Arya se leva l’esprit toujours aussi tourbillonnant. Elle rejoignit Daryl qui ne fit aucun commentaire. Il comprenait que son ancienne apprentie put être mélancolique. Elle avait toutes les raisons de l’être.
- Tu m’assistes ce matin.
- Avec plaisir, Daryl, répondit Arya.
L’opération se passa sans anicroche.
- Le directeur veut vous voir, annonça Tarn dès qu’elle fut sortie.
Daryl se crispa en lui jetant un regard disant « T’as pas fait une connerie au moins ! ». Arya baissa le nez vers le sol, trop coupable pour se sentir capable de mentir, même avec les yeux. Elle se sépara de Daryl pour rejoindre le bureau du directeur. Elle entra sur sa permission.
- Les salopards ! explosa-t-il immédiatement. Il s’avère que tu avais raison. Le haut prêtre cachait pas moins de vingt sacs de riz dans une petite pièce lui servant de réserve personnelle. Il a été sacrifié.
Arya ouvrit de grands yeux ahuris. Elle venait vraiment de mener le haut prêtre à la mort ? Elle n’en revenait pas. Elle en aurait ri de plaisir si le directeur n’avait pas montré un visage aussi rouge et bouffi de rage.
- L’artiste suprême partage avec l’ensemble de l’Académie des arts et le couple régnant offre des spécialités à base de riz à toutes les réceptions qu’ils organisent. Seuls les jaunes étaient lésés. Incroyable ! Quel salopard ! Le principe de partage est la base des livres sacrés. Puissent les dragons le dévorer.
- Puissent les dragons le dévorer, répéta Arya qui retenait difficilement son fou rire.
- Vous aurez du riz, promit-il.
- Et vous aussi.
- Tous les jaunes en auront, grogna le directeur. Je n’arrive pas à me calmer. Je vais aller nager. Ça me fera du bien. Vous pouvez disposer, Arya.
Elle s’inclina légèrement puis sortit, ravie. Lui dire maintenant qu’elle avait refusé la reproduction n’aurait pas été une bonne idée. Mieux valait attendre qu’il se calme. Demain ?
Elle retrouva Daryl après le déjeuner. Il l’interrogea et elle lui raconta volontiers. Tout le monde avait eu du riz au lait en dessert, y compris Arya et Jameïla. Daryl promit de faire passer le mot qu’elle était à l’origine du retour de ce met rare. Elle remercia chaleureusement son ancien mentor.
Alors qu’elle venait de finir son dîner et de congédier Jameïla, Arya vit les gardes sortirent leurs épées en regardant le ciel. Arya leva les yeux dans la direction observée par Tarn et Louann pour voir une aile noire, seule, approcher. Elle se posa devant Arya qui resta figée, un sourire béat sur le visage, incapable de bouger ou de parler.
Il était là. Il était venu. Cela ne pouvait pas être vrai. Il était une hallucination de son esprit. La réaction des gardes prouvait que non, elle n’inventait pas Rafaël devant elle.
- J’ai le droit de venir ici, gronda Rafaël à l’adresse de Tarn et Louann. J’ai atterri dans une zone non publique de la clinique, comme il nous a été demandé de le faire.
Les gardes rengainèrent leurs armes en bougonnant. Rafaël s’assit à côté d’Arya.
- Tu m’aimes ? lança-t-il d’un ton taquin. Tu ne me connais pas.
- Tu es tellement beau, même si je préfère tes ailes au naturel.
- Tu ne les as pas vues ! répliqua-t-il.
- Si, en coup de vent, quand tu es parti les faire teindre.
- Chut ! C’est interdit de faire ça, rappela-t-il en la gratifiant d’un regard amusé. Je suis beau ?
Arya hocha la tête en rougissant.
- T’es pas mal non plus mais je ne te connais pas. Je ne couche pas avec la première venue !
- Je n’ai jamais rien proposé de tel ! s’exclama Arya, son visage prenant la même teinte que les ailes des gardes l’escortant.
- Dommage, dit Rafaël. Ça ne me déplairait pas de coucher avec toi.
- Mais tu viens de dire…
- T’es toujours aussi facile à manipuler par le bout du nez ? s’amusa-t-il.
Arya baissa les yeux. Il lui releva le menton.
- Allez, j’arrête de te taquiner. Ça me plairait d’apprendre à te connaître, de passer du temps avec toi et plus si affinités.
Arya sentit sa respiration s’accélérer tandis qu’elle souriait bêtement.
- Ça te dirait de monter une collaboration entre les droguistes de ma communauté et les médecins de la clinique ? Nous avons besoin d’une porte-parole.
- Carrément mais c’est trop tôt. Je ne suis pas assez connue.
- Tu es celle qui as ramené le riz. Crois-moi : ta première fois au restaurant de la clinique sera saluée d’une « hola » générale. Gautier te remercie, au fait. L’intendant Jurt n’a pas été heureux de découvrir l’absence de gestionnaire mais la venue d’un prêtre jaune le remerciant personnellement pour le riz l’a achevé de laisser les hommes gérer eux-même la ferme.
- Aucun ailé de votre communauté n’a accepté de les aider ?
- De la mienne, non. De ceux de l’ombre ou des impurs renégats, oui. Sauf qu’ils agissent sans se montrer. Gautier est officiellement devenu gestionnaire. Il a pris Gontrand comme second.
- Je suis tellement heureuse pour eux ! Et pour vous ! C’est bon, hein, le canard !
Rafaël sourit en acquiesçant de la tête.
- Bref, pense à nous, termina-t-il.
- Je saisirai la moindre occasion de vendre vos compétences en matière de produits médicaux. Je ne serais pas contre d’autres doses d’antidote contre le poison du Priae.
- Je t’en amènerai demain, si tu veux bien que je revienne.
- Tu t’en vas ? gémit Arya.
- Tout de suite, non. Mais je ne peux pas vivre ici non plus.
- Tu as une femme qui t’attend au campement, supposa Arya.
- Non, rien de ce genre, non. Je baise pour le côté reproductif et le plaisir, mais je ne suis pas attaché sentimentalement. Seulement, mes produits sont fabriqués à partir de plantes poussant dans les marécages.
- D’ailleurs, à ce propos, les travailleurs vous ont montré les racines sucrières ?
- Non, dit Rafaël en secouant la tête.
- Ils n’ont pas dû y penser. Demandez-leur ! Ça vaut le détour.
- D’accord, répondit Rafaël.
- Dis, Rafaël, si toi et moi faisons un bébé, de quelle couleur seront ses ailes ?
- De la même que toi. Le doré n’apparaît que si les deux parents le portent.
- Ça t’embête que je me reproduise avec toi ?
- Est-ce que ça m’embête qu’on baise ? Non. Tu es mignonne mais tu ne veux pas qu’on apprenne à se connaître d’abord ?
- C’est une façon comme une autre de se découvrir, répliqua Arya.
- Certes, en convint Rafaël.
- Et je ne te parle pas de baiser mais de se reproduire. Ça t’embête si je ponds des enfants de toi mais que je les offre aux jaunes ?
- Moi, je m’en fous, mais les jaunes…
- Ils n’en sauront rien, n’est-ce pas ? Les enfants seront des jaunes comme les autres.
Rafaël prit un long moment de réflexion avant de hocher la tête.
- Je dois absolument pondre dans trois mois. J’ai laissé croire au directeur que j’avais accepté la reproduction avec lui mais ça m’a vraiment trop dégoûté !
- C’est urgent, donc.
Arya hocha la tête.
- D’accord, dit-il.
Arya parcourut en un instant la distance qui la séparait de Rafaël pour se jeter sur ses lèvres.
- Hé ! dirent en même temps Rafaël et Louann.
- Reculez ! grogna Louann. Vous avez le droit de faire ça ?
- De baiser ? s’étrangla Arya. Il faudrait beau voir qu’on me l’interdise !
- Je suis persuadée du contraire, gronda Louann. Je vais aller vérifier auprès du directeur. Tarn ! Tu les surveilles. Interdiction qu’ils baisent avant que je revienne.
Le second garde rouge soupira en secouant la tête. Louann déplia ses ailes et disparut rapidement dans la nuit sombre.
- Tu es toujours aussi directe ? s’amusa Rafaël. Un peu plus et je me faisais violer.
- Pardon, bredouilla Arya. Je… Je…
- Tu es jeune, impétueuse et un peu maladroite, mais c’est mignon.
Arya se recula, les larmes aux yeux.
- Hé ! Ma belle ! Il n’y a pas de mal. Viens par là. Et si on commençait juste par des câlins ?
- Des câlins ? répéta Arya.
- Tu sais ce que sont les préliminaires ?
En théorie, oui, mais Gautier ne s’en embarrassait pas. Ils disposaient de peu de temps et d’une énergie limitée. Il s’agissait de ne pas gaspiller et de rejoindre vite les hamacs pour une nuit bien méritée. Il s’agissait de combler le corps en manque et pas d’un moyen d’exprimer des sentiments inexistants de toute façon.
Arya remua le nez. Prendre son temps ? Profiter ? S’offrir un véritable moment de détente et d’écoute réciproque ? Cela la tentait carrément. Elle rougit et sourit avant de se blottir dans ses bras. Louann revint à ce moment-là.
- Alors ? lança Tarn d’un ton glacial.
- Tant que les enfants ont les ailes jaunes, elle peut faire ce qu’elle veut.
Arya fixa Rafaël. Ils pensaient ses ailes noires, la couleur dominante qui se transmettait automatiquement. La teinture les avait bernés. Arya plongea son regard dans celui de Rafaël et se laissa porter. La suite les combla tous les deux.
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Arya sentit son ventre la lancer. Ce n’était pas l’estomac, mais beaucoup plus bas. Elle comprit que le moment était venu. Elle se tourna vers son mentor.
- Daryl, peux-tu finir seul ?
- Oui, pourquoi ?
- Je dois aller pondre.
- Oh ! Bien sûr ! File !
Arya sortit mais un vertige la saisit. Elle s’appuya contre le mur. Elle avait chaud et froid en même temps.
- Madame ? Ça va ? demanda Tarn en s’approchant.
- Je dois… Mon nid…
Tarn la saisit sous l’épaule et la guida jusqu’à ses appartements. Il la déposa devant le nid. Elle savait qu’il n’y mettrait pas un pied. Jamais un homme n’oserait en passer le seuil. C’était un acte terriblement offensant. Quant à Louann, l’ailée rouge méprisait ouvertement Arya. Elle ne l’aurait pas aidée. Arya se traîna jusqu’à l’intérieur et ferma la porte.
Pourquoi cela était-il aussi douloureux ? Ce n’était pas censé l’être ! Seules les humaines souffraient à l’enfantement ! Une nouvelle bouffée de chaleur la saisit.
- Madame ? dit la petite voix de Jameïla. Puis-je entrer ?
- Non ! hurla-t-elle. Je t’interdis de mettre un pied dans mon nid. C’est… mon… nid…
Sa tête la tourna. Elle la posa contre un mur en haletant et soudain tout son ventre se contracta. Elle sentit les premiers œufs glisser le long de son vagin pour écarter ses lèvres sexuelles, trouvant leur chemin vers la sortie. Arya les attrapa et les déposa avec amour vers une première étuve chaude et moelleuse. Il y en avait cinq. Arya les regarda, les yeux plein d’amour. Elle ne s’imagina pas les perdre.
Elle baissa les yeux. Elle les perdrait, tous, les uns après les autres, comme tout le monde. Elle n’était pas un miracle. Aucun dieu ne l’avait élue. Elle n’était que le fruit du hasard, un aléatoire qui n’avait aucune raison de se reproduire.
Son ventre lui donna l’impression de se déchirer tandis qu’un œuf parcourait à son tour le chemin vers l’extérieur. Arya l’attrapa pour le découvrir unique mais surtout, de la taille d’un melon. Cela expliquait sans aucun doute la douleur. Il était mou, chaud et gluant. Arya le déposa dans une autre étuve, loin des premiers.
Son ventre se contracta tandis que cinq autres petits œufs sortaient. Arya les plaça avec leurs frères et sœurs. La douleur la cloua sur place tandis que le suivant venait, un melon rouge-orangé.
Lorsque Arya ressortit du nid, elle rampa jusqu’à son lit et s’endormit, harassée. Elle fut éveillée par un linge frais sur son visage, très agréable. Elle ouvrit les yeux pour découvrir Jameïla, le visage inquiet.
- J’ai prévenu le directeur de votre état. Tout le monde s’inquiète. Comment vous sentez-vous, madame ?
- Épuisée, mais heureuse. La ponte s’est bien passée.
- J’en suis contente pour vous. Le directeur voulait savoir combien il y a d’œufs. Il a insisté pour que Louann jette un œil dans votre nid.
- Je ne veux pas…
- C’est déjà fait, madame, lui annonça Jameïla d’un ton navré. Elle n’est pas entrée. Elle a juste jeté un œil avant de repartir.
- Salopard ! grogna Arya avant de se calmer, la tête lui tournant. Je suis fatiguée.
- Dormez, madame. Je vais m’éloigner pour vous laisser tranquille.
- Je préférerais le hamac à ce lit. Dis à Tarn de venir me retirer le filet. J’ai pondu. Ils peuvent me le retirer.
Tarn entra et lui retira le filet.
- Vous voulez bien m’aider à m’installer dans mon hamac ? demanda-t-elle au garde.
Il hocha la tête. Contrairement à Louann, il semblait montrer un peu de compassion. Il l’aida et Arya dormit profondément. Elle eut le meilleur réveil au monde : un baiser de Rafaël.
- Tu as pondu, il paraît ? Jameïla m’a vendu la mèche à peine arrivé !
- Ils t’ont laissé entrer ! s’exclama Arya en descendant en souplesse du hamac.
- Elle est jolie, ta chambre. Il semble confortable, ce lit.
Il tâta le matelas.
- Où est Jameïla ?
- Dans le bureau. Tu as besoin d’elle ?
- Jameïla ? appela Arya.
La servante arriva à l’instant, preuve qu’elle écoutait ce qui se passait dans la chambre.
- Je crève de faim. Apporte-moi à manger, suffisamment pour que mon compagnon et toi puissiez en profiter.
Jameïla sourit à l’idée de faire un bon repas. Elle courut vers les cuisines.
- Tu l’as éloignée pour me dire quoi ? dit Rafaël, toujours aussi perspicace.
- J’ai pondu vingt-trois œufs, annonça Arya.
- Très bien, répondit-il. Et alors ?
- Vingt sont normaux, de la taille d’un abricot. Trois sont aussi gros qu’un melon. J’ai cru qu’ils m’ouvraient le ventre en deux.
Rafaël plissa les paupières.
- Je sais que les femmes dorées ne pondent qu’un seul gros œuf à chaque ponte mais c’est normal dans ce sens-là ?
- Je ne sais pas. Ça ne s’est, à ma connaissance, jamais produit. Pas qu’une pure qui se soit reproduit avec un doré donne naissance à de gros œufs, mais simplement qu’une autre couleur qu’une dorée se reproduise avec un doré. Ce sont les femmes dorées qui sont recherchées, pas les mâles.
- L’œuf d’une dorée, il est plus gros qu’un melon, non ?
- Beaucoup plus gros. On est plus proche de la pastèque. Beaucoup de femmes dorées meurent pendant l’enfantement. Il leur est extrêmement pénible. Ysalis en a pondu pas moins de douze. Elle a la rage, à n’en pas douter.
- Elle a survécu ? Elle a pu pondre son œuf ? interrogea Arya.
- Oui. Il est couvé, ne t’inquiète pas. Repose-toi.
Quand Jameïla arriva, elle trouva Arya endormie sur le torse nu de son compagnon. Il fit signe à la servante de faire silence. Ils mangèrent ensemble puis Rafaël partit comme une petite souris.
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- Tu n’as pas l’air bien. Qu’est-ce que tu as ?
- Je viens d’offrir un fils au directeur, dit Arya.
Rafaël la prit dans ses bras pour la consoler. Elle se laissa bercer.
- J’ai dit que je ne voulais pas l’élever. Devoir lui apprendre à obéir, à servir, à suivre des préceptes divins, c’est au-delà de mes forces.
- Un de tes œufs a éclos, murmura Rafaël .C’est une bonne nouvelle !
- Non, dit Arya.
Rafaël fronça les sourcils. Arya regarda autour d’elle et fit signe à Rafaël de s’approcher. Au creux de son oreille, elle murmura :
- Les trois gros ont éclos.
Après quoi elle se recula. Rafaël la dévisagea. Arya se leva, disparut dans le nid et revint, deux bébés dans les bras. Elle les tendit à Rafaël.
- Emmène-les. Si j’en donne trois au directeur, il se méfiera.
- Comment suis-je censé emmener deux bébés sans que personne ne me voit ? chuchota Rafaël, abasourdi.
- J’ai gardé les filles, indiqua Arya, pour qu’elles ne soient jamais utilisées comme des poules pondeuses. Prends-les. Ce sont tes filles !
- Je veux bien, s’énerva Rafaël qui criait tout en chuchotant. Je ne sais juste pas comment faire.
Arya en avait les larmes aux yeux.
- Emmène-les loin de ces porcs et de leur religion de merde.
Rafaël déposa les fillettes emmaillotées dans un linge blanc sur le lit et prit Arya dans ses bras.
- Emmène-les ! répéta Arya. C’est tellement dur de les abandonner.
- Si je pars aussi vite, ça paraîtra louche.
- Vous aurez de quoi les nourrir ?
- Oui, ne t’inquiète pas ! Nous avons de nombreux enfants au camp.
- J’ai tellement peur… qu’on me les prenne… qu’ils me les prennent. Je veux qu’elles deviennent des combattantes de la liberté, qu’elles soient le symbole de la justice, du respect et de l’égalité.
- Elles seront ce qu’elles auront envie d’être, s’opposa Rafaël. C’est ça, le credo porté par Ysalis, que chacun puisse faire ce qu’il veut, sans regard pour la couleur de ses ailes.
- Ou la présence même d’ailes sur son dos ? demanda Arya.
- Ysalis n’a pas adopté la cause des travailleurs, non, mais qui sait ? Nos filles le feront peut-être, si elles décident de suivre les traces de leur mère. Si nous combattons sur tous les fronts, nous nous essoufflerons.
- En soutenant les humains, vous vous dotez au contraire d’une immense force de frappe.
- Je porterai tes mots aux rebelles. Prends soin de toi, Arya. Tu es importante pour nous et pas seulement parce que tu guéris nos malades, que tu nous fournis des informations ou en nous donnant, de manière totalement inattendue, des enfants. Deux futures jaunes… Les autres ne vont pas en revenir !
Arya rit nerveusement.
- Tu es importante pour ce que tu représentes, pour le message que tu portes. Ta voix est entendue, portée, répétée et je continuerai à murmurer tes propos au vent. Ceux qui veulent entendre le feront et ta parole se répandra.
Arya hocha la tête, le visage couvert de larmes.
- Je t’aime, dit-elle.
Il l’embrassa sans rien lui répondre. Elle sut que ça n’était pas réciproque. Il venait pour lui apporter un peu de bonheur. Il était le paiement des rebelles en échange de soins, d’informations et désormais, de bébés. Elle leva les yeux sur lui, un goût amer dans la bouche.
- Ne t’inquiète pas pour moi, dit-il comme s’il lisait ses pensées. Je ne suis pas malheureux. Tu es une amante très appréciable.
- Mais tu ne m’aimes pas, pleura-t-elle.
- Je t’apprécie, vraiment beaucoup, dit-il avant de l’embrasser.
Il la baisa avec tendresse, l’amenant au nirvana.
- Pas trop de reproduction, la conseilla-t-il. Le but n’est pas que tu t’épuises non plus.
- Je dois coucher avec l’un d’eux avant chaque reproduction avec toi histoire de donner le change alors ça sera deux fois par an, comme requis. Ni plus, ni moins. Je suis sous surveillance. Impossible de pondre en catimini. Je suis consciente des risques que je prends. Je ferai attention.
- Tu m’en vois ravi. Je n’éprouve pas de sentiment amoureux envers toi mais tu comptes énormément pour moi.
Arya baissa le regard. Il l’embrassa sur le front, prit les deux bébés et les attacha comme il put à l’aide d’un drap.
- La prochaine fois, je viendrai avec un harnais. Je le porterai tout le temps, afin que les gardes prennent l’habitude de me voir avec.
- Excellente idée, approuva Arya. Ça te dérange si je te dis que je t’aime ?
- Tant que tu n’es pas malheureuse que je ne te réponde pas de la même manière.
- Je t’aime, dit-elle.
- Prends soin de toi, ma belle.
Arya hocha la tête. Rafaël disparut dans le couloir. Arya fit le point sur sa vie. Elle exerçait la médecine. Elle vivait à la clinique. Elle pouvait soigner des impurs et des humains. Elle avait amélioré le quotidien de nombreuses personnes. Elle fournissait des âmes à la rébellion au nez et à la barbe des colorés. D’accord, Rafaël ne l’aimait pas, et alors ? Il venait. Il prenait soin d’elle. Il lui faisait des enfants.
Arya jugea qu’elle avait beaucoup de chances. Cette vie, elle en profiterait. Elle inspira fortement et sourit, fière de ce qu’elle avait accompli.
Un peu déroutant, certes, au début, le parallèle entre deux protagonistes. On se doute que quelque chose les lie, on spécule, la curiosité l'emporte, les réponse se font attendre, le désir de savoir s'en aiguise.
Peu à peu, les problématiques abordées se dessinent : préjugés sociaux et raciaux, pesanteur des traditions, prégnance d'une religion, ordres et castes politiques... face au libre arbitre et aux contraintes qu'il implique.
La fin est délicatement abrupte et laisse sur sa faim. Mais c'est pour susciter le besoin de connaître ce qu'il adviendra ensuite.
Sinon, je me contenterai de rester délicieusement frustrée.
Merci pour ce charmant commentaire.
Ravie de savoir que mon récit vous a emportée.
Je ne suis pas certaine que ce roman soit terminé. Je pense que ma muse en a encore en réserve mais pour le moment, elle se concentre sur autre chose. L'avenir nous dira si mes pensées reviennent vers ce roman ou pas ;)
Bonnes futures lectures !
- Ysalis en a pondu pas moins de douze.
- Elle a pu pondre son œuf ?
=> ça fait très bizarre dit comme ça, au début on nous parle de douze œufs et puis Arya revient sur _son_ œuf, je pense qu'on peut se contenter de "elle a survécu ?" ou "son œuf va bien ?"
Je vais réfléchir comment modifier cet échange étrange sur les oeufs.
Encore merci pour tous tes commentaires !
Bonne lecture.