CHAPITRE 28
1.
“Rien de tout ça ne va bien se terminer”.
Je me suis réveillée avec cette phrase, exactement ces mots, au-dessus de ma tête comme un nuage menaçant.
Tandis que je sors du sommeil, un soulagement inattendu se déploie pourtant dans mon esprit. Finies les craintes et imaginations complexes et tragiques. Aujourd’hui, je vais vivre la réalité, quelle qu'elle soit.
Et probablement, je dormirai ce soir dans un lit japonais après avoir serré Akira dans mes bras. Pourquoi toute cette agitation morbide ?
Breakfast avec Greg et baisers d’adieux, affirmations de nos sentiments, promesses d’emails quotidiens. Le visage dans son cou, je veux arrêter le temps… Je tremble quand il me serre contre lui. Le moment de regretter une fois de plus qu’il ne m’accompagne pas dans ce grand voyage. Il est encore dans mes bras mais il me manque déjà. Et l’impression qu’à mon retour, notre entente ne sera plus la même. Ce ne sera pas comme aujourd’hui.
Après son départ pour Trinity, je fais ma valise, qui n’aura pas besoin d'être enregistrée. Ça me prend à peine plus d’un quart d’heure.
Son contenu : quelques vêtements, trousse de toilette, mes sandales, le 45 Tours de « She is running away », un des rares originaux encore en circulation, avec une photo en noir et blanc de Diego di Angelo, petite moustache et sourire charmeur, et son égérie qui danse avec lui, l’air sombre et lasse. La chanson a été reprise si souvent, par tant d'interprètes connus que peu se souviennent de son auteur original, et celle qui l’accompagnait partout, maigre, silencieuse, avec une frange qui lui descendait sur les yeux et un numéro sur son avant-bras qu’elle n’avait pas encore fait effacer.
Et puis Anne Frank, mon livre de poche lu si fréquemment qu’il s'évanouit presque quand on l’ouvre.
Au dernier moment, j’ajouterai mon ordinateur portable dans la poche spéciale de ma petite Samsonite.
Dans mon sac à main, le vrai-faux passeport de Maximilienne Dubois, et, je le découvre, un âge de 28 ans, moi qui ai dit à tous que j’en avais 32… A mettre sur le compte de mon « coma », si besoin est.
Mes billets et bordereau d’embarquement imprimés hier soir.
La clef du duplex - en deux exemplaires. Une pour moi, une pour Akira. Quand nous ne vivons pas ensemble, chacun donne la clef de sa maison à l'autre. Une façon d’avoir un lieu de repli si nécessaire. Et surtout la démonstration, sans que nous l’ayons formellement mis en mots, que nous formons une seule famille, lui et moi, même quand nous sommes séparés par tout un océan.
L'anxiété réapparaît à bas bruit, comme la première vague d’une marée montante.
J’ai mis un porte-clé représentant la Space Needle pour Akira. Lui donner la clef sera une des premières choses que je ferai à mon arrivée. Si j’arrive en un seul morceau.
J'achèterai sur place ce dont j’aurai sans doute besoin. Comme le dit Akira, « nous ne sommes pas gueux ». Et puis, je n’aurai peut-être besoin de rien. Si l’avion explose.
2.
La navette doit arriver dans moins d’une heure. L'appréhension est une présence physique - un peu comme un invité encombrant dont on n’arrive pas à se débarrasser, et qui insiste à stationner sur votre poitrine, écrasant vos poumons. Respirer devient un effort.
Greg vient de m’appeler, juste pour m’embrasser de loin et me souhaiter bon voyage une fois de plus. Quand le téléphone sonne de nouveau, je pense que c’est lui, mais une voix de femme grave, un peu essoufflée, se fait entendre.
“Puis-je venir vous voir ? Je n’en aurai pas pour longtemps ! ”
J’ai répondu oui spontanément - devinant qui parlait sans en être sûre. Quelques instants plus tard, j’entends des pas précipités puis des petits coups à la porte. Vilma entre, tout à la fois furtive - comme si Katherine pouvait nous entendre de son bureau à Seattle - et amusée. Elle m’embrasse.
- Je sais, je sais, dit-elle avant même que j’ai le temps de dire un mot. Nous n’avons pas le droit de nous voir. Ça me rappelle quand j’ai commencé à fréquenter Paul… J’avais 15 ans, et mes parents n'étaient pas d’accord !
Je l’invite à s'asseoir sur le divan, mais elle s’installe à la table et refuse toute boisson. Pas le temps, dit son geste rapide de la main. Elle me presse de venir à ses côtés.
- J’ai raison, n’est-ce pas ? me demande-t-elle, ses yeux noirs pétillants fixés sur les miens. J’ai raison, vous êtes l’unetsi de Ayita ?
J'hésite un instant. Et puis je sens que c’est le moment de dire la vérité. Le moment de se dévoiler. Pour le meilleur ou le pire.
- J’ai raison, n’est-ce pas ? répète Vilma.
- Pas vraiment sa mère… dis-je. Elle ne m’a jamais considérée comme sa mère.
Vilma entend ma réponse et étouffe un cri de joie.
- J’ai compris en te voyant soutenir Greg - tu venais de me parler, ces mots que je n’avais pas entendus depuis longtemps mais si familiers, et puis j’ai vu ton visage quand tu regardais les photos et que je t’ai dit qu’elle avait été heureuse.
Oui, l'étincelle qui illumine un visage au moment où on revoit une personne connue, que l’on soit Semblable ou pas.
- Mon erreur, poursuit Vilma, c’est d’avoir perdu mon calme quand Katherine m’a dit qu’elle t’avait expulsée. J’ai imaginé que tu allais disparaitre alors que je venais de te trouver ! Ayita t’a attendue toute sa vie. Même les dernières années, quand elle marchait dans la rue avec moi ! Ou que nous allions, elle regardait autour d’elle, elle te cherchait. Et finalement, tu es là.
Ça me fait mal d’imaginer Ayita, solide, pugnace, étonnamment résiliente et autonome, vivant dans l’espoir de me revoir.
- Alors, explique-moi, comment peux-tu être vivante, après tout ce temps ? Ayita n’avait pas vraiment d’explications…
- Moi non plus… Je ne vieillis pas. Je ne meurs pas. En tout cas, pas jusqu'à présent. Peut-être que c’est génétique ? Sans doute. Je ne sais pas…
- Comment Ayita a-t-elle su… ?
- Je lui ai expliqué quand elle a vu que mes blessures cicatrisaient si vite, sous ses yeux.
- Quel âge avait-elle quand vous vous êtes rencontrées ?
Je réfléchis un instant - plus pour me préparer à parler de ce chapitre de mon existence que pour rassembler mes souvenirs. Depuis ma conversation avec Katherine, Ayita est très présente dans mon esprit.
- Elle avait dix ou onze ans, je pense. Toute la famille vivait encore dans ce qui est aujourd’hui la Géorgie.
- Oui. C’est ce qu’elle m’a dit, c’était avant le Chemin des larmes.
- La déportation, oui. C’est son père Waya, votre arrière-grand-père, qui m’a trouvée. Je voyageais dans un de ces wagons tirés par des chevaux, nous étions un petit groupe de prospecteurs d’or, j'étais la compagne de l’un d’eux.
Je fais une petite grimace. Quand on a besoin de fuir un lieu et une situation, on saute parfois dans un nid de guêpes, combien de fois cela m’est-il arrivé… Je poursuis :
- Nous avons été attaqués par un autre groupe qui nous avait cherché querelle. Ils étaient moins bien équipés. Ils n’ont pas fait dans le détail, ils nous ont tous tués et se sont emparés de notre matériel.
- Tu as été tuée, toi aussi ?
- Oui, quand je suis atteinte par un coup mortel, une balle ou un couteau, je réagis comme… les gens normaux. Je m’effondre. Mais c’est provisoire. Mon corps cicatrise et je me réveille, de nouveau en vie, seule au milieu des morts. Quand Waya m’a trouvée, j’avais marché jusqu'à une rivière, j’essayais de nettoyer le sang sur mes vêtements.
Vilma me regarde avec intensité, se penche vers moi pour m’inciter à poursuivre.
- Il était sur l’autre rive... Il a vu que j’avais peur de lui. Il m’a fait un signe de ses mains, comme ça, pour me tranquilliser. Il parlait anglais, assez bien. Il m’a dit qu’il ne me ferait pas de mal. Je lui ai expliqué que je n’avais pas été atteinte par les balles mais que j’avais fait semblant d'être morte.
- Bonne idée ! approuve Vilma.
- Il m’a proposé de le suivre, que sa famille m’accueillerait aussi longtemps que je voudrais. Et c’est ce qui s’est passé. Il vivait avec ses deux enfants, Ayita et son petit frère Tsiyi dans une sorte de chalet, une cabane en bois avec quelques champs autour qu’ils cultivaient avec ses deux frères, qui avaient leurs propres cabanes. Une personne en plus pour aider, ce n’était pas de trop. Et tout de suite, Ayita m’a prise sous son aile. Je ne crois pas qu’elle avait besoin d’une mère, même si elle avait perdu la sienne des années plus tôt, à la naissance du petit frère. Elle voulait une amie, plutôt, et puis quelqu’un à mener à la baguette. Elle était décidée, rapide dans tout ce qu’elle accomplissait, et… pas toujours très aimable.
Vilma éclate de rire et approuve ma description d’un vigoureux signe de tête.
- Mais nous sommes devenues très proches. La grande marche que nous avons dû faire un peu plus tard…
Le poids de ces souvenirs soudain m’accable. Vilma m’interrompt.
- Ayita m’a raconté. Le Chemin des Larmes. Ne revis pas cet enfer. Je sais que Waya y est resté…
- Oui, quand Tsiyi, le petit frère, est mort, Waya n’a pas tenu longtemps. Dysenterie, je crois, comme beaucoup d’autres. Mais je crois que Waya est surtout mort de chagrin.
Nous restons silencieuses toutes les deux un moment. Vilma pose la main sur son cœur.
- Si tu savais ce que ça me fait, de t’entendre prononcer ces noms… et de savoir que tu les as connus… Mais pourquoi es-tu partie sans jamais revenir?
- Parce qu’on m’a vue morte, Vilma. Le mari de Ayita - le premier mari...
Vilma pousse une exclamation pleine de rancœur.
- Celui qui buvait et la battait… Il lui a tiré dessus...
- Oui, devant témoins… et c’est moi qui ai été atteinte…
- Tu t’es interposée.
- Bien sûr ! Moi, je ne risquais pas ma vie. Seulement l’exil. On m’a vue morte. C’est pour ça que j’ai dû fuir.
- Tu aurais pu expliquer… prétendre… comme avec Waya…
- Waya n’était pas là quand j’ai été abattue, c’était différent. Quand des gens vous voient mourir, c’est terminé, il faut disparaître. Sinon, ils se retournent contre vous, tôt ou tard, vous et ceux qui vous acceptent… Effacer cette anormalité, cette aberration… Ça se termine toujours comme ça, croyez-moi...
Vilma reste silencieuse un moment, les yeux fixés sur ses mains noueuses que je trouve si belles. Elle ajuste ce que je viens de lui dire à ce qu’elle savait déjà. Finalement, elle me regarde à nouveau.
- Ayita a toujours espéré que tu reviendrais dans sa vie… Elle est partie vivre en Arizona avec Larry, son deuxième mari, mon grand-père. Loin de tous ceux qui t’avaient connue. Elle espérait que tu l’y rejoindrais. Quand j’ai compris qui tu étais, l’autre jour, tout est devenu clair. Tu fais partie de notre famille. Nos ancêtres, Ayita, Waya, Tsiyi, mon grand-père Larry, n’ont pas disparu. Nous les avons mis en terre mais ils sont là…
Elle effleure son avant-bras et poursuit :
- Ils font partie de nos gènes, de nos cellules, de notre ADN. Et toi aussi - même si tu es toujours en vie. Nos racines passent par toi. Chacun de nous l’a perçu, d’une façon ou d’une autre. Et toi aussi, tu le sais. Amy a décidé de te montrer le duplex pour que tu deviennes notre voisine, et toi, tu as tout de suite signé. Amy ne se livre pas facilement et était la première surprise à se sentir si vite en confiance avec toi. Elle m’a dit “c’est comme si je la connaissais depuis toujours”. Quant aux garçons… tu as vu avec quelle rapidité ils t’ont adoptée, aimée, voulue comme compagne ! Même baby Greg t’adore et il n’a pas deux ans !
Je souris en l’écoutant. Mais le fait est, je ne fais pas l'unanimité dans la famille.
- Katherine, en revanche…
Vilma fait un geste de la main, comme si elle lissait une surface pleine de vagues.
- Katherine, c’est différent. Elle le sent mais elle résiste parce que ce n’est pas rationnel.
Elle prend mes deux mains dans les siennes.
- Nous sommes ta famille, quatre générations maintenant, depuis Ayita. Nous sommes ensemble dans le grand labyrinthe, tu sais, le labyrinthe Pima que tu as vu dans ma chambre. Alors, pas d'hésitation. Pas de dilemme. Tu reviens du Japon le moment venu, hein !
Je souris faiblement.
- J’ai mon billet retour.
Bien sûr que je veux revenir. Je sens pleinement l’attente infinie que Vilma, au nom de sa famille, place en moi. La détresse me traverse - de la même nature que celle ressentie en apprenant l’attente toujours déçue de Ayita. Parfois, on ne peut pas revenir. Parfois on est obligé de laisser derrière soi ceux qu’on aime.
3.
La navette de l'aéroport est en retard. Presque 20 minutes. Je viens d’appeler le numéro où j’ai fait ma réservation. Après avoir consulté son écran, la jeune femme m’a demandé, très sérieusement :
- Le conducteur indique qu’il est déjà passé vous prendre. Vous êtes sûre que ce n’est pas le cas ?
Que répondre à ça ? Peut-être le conducteur a-t-il signalé prématurément m’avoir prise en charge ? Sur le pas de la porte avec ma valise, je scrute les véhicules qui passent devant la maison, espérant apercevoir le minibus. Je ne sais que faire. Appeler Greg ? Chercher un taxi en urgence ? Me résigner à rater l’avion ? La vieille Ford Focus de Jackson arrive dans mon champ de vision. Je lui fais de grands signes et Jackson se gare devant mon garage. Il est hilare.
- Qu’est-ce qui t’arrive, Max ? C’est comme ça que tu appelles les taxis en Europe ? Ce n’est pas une méthode fiable dans une rue sans beaucoup de passage, tu sais…
Il revient de Suquamish où il a déposé ses enfants à leur mère. Je lui explique ce qui vient d’arriver et il éclate de rire quand je lui répète la question de l'employée au téléphone. Et ensuite, il montre sa voiture d’un geste large.
- Ford Express au départ pour SeaTac airport!
4.
- Idéalement, j’aimerais des jumeaux, un garçon, une fille, comme Amy et moi. C’est du boulot au début mais pense à la productivité : une seule grossesse, deux bébés ! Amy et moi, on se complète parfaitement, sans elle, je serais perdu ! C’est vraiment un cadeau d’avoir une jumelle.
Le futur père profite du trajet pour partager ses pensées à la perspective de ce troisième enfant.
- Ce n’est pas forcément un cadeau pour elle, remarque, mais elle ne se plaint pas… en tout cas, pas à moi.
Jackson me jette un regard de biais, comme s’il s’interrogeait sur ce que mes oreilles ont pu entendre. Je souris sans faire de commentaire.
- Je n’ai pas parlé de la possibilité de jumeaux à Barbara, la pauvre je ne veux pas en rajouter ! On lui avait dit qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants et elle s’était faite à l'idée. En ce moment, elle est à la fois ravie et paniquée…
Un état d’esprit qui ne m’est pas étranger… Nous sommes sur l’autoroute. La circulation est d’abord fluide puis le flot ralentit progressivement.
- Ne t'inquiète pas, dit Jackson en posant sa main sur la mienne. On n’est plus très loin. Et puis, tu n’as pas de bagage à enregistrer donc tu pourras aller droit au passage de la sécurité. Au fait, toi qui es si anxieuse à l'idée de ce voyage, qu’est-ce qui te fait le plus peur, rater l’avion ou au contraire avoir le temps de monter à bord ?
Je ne peux m'empêcher de rire et je lui réponds que cela dépend des instants.
- Je vais te dire une chose dont je n’ai pas encore parlé à la famille, annonce Jackson, le visage soudain sérieux. Je comprends ce que tu ressens - mieux que tu ne le penses. J’ai vu un médecin hier, je passe sur le billard dans une dizaine de jours.
Je le regarde, alarmée.
- Oh, Jackson... C’est grave ?
- Non, non, c’est une appendicite ! Comme Amy ! Tu sais, ce qu’on dit des jumeaux, il leur arrive les mêmes choses au même moment… J’ai commencé à avoir mal au ventre, et, instruit par l'expérience de ma chère sœur, j’ai foncé voir un médecin. Eh oui, c’est enflammé, il faut l’enlever. Je n’ai aucune inquiétude… et en même temps… je ne me suis jamais fait opérer. Je me réveille le matin avec cette pesanteur, l’attente d’une catastrophe. Une fois debout, ça se dissipe très vite. C’est la perspective d'être totalement passif et vulnérable, je suppose... Ça m’a fait penser à toi, c’est peut-être ce que tu crains… En tant que passager, tu ne peux pas faire grand-chose dans un avion si quelque chose se passe mal. Bon, les statistiques montrent qu’il y a très peu de risques, il ne faut pas oublier ça.
- C’est vrai. Mais les statistiques, ça ne rassure pas vraiment. Je me dis : soit l’avion s'écrase, soit il arrive entier à Tokyo. Donc mes statistiques à moi, c’est 50% de risques de mort brutale. Si je détaille tout ce qui peut mal se passer, je monte rapidement au-delà de 80% de probabilité qu’un accident se produise…
Pendant notre conversation, nous sommes sortis de l’autoroute et là, nous arrivons sur International Boulevard qui mène à l'aéroport. Sans me demander mon avis, Jackson roule jusqu’au parking.
- Mais tu n’as qu'à me déposer ! Tu n’as pas besoin de…
Jackson fait un geste désinvolte.
- Si, si. Nous allons marcher ensemble jusqu'à la sécurité. Je serai plus tranquille. Tu n’es pas dans ton assiette, je le vois bien. Nous sommes ta famille, n’oublie pas.
Je ne proteste plus. Je pense à Vilma.
5.
Je suis accrochée au bras de Jackson qui tire ma petite Samsonite. Il a raison : je ne suis pas dans mon assiette. Ce brassage de voyageurs, tout ce monde me donne l’impression que je vais être piétinée et reconnue tout à la fois. Le souffle me manque. Jackson a de longues jambes et marche vite. Je force mon compagnon à ralentir.
- Donne-moi un instant, dis-je dans un soupir. Je ne peux pas te suivre.
Jackson se tourne vers moi, compatissant.
- Tous les instants que tu veux, Max. La sécurité est juste là.
Soudain, j’ai l’impression d'être parcourue par un courant électrique. Je viens d’apercevoir Stanislas Desplanches, mon ami critique gastronomique, dans un groupe de voyageurs fatigués marchant vers leurs bagages. Isabelle est à ses côtés, élégante comme toujours, un foulard joliment noué autour de son cou. Je le reconnais avec certitude grâce à elle. Je fais demi-tour et pars dans la direction opposée. Jackson me rattrape en deux enjambées.
- Hey, Max, où tu vas, là ?
Je couvre mon visage de mes mains. Lui me pousse sur le côté, près de la paroi, pour éviter que nous bloquions le passage. Il me regarde, inquiet.
- J’ai reconnu quelqu’un… dis-je dans un souffle.
Pourquoi cette réaction paniquée ? Stanislas est mon ami, il n’est pas un danger. D’ailleurs, au bras de Jackson, avec mes cheveux bleus et ma bouche framboise, il n’a aucune raison de me reconnaître. Mais mon cœur bat si fort que j’ai du mal à respirer. Jackson m’entoure de ses bras et me serre contre lui.
- Personne ne peut te voir ou te reconnaître, là. Ne t'inquiète pas.
Je pose mon front sur sa poitrine. Mais que m’arrive-t-il depuis que je suis à Tacoma ? J’ai vécu des situations bien plus dangereuses sans frémir. Par exemple, ce quai de gare pendant la deuxième guerre mondiale où je suis passée sans tressaillir devant des membres de la gestapo qui scrutaient les passagers alors que j’avais des documents très compromettants sur moi. Ou même, loin des guerres, dans mon restaurant encore tout récemment, je menais ma vie sans tomber en morceaux à la moindre émotion.
Les épreuves du passé, et la plus récente, cette explosion au printemps, ne m’ont pas rendue plus solide, au contraire. Je suis comme un rocher devenu poreux après avoir affronté trop de marées. Oui, je vieillis, je deviens sénile, peut-être…
Je lève les yeux vers Jackson, qui me regarde avec un mélange d'inquiétude affectueuse et une lueur d’amusement. Je murmure :
- Je suis nulle… Je ne sais pas ce qui m’arrive…
Il tapote mon épaule.
- Mais tout va bien, Max. Les aéroports, ce sont des endroits très anxiogènes, c’est connu. Il n’y a pas de honte. Une fois que tu auras passé la sécurité, tu te sentiras mieux.
Il se penche sur moi et, d’un mouvement fluide que je ne vois pas venir, il pose ses lèvres sur les miennes. Son baiser est réconfortant, chaud, et il me faut plusieurs secondes pour me ressaisir. Je le repousse.
- Mais qu’est-ce que tu fais ? dis-je avec un mélange de stupéfaction et de colère. Nous ne sommes pas ensemble ! Nous sommes avec d’autres personnes ! Ton frère ! Barbara qui attend ton enfant !
Je m’empare de la poignée de ma Samsonite et me dirige vers la sécurité. Il me suit en riant. Son sourire et la satisfaction qui émanent de lui me mettent hors de moi.
- Ce n’était pas un baiser romantique, Max ! C’était juste pour te réconforter, te remettre en selle ! Un baiser euh… prophylactique, en quelque sorte. Et ça a marché, non ? Tu es furieuse et prête à affronter tout ce qui peut se mettre sur ton chemin jusqu’au Japon ! Non ?
Je me tourne vers lui.
- Personne ne doit savoir, et surtout pas Barbara ! Elle n’a pas besoin d’apprendre que le père de son enfant embrasse une autre femme dans un aéroport !
- Elle ne saura rien ! convient Jackson d’un ton conciliant. Et ce n’était pas un geste romantique, encore une fois ! Nous sommes amis, toi et moi… Tu es comme une sœur, une belle-sœur bientôt… Je suis ton petit frère, tu l’as dit!
- Tu n’embrasses pas Amy comme ça.
- C’est vrai. Mais tu vois ce que je veux dire. Et encore une fois, c’était prophylactique !
Je rejoins la longue ligne des voyageurs, passeport et billets à la main, se préparant à passer par le barrage de la sécurité. Je me retourne vers Jackson. Il a ce regard par en-dessous, penaud, qu'il a sans doute maîtrisé depuis des années, et un demi-sourire de qui sait qu’il peut toujours demander grâce. Comment ai-je pu le laisser m’embrasser alors que quelques heures plus tôt, je serrais son frère dans mes bras avec émotion ? Mais son air exagérément piteux me fait rire, soudain. Difficile de rester fâchée avec Jackson, comme disait sa mère…
- Bon voyage, Wakanda… dit-il en croisant les bras sur sa poitrine.
Je souris malgré moi.
- Merci de m’avoir conduite. Et pas un mot à qui que ce soit !
Jackson fait un signe de croix sur son cœur puis prétend tourner une clef imaginaire sur sa bouche.
- Pas un mot.
Je m'insère dans la file d’attente, fais quelques pas, puis me retourne vers lui. Il est toujours là. Voyant mon regard, il articule quelque chose. Je le scrute et il me faut un instant pour comprendre
- Pro-phy-lac-tique !
6.
Nous ne sommes pas gueux, certes. Nous ne sommes pas stupides non plus. J’ai renoncé à la première classe après avoir vu, sur internet, que cela correspondait presque à un salon, avec des surfaces en acajou qui m’ont tout de suite fait penser à un cercueil. En revanche, la business class, bien moins chère, est pourvue d’un fauteuil suffisamment large et des parois escamotables permettent d'être à l'abri des regards.
Avant que l’avion ne commence à se mouvoir vers la piste de décollage, j’ai le temps d’envoyer un message court et affectueux à Greg. Je reste stupéfaite de la façon dont Jackson et moi nous sommes quittés. Mais déjà, je prends du recul : ce baiser restera une anecdote cocasse dans notre amitié, une bévue que nous avons commise ensemble, embarrassante et sans conséquence, du moment que nos partenaires respectifs n’en ont pas connaissance.
Soudain, une phrase d’Amy me revient en mémoire, le soir où nous nous préparions à aller assister à son spectacle. “Ce n’est pas un Beatle, mais localement, il a une base solide de fans…” Et si l’un de ces fans nous a vus et, voyant JAM enfin embrasser sa voisine aux cheveux bleus, est en train de faire circuler des photos de nous sur internet ?
“Tu ne peux rien y faire, donc pourquoi t’en faire ?” Une phrase typique d’Akira. Et ma réponse, toujours la même : “parce que je suis ainsi faite !”
Mais tandis que l’avion roule vers la piste de décollage, je sens cette inquiétude se détacher de moi, comme si elle appartenait à Tacoma et devait y rester.
7.
Après avoir rangé mon bagage, le steward me sourit et me propose une petite bouteille d’eau. Asiatique, pas très grand, il dégage une impression de force contrôlée sous son amabilité professionnelle. Sa présence est rassurante, même si je ne suis pas sûre qu’il sache désamorcer une bombe éventuelle. Je pourrais l’aider. J’ai beaucoup appris sur les bombes au 20eme siècle.
Katsumi, le boyfriend d’Akira, lui ressemble-t-il ? Je n’ai même pas demandé à voir une photo de lui. Akira est parfois exagérément optimiste quand il anticipe des piétinements de joie de ses compagnons à la perspective de me rencontrer.
Je revois Iain, le pilote Ecossais, marchant vers nous sur le ciment de la piste d'atterrissage de Dundee airport, non loin d'Edimbourg. Lunettes d’aviateur, blouson de cuir, une barbe de viking, sa tignasse de cheveux roux répandue sur ses épaules, il avait de l’allure.
- Tu ne m’avais pas dit que Iain était un demi-Dieu Celtique, avais-je soufflé à Akira.
- Pourquoi “demi” ? m’avait-il répondu.
Akira avait accepté l’invitation d’Iain d’une exploration de la côte écossaise par petites étapes à bord de son Cessna 172 quadriplace. Ils se connaissaient depuis un siècle et demi et vivaient une amitié romantique à la mode Semblable : passionnée et épisodique.
Iain avait souri largement en apercevant Akira, puis s’était rembruni en me voyant pendant qu’Akira expliquait ma présence.
- Elle aime voler, au moins ? demanda-t-il sans se soucier de m’adresser la parole directement.
Non, elle n’aimait pas voler. Elle perdait toute couleur au décollage, priait en silence en fermant les yeux et risquait à tout moment de vomir dans le cockpit. Iain, après le décollage, n’eut pas de mal à cerner le problème.
- Si tu dégueules, je te vire de l’avion, menaça-t-il.
Je notai qu’à présent il ne passait plus par Akira pour faire part de son ressentiment (léger progrès).
- Je n’en mourrai pas, répliquai-je d’une voix que je m’efforçai d’affermir.
Iain avait jeté un œil vers Akira, assis sur le siège arrière du Cessna.
- Elle est comme nous?
- Oui, répondit Akira avec humeur. Si tu écoutais quand je t’explique… Nous sommes ensemble depuis 5 siècles. Ensemble comme frère et sœur ! Tu sais ce que je fais à Londres, en ce moment, soutenir nos amis qui ont cette maladie qu’on ne comprend pas, et qui les tue l’un après l’autre… Elle m’aide, je ne pourrais rien faire sans elle.
- Que faites-vous ici, alors, tous les deux ? L’un de vous aurait dû rester là-bas…
Je n’eus pas de mal à deviner qui, selon lui, aurait dû rester en Angleterre.
- Nous devons prendre le large parce que l’entourage de … (il nomma le chanteur très célèbre) s'énerve de notre présence et ont commencé à rechercher nos antécédents. Juste un peu de distance, le temps qu’ils se calment. Tu vas voir, tu vas apprécier Lisa (mon nom à l'époque).
De fait, cette fois-là, Akira avait raison. Il avait suffi de quelques soirées animées autour de pintes de bières, d’anecdotes partagées de nos passés respectifs, pour que nous devenions un trio. Je me souviens d’un après-midi où nous étions tous les trois allongés dans l’herbe, un pique-nique je crois, il faisait beau, et j'étais si heureuse de sentir la terre, le solide plancher des vaches sous mon corps. Iain, la tête sur mes genoux, racontait une bataille héroïque du temps de la guerre des clans, tandis que je caressais ses cheveux, Akira improvisait une musique d’accompagnement à la guitare…
Non, non. Il nous avait raconté la bataille héroïque, et c’est ensuite qu’il s’était allongé, appuyant sa tête contre mes côtes. Je traçais des lignes très légères du bout de mes doigts sur ses joues et son front. Une complicité tactile s’était établie entre nous.
Ses remarques acerbes du premier jour étaient devenues des plaisanteries. Avant notre décollage quotidien, pendant qu’il effectuait la visite pré-vol, vérifiant notamment le niveau d’huile, les points d’attache tout en tapotant la tôle de la carlingue du bout des doigts, il trouvait toujours un moment pour se tourner vers moi, une lueur amusée dans le regard.
- Tu préfères vomir maintenant ou plus tard, pendant le vol ? faisait-il mine de s’enquérir.
Ce n’est jamais arrivé, heureusement. Parfois, c’était limite… Mais j’entrais dans son jeu, prétendais me donner un moment de réflexion.
- Je crois que je vais attendre… que dit la météo ?
La météo était bonne, mais le soleil pouvait être précurseur d’un vol houleux, avais-je appris.
- Le soleil chauffe le sol, m’avait expliqué Iain, et la chaleur se réverbère. Elle crée une ascendance qui provoque des turbulences. Les reliefs font pareil. En fait, le ciel, ce n’est pas très différent de la mer quand on navigue…
Pour minimiser cet effet de vagues, Iain eut l'idée d’avancer l’heure de notre décollage quotidien. Notre partions alors que le soleil envisageait seulement de se lever. Dans la fraîcheur du petit matin, le vol était plus calme. Les couleurs du ciel, des paysages que nous survolions nous coupaient le souffle. Je me souviens avoir lancé, dans un élan d’émerveillement:
- Si on s'écrase et que je suis détruite, je disparaitrai heureuse !
Iain et Akira avaient ri.
- Nous ne sommes pas assez hauts pour être détruits, avait commenté Iain. Horriblement blessés, oui, mais bon, ça, nous avons l’habitude…
J’occupais la place avant, aux côtés de Iain. Jour après jour, mon frère se contentait fidèlement du siège arrière pour faciliter mon état nauséeux. J’avais devant moi les mêmes commandes que celles dont Iain se servait pendant le vol. Il m’encouragea plusieurs fois à les prendre en main pour que je sente les inflexions qu’il donnait à l’avion.
Ce matin-là, voyant mon enthousiasme, il m’encouragea à nouveau à poser mes mains sur le volant, ce que je fis avec toute la prudence d’un vétérinaire auscultant un tigre assoupi. Ce n’est pas la première fois que je remarquais que la concentration que je consacrais à ces moments atténuaient mes malaises.
Un mouvement de Iain attira mon attention. Il bailla, étirant les deux bras avec lenteur. Il ne tenait plus le volant. Remarquant mon regard, il sourit.
- Ça fait dix minutes que tu es aux commandes… tu te débrouilles bien !
Aussitôt, l’avion émit une sorte de soubresaut.
- Pourquoi tu te crispes ? demanda Iain, qui ne semblait pas inquiet le moins du monde.
En un instant, j’étais devenue si tendue que je pouvais à peine respirer. Le paysage que nous survolions est reste gravé dans ma mémoire : une corniche de terre rocheuse se terminant en falaise battue par la mer du Nord, et en face de nous, un ciel presque blanc traversé par de longs nuages orange. L’avion fit une embardée. J’entendis Akira étouffer un cri d’effroi. Je lâchai le volant et me tournai vers Iain.
- Reprends la main ! Tu vois bien que je ne sais pas faire !
- Mais si, mais si… répondit Iain.
Pour bien montrer son détachement, il croisa les bras derrière sa tête, totalement détendu. L’avion continua son vol de son propre chef, droit devant lui, sans même un frémissement, pendant de longues minutes. Un moment irréel et magique.
Et puis l’aile gauche se souleva, déséquilibrant l’appareil.
- Petite turbulence à gauche, Lisa. Tu corriges ?
- Je ne peux pas ! lançai-je avec une stridence correspondant à mon affolement. Je vais nous planter ! Je ne sais pas dans quel sens tourner le machin ! Je ne peux rien faire !
- Bon, bon, bon….
En un instant, il avait repris les commandes, équilibrant le Cessna à nouveau.
- Le machin ! fit-il mine de bougonner sans dissimuler son hilarité.
Il tapota ma jambe.
- Ça va, Lisa ? Tu t’en es très bien tirée au début ! Tu ferais un bon pilote tu sais…
Je me tournai vers lui et lui jetai un regard sombre, sans même relever son mensonge évident.
- Tu mériterais que je te vomisse dessus ! murmurai-je d’une voix qui tremblait encore.
- Moi aussi, ajouta Akira.
Iain se contenta de rire.
8.
John, le stewart qui inspire confiance, s'arrête à mon niveau.
- Madame, je peux vous apporter votre repas maintenant. Ou préférez-vous plus tard ?
Voilà une question que je n’ai jamais entendue en classe économique. Je réalise que j'ai vraiment faim. Je n’ai rien mangé depuis le matin.
- Maintenant, ce serait parfait, merci.
Avec prévenance, John m’aide à ranger mon portable. Il étend une nappe en tissu sur la petite table amovible et apporte, en guise de plateau repas, une boite en bois joliment enveloppée. On dirait un cadeau raffiné. Le plateau en bois laqué contient plusieurs compartiments, dans lesquels se trouvent différentes spécialités de gastronomie japonaise. Dans son petit bol de faïence, la soupe miso est brulante et revigorante. Je déguste aussi deux nigiris au saumon, un tronçon d’omelette roulée autour de morceaux d’anguille, une brochette de poulet caramélisé. Tout est délicieux et m’inspire. Je me prends à imaginer proposer à Greg une omelette comme celle-ci, roulee autour d’un coeur de fromage et bacon, pour un breakfast prochain.
Je me sens mieux. Bien sûr, mille situations tragiques peuvent encore surgir durant ce vol. Mais mon esprit ne s’y attarde plus. Évoquer le passé, même tout récent, m’a réconfortée.
Je me demande où est Iain, cette année. Ce n’est pas une question très difficile. Iain nous avait expliqué avec satisfaction comment il passait le temps d’une vie dans son village Ecossais, avant d’aller vivre un petit siècle en Irlande ou en Bretagne. Ensuite, il revenait dans sa communauté et prétendait être son propre petit-fils ou son arrière-petit-neveu.
- Les gens normaux n’ont aucune idée de notre existence, commenta-t-il en avalant une énorme portion de haggis, un pain de viande bouilli typique de la région. Alors, pourquoi ne pas en profiter pour rester proche de ses racines ? Personne n’a jamais suspecté que j'étais mon ancêtre.
- Quand on ne sait pas d'où on vient, ce n’est pas si simple, soupira Akira.
Ne pas connaître mes origines m’a longtemps pesé et me soucie toujours. Mais des racines spontanées se sont formées tout au long de mon existence. Elles ont donné des arbres entiers avec un frère comme Akira. Elles ont parfois été douloureusement rompues bien plus tôt que je ne m’y attendais. Ai-je paniqué en apercevant Stanislas parce qu’il me rappelait la douleur d’une rupture imprévue, similaire à celle imposée à Ayita ?
Je ne peux pas exister sans racines. Sans même le préméditer, où que j’aille, des relations se créent. Et j’apprends au détour d’une conversation avec une grand-mère Cherokee que ces nouvelles connections sont tissées avec des brins venus du passé.
Peut-être que mes origines ne sont pas si importantes finalement. Ce qui compte, ce sont ces relations qui m’ont construite, parfois abimée, mais aussi consolée. Me souvenir de Iain et cette relation chaleureuse qui avait si mal commencé m’a détendue. Mes angoisses ont perdu de leur substance, se dissolvant dans le flot de mes pensées. Le passé au secours du présent, c’est une variante inattendue de mes traumatismes habituels, mais je l’embrasse volontiers.
Très très jolie conclusion, j'apprécie ! Dans ce chapitre, Max fait quelques belles réflexions, tu évoques des sujets très intéressants : familles, liens, origines, amitié... Iain est rendu très sympathique en seulement quelques anecdotes, notamment le passage où il se fait passer pour son arrière petit-fils, c'était assez drôle à imaginer.
Le passage des au revoirs avec Greg est bref mais touchant, tu as construit une très belle relation au fil des chapitres précédents alors une "simple" séparation suffit à faire une scène triste xD
J'aime bien aussi le fait que Max ait une angoisse des avions. C'est réaliste vu que c'est la seule manière pour les semblables de perdre la vie et cette petite faiblesse apporte à la complexité du personnage.
Au fil des anecdotes et rencontres passées, on se rend compte au moins en partie de l'immensité que représente l'immortalité. Le nombre de personnes que Max a rencontré et aimé, c'est gigantesque... Et j'imagine, une source inépuisable d'inspiration pour toi !
Très cool aussi le passage sur la gastronomie japonaise, on voit que tu ne maîtrises pas que les USA et l'Europe, chapeau xD
Jackson est fidèle à lui-même, un peu maladroit mais on lui pardonne tout. Ce personnage a un vrai charme, pour nous et son entourage.
Mes remarques :
"Ce brassage de voyageurs, tout ce monde me donne" -> ce brassage de voyageurs, tout ce monde, me donnent ?
"roulee autour d’un coeur de fromage et bacon, pour un breakfast prochain." -> roulée cœur
Un plaisir d'avoir enfin le temps d'avancer dans ton histoire,
A bientôt !
C'est vrai qu'il y a beaucoup de possibilites dans tant de siecles de vie, et je dois souvent limiter mes elans pour que l'histoire ne parte pas dans tous les sens...
J'ai hate de lire la suite....