Bintou se tenait devant la boutique du parfumeur. Elle s’apprêtait à y entrer pour apporter à Yarhi sa dernière création lorsque du bruit attira son attention. Des cris ? Des hurlements même ? Jamais cela ne s’était produit à Ketema. Les elfes noirs étaient des créatures calmes et tranquilles. Quelques disputes pouvaient naturellement avoir lieu mais elles étaient rares et jamais d’une telle violence.
Bintou vit des toiles s’effondrer et des enfants courir près d’elle, fuyant… plusieurs humains masculins nus qui s’avançaient. Ils étaient armés et savaient clairement utiliser les lames qu’ils portaient. Ils détruisaient tout sur leur passage, tranchant dans la chair si possible. Tout y passait : homme, enfant mais également orc, bœuf ou mouton.
Bintou en compta d’abord trois, puis huit, puis quatorze puis s’arrêta. Ils étaient trop nombreux de toute façon. Bintou savait que des esclaves humains existaient à L’Jor puisqu’elle était arrivée à L’Jor en étant confondue avec l’un d’eux. En revanche, elle n’en avait jamais croisé lors de ses promenades. Elle les croyait tous travailleurs miniers. Ceux-là semblaient puissants, en pleine forme, bronzés. Ils ne pouvaient décemment pas passer leurs journées au fond d’un boyau sombre.
Les habitants, incapables de combattre, fuyaient en hurlant, appelant à l’aide des eoshen bien trop loin pour pouvoir répondre – et ceux du foyer n’en sortiraient pas - tentant parfois de sauver un objet ou un enfant. Les esclaves ne leur laissaient aucune chance. Ils massacraient avec une rage aveugle tout ce qui se trouvait devant eux.
Bintou n’eut pas le temps de s’écarter. Ils furent sur elle bien trop vite. Aveugles ? Pas tant que ça.
- Hé ! Ma jolie !
Du ruyem. Cela faisait des années que Bintou n’en avait pas entendu.
- T’as beau te cacher sous ces vêtements masculins, tu ne trompes personne, continua l’un d’eux tandis que les autres s’attroupaient, curieux de savoir ce qui attirait leur compagnon ici.
- On se la fait ! hurla un autre et ils lui sautèrent dessus.
Bintou parvint à frapper le premier qui ne s’attendait pas à une réponse correcte de son adversaire. Les suivants s’adaptèrent et Bintou fut plaquée au sol, fermement tenue par les membres. Une lame apparut sous sa gorge. Elle ne craignait pas cette blessure-là.
Elle s’opposa et il frappa, prouvant ainsi que le menace n’était pas en l’air. Sous ses yeux ébahis, la blessure se referma aussi vite qu’il l’avait faite.
- Sorcière ! hurla-t-il.
Les esclaves réagirent en crachant et jurant puis ils sortirent leurs armes, prêts à la larder de coups. Une blessure mortelle, deux ou trois, Bintou pouvait le supporter. Des dizaines, non. Elle était résistante, certes, mais pas immortelle !
Un court instant, elle eut envie d’appeler à l’aide puis rejeta l’idée. Personne ne viendrait. Les eoshen du foyer avaient dû, au contraire, fermer les portes pour empêcher les esclaves d’entrer. Quant aux shale, le premier n’arriverait pas avant la nuit tombée.
La première lame traversa le ventre pour déchiqueter un rein. Déjà, les autres armaient leurs bras. Mourir ici, loin de chez elle, aux mains d’esclaves humains ? Elle gémit et tenta une nouvelle fois d’échapper aux bras la maintenant… en vain.
Tandis que la première blessure disparaissait tranquillement, le second rein se déchira. Bintou hoqueta tandis que les hommes criaient, hurlaient, s’invectivaient. Il ne fallait pas permettre à cette sorcière de survivre. Elle finirait bien par sombrer, la salope ! Ensuite, ils pourraient violer son corps sans vie.
Sauver sa vie était si simple. Un simple appel, un souffle et ils tomberaient. Il lui avait interdit de le faire. « Pas de shen en dehors du foyer ». Sous aucun prétexte. Et si elle le faisait, quoi ? Il la punirait ? Et alors ? Si elle ne le faisait pas, elle allait mourir. Elle accepterait volontiers de ressentir la douleur d’une Nech’i kwasi car cela signifierait qu’elle serait vivante.
Décidée, elle appela le shen. Elle aurait préféré ne pas s’opposer à sa volonté. Elle ne voyait aucune autre solution, aucune autre échappatoire, aucune autre porte de sortie.
Elle visualisa le cœur d’un de ses agresseurs et l’appela dans sa main, comme elle l’aurait fait d’une simple pierre. L’homme hoqueta, toussa du sang puis sa poitrine s’ouvrit dans un craquement atroce et la main de Bintou serra l’organe chaud et dégoulinant.
Elle avait volontairement réalisé un acte atroce, ignoble et terrifiant. Elle ne pouvait pas tous les tuer. Elle ne le désirait pas. Elle voulait juste qu’ils s’en aillent et lui fichent la paix. Elle espérait bien ne pas avoir à refaire ça. Elle fut servie.
Les esclaves la lâchèrent avant de s’éloigner dans toutes les directions en hurlant de terreur. Bintou repoussa le cadavre à moitié tombé sur elle, jeta l’amas de chair infecte dans ses doigts qu’elle secoua pour tenter, en vain, d’en retirer le liquide rouge collant.
Elle avisa un homme tenant un de ses amis blessé. Elle s’approcha d’eux, prête à les soigner, lorsqu’elle reçut un appel télépathique. Elle s’attendait à se prendre les foudres de son maître.
« Ne perds pas de temps à t’en occuper. Va-t-en ! »
« Sylenn ? » répondit Bintou, surprise de l’identité de l’interlocuteur. « Je sais que je ne suis pas censée utiliser le shen en dehors du foyer mais maintenant que c’est fait, un peu plus ou un peu moins, autant que je soigne ce pauvre homme ! »
« Tu ne comprends pas ! Tu viens de tuer quelqu’un en utilisant le shen. Ce crime est puni de mort. Ils t’exécuteront à l’instant où tu mettras les pieds au foyer. »
« Hein ? Mon maître n’a pas arrêté de poignarder des gens et j’ai commis un crime ? »
« Aucune de ses victimes n’est morte » fit remarquer Sylenn.
Bintou grimaça.
« Ensuite, il a utilisé une dague, pas le shen. Ce n’est pas tuer qui est interdit, mais d’utiliser le shen dans ce but. »
Bintou n’en revenait pas. Avec le shen ou pas, ça changeait quoi ?
« La présence d’esclaves en cavale rend toute sortie des eoshen du foyer trop dangereuse. Ils attendront l’arrivée des shale. Ils sont en route. Dépêche-toi de partir tant qu’il est encore temps. Fuis ! Rentre chez toi ! »
Chez moi ? répéta Bintou. Elle respira difficilement. Chez elle, c’était le foyer désormais. Elle avait enfin réussi à s’y trouver une place, à être reconnue, acceptée, respectée. Elle y avait ses habitudes, sa routine, sa vie tranquille. Elle trouvait son bonheur dans cet équilibre.
Partir ? Retourner à M'Sumbiji ? S’éloigner de lui ? L’idée de ne jamais le revoir lui déchira le cœur.
« Sylenn... » murmura Bintou, le visage couvert de larmes.
« Va, mon amie » lui répondit-il, ne lui refusant pour la première fois pas le droit de l’appeler par son prénom.
Elle regarda vers le sud, sa patrie. Retourner chez elle. Le voulait-elle seulement encore ? Soudain, sa mère, son père, ses frères et sœurs, sa tribu, sa terre, tout cela lui manqua intensément.
Elle jeta un œil vers le nord et le foyer, puis coupa tout lien avec le shen, espérant ainsi disparaître un peu. Elle puisa au fond de son moi intérieur et partit en courant plein sud. Le soleil et les étoiles la guideraient. Sud puis un peu vers l’ouest.
Elle courut sans s’arrêter, sans boire, sans manger, puisant uniquement dans ses réserves. Elle avait la mort aux trousses. Les shale étaient capables des même prouesses. Elle espéra que rompre avec le shen leur rendrait la vie suffisamment compliquée pour qu’elle atteigne la frontière sans en croiser un. Une simple rencontre et elle perdrait.
Le lac Lynia se dévoila sous ses yeux. Elle le contourna par le sud et se retrouva rapidement à l’endroit même où elle avait été enlevée. À l’époque, elle sortait à peine de l’adolescence. Aujourd’hui, elle était une adulte complète. Si elle avait vécu à M'Sumbiji, elle aurait eu le temps d’être mère plusieurs fois.
Elle ne s’arrêta pas. Aucune nostalgie ne la détourna de son objectif. Pas le temps de s’apitoyer. Les eoshen s’arrêteraient-ils à la frontière ou bien oseraient-ils pénétrer les territoires voisins ? Bintou n’en savait rien et comptait bien mettre le plus de distance entre eux et elle.
Elle traversa Eoxit en longeant le fleuve estival. Les pêcheurs la regardèrent passer avec curiosité mais aucun ne se montra agressif.
Finalement, des arbres immenses se dressèrent devant elle. La chaleur et l’humidité ne laissaient aucun doute : elle était de retour chez elle. Elle cessa de courir et s’écroula sur le sol, vidée.
- Bonjour, dit une voix féminine près d’elle lorsqu’elle ouvrit péniblement les yeux.
Du mbamzi, sa langue natale. Quel doux plaisir de l’entendre de nouveau !
- Bonjour, répondit-elle en souriant à la petite fille qui lui tendait une outre d’eau. C’est gentil, merci.
Elle profita du liquide clair et frais, lui redonnant quelques forces.
- Tu m’as amenée ici, en sécurité. Je te remercie.
- Mon frère t’a trouvée, indiqua-t-elle. Il patrouillait sur les frontières.
- Il est protecteur, comprit Bintou et la jeune fille hocha la tête. Moi aussi, indiqua Bintou. Il me tarde de retrouver ma tribu.
- Je comprends, dit l’enfant. Bon voyage alors.
Bintou se leva, demanda à l’enfant de remercier son frère de sa part puis partit en marchant. Elle se sentait en sécurité. Plus besoin de courir. Les eoshen ne la suivraient pas jusqu’ici. Elle en était certaine. En marchant de la sorte, elle consommait bien moins d’énergie qu’elle n’en gagnait. Ainsi, lorsqu’elle atteignit les limites de sa tribu, elle était gonflée à bloc.
Elle s’avança sans rencontrer personne. Chaque tribu contrôlait un immense territoire. Cela était donc tout à fait normal. Il n’y avait pas de guerre à M'Sumbiji et pour cause : il y avait largement assez pour tout le monde. Nul ne désirait ce que son voisin avait car les besoins de chacun étaient tous comblés.
- Bintou ? bredouilla une femme sans y croire tandis que la jeune femme pénétrait dans le village principal.
Tous les regards se tournèrent vers l’entrée pour découvrir la disparue.
- Bintou ! s’exclama plus fort la femme avant de courir vers elle.
Elle l’enlaça avant de grogner :
- Qu’est-ce que c’est que cet accoutrement ? Tu n’as pas chaud là dedans ?
- Non, maman. Je n’ai pas chaud.
Chaud, froid, faim, soif, sommeil, fatigue, voilà des notions que Bintou avait oublié depuis longtemps.
- Où étais-tu ? Nous te croyions morte !
- J’étais… loin… indiqua Bintou. Où est papa ?
- Il… nous a quittés, annonça-t-elle. Il patrouillait avec ton frère. Les hippopotames…
Bintou se figea et une profonde tristesse l’envahit.
- Juma est à l’agonie, continua sa mère.
- Quoi ? Mène-moi à lui.
Elle suivit sa mère jusqu’à une hutte où gisait Juma, son frère d’une saison humide son cadet. La blessure était profonde. Elle datait de plusieurs jours.
- Voici Aera, présenta la mère de Bintou. C’est le shaman venu nous aider.
Bintou avisa l’homme aux cheveux éparses et grisonnants. Son visage ridé montrait de la peine et une grande fatigue.
- J’ai utilisé toutes mes connaissances, indiqua Aera qui veillait le blessé. Il est fort. Sa survie dépend de lui maintenant et de la bonne volonté des ancêtres.
L’odeur des emplâtres lui monta au nez. Ils étaient corrects, bien réalisés, de bonne qualité, mais cela ne suffirait pas. La blessure était infectée. Sans une aide plus forte, il mourrait avant la tombée de la nuit.
- Merci de l’avoir aidé, indiqua Bintou. Je prends le relai.
Elle expira puis se connecta de nouveau au shen en grimaçant, s’attendant à des hurlements, des cris, des discours moralisateurs, des ordres. Il ne se passa rien, juste rien. Aucune communication. Aucun lien. Aucune douleur. Elle haussa les épaules. Soit.
Elle observa son frère. Elle n’était pas censée utiliser le shen en dehors du foyer. Elle l’avait fait pour se protéger, lui valant une condamnation à mort. Cette fois, elle comptait soigner quelqu’un. Aucun mal ne pouvait venir de cela.
Bintou apposa ses mains sur la poitrine de son frère et projeta. Ce fut bien plus difficile qu’avec les elfes noirs car ils apprenaient dès leur plus jeune âge à augmenter leur régénération naturelle. De ce fait, ils savaient reconnaître la régénération et l’acceptaient. Là, elle dut lutter contre son frère qui refusait l’aide, la prenant pour une intrusion malveillante.
Il en résulta que Bintou fut presque totalement vide lorsque son frère ouvrit les yeux, le corps net et lisse, tout souvenir de l’attaque de l’hippopotame effacée en quelques instants. Dans la tente, le silence était total.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Juma en constatant l’ambiance lourde et pesante.
- Quel bonheur de t’entendre ! s’écria sa mère en le prenant dans ses bras. Tu nous as fait tellement peur !
- Où est papa ?
- Il n’a pas eu ta chance. L’hippopotame…
Juma plissa les yeux et fronça les sourcils.
- Bintou ? C’est toi ? Je te reconnais difficilement. Qu’est-ce que… Tu… reviens ?
- Non, répondit Aera à sa place. Bintou n’a plus rien d’une protectrice. Tu es shaman.
Bintou resta silencieuse, interdite.
- Je suis fatiguée, surtout. J’ai besoin de méditer.
- Méditer, répéta le shaman.
Elle n’avait pas dit dormir, manger ou boire. Le verbe utilisé venait de titiller le shaman, à n’en pas douter. Bintou se plongea dans son moi intérieur pour retrouver des forces. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, la hutte ne contenait plus que le shaman qui la transperçait des yeux.
- Tu as réalisé un vrai miracle.
- Si tu le dis. Je te remercie encore de ce que tu as fait pour mon frère mais je ne suis pas shaman.
- Bien sûr que si, répliqua-t-il. Une autre âme a besoin d’aide. Tu veux bien m’accompagner ? Je lui ai demandé d’attendre car ton frère était plus urgent mais maintenant, c’est son tour.
Bintou grimaça puis hocha la tête. Elle suivit Aera jusqu’à un village non loin. Une femme montra son bras irrité.
- Tu peux la soigner ? demanda le shaman en mimant la projection, main en avant et les yeux fermés.
- Non, répliqua Bintou d’un ton beaucoup plus virulent qu’elle ne l’aurait voulu.
Utiliser son shen pour une telle babiole ? Certainement pas ! Il était bien trop précieux ! Il fallait le préserver pour les vrais problèmes, pas le gaspiller ainsi sur des bobos sans importance.
- Pourquoi ? répondit Aera, surpris.
- Il suffit d’une pauvre crème pour la soigner.
Le shaman resta interdit. Bintou prit les devants :
- Montre-moi le contenu de ton sac.
Elle prit ses produits et les tria, en jetant carrément certains tant ils n’avaient rien à faire là. Finalement, elle ne garda que cinq ingrédients de base et trois mélanges, mais rien lui permettant de réaliser l’onguent nécessaire.
Bintou se rendit en forêt, suivie par Aera qui observait chacun de ses gestes. Bintou n’avait aucune idée des plantes qui lui permettraient de réaliser la pommade. Après tout, elle avait appris à L’Jor, dans une faune et une flore bien différente de celle-là. Elle se fia à son odorat, reniflant chaque chose pour en tirer une utilité éventuelle, suivant les fils du shen qui la guidaient.
Elle revint au village les bras chargés de tiges, de feuilles et de fleurs. Elle emprunta aux habitants des ustensiles et leur feu. Devant leurs yeux surpris, elle malaxa, coupa, cisela, découpa, mélangea. Elle ronchonna beaucoup. Sans alambic, elle ne pouvait pas évaporer ou distiller. Elle se débrouilla mais le résultat ne la satisfit pas totalement. Finalement, elle étala sur le bras de la femme une pâte verte légèrement tiède.
- Voilà. Demain, tu n’auras plus rien. Ce n’est pas compliqué quand même…
- Apprends-moi, s’il te plaît, demanda Aera.
Bintou soupira. Elle n’était pas professeur. Elle n’était même pas apprentie. Elle n’était rien, personne. Le regard de ce shaman était tellement insistant et suppliant. Elle accepta en soupirant.
Elle lui montra ce qu’elle avait fait, comment, pourquoi. Il écouta avec grande attention jusqu’à ce qu’il annonce :
- Je suis épuisé. Je vais me coucher. À demain, Bintou.
Elle l’observa emprunter une hutte et y disparaître. La lune était haute. La nuit sombre, supposa Bintou qui y voyait comme en plein jour. Quitte à ne pas dormir, autant en profiter. Bintou retourna en forêt et continua ses emplettes. Toute la nuit, elle réalisa des produits.
- C’est fantastique, dit une voix féminine dans son dos.
Bintou se rendit compte qu’il faisait jour. Sa patiente était là. Son bras ne montrait plus aucune irritation.
- Comment te remercier ? demanda-t-elle.
- J’ai besoin d’un grand sac pour transporter tout ça, annonça Bintou en montrant les innombrables pots qui l’entouraient.
Elle comprenait maintenant pourquoi les shale avaient une aumônière, mais également la raison pour laquelle ils revenaient souvent au foyer : ils venaient refaire leur stock, leur évitant le dur labeur de tout préparer eux-même. Les herboristes du foyer offraient leur temps pour que les shale en aient davantage à offrir aux habitants de L’Jor.
La patiente guérie revint avec l’objet demandé. Bintou la remercia. Elle venait juste de finir de ranger lorsque le shaman sortit de la hutte.
- On peut reprendre ? demanda Bintou.
- Non. Je vais manger d’abord, indiqua-t-il avant de disparaître de nouveau mais cette fois vers le centre du village.
Bintou soupira. Que de temps perdu ! Elle avait tellement l’habitude de vivre avec des gens n’ayant plus ces besoins primaires. Elle plissa des yeux. Il lui suffisait de faire en sorte qu’il ne les ait plus. Elle se leva et le rejoignit.
Tandis qu’il mangeait, elle activa le shen. Quelle horreur ! Jamais Bintou n’avait vu un assemblage aussi atroce. Même les elfes noirs à Ketema en avaient des plus jolis. Un roncier dense dressé d’épines maintenait les fils dans des positions inconfortables. Certaines les transperçaient, les déchirant, à la limite de la cassure.
Bintou pourrait-elle parvenir à un quelconque résultat dans un cadre aussi mauvais ? Elle secoua la tête. Non, elle n’y arriverait jamais. Cela ne ressemblait vraiment à rien. Quoi que puissent faire les femmes elfes noires aux palais de coton, elles offraient à leurs enfants un sacré cadeau de départ dans la vie.
Pour Aera, elle ne pourrait jamais rien. Elle observa les gens autour d’elle et ne put retenir ses larmes. Les assemblages mauvais se succédaient, certains comme Aera plein de ronces, d’autres collés hermétiquement, d’autres englués dans un liquide visqueux, d’autres encore emmêlés à un niveau que Bintou n’aurait pas été capable d’imaginer.
- C’est bon, j’ai fini de manger, annonça Aera en revenant vers elle. Tu peux reprendre tes… Ça ne va pas ?
Il venait de remarquer les larmes sur les joues de Bintou. Elle ne pourrait jamais aider ses compatriotes. Ils mourraient tous de vieillesse avant qu’elle n’ait pu atteindre un seul fil… quant au fil principal, des vies entières n’y suffiraient pas.
Jamais elle n’aurait cru constater une telle différence entre les humains et les elfes noirs. Elle comprit qu’elle serait à part jusqu’à sa mort dans très, très, très longtemps.
Ses pensées fusèrent vers son maître. C’était avec lui qu’elle voulait passer l’éternité. Où était-il ? La recherchait-il pour la tuer ? Se contenterait-il de la punir puis de l’enfermer au foyer ?
Penser à lui la plongea dans une immense tristesse. Elle hoqueta, submergée par ses émotions, perdant son accès au shen et les assemblages disparurent.
- Bintou ? Qu’est-ce qu’il y a ? s’exclama Aera, inquiet.
Bintou essuya ses larmes d’un revers de la main.
- Rien, assura-t-elle. Reprenons la leçon de plantes.
Ce savoir-là, au moins, elle pouvait l’enseigner. Si elle formait correctement assez de shamans, ils perfectionneraient leurs produits puis se transmettraient le savoir. De quoi bien améliorer le quotidien des msumbis.
Ils passèrent une lune ensemble. Il apprit beaucoup. Il la mena de villages en villages, soignant des gens de temps à autre. Les shamans avaient une région propre, comme les shale, à ceci près qu’elle était beaucoup plus petite. Les habitants ne pouvaient pas se contenter d’appeler un shaman pour qu’il vienne. Ils n’étaient pas télépathes.
Bintou plissa des yeux. Si quelqu’un l’appelait à voix haute, serait-elle en mesure de l’entendre ? Elle en doutait. Elle percevait les contacts télépathiques mais si un non eoshen disait son nom, elle ne pourrait pas s’en rendre compte.
- Salut, Rethal ! s’exclama Aera.
Un autre shaman ? Cette rencontre ne pouvait pas être un hasard. Bintou transperça Aera des yeux. Nul doute qu’il avait envoyé un messager chercher un shaman voisin afin de créer cette fausse rencontre fortuite.
- Bonjour, Aera. Tu as dit qu’on devait venir te voir en cas de gros pépin…
- Quel est le problème ? demanda Aera tandis que Bintou secouait la tête.
- Faral est malade. Le village a été mis en quarantaine. Tous les habitants vont mourir, les uns après les autres. Ensuite, on brûlera tout.
- Vous n’essayez même pas de les soigner ? demanda Bintou.
- Et risquer d’être contaminés nous-même ? Non ! s’exclama Rethal.
- Menez-moi à cet endroit, demanda Bintou.
- Qui c’est, elle ? interrogea Rethal.
- Mène-nous, s’il te plaît, dit Aera. Je t’expliquerai après.
Bintou soupira. À L’Jor ou ici, ça ne changeait rien. Nul ne prenait la peine de la saluer. Pendant la marche, Bintou activa le shen pour observer l’assemblage de Rethal : ses fils étaient englués dans une sève collante. Bintou avait peur de rester coincée si elle touchait à ce truc visqueux.
Ils parvinrent rapidement au village touché.
- Attendez-moi là, indiqua Bintou avant de s’avancer.
- Elle est suicidaire ? demanda Rethal.
Bintou s’éloignant, elle ne sut ce que Aera lui avait répondu. Nul doute que ces deux-là allaient beaucoup se parler. Si Aera pouvait lui transmettre un peu du savoir des plantes qu’elle lui avait donné, cela la soulagerait énormément.
Bintou entra dans le village. Lorsqu’une femme la vit, elle lui cria de s’en aller, tout en restant à bonne distance. Bintou n’en fit rien.
- Bonjour, dit-elle.
- Tu ne pourras plus ressortir, maugréa la femme d’un ton triste. Ce village est…
- Confiné, je sais. Tu n’as pas l’air malade.
- Il faut parfois plusieurs jours pour…
- Acceptes-tu que je te touche ? Le poignet, par exemple.
La femme la regarda intensément puis lui tendit la main droite avec un regard ahuri. Bintou activa le shen puis projeta. La guérison ne prit qu’un instant.
- Tu n’es pas malade, en conclut Bintou. Tu peux sortir. Tu n’emportes rien. Deux shamans attendent là-bas, dit-elle en désignant le nord ouest. En restant à distance d’eux, tu retires tes vêtements… tous ! Pas de pudeur. Il s’agit de rester en vie alors tes seins et ton sexe, on s’en tape.
La femme hocha la tête.
- Tu leur demandes de faire brûler tes habits puis de t’en trouver d’autres. Ils vont en chercher au village voisin ou ils te donnent les leurs, je m’en fiche. Ils trouvent une solution. Ensuite, tu pourras aller rejoindre un autre village.
- Mon fils et mon mari sont malades ! pleura-t-elle en désignant une hutte.
- Je ferai de mon mieux. Prie pour que les ancêtres me donnent la force.
La femme hocha la tête.
- Va.
Elle s’éloigna, rejoignant les shamans. Bintou commença par les personnes valides, toutes saines. Elle en compta douze. Elle entra ensuite dans la première hutte à côté d’elle, pour n’y trouver que deux morts. Trop tard.
Elle rentra dans une autre. Deux personnes s’y trouvaient : une femme très malade alitée et un homme fiévreux tentant de la forcer à boire une sorte de soupe.
- Elle est enceinte, indiqua-t-il. Si elle prend des forces, peut-être survivra-t-elle. Parfois, les forts…
Il ne termina pas sa phrase, sa voix entrecoupée de hoquets et de larmes ne laissant plus filtrer un mot. Elle s’approcha et lui posa une main rassurante sur l’épaule, profitant de ce contact pour projeter.
L’homme poussa un cri surpris mais ne s’opposa pas. Il respira avec difficulté tandis que Bintou sentait sa vie lui être retirée à une vitesse foudroyante. Elle tentait de contenir l’hémorragie mais ce mal ancré dans un assemblage aussi brinquebalant lui pompait toute son énergie.
Une situation analogue lui vint en tête : celle de son maître soignant une blessure au métal noir. Cette maladie représentait pour elle, simple apprentie, un tel mal. Sauf qu’elle était incapable de se sustenter tout en soignant, comme il l’avait fait. Même si quelqu’un avait été assez aimable pour lui apporter à manger et en imaginant que la nourriture n’était pas souillée par la maladie, Bintou aurait de toute façon été incapable de projeter et de manger en même temps. Cela restait totalement hors de sa portée.
- Tu n’es plus malade, indiqua-t-elle avant de lui donner les même instructions qu’aux autres villageois.
- Je ne partirai pas sans ma femme, gronda-t-il.
- Va-t-en, maintenant ! ordonna-t-elle froidement.
L’homme dut sentir la menace dans son ton car il sortit, choqué. Bintou observa la femme : deux vies à sauver et elle était déjà presque totalement vidée. C’était peine perdue. Elle sortit de la hutte sans même essayer. Elle médita dans la rue principale.
Dès qu’elle eut retrouvée toutes ses forces, elle retourna voir la femme enceinte pour la trouver morte. Elle se rendit dans la hutte voisine. Deux adolescents tremblaient près des cadavres de leurs parents. Elle parvint à les soigner tous les deux.
Une séance de méditation lui permettait de sauver un adulte ou deux adolescents.
Dans une hutte, elle trouva un jeune enfant, bien avant l’âge de raison, supposa-t-elle. Autour de lui, des morts, des jeunes, des vieux. Toute sa famille avait été décimée. Il était le seul survivant et il brûlait de fièvre.
- Tu veux bien me donner la main ?
Il hocha timidement la tête. Elle activa le shen et resta figée un instant. Elle découvrit des fils cohérents, droits, pratiquement exempts de nœuds, et une ligne principale forte, longue mais lâche et libre. Il suffirait d’attacher le fil au reste et cet enfant entrerait aisément en contact avec son moi intérieur. Bintou retira cela de son esprit. Le soigner était bien plus important pour le moment.
Elle projeta, ce qui ne lui demanda qu’une poignée d’énergie, puis lui donna les mêmes instructions qu’aux autres à ceci près qu’elle rajouta :
- Reste ensuite auprès des shamans et attends mon retour. D’accord ?
Il obéit à ses instructions à la lettre, n’emmenant même pas son jouet en bois.
- Tu as une mine horrible, dit Aera tandis qu’elle revenait.
- Trente-trois sont venus nous trouver, annonça Rethal. Les villages voisins les ont accueillis. Quelle est la situation là-bas ?
- Tout le monde est mort, annonça Bintou.
- Ne reste plus qu’à brûler le village, dit Aera.
Bintou leva la main et des flammes immenses jaillirent au loin, consumant la paille et le bois.
- Bonjour, Mamou, dit Bintou en s’accroupissant devant l’enfant.
Aera et Rethal observaient, médusés, l’incendie qui ravageait la maladie.
- Merci d’être resté, lui dit-elle.
- Je n’ai nulle part ailleurs où aller, pleura-t-il tandis que son village devenait cendres.
- Bien sûr que si. De nombreuses familles seraient ravies d’accueillir un gentil garçon comme toi, je n’en doute pas. Ceci dit, je peux te proposer autre chose. Accepterais-tu de devenir mon apprenti ?
- Ton apprenti ? s’étrangla Rethal. Mais elle se prend pour qui ? Elle n’est même pas shaman.
Aera se crispa. Que son collègue se permette de parler ainsi à une femme venant de ravager un village de flammes plus hautes que les arbres environnants semblait lui déplaire.
- Tu es censée être shaman ? dit Mamou. Je ne savais pas qu’il y avait des femmes shaman.
- Il suffit d’aller voir le Mtawala, indiqua Aera.
- Il ne la désignera pas, gronda Rethal. Une étrangère ne…
- Bintou n’est pas une étrangère ! le contra Aera.
- Elle a disparu pendant tellement de temps ! s’écria Rethal. Où étais-tu toutes ces années ?
Bintou transperça Rethal des yeux et garda le silence, indiquant ainsi clairement qu’elle ne comptait pas lui répondre et qu’il était prié de se mêler de ses affaires.
- Je veux bien, dit Mamou, devenir ton apprenti.
- Il ne peut pas ! s’exclama Rethal.
- Je te remercie de ta confiance, dit Bintou en ignorant Rethal. J’aimerais te faire quelque chose mais j’ai peur du résultat.
- Tu m’as sauvé la vie ! s’exclama l’enfant. Tu as permis à de nombreuses personnes de ma tribu de survivre à ce terrible mal. Je te donnerai tout ce que tu veux.
Bintou soupira et grimaça.
- Qu’y a-t-il Bintou ? Que veux-tu faire à cet enfant ? demanda Aera.
- Lui montrer son moi intérieur, indiqua Bintou.
- Lui quoi ?
- C’est dangereux, précisa Bintou.
- Alors ne le fais pas, gronda Rethal. Cet enfant ne mérite pas de…
- Dangereux pour moi, pas pour lui, indiqua Bintou.
Rethal fronça les sourcils.
- D’habitude, je frôle la mort quand je fais ça… maugréa Bintou. Je n’aurai personne pour me soutenir si cela se produit de nouveau.
Son maître l’avait sauvée pour Syphry. Ici, elle ne pouvait compter que sur elle-même. La tristesse revint, envahissante, prenante, englobante, ravageant tout sur son passage.
- Bintou ? Ça va ? demanda Aera.
- Qu’est-ce qu’elle a ? interrogea Rethal.
- Elle fait souvent ça, indiqua Aera.
Bintou se mordit la lèvre inférieure puis inspira avant de souffler.
- Aera, tu veux bien me préparer à boire et à manger ?
- Manger ? Boire ? répéta Aera qui ne l’avait jamais vue se sustenter depuis leur rencontre. Euh… oui, bien sûr, si tu veux !
Sans ancrage, un massage ne servirait à rien et Bintou ne disposait pas des plantes nécessaires pour créer un bon somnifère.
- Mamou, j’ai besoin que tu te détendes et que tu essayes de te répéter que tu es d’accord avec ce que je fais, indiqua Bintou.
- Je ne comprends pas, dit l’enfant.
- Je me doute. Je vais te montrer ton moi intérieur.
- C’est quoi ? demanda l’enfant.
Bintou secoua la tête. Elle ignorait totalement comment expliquer ce concept.
- Peu importe, dit l’enfant en constatant la gêne de son interlocutrice.
Il se coucha sur le côté et se détendit. Elle l’entendit murmurer. Il répétait les même sons, obéissant ainsi scrupuleusement à cette femme inconnue quelques temps auparavant.
- Ça va aller très vite, indiqua Bintou à Aera. Si cela se passe comme les dernières fois, je vais hurler et m’écrouler. J’aurais avant tout besoin d’avoir à manger et à boire dès mon réveil.
- Pourquoi le fais-tu si c’est si dangereux ? N’y a-t-il pas un autre moyen ? s’enquit Aera.
Bintou se rappela du professeur de régénération naturelle, ancien shale ayant perdu sa capacité à projeter avant de la retrouver grâce à elle. Il tentait de les aider de son mieux sans totalement y parvenir. Elle ne se voyait pas du tout lancer des phrases en l’air sans queue ni tête et espérer que cela aiderait cet enfant. Non, c’était inimaginable. Elle secoua négativement la tête.
Elle activa le shen, retrouvant l’assemblage magnifique de l’enfant. Elle se détendit, prête au choc. Très vite, elle saisit le grand fil blanc voletant librement et l’accrocha à sa place dans l’ensemble.
- Elle n’a pas crié, dit Rethal. Elle respire ?
- Oui, répondit Aera.
- Comment te sens-tu ? demanda Rethal.
- Extrêmement bien ! s’exclama Mamou.
Bintou soupira d’aise intérieurement. Son corps se faisait broyer de l’intérieur. Tous ses os se brisaient, ses poumons se remplissaient d’acide pur, ses tendons lâchaient un à un, ses intestins se déchiquetaient. Cela ne l’empêchait pas d’entendre. Ses yeux clos ne voyaient cependant pas.
- Je ne me suis jamais senti aussi plein d’énergie, s’enthousiasma l’enfant. Merci Bintou ! Je… Qu’est-ce qu’elle a ?
Bintou sentit qu’on la secouait doucement.
- Aidez-la ! hurla Mamou.
- Elle a dit qu’elle aurait besoin de manger et de boire à son réveil, indiqua Rethal.
Bintou entendit des bruits de pas s’éloignant puis rien.
- Elle respire toujours ? demanda Rethal après un long moment.
Pas de réponse. Bien sûr qu’elle était en vie ! La douleur le lui rappelait méchamment. Comme elle aurait aimé avoir un eoshen près d’elle. Un contact et hop, fini. Elle avait trop pris l’habitude de cette facilité. Cette souffrance, cependant, ne valait pas la Nech’i kwasi de son maître. Bintou y avait survécu. Elle savait qu’elle vaincrait ici encore. Sa régénération naturelle était haute.
- Tenez !
- Mamou ? Tu as trouvé ça où ? s’exclama Aera.
- Au village. J’y retourne pour en ramener davantage !
- Au village ? répéta Aera d’un ton ahuri.
- C’est impossible, dit Rethal. Il ment. Nul ne peut faire l’aller et retour aussi vite alors un môme aussi petit…
- Et il aurait trouvé tout ça où selon toi ? répliqua Aera.
Bintou se sentit soulevée. Un liquide froid et sucré pénétra sa bouche. Malgré la mâchoire déboîtée et l’œsophage en feu, elle se força à avaler. Son corps lui envoya une sensation de bien-être, disparaissant presque aussitôt pour être remplacée par une douleur atroce. Elle en voulait encore. Heureusement, cela recommença.
- Elle avale ? demanda Rethal.
- Oui. Viens m’aider au lieu de glander !
- Je monte la garde, répliqua Rethal.
Aera ronchonna et continua seul à prendre soin de Bintou.
- Mamou ? Mais… bredouilla Aera.
- Elle a déjà tout avalé ? s’étrangla Mamou.
Bintou aurait souri si elle en avait capable. Douce ironie que d’être de l’autre côté.
- J’y retourne ! s’exclama l’enfant.
- Mamou ! Attends ! Ne…
Aera s’arrêta de parler. Il nourrit encore Bintou. La douleur s’éloignait. Son corps commençait à revenir. La nourriture cessa de toucher ses lèvres et Bintou ouvrit les yeux, juste à temps pour voir Mamou arriver en courant, petit garçon portant victuailles diverses.
- Merci, Mamou. Reste là. Je finirai en méditation.
- En quoi ? dit l’enfant.
Bintou avala tout ce qu’il lui avait apporté puis se mit en tailleur avant de dire :
- Tu devrais essayer. Maintenant que je t’ai montré ton moi intérieur, tu peux méditer, toi aussi.
- Moi aussi je médite, répliqua Aera.
- Non, répliqua Bintou avant de fermer les yeux et de contacter son moi intérieur.
Toute souffrance disparut. Retrouver son plein potentiel prendrait du temps mais au moins se sentait-elle bien.
Sa régénération naturelle au maximum, elle ouvrit les yeux pour découvrir Mamou en pleine méditation. Aera et Rethal dormaient. Au matin, ils découvrirent un bon repas et un feu.
- Merci, Bintou, dit Aera.
- De rien. J’ai besoin que vous soyez en forme pour me guider.
- Te guider ? répéta Aera.
- Vers le Mtawala, précisa Bintou. Je ne sais pas où il se trouve, moi !
Aera hocha la tête tandis que Rethal secouait la sienne.
- Tu vas devenir officiellement une shaman et moi ton vrai apprenti ? s’exclama Mamou en sortant de méditation.
Bintou accompagna son sourire d’un clin d’œil et l’enfant rayonna de bonheur.
Maintenant, plus qu'à reconnecter les bouts :
- Bintou fuit le Foyer puis utilise le shen en dehors et forme même un apprenti
- le peuple de Bintou aide les eoshens dans leur fuite, puis se fait chasser en Eoxit, rencontre les elfes des bois, puis les Eoxans s'installent, exilent les mbamzis et exterminent / esclavagisent les elfes des bois
- Bintou est punie (par les eoshens, pour avoir utilisé le shen ?) et enfermée dans une oasis au milieu des terres noires. Les terres noires ont été créées par les eoshens pour la punir ? Ou alors c'est en formant Mamou qu'elle a involontairement déclenché une catastrophe écologique ?
Les coquilles :
Elle avait volontairement réaliser => réalisé
« Va, mon ami » => amie
Bintou a passé quelques années au foyer mais pas tant que ça.
Merci encore pour tes suppositions et tes coquilles, que j’ai corrigées !
Je relis l'histoire de Bintou (c'est ma préférée des trois) et je trouve une autre coquille :
Comme elle aurait aimé avoir un eoshen prêt d’elle. => près d'elle
Hé ! Ravie de te revoir. Tu relis seulement Bintou ? Tu es, à ma connaissance, la seule lectrice à se contenter de suivre un seul personnage. Je serai heureuse d'avoir ton avis sur ce mode de lecture :)
Merci pour la coquille !
Bonne lecture !
Bonne lecture !