Chapitre 26 : Juste une question d'hormone?!

Les jours s'étirèrent et, malgré tous ses efforts pour se concentrer sur autre chose, Alec devint une véritable obsession pour Elena. Il évitait soigneusement de croiser son regard, restait à distance à chaque occasion, et ce comportement distant et inhabituel ne faisait qu'ajouter à son trouble. Son corps semblait en guerre contre sa raison, et ses nuits étaient hantées de rêves où Alec occupait chaque recoin de ses pensés. Elle se répétait inlassablement que ce n'était qu'une aventure parmi d'autres. Une simple aventure, sans signification profonde pourtant cette histoire n’avait de cesse d’occuper toutes ses pensées de façon obsédante, IL était devenu son obsession.

Chaque fois qu'il entrait dans une pièce, un profond désir immédiatement suivi d’un sentiment de frustration l’envahissaient. Le voir passer une main dans ses cheveux, s'étirer nonchalamment ou pire, sortir de la douche torse nu, une serviette négligemment nouée autour de sa taille, relevait du supplice quotidien. Cela devenait insoutenable. Et ce qu'elle détestait par-dessus tout, c'était l'idée qu'il puisse en être conscient mais y être indifférent. Pourtant, il lui avait semblé qu’il l’avait désiré tout autant qu’elle, il lui avait même écrit… Alors comment faisait-il pour résister à cette attraction qui les liait désormais ?

Ce jour-là, Suzanne l'avait invitée pour une soirée entre filles à son appartement. Une occasion parfaite, pensait-elle, pour se changer les idées. Elle avait prévu de dormir sur place et serait donc libre de noyer ses pensées dans l’ivresse.

Installées dans le salon avec des verres de vin à portée de main, Suzanne observait Elena avec malice. Il lui semblait évident que son amie ailleurs et elle espérait en connaître la cause, « Qu'est-ce qui t'arrive, Elena ? »

« Rien. Pourquoi ? » rétorqua Elena, un peu trop sèchement, en s’enfonçant dans le canapé avec le regard fuyant.

« Eh bien, peut-être parce que tu n'as pas écouté un mot de ce que je viens de dire. Tu fais une tête bizarre depuis que t'es arrivée. Allez, crache le morceau. C'est quoi, le problème ? » Suzanne lui adressa un sourire rassurant, penchant légèrement la tête pour capter son regard. « Tu sais que tu peux tout me dire, non ? Qui sait, peut-être que je peux t'aider... À moins que tu préfères que je demande directement à Alec ? »

Le nom d'Alec eut l'effet d'une décharge électrique. Elena redressa la tête d'un coup, les yeux écarquillés, le visage cramoisi. « Tu ne ferais pas ça ?! » dit-elle, presque paniquée.

Suzanne haussa un sourcil, savourant visiblement la réaction qu'elle venait de provoquer. « Et pourquoi pas ? » demanda-t-elle d'un ton taquin.

Elena roula des yeux, puis saisit sa tête entre ses mains. Elle marmonna quelque chose d'inaudible avant de lâcher, presque trop vite, « J'ai couché avec Alec. »

Suzanne avala de travers et se mit à tousser avant de retrouver l'usage de sa voix, « Quoi ?! Tu as quoi ?! » Elle avait effectivement loupé quelques chapitres à leur histoire et fût surprise par de telles révélations.

Elena détourna les yeux, visiblement mal à l'aise. « Ça sert à rien d'en faire tout un plat, ok ? C'est arrivé, point. On avait envie l'un de l'autre, on a couché ensemble, et voilà. Fin de l'histoire. »

Suzanne, curieuse et impatiente, ne comptait pas en rester là. « Fin de l'histoire ? Tu plaisantes, Elena. Il s'agit d'Alec ! Tu as couché avec Alec, et tu ne m'as rien dit ? Mais attend... c'était quand ? »

Elena soupira, se mordit les lèvres consciente de la déferlante de questions qu’elle s’apprêtait à libérer, « À la soirée chez Rachel, » admit-elle enfin.

« Depuis tout ce temps ?! C’était comment ? Non en fait je veux pas savoir ! Et... et depuis ? Vous avez recouché ensemble ? » demanda Suzanne, à la fois curieuse et amusée.

Elena secoua la tête, mais son regard fuyant la trahissait. « Non. Rien depuis. »

Suzanne plissa les yeux, un sourire narquois aux lèvres. « Pourquoi tu fuis mon regard ? Allez, avoue. Je te connais, Elena. Il y a autre chose. »

Elena hésita un instant avant de céder, poussant un soupir exaspéré. « On a failli, d'accord ? Mais on s'est retenus. Enfin... Harry et Jenny étaient là quand on est rentré. C'est un miracle qu'ils ne nous aient pas grillés. Sérieusement, Suzanne, on était tellement chauds qu'on a failli se sauter dessus dans le couloir. »

Suzanne éclata de rire. Elle leur resservie un verre chacune, impatiente d'en apprendre plus. « Tu déconnes ! »

Elena rougit légèrement mais continua, un sourire nerveux sur les lèvres. « Quand j'ai ouvert la porte d'entrée, Alec avait une main sur mon sein et l'autre dans mon pantalon. Tu vois le tableau... »

Suzanne posa son verre pour rire de plus belle. « Oh mon dieu, Elena, t'es sérieuse ?! »

« Comme tu dis, » Elle finit par rire de cette situation cocasse, mais son regard trahissait une certaine frustration. « Depuis, je n'arrête pas de penser à lui. C'est atroce, Suzanne. J'ai l'impression d'être une ado obsédée. Chaque fois qu'il sort de la douche, j'ai envie de me cogner la tête contre un mur tellement c'est dure de pas baver. Et depuis, lui m'évite comme si j'étais porteuse d'une MST. Son indifférence est encore pire. Je pense à lui non stop alors que monsieur est totalement indifférent depuis.  »

Suzanne reprit son souffle, la regardant avec une lueur malicieuse dans les yeux. « Peut-être que tu as envie de plus qu'un plan cul pour une fois, » suggéra-t-elle doucement. « Tu sais... vous êtes inséparables, vous vous comprenez mieux que personne. Peut-être que ce n'est pas qu'une question de physique. »

Elena secoua la tête, « Tu racontes n'importe quoi. Alec et moi, c'est juste de l'amitié. Il est canon et sur le plan sexuel on est ultra compatible mais, ça ne va pas au-delà. »

Suzanne semblait exaspérée par la mauvaise foi d’Elena, « Tu es vraiment aveugle. Ou alors, tu as trop peur de te poser les bonnes questions. »

« Ce ne sont pas des questions, ce sont des hormones. J'ai juste prie un pieds d'enfer et comme depuis j'ai pas eu l'occasion de m'envoyer en l'air, j'suis simplement frustrée! C'est tout. Arrête de voir de la romance partout. »

« Tu en parles comme si la romance c’était mal mais, ouvre les yeux Elena, il n’y a rien de mal à tomber amoureux. Regarde-moi et Lucas, ou même Harry et Jenny. »

« Sauf que je ne suis pas comme vous ! Je suis désolée Suzanne mais, l’attachement ce n’est pas pour moi... »

Suzanne lut de la tristesse dans le regard d’Elena mais ne laissa pas tomber pour autant. « L’attachement ce n’est pas toujours quelque chose qu’on décide... »

Un silence suivit jusqu’à ce que Elena retrouve le sourire, comme si elle venait d'avoir une révélation, « J'ai qu'à trouver un mec mignon avec qui baiser, et problème réglé. J’arrêterais de penser au sexe avec Alec »

« Elena... » tenta de la résonner Suzanne mais, Elena ne l’écoutait pas, trop enthousiaste à l’idée d’avoir trouver une solution à son problème.

«  Demain, on sort ! Et je t'interdis de me dire non !! » 

Son ton ne tolérait aucun refus. Suzanne qui avait appris à connaître son amie l'avait bien compris ce qui ne l'empêchait pas d'être dépitée par cette situation, « Comme tu veux, mais sérieusement... je pense que tu te voiles la face. Si tu arrêtais de te mentir à toi-même, vous pourriez peut-être être heureux ensemble. Alec est un type bien, et Harry finirait par se faire une raison. Il vous aime tous les deux, il a juste peur j’en suis sûre. »

Elena fit semblant de ne pas l'entendre, allumant le lecteur vinyle pour couvrir la conversation. Malgré tout, les paroles de Suzanne résonnaient en elle, un écho qu'elle ne parvenait pas à ignorer. Il pourraient être heureux… Peut-être mais, ça finissait toujours mal. Ceux qu’elle aimaient finissaient toujours pas l’abandonner. Elle n’était pas prête...