La petite troupe s’arrêta devant la porte. Daryl frappa et une voix grave lui permit d’entrer. Daryl pénétra en premier, suivi d’Arya, de Rafaël tenant Ysalis qui marchait presque seule en grimaçant et enfin d’Othander, à qui les rouges avaient pris ses lames.
- Daryl m’a fait part de votre proposition, annonça un vieil homme aux cheveux poivre et seul coupés courts.
Il portait une tunique violette brodée d’or, symbole de son titre de directeur de la clinique. Ses yeux noirs se posèrent sur Arya. Elle y lut un sentiment de possession, de domination, de supériorité qu’elle détesta immédiatement.
- Déployez vos ailes, ordonna-t-il.
Arya eut furieusement envie de le gifler. Elle n’ignorait pas la précarité de la situation dans laquelle ils se trouvaient. Soumise, elle obéit docilement. Il prit le temps d’observer les grandes ailes jaunes qui tenaient tout juste dans l’immense bureau. Arya garda le regard fixé sur le sol, peu désireuse de croiser celui avide de ce porc.
- Vous me semblez bien jeune, cingla le directeur. Êtes-vous sexuellement active ?
Ysalis grogna.
- Oui, monsieur, répondit Arya.
Elle cachait sa colère. Ysalis semblait, elle, sur le point d’exploser.
- Parfait. Vous êtes porteuse ? interrogea le médecin.
- Non, monsieur, lui indiqua Arya.
- Très bien. Daryl se porte garant de vos compétences médicales.
- Je viens d’opérer cette femme du Priae, indiqua Arya, fuyant le regard de son interlocuteur.
Le directeur observa Ysalis mais garda le silence. La dorée tremblait et Arya aurait juré que cela n’avait rien à voir avec l’opération qu’elle venait de subir.
- Vous vous engagez à travailler pour nous, ici, à la clinique, poursuivit le directeur.
- Oui, monsieur, répondit Arya.
- Vous aurez le droit de soigner qui vous voulez, précisa le directeur. En revanche, vous opérerez toujours en priorité les purs. Quoi que vous soyez en train de faire, vous devrez laisser tomber votre activité en cours pour soigner un pur, même si cela doit mettre en danger la vie d’un éventuel patient en cours de traitement.
- Par pur, je suppose que vous sous-entendez jaune, bleu ou rouge, gronda Ysalis.
- Évidemment, dit le directeur.
Ysalis siffla de rage entre ses dents. Othander lui posa une main sur le ventre mais les yeux de la dorée crachaient du feu.
- Bien, monsieur, répondit docilement Arya.
- Un lieu spécifique sera réservé à vos patients non purs, indiqua le directeur. La clinique vous fournira le matériel et les travailleuses dont vous pourriez avoir besoin.
Arya n’en revenait pas. Le directeur semblait réellement vouloir lui offrir les moyens d’exercer correctement son art.
- Vous vous engagez également à prendre des apprentis, pour une période minimum d’une lune chacun. Si vous en trouvez un qui vaut la peine, sa formation peut durer beaucoup plus longtemps.
- Bien, monsieur.
Jusque là, pas de problème, les conditions lui convenaient, même si Ysalis, derrière, ne décolérait pas.
- Vous vous engagez également à assurer deux pontes par an, avec un partenaire jaune de votre choix. Aucune nécessité de survie ne sera réclamé. Vous n’y pouvez rien si vos œufs meurent.
« De mon choix ? » s’étonna Arya. Le directeur lui permettait vraiment de choisir ses partenaires ? C’était inespéré. Elle se tourna vers Daryl. Qu’est-ce que le médecin avait dit au directeur pour que les conditions soient aussi bonnes ? Le docteur fixait son supérieur et ignora le regard en coin de son ancienne apprentie.
- Souhaitez-vous vous occuper vous-même de votre nid ou devons-nous prévoir une surveillante ? demanda le directeur.
- Je m’en occuperai moi-même, annonça Arya qui ne voulait pour rien au monde qu’une étrangère entre dans son nid.
Pondre sur commande était déjà suffisamment difficile. Voir son intimité brisée lui était insupportable.
- Des appartements confortables seront mis à votre disposition, avec un nid moderne et aéré, chaud et propre, ici, à la clinique, que vous ne quitterez pas.
- Je n’ai pas le droit d’en sortir ? trembla Arya. Vous m’interdisez de voler ?
Le directeur plissa les yeux.
- Jusqu’à votre première ponte, vous resterez clouée au sol, un filet recouvrant vos ailes.
Ysalis gronda de plus belle mais Othander la fit taire.
- Une fois la confiance établie, poursuivit le directeur, de petits vols courts uniquement en ville vous seront permis. Vous devez être disponible à tout instant pour soigner des purs. Vous éloigner n’est pas compatible avec cet accord. Et bien sûr, à aucun moment vous ne chercherez à perdre votre escorte.
- Son escorte ? gronda Ysalis qui tenait difficilement en place.
- Deux gardes rouges qui ne vous quitteront jamais d’une semelle. Ils n’entreront pas en salle d’opération ni dans vos appartements privés, évidemment, crut utile de préciser le directeur, mais pour le reste, ils seront toujours à deux pas de vous et vous ne ferez rien pour les semer.
Arya eut l’impression qu’Ysalis allait se jeter sur le directeur pour l’étriper. Elle hocha la tête, consciente de n’avoir guère le choix. Le directeur lui tendit une plume. Arya relut le document qui n’avait rien de légal, simple accord entre deux personnes. Les conditions écrites étaient les mêmes qu’à l’oral.
Arya signa tandis qu’Ysalis grondait. Le directeur mit le papier signé dans un tiroir avant de sonner une cloche. Arya replia ses ailes et deux rouges – un homme et une femme - entrèrent, tenant un filet. Arya les laissa la priver de son moyen de déplacement préféré en tremblant.
- Maintenant, vous pouvez raccompagner vos amis. Ils peuvent revenir quand ils veulent, tant qu’ils restent loin de l’entrée principale de la clinique.
Le groupe sortit.
- Quel salopard ! cracha Ysalis dans le couloir.
Arya avisa les deux gardes rouges qui la suivaient. Ils ne réagirent pas à l’insulte. Arya redonna son attention à Ysalis.
- Il est, parmi les jaunes, celui qui a le moins de pouvoir alors il profite des miettes qu’il reçoit, indiqua Arya. Et puis, franchement, ça aurait pu être bien pire. Merci, Daryl.
- Je t’en prie, répondit le médecin. Ça n’a pas été difficile. Il a terriblement besoin de chirurgien et tu travailleras mieux si les conditions ne te sont pas trop pénibles.
- Où sont Samuel et Esmeralda ? interrogea Arya.
- Esmeralda est là mais elle n’a jamais été une chirurgienne brillante. Elle fait tout le sale boulot, les trucs simples dont je ne veux pas. Quant à Samuel, il a dit le blasphème de trop. Les prêtres l’ont sacrifié.
Arya en cessa un instant de respirer.
- Oh merde, murmura-t-elle.
- On ne rigole pas avec la religion, souffla Daryl.
Arya comprit le message sous-jacent. Daryl venait de la prévenir. Mieux valait faire profil bas. La science, oui, mais pas quand elle s’opposait aux textes sacrés. Arya allait devoir arrêter de clamer sur les toits qu’elle comptait faire bouffer leurs couilles aux prêtres et que Ymel, Ousouk et Ham’y’yel étaient des quiches en magie.
- Othander ! appela Arya.
L’aile noire se porta à sa hauteur. Les rouges lui avaient rendu ses lames mais il devait les garder au fourreau.
- Quand vous serez à la ferme, dites à Gautier qu’il avait raison : je ne reviendrai pas. Sauf que ça n’est pas par ma volonté.
Othander fronça les sourcils.
- Gautier, c’est le travailleur qui a osé prendre la parole dans une conversation entre ailés ?
Arya acquiesça.
- Il est celui qui vous rend sexuellement active, dit-il et ça n’était pas une question.
Arya détourna le regard.
- Un autre message à lui faire passer ? demanda Othander.
- Non, je vous remercie. Quand vous serez à la ferme, profitez-en pour ouvrir votre esprit et votre cœur. Si vous et ces hommes collaboriez, je suis sûre que vous auriez tout à y gagner. Une entraide serait mutuellement profitable. Par contre, Othander, ne prenez pas leur riz aux grands de ce monde. Ils ne vous le pardonneraient pas !
Othander hocha la tête. Il s’éloigna d’Arya car le groupe venait d’arriver sur la place centrale et Ysalis, incapable de voler, devait être placée dans un filet de transport dans une position ne risquant pas de faire sauter ses points.
- La vie est courte, Arya, dit Daryl en se postant à côté d’elle.
- Et donc ? demanda la jeune femme.
- Il est toujours désagréable d’avoir des regrets.
- De quoi parlez-vous ?
- Il s’en va. Tu t’en voudras toute ta vie de ne pas lui avoir dit.
- Dit quoi à qui ?
- Je n’ai pas fait l’effort de retenir son nom. C’est ton amoureux, pas le mien, répliqua Daryl avant de rentrer dans le bâtiment.
Arya comprit. Son mentor parlait de Rafaël. Il avait dû repérer son attitude pendant l’opération. Arya se mordit la langue. Lui dire, là, maintenant ? Ses gardes la laisserait-elle s’avancer au milieu du groupe de rebelles ? Ses ailes dans un filet et sans harnais, sauter serait du suicide.
Les noirs se rassemblaient. Le chef attendait juste un signe d’Othander pour lancer le départ. Arya avala difficilement sa salive puis courut jusqu’au milieu du groupe. Les rouges la suivirent du regard mais ne bougèrent pas.
- Rafaël !
L’aile dorée se tourna vers elle. Le chef lança le signal de l’envol.
- Je t’aime, lança-t-elle avant de retourner vers son escorte, tournant ainsi le dos au droguiste, lui interdisant la moindre réponse.
Il s’envola, suivant son groupe. Elle rejoignit son escorte.
- J’ai faim, annonça Arya au garde masculin.
- Et donc ? dit la femme rouge.
- Allez me chercher à manger !
- Nous sommes gardes, pas cuisiniers ! dit l’ailée d’un ton glacial.
- Je ne peux pas aller au restaurant des médecins. Il se trouve à la plateforme inférieure et mes ailes ne sont pas disponibles. Allez me chercher à manger. Un seul garde me semble largement suffisant pour s’assurer que je ne me suicide pas, parce que franchement, en dehors de ça, il n’y a pas grand risque que je fasse quoi que ce soit avec ce filet enserrant mes ailes !
La femme tiqua mais s’envola tout de même.
- Comment vous appelez-vous ?
- Tarn, dit le second garde.
- Et votre copine ?
- Ce n’est pas mon copine. Elle s’appelle Louann.
Les deux gardes ne s’entendaient pas, comprit Arya. Les journées promettaient d’être longues. Elle se rendit dans un jardin où elle dégusta le repas fourni par Louann. Manger correctement lui avait manqué, tout comme l’eau claire et fraîche fournie par les fontaines.
- Vos appartements sont prêts, madame, annonça une travailleuse.
Sa peau noire luisait. Son visage bien proportionné proposait de longs cils sous des cheveux courts tressés.
- Je suis Jameïla, à votre service personnel.
- Merci, Jameïla. Je te suis.
- Bien, madame.
La jeune femme à peine plus âgée qu’elle la mena jusqu’à un ensemble de quatre pièces. On entrait dans le bureau. Depuis cette pièce, on accédait à la chambre, très haute de plafond, proposant un lit double à baldaquin ainsi qu’un hamac surélevé. Deux portes permettaient d’accéder à une salle de bain tout confort et un nid conforme aux promesses du directeur.
- Avez-vous besoin de quelque chose, madame ?
- Fais-moi couler un bain, ordonna Arya.
- Bien, madame, répondit Jameïla.
Arya retrouva avec un bonheur complet la possibilité de se laver à l’eau chaude. Lorsqu’elle sortit, elle trouva une robe violette à sa taille.
- Avez-vous besoin d’autre chose, madame ? demanda Jameïla.
- Non, tu peux te laver dans mon bain puis nettoyer la pièce.
- Me laver dans ? hoqueta la servante.
- L’eau est encore chaude. Profites-en ! Tu peux prendre ton temps. Je n’ai pas besoin de toi.
- Bien, madame. Merci, madame, répondit Jameïla qui n’en revenait pas.
Arya retourna dans le bureau et constata la présence d’une autre porte qu’elle n’avait pas remarqué. Elle l’ouvrit pour découvrir une petite pièce sans fenêtre avec juste une paillasse et un pot de chambre. La pièce pour Jameïla, sans aucun doute.
Arya se retourna pour comparer avec le sienne. Certes, elle disposait de grandes fenêtres lumineuses mais elles étaient barrées de lourds barreaux. Pour empêcher quiconque d’entrer ou se prémunir d’une éventuelle fuite de la part de la résidente ? Arya soupira. Ces barreaux lui offraient un peu d’intimité, permettant aux gardes de rester dehors.
Ses yeux traînèrent sur la bibliothèque. Les ouvrages constituaient le meilleur des traités de médecine et de chirurgie approuvés par les prêtres et prêtresses. Arya grimaça. Ça n’aurait pas été ici qu’elle aurait appris à reconnaître et soigner le Priae.
Elle sortit afin d’aller retrouver Daryl. Il se trouvait dans son bureau. Une bouffée de nostalgie la saisit au milieu de cette pièce où tant de souvenirs dansaient.
- Ils t’ont mise à l’intérieur, grogna Daryl. Pas d’accès rapide au ciel. Les salopards !
- Mes appartements sont spacieux et confortables, assura Arya. Je peux y déployer mes ailes. Ils m’ont donné une servante personnelle.
- Afin qu’elle leur rapporte tes moindres faits et gestes, la prévint Daryl.
- Grand bien leur fasse. Je ne compte pas m’opposer. Je suis heureuse d’être ici et de pouvoir pratiquer la chirurgie. C’est inespéré pour moi.
- Tu dois pondre pour eux, rappela Daryl.
- Rien n’est jamais gratuit, souffla Arya. Où puis-je me procurer des ouvrages non référencés ?
- Au marché noir, dit Daryl. Je doute que tu obtiennes le droit de t’y rendre. Tu veux que je t’en rapporte ?
- Volontiers. Dis que c’est pour moi et tu auras tout gratuitement.
- Tu es connue ?
Arya sourit.
- Il a bien fallu rencontrer des ailes noires quelque part.
Daryl rit en retour. La conversation légère dura puis Daryl lança un sujet plus professionnel : la répartition des futures opérations. Arya avait encore besoin d’être guidée pour les opérations complexes. Elle demanda en revanche à être seule sur les simples et Daryl lui accorda toute sa confiance.
Le soir, la servante d’Arya lui apporta son dîner dans sa chambre.
- C’est toi qui as choisi le contenu du plateau ? interrogea Arya.
- Non, madame. Il m’a été fourni ainsi.
La jeune à la peau sombre tremblait de partout. Dans ses yeux perlèrent quelques larmes. Qu’elle craigne de se prendre le fouet était une évidence.
- Ramène-le et dis-leur que j’en veux le double… et que je veux du riz.
- Du riz ? répéta Jameïla.
- Du riz, confirma Arya. Allez, va, et retrouve-moi dans les jardins.
- Bien, madame.
La servante s’éloigna sans un mot. Arya sortit, les gardes sur ses talons. Lorsqu’elle s’assit sur un banc dans les jardins, ils s’éloignèrent afin de lui offrir un peu d’espace. Jameïla revint peu après. Son plateau s’était alourdi. Elle se tint debout devant sa patronne.
- Ils ont bien voulu m’en donner plus mais ils m’ont dit qu’ils n’avaient de riz.
La pauvre tremblait de partout. Arya estima que le plateau ne mettrait pas longtemps avant de se retrouver par terre.
- Pose ça sur le banc, ordonna Arya.
La servante obéit et elle soupira en se redressant.
- Pas de riz, hein ? Ils vont m’entendre.
La servante se remit à trembler de partout.
- Je vais aller moi-même en réclamer. Comment osent-ils ? gronda Arya. Assieds-toi !
La jeune femme à la peau d’ébène ouvrit de grands yeux, regarda autour d’elle avec appréhension puis souffla :
- Je n’ai pas le droit.
- De désobéir à un ordre direct d’une pure ? Je te le confirme.
La pauvre ne savait plus comment se comporter. Sous le regard insistant d’Arya, elle s’assit sur le banc du bout des fesses, observant les gardes à la dérobée.
Arya prit une bouchée et la mastiqua, savourant avec bonheur le goût divin.
- Sers-toi, ordonna Arya. Le surplus est pour toi.
- Madame ! s’offusqua Jameïla.
- Mange ! C’est un ordre. Et surtout, n’omets rien de tout cela dans ton rapport au directeur. Les gardes cafteront de toute façon alors inutile de lui donner une raison de te battre. Dis-lui que je te permets de te laver à l’eau chaude et de manger correctement.
- Madame ! s’exclama encore Jameïla.
- Mange !
Jameïla observa le plateau, puis les gardes, avant de saisir une bouchée du bout des doigts. Elle la mit dans sa bouche tout en regardant, apeurée, autour d’elle. Arya la vit fermer les yeux en souriant. Elle goûtait au bonheur d’une nourriture agréable en plus d’être nourrissante et diversifiée. Nulle punition ne tombant, Jameïla se servit de plus en plus naturellement. Le plateau fut rapidement terminé.
- Tu peux le ramener. Je partagerai ainsi avec toi tous mes repas.
- Madame !
- Allez va ! Ce que je vais faire maintenant ne nécessite pas ta présence.
- Bien, madame. Merci, madame.
Ce remerciement était profond, Arya le sentit. Elle lui sourit puis se leva pour se rendre vers les bureaux des médecins. La plupart étaient encore là malgré la nuit tombante. Ils rédigeaient leurs rapports à la lueur de leurs lampes à huile.
Arya trouva la bonne porte et frappa. Un « Entrez » lui permit de pénétrer à l’intérieur.
- Arya ? s’étonna le directeur. Que puis-je pour vous ?
- Apprécieriez-vous d’être le premier, monsieur ?
Le directeur lui lança un regard brillant de plaisir. Il hocha la tête.
- Je suis marié et j’aime ma femme, qui me le rend bien, précisa-t-il. Ça sera rapide et sans fioriture.
- Ça me convient parfaitement, assura Arya.
Cela fut rapide et sobre, ennuyeux et glauque. Arya se demanda ce que faisait Gautier. Les noirs lui avaient-ils proposé une coopération ? Avait-il eu le bon sens d’accepter ? Le directeur éjacula dans un coup de butoir profond. Le corps d’Arya réclama une reproduction. Tout ça lui donnait la nausée. Devenir comme sa mère ? Quelle horreur ! Elle refusa la reproduction puis se releva.
- Jameïla me préviendra quand vous aurez pondu. À dans trois lunes, Arya.
- Bien sûr, monsieur. Pourriez-vous faire passer aux cuisines que quand je demande du riz, il serait bon de m’en donner ? Ma servante n’a pas osé insister et je la comprends. Comme je n’y ai pas accès directement, vous voudriez bien passer le message de ma part ?
- Du riz ? répéta le directeur. Ça fait des années qu’il n’y en a plus. Les dernières rizières ont disparu. Aucun gestionnaire n’accepte de s’approcher des marécages et ça ne va pas aller en s’améliorant avec l’augmentation en puissance des rebelles.
- Du riz, il y en a, assura Arya. La dernière récolte de la rizière en fonction a été excellente. J’en sais quelque chose : je la gérais. Il y a eu des centaines de sacs apportés à la ville.
- Quoi ? s’exclama le directeur.
- Bref, j’en veux. Vous serez gentil de faire passer le message. Je vous remercie.
Arya sortit et rejoignit sa chambre. Une fois couchée dans son hamac, ses ailes enfin libérées du filet tombant de part et d’autre, elle grimaça. Et maintenant ? Comment le directeur réagirait-il quand rien ne se passerait dans trois lunes ? Elle ne pouvait pas mettre de faux œufs dans le nid !
Jameïla, elle pouvait se la mettre dans la poche mais le directeur n’était pas idiot au point de se contenter de sa parole. Arya se maudit intérieurement. Ne venait-elle pas de signer son arrêt de mort ? Devait-elle avouer la vérité au directeur, le supplier de la pardonner et la laisser l’engrosser ? Elle en eut la nausée. Elle s’endormit l’esprit morose.
Et sinon, c'est l'avant-dernier chapitre ? Qu'est-ce qui va se passer ? L'armée des noirs, dorés et couleurs-secondaires va arriver et prendre le pouvoir et libérer Arya et ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ?