Chapitre 26

Par Mila

Trouve…. Trouve la vérité la vérité trouve la… tu dois la vérité la vérité la vérité trouve la vérité. Trouve la vérité, trouve la pour la vérité émerge. Trouve la vérité, la vérité la vérité la vérité tu dois…

 

“Stop !”

 

Taïe s’était relevée d’un coup sur sa couverture, tremblante. Le feu de camp crépitait à peine, seules quelques braises éparses rougeoyant encore dans la nuit noire. Son cri avait alerté Elyie, qui montait la garde avec Ka’ni. Le front couvert de sueur, elle respira profondément en se levant. Les yeux fermés, elle apprécia la brise fraîche qui soufflait sur la plaine, apportant des odeurs de fumée et de poussière. La voix n’avait pas totalement disparu de son esprit, persistant sous la forme d’un chuchotement à peine perceptible. Agaçant certes, mais supportable.

 

“Tu l’entendais encore ?”

 

Elyie la regardait avec un air inquiet. Au fil du temps, elle avait commencé à remarquer quand Temps se manifestait, et s’était rendu compte que cette dernière agissait principalement quand l’esprit de Taïe était ailleurs, ou qu’elle était dans ses pensées.

 

“Je pense qu’elle profite du fait que ta conscience soit affaiblie pour parler. Quand tu es dans la lune, ou que tu es en train de t’endormir”, avait-elle dit à la guerrière alors qu’elles chevauchaient dans la plaine.

 

Et, malheureusement, Taïe n’avait pu démentir cette théorie. Depuis quelques jours, les voix revenaient sans cesse, s’insinuant dans son esprit comme le sifflement d’un serpent et ne lui laissant aucun répit.

Les blessures de Ka’ni les avaient grandement retardés, le Soboemns ne pouvant supporter le galop des chevaux. Ils avançaient donc à une allure d’escargot, et avaient pris plusieurs jours de retard. C’était déjà la deuxième nuit qu’ils passaient dans la plaine rocheuse, entourés de pierriers pouvant abriter de nouvelles créatures. Autour d’eux, de la fumée avait commencé à s’échapper des fissures au sol, remplissant leurs poumons d’une odeur de cendre et irritant leurs yeux.

Malheureusement pour Taïe, les longs voyages étaient des interludes propices aux divagations de l’esprit, et elle bataillait contre l’âme beaucoup trop souvent à son goût.

 

Ne voulant se recoucher, de peur de laisser son esprit vulnérable à nouveau, elle rejoignit ses deux amis face à la plaine.

 

“Elle va me rendre folle. Je vais la trouver, sa vérité !”

 

Sa voix était chargée d’amertume. Pour autant, entendre Temps lui apportait un sentiment de réconfort. Chaque jour, elle avait l’impression qu’elles se rapprochaient, qu’elle s’ouvrait un peu plus à l’âme. Elle ne pouvait s’empêcher de songer que ce sentiment lui était sûrement instillé par Temps, mais une petite partie d’elle, cette petite partie égoïste, se satisfaisait de cette chose en plus qu’elle avait, et les autres pas.

Elle passa le reste de la nuit à discuter de tout et de rien avec Elyie et Ka’ni, pour occuper son esprit. De toute façon, elle aurait été bien incapable de se rendormir.

Le lendemain, ils partirent à l’aube, et purent accélérer un peu la cadence. Cependant, la nuit blanche de Taïe ne fut pas sans conséquences, et elle manqua de s’endormir sur sa selle à plusieurs reprises. Côté positif, elle était si fatiguée qu’elle entendait à peine l’âme. Le chuchotement était si diffus qu’il lui faisait l’effet d’une brise soufflant tout au fond de sa conscience.

Plus ils avançaient, plus la température augmentait. Leurs bras étaient couverts de sueur, et leurs gourdes se vidaient vite. Cette chaleur n’était pas comparable à celle de l’été, libérée par le soleil. Non, celle-ci rappelait la brûlure des flammes, des incendies. En milieu de journée, Nali’ah annonça que Ban’eh et elle n’allaient pas les suivre plus loin.

 

“Nous allons continuer vers le nord, en contournant les plaines Brûlées et le gouffre de l’enfer. Nous vous attendrons au Canyon de Can.

-Je ne sais combien de jours nous resterons, objecta Lo’hic, espérant sûrement qu’elle reparte à Feli’ah ou mieux, à Vagua’hey.

-Nous attendrons le temps qu’il faudra.”

 

Sur ses mots, elle fit faire demi-tour à son cheval et s’éloigna au galop, Ban’eh la suivant de près. Lo’hic avait haussé les épaules.

 

“Bon débarras”, avait-il grommelé.

 

Le soir venu, dans le ciel obscur, ils avaient enfin aperçu l’énorme volcan abritant la capitale Korafiè, Far’hey. Minuscule à l’horizon, le nuage de fumée qui s’en échappait suffisait à couvrir le ciel à des kilomètres à la ronde.

 

“Nous n’irons pas jusque-là, nos corps ne pourront supporter la chaleur. La seule partie du gouffre de l’enfer nous étant accessible est l’Antichambre. Nous devrions l’atteindre en fin de journée.

 

En effet, quand le soleil se coucha, du moins ils le supposaient, ne pouvant distinguer le ciel à travers le nuage de cendres, le paysage changea brusquement. La platitude infinie de la plaine avait laissé place à un gigantesque gouffre. C’était comme si le sol s’était brusquement abaissé, pour descendre presque un demi-kilomètre plus bas. Le cratère était si vaste qu’ils n’en voyaient pas les frontières. Au loin, ils pouvaient apercevoir quelques filaments rouges répandus au sol, des rivières de lave. Non loin de la falaise qui donnait sur ce fascinant paysage, une étrange formation géographique attirait l’attention. Toute une portion de terre s’élevait entre le bord et le fond du cratère. Comme une marche, un escalier façonné par un géant pour pénétrer dans le gouffre de l’enfer. L’Antichambre. Toute une zone située à l’entrée du gouffre, n’étant ni au niveau de la surface, ni au niveau du fond. Elle portait bien son nom, c’était un vestibule, un gigantesque hall à ciel ouvert. L’entrée de l’Enfer.

Un petit chemin serpentait le long de la falaise, si étroit que Taïe craignait que Fine Fleur ne dérape à chaque instant. Les pierres friables, d’une teinte rougeâtre, glissaient sous les sabots de la jument. Crispée sur sa selle, les doigts serrés autour des rênes à s’en blanchir les jointures, Taïe évitait de regarder en bas. Chaque soubresaut la faisait se tendre un peu plus, les jambes serrées le plus possible.

 

Quand ils débouchèrent enfin sur l’immense plateau, la température était presque étouffante. Taïe poussa un soupir de soulagement, et quand Lo’hic mit pied à terre, elle ne se fit pas prier pour l’imiter. Le sage détacha le filet et la selle de sa monture pour les cacher dans une fissure de la falaise. Les chevaux, ruisselants de sueur, s’éloignèrent doucement.

 

“Nous ne pouvions les laisser en haut, ils auraient été à la merci des créatures. Ici, ils sauront trouver le coin le plus agréable pour eux tout seuls.”

 

Une fois les chevaux en liberté, il mit le cap vers un immense bâtiment troglodytique taillé dans la falaise. À presque chaque fenêtre, un grand feu de camp était allumé. Deux d’entre eux gardaient la porte principale, devant laquelle Lo’hic s’arrêta.

 

“Frontaliers, je viens vous demander l’autorisation de consulter la bibliothèque de feu.”

 

Pendant un instant, Taïe se demanda à qui il parlait, puis étouffa un cri quand elle vit les deux feux se lever. Se mettre debout, comme des êtres humains, en se tenant sur deux jambes. Ce n’étaient pas de simples flambeaux qui gardaient la porte, mais des Korafiès. Elle comprenait à présent le mutisme du sage face à ses questions sur ce peuple. Elle s’était demandé comment ils vivaient dans de telles températures, elle avait sa réponse. Ils ne craignaient pas la chaleur, puisqu’ils étaient faits de feu. Les courbes des flammes formaient leurs doigts, jambes, tête, bras. Seuls leurs yeux détonnaient : ils semblaient être faits de lave pure. Petit détail intriguant, une unique boucle d’oreille en pierre pendait à leur lobe. Ainsi ils étaient en flammes…solides.

Après un instant de stupéfaction, Taïe réalisa qu’elle les fixait avec de grands yeux écarquillés. Se rendant compte de son impolitesse, elle baissa la tête en s’excusant. La sentinelle de droite lui adressa un sourire amusé. Celle de gauche, en revanche, regardait Lo’hic avec méfiance.

 

“D’où venez-vous ?

-De Feli’ah. Nous avons fait un long voyage pour venir ici, j’espère donc que vous accepterez de demander pour nous une autorisation au roi.”

 

La sentinelle le jaugea du regard, puis s’écarta de la porte.

 

“Entrez. Vous allez voir le commandant. Pas vous, ajouta-t-il à l’intention de Taïe, Elyie et Ka’ni. Vous restez à l’extérieur.”

 

Il disparut à la suite de Lo’hic, laissant une traînée de flammes sur son passage. Consternée, Taïe se tourna vers l’autre sentinelle, qui n’était déjà plus qu’une boule de feu. Cependant, elle ne doutait pas qu’elle les écoute toujours. Manifestement, même les flammes avaient des oreilles. Elle soupira, puis se tourna vers ses camarades.

 

“Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?”

 

Au moment où elle se retourna, elle vit que quelque chose clochait. Un cri perçant résonna dans sa tête, un mot crié d’une voix grave, mais si fort qu’elle ne le comprit pas. Sa vision se troubla et elle mit ses mains sur sa tête, essayant d’étouffer l’intense douleur qui la submergeait. Ka’ni la regardait, la bouche ouverte, prêt à parler, cependant il était figé. Elyie, elle, bougeait encore, mais par mouvements ralentis. Son corps était nimbé d’un halo doré luisant faiblement. Enfin, avec une lenteur exaspérante, le monde redevint net et mobile.

 

Le phénomène l’avait laissée pantelante, vidée de ses forces. Prenant de grandes inspirations tremblantes, elle se redressa. Ka’ni les regardait sans comprendre, interloqué.

 

“Taïe a arrêté le temps, lui dit Elyie.

-Non, enfin si… Taïe cherchait ses mots. Ce n’était pas comme les autres fois, pas volontaire. D’habitude, je ressens quelque chose de spécifique, une sensation de déchirure…. Pas cette fois. Je n’étais pas en danger, il n’y avait aucune raison que le temps s’arrête.”

 

La soigneuse ne dit rien, songeuse.

 

“Et toi Elyie, tu brillais.

-Pardon ?

-Tu brillais. Tout ton corps était illuminé, comme lorsque j’utilise le pouvoir de Temps.”

 

La voix rauque de la sentinelle Korafiè les fit sursauter.

 

“Ne restez pas ici, ou mon camarade vous chassera quand il reviendra.”

 

Ne voulant contrarier leurs hôtes, les jeunes gens retournèrent au point de la falaise où ils avaient lâché les chevaux. Ka’ni, intrigué, revenait sur ce qui venait de se passer.

 

“Pour qu’une affinité se déclenche, il faut obligatoirement une sollicitation de son possesseur. Je sais ce que vous allez me dire, ajouta-t-il rapidement en voyant Elyie ouvrir la bouche, ce n’est pas une affinité. Mais réfléchissez : nos pouvoirs nous viennent de ceux de nos Tsadiens. Des ramifications de l’élément de notre Esprit. C’est ce que tu possèdes, Taïe, non pas un pouvoir, mais l’élément en lui-même. Ce que tu as en toi, c’est l’âme de la Tsadienne, le temps.”

 

Un grand silence accueillit sa déclaration, avant qu’il ne reprenne la parole.

 

“Si nos affinités sont reliées aux essences de nos Tsadiens, alors ils sont connectés. Ce que j’essaye de dire, c’est qu’il doit y avoir des similarités, non ?

-Probablement.”

 

Cependant, Taïe n’était pas tout à fait convaincue.. N’ayant aucune affinité, elle n’avait pas de comparaison.

 

“De toute façon, je me suis entraînée, dans la plaine.”

 

Ignorant les remarques surprises de ses camarades, elle s’agenouilla et ramassa une poignée de poussière rouge. N’ayant toujours un être vivant à proximité, et de toute façon incapable d’arrêter des humains, elle avait trouvé une alternative. Le sable, ou les roches qu’elle jetait en l’air étaient un bon entraînement. Elle se releva en pivotant, et lança sa poignée au-dessus de sa tête. La gerbe ocre s’éleva et retomba lentement, flottant entre eux. Concentrée, Taïe ne la quittait pas des yeux. Elle ramena du plus profond de sa conscience la présence de l’âme, la sentant enfler de seconde en seconde. Soudain, une vague de chuchotements la transperça comme un éclair, aussi vif qu’un coup de poignard. L’instant d’après, elle était passée, et la concentration de Taïe n’avait pas fléchi un seul instant. Agacée, elle secoua la tête et plissa les yeux. Elle avait découvert deux façons d’arrêter un objet, ou un corps. La première, la plus simple, consistait à immobiliser une zone entière autour de la cible. Si quelque chose d’extérieur y entrait, il était aussi arrêté. Cela lui rappelait la zone détemporalisée, sauf que la sienne était beaucoup plus réduite et que le temps était tout bonnement figé, pas fluctuant. La deuxième possibilité était plus complexe. Elle n’agissait pas sur une zone entière, mais sur l’objet à arrêter lui-même. Depuis son cœur, remontant dans toutes les particules qui le constituaient. Ainsi, même un intervenant extérieur ne pouvait agir.

C’est ce qu’elle essayait de faire en cet instant. La poussière retombait lentement, et elle tentait de percevoir chaque morceau afin de l’arrêter. La taille étant réduite, presque minuscule même, ce n’était pas ça qui posait problème, mais la quantité. Elle passait de l’un à l’autre à toute vitesse, étendant sa conscience à tout le nuage. Le front ruisselant de sueur, elle respira enfin. La moitié de sa poignée était restée figée en l’air, et l’autre était retombée par terre. Elle eut une moue de dégoût. Son corps tremblait encore, luttant pour ne pas relâcher la pression.

 

“Tout ça pour ça, cracha-t-elle.”

 

Lorsqu’elle défit son emprise, son pouvoir mit quelques secondes à s’éteindre totalement. Une fois qu’elle eut expliqué la complexité de la chose à ses amis, Elyie tenta de la rassurer.

 

“Tu n’as pas choisi la simplicité. Tant que tu maîtrises l’autre méthode…

-Justement, c’est ça le problème ! s’emporta Taïe. Je n’y arrive qu’une fois sur deux, toujours avec un résultat médiocre.”

 

Ne sachant quoi dire de plus, la soigneuse se contenta de tracer des formes sur le sol avec la pointe de son pied. Ka’ni, éternel optimiste, ne s’arrêta pas en si bon chemin.

 

“Ça viendra avec le temps et la pratique.”

 

Toujours sur les nerfs, Taïe ne lui répondit pas et s’éloigna. À quelques endroits, des blocs de pierre sortaient abruptement du sol, et formaient un véritable labyrinthe. Désireuse d’échapper aux commentaires des deux autres, elle s’y engagea. À son grand malheur, ils s’engagèrent à sa suite. Les parois de pierre étaient chaudes sous ses doigts, défilant tandis qu’elle s’enfonçait toujours plus profondément dans le dédale. Du moins en avait-elle eu l’impression au premier abord : en vérité, elle retrouvait facilement son chemin, et passait même plusieurs fois au même endroit. Au détour d’un virage, un bruit familier la stoppa net. Elle tendit l’oreille, incertaine. Ses pieds s’agitèrent dans la poussière, indécise. Quand elle entendit les voix d’Elyie et Ka’ni derrière elle, elle s’élança en direction du bruit sans hésiter, loin d’eux. Après avoir déambulé l’oreille tendue pendant quelques minutes, comme un animal en chasse, elle trouva enfin la source du son si familier. Et pour cause ! Devant elle, entre les parois abruptes de roche rouge, un véritable fleuve coulait sauvagement. Le clapotis de l’eau rebondissant sur les rochers créait une mélodie apaisante. De la vraie eau, et non pas un fleuve de lave comme elle en avait vu plus loin ! Assoiffée, elle se pencha au-dessus de l’onde et y plongea ses mains, pour les ressortir aussitôt, surprise. L’eau était chaude, elle aurait dû s’y attendre. La pierre contre laquelle elle coulait la rendait presque brûlante. Elle se contenta alors de s’asseoir tout au bord de la berge, et de se laisser détendre par le bruit du courant. Voilà qui était toujours mieux que les piaillements de ses camarades.

 

Était-ce vraiment sa faute si elle n’arrivait pas à maîtriser son pouvoir ? Il ne faisait pas partie d’elle, c’était seulement l’âme qui lui prodiguait son don. Le laisser-aller de ses pensées laissait déjà ressurgir les voix incessantes. Pourrait-elle un jour les faire taire ? Maîtriser l’âme ? À cette pensée, un sentiment de puissance se déploya en elle. En serait-elle un jour capable ? Dompter Temps, dompter le temps. Cette sensation grisante lui arracha un rire. La perspective d’exercer un pouvoir sur une âme Tsadienne était intimidante, mais, elle devait l’avouer, très tentante. Comme pour protester, les voix se firent plus fortes.

 

Trouve la vérité, la vérité. La véri…

 

“Oh, tais-toi !”

 

Elle avait crié, tout en jetant une pierre dans le fleuve. Elle tomba au milieu du courant avec un ploc décevant, et fut emportée vers l’aval. En tentant de la suivre des yeux, le regard de Taïe tomba sur une forme humanoïde en flammes, recroquevillée sur la berge. Ses pieds se balançaient dangereusement près de la surface, produisant un petit nuage de vapeur chaque fois qu’une goutte les atteignait. La guerrière s’étonna de ne pas l’avoir remarqué avant, puis se dit que cela n’avait rien d’étonnant. Le Korafiè se fondait presque parfaitement dans le décor. Ses deux yeux de lave étaient rivés sur elle, ne trahissant aucune émotion. Elle se leva, puis en le voyant avoir un mouvement de recul, se traita mentalement d’imbécile. Il doit me prendre pour une folle, à crier sur personne !

 

“Bonjour”, essaya-t-elle maladroitement.

 

Le Korafiè se détendit devant cette salutation plus que banale. Rassuré, il se leva et vint la rejoindre. Taïe tressaillit quand il s’assit trop près d’elle : même à une distance respectable, la chaleur qu’il dégageait lui brûlait presque les bras.

 

“Oh, pardon, balbutia-t-il. Je n’ai pas l’habitude de croiser des Soboemns, ajouta-t-il dans un rire.”

 

Il paraissait totalement détendu, à présent. Après qu’elle l’ait rectifié sur ses origines, lui disant seulement qu’elle venait d’une forêt lointaine, un silence tranquille s’installa.

 

“Je m’appelle Pavel, annonça-t-il d’un ton calme.

-Taïe”, répondit-elle simplement.

 

Alors qu’elle s’apprêtait à rompre de nouveau le silence avec une banalité ennuyeuse, des bruits de pas et de rires derrière elle la firent aussitôt se retourner. En voyant Elyie et Ka’ni arriver, les battements de son cœur se calmèrent.

 

“Je te présente mes amis. Elyie est comme moi, mais Ka’ni est bien un Soboemns.”

 

Pavel adressa un grand sourire à Elyie, puis regarda le jeune homme un long moment, les yeux rivés sur lui. Ses yeux scrutaient chaque détail, décortiquaient chaque parcelle du Soboemns. Après un long moment, son sourire revint et il se leva prestement.

 

“Bienvenue à l’Antichambre, dans ce cas. Je suis Pavel.

-Taïe, dit Elyie en se tournant vers la guerrière. Lo’hic nous a appelés, nous te cherchions. Le commandant nous laisse entrer. Je pense qu’il vaut mieux que nous y allions tous ensemble. Pavel, tu nous accompagnes ?”

 

Une lueur de lassitude et d’appréhension passa dans les yeux du Korafiè, mais il acquiesça et suivit le groupe. À regret, Taïe se détourna du fleuve chantant.

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