Lucas supposa que ce n’était pas la première fois qu’ils tenaient cette conversation.

Pourtant, il ne pouvait que se ranger à l’avis de son Messager. Les règles de l’honneur étaient strictes. Seul le défié était en mesure de répondre à une telle provocation. Les poings de Lisko étaient serrés sous sa frustration.

—Elle ne risque pas grand-chose, l’apaisa Arcal. Pour une simple bousculade, ce ne peut être qu’ene’sar.

—Le premier sang peut être fatal, releva Lisko. Dans tous les cas, le sien ne doit pas couler. Vous comprenez ?

Arcal n’était pas au courant, réalisa Lucas. Son père lui avait certes donné des consignes précises, mais jamais il ne serait rentré dans les détails susceptibles de trahir Lisko et sa fille. Le sang violet qui coulait dans ses veines serait immanquablement remarqué et attirerait les soldats impériaux comme le miel attire les mouches.

Et tandis qu’il mâchonnait distraitement son morceau de pain, une pensée se fraya petit à petit dans son esprit.

« Son honneur avant le mien. »

Il n’avait pas vraiment réfléchi avant de prêter serment, pris sur une impulsion soudaine ; mais ses paroles l’engageaient désormais. Son père allait lui faire regretter chacune d’entre elles, c’était une certitude. Enfin, s’il était un jour au courant. Eraïm l’en préserve, Lucas ferait tout pour que ça ne soit pas le cas.

Il rassembla son courage.

—Il pourrait y avoir une alternative, Messager, commença-t-il d’une petite voix – et récupérant par là-même toute l’attention des personnes présentes.

Le regard clair de son mentor se braqua sur lui.

—Précise ta pensée, Envoyé.

—J’ai… prêté serment de la protéger.

—Le serment de protection de ta famille ne peut intervenir dans ce cas.

Lucas déglutit, ferma les yeux un bref instant, se fit hésitant.

—Ce n’est pas… son honneur avant le mien ?

Arcal ouvrit de grands yeux.

—Eraïm ! Ne me dis pas que tu as prêté le serment du Sa’nath ? As-tu seulement conscience de ton acte ? Aucun Massilien ne s’est ainsi engagé depuis… des générations !

Lucas se ratatina sous le ton sévère.

—Je sais, dit-il, la gorge sèche. Mais… ça peut marcher ?

Arcal soupira, considéra longuement son apprenti. Inquiet, Lucas se dit que si son Messager réagissait ainsi, son père risquait d’être vraiment furieux. Peut-être devrait-il faire en sorte qu’il ne soit jamais au courant.

—Oui. L’une des rares exceptions, si ce n’est la seule.

Le soulagement remplaça sa crainte un bref instant, avant que Lucas ne réalise ce que les paroles de son mentor impliquaient. Il allait devoir combattre dans un cercle de duel. Contre un parfait inconnu. Son angoisse remonta en flèche.

—Je ne suis pas sûr de comprendre, intervint Lisko avec hésitation.

—Lucas combattra à sa place, dit Arcal.

Le marchand écarquilla les yeux.

—Je croyais que c’était impossible ?

—Le serment qu’il a prêté l’y contraint.

—N’y voyez nulle offense mais… n’est-il pas trop jeune pour un tel engagement ?

—Il est membre des Mecers. Pour nous, c’est suffisant.

Lucas était touché de la preuve de confiance d’Arcal. Il se demandait pourtant si la seule présence de Lisko n’était pas la raison de cette justification. Et Lucas se remémora de nouveau cette scène, dans la grotte. Avait-il fait le bon choix ? Sur le moment, cela lui avait paru être la meilleure solution. Maintenant… il réalisait que ses mots l’avaient engagé et qu’il devrait vivre avec ces conséquences.

*****

Son repas englouti, Arcal ne perdit pas de temps et descendit dans la petite cour pour échauffer son élève, avant de l’engager dans la série d’exercices typiques de l’enseignement des Mecers. Lucas se perdit dans la succession des mouvements fluides, bien content de laisser son corps prendre le relais de son esprit.

Quand le Messager Arcal le considéra prêt, la matinée était terminée.

Le duel était fixé dans l’après-midi.

L’angoisse lui nouait le ventre.

Durant le repas qu’ils partagèrent ensemble dans le salon privatisé à leur intention, Lucas resta mutique, se contenta de picorer son assiette. Il n’avait pas faim. Il voulait que le temps accélère et en finir ; il voulait que le temps ralentisse et ne jamais confronter son adversaire.

La main qui se posa sur son poignet le fit bondir.

—Merci, dit doucement Satia. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis soulagée.

—C’est mon devoir, répliqua-t-il d’une voix étranglée. Je te l’ai dit, ce serment m’engage envers toi plus que tu ne l’imagines.

Elle n’ajouta rien, et Lucas apprécia son silence.

Ce duel l’effrayait plus qu’il ne le croyait. Les passes d’armes contre ses frères et sœurs ne comptaient pas et ce serait la première fois qu’il se battrait « officiellement » dans un cercle de duel.

Il en rêvait depuis des années…

Sauf que depuis qu’il était Envoyé, depuis que Syrcail lui avait donné l’idée des plumes colorées dans ses ailes… Lucas n’avait que peu gagné. En mission, il se reposait sur son Messager. Sa confiance en lui était au plus bas ; le désastre de la mission avec Mélior encore fraiche dans son esprit, tout comme sa confrontation récente avec un Maagoï.

Ce n’était qu’un duel ene’sar qui prenait fin dès le premier sang versé.

En théorie, il ne risquait rien d’autre que le goût amer de la défaite. En pratique, il savait qu’un premier sang pouvait être mortel. Il ne connaissait rien de son adversaire, mais pour provoquer un terrestre en duel, il fallait être arrogant. Beaucoup de Massiliens se montraient plus tolérants envers ceux qui ne maitrisaient pas leurs coutumes.

—Il est l’heure, annonça Arcal.

Lucas acquiesça, incapable de parler, suivit son mentor vers la zone de duels. Presque toutes les villes massiliennes étaient pourvues d’une place où les cercles de duels étaient tracés, avec des arbitres, reconnaissables à l’écharpe verte en travers de leur taille, qui s’assuraient du respect des règles. L’honneur trouvait parfois ses limites, même chez les Massiliens.

Lisko et Satia les accompagnaient, bien sûr. Le commerçant avait commencé par protester, mais le Messager Arcal s’était montré inflexible. La présence de la jeune fille était indispensable.

Lucas laissa les explications à son Messager et resta camouflé dans l’ombre de ses ailes pour mieux détailler son adversaire. L’homme était bien plus grand que lui, ses bras croisés et ses lèvres pincées exprimaient le mécontentement. Il n’était pas imposant, ce qui contraria Lucas. S’il était rapide et léger comme il semblait l’être, il perdrait son meilleur atout. Sur sa hanche gauche pendait une épée à lame d’acier ; l’individu n’aurait pas le niveau d’un Mecer confirmé à la lame en Ilik.

Le Massilien partit dans un grand éclat de rire ; Lucas s’obligea à ne pas se ratatiner quand l’ailé le détailla avec un sourire.

—Alors c’est toi, l’avorton qui prête un grand serment ? se moqua-t-il.

—L’honneur conduit mes paroles et mes actes, répliqua Lucas avec un salut minimaliste.

S’en passer serait outrancier, vu son jeune âge, mais Lucas était bien décidé à ne pas se laisser impressionner.

Extérieurement, tout du moins.

Intérieurement, son cœur battait la chamade. Aurait-il dû se montrer plus servile, plus conciliant ? Mais à travers Satia, c’était son honneur à lui aussi qui était en jeu. Son père l’avait chargé de protéger la jeune fille et il refusait de le décevoir.

—Et tu es ?

—Envoyé Lucas, au service du Messager Arcal.

Lucas n’avait que trop conscience de la précarité de sa situation. Révéler son identité complète trahirait l’intérêt de la Seycam pour une simple terrestre ; c’était inconcevable. S’en abstenir, c’était tendre une perche à son adversaire.

Eraïm, cette mission se révélait être bien moins simple qu’il ne l’aurait cru !

—Un passé difficile à oublier ?

Lucas resta silencieux pour ne pas le détromper. Il avait remarqué que son père utilisait souvent cette technique. Chaque fois, lui ou ses frères se retrouvaient à se demander ce que leur père savait réellement.

—Tu ne parles pas beaucoup, mais j’imagine que l’angoisse te noue la gorge, hein ? À peine sorti de l’enfance… ils recrutent tôt, chez les Mecers.

Lucas s’assombrit, se mura dans le silence. Leur duel avait déjà débuté, quelque part, il le savait. Et il ne laisserait pas son adversaire prendre l’avantage si facilement.

L’individu pinça les lèvres face à son indifférence, puis soupira.

—Très bien, réglons ça au plus vite, dans ce cas. Je suis Zénéfiel Kertéros, si jamais. Souviens-toi de mon nom.

—Si vous êtes prêts, vous pouvez commencer, intervint l’arbitre.

L’épée en main, Lucas prit position dans le cercle, concentré. Son adversaire le rejoignit nonchalamment. Le cercle mesurait dix pas de diamètre et il était interdit de le quitter sous peine d’être jugé perdant sur le champ.

Après le salut rituel, les deux Massiliens firent tinter leurs armes. Zénéfiel attaqua aussitôt ; Lucas esquiva avec souplesse en se remémorant les leçons d’Arcal. Après quelques passes, le nœud niché dans ses entrailles se dissout. C’était presque comme un entrainement, et à côté d’Arcal, les mouvements de Zénéfiel lui parurent lents, presque prévisibles. Les premières passes le rassurèrent sur ses compétences ; attentif, Lucas prit le temps de lire le jeu de son adversaire, puis s’aventura à porter une attaque. Un geste simple, efficace, fruit de l’entrainement des Mecers.

Surpris, Zénéfiel porta la main à sa joue, y trouva l’humidité de son propre sang. Avec une courbette, il reconnut sa défaite.

—Ton épée est plus aiguisée que ta langue, jeune Envoyé. Mes excuses à ta protégée.

—C’était un honneur, répondit formellement Lucas en s’inclinant à la façon des Mecers, poing sur le cœur.

Une inclinaison qu’il marqua davantage que la précédente – il avait remporté cette joute, il pouvait se le permettre.

Zénéfiel dédommagea l’arbitre avec quelques pièces – il était de coutume que le perdant règle les frais lors d’un duel – avant de s’envoler.

—Tu as bien combattu, nota Arcal. S’il avait été plus doué, il aurait néanmoins profité du défaut de ta garde lors de ton dernier mouvement. Pense à relever davantage ton poignet, la prochaine fois.

—J’y songerai, Messager, répondit Lucas avec sérieux.

Lisko le remercia avec chaleur ; Lucas ne pensait qu’à la réussite de la sauvegarde de leur secret. La jeune fille était silencieuse, pourtant quand il osa croiser son étrange regard violet il y lut un soulagement certain et une forme de gratitude.

C’était déstabilisant, songea Lucas. Il savait que le serment liait désormais leurs existences, mais jamais il n’aurait cru attacher de l’importance au ressenti de la jeune fille. Savoir qu’elle appréciait sa victoire à sa juste valeur était étrangement réconfortant.

—Rentrons, annonça Arcal, brisant les pensées du jeune homme. Avec ce contretemps, nous devons décider d’un nouvel itinéraire et j’aimerai votre avis.

*****

Il leur fallut finalement une semaine pour rejoindre la Cité d’Émeraude, troisième plus grande ville du continent, plaque tournante du commerce sur Massilia, où Lisko espérait bien faire affaire. Une semaine de nuits à la belle étoile, sous la fraicheur des premiers frimas d’automne. Lucas se demandait s’ils devraient continuer à voyager ainsi en hiver ; cela lui paraissait impensable.

Satia s’était montrée discrète depuis l’incident. Lucas surprenait parfois son regard posé sur lui, quand il effectuait ses exercices auprès d’Arcal ou qu’elle pensait qu’il était occupé. De temps à autre, elle s’asseyait près de lui, silencieuse, observatrice, à distance respectueuse.

Lucas se prenait à apprécier sa présence. Percevait-elle que son père la couvait, l’étouffait dans sa peur de la perdre ? Satia n’avait pas le droit de s’éloigner du campement. Peut-être était-il juste un prétexte pour éviter son père.

Il n’y avait pas d’autre Envoyé, cette fois, et Syrcail lui manquait, alors Lucas était heureux malgré lui de cette présence bienvenue. Lors de leurs rares discussions, Satia veillait à ne pas aborder le sujet du serment, à son soulagement. Le Messager Arcal n’y avait pas refait référence et Lucas se prenait parfois à espérer que cette histoire soit oubliée et que son père n’en entende jamais parler. Alors il préférait l’écouter parler. Quand un sujet lui tenait à cœur, la jeune fille s’emballait, haussant la voix sans y penser, agrémentant ses paroles de grands gestes. Lucas se contentait de brefs commentaires polis dont elle avait appris à se satisfaire. Elle parlait pour deux, quand l’ambiance n’était pas propice au silence.

Les trois Émissaires, Lias, Evin et Vretis, se regroupaient souvent le soir pour discuter, échanger des plaisanteries en riant. Lucas avait identifié les Compagnons de deux d’entre eux, une mouette rieuse et un loup ; le dernier lui restait invisible malgré ses observations. Le Messager Arcal lui avait demandé d’ouvrir les yeux mais Lucas commençait à trouver la tâche ardue après plusieurs jours d’échec.

Quand Lias lui apprit leur départ, Lucas masqua sa frustration. Il n’aimait pas rester sur un échec, alors il rassembla son courage et lui posa directement la question. Ce fut au sourire de l’Émissaire qu’il sut qu’il aurait dû avoir cette démarche bien plus tôt. Un colibri, délicat, minuscule, que Lucas aurait confondu avec une fleur. Il songea qu’il serait impoli de partager ses pensées avec l’Émissaire : en quoi un si petit oiseau, si fragile, lui avait apporté un quelconque bénéfice ? Alors il se contenta de le remercier avant de rejoindre Arcal, en pleine discussion avec Lisko.

Lucas resta à distance respectueuse ; écouter la conversation sans y avoir été invité était inconvenant. Il n’eut pas à patienter longtemps pour que le Messager revienne vers lui.

—Nous allons rester quelques temps en ville. L’hiver approche, et il ne serait pas prudent de s’aventurer sur les routes glacées. Sans compter que ce serait étrange, or nous cherchons justement à ce que leur présence ne soit pas remarquée. Tu vas aller réserver des chambres avec l’Émissaire Evin. Je dois rencontrer ton père en fin d’après-midi, il nous donnera certainement de nouvelles consignes. En attendant, veille à ce que la jeune fille ne soit pas mêlée à un nouvel incident malgré elle. La Cité d’Émeraude n’est pas une petite ville comme Larimar, et le moindre incident pourrait être relayé à des rumeurs dont nous n’avons nul besoin.

—Dois-je partir immédiatement ?

—Oui. Evin t’attend, indiqua Arcal. Soyez de retour avant que je ne doive m’absenter.

—Entendu, Messager, répondit Lucas en saluant.

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Lohiel
Posté le 27/10/2021
Coucou la belle...

Alors, l'enjeu est intéressant, Lucas a l'occasion de montrer "la différence" qui en fait le héros de l'histoire, et il le fait bien... mais tu devrais expliquer plus en détail ce qui s'est passé, parce que là, on apprend "que c'est assez grave pour entraîner un duel" mais on ne sait pas quoi, à part qu'il s'agit "d'une bousculade" (et il faut une sacrée bousculade pour en arriver là, en toute logique).

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Remarques :

▪️ Coquille, en passant :
- une dois* qu’il les eut comptés

▪️ "Lucas commença à protester qu’il se sentait parfaitement bien quand un vertige le saisit ; il perdit conscience dans la foulée.
Le Guérisseur ricana ..."
On démarre sur le point de vue de Lucas, s'il perd conscience il ne peut pas le savoir... à la place, il peut devenir nauséeux, se sentir la tête horriblement lourde, tomber *à moitié* dans les pommes, etc. Mais se réveiller de la même manière dans la section suivante, ça ne gêne pas : le lecteur comprendra *qu'après ça*, il a dormi.

▪️ ..."comprit Lucas, capable de percevoir les lignes énergétiques qui parcouraient les corps".
C'est pas le bon endroit pour l'insérer (la découverte / explication d'un pouvoir juste au moment où on en a besoin, ça fait toujours téléphoné), ou bien ça n'est simplement pas utile (il y a déjà les symboles de son statut).

Dans le paragraphe qui commence par "Quand Lias lui apprit leur départ, Lucas masqua sa frustration... " les "alors" tombent un peu comme des cheveux sur la soupe. Ton style est d'ailleurs plus délié, en général.

Bisous !
Notsil
Posté le 28/10/2021
Coucou !

Oui pour le point de vue au départ j'ai hésité... Faudra que je modifie, du coup, un petit black-out et zou. Ça m'évitera de justifier les pouvoirs du gars 😇
Mais si on n'en parle pas au moment, on en parle quand ? ^^ Enfin, je n'ai peut-être pas besoin de trop m'étaler sur le sujet en fait, il est Guérisseur et il guérit, vrai que ça suffit.

Pour la bousculade.... oui, je passe mon temps à dire qu'ils se défient pour des futilités et pourtant on ne les voit jamais se provoquer en duel :) Après, comme ils sont peu en ville, et comme ils sont des Mecers leur statut les protège aussi également (ce que je ne fais peut-être pas ressortir) : on évite quand même de défier quelqu'un contre qui on a très peu de chance de gagner ^^ Faudrait peut-être que je distille ça dans les chapitres précédents.

Et oui pour la bousculade c'est un peu plus qu'une simple bousculade et ça serait mieux que je détaille. Bon, ça paraitra quand même démesuré aux yeux du père de Satia (et des lecteurices possiblement ^^) mais ça c'est aussi le but.

Je note pour les "alors" (je pense que le 2ème va simplement sauter, il est clairement inutile ^^), je relirai ça.

Merci tout plein pour tes retours ;)
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