CHAPITRE 26
1.
Greg et moi venons de nous disputer. Un échange très amer. Je ne sais pas si notre couple y survivra. Est-ce que je souhaite que notre couple y survive ? Honnêtement, je n’en suis pas sûre. C’est peut-être mieux ainsi.
Pourtant, nous venons de vivre des journées magiques, reprenant le cours de nos vies, découvrant la légèreté d'évoluer sans menace au-dessus de nos têtes.
Le News Tribune a publié l’article de Barbara sur les événements du samedi 6 juillet où elle mentionne le courage de Greg au milieu du chaos. Elle lui consacre aussi un encadré racontant la retombée inattendue de son action : le protéger d’une accusation mensongère. Elle appelle Carol “Karen M.” pour ne pas porter atteinte à la présomption d'innocence.
Par ailleurs, Greg a été interviewé par Libby et Rob pour le poste à l'église dont Libby lui avait parlé. L’entretien lui a laissé une impression positive. Mais les pasteurs ne lui ont pas caché que ce serait un processus de longue haleine. Le conseil presbytéral prend la décision finale, et en l'occurrence, ils ne sont pas tous d’accord sur l'opportunité d’ajouter un employé au budget de l’église, même à temps partiel.
En attendant, St Joe a appelé Greg et lui a proposé de reprendre son travail, maintenant que son innocence est établie. Greg n’était pas enthousiaste, mais comme il n’a rien d’autre pour le moment, il a dit oui.
“Karen M.” n’a passé qu’une nuit en détention. Dès le lendemain, ses parents ont payé la caution. Cette libération s’est accompagnée d’obligations bien précises, à la demande de Jennifer, l’avocate de Greg, enfin mise à contribution.
Carol a été assignee à residence chez ses parents, à Bellevue au nord de Seattle, car son appartement est trop proche de Greg - le fait qu’elle puisse voir la maison de son balcon a convaincu le magistrat. Elle a aussi interdiction de contacter ou approcher Greg et la famille. Bref, nous sommes protégés par une sorte de bulle anti-Carol, ce que je trouve tout à fait satisfaisant, d’autant plus que St Joe l’a placée en congé administratif en attendant l’issue de la procédure. Elle ne risque donc pas de croiser son chemin.
Pourtant, elle s’est infiltrée chez nous d’une façon très irritante. Greg et moi continuons d’en savoir plus sur les événements que nous venons de vivre. Ainsi, Jennifer nous a appris que le certificat médical fourni par Carol quand elle a porté plainte contre lui a été obtenu par son médecin de famille. Celui-ci a admis qu’il n’avait pas vraiment vu de traces de coups, mais ému par le récit dramatique de sa patiente, avait voulu l’aider. Je fais remarquer à Greg la minutie de sa préméditation.
Greg acquiesce, mais je sens que c’est un peu à contre-cœur. Quand il parle d’elle, il s’interroge sur ses pensées, ses émotions après sa brève détention. Il fait des parallèles avec ses propres expériences. Voilà qu’ils ont quelque chose en commun. Un comble, à mon avis.
Un matin, une longue lettre manuscrite arrive. Je pense d’abord que c’est un des amis de Greg qui écrit de St Quentin, mais mon boyfriend mentionne, tout en la lisant, qu’elle provient de Carol. La lettre fait au moins trois pages. Quand Greg la replie lentement après l’avoir lue, il est songeur.
- A-t-elle le droit de t’écrire ? demande-je sur un ton plus sec que je n’en avais l’intention. Qu’est-ce qu’elle te dit ? Elle veut que tu retires ta plainte?
Greg me jette un regard contrarié et ne répond pas. Je n’insiste pas mais je suis blessée. Face aux menaces de Carol, nous étions une équipe soudée, lui et moi. Cramponnés l’un à l’autre, prêts à faire face à tout ce qui pouvait survenir. Le regard qu’il m’a jeté me donne l’impression que ce n’est plus le cas. Je suis devenue l'agaçante girlfriend qui pose des questions qui ne la regardent pas.
Libby n’a pas été très disponible : une fois remise de sa blessure, elle a retrouvé Amy et les deux jeunes femmes ont discrètement vécu une lune de miel à l’abri des regards.
Mais Amy passe souvent me voir, à la fin de sa journée ou pour un déjeuner rapide. Nous bavardons, avec ou sans Greg, parfois je lui masse les pieds. Elle m’explique que l’ambiance est houleuse en ce moment à Trinity. Le conseil presbytéral n’a pas bien vécu la venue de l’église du Christ Triomphant. Contrairement à ce que Rob avait annoncé, les invites n’ont manifesté aucune reconnaissance envers leurs hôtes, ni désir de mieux les connaitre. Hautains avec les bénévoles qui avaient préparé une collation après leur service de bénédictions, leur indifférence à la violence qui s’est produite à leur arrivée n’a pas été bien reçue non plus. Rob s’est donc retrouvé face à des reproches pour son insistance à les accueillir, alors que Libby était louée pour sa perspicacité. Rob, qui s’est senti trahi par Guillain, vit mal la situation.
Amy m’apprend que Katherine a également reçu une lettre de Carol. Pour autant qu’elle le sache, Katherine, pas plus que Greg, n’ont prévenu les autorités de l’infraction des règles commise par Carol. J’enrage de constater que Katherine et Greg, en gardant le silence sur leur lettre, quel qu'en soit le contenu, lui confirment qu’elle a le droit de ne pas respecter ses obligations. Le monde s’incline et accepte ses caprices. Mais que faire ? Je me demande si Greg n’en vient pas à la considérer désormais comme une sœur dans l'épreuve. Je fais de mon mieux pour me détacher mentalement de toute cette situation.
Dans le même temps, Greg et moi construisons cette vie nouvelle - et c’est une vie bonne, pleine d'énergie. En fin d'après-midi, quand Greg n’est pas à St Joe, nous prenons l’habitude d’aller faire du jogging dans les parcs des environs. Nous courons à peu près à la même vitesse, lui dans la puissance, moi plus légère. L’air sent bon les pins et l'océan, les fleurs et toute cette végétation fraîche qui nous entoure. Nous terminons par une course, un sprint à perdre haleine. Chacun de nous veut arriver le premier et nous donnons tout pour y parvenir ! Les victoires sont équitablement partagées. Et nous roulons dans l’herbe pour reprendre notre souffle. Greg, étalé au sol, les yeux vers le ciel, murmure parfois “je suis si heureux…” Je fais écho à sa phrase. Et je lutte pour ne pas penser que, si Carol avait obtenu ce qu’elle voulait, cet homme sans entrave, qui a si durement mérité sa liberté, serait dans une cellule de béton. Je lutte pour que l’amertume ne me domine pas.
Greg a commencé à travailler à son livre sur le pardon. Il dévore des ouvrages, prend des notes, rassemble des souvenirs d’enfance et de situations vécues en prison. Je suis fascinée par la passion qu’il y met et j’aimerais qu’il m’en parle davantage. Mais je le sens distant. Il voit approcher mes questions sans plaisir ni envie d’y répondre. En revanche, il communique souvent avec Marion, la mère de Mike, sa victime. Son projet l’a décidée à rédiger sa propre histoire.
- Elle y pensait depuis longtemps, me dit Greg. Il est possible que son livre et le mien deviennent un seul ouvrage… Nous ne sommes pas encore très sûrs.
Au début de notre relation, il voulait me la faire rencontrer. Il n’en parle plus. Mais lors d’une conversation, le téléphone (mon téléphone) coincé dans le creux de son cou pendant qu’il tourne les pages de ses notes je l’entends lui dire :
- Si seulement je pouvais te présenter Carol… Ça lui ferait tant de bien de pouvoir parler à quelqu’un comme toi… Oui… Et peut-être l’interviewer pour le chapitre 3… ?
Je ne vais pas mentir, c’est agaçant. Mais je n’imaginais pas que ça menace notre relation.
Jusqu'à la dispute.
2.
Breakfast. Greg, comme beaucoup d'américains, aime commencer la journée avec un plat à base d’œufs. J’essaie d'être créative. Ce matin, j’ai préparé des petites quiches individuelles.
Greg est songeur. Après avoir terminé sa quiche, il me regarde et semble prendre son élan :
- J’ai quelque chose à te dire. J’ai décidé de retirer ma plainte contre Carol. J’ai été pardonné. C’est mon tour de pardonner.
Je sentais venir ce dénouement. Je reste impassible.
- Que va-t-il se passer maintenant ?
- Jennifer va prévenir le juge et aussi l’avocat de Carol. Le juge décidera s’il veut continuer le procès contre elle malgré tout - au nom de la société - ou pas.
J'émets un vœu silencieux sur la décision du juge. “People vs. Karen M.” M'efforçant de garder un ton neutre, je demande :
- Tu as déjà parlé à Jennifer ? Qu’est-ce qu’elle en pense ?
- Oui, je l’ai appelée hier soir. Elle avait l’air surprise mais elle comprend.
Il a prévenu son avocate de sa décision avant de m’en parler. Je sens des picotements me parcourir. La colère monte.
- Tu ne dis rien ? remarque Greg.
- Que veux-tu que je dise ? Mon avis, tu t’en fiches, c’est clair.
- Ce n’est pas vrai.
- Si mon opinion t’importait, tu m’aurais posé la question avant de parler à Jennifer, pas après, non ?
Le visage de Greg se crispe, ses lèvres sont pincées. Il se lève.
- Je ne crois pas avoir besoin de ta permission pour prendre ce genre de décision.
- Je n’ai jamais parlé de “permission” !
Il respire plusieurs fois, les yeux baissés avant de me regarder à nouveau.
- Tu sais pourquoi je ne t’en ai pas parlé avant ? Tu sais pourquoi ?
Je devine que se réponse ne va pas arranger les choses. Il poursuit :
- Tu as montré une hargne contre Carol, depuis le début ! Ce qu’elle a fait, on est d’accord, c’est terrible, mais ça n'empêche pas, elle est un être humain, elle ne se résume pas à ses actions.
- Elle est persuadée qu’elle peut faire ce qu’elle veut sans jamais encourir de sanctions. Et là, tu vas la conforter dans cette croyance ! Combien de temps avant qu’elle commence à laisser entendre que tu l’as vraiment frappée, elle s’est juste trompée de jour, et c’est pour ça que tu l’as “pardonnée”… parce qu’en fait, tu es coupable !
Greg contourne la table, et se plante devant moi. Il est furieux.
- Et voilà ! Je savais que tu dirais quelque chose de ce genre ! Tu ne penses pas un instant qu’elle ait pu comprendre quelque chose au moment où elle a été percée à jour et arrêtée!
- Une nuit ! Elle a été détenue une nuit ! Tu crois que ça suffit ?
- Pourquoi pas ! Où est la règle qui dit que ça ne suffit pas ?
Je reste silencieuse, que répondre à ça ? Je vais dans la petite cuisine et commence à remplir le lave-vaisselle sans douceur. Mon cœur fait des parcours erratiques dans ma cage thoracique.
- Tu vois, continue Greg, c’est ce que je lis en ce moment, dans ces livres sur le pardon. On se fait engueuler quand on pardonne. Les gens ne comprennent pas. Et voilà que même ma petite amie m’attaque là-dessus. Le pardon, c’est un acte subversif… je lisais ça hier, et voilà aujourd'hui, c’est ce que je vis.
Nous nous regardons, nous n’avons jamais été aussi en colère l’un contre l’autre. Finalement, Greg regarde la porte d'entrée.
- Je crois que je vais aller marcher un peu.
- C’est ça, dis-je en me concentrant sur le lave-vaisselle, avec une désinvolture que je suis loin de ressentir. Allez donc vous promener, ton acte subversif et toi.
Je continue de remplir la machine et quand je lève les yeux, je découvre que Greg est toujours là, la main sur la porte d'entrée. Ses yeux sont fixés sur moi et tout son visage exprime un mélange de rage et de dégoût qui me fait presque peur.
- J’ai deux choses à te dire, Max, dit-il, levant la main et me montrant deux doigts à la façon des Américains, c’est à dire son index et son majeur. Première chose : tu ne t’en rends pas compte, mais la colère, ça ne t’arrange vraiment pas, physiquement.
Je dois dire que cet argument, qu’il délivre avec une sorte d’emphase, ne me frappe pas trop. A la limite, ça me ferait plutôt rire. “Tu es laide quand tu t'énerves”, vraiment, on en est là? En plus, je sais que c’est vrai. Mes lèvres, qui sont plutôt charnues, s’affinent quand j’enrage, découvrant mes dents pas très bien plantées. Ça me donne un air carnassier peu flatteur.
- Deuxième chose : tu te sens visiblement supérieure à ces notions de pardon. Tu ferais bien d’examiner ton passé. Ces hommes qui t’ont agressée ? Peut-être que tu ne serais pas poursuivie par ces mauvais souvenirs au point d’en avoir des malaises si tu avais le courage de considérer le pardon !
Ça, je ne l’ai pas vu venir. Ai-je bien entendu ? Vient-il vraiment de me jeter Victoric, Ronan et Bergaud au visage, m’accusant de ne pas les avoir pardonnés ? Par manque de courage ? Vient-il d’utiliser contre moi ce traumatisme dont je lui ai parlé en confidence ?
Je suis prise au dépourvu. Immédiatement, le souvenir de mes geôliers et d’un acte de cruauté humiliante qu’ils se sont mis à trois pour m’infliger s’imposent à moi. Je n’y étais pas préparée.
Je baisse les yeux sous le choc. La tristesse se répand en moi. Il vient de porter un tel coup à notre relation - elle ne s’en relèvera sans doute pas. Un moment passe. Finalement, j’entends la porte se fermer derrière Greg.
3.
“J’arrive”.
C’est le milieu de la nuit au Japon, je me suis donc contentée d’envoyer un texte plutôt que d’appeler. Je suis assise sur le sol de ma cuisine. Le linoléum imite bien le carrelage, mais le contact est très différent, tiède. La fraîcheur du carrelage me manque.
Je suis assise en tailleur. Non, il ne s’agit pas une crise de panique cette fois. J’ai court-circuité la panique avec quelques coups de couteau dans ma paume gauche. Ça cicatrise déjà. Accablement, douleur et colère n’ont pas disparu pour autant. Je me suis réfugiée dans le couloir étroit que forme la cuisine. J’ai l’impression d'être entourée de remparts familiers. Ça me rassure.
A ma surprise, Akira me rappelle presque aussitôt. Il est 2 heures du matin à Tokyo !
- Hey, Xavier… dit-il d’une voix un peu traînante. Tu atterris quand ?
- Dans une semaine ou deux. Vous serez là ?
- Evidemment qu’on sera là. Tu as réglé ton problème de logement ?
- Quoi ?
- Tu sais, ta propriétaire qui veut te mettre dehors…
- Oh… Je n’y pensais même plus, avec tout ce qui s’est passé. Ecoute, ce n’est pas compliqué. Je poserai la question à Katherine avant de partir. Si vraiment elle veut que je quitte les lieux, au besoin, je mettrai tout dans un garde-meuble avant de venir.
Tandis que je parle, soudain une hypothèse inattendue se dessine dans mon esprit. Prendre un aller simple pour le Japon. Ne pas revenir. M’installer quelque part en Asie avec l’aide d’Akira. Il m’en a parlé plusieurs fois, à juste titre. Maintenant que je sais Guillain dans la région, qu’un autre Semblable rode un couteau à la main, quitter le pays est la solution d'évidence.
Akira reste silencieux un moment.
- Tu t’es disputée avec Greg ?
Je grogne une onomatopée. C’est le problème de se connaître trop bien, on ne peut rien se cacher.
- Tu n’as pas trop envie d’en parler…
- Pas tant que ça.
Akira soupire avec sympathie.
- Ecoute, si tu veux rester en Asie, c’est très possible. Tu pourrais t’installer à Taiwan ou à Seoul, je me suis renseigné, ils cherchent tout le temps des profs de langues européennes et tu les parles quasiment toutes. Mais réfléchis. La façon dont tu me parles de Greg… je sens un lien fort entre vous. Ça fait longtemps que je n’ai pas senti ça dans ta vie. En général, tu t’attendris pour un petit vieux et tu me racontes que tu lui prépares des compotes et des potages aux poireaux…
J'éclate d’un rire qui me surprend moi-même, un rire d’où l’indignation n’est pas absente. Un rire qui me fait beaucoup de bien, physiquement.
- Ce n’est pas vrai ! Tu exagères, c’est de la malhonnêteté intellectuelle !
Akira rit aussi, je le sens assez content de lui.
- Tu vois ce que je veux dire, répond-il. J’ai hâte de te voir en tout cas. Et Katsumi est impatient lui aussi.
- Vraiment ? Ça ne le barbe pas, la sœur de son mec qui débarque ?
- Non, au contraire. Ses parents sont très distants, il n’est pas conforme à ce qu’ils espéraient de lui. Ils voulaient un capitaine d’industrie pour succéder à son père, et ils ont un artiste hyper-sensible et doux… Plein de talents, mais ils s’en fichent… Il est en manque de famille. J’aimerais avoir des parents à lui présenter auxquels il pourrait s’attacher mais…
- Mais…. Tu n’as que moi.
- Je me suis dit, c’est mieux que rien…
Nous rions tous les deux puis nous restons silencieux un moment. Au fait...
- Je t’ai dit que Libby, tu sais, la pasteure, est une Semblable ?
- Quoi, tu es sûre ?
Je lui raconte rapidement ce qui s’est passé lors de la bousculade.
- Pourquoi ne m’as-tu pas dit tout ça plus tôt ? s'étonne Akira. C’est grave !
- J’ai été un peu accaparée par Greg… Et Libby est accaparée par Amy. Je voulais lui en parler, lui demander si elle avait des idées sur l'identité de son agresseur mais...
- Elle n’a pas très envie de parler de ce qui peut menacer sa vie avec Amy… suggère Akira. Mais toi… tu sais que tu le connais. C’est toujours frustrant quand on reconnaît quelqu’un mais on n’arrive pas à le replacer… Une partie du cerveau sait quelque chose que l’autre ignore. Qu’as-tu ressenti quand tu l’as vu ? Émotion positive, neutre, ou….
- J'étais effondrée pendant un instant. Accablée. Je ne savais pourtant pas qu’il venait de poignarder Libby.
- Donc il est connecté à des choses pénibles…
- Chic, chercher parmi des mauvais souvenirs… tout ce que j’aime…
Nous partageons un moment de silence.
- Je me demande si je connais Libby, dit soudain Akira. Où pourrais-je voir une photo d’elle ?
Je réfléchis.
- Regarde sur le site web de l'église, il doit y en avoir une.
Son ordinateur ne doit pas être loin, je l’entends pianoter sur le clavier.
- Trinity ?
- Oui, Presbyterian church, Tacoma. Il doit y avoir un paquet d'églises qui s’appellent Trinity.
Je le laisse chercher, et fais glisser le bol d’eau vers Guimel qui vient d’apparaitre dans mon champ de vision. Elle a peut-être soif ? Ou est-elle simplement intriguée par ma présence ? Je suis souvent dans la cuisine, mais en général sur mes pieds. Se sent-elle seule ? Fury est toujours fourré avec Greg, et Alpha m’a annexée dès le premier jour. Je câline Guimel et elle joue avec Fury mais finalement, elle n’a pas de personne à elle.
- Ça y est, je la vois ! Oui ! Je la connais ! Clarissa Simpson-Jones, Singapour, 1939 ! On a quitté le pays ensemble quand les Japonais ont commencé à bombarder… Elle vivait dans l'hôtel de luxe qui m’avait engagé comme pianiste. Comment il s’appelait, attends… Oranje! Oranje hotel. Elle était toujours très élégante, fortunée évidemment, pour prendre résidence à l’Oranje… Un peu snob….
Je ris. La Libby d’aujourd’hui est si différente ! Akira poursuit :
- Elle était toujours entourée de jeunes filles pleines d’admiration. Européennes et Asiatiques. Quand on est parti, elle a pris avec elle toutes celles qui ne voulaient pas rester. Elle a payé les billets de celles qui n’avaient pas les moyens. Généreuse. Ça m’a plu.
- As-tu fait pareil pour quelques jeunes gens admiratifs ?
- Ça ne s’est pas présenté. Et puis nous n'étions pas encore très en fond à l'époque, toi et moi. A propos, tu veux que je t’envoie de quoi faire ? Tu ne m’as rien demandé depuis ton arrivée à Tacoma.
Nous faisons patrimoine commun, Akira et moi. A partir des royalties que nous continuons de recevoir pour la chanson qui a tout commencé, Akira a investi intelligemment, acheté, vendu (je ne saurais dire quoi), crée des sociétés immobilières dont nous sommes membres sous différents noms… je perds le fil des détails, je me repose sur lui en fait. Je ne suis même pas sûre du montant de nos avoirs. Akira se contente de me faire des virements, en me disant de temps en temps “nous ne sommes pas en peine” ou alors “nous ne sommes pas gueux”, ce qui signifie que nous n’avons pas besoin de travailler pour vivre, à moins que nous le voulions, comme je l’ai fait au Domicile de l’Oursin.
- Volontiers…
- Je m’en occupe. Et puis, prends un billet 1ere classe pour venir. 10 heures de vol, quand même…. - et je sais dans quel état tu es dans un avion. Autant que tu t’angoisses inutilement dans un peu de confort…
- Inutilement ? Tu sais que je m’angoisse toujours à bon escient.
- Oh, je te vois venir… tu vas encore me dire que c’est grâce à ton angoisse que l’avion reste en l’air ?
- Ça a marché en Ecosse !
Nous avons visité l’Ecosse dans un petit avion de tourisme piloté par un ami Semblable, Iain. C’était terrifiant mais je garde en mémoire les vues magnifiques qui me suivront pour de nombreux siècles, falaises et récifs frottés de vagues d’un vert profond, plages dont les sables lisses reflètent la lumière diffuse du soleil caché par les nuages, ruines et châteaux comme des visions du passé. Nous rions tous les deux. Ce sont de bons souvenirs - terrifiants pour moi mais de l’ordre du sublime.
- Bon, envoie-moi les détails de ton arrivée. Et ne sois pas trop dure avec l’homme. A moins qu’il ne le mérite. Dans ce cas-là, sois dure, ma fille. Le Mongol a parlé.
4.
Quand j’entends la porte d'entrée s’ouvrir, je suis toujours dans mon refuge, enveloppée d’une torpeur ensommeillée, à me poser des questions sur mon avenir immédiat. J’entends Greg faire quelques pas, m’appeler, puis marcher rapidement jusqu’au garage pour voir si la voiture s’y trouve. J’ai enveloppé ma main dans un torchon après les coups que je lui ai porté. Les plaies ont cicatrisé, je le fourre rapidement dans la poubelle. Maintenant que je n’ai plus de traces de blessure, il faut faire disparaître la preuve que le sang a coulé. J’entends Greg monter deux marches pour aller vers les chambres. Il se ravise et se dirige vers la cuisine.
Son visage exprime inquiétude et tristesse quand il me voit, assise par terre.
- Est-ce que je peux m'asseoir près de toi ? demande-t-il.
- Si tu veux… Mais ne t'inquiète pas, je ne suis pas dans une crise de panique.
- Un peu, quand même ?
- Je viens de parler à mon frère, dis-je en montrant d’un geste du menton le téléphone pose par terre devant moi.
- Euh, celui de l'église ou… ?
- Non, celui du Japon. Je vais aller le voir. Tu te souviens ? On en parlait l’autre jour.
Je vois tout de suite une autre inquiétude sur son visage. Il devine mon dilemme.
- Mais tu reviendras ? N’est-ce pas ?
Je ne sais que dire. De fait, je ne saurais même pas identifier ce que je ressens, tant d'émotions circulent en moi.
- Est-ce que tu veux que je revienne ?
Il s’appuie sur le frigidaire d’une main, pose l’autre sur la surface près de l'évier comme s’il avait besoin de soutien.
- Comment peux-tu poser cette question ? demande-t-il, et sa voix est plus grave, presque rauque.
- Je la pose parce que… ces temps-ci, la seule femme dont tu parles, c’est Carol. Et tu en parles avec beaucoup de compassion. Elle voulait vivre ici, avec toi, tu te souviens ? Elle le disait le soir de ce dîner après le spectacle de Jackson. Alors, je me dis… c’est peut-être le moment de laisser la place…?
Ce que je ressens est en opposition totale avec mes paroles. Viscéralement, je ne veux pas d’elle sous ce toit. Me séparer de Greg, après notre dernier échange, c’est douloureux mais peut-être nécessaire. La confiance entre nous est ébranlée. Sans compter toutes les autres raisons de disparaître. Pourtant Carol chez moi ? A ma place ? Ça non !
Greg tape du poing sur le plan de travail près de l'évier.
- Ça suffit, les conneries ! s’emporte-t-il. Je n’aime pas cette femme. Je ne l’ai jamais aimée ! Même avant toi. Avant que tu n’arrives. Je voulais ! Je voulais l’aimer. Mais quelque chose en moi résistait toujours, malgré tous mes efforts. Alors maintenant ! Après ce qu’elle m’a fait ! La prison, j’en sors. Elle a voulu m’y renvoyer à vie - tu ne te rends pas compte, c’est presque un meurtre, ce qu’elle a tenté ! Elle a voulu que la Justice la venge de ses petites rancœurs, et me tue, tue ma liberté ! Comment aimer ça ! Je la hais. Je revois ses yeux sournois, la façon dont elle exigeait que je lui obéisse, je voudrais l'étrangler ! Tous les jours, il faut que je me maîtrise, que je calme cette rage en moi. Que je pense à elle comme une personne qui n’est pas totalement mauvaise. Il faut que je me souvienne de ce que Marion a fait, en me pardonnant. Alors arrête ! Arrête de dire qu’elle pourrait te remplacer !
Je le regarde s’agiter, je me sens très calme, ce qui est étonnant - la colère des autres, qu'elle soit dirigée contre moi ou pas, me fait peur d’habitude. En plus, je suis toujours assise par terre, il me domine de toute sa taille, et il se tient à l'entrée de la petite cuisine. Il me coupe toute possibilité de fuite. Ma tension devrait être en train de faire des bonds au plafond.
Mais non. Je le regarde décrire ses efforts pour maîtriser sa haine de Carol et je le trouve admirable, il incarne l'intégrité d’un homme qui choisit un chemin difficile, ardu et peine, sans pour autant renoncer. Je me sens légère, soulagée. Ai-je craint tant que ça que Carol me remplace dans son affection ?
Brusquement, Greg cesse de parler, enfouit son visage dans ses mains. Il pleure ? Je le regarde, inquiète, mais en fait, il rit, il rit de lui-même. Il me regarde à nouveau.
- Ce n’est pas comme ça que je voulais introduire mes excuses… en te criant dessus…
Je lui souris, apaisée. Je me lève, il m’aide, mes jambes sont ankylosées. Il pose sa main sur ma joue.
- Je t’aime tellement… murmure-t-il. Je n’ai pas pu imaginer que tu en doutes, c’est si évident en moi.
5.
Sur la table du living-room, la table qu’il a assemblée lui-même à mon arrivée, près de l’orchidée de Jackson, il a posé une petite branche d’arbre qui porte quelques feuilles. Je souris en la prenant entre mes doigts.
- C’est un rameau d’olivier ?
Greg me jette un regard par-en dessous, un regard troublé, comme s’il se demandait si je me moque de lui. Puis il me rend mon sourire.
- Non, pas un rameau d’olivier, mais quelque chose qui, je l'espère, peut quand même nous conduire à plus de paix ? J’ai marché jusqu'à Trinity, j’aurai quelque chose à te dire là-dessus, plus tard. En marchant, je me demandais comment mieux nous comprendre… mieux communiquer… et je me suis souvenu des Talking sticks.
Il me sourit, semblant guetter ma réaction.
- Tu sais que je suis Cherokee, poursuit-il. C’est une tradition Native. Celui qui tient le bâton a la parole. Il parle sans être interrompu. Quand il a fini, il le passe à l’autre, ou à l’un des autres si on est plusieurs, qui parle à son tour. Tu veux qu’on essaie ?
Je hoche la tête et nous prenons place en face l’un de l’autre autour de la table. Greg me demande s’il peut commencer, il saisit la petite branche et ses premiers mots sont des excuses pour la façon dont il a amené mon passé dans notre dispute.
- Je suis tellement plongé dans le pardon, le pardon à travers l’histoire, des témoignages sur le pardon… c’est comme si c’était devenu une loupe tu sais, une sorte de prisme à travers laquelle je vois tout le reste. Ce que tu m’as raconté, cette situation épouvantable, j’y pense souvent. Le pardon permet de guérir des blessures anciennes... Je me disais qu’on en parlerait peut-être un jour sous cet angle…. Mais jamais comme une accusation. Le pardon n’est pas toujours envisageable, je comprends ça très bien.
J’entends ce qu’il me dit, mais malgré moi je sens à nouveau la colère monter en moi. Je me retiens de grincer “comme c’est gentil à toi !”. Je baisse les yeux, regardant ses longs doigts sombres qui tiennent la brindille délicatement. Il reste silencieux un instant et reprend :
- Je m’en veux de t’avoir dit ça. D’autant plus que… je l’ai fait avec l’intention de te faire mal. J'étais blessé, je voulais te blesser. A quoi ça sert de promettre de ne plus frapper personne si je le fais en utilisant des mots ? J’ai voulu te le dire… revenir en arrière, mais je ne savais pas comment faire. J’ai craint d’empirer la situation.
Il s’agite sur sa chaise, respire soudain avec difficulté et semble un instant chercher ses mots.
- Quand j’ai commencé à marcher, je me suis dit : voilà, ces deux femmes proches de moi, l’une ne m’a jamais aimé, m’a menti, a voulu me faire disparaître... et je viens de lui faire un cadeau qu’elle ne mérite pas. L’autre m’aime, me soutient, elle est furieuse contre l’autre femme justement pour ça, et c’est celle-là à qui je viens de faire si mal qu’elle va peut-être me quitter.
Son émotion me gagne. Nous restons silencieux, tous les deux les yeux fixés sur la branche d’arbre. Finalement, Greg me regarde.
- Est-ce que tu vas me quitter ?
Je lui montre le bâton qu’il tient, qui ne me donne pas la parole. Greg fait “oh !” et sourit gauchement, de son sourire un peu asymétrique, vulnérable.
- Tu peux répondre à une question directe, tu sais… Et plus, si tu veux… Tiens.
Il me tend la branche. Je la prends et soutiens son regard plein d'inquiétude. Je lui souris.
- Je suis toujours là. Je n’ai pas l’intention d’aller où que ce soit. Enfin, si, au Japon. Mais nous sommes toujours ensemble. Si tu veux.
- Je veux.
Nos mains se touchent et je sens la force de ce qui nous unit.Ce qui me lie à Greg a des racines profondes, au-delà de ce que ma conscience perçoit.
6.
- Elle a le droit de monter sur la table ? demande Katherine.
Ma propriétaire me fait une visite surprise, en l’absence de Greg parti travailler. Je devine qu’elle a guetté son départ pour me parler en tête-à-tête. Elle a dû prendre un jour de congé : pour la première fois, je la vois en jeans, mais ce sont des jeans de marque qu’elle porte avec une chemise blanc immaculé. Elle est fidèle à elle-même, détendue et parfaitement élégante. Que me veut-elle ? Elle semble de bonne composition, s’installe sur le divan et me lance :
- Allez, montrez-les-moi, ces chats !
Les chatons, à présent adolescents, sont tirés de leurs siestes respectives et déposés sur ses genoux. Katherine sourit avec bienveillance et, à la façon dont elle pose ses mains sur eux, je vois que le monde des félins lui est familier.
Alpha, qui n’était pas dans ma chambre ni dans aucun de ses lieux habituels, apparaît soudain, saute d’un bond léger sur la table basse, et contemple ma visiteuse. Alpha garde ses distances quand elle ne connaît pas son interlocuteur. Mais je la sens fascinée par Katherine. Elle la fixe de ses yeux verts, puis baisse la tête, ce qui signifie qu’elle consent à recevoir des caresses entre ses deux oreilles. Katherine, accaparée par les chatons, ne lui prête qu’une attention distraite.
- L’un est un mâle, l’autre est une femelle ? demande-t-elle.
Avant que j’aie le temps de confirmer, elle poursuit :
- Mais, expliquez-moi. Pourquoi vouloir les garder ensemble à tout prix ? Ils seront bientôt adultes, ils ont besoin de vivre leur vie… chacun dans leur famille, non ?
Comment expliquer l’étrange intuition que j’ai eue en voyant Alpha et ses petits dans sa cage, sa requête de ne pas être séparée d’eux ? Elle va me prendre pour une folle… Un court moment de silence embarrassé s’installe, tandis que je cherche comment formuler ma réponse, qu’elle interrompt par une exclamation.
- A moins que…
Sa bouche s’arrondit sous l’effet d’une réalisation qui semble la stupéfier. Je la regarde avec appréhension.
- A moins que vous ayez eu l’intention, depuis le début, de me donner une leçon avec ces chats !
- Katherine, je vous assure…
Où veut-elle en venir ? Elle soulève un chaton dans chacune de ses mains.
- Une mère et ses deux bébés, des jumeaux… qu’elle veut garder avec elle… C’est moi, n’est-ce pas, avec Amy et Jackson ? Qui vivent toujours avec moi! Alors… Qui est qui….
Je ne la contredis pas car je vois que l’idée l’amuse. Elle regarde les deux animaux, ne cherche pas à les inspecter pour savoir, elle veut deviner. Finalement, elle pose Guimel, joliment tigrée comme sa mère, devant moi.
- Ça, c’est le petit mâle. Jackson. Il me ressemble comme deux gouttes d’eau. Et ça (elle montre Fury) c’est Amy, ma guerrière, ma Ninja.
Je souris et elle devine qu’elle s’est trompée. Elle soupire en haussant les épaules.
- Après tout, ça se défend aussi. Jackson est un artiste, il aime plaire, il a ce charme un peu féminin… Et Amy a toujours été une athlète, elle est très forte physiquement. A eux d’eux, finalement, ils se complètent parfaitement. Vous avez recréé ma famille avec vos chats…
Je souris, un peu embarrassée. Ce parallèle ne m’était pas venu à l’esprit un seul instant.
- Ça a dû vous surprendre, que je veuille que vous partiez à cause de ça, dit-elle soudain.
Je ne réponds pas. Oui, surprise, d’autant que je me suis donné du mal à écrire une lettre d’excuse qui, j'espérais, arrangerait les choses mais n’a eu aucun effet.
- Quand on est propriétaire, soupire-t-elle, il n’y a rien de pire que de réaliser que votre locataire ne vous prend pas au sérieux. Qu’il agit sans se soucier du bail. Les précédents locataires, tenez, un jeune couple avec un enfant. Charmants a priori. Ils ont attendu que je sois en vacances, 15 jours en Europe avec Maman. Ils se sont mis à faire des travaux, la petite salle de bains qui donne sur votre chambre. C’était leur idée. Et ils ne m’ont rien dit! Ils m’ont dit ensuite qu’ils voulaient me faire la surprise !
Elle pousse un soupir excédé à ce souvenir, ce qui fait sursauter Guimel sur ses genoux.
- Je les ai mis dehors, ils en étaient tout meurtris, ces imbéciles. Et j’ai eu des travaux de plomberie pendant des mois parce qu’ils ont fait n’importe quoi sans s’adresser à des professionnels. J'espère que vous appréciez votre salle de bains attenante, elle m’a couté assez chère.
J’esquisse un sourire incertain.
- Alors, vous, ensuite, toute aussi charmante, et voilà que vous adoptez toute une portée de chats ! C’était quoi, l'étape suivante ? Un élevage ? Des pipis de chats partout ? Et vous ne me demandez même pas mon avis ! Même quand Amy vous rappelle la clause du bail !
- Je suis vraiment désolée, dis-je. Et ils sont tous les trois castrés. Pas d'élevage à l’horizon.
Katherine me regarde en silence, comme si elle me jaugeait.
- Et voilà que vous avez aussi adopté mon fils aîné, en plus de vos chats, dit-elle cette fois avec un léger sourire. J'espère que vos sentiments pour lui sont sérieux, il se donne beaucoup de mal pour rester sobre.
Je ne fais pas de commentaire. Ce qui se passe entre Greg et moi, ça ne la regarde pas.
- Cela dit, poursuit-elle, j’ai apprécié votre présence et votre attitude lorsque Greg a été arrêté. Mais j’ai une autre question à vous poser. Et là, je suis complètement dans le brouillard. Depuis le soir où je vous ai rencontrée, j’ai cette impression étrange.
Elle pousse un soupir, cette fois de frustration.
- Vous êtes plutôt sympathique, c’est vrai. Pleine de bonne volonté.
Elle dit ces derniers mots avec une ombre de sarcasme qui ne m'échappe pas.
- Mais j’ai l’impression que vous jouez la comédie. Je ne sais pas comment dire. Comme si vous prétendiez être qui vous êtes… je ne saurais pas l’expliquer, c’est bizarre, non ?
Je sens un certain inconfort me gagner, d’autant plus qu’elle me prend à témoin de ses impressions à mon sujet. Je fais un geste d'incompréhension. Elle poursuit.
- Alors, vous pouvez peut-être m’aider, expliquez-moi. Qu’est-ce que vous avez raconté à ma mère ?
Là, je suis vraiment prise au dépourvu. J’ai chaud soudain.
- Votre mère ? Je ne…
- Le jour du barbecue, quand elle s’est occupée de Greg…
- Je n’ai raconté aucune histoire, Katherine ! Vilma a posé des compresses froides sur le visage de Greg, elle m’a montré des photos de famille pendant qu’il se reposait… c’est plutôt elle qui me parlait.
Katherine prend une profonde inspiration, pose les deux chatons à ses pieds. Puis elle me regarde à nouveau.
- Depuis toujours, ma mère trimballe cette légende, cette histoire racontée par Ayita, sa grand-mère. Ayita parlait de cette femme, sa belle-mère en quelque sorte, qui a vécu avec elle quand elle était enfant, et est partie - ou est morte, on ne sait pas - quand elle est devenue adulte, après son premier mariage. Ayita était une femme très forte et un peu dérangée, à mon avis. Elle a été ébranlée par le Chemin des Larmes, au cours duquel son père et son petit frère sont morts. Elle avait douze ou treize ans à l'époque. Elle n’a pas cessé de raconter à ma mère qu’un jour, cette femme reviendrait dans la famille. Il fallait que sa fille et Maman, sa petite-fille soient prêtes à la reconnaitre, le moment venu. Bon, cette histoire, je l’ai toujours entendue, sans y prêter beaucoup d’attention, j’avoue… Hier, je ne sais plus comment c’est venu, j’ai dit à Maman que j’allais vous parler, l’histoire des chats… Et la voilà qui lève les bras au ciel et prétend que c’est vous, la femme du passé, revenue dans la famille ! Et qu’il n’est pas question de vous expulser !
Ciel, qu’est-ce qui a conduit Vilma a cette conclusion ? Notre conversation était si brève !
- Katherine, je vous assure… Je ne comprends pas ce que j’ai pu dire qui…
- Ce n’est pas ce que vous avez dit, réplique ma propriétaire sans me laisser le temps de finir ma phrase comme elle le fait souvent. C’est la façon dont vous l’avez dit. Maman dit que vous aviez l’air de connaitre sa grand-mère, en regardant les photos. Et vous vous êtes mise à lui parler en Cherokee. Elle vous a compris. Et c’est ça qui l’a convaincue que vous étiez la femme en question.
Katherine me regarde intensément, avec un mélange d’indignation et de perplexité. C’est comme si mon visage était en feu : je dois être rouge brique. Voilà le faux pas révélé dans toute son ampleur. Deux, trois bières de trop, sans compter le slush, et mes neurones se sont emmêlé les pinceaux. Je n’ai pas parlé Cherokee depuis le jour où j’ai dû précipitamment quitter Ayita et l’Indian Territory dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’Oklahoma. Mais les langues ne s’oublient pas, même après tant d'années. Nous les rangeons quelque part dans notre mémoire, Elles y rouillent lentement sans pour autant disparaître. De l’alcool et des photos anciennes, et voilà, la langue se réveille et se laisse parler.
- Je ne comprends pas, dis-je dans un souffle. Vous ne pouvez pas croire que je parle Cherokee ? Je ne suis même pas américaine ! Je vais vous dire… c’est embarrassant… j'étais un peu ivre à la fin de ce barbecue, je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Mais je n’ai pas pu m’exprimer en Cherokee !
Je veux fournir une explication à mon trouble. Katherine a forcément remarqué j'étais rouge de confusion. Elle agite la main impatiemment.
- Ecoutez, cette histoire m'embrouille moi-même. Bien sûr que vous ne parlez pas Cherokee. Tout ce que je veux, c’est que personne ne se moque de ma mère ou ne l’emberlificote dans je ne sais quel mensonge.
Je veux protester, mais elle me fait taire d’un geste.
- Voulez-vous rester ici, dans le duplex ? demande-t-elle dans ce que je comprends est la conclusion de notre conversation.
- Oui, bien sûr, si…
- Alors, restez. Mais j’y mets une condition et vous avez intérêt à la respecter cette fois ci : laissez ma mère tranquille. Apparemment, votre présence suffit pour qu’elle se mette à imaginer toutes sortes de choses. Donc ne vous approchez plus d’elle. C’est ma condition. Une sorte de “restraining order” si vous voulez - pour son bien. Nous sommes d’accord ?
7.
Greg et moi sommes installés - vautrés serait plus exact - sur le divan devant la télévision. J’aime sentir son bras autour de moi et ma tête est posée sur son épaule. Malgré la chaleur de l’air en cette nuit de juillet, cette proximité me fait du bien à l'âme.
J’ai pris mes billets pour le Japon. Je pars dans cinq jours. J’ai montré mon itinéraire à Greg, et il a pu voir - sans que nous en parlions - mon retour prévu trois semaines plus tard.
- Je t’enverrai des emails tous les jours, ai-je dit. Je te raconterai tout ce que je fais.
Greg rit et me dit qu’il prend note de ma promesse. La perspective du voyage nous rapproche, tout comme la résolution de notre dispute. Nous avons parlé longuement. J’ai réalisé que mes commentaires et questions, que je voulais drôles, étaient souvent sarcastiques. Akira et moi nous taquinons souvent, j’ai adopté ce ton tout naturellement avec Greg. Et je suis devenue plus acerbe quand je me suis sentie ignorée par mon boyfriend.
Greg, je le comprends maintenant, est facilement sur la défensive après avoir été abondamment moqué par ses nombreux frères aînés. Il s’est mis à appréhender mes questions sur son livre, n’y voyant pas une preuve d’intérêt mais une opportunité pour des remarques acides. Il ne s’était pas rendu compte que je me sentais exclue.
- Il faut que nous communiquions, dès qu’on se sent blessé ou mal compris par l’autre, me dit-il.
J’approuve sans réserve. Ce soir, nous regardons Chopped, une compétition culinaire sur Food tv. Quatre chefs doivent préparer des plats incorporant des ingrédients difficiles, tels que des “huîtres des Montagnes Rocheuses” (euphémisme désignant des testicules de taureaux), de la glace à l’ail ou des œufs brouillés déshydratés. Greg me demande souvent ce que je ferais avec un panier pareil et j’imagine les réponses les plus rocambolesques possibles.
- Tu sais, me dit-il soudain, je pensais à Jésus, tout à l’heure…
Je suis sur le point de lui demander distraitement “Jésus qui ?” car c’est le prénom d’un des chefs qui se débat en ce moment avec des lèvres de porcs confites et des figues blanches séchées.
- Ses commandements les plus importants sont humainement impossibles à obéir, tu as remarqué ? Aimer. On ne peut pas aimer sur commande. Ou pardonner…
Je me redresse, contente qu’il partage sa réflexion sur le sujet de son livre. J’ajoute :
- Ou croire, non ? Peut-on croire sur commande ?
Greg hoche lentement la tête.
- Oui, aimer, pardonner, croire. C’est ce que lui demande le père du petit épileptique, n’est-ce pas ? Dans l’évangile de Marc… “Je crois, viens au secours de mon incrédulité !”
Je réfléchis, je veux participer à sa réflexion, qu’il prenne l’habitude de me consulter dans ce domaine.
- Peut-on croire et être incrédule en même temps ?
Greg saisit son carnet de notes.
- On peut croire et rester sceptique parce qu’on manque de confiance… commente-t-il pensivement. En soi ou en Dieu. Ou les deux.
- Rappelle-moi, qui a dit cette phrase sur l’incrédulité ?
- Le père d’un enfant qui venait d’assister à la guérison de son fils... Il ne pouvait pas douter de Dieu en cet instant. Donc il doutait de lui… comme s’il savait qu’avec le temps, le scepticisme le visiterait… et tu vois, sa réaction ? Demander à Jésus de l’aider. C’est ça, la clef. On peut accomplir les commandements les plus difficiles du moment qu’on ne le fait pas seul… Il faut que Jésus soit là.
Il tapote la page avec son crayon. Je l’imagine très bien en pasteur, réfléchissant à son prochain sermon. Il poursuit en regardant la page blanche :
- Et pour le pardon… c’est pareil. On ne peut pardonner que si Jésus marche avec nous. Ça correspond à ce que Marion m’a raconté, dans son cheminement vers moi… Je me disais… Tes agresseurs... Tu ne m’en veux pas si j’en reparle ? Je me disais que c’est peut-être ainsi que tu pourrais aborder ce sujet en toi.
Je me redresse. L’air dans la pièce se raréfie soudain. Respirer demande un effort. Mon visage a dû se fermer, je me suis détourné de Greg. Pourtant, je ne veux pas qu’on se dispute à nouveau. Je veux l’aider pour son livre, que son ouvrage ne devienne pas un territoire étranger. Mais il l’a dit lui-même, nous devons communiquer quand quelque chose passe mal entre nous.
- Je sais que tu as de bonnes intentions, lui dis-je. Mais quand tu évoques ces… ce… cette situation alors que je n’y suis pas préparée, c’est comme si brusquement, ces trois hommes surgissaient dans la pièce. Ils sont là. Et moi, il y a deux minutes, j'étais étalée sur ce divan à regarder Chopped. Je n'étais pas prête à les affronter. Parce que je t’ai raconté ce souvenir, ce que j’ai fait à très peu de monde, tu as ce pouvoir sur moi. Tu peux les mentionner quand tu veux, je ne peux pas t’en empêcher. Te parler m’avait fait beaucoup de bien, mais maintenant je réalise que j’ai peut-être eu tort de…
Greg m’interrompt.
- Non, non, Max, je n’ai pas voulu… je comprends ce que tu dis. Je n’en parlerai plus, je te le promets. J’attendrai que ça vienne de toi. Mais rapidement, puisque nous sommes dans le sujet… peut-être que c’est l'idée du pardon qui te déstabilise, plus que les souvenirs ? Voilà, c’est tout, je m'arrête là.
Je tourne lentement la tête vers lui. En cet instant, j’aimerais être dragon pour cracher une flamme incandescente dans sa direction.
- Ils ne surgissent pas seuls quand tu parles d’eux, dis-je. Ce qu’ils m’ont fait les accompagne. Quand tu m’as jeté cette accusation au visage... avant même que je puisse me ressaisir, j’ai revu ce qu’ils m’ont fait un jour, tous les trois.
… et je lui raconte ce qui s’est passé, moi qui étais restée vague sur leurs tortures. Je nomme la façon dont ils m’ont empoignée et salie, et blessée, mes plaintes et leurs rires, leur joie quand j’essaie maladroitement de leur échapper. Victoric, qui me possède quand il veut, laisse le champ à ses amis. Ronan prend plaisir à m’entendre crier mais Bergaud le surpasse dans la cruauté, de par sa force physique et son besoin d'être approuvé par ses compagnons. La flamme vicieuse dans leurs regards me fait comprendre qu’ils ne vont pas en rester là mais continuer leur besogne jusqu'à ma totale humiliation, jusqu’à ce que j’expire.
- Ok, ok…
Greg se lève brusquement et d’un geste me demande de m’interrompre. Il fait quelques pas, c’est lui qui a du mal à respirer à présent. Il se tourne vers moi. La pause publicitaire semble claironner tout autour de nous, mais il n'éteint pas la télévision. Il a toujours besoin d’un fond sonore.
- Je vais leur foutre mon poing dans la gueule, dit-il d’une voix sourde. Je vais les tuer. Et tant pis si je retourne en prison ! Dès que je peux voyager, je pars à leur recherche !
- Non, non….
Je me lève et me dirige vers lui mais il m'évite et continue de marcher de long en large. Il faut que je lui laisse le temps de s’apaiser. Je m’assois à nouveau et reste ainsi, les yeux baissés. Où est Alpha quand on a besoin d’elle ?
Dire qu’il y a juste un moment, nous étions enlacés, regardant des cuisiniers réaliser des prouesses, mais voilà, il a fallu qu’il mentionne Jésus, l'empêcheur de tourner en rond. Abrasif et grossier, comme disait Aemouna. Elle me manque tant… Où est-elle ? J’aimerais lui parler, ou simplement la serrer dans mes bras, être sous la protection de sa présence consolante. Après un moment, Greg s’assoit près de moi.
- Je te promets, annonce-t-il. Je te promets que je ne te parlerai plus des… de… de tout ça.
Je hoche la tête, puis me risque à le regarder. Il n’a pas bonne mine, comme lorsqu’il est revenu de l’hôpital au petit matin, gris de fatigue avec du sang sur son T-shirt blanc.
- Merci, dis-je simplement.
- Ce ne sont pas des tortures, ce qu’ils t’ont fait. Ce sont des actes de barbarie.
J’ai presque envie de rire - une réaction irrépressible dans les moments de détresse. Ne vient-il pas de dire qu’il ne parlerait plus d’eux ? … Et franchement, torture, barbarie, quelle est la différence ? Qu’est-ce que ça peut faire ?
Je me réponds à moi-même : il cherche à s’orienter dans ton univers de cauchemar. Il pourrait fuir cette horreur et tes angoisses. Il est toujours là, à tes côtés.
Nous échangeons un pâle sourire.
- Je ne sais pas quoi faire de ma colère… murmure-t-il.
La créature sarcastique qui vit en moi a envie de lui suggérer de visiter sa colère avec Jésus, mais je reste silencieuse.
Je suis épuisée, comme minée de l'intérieur. Je pense à mon lit, notre lit, j’ai envie de m’y blottir et d'être dans les bras de cet homme qui m’aime et fait de son mieux, avec sincérité et maladresse, pour m’aimer bien.
Dans le fond, a-t-il tort ? Peut-être puis-je arriver à dépouiller ces faits si anciens de leur pesanteur sur mon présent ? J’ai échappé à ces hommes, j’ai tué l’un d’eux. J’ai déjà réussi à prendre une certaine distance, grâce à Greg. Désamorcer ces souvenirs pour qu’ils ne m’explosent plus au visage, c’est peut-être ce que le pardon accomplirait ?
Non, non, non. Ne pas remuer ce passé. Surtout pas - ce n’est pas le moment d’ouvrir cette boîte de Pandore. Surtout pas maintenant.
Pourquoi cette pensée “pas maintenant” vient-elle de me traverser l’esprit avec urgence ? J’entends la voix d’Akira “une partie du cerveau sait quelque chose que l’autre ignore”. La porte s’est entrouverte.
Il a changé - toute son allure qui était celle d’un ours gauche mais vigoureux et brutal est différente, il s’est dégrossi. A présent, son visage se superpose à mon souvenir. Suis-je sûre? Non, bien sûr. Je ne l’ai vu qu’un instant.
C’est lui. Si ce n’était pas lui, je ne serais pas saisie de ce vertige, comme si un vent du nord traversait mon corps. Où est ma petite Sainte ? Il faut qu’elle me le confirme !
Ne rien dire à personne, même pas à moi-même, à cette partie de moi qui ne veut pas le savoir. Je ne suis sûre de rien.
Mais c’est déjà trop tard. Comme une inondation qui s’est infiltrée dans les interstices de ma conscience, la réalisation m’a atteinte et je ne peux plus aller en arrière.
L’homme que j’ai reconnu à Trinity, c’était Bergaud.
J'aime beaucoup les réflexions sur le pardon, l'histoire des agresseurs de Max prend tout son sens. Avec en plus les éléments bibliques que tu apportes, c'est super intéressant.
Je voulais des problèmes dans le chapitre précédent, je suis servi ! Première (douloureuse) dispute entre Greg et Max, doutes de Katherine (qu'est-ce qu'elle m'est désagréable celle-là !), probable retour à venir de Bergaud. Voilà beaucoup d'éléments intéressants !
Je suis soulagé de la réconciliation entre Greg et Max mais j'ai peur que leur relation soit à nouveau mise en danger dans les prochains chapitres.
De manière générale, j'apprécie vraiment beaucoup tes personnages, ils sont vraiment vivants. On a toujours l'impression de vivre une histoire réelle et du coup je suis très investi dans tous les rebondissements. J'ai une réelle envie de voir Max et Greg surmonter leurs difficultés ensemble... Les deux sont maladroits mais éprouvent un réel amour.
Sympa de retrouver un peu Akira, ça sera intéressant de le revoir en vrai si Max fait effectivement ce voyage au Japon. J'imagine qu'ils auront des choses à se raconter.
Petites bricoles :
"à residence chez ses parents" -> résidence
"Je devine que se réponse" -> sa
"Katherine a forcément remarqué j'étais rouge de confusion." -> que j'étais "Suis-je sûre?" manque un espace avant le point d'interrogation
Un plaisir,
A bientôt !
C'est drole ce que tu dis a propos de Katherine car c'est un personnage pas facile mais que j'aime beaucoup ! Elle a souvent raison et et elle est la seule a detecter que Max vit sous une "couverture".
Et rien n'echappe a ton oeil d'aigle !
Merci encore !
C’est vrai que les personnages sont assez complexes. Personnellement, c’est l’un des aspects qui me plait le plus dans cette histoire. Par contre Max, pour une multi-centenaire, parait quand même parfois un peu naïve. Elle fait plus jeune fille que vieille sage (grosse différence avec Akira…).
Bien aimé les réflexions (sarcastiques) sur Jésus. Un humour qui marche bien, en tout cas avec moi (je connais quelques personnes qui apprécieraient moins…).
Quelques notes prises au passage :
- Carol a été requise d’aller habiter chez ses parents : ça fait bizarre comme phrase (requise ?). Ce serait pas une traduction de l’américain ?
- les invites n’ont manifesté : invités (accent)
- dans notre mémoire, Elles y rouillent : mettre un point ou supprimer la majuscule
- Katherine a forcément remarqué j'étais rouge de confusion : … remarqué que j’étais rouge …
- … dans ce que je comprends est la conclusion de notre conversation : dans ce que je comprends comme la conclusion de notre conversation (?)
- Peut-être puis-je arriver à dépouiller ces faits si anciens de leur pesanteur sur mon présent ? : j’ai eu beau relire cette phrase plusieurs fois, j’ai un peu de mal… Par rapport à la légèreté de ton écriture, je la trouve très lourde.
Au plaisir de lire la suite.
Et ca m'interesse beaucoup ce que tu dis de la naivete de la narratrice. Je ne le percois pas ainsi et c'est d'autant plus inspirant d'avoir une opinion dans une direction toute differente.
J'apprecie aussi ton sens du detail et les coquilles que tu as relevees. Merci de me lire.
Je ne peux m'empecher d'esperer pouvoir lire le reste de ton histoire, les chapitres que j'ai lus m'ont beaucoup interessee.
Merci encore!
Déjà un petit bout de temps sans nouvelles de Max. J'espère qu'il ne lui ait rien arrivée... ni à son auteure !
"Je ne peux m'empecher d'esperer pouvoir lire le reste de ton histoire, les chapitres que j'ai lus m'ont beaucoup interessee. ": --> le roman est disponible sur toutes les plateformes de ventes numériques (librinova, amazon, books.google, fnac, kobo ...). Je serais enchanté de recevoir ton opinion finale.
Au plaisir.
Bonne lecture, bon courage pour l'écriture de "L'éternité du matin au soir" et à très bientôt j'espère.
Beaucoup de choses intéressantes, même si pendant toute une partie, je n'avais qu'une envie, c'était de donner des claques à Greg qui ne comprenait rien à rien. Il est toujours aussi gauche celui-là et je dois avouer que comme Max, j'étais parfois un peu lassé par son obsession du pardon. On peut comprendre que cela lui tient à cœur, mais il ne doit pas non plus être naïf et blessant envers Max qui veut l'aider. Cela a fait du bien car il a dit ce qu'il avait sur le cœur en ce qui concerne Carol, même s'il a été injuste avec Max. D'un côté, cela va lui faire du bien de retrouver Akira, même si j'éprouve quelques craintes sur ce qui va se passer pendant son absence. Au passage, les informations sur Libby étaient très intéressantes.
J'aurais deux petites remarques pour ce chapitre.
Le premier concerne les parties 1 et 2 que j'ai trouvé parfois qu'elle allait un peu vite. Il y a beaucoup d'informations d'un coup et parfois j'ai l'impression que cela allait un peu dans tous les sens. J'ai tout compris mais j'ai du relire certains passages pour bien tout saisir. Peut-être que ce sentiment venait du fait que je n'avais peut-être plus tout en tête et qu'il a fallu un temps de réadaptation pour replonger dans l'histoire.
L'autre élément concerne le dialogue avec Katherine qui désolée pour toi, mais je l'apprécie de moi en moi. J'ai l'impression qu'elle passe son temps à s'en prendre à Max et puis après, tout va pour le mieux. Elle semble avoir quelques sauts d'humeur, mais après on comprend désormais pourquoi elle n'a pas trop apprécié la désobéissance de Max et son inquiétude pour sa mère.
Quoi qu'il en soit, je suis toujours contente de retrouver ton histoire ! Hâte de connaitre la suite ! :-)