Playlist Max :
The Hell song – Sum41
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Il était étrange d’aller à l’Adonis avec autant de monde. Si Tom et Jules nous accompagnèrent cette fois-ci, c’était surtout parce qu’ils étaient nouveaux dans notre groupe et que Max tenait à les initier à toutes nos petites routines.
Embarquer Nick et Livio en plus, par contre… voilà qui était nettement plus inhabituel !
Mon frère aîné nous été tombé dessus lors que nous nous apprêtions, Tom et moi, à rejoindre les autres devant l’Adonis pour le dernier grand concert de la saison. Septembre venait tout juste d’être entamé et nous allions bientôt quitter cet infernal été pour plonger dans l’automne, autant dire que Gloriana avait mis les petits plats dans les grands.
Quant à Nick… disons qu’en apprenant où nous allions, il insista vivement pour nous y accompagner.
— Depuis le temps que tu me parles de l’Adonis, avait-il fait valoir en croisant les bras alors que je terminais tout juste de nouer mes lacets, il serait temps que je le découvre, non ?
Tom et moi nous étions regardés, un peu sceptique.
— Tu n’es pas sensé aller chercher papa et maman à la gare ? demandai-je en penchant la tête.
La nouvelle était tombée pendant notre petite escapade à la mer : papa et maman revenaient enfin ! De ce que Nick nous avait dit, nos grands-parents avaient enfin trouvé un terrain d’entente et sans signer le moindre papier de divorce. En gros, ils étaient passé de mari et femme à simple colocataires slash ami slash occasionnellement sexfriend.
Autant vous dire qu’à cette dernière évocation, je n’avais pas été la seule à faire la grimace.
Nick haussa des épaules avant de fourrer nonchalamment ses mains dans ses poches.
— Ils m’ont téléphoné il y a une heure, ils m’ont dit vouloir louer un taxi. Papa a fait la grimace, mais tu connais maman, elle a eu gain de cause.
Évidemment… Je secouai la tête.
— Bon, très bien, soupirai-je en me relevant et mon frère exulta. N’oublie pas de prévenir Livio, ajoutai-je avec un sourire malicieux, qu’il en profite également.
Je n’avais pas terminé ma phrase que Nick était déjà pendu au téléphone à donner rendez-vous à son petit-ami devant le bar.
Lorsque nous avions rejoint les autres, Max et Jules parurent un peu surpris de voir débarquer Nick et Livio. Romy de son côté, en fut tout simplement enchantée alors que je rejoignais Alex pour le soutenir – il n’avait pris qu’une seule de ses béquilles et s’y appuyai comme une canne.
— Allez papi, allons faire la fête, me moquai-je gentiment en passant un bras dans son dos.
— C’est ça, moque-toi, s’amusa-t-il en suivant le mouvement.
Devant la façade décrépite, Livio fit la moue.
— Vous êtes bien sûr que c’est ici ? demanda-t-il au cas où.
À côté de lui, Jules, Tom et Nick affichaient la même mine perplexe.
— Et comment ! s’amusa Max en leur ouvrant grand la porte.
De l’autre côté s’étendait le bar dans toute sa chaleur électrique et ses parfums d’ambiances. Les garçons n’en crurent pas leurs yeux.
— Vous croyiez vraiment qu’on aurait choisi quelque chose bien en vue avec tous les fachos qui traînent ? les railla Max avant de fondre à l’intérieur la première.
Nous la suivîmes, Nick et Livio fermant la marche. Tous deux admiraient avec effarement leur environnement tout en nous suivant lentement jusqu’à notre table favorite près de la scène. Une fois Alex confortablement installé sur l’un des tabourets, je m’autorisai à leur jeter un coup d’œil.
Livio affichait à présent une mine réjouie et prit la main de Nick pour le guider dans la foule déjà compacte alors qu’il continuait d’admirer les décorations fleuries qui abondaient au plafond.
— Déformation professionnelle, me glissa Livio avec un sourire amusé que je lui rendis.
Tom et Jules, eux, n’avaient d’yeux que pour la scène où un DJ mettait l’ambiance. Max était en train de se vanter de ses représentations sous leurs yeux admiratifs quand Livio proposa d’aller leur chercher à boire. Romy sauta sur l’occasion pour l’accompagner et tous deux bavardèrent en attendant qu’un barman se libère.
— Ah, ça va être à moi, sourit Max en quittant la table pour rejoindre les coulisses.
Sur scène, le matériel du DJ avait été mis de côté et on installait micro, baffles et batteries. Quelques musiciens y accordaient déjà leurs instruments.
— Attends, elle chante vraiment ? demanda Tom, stupéfait.
— Quoi, son look de rockeuse tu croyais que c’était pour faire joli ? le raillai-je gentiment.
Trop surpris pour être embarrassé, il se contenta de reposer les yeux sur la scène, sidéré. Moins d’une dizaine de minutes plus tard, Max entrait sur scène. Sa guitare électrique en main, elle prit un instant pour s’assurer que tout était bien accordé, rajusta le micro et sourit à la foule qui avait commencé à scander son nom.
— Eh bien, elle est populaire, dis donc, souffla Nick avec admiration.
— Parfois un peu trop, releva simplement Alex avec une grimace.
Sa phrase à peine terminée, les premières notes de The Hell Song de Sum 41 se répandirent dans le bar. Je battis aussitôt la mesure, incapable de m’en empêcher. J’adorais cette chanson, Max n’avait pas eu à insister longtemps pour me convaincre d’en faire ma sonnerie quand elle m’appelait et l’entendre de sa voix, c’était juste un régal.
Je profitais du show quand un coup de coude me fit tourner la tête. Alex m’indiqua Jules sur notre gauche. Il était complètement fasciné par la prestation de Max.
— Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou en ressentir un certain agacement, avoua-t-il avec un drôle de sourire.
— Pourquoi ? m’étonnai-je alors que Max entamait le refrain.
Alex pinça les lèvres et plissa les yeux en direction de Jules. Ce dernier était tellement absorbé par la chanson qu’il ne le remarqua même pas.
— Difficile à dire.
— Si c’est juste un truc de frère, laisse couler, lui conseillai-je en reportant mon attention sur Max.
Alex se tourna vers moi, un sourcil relevé. Je lui offris un sourire en coin.
— Je te rappelle que j’ai deux grands frères et qu’ils ont sûrement dû ressentir la même chose à ton égard.
— Je confirme, nous glissa Nick avec un sourire amusé, surtout quand j’ai appris que vous aviez couché ensemble le premier soir.
Alex devint écarlate et moi aussi, bien que je tentai de le cacher derrière une toux discrète. Un franc échec, mais mettons-le de côté si vous le voulez bien.
— Quoi qu’il en soit, repris-je d’une voix un peu rauque, si même Nick n’y trouve rien à redire, tu n’as pas à t’inquiéter. Puis, tu connais ta sœur, ajoutai-je puisqu’il n’avait toujours pas l’air convaincu, s’il lui fait du mal, elle n’hésitera pas à lui refaire le portrait.
Alex y réfléchit un instant, puis, décidant que j’avais raison, afficha un large sourire satisfait.
— Pourquoi ai-je l’impression que tu espères que ça se produise ? demandai-je, soupçonneuse.
— Parce que tu commences à savoir lire dans mes pensées ? proposa-t-il, l’air mutin.
— Et parce qu’aucun frère n’aime voir sa sœur roucouler avec qui que ce soit, convenable ou pas, me répondit Nick avec un clin d’œil.
— Tout à fait, approuva Alex avec un vigoureux signe de tête.
Je les considérai à tour de rôle, sans voix, avant de secouer la tête, dépitée.
— Les garçons… me désolai-je, ce qui les fit bien rire.
L’instant d’après, Livio et Romy revenaient enfin avec nos boissons – soda pour les jeunes, cocktails pour les deux messieurs plus âgés.
À peine revenue, Romy me sauta dessus et m’entraîna dans une longue conversation avec Livio. Me proposer de jouer les cheffes costumières pour sa prochaine pièce ? Voilà une bien belle manière de me mettre dans sa poche. Le plus fou ? J’ai accepté. Vu le prix qu’il avait proposé de me payer, je ne pouvais pas refuser ! Et dans la mesure où je rêvais d’ouvrir ma propre boutique, cela revenait à un stage bien payé tout à fait opportun.
J’appris dans le même temps que Romy avait prévu de se lancer dans le théâtre. Livio lui avait proposé une séance d’essai pour voir comment elle s’en sortait. J’en avais été ravie pour elle. Ma mère disait toujours qu’il n’y avait pas mieux que le théâtre pour faire sortir de sa coquille une personne timide, ce serait donc parfait pour Romy.
Je prévoyais un rendez-vous pour quelques séances d’essayages quand je me rendis compte que Max nous avait rejoint à table. En tournant la tête, je réalisai aussi qu’Alex n’était plus là.
— Où est Alex ? demandai-je à la table.
Tous me regardèrent avec des yeux tout à fait surpris et se mirent à observer alentour. Une brusque bouffée de panique m’envahit. Je m’apprêtai à me lever pour l’appeler quand Max me poussa à rester assise.
— Regarde là-bas, m’indiqua-t-elle sereinement en pointant la scène.
Les musiciens étaient toujours là, mais à la place où se tenait Max un instant plus tôt, un tabouret avait été placé. Et assis dessus, sa guitare à la main et une jambe attelée devant lui, Alex.
— Et tu vas me dire qu’il chante, lui aussi ? s’indigna Tom mais je l’ignorai complètement.
Alex était en train de faire les derniers réglages quand Gloriana s’avança sur scène dans son sublime costume or et émeraude au corset parsemé de pierreries – des fausses, bien sûr, je m’appelle pas Crésus.
— À présent, mesdames et messieurs, et après des mois à l’attendre, notre petit chouchou tout juste sorti de l’hôpital va nous interpréter une chanson de sa composition. Alex ! clama-t-elle en s’écartant et un tonnerre d’applaudissements retentit dans la salle.
— Il compose et il chante ? s’insurgea Tom au désespoir.
— Pchut ! le fis-je taire et personne ne s’en formalisa.
Lorsque la salle retrouva un calme relatif, Alex releva la tête et croisa mon regard. Il me fit un clin d’œil qui remua quelque chose tout au fond de moi avant se pencher sur sa guitare avec un sourire envoutant. Lorsqu’il gratta les premières notes, Max se redressa.
— C’est pas trop tôt ! s’exclama-t-elle sans que personne n’y prête attention en dehors de notre table. Depuis le temps qu’il me rabâche les oreilles avec ses essais !
Je la regardai un instant, abasourdie avant de revenir à Alex. Ses essais ? S’agissait-il de cette fameuse chanson sur laquelle il travaillait depuis des semaines et dont Max s’était plainte au début des vacances ? Mais qu’est-ce qu…
Lorsque la voix d’Alex s’éleva enfin dans la salle, je me figeai tout net. D’abord parce que j’avais oublié à quel point elle était belle et suave, ensuite parce que ses mots m’allèrent tout droit au cœur. J’en restai sans voix.
Je n’étais pas très forte en anglais, aussi ne compris-je pas toutes les paroles mais… c’était indéniable, il parlait de moi. Mes joues s’embrasèrent. Et si j’avais des doutes au début – quelle grosse égocentrique je ferais si je me trompais ! – le regard que braqua Alex sur moi pendant le refrain ou la soudaine attention des meilleurs bilingues de notre table suffit à les balayer. Autant dire qu’à cet instant, et comme Jules un peu plus tôt, je ne pouvais détacher les yeux de lui.
Je n’en revenais pas. Il avait vraiment…
Un bruit semblable à un grognement m’arracha à ma transe et je me tournai sur la gauche. Jules s’était rencogné dans son siège, un sourire moqueur – bien qu’un brin envieux – sur les lèvres.
— Quel lover… grommela-t-il aussi amusé que jaloux.
— C’est sûr que c’est pas toi qui risques de faire autant d’émule avec ta voix de casserole, le nargua Tom.
— Hé, je ne chante pas si faux ! se récria Jules assez bas pour ne pas interrompre la musique.
Ses joues avaient pris deux teintes.
— À peine, ricana Tom. J’te rappelle qu’on a déjà fait des soirées karaoké et c’était un calvaire de t’écouter.
— Tu peux parler ! riposta Jules en lui assénant un coup sur le bras. T’es aussi doué que moi !
Tom haussa des épaules.
— Je n’ai jamais prétendu le contraire, répondit-il sereinement. Et de toute façon, je préfère composer que chanter.
— Tu as déjà joué d’un instrument ? demanda Max, très intéressée en sirotant son verre.
Jusqu’à présent elle avait pris grand soin de se boucher les oreilles, incapable de supporter cette chanson qu’elle a passé bien trop de temps à écouter. De mon côté, c’était comme si la voix d’Alex me berçait le cœur alors que je ne les écoutais plus que d’une oreille.
— Oh, il en a essayé beaucoup, se désola Nick accoudé à la table sur ma droite et Tom vira au cramoisi. C’est un miracle qu’on ne soit pas devenu sourds.
— C’était si terrible que ça ? s’étonna Romy.
— Tu as déjà entendu une chatte en chaleur gémir au désespoir ? demandai-je sans quitter Alex des yeux.
Elle opina.
— Eh bien, Tom parvient admirablement bien à faire pire, que ce soit à la flûte, à la guitare ou avec n’importe quel autre instrument.
Romy haussa les sourcils et Tom parut vouloir disparaître de la surface de la Terre. Elle y réfléchit un instant avant de se tourner vers lui.
— Tu as déjà essayé le piano ? demanda-t-elle gentiment.
— Je… Hum… Non, répondit-il timidement. On n’avait pas vraiment la place pour ça.
Le sourire de mon amie s’élargit.
— J’ai un piano à queue chez moi, tu pourrais t’essayer dessus, proposa-t-elle gentiment et il eut l’air de fondre de bonheur. Je suis des cours de piano depuis mes dix ans, je devrais pouvoir te donner quelques conseils.
— Vraiment ? fit-il plein d’espoir et elle opina.
En se rencognant dans son siège, Tom eu l’air au comble du bonheur.
Nick et moi nous jetâmes un bref regard, nous retenant à grand peine de rire. Si un jour on m’avait dit que nous verrions Tom paraître aussi timide devant qui que ce soit ! Et Romy de surcroit !
De l’autre côté de la table, Jules essayait de convaincre Max de lui donner quelques cours de chant, mais la rockeuse refusait catégoriquement en souriant de toutes ses dents et se régalait à le faire tourner en bourrique. Mais je ne les écoutais plus.
Un lent sourire étira mes lèvres alors que je reportais mon attention sur la scène. C’était magnifique…
Quand la chanson toucha à sa fin, Alex remercia le public qui l’acclama comme un roi en en redemandant mais il se contenta de les saluer et, aidé du bassiste, retrouva les coulisses où je m’étais déjà précipité. Il eut tout juste le temps de récupérer sa béquille pour s’y appuyer que je lui sautais dans les bras.
Pas trop fort, rassurez-vous. Jamais je ne me serais permis de le faire tomber à la renverse dans cet état, surtout pas sur un sol aussi dur et jonché de câbles et de matériel. Un lit en revanche… mais passons !
Alex tangua un peu sur ses pieds avant de se stabiliser et de m’enlacer à son tour.
— Je t’aime aussi, dis-je sans préambule avant de l’embrasser.
Les gens du staff toussotèrent autour de nous, je les ignorai.
Un peu désarçonné, Alex se laissa faire de bon cœur et me rendit mon baiser.
— Depuis combien de temps travailles-tu dessus ? questionnai-je en m’écartant un peu pour le laisser respirer.
— Un petit moment, avoua-t-il timidement.
— Petit ? m’amusai-je.
— Bon d’accord, un bon moment, concéda-t-il avec une subtile touche de rose sur les joues.
J’en étais merveilleusement ravie. Puis je me mis à réfléchir.
— Une chanson est un peu comme un poème, non ? demandai-je de but en blanc, ce qui le pris un peu plus au dépourvu.
— Plus ou moins, approuva-t-il avec un sourire incertain.
J’opinai pour moi-même, décidée.
— Je ne suis pas très douée, mais j’essaierai.
Alex papillonna des yeux. Lorsqu’il comprit, son regard s’illumina comme le plus beau des sapins de Noël et un immense sourire fendit ses lèvres.
— Je serais ravi de le lire, affirma-t-il avec émotion avant de m’embrasser.
Une minute plus tard, nous retrouvions maladroitement les autres à notre table. Traverser la foule avec une béquille ne fut pas de tout repos, sans compter la myriade de personnes qui nous arrêtaient tous les deux pour complimenter Alex. Une fille eut même l’audace de l’embrasser sur la joue, ce qui me donna envie de lui arracher les yeux. Heureusement pour elle, Alex parvint à me calmer et nous ne fîmes que la dépasser. Mais je ne me privai pas de l’assassiner du regard. Elle dut comprendre son erreur parce qu’elle perdit vite son sourire et disparut dans la foulée.
C’est sûrement pour ça qu’au moment de retrouver notre table, nous poussâmes un profond soupir de soulagement.
Juste avant d’être enseveli par les compliments de nos amis.
Max venait tout juste de se lancer dans un long monologue sur le calvaire qu’avait représenté l’écoute répétitive de tous les essais musicaux de son frère quand la scène se nimba de brume et que Gloriana fit son entrée dans un nouveau costume tout aussi haut en couleur.
— Il se passe quoi, là, au juste ? voulut savoir Tom.
— Oh, rien, juste le grand show du vendredi soir, répondis-je l’air de rien.
— Le quoi ? demanda-t-il mais au même moment, la musique se lança et une ovation générale fit rugir le publique alors que Gloriana et ses danseuses commençaient leur show.
Voir la réaction de Tom et Jules face à ce spectacle valait tout l’or du monde. Gloriana faisait une danseuse de cabaret extraordinaire malgré son embonpoint. Le fait de savoir que derrière le maquillage et les paillette se trouvait un homme de leur connaissance terminait de les scotcher sur place.
— Dans un dessin animé, leurs yeux leur sortiraient des orbites, me chuchota Alex avec malice, un bras passé sur mes épaules.
— Tu crois ? lui répondis-je sur le même ton alors que Gloriana faisait le grand écart et que Jules paraissait sur le point de tourner de l’œil. Personnellement je les vois plus exploser ou brûler, un peu comme dans Bob l’éponge.
— Aussi, ricana Alex.
— Tu crois qu’on devrait intégrer ce genre de chorégraphie à la pièce ? avança Livio en se penchant sur nous. Je suis sûr que ce serait du plus bel effet.
— Avec les costumes assortis ? demandai-je, l’œil brillant d’amusement.
— Évidemment, dit-il comme une évidence en essayant de dissimuler le sourire qui lui chatouillait le coin des lèvres. Tu crois qu’elle serait disposée à donner des cours de danse à ma troupe ?
— Elle en serait même sûrement ravie, assura Alex avec un sourire. L’an dernier elle a tenté de nous convaincre d’essayer Max et moi. Mais, même si j’aime beaucoup le vernis à ongle, les costumes à paillettes et les boas, c’est pas mon truc.
Livio et moi éclatâmes de rire et le show se poursuivit.
À la fin du spectacle, tout le monde applaudit à tout rompre, notre table compris. Tom et Jules mirent une fraction de seconde de plus avant de se joindre à nous. Les pauvres mettraient sans doute un peu de temps à s’en remettre. Quoique… j’eus soudain des doutes quand Tom se pencha vers moi avec un sourire un peu contrit.
— Tu avais raison, me glissa-t-il à l’oreille alors qu’Alex donnait les coordonnées de son oncle à Livio. Elle est super cool.
Je cillai, franchement surprise, avant de me fendre d’un sourire en voyant la sincérité briller dans son regard.
— Et cet endroit est juste génial, poursuivit-il comme s’il ne pouvait plus s’arrêter. Tu crois qu’ils pourraient organiser des soirées à thèmes en plus du spectacle ?
— Tu peux toujours demander, souris-je, heureuse. Je suis sûre que Gloriana serait ravie d’écouter tes propositions.
Ragaillardi, il se retourna vers le groupe qui avait remplacé les danseuses.
À côté de moi, Alex me prit la main et entrelaça nos doigts. Je lui jetai un regard et lui rendis son sourire au moment d’appuyer ma tête sur son épaule – la valide ! ne m’agressez pas, d’accord ?
Et alors que la fête continuait, je me fis la réflexion que, finalement, cet été n’était pas si catastrophique que ça.
Et le plus beau, c’était qu’il touchait bientôt à sa fin.