Chapitre 27 : Reddition

Le lendemain, fidèle à sa promesse, Elena s'apprêta en compagnie de Suzanne dans son appartement. Lucas était déjà sorti. Elle voulait prouver à son amie – et surtout à elle-même – que cette incartade avec Alec était sans importance. Elle se para de sa plus belle tenue, la robe noire moulante, qui soulignait chaque courbe de son corps, celle-la même qui avait fait chaviré Alec. Elle se regarda dans le miroir, cherchant à ignorer le pincement au cœur qui l'envahissait. Elle laissa cette fois ses cheveux cascader librement sur ses épaules et ajouta une touche de rouge à lèvres. Elle était prête à attirer les regards, à sentir qu'elle plaisait et surtout à oublier Alec, du moins elle l’espérait.

Suzanne admirait son amie un sourire malicieux sur les lèvres. « Alors, ce soir, c'est chasse ouverte, hein ? Tu es sûre de ne pas le regretter ? Et si Alec l’apprenait ? »

Elena haussa les épaules, feignant l'indifférence. « Je ne vois pas ce que je pourrai regretter et Alec n’a rien à me dire, on est pas ensemble. Ce soir, je me change les idées. Point. » Dès qu'elles franchirent les portes du bar, son assurance toutefois vacilla. Alec était là.

Appuyé nonchalamment contre le comptoir, un verre à la main, Alec riait à une plaisanterie d'Harry. Son sourire disparut dès qu'il la vit entrer. Son cœur se serra en la voyant. Elle était renversante et elle portait cette robe. Celle de leur première nuit ensemble.

Alec détourna rapidement les yeux, sans pouvoir effacer l'image qui s'était inscrite dans ses rétines. Elle était magnifique, époustouflante même. Il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi elle avait choisi cette robe. Savait-elle qu'il serait là ? Est ce qu'elle avait agit ainsi pour le faire succomber à nouveau ? Non. Elle semblait tout aussi surprise que lui en le voyant. Ça ne pouvait signifier qu'une chose, elle avait décidé de séduire un autre que lui ce soir... Le fait qu'elle l'ignorait était comme un nouveau coup de poignard dans son cœur meurtrie.

Harry, qui était assis dos à la porte d’entrée, ne remarqua pas l’arrivée d’Elena mais, il perçut immédiatement le changement d’humeur d’Alec, « Tout va bien, mec ? » demanda-t-il, en fronçant les sourcils.

« Ça va, » répondit Alec d'un ton sec. « Mais je pense que je vais pas m'éterniser ce soir. » Il porta son verre à ses lèvres pour masquer son trouble. Son regard glissa malgré lui vers Elena, qui riait à quelque chose que Suzanne venait de dire. « J’viens de me rappeler que je dois rendre un devoir important. »

Harry insista. « Sérieux, Alec. Ça fait des semaines, voir des mois, qu'on galère à t'extirper de l'appart, et là tu veux déjà te tirer ? »

Alec soupira. Il avait envisagé de partir, d'échapper à ce spectacle qui le faisait souffrir, mais il savait qu'Harry et Lucas n'avaient rien à voir avec ça. Ce n'était pas leur faute s'il s'était compliqué la vie avec Elena. « Désolé, Harry. T'as raison, j'suis juste fatigué et je peux encore travailler mon rapport demain matin. Je vais rester encore un peu. »

Harry lui tapa sur l'épaule, satisfait. « Voilà, c'est mieux ! Allez, j'te paie une tournée pour la peine. Qui sait, mec, peut-être que ce soir, tu trouveras une nana sympa avec qui te caser. Ça te ferait pas de mal. »

Alec esquissa un sourire forcé. « J'ai pas vraiment la tête à ça. »

« Eh, regarde-nous avec Lucas. On est heureux. Toi aussi, tu pourrais... »

« L'année prochaine, je sais même pas où je serai, » le coupa Alec, sa voix soudain plus grave. « Ça sert à rien. Ça mènera nulle part. »

Harry soupira. « T'étais plus fun quand tu te tapais tout ce qui bouge, » lança-t-il dans une tentative d'humour.

Lucas, plus discret mais bien conscient des sentiments d'Alec, se contenta de lui adresser un regard compatissant.

Pendant ce temps, de l'autre côté du bar, Elena essayait de se concentrer sur sa mission de la soirée. Dénicher la proie parfaite pour terminer la soirée et enfin oublier Alec. Deux hommes, Liam et Will, s'étaient vite joints à elles. Si Suzanne et Liam semblaient bien s'entendre, car soulagés d'apprendre que chacun d'entre eux étaient épanouis en couple et donc pas intéressés, Liam avait sorti tout son arsenal pour séduire Elena. Mais, même si Liam était objectivement séduisant, elle n'arrivait pas à véritablement s’intéresser à lui. Elle souriait, un sourire de façade néanmoins. Son esprit, bien malgré elle, revenait sans cesse à Alec. Le voir dès son arrivée n'avait fait qu'exacerber son malaise. Elle soupira intérieurement. Pourquoi est-ce si compliqué ? Concentre-toi, Elena, se dit-elle. Mais rien n'y faisait. Au bout d'un moment elle se leva brusquement, prétextant aller commander un autre verre. Une échappatoire facile. « Une tournée et je me tire, » marmonna-t-elle pour elle-même en s'éloignant.

De l'autre côté du bar, Alec suivit son déplacement du coin de l'œil. Il serra son verre un peu trop fort, le regard sombre. Lucas, attentif, se pencha vers lui. « Si tu continues à la fusiller du regard comme ça, t'auras besoin d'un avocat avant la fin de la soirée, » murmura-t-il.

Alec grogna en réponse, posant son verre un peu trop brutalement sur le comptoir. « Je vais rentrer. J'suis désolé, Harry, mais je suis vraiment pas d'humeur finalement. » Il ne fit même pas l’effort de trouver une nouvelle excuse foireuse.

Harry, surpris par l'air triste d'Alec lui répondit « Ok Alec. Pas de problèmes. J'pense que je vais rejoindre Jenny du coup mais, je repasserais dans le week-end et si tu veux, on pourrait faire un truc ensemble. Peut être même aller au stand de tir ? Je sais que tu adores ça, ça te changera peut-être les idées. »

« On verra Harry. Te stress pas pour moi et profites de Jenny. Passe lui le bonjour de ma part. » indiqua Alec avant de se lever. Sans un regard en arrière, Alec quitta le bar, le cœur lourd et la mâchoire serrée. La tentation de revenir sur ses pas pour embrasser Elena devant ce type qui lui tournait autour avait été trop forte. Il n'avait pas le droit de faire ça. Pas après avoir décidé de mettre une distance entre eux. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Il savait que ce moment allait arriver, Elena allait forcément se faire draguée à nouveau et il le savait. Mais, comment se préparer à ça ?! Ça faisait un mal de chien.

Lorsque Elena arriva au comptoir pour commander sa boisson et celle de Suzanne, elle réalisa qu'Alec venait de partir, son cœur se serra. Elle resta un instant figée balayant la salle du regard, espérant qu'elle se trompait mais il n'était nulle part. Le bruit sourd de la musique, les éclats de rire autour d'elle, tout cela semblait distant, étouffé par une inquiétude qui montait en elle. Elle prit les boissons avec une certaine lenteur, rejoignant le coin où Suzanne, Will et Liam l'attendaient. Les deux hommes continuaient leur conversation, mais Suzanne la fixait avec un sourire interrogateur. Avant qu'elle n'ait eu le temps de poser ses questions, Lucas et Harry se joignirent au groupe, « On avait pas vu que vous étiez là. C’est dommage, vous venez de louper Alec. »

Elena, surprise, fronça les sourcils. « Alec n'est pas avec vous ? » Elle avait déjà la réponse à cette question mais, elle espérait surtout avoir une explication tout en la redoutant.

Lucas hocha la tête avec un soupir. « Non, il est rentré. »

Harry, regarda la tenu d'Elena avec réprobation mais n'en dit rien. Il était clairement préoccupé par Alec, « Il était pas d'humeur, je crois... Et franchement, je me demande si c'est pas à cause de moi. Avec Jenny, je passe beaucoup moins de temps avec lui. Peut-être que je devrais annuler ma soirée avec elle et aller le retrouver. C'est mon pote, après tout. »

Elena se leva d'un bond, « Non, surtout pas, Harry. » 

Il écarquilla les yeux, étonné par la réaction vive de sa sœur. Mais, avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, elle se reprit, sur un ton plus doux « T'inquiète pas, c'est sûrement rien. Je vais rentrer et voir ce qu'il a. Tu sais bien qu'à moi, il me dit tout. » Une pointe de culpabilité la piqua en prononçant ces mots. C'était vrai, Alec s'était toujours confié à elle... jusqu'à ce qu'ils couchent ensemble. Depuis, leur complicité semblait ternie, un peu bancale, et l'idée qu'elle soit la cause de sa morosité ce soir lui serrait la gorge. Mais ça, Harry n'avait pas besoin de le savoir.

« Merci, Elena. T'es vraiment une sœur en or. » Puis, remarquant qu'elle restait debout, il ajouta, « Attends, tu finis pas ton verre ? »

Elena secoua la tête, attrapant son blouson de cuir qu'elle enfila d'un geste rapide. « Non, si Alec est pas bien, je préfère aller le voir tout de suite. »

Lucas et Suzanne se regardèrent, un sourire entendu aux lèvres.

Elle se tourna ensuite vers les garçons, esquissant un sourire désolé. « Merci pour la soirée les gars mais, je vais devoir écourter. »

Liam, qui n'avait pas perdu espoir, tenta une dernière approche. « Peut-être qu'on pourrait se revoir une autre fois ? » proposa-t-il.

Elena lui adressa un sourire gêné. « Désolée, Zack, mais j'ai pas mal de boulot en ce moment. Je pense pas pouvoir me rendre disponible. »

Liam cligna des yeux, déconcerté. « C'est Liam, » corrigea-t-il avec un soupir, réalisant qu'il n'avait probablement jamais eu la moindre chance.

Elena grimaça, visiblement embarrassée. « Ah, j'suis sincèrement désolée. Mais dis-toi que ça aurait pu être pire. J'aurais pu me planter de prénom en pleine action. »

À ces mots, Suzanne éclata de rire, attirant l'attention de tous. « Oh, cette histoire ! » s'exclama-t-elle. « C'est une anecdote qu'on avait entendue y'a quelques mois, tu te souviens, Elena ? »

Voyant qu'Elena avait déjà tourné les talons et que la plaisanterie ne faisait rire qu'elle, Suzanne reprit avec un sourire contrit, « Désolée, blague de mauvais goût, j'imagine. » Lucas, qui avait tout observé, prit les devants. « Désolé, les filles tiennent pas trop l'alcool. Un verre et voilà qu'elles commencent à dire n'importe quoi... » lança-t-il tout en serrant Suzanne dans ses bras afin de l'embrasser tendrement.

« Roh, sérieux ! Vous pouvez pas attendre d'être chez vous pour vous sauter dessus ?! » s'indigna Harry.

« Comme si toi tu faisais preuve de pudeur avec Jenny. » lui rétorqua Lucas.

« Contrairement à ce que tu semble croire, je ne m’étale pas en public avec Jenny. » répondit Harry avec un sourire de vainqueur.

« Soit honnête et dis plutôt que Jenny t’empêche de lui sauter dessus devant tout le monde. » Devant l’air étonné d’Harry, elle poursuivit, « Tu oublies que je connais Lucas depuis longtemps et qu’il m’a toujours confié toutes vos frasques à toi et Alec. »

Harry se retourna vers Lucas, « Faux frère ! Depuis quand les nanas passent avant les potes ?! »

« Depuis Suzanne. Bien sûr qu’elle passe avant les potes ! Oses me dire que tu ferais pas passer Jenny avant toute chose. »

Harry sourit et tout en regardant son verre ajouta « pas avant la famille. » Il pensait à Alec et Elena, culpabilisant de ne pas être à leurs côtés en cet instant.

Lucas qui avait saisit son trouble le rassura. « Tu as raison Harry, la famille passe avant toute chose mais, c’est justement ça le truc : Jenny fait partie de ta famille à présent. »

Harry leva son verre pour trinquer « à la famille alors... »

Liam quelque peu gêné finit par se lever à son tour, « Bon, on va vous laisser nous aussi. Bonne soirée à vous... » Son ami, légèrement amusé par la situation se leva à son tour en essayant d'étouffer les rires qui le secouait encore depuis qu'Elena s'était trompé de nom. Liam se tourna vers lui, agacé « Tu parles d'un pote... Allé arrête de te marrer comme une baleine et ramène-toi espèce de traître. »

Will essuya les larmes au coin des yeux et avec un grand sourire fit un signe aux autres avant de rejoindre son ami.

Lucas les regarda partir, « J'aurais presque pu les trouver sympas s'ils n'étaient pas en train de vous draguer »

Suzanne s'amusait de la pointe de jalousie qu'elle entendait dans l'intonation de Lucas. Elle se blottie dans ses bras et ajouta, « En fait, Will a une copine et il était juste là pour accompagner son pote. Comme moi avec Elena. C'est un type sympa en effet, même s'il ne t'arrive pas à la cheville. »

Harry s'imposa pour les empêcher de se bécoter à nouveau comme des ados chargés d'hormones, « Alors tout va bien ! Buvons afin que je me tire rejoindre Jenny au plus vite. J'aime pas jouer les pots de fleur en soirée. »

Lucas et Suzanne se mirent à rire de plus belle puis ils trinquèrent ensemble poursuivant leur soirée sans évoquer la situation complexe entre Alec et Elena.

***

Dehors, l'air frais de la nuit mordit les joues d'Elena alors qu'elle marchait rapidement. Le regard rivé devant elle, elle ne prêta aucune attention au monde autour d’elle. Les rues étaient encore animées à cette heure et l’ambiance de fête contrastait avec son humeur. Son esprit était dirigé vers un seul objectif : retrouver Alec. Chaque pas résonnait comme une urgence, mais son cœur était lourd. Plus elle avançait, plus elle se sentait troublée. C'était toujours lui, encore lui. Malgré tout ce qu'elle avait tenté pour s'éloigner, pour faire semblant, il restait l'unique personne qui habitait ses pensés. C'était le seul capable de la faire sourire ainsi et de la troubler à ce point, c'était le seul qu'elle désirait vraiment. Elle se mordit la lèvre, accélérant le pas. Elle avait vu la douleur dans ses yeux ce soir. Une douleur qu'il avait essayé de dissimuler, mais qu'elle connaissait trop bien. Elle se détestait de le voir souffrir ainsi, surtout par sa faute. Au fond, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle allait lui dire. S'excuser ? Lui avouer qu'il occupait chacune de ses pensées sans qu'elle ne comprenne pourquoi ? Faire comme si tout allait bien ? Ce n'était pas clair dans son esprit, mais elle savait une chose : elle devait le voir. L'idée de le laisser seul, dans cet état, lui était insupportable.

Lorsque Elena arriva à la colocation, tout semblait enveloppé dans un calme absolu. Les lumières étaient éteintes, et le silence régnait, seulement troublé par le léger bruit du vent contre les fenêtres. Pourtant, elle savait. Alec ne dormait pas. Elle était partie trop peu de temps après lui pour qu'il ait eu le temps de s'endormir vu son état.

Elle laissa échapper un soupir, s'aventurant dans la cuisine plongée dans l'obscurité. Elle ouvrit le réfrigérateur, attrapa une bouteille d'eau et remplit un verre. Elle espérait qu'il la rejoindrait, qu'il sentirait sa présence et viendrait. Mais rien. Le silence restait total, et elle n'entendait aucun pas dans le couloir.

Finalement, résignée, elle se dirigea vers sa chambre. Une fois la porte refermée derrière elle, elle balança son blouson de cuir puis retira ses chaussures avec dépit. Après une hésitation, elle se rapprocha du mur qui séparait leurs chambres jusqu'à coller son corps à la cloison. Elle leva la main et frappa doucement trois petits coups. Leur code.

Elle resta immobile, le cœur battant, tendant l'oreille. Les secondes s'étirèrent, interminables, et elle commença à douter. Puis, enfin, elle entendit la réponse. Trois coups faibles mais distincts.

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle attrapa son téléphone et tapa rapidement un message, « Tu dors ? »

La réponse ne tarda pas. « Pas vraiment. Ta soirée s'est terminée comme tu voulais ? »

Elle mordilla sa lèvre inférieure, hésitante. Elle relut ses propres mots avant de répondre, consciente qu'elle prenait un risque, « Pas du tout. À vrai dire, un magicien me hantait un peu trop pour que je puisse penser à autre chose. »

De l'autre côté du mur, Alec sentit son souffle se bloquer lorsqu'il lut le message. Ses doigts tremblèrent légèrement, et il posa son téléphone sur sa table de chevet comme s'il brûlait. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, cherchant à calmer le tumulte en lui. Après un moment d'hésitation, il se leva, pieds nus sur le parquet froid, et ouvrit doucement la porte de sa chambre.

Elena l'attendait déjà, debout dans le couloir, son regard fixé sur lui. La lumière tamisée de l’appartement lui conférait un air angélique.

Il la regarda, hésitant. « Elena... » murmura-t-il, mais il n'eut pas le temps de terminer.

« Chuuut... » Elle s'approcha lentement, presque timidement, avant de poser ses mains sur son torse. Sous ses doigts, elle sentait son cœur battre à un rythme effréné, comme le sien. Elle leva les yeux vers lui, cherchant son regard. « Je crois qu'on devrait arrêter de faire semblant, » murmura-t-elle, sa voix douce mais ferme.

Alec inspira profondément, luttant contre le flot d'émotions qui le submergeait. « Elena... On va se compliquer la vie. Harry... »

Elle secoua légèrement la tête, posant un doigt sur ses lèvres pour le faire taire, continuant à avancer, « Harry n'en saura rien, » chuchota-t-elle avant de se stopper net et de se hisser sur la pointe des pieds pour capturer ses lèvres dans un baiser tendre.

Alec ferma les yeux, essayant désespérément de lutter contre son désir d'enlacer Elena, ne sachant quoi faire pour éviter de compliquer encore davantage la situation. Il avait l’impression qu’en capitulant, il reculait pour mieux sauter. Elena perçut son hésitation. Malgré cela, elle ne semblait pas vouloir abandonner, elle caressa sa joue, plongea son regard dans le sien et murmura, « J'ai bien vu comment tu me regardais au bar. Tu en meurs d'envie autant que moi. Et si tu es parti, c'est bien à cause de ça, pas vrai ? »

Il baissa les yeux, pris au piège. Son silence était une réponse en soi.

Elena en profita pour enchaîner, glissant ses doigts dans ses cheveux. « Ça pourrait marcher, tu sais. Une amitié améliorée. Pas de prises de tête, juste... nous deux. Et je te promets que je n'irai voir personne tant qu'on couchera ensemble. »

Alec hésita, un instant suspendu dans cet équilibre fragile entre la raison et le désir. Mais face à Elena, à ses baisers le long de sa mâchoire, à ses mains qui semblaient brûler sa peau à travers le tissu de son t-shirt, il sentit ses résistances s'effondrer comme un château de cartes. Il lâcha enfin, dans un souffle chargé d'émotion, « Tu me rends dingue, Elena. » Il l'attira à lui avec une passion dévorante, la saisissant fermement par la taille pour la porter jusqu'à son lit. Leurs bouches se retrouvaient encore et encore, leurs baisers devenant de plus en plus intenses, comme s'ils tentaient de combler des années d'attente silencieuse. Alec se releva légèrement le temps de plonger son regard dans le sien. Son souffle se coupa lorsque Elena, à genoux sur le lit, saisit l'ourlet de sa robe noire. Puis, lentement, elle la fit glisser le long de son corps, révélant chaque centimètre de peau avec une assurance mêlée de douceur. La pénombre de la pièce dessinait les contours de son corps et Alec, figé, se demanda un instant s'il rêvait.

Elle restait là, assise sur ses talons, vêtue uniquement d'un tanga délicat en dentelle noir, son visage illuminé d'un sourire amusé en voyant son trouble. « Toujours aussi éloquent, hein ? » lança-t-elle d'un ton taquin, brisant la tension d'un éclat d'humour.

Alec secoua légèrement la tête, un sourire naissant au coin de ses lèvres. « Je sais que tu adores me rendre idiot, » murmura-t-il avant de s'approcher à nouveau, ses mains venant trouver les siennes pour l'attirer à lui. Il captura ses lèvres avec une ferveur nouvelle, la faisant basculer doucement en arrière sur le lit.

Alors qu'elle était allongée sous lui, Alec prit son temps, laissant ses lèvres et ses mains explorer chaque parcelle de son corps, comme un pèlerin découvrant un sanctuaire sacré. Mais alors qu'il passait ses doigts sur son flanc, son mouvement s'arrêta net. Dans la lumière tamisée, il distingua des cicatrices qui couraient le long de sa peau.

Il se redressa, les sourcils légèrement froncés par l'inquiétude, cherchant dans les yeux d'Elena une réponse « Elena... Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il doucement, sa voix teintée d'une infinie tendresse.

Elle se tendit et détourna les yeux. Ses lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son n'en sortit. C'était comme si un poids invisible lui coupait la voix. Alec, conscient de la vulnérabilité qu'elle éprouvait à cet instant, posa une main apaisante sur sa joue. « Hey... te force pas, » murmura-t-il avant de déposer un baiser léger sur ses lèvres, comme pour sceller sa promesse. « Tu m'raconteras quand tu seras prête. Je serai toujours là pour toi chaton. »

Les mots simples mais sincères d'Alec brisèrent une barrière en elle. Des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues. Elle tenta de les dissimuler en enfouissant son visage contre son cou. Alec la serra contre lui, ses bras devenant un refuge, avant de reprendre doucement ses baisers, cette fois avec une lenteur empreinte de dévotion.

Il laissa ses lèvres glisser le long de son cou, de ses épaules, puis sur son ventre, et sur sa cicatrice tout particulièrement avec affection. Elena frissonna sous ses caresses, ses mains s'accrochant à ses épaules comme pour s'ancrer à lui.

Alec releva la tête, un sourire satisfait illuminant son visage. « Tu es tellement magnifique, » murmura-t-il, son regard captivé par le sien.

Elena, le souffle court, tendit les bras pour l'attirer à elle et le renverser avec une fougue qui le prit au dépourvu. Elle se pencha pour capturer à nouveau ses lèvres. « Maintenant, » murmura-t-elle, sa voix vibrante d'un mélange de désir et d'émotion. « Arrête de jouer au parfait gentleman. »

Alec éclata de rire, ce son grave résonnant dans la pièce comme un écho chaleureux. « J'essayais d'être romantique, mais madame préfère aller droit au but, visiblement, » plaisanta-t-il avant de la saisir par les hanches et de la faire basculer avec lui.

Ils se laissèrent emporter dans une danse sensuelle, leurs corps s'accordant à la perfection, chaque geste, chaque baiser rempli d'une émotion qu'ils n'osaient pas encore nommer. À travers leurs étreintes, ils abandonnèrent toute retenue, laissant leurs craintes et leurs doutes s'effacer pour ne laisser place qu'à eux, à cet instant suspendu dans le temps.

La nuit les enveloppa, complice de leur union, et dans la chaleur de leurs draps, ils partagèrent une part de leur cœur.

***

La chambre était baignée des lumières de la ville qui filtraient à travers les rideaux légèrement tirés. Alec et Elena restaient allongés côte à côte, le souffle encore court, la peau tiède de leur chaleur partagée. Leurs corps demeuraient entrelacés, comme si un simple mouvement risquait de briser la magie de ce moment suspendu. Leurs regards se croisèrent, brillants d'une complicité nouvelle, et un sourire à la fois tendre et malicieux jouait sur leurs lèvres.

Elena, d'une main distraite, traçait des cercles sur le torse d'Alec, effleurant sa peau comme pour graver ce souvenir dans sa mémoire. Finalement, elle rompit le silence d'une voix douce, mais teintée d'un brin de malice, « J'aimerais rester comme ça, dans tes bras, toute la journée... mais si Harry nous surprend... »

Alec soupira de résignation, sans toutefois ôter ses mains du dos d'Elena qu'il caressait avec affection, « Je sais... » murmura-t-il en arquant un sourcil. « Tu veux que je retourne dans ma chambre maintenant ? »

Elena éclata d'un petit rire, un son cristallin qui sembla faire battre le cœur d'Alec un peu plus vite. Elle posa sa main sur son torse, l'empêchant doucement de se redresser. « Non, je veux dormir avec toi, mais à une condition, » lança-t-elle, l'œil pétillant d'espièglerie. Elle se redressa légèrement, son regard plongeant dans le sien. « Tu dois te contrôler... donc, interdiction de me sauter dessus à nouveau, et surtout... »

Alec fronça les sourcils, une moue faussement vexée se dessinant sur son visage. « Quoi ?! Je suis un homme de self-control, figure-toi, » protesta-t-il, la voix empreinte d'une indignation feinte.

Elena rit doucement en croisant les bras. Elle se redressa un peu plus, le drap glissant légèrement sur sa peau nue, dévoilant juste assez pour faire monter la température dans la pièce. « Vraiment ? » demanda-t-elle en plissant les yeux, un sourire espiègle sur les lèvres. « Parce que moi, je parie que tu ne résisterais pas une seule seconde si je décidais de retirer ça. » Elle tira lentement sur le drap, dévoilant davantage son épaule et une partie de sa poitrine. Alec, incapable de détacher son regard, se mordit la lèvre dans un effort visible pour maîtriser son désir.

Il finit par murmurer, la voix rauque, « D'accord, d'accord... Le pyjama s'impose. J'ai compris. Mais tu sais quoi ? Tu ne rends vraiment pas la tâche facile. »

Elena haussa les épaules d'un air faussement innocent, ses lèvres s'étirant dans un sourire amusé. « Ce n'est pas mon rôle de te faciliter la tâche, monsieur. Mais si on veut continuer à tromper Harry, c'est nécessaire. Ce ne sera pas la première fois qu'il nous trouve en train de dormir ensemble. Par contre, s'il nous surprend à poil... là, on risque gros. »

Alec éclata de rire avant de se lever, cherchant son boxer égaré dans la bataille. Elena resta allongée, l'observant avec un mélange de satisfaction et d'admiration. Son regard détailla chaque ligne de son corps, chaque muscle, et elle mordilla doucement sa lèvre.

« Tu me mates encore, hein ? » lança Alec en se tournant vers elle, le boxer enfin enfilé.

Elena haussa un sourcil, nullement gênée. « Et alors ? C'est interdit, peut-être ? » répondit-elle avec désinvolture avant d'ajouter d'une voix suave « Pour être tout à fait honnête, ce n'est pas l'envie qui me manque de te sauter dessus encore une fois... sauf que, je crois que mon corps n’y survivrait pas. » Elle se laissa retomber sur le dos, son corps nue désormais totalement visible, une main sur son front, comme si elle jouait une scène de tragédie. « Je tremble encore de notre dernière chevauchée, alors je vais m'accorder une pause... monsieur le séducteur. »

Alec sourit, fière de cet éloge indirecte. Il se pencha vers elle pour déposer un baiser rapide, mais appuyé, sur ses lèvres. « Continue comme ça, Elena, et je ne réponds plus de moi » murmura-t-il d'un ton taquin.

Avant qu'il ne puisse prolonger le baiser, Elena le repoussa doucement, ses yeux pétillants de malice. « Allez, file me chercher à boire, et rapporte-moi un t-shirt et une culotte. Sinon, je crains de céder à ton charme, encore une fois. »

« Tout de suite, chaton, » répondit Alec avec un salut militaire exagéré. Il quitta la chambre, rayonnant d'un bonheur qu'il ne cherchait même pas à dissimuler, et referma doucement la porte derrière lui.

Elena soupira, se calant contre l'oreiller, un sourire flottant sur ses lèvres. Ce moment était parfait, malgré la complexité de leur situation. Peu importaient les conséquences, rien ne pourrait lui enlever cette bulle d'intimité.

Alec revint rapidement, les bras chargés : une bouteille d'eau, un t-shirt, une culotte et même un short. Il laissa tout tomber sur le lit avec un air triomphant. « Tadaaa ! Tout ce qu'il faut pour que tu ne meures pas de soif et qu'on évite de se faire tuer par Harry. »

Elena éclata de rire, attrapa le t-shirt et l'enfila rapidement. Elle attrapa sa culotte puis se tourna ensuite vers Alec, un sourire malicieux sur les lèvres. « Dis-moi... tu penses vraiment que tu aurais pu tenir encore un round ? »

Alec s'assit à côté d'elle, feignant d'être vexé, s'exposant avec fierté au regard langoureux d'Elena « Moi ? Bien sûr que oui. Je pourrais te le prouver dès maintenant, si tu veux. »

Elena se rapprocha de lui, passant ses bras autour de son cou, un sourire coquin flottant sur ses lèvres. « Alors peut-être que je pourrais survivre à une dernière chevauchée... si tu te montres à la hauteur niño...»

Alec n'eut besoin d'aucune autre invitation. Le t-shirt qu'il lui avait apporté retomba au sol, oublié, tandis qu'il lui sautait dessus, provoquant l’hilarité d’Elena.

Après ce moment d'intimité renouvelé, ils se rhabillèrent enfin et s'allongèrent l'un contre l'autre, exténués. Elena nichée contre le torse d'Alec, ses doigts posés sous son t-shirt tomba rapidement dans un profond sommeil. Alec continua de caresser distraitement les cheveux d'Elena, un sourire béat aux lèvres. Rien n'était résolu. Ils n'étaient pas officiellement un couple, Harry serait furieux s'il découvrait leur secret, et le chemin à parcourir promettait d'être semé d'embûches. Mais à cet instant précis, rien de tout cela n'avait d'importance. Alec, murmura doucement, presque pour lui-même, « Peu importe ce qu'il se passera ensuite... toi et moi, ça en vaudra toujours la peine. Je t'aime chaton. »

Dans son sommeil, Elena poussa un léger gémissement, comme pour approuver. Et le sourire qui flottait sur ses lèvres sembla confirmer ses sentiments. Il l’embrassa tendrement avant de rejoindre à son tour les bras de Morphée.