Chapitre 23 - 28 mars 2025

Notes de l’auteur : J'ai pris un peu de retard sur les publications ici - je vous prie de m'excuser !
La première partie du récit est écrite (40 chapitres) et la seconde sera faite lors du NaNoWriMo (soit 40, soit 60 chapitres, à déterminer). Bref. Bonne chance.

 

"Ji-Hun, au fait. Attrape."

Ke Liang me lance un petit sachet kraft. Nous venons de passer la journée à tourner le clip pour notre single (cadre relativement simple, étant donné qu'il n'annonce ni comebacks, ni albums...) et nous étions en train de nous changer pour repartir à nos hôtels. 

Il me sourit et m'incite avec un mouvement de menton à l'ouvrir. Eh bien...

Dans le petit sachet se trouve une autre boite, dans laquelle repose un petit bracelet de perles blanches, gravées d'idéogrammes en or... ou plutôt, couleur légèrement cuivrée. La même couleur que le bracelet de Flora. Oh ! Il l'a fait exprès ? Je l'installe à ses côtés et regarde l'assemblage des deux. Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Ils vont bien ensemble. 

"P-pour quelle occasion ?

- T'aime bien les cadeaux ; quand je l'ai vu j'me suis dit que ça t'irait bien. C'tout."

Je passe mes doigts sur les perles. Elles sont vraiment très jolies et je pense qu'il s'agit d'un matériau noble : des gemmes semi-précieuses ou quelque chose dans le genre. Je suis heureux.

"Merci beaucoup... ça me fait super plaisir."

Ke Liang me regarde un long, très long instant et détourne le regard en se raclant la gorge : "T'inquiète."

Alors que je reste à ausculter en détail mon petit cadeau, Ke Liang se change à côté de moi. Je détourne brièvement le regard pour le regarder. Ses trapèzes et le haut de son dos sont sculptées finement. Il est musclé mais pas bodybuildé pour autant. Un vrai corps de danseur... tout comme les épaules et les cuisses dessinées de Flora.

Ah... Ce qu'il est beau, bordel.

À mon tour de me racler la gorge et regarder ailleurs. 

Mon portable sonne. Il s'agit d'Ha-Rin qui ne peut pas attendre que nous sortions des vestiaires pour m'annoncer la nouvelle... j'annonce à voix-haute, étant donné que la nouvelle concerne aussi mon compagnon :

"Ke Liang, j'ai passé le casting hier, tu sais. Je suis pris. Et tu es aussi engagé comme figurant pour les mêmes jours de tournages, sauf le dernier. Lui, c'est juste avec moi. Ha-Rin me demande confirmation de tes mensurations pour les costumes."

Son visage s'illumine et il pique mon portable pour lui répondre directement. Chose faite, ses mains glissent dans mes cheveux et il fait exprès de me décoiffer : "Bravo pour ton second rôle ! On va être presque sur le même tournage, c'est cool !"

Je me suis un peu crispé, sentant mes oreilles chauffer, et tente de le repousser en souriant. Il va foutre en vrac mes cheveux, rah ! Son visage s'illumine lorsqu'il se recule. Ses pensées ont déjà bifurquées : "Ah d'ailleurs, t'as écouté ma petite sélection pour les Tik Tok ? Comme on est de bonne humeur et tranquilles, on pourrait en faire un dès maintenant ! J'ai vu que tu faisais un Mukbang demain avec ta sœur ?

- Flora sera aussi là, pour m'aider à cuisiner.

- C'est trop bien ça ! Mais, inaugurons ton Tik Tok en chansons ! Tu as appris les paroles et la mélodie ?

- Oui, comme tu me l'as demandé.

- Top."

Il termine de se changer et je le fais à mon tour. Je me tourne légèrement, qu'il ne me voit pas trop torse-nu. Pourquoi je me sens ainsi prude en sa présence ? Je ramène mes cheveux en arrière, encore et encore.

Quel idiot tu es, Ji-Hun.

~

En chemin pour rejoindre son hôtel, je crois que je me suis endormi dans le van.

Je sens une main caresser mon crâne et une douleur lancinante dans ma nuque penchée... Je me suis endormi sur l'épaule de quelqu'un... Merde, je me suis endormi sur l'épaule de quelqu'un !

Dans un sursaut, je me recule et écarquille des yeux en regardant Ke Liang, serein, la main encore en suspension dans l'air.

"Chill, tu pouvais rester contre mon épaule. J'expérimente le métro comme les gens normaux." Me dit-il en me faisant un clin d'œil.

Mes joues me brûlent et je bégaye des syllabes incompréhensibles.

"J-je suis désolé ! Je me suis endormi !

- Ouais, j'ai remarqué. T'inquiète, j'te dis."

Il plisse des yeux et sourit de toutes ses dents. La situation l'amuse beaucoup, visiblement. Je me frotte le visage et me stoppe en sentant un pouce sur mon visage. Je me tourne vers lui. Il porte le pouce à sa langue, l'humidifie et le frotte contre le haut de la joue. Je le laisse faire, interloqué.

"T'as du maquillage qui est pas parti." observe-t-il. "Bouge pas."

Je ne bouge pas et le remercie. Le regard ancré dans sa pupille tachetée, je me rends compte que je n'aurai certainement pas laissé n'importe qui faire ce qu'il me fait actuellement. Surement Cheol, surement Yu-Jun, surement Ha-Rin ou bien ma mère. Dayoung n'oserait, quant à elle, même pas faire ce simple geste : c'est culturel, je suppose. Et après tout, je compte sur les doigts d'une main les personnes osant se rapprocher ainsi. Accepterais-je quelqu'un d'autre ?

Pourquoi cela me semble-t-il si naturel ? Il a l'air tellement concentré lorsqu'il essaye de faire partir le maquillage. Il se recule, satisfait.

Je devrais me démaquiller à la va-vite plus souvent.

Maintenant que je suis bien réveillé, il recommence à faire ses plans pour les Tik Tok qu'il veut tourner. Je lui souris : "Honnêtement, je veux juste faire des trucs avec toi. Si c'est une vidéo ou cinq, peu m'importe."

Le jeune homme me fixe un long moment, je n'arrive pas à comprendre ce que son regard me dit. Il opine et chantonne un petit air.

Oh, j'ai retenu ça.

Je le joins à la chanson. Nous chantons ensemble et répétons autre chose que notre single pour le reste du trajet. Le studio où nous avons tourné le clip étant à l'autre bout de Séoul, nous avons un peu de temps à passer dans le trafic. Un temps rempli de chansonnettes et de danses des épaules et des mains. Je m'amuse et oublie l'angoisse. Je voudrais que ça dure encore et encore.

Je voudrais que Flora soit là : elle aurait été heureuse, avec nous deux.

~

🌸🌿 Hana (she/her) - 22:05

Dis donc, toujours aucun Tik Tok de sorti, on attend avec Dayoung hein

🌒Dal🌘 - 22:34

Désolé, on a mangé et discuté, on a rien tourné encore.

 

Ke Liang se penche vers mon portable. J'ai failli anticiper son vol mais il est plus rapide que moi et je me retrouve les mains vides. 

"Je vais configurer mieux ton compte. Oh, t'as déjà mis une image de profil !..." s'exclame-t-il, heureux. "Oh, t'as mis ton chien." Conclue-t-il plus mitigé.

Un regard réprobateur me fixe. J'hausse des épaules et dis simplement : "Les photos qui circulent de moi ne sont pas faites pas moi. Je ne vais pas enfreindre les droits d'auteur... tu sais ce que je risque si l'ayant-droit porte plainte ? En Corée, une infraction de dr...

- Dis surtout que tu es gaga de ton chien, ça ira plus vite." Me coupe-t-il.

Il lève des yeux au ciel et pianote sur mon propre téléphone.

"C'est qui Hana ?

- C'est Flora.

- Elle t'a répondu... Oh, héhé... Ben j'vais lui répondre moi-même."

Je soupire. Pause toilette. Lorsque j'en sors, je secoue mes mains de haut en bas pour faire partir les dernières gouttelettes d'eau savonnée. A noter sur la prochaine livraison : du sopalin. Tenshi court à ma rencontre, enthousiaste, curieux de savoir pourquoi je m'agite ainsi. Je lui souris : "Je n'ai rien pour toi mon bébé."

Je me mets bien en face de lui et tends l'index : "Assis."

Il s'exécute.

"C'est bien mon bébé..." Dis-je en le recouvrant de papouilles. Plus dur cette fois : "Au sol. Oui c'est bien ! Roulé. Allez, roulé."

Après avoir redressé les oreilles dans tous les sens, il comprend et roule sur son propre dos, pour revenir en position du Sphinx. Cette fois-ci, il a le droit à une friandise. Décidément, les conseils du maitre chien ont été tellement efficaces ! Heureusement que je peux l'entrainer régulièrement en l'amenant au travail...

Ue caméra dirigée en ma direction. Je redresse le regard et fixe Ke Liang, qui me filme. Avec mon portable.

"On ne va pas mettre ça comme Tik Tok quand même." Lui adressè-je en levant un sourcil.

- Tu déconnes ! Tu mets ton chien en avant, tu assumes. Allez montre-moi les tours que tu sais faire avec."

Bien. Je me prends au jeu et regarde de temps en temps Ke Liang. Je lui explique mes tours. Tenshi donne la patte, Tenshi roule sur le sol, Tenshi est en train d'apprendre à faire le mort après que je fais "pan" avec le doigt. Tenshi qui se met sur ses pates arrières pour finir dans mes bras, recouvert de bisous de ma part.

Je suis peut-être un peu gaga de mon chien.

Dès que je regarde Ke Liang de nouveau, il a les yeux rivés sur mon portable, concentré. Je me rapproche, câlinant toujours mon chiot. Il édite la vidéo directement depuis l'application, m'explique rapidement le système.

"C'est là que tu feras ton live demain avec ta sœur. Rien qu'avec ton annonce sur Twitter, t'as large assez d'abonnés pour en lancer.

- D'accord."

Il continue ses explications, puis, me montre le résultat final.

Tenshi obéit bien et est le plus adorable des chiots en vidéo. Je ne me regarde à peine, fixé sur les tours que j'ai ordonné à l'animal. Oui, je veux bien montrer ça. Si ça rend heureux les gens autant que moi je le suis en jouant avec, pourquoi pas ?

Ke Liang poste la vidéo après avoir vérifié trente-six fois à peu près les hashtags et la description qu'il a écrit. Son regard froid, sérieux, est revenu.

"Influenceur très bientôt, attention." souffle-t-il en soutenant son regard dans le mien. "Allez, on chante mais en filmant des trucs cette fois. Tu posteras pas tout d'un coup, sinon ça sert à rien."

Nous passons la soirée à chanter ensemble. À sa chambre d'hôtel, Ke Liang a un petit synthé qu'il amène partout en voyage (même si la douane n'est pas 'très contente' à chaque fois ; ce sont ses propres mots). Nous chantons des mélodies populaires, essayons de faire des karaokés dans des langues improbables, mais surtout, nous chantons ensemble sur les propres compositions de Ke Liang.

Je suis tellement fier de chanter sur ce qu'il a composé lui-même. Jamais je n'aurai le talent ni le courage d'ainsi montrer mes propres créations. Je ne sais pas créer, de toutes manières. Alors que lui... Lui... Il est si talentueux.

Quel privilège c'est de pouvoir être avec lui, de chanter avec lui. Nos voix se mêlent si bien ensemble, nos goûts se rejoignent.

Son propre regard reste accroché au mien lorsque nous chantons un refrain qu'il a écrit lui-même. Il a écrit une chanson d'amour. Une histoire. Un amour interdit. Ne parlant pas mandarin, je ne comprends pas directement ce que je chante... Il m'a expliqué qu'il a écrit une chanson entre un démon et un humain qui s'éprennent l'un de l'autre. Mais, le démon ne sera jamais accepté par la société humaine alors, il tente de se travestir en humain. Il essaye, par toutes les ruses, en commettant finalement des atrocités, de se vêtir de l'apparat de l'Humanité.

Quel dommage, finalement, il se fasse découvrir. Quel dommage que ni le monde des démons, ni celui des humains, ne saura l'accepter. Et, surtout, quel dommage que son amour ne l'accepte pas après avoir fait de tels choix.

Comment a-t-il pu avoir de telles idées ?

Entre deux chansons, il m'explique qu'il a toujours apprécié écrire des histoires. Bien qu'il fasse parfois des musiques purement instrumentales, il a toujours souhaité qu'elles racontent quelque chose. Même si l'histoire en question, il est le seul à l'avoir en tête.

"Pourquoi le démon n'a-t-il pas essayé de se faire accepter en étant lui-même ? S'il ne fait rien de mal, peut-être les humains l'auraient accepté." proposè-je.

- Car dans la réalité ça se passe pas comme ça. Quand t'es un démon dans un monde qui les hait : on t'accepte pas, point."

Je sens un point d'amertume dans sa voix. Quelque chose a dû lui arriver personnellement pour qu'il fasse ainsi une catharsis dans ses propres écrits.

Maladroitement, je tapote son épaule. Il me fixe un long moment, assez pour que cela me fasse rougir et remettre mes deux mains à ma place. Il soupire, détourne le regard. Et, sans crier gare, il rit.

"Allez, on le fait avec la caméra... On profite, on profite, mais on enregistre rien !"

Une heure, peut-être deux, nous passons à chanter encore et toujours, enregistrer des vidéos, recommencer pour que tout soit parfait. Une fois, Tenshi a marché sur son synthé. Une autre, Ke Liang a éternué. Une dernière fois enfin, je me suis emmêlé les pinceaux dans un des couplets en mandarin. Ke Liang a gardé quelques instants : "Ça plaira aussi." m'a-t-il dit, lorsque Tenshi venait nous embêter.

Je n'ai eu besoin de ne rien faire que, durant cette soirée qui passe à tout vitesse, l'application et son algorithme fasse des miracles. Mes abonnements ont doublé, voire triplés et j'ai des tonnes de questions sous la vidéo de Tenshi. Ke Liang m'incite à leur répondre. Que ça fera plaisir aux fans. Que ça me fera plaisir, aussi, à moi.

"Il y a déjà trop de commentaires !" Me plains-je.

- Prends ceux qui sont très likés. C'est que les gens sont d'accord ou veulent une réponse, celle-là en particulier. Scrolle aussi plus bas, des anonymes. Bref, bonne chance !" 

Je scrolle rapidement et m'arrête sur une question au hasard, plutôt likée : "Qui filme Ji ?" lis-je.

Ke Liang s'illumine et vole de nouveau mon portable des mains. Il m'explique comment répondre en vidéo, tend le bras et se filme directement : "C'est moi !"

Vidéo déjà terminée. Il la regarde de nouveau. J'ai une tête d'ahuri qui ne comprend pas ce qui se passe. J'essaye de récupérer mon téléphone : "Rends-le moi, tu vas pas poster ça !

- Mais si ! C'est amusant !

- Ke Liang, non !"

Il me repousse du pied et me fais reculer. Il a appuyé sur "envoyé". Je blêmis et m'accroche à sa cuisse : "Ke Liang !!"

Le jeune homme rit à gorge déployée, se roulant sur le canapé, m'entrainant dans sa chute jusqu'au sol. Je grommelle mais reste accroché à sa jambe, essayant de me rapprocher de lui et récupérer ce qui est mien. Il tend le bras au-dessus de sa tête, tirant la langue : "Viens le chercher si tu le veux tant que ça !"

Bien-sûr que je le veux ! Je le lâche et le domine. Avant qu'il ne puisse s'échapper, je bloque son autre bras et le coince par-dessus sa tête. Genoux sur son centre de gravité, sans pour autant appuyer trop fort (je ne voudrais pas l'étouffer), je le fixe de près. Il halète, ne pouvant s'empêcher de rire, ne trouvant pas son souffle entre chaque complainte amusée.

"Rends-toi." ordonné-je.

- J'ai dit qu'il fallait le chercher toi-même."

Le portable est secoué de haut en bas au-dessus de sa tête. Je me penche vers lui et, de ma main disponible, je lui chatouille l'aisselle. Il hurle et baisse automatiquement le bras pour bloquer l'accès. Hop, je récupère mon précieux.

"J'ai gagné."

Je me redresse et fais craquer mon dos. Ke Liang reprend son souffle et ramène ses cheveux en arrière, ayant rougi d'agitation. Il continue de me fixer avec malice.

"Ne pense même pas à contrattaquer." Préviens-je en le pointant de l'index.

Sur les réseaux, le Tik Tok s'est déjà fait lire par quelques centaines de personnes... Bon, je suppose que c'est trop tard...

 

🌸🌿 Hana (she/her) - 23:59

Ça s'amuse bien dis donc 😏

🌒Dal🌘 - 00:07

Flora, il fait rien qu'à me maltraiter.

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:08

Oh mon bichon, promis j'le gronde sur WeChat dès que tu rentres 😘

🌒Dal🌘 - 00:08

T'es rentrée de chez Dayoung ?

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:09

Ouaip

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:10

J'ai le lit deux places pour moi toute seule HEHE 🤗

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:10

Profite bien, Ji-Hun. J'aime mieux te voir sourire que déprimer comme l'autre fois.

🌒Dal🌘 - 00:11

C'était passager.

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:11

Alors fais en sorte que ça reste passager~ 😘

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:12

Je risque de m'endormir.

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:12

Passe la bonne nuit à Ke Liang de ma part.

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:12

Et surtout, Ji-Hun :

 

Je redresse le nez et observe Ke Liang. Il s'est remis à pianoter sur son synthétiseur.

"Flora te souhaite bonne nuit.

- Oh, dis-lui bonne nuit de ma part aussi." Répond-il en répétant la mélodie.

 

🌸🌿 Hana (she/her) - 00:13

Je t'aime 🥰

🌒Dal🌘 - 00:13

Ke Liang te souhaite aussi bonne nuit.

🌒Dal🌘 - 00:14

Je t'aime aussi Flora.

🌒Dal🌘 - 00:14

Tu le sais.

 

"T'es fatigué, Ji-Hun ?" me demande Ke Liang, toujours en jouant sans regarder son clavier.

- Honnêtement, non.

- On continue de répondre à des questions ?"

J'opine en souriant.

Au pire, je dormirais dans le taxi de retour.

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