Sora regretta vite son enthousiasme lorsqu’ils pénétrèrent dans la forêt. Ils pataugeaient dans la boue, entourés d’une nuée d’insectes voraces. Ils furent recouverts de boutons en quelques heures. Le Baroudeur passait son temps à se secouer la tête et à chasser le nuage de ses mains. Il craignait que l’un des insecte lui donne une mauvaise fièvre. Beaucoup d’espèces provoquaient par leur piqûre de violentes montées de température. La première fois qu’il s’était aventuré dans le Marêt, il n’avait pas vu la tique de vase qui avait élu domicile sur sa jambe. Il avait failli être terrassé par une fièvre intense. Il n’en gardait pas un très bon souvenir.
Le seul avantage que présentait cette traversée était l’abondance de ressources. Ils n’avaient qu’à tendre le bras pour déguster fruits, champignons, animaux et oiseaux en tout genre. Ces derniers n’étaient pas difficile à attraper, notamment les oisillons très nombreux en cette saison. Mais comme leur capture et leur mise à mort mettait Kotla mal à l’aise, le Baroudeur décida de s’en tenir aux lézards, chenilles et autre vers gras qui grouillaient dans les troncs détrempés.
Lors de leur troisième journée de marche dans cet environnement empli d’humidité et de cris d’animaux, le Baroudeur aperçut enfin la fleur qu’il cherchait depuis qu’ils avaient mis les pieds de ce bourbier.
- Qu’est-ce tu fais ? demanda Kotla en le voyant escalader un arbre.
- C’est de la logarelle, son parfum repousse les insectes, en particulier les moustiques.
- C’est génial ! s’exclama Sora.
Son visage était déformé par d’énormes boutons laissés par une nuée de moustiques-jaïmans, ses mains, elles, semblaient avoir doublé de volume. Elle ne se plaignait pas, mais sa souffrance était palpable. Le Baroudeur cueillit toutes les fleurs qu’il put. Elles arboraient un jaune vif rehaussé par le rouge intense de leur centre. Leur odeur piquante n’était pas très agréable, mais elle valait toujours mieux que leur escorte bourdonnante. Les trois voyageurs frottèrent les pétales contre leur peau. Ils repartirent avec un nuage d’insectes moins fourni et une énergie renouvelée.
Le soir, ils trouvèrent un carré d’herbe presque sèche coincé entre les racines tortueuses d’un arbre tropical à un endroit où la canopée s’ouvrait pour dévoiler le ciel, permettant au Baroudeur de vérifier qu’ils ne s’étaient pas perdus. C’était décidément leur jour de chance. Ils n’avaient presque pas pu dormir les nuits précédentes, à cause de l’humidité, de l’inconfort et du harcèlement constant des insectes. Mais cette fois-ci ils s’assoupirent aussitôt après leur repas, assis contre les racines et le tronc.
Le Baroudeur fut cependant brusquement réveillé par le cri de Sora. Il se redressa d’un bond, son regard se jeta vers la jeune femme. Il pouvait voir ses yeux briller d’effroi dans la nuit. Elle fixait un nuage épais et bruissant qui masquait la lune dans le peu de ciel qu’ils pouvaient apercevoir.
- Qu’est-ce que c’est ? gémit-elle.
- C’est rien, ce sont des papillons. Ils sont gros mais inoffensifs. Ça, c’est leur parade nuptiale. Les mâles meurent juste après l’accouplement.
Sora grimaça. Le bruissement sonore des papillons parvenait à cacher un peu le concert nocturne pourtant excessivement bruyant de la forêt.
Soudain, Kotla se releva en hurlant.
- Quelque chose m’est tombé dessus ! s’écria-t-il en gesticulant.
Le Baroudeur alluma une lampiole qu’il tendit vers son ami. L’expression atterrée du Pokla se révéla sous les ailes frémissantes d’un papillon qui faisait presque la taille de son visage. Sora attrapa l’animal mourant tandis que Kotla poussait un soupir nerveux. La jeune femme caressa les ailes grises et duveteuses de l’animal, l’air attristé. Elle finit par le poser délicatement sur une racine proéminente.
- Bon, incident clos, on se rendort, lâcha le Baroudeur en rabattant son chapeau sur son nez.
Mais il ne put fermer l’œil du reste de la nuit tant les bruissements, hululements, hurlements, sifflements, caquètements, rugissements, grondements et autre mélodies bestiales résonnaient dans un tintamarre insupportable. Il poussa une série grognements. L’aube coloraient le décor de couleurs chatoyantes lorsqu’il plongea enfin dans le sommeil. Il fut vite réveillé par Sora, c’était l’heure de se remettre en route.
***
- Qu’est-ce que c’est que ça ? s’enquit Sora en pointant une liane savamment nouée autour d’un arbre.
- Le signe que nous entrons sur le territoire des Naaviss.
- Ils sont pas agressifs, au moins ?
- Non, je les connais bien, ce sont des amis.
- T’es capable d’avoir des amis, toi ? le taquina Kotla. Avec ton caractère de cochon ?
Le Baroudeur répondit par un grognement dédaigneux.
- C’est vrai, rectifia le Pokla, t’as plutôt un tempérament d’ours à collier.
- Merde.
Sora pouffa.
- Quoi ?
- Rien, rien.
Elle détourna le regard, un sourire franc flottant sur ses lèvres.
Ils reprirent leur avancé difficile dans la boue, tentant de ne pas trébucher entre les racines traitres qui s’amusaient à se tortiller sous l’humus gorgé d’eau.
Alors que le soleil déclinait doucement vers la canopée, ils arrivèrent face à une rivière aux flots bruns.
- Il y a un pont en amont, indiqua le Baroudeur. Après ça, il ne nous manquera que quelques heures pour arriver à leur village.
- Village ? Ils ne sont pas nomades ? questionna Sora.
- Nope, pas besoin. Ils ont tout ce qu’il leur faut à portée de main.
- Un peu comme les Estiens.
Le Baroudeur marqua un temps d’arrêt.
- Ouais, finit-il par lâcher d’une voix amusée. À deux-trois cacahuètes près.
Le pont fut bientôt en vue. En réalité il s’agissait de trois lianes épaisses retenues entre elles par des cordes végétales plus petites. Une en bas, pour les pieds, et deux qui servaient à se retenir.
- T’appelles ça un pont ? blêmit Kotla.
- C’est un pont pour eux. Vous plaignez pas, parfois ils se contentent d’une simple corde tendue entre deux arbres.
- Il n’y a pas un autre chemin ? demanda Sora, inquiète, en fixant les trois lianes qui se balançaient nonchalamment au dessus des eaux.
- Nope, à moins que vous ne vouliez tripler la durée de votre voyage dans la forêt.
- On ne peut pas traverser en nageant ? proposa Kotla qui arborait la même expression peu convaincue.
Le Baroudeur s’esclaffa. Il pointa la rivière boueuse du doigt.
- Si t’as envie de mourir, je t’en prie. Entre les jaïmans, mustifars et titanoaboas, tu as le temps de te faire manger dix fois avant d’atteindre la rive. Et je ne parle même pas des poissons carnivores et de la tripotée de bestioles venimeuses. Doit même y avait quelques algues-serpents, le genre qui s’enroule autour de toi pour t’attirer vers le fond. Sans compter le courant, beaucoup plus fort qu’il n’y parait. Toujours partant ?
Kotla secoua la tête, il jeta un tout nouveau regard au cours d’eau.
- Bien. Donc on traverse par là. Je passe en dernier, je prends tous les sacs si vous voulez. Qui passe le premier ?
Les deux Appâs, plus rompus aux longues chevauchés qu’à l’accrobranche, échangèrent une œillade pâle.
- Je… je veux bien essayer… balbutia Sora.
- Je t’en prie. Évite les gestes brusques, regarde devant toi, pas dessous. Enlève tes chaussures pour coincer la liane entre tes orteils. Ça devrait aller.
La jeune femme s’aventura prudemment sur le chemin de cordes. Celui-ci se mit à tressauter nerveusement. Elle tangua plusieurs fois, avançant moins vite qu’une limace en fin de vie, mais parvint sur l’autre rive.
- Bravo ! lança le Baroudeur tandis qu’un sourire de soulagement naissait sur les lèvres de la Kapla. Allez, à toi, Kou.
Le vieux surnom affectueux donné par Chiara lui avait échappé. Il détourna la tête, troublé. Il put néanmoins apercevoir le sourire ému du Pokla. Ce dernier osa enfin poser le pied sur le pont.
Mais très vite, il s’avéra incapable d’avancer. Les lianes se secouaient sous ses mouvements saccadés. Il commença à paniquer à mi-chemin.
- Barou, viens m’aider ! cria-t-il.
- Je peux pas, à deux on est trop lourds !
- Mais je vais tomber !
- Calme-toi et continue, y a qu’un seul moyen de te sortir de cette situation !
- Je vais tombeeeeer !
La voix suraiguë de Kotla déchira les tympans de son ami quand il glissa sur la liane. Il bascula, heureusement accroché au pont par ses mains. Ses pieds effleurèrent la surface de l’eau, il les replia d’un geste affolé.
- Aide-moi ! hurla-t-il.
- Calme-toi enfin !
- Je vais mourir !
- Mais non ! Reste calme putain !
Le Baroudeur jeta un œil anxieux en direction de la rivière. Même sans parler des prédateurs qui s’y trouvaient, le courant était bien trop fort pour qu’il tente de finir à la nage. Pendu par les bras, il ne pouvait pas se réceptionner tout seul.
- Pute borgne !
- Je vais tomber, Barou !
- Oh toi ta gueule !
Le cri de Sora lui fit tourner la tête vers la berge opposé. Un grand homme blond aux cheveux et à la barbe tressés l’avait attrapée. Elle se débattit, atterrée.
- John ! cria le Baroudeur. Elle est avec moi, pas touche !
Le géant le dévisagea, médusé, avant de se fendre d’un grand éclat de rire.
- Ça alors, c’est bien toi ! l’entendit-il s’exclamer.
- Pas le temps pour les remarques, viens nous aider !
Son vieil ami reporta un regard sérieux en direction de Kotla dont le visage était convulsionné par l’effort.
- Je vais plus tenir !
- Niiss ! appela John. À toi de jouer !
Une jeune fille émergea de derrière un arbre. À peine plus de la douzaine, elle était fine et élancée. Sa peau était aussi sombre que ses cheveux étaient dorés, son visage présentait une forme singulière et sibylline.
La Naaviss sauta sur le pont, aussi agile qu’un singe hurleur. Elle atteignit Kotla en quelques seconde, préférant se déplacer en se suspendant par les bras plutôt qu’en jouant les funambules. L’air concentré, elle défit les nœuds des cordes de soutien. Puis, elle bondit. Elle sembla voler un instant, passant derrière Kotla, avant de se réceptionner avec souplesse. Elle attacha alors la corde végétale, permettant au Pokla de poser ses pieds. Elle lui dit quelques mots en aovien qu’il parut comprendre sans mal. Il poussa sur ses jambes pour se redresser. Elle lui tendit une main aux longs doigts noueux qu’il saisit avec un soulagement palpable. Cela lui permet de retrouver son équilibre. Elle l’accompagna jusqu’à ce qu’il ait rejoint la rive. Le Baroudeur poussa un profond soupir de soulagement.
Chargé comme une mule, il ne put s’empêcher de jeter un œil sous ses pieds alors qu’il s’aventurait sur le pont. Mauvaise idée. Il sentit les lianes se tendre et se détendre, lui offrant une stabilité toute relative. Les mâchoires serrées, il progressa lentement, tentant de ne pas montrer son malaise. Alors qu’il posait enfin pied à terre, il crut apercevoir l’ombre d’un serpent géant dans la rivière. Cette vision fugace lui arracha un discret frisson.
- Je m’attendais pas à te revoir ! Ça doit faire quoi ? Trois ans ?
John l’étreignit brièvement, sa barbe fendue en un large sourire.
- Quatre ans, rectifia le Baroudeur d’un air moins joyeux.
- C’est vrai, ça, le temps passe vite !
Niiss s’approcha pour le saluer, arborant une mine aussi lumineuse que son père. Son corps filiforme rehaussait sa haute taille presque égale à celle du Baroudeur.
- Tu as vachement poussé, remarqua-t-il. Ça te fait quel âge ?
- Treize ans, déclara-t-elle fièrement, bientôt quatorze.
- Eh bah…
- Barou ? lança Kotla apparemment remis de ses émotions. Tu nous présentes ?
- Ah oui, pardon. John, Niiss, voici Kotla et Sora, mes… compagnons de route. Kotla, Sora, voici John et sa fille, Niiss.
- Maintenant on m’appelle plutôt Joss, corrigea le géant.
- Enchanté, fit le Pokla. Je ne saurais vous remercier assez pour votre aide.
- Tu penses ! C’est trois fois rien. Niiss a appris à grimper avant d’apprendre à marcher.
La jeune fille rougit et commença à se dandiner. Alors que Kotla entama gaiement la conversation, le Baroudeur jeta un œil à Sora qui demeurait résolument silencieuse. La jeune femme fixait intensément la Naaviss, les yeux brillants.
- Vous… vous êtes une Sang-Mêlé ? souffla-t-elle.
Niiss se tourna vers elle. Elle se mordit la lèvre, gênée, avant de se tourner vers le Baroudeur.
- Je ne comprends pas, elle a dit quoi ?
Celui-ci se tourna vers Sora pour lui répondre directement.
- Oui, par son père comme tu peux le voir. Il est venu s’installer ici il y a quinze ans.
La Kapla reporta ses prunelles humides sur la jeune fille. Elle essuya quelques larmes au coin de son œil.
- J’ai fait quelque chose de mal ? s’enquit Niiss, anxieuse.
- Non, ne t’inquiète pas, dit Kotla avec douceur. Tu lui rappelles simplement son fils perdu. Lui aussi était un Sang-Mêlé.
Le visage de la jeune fille se fit compatissant. Elle s’approcha de Sora pour lui poser une main sur l’épaule.
- Et c’était qui le père ? demanda Joss.
Kotla grimaça et pointa silencieusement le Baroudeur. Les yeux du géant devinrent parfaitement ronds.
- Ah bah ça… c’est ta femme ?
- Non, grogna l’intéressé.
Sora réussit à sécher ses larmes, elle offrit un sourire plein de gratitude à Niiss.
- Bon, il faut qu’on aille voir Irva’Maass nous, lança le Baroudeur. On a besoin d’aller à Marova.
- Pour quoi faire ?
- Demander à la reine Saktia de rassembler les Aoviens en une armée contre la République.
Joss resta coi quelques secondes. Il cligna plusieurs fois des yeux.
- J’ai du mal à suivre, j’avoue, finit-il par lâcher. Je te vois arriver avec deux personnes, tu me parles d’armée…
- On s’expliquera plus tard. En route.
Niiss se mit à sautiller.
- L’Araignée va être contente de vous voir, la dernière fois elle voulait te dire un truc important, Mouss.
Le Baroudeur fronça le nez.
- Je vais pas la voir de gaieté de cœur.
Son air peu convaincu arracha un petite rire à la jeune fille. Elle attrapa sa main pour le guider vers le village, le pas léger.
La demeure des Naaviss était comme leur forêt : tout en hauteur. Les cabanes s’entassaient les unes sur les autres, adossées au tronc et aux branches des arbres. Le village se déroulait depuis des terrasses sur pilotis surplombant la rivière, avant de monter en escalier vers les vers la canopée. Les différentes maisons étaient reliés par des échelles, des ponts de bois ou de cordes. Le Baroudeur sut à la mine de Kotla quand ils arrivèrent au village qu’il n’avait pas encore oublié sa récente déconvenue.
Joss et Niiss les guidèrent dans ce dédale contorsionné de maisonnettes jusqu’à un escaliers en colimaçon, qui s’enroulait autour d’un large tronc. Kotla et Sora se pressèrent contre l’arbre, effrayé par l’absence de barrière. Ils arrivèrent heureusement vite au sommet, dans une cabane au toit arrondi.
- Irva’Maass est l’équivalent d’un Pâ ici, souffla le Baroudeur à ses compagnons. Il faut toucher votre front en entrant en signe de respect.
Les deux Appâs hochèrent la tête sans dire un mot. Le petite groupe pénétra dans l’atmosphère lourdement humide de la cabane.
La pénombre s’épanouissait langoureusement au milieu d’une pièce ronde presque vide. Au fond, une masse bougea. Lorsque les yeux des visiteurs se furent habitués à l’obscurité moite, ils purent distinguer les contours amples d’Irva’Maass.
Elle reposait sur un filet aux mailles fines qui la maintenait en position assise face aux nouveaux venus. Son ventre proéminent était paré de multiples peintures de toutes les couleurs représentant des scènes ésotériques. Sa poitrine généreusement généreuse était difficilement maintenue par une bande de cuir noir à laquelle était accroché des dizaines d’osselets qui tintaient à chacun de ses mouvements. Sa peau sombre rendait le blanc de ses yeux globuleux plus vif et son large sourire presque édenté bien trop visible.
- Mouss ? Mouss c’est bien toi ? pépia-t-elle d’une voix indolente et grasse.
- Ouais, ouais, maugréa-t-il en détournant le regard.
L’Araignée se pencha en avant pour vieux le disséquer de ses prunelles noirâtres. C’était cela qu’il détestait par-dessous tout chez elle : sa capacité à le décortiquer comme une crevette bien cuite.
- Ça alors, tu es accompagné ? reprit-elle d’un ton mielleux.
- Ouais. Irva, Kotla et Sora, Kotla et Sora, Irva.
La Maass émit un sifflement aigu suivit d’un gloussement huileux.
- Voyons ce n’est pas très poli de m’appeler comme ça.
Ses inflexions inconstantes donnaient l’impression qu’elle était ivre, alors même que les Naaviss ne connaissaient pas l’alcool.
- Que veux-tu de moi ? demanda-t-elle sans plus se préoccuper des formalité.
Il grimaça.
- J’aimerais que vous nous prêtiez une pirogue pour qu’on aille à Marova.
- Pourquoi ?
- Je veux demander à la reine Saktia de m’aider à chasser la Compagnie de Nouvelleterre.
Les prunelles noires d’Irva étincelèrent. Elle pointa un doigt boudiné alourdi de bagues d’os gravé sur le Baroudeur.
- Toi, tu vas m’expliquer tout ce qu’il s’est passé depuis la dernière fois que tu es venu.
L’intéressé soupira. Il s’assit, résigné, imité par ses compagnons. Niiss et Joss s’éclipsèrent avec un discret salut.
***
Ils ressortirent de la Maison de l’Araignée deux heures plus tard. Le Baroudeur avait la gorge terriblement sèche et les yeux bouffis.
Il n’avait pas eu l’intention de parler de Chiara ni de son séjour à la Compagnie, mais cette sorcière l’avait percé à jour et obligé à tout lui révéler. Il s’était mis à sangloter au milieu de son récit. Depuis, une honte cuisante cisaillait sa poitrine, malgré le fait qu’Irva se soit montrée douce et compatissante - chose qui le dégoûtait plus qu’elle ne le rassurait.
Kotla et Sora avaient eux-aussi versé quelques larmes à l’évocation de leurs disparus. Ils descendirent les marches d’un air absent, plongés dans leurs souvenirs doucereux.
Une belle brochette de durs à cuir.
Quand ils parvinrent en bas cependant, les Appâs descellèrent les lèvres.
- Baroudeur, cette femme… souffla Sora. Je n’ai pas vu ses jambes…
- Elle n’en a pas. Elle est née comme ça.
La jeune femme leva vers lui des iris surpris.
- Et… elle n’a pas été tuée… ?
- Pour les Aoviens, les personnes handicapées sont des êtres sacrés. Ils pensent que les Esprits, quand ils accordent leur don, retirent quelque chose en échange. Donc toute personne à qui il manque quelque chose est considérée comme élue par les Esprits.
- Incroyable…
Sora eut un vague sourire.
- J’aime beaucoup les mœurs que je découvre.
- C’est sûr que c’est plus sympa que l’infanticide.
Cette pique ne fit pas rire la jeune femme qui se rembrunit en détournant le regard. Le Baroudeur se gratta la barbe, mal à l’aise. Kotla vint à sa rescousse en entourant les épaules de Sora d’un bras.
- D’ailleurs, pourquoi l’appelle-t-on « l’Araignée » ? lança-t-il pour détourner la conversation.
- Apparemment l’Esprit qui l’a choisie et qui lui a retiré ses jambes, c’est celui de l’Araignée.
Le Pokla fronça légèrement les sourcils.
- Leurs Esprits ne sont pas élémentaires ?
- Non, ils sont ani…
- Eh, vous avez fini à ce que je vois !
Niiss rejoignit le groupe dans un élan joyeux. Elle paraissait plus légère qu’un souffle d’air.
- Mon père vous propose un repas au coin du feu, ça vous dit ?
Un sourire se décida enfin à se frayer un chemin sur le visage du Baroudeur.
- Avec plaisir ! s’exclama-t-il.
J'aime beaucoup tous tes nouveaux persos, autant le BG qui a une amourette avec Kotla que la femme sans jambes, la masseuse (j'ai adoré sa description avec son sein vaillant xD), et là, la petite sang mêlé et le mystérieux pote de Barou (j'étais pareil que Kotla : Barou ? des amis ???? xD)
j'aime beaucoup Sora, je pensais que ce serait une cruche au début... et peut-être qu'elle l'est quand meme un peu... lol, mais vraiment elle me plait et j'adore qu'elle soit du voyage !
petites remarques :
dans le chapitre 19, le BG leur dit qu'il va les raccompagner a la frontière et les persos sont là : "Ah non on a pas le temps ! on traverse !" au final, traverser leur coute quasi un mois entier (2 semaines de taf + 12 jours de traversée), est-ce qu'ils auraient pas mieux fait de contourner ?
dans le chapitre 20 :
"-une tribu d'Aoviens ? s'enquit Kotla.
- Bah oui, de quoi veux tu que ce soit." -> je comprends que le "de quoi" est pour "une tribu de quoi", mais je pense que tu devrais tout simplement mettre : "de qui veut tu que ce soit".
J'ajoute aussi que j'ai beaucoup rigolé dans ces trois chapitres ! c'était vraiment agréable !
Je sépare en partie mais c'est plutôt officieux (dans le sens où je le garde pour moi), après je réfléchis de plus en plus à mettre des parties officielles.
C'est cool qu'il te plaise malgré le fait qu'ils soient survolés^^
Merci pour ces remarques ! Pour le chap 19 c'est surtout la mauvaise fois de Barou qui parle x) mais je peux peut-être éclaircir. Et "de qui" c'est ptêtre mieux !
Merci pour ta lecture et ton com' :3