Quand Caraghon monta dans la tour ce soir-là, le ciel mordoré était encore clair. Il y avait peut-être un espoir que Tyeltaran ait raison, que la lune réapparaisse. Alors, en attendant que la nuit tombe, il entreprit une lente ronde à travers le boudoir, s’arrêtant quelques instants sur le palier pour scruter l’escalier avant de repartir. Au troisième tour, ses pas le guidèrent jusqu’à la bibliothèque qui tapissait le mur du fond, devant laquelle il s’arrêta. Jusqu’ici, il ne s’était jamais vraiment intéressé à ces livres, mais la pensée lui vint qu’apprendre l’eälagan écrit pourrait lui être bénéfique.
Son regard parcourut les ouvrages, tous soigneusement alignés par ordres de taille, comme si quelqu’un avait eu à cœur la mise en ordre impeccable de l’ensemble. D’un bout de doigt timide, il tira l’un d’eux hors de son rayonnage. Il s’attendit à le sentir abîmé, couvert de poussière, mais sa reliure de cuir épais était aussi lisse que si elle était neuve. Quand il tourna la couverture vers lui pour en lire le titre, il eut la surprise de pouvoir le lire avec facilité.
Contes et légendes du Désert
Intrigué, il le feuilleta. L’intégralité du texte était en alphabet dejclan. Il reconnut avec une certaine mélancolie les héros des histoires pour enfant qui peuplaient les murmures et les songes des gynécées.
Tournant les pages avec délicatesse, Caraghon remarqua que dans les marges s’accumulaient des petits dessins à l’encre. Ici le contour d’un visage, là la tête d’un serpent aux anneaux enroulés autour du corps d’un homme, quelques pages plus loin la forme d’une tour élancée au-dessus d’une vaste ville. Ce livre avait-il appartenu à la reine Ancathia ? était-ce elle qui l’avait ainsi décoré ? Mais en observant les dessins, il trouva dans leurs traits une maladresse et une juvénilité qui lui évoqua plutôt la main d’un enfant.
Quand il arriva aux dernières pages de l’ouvrage, son regard fut attiré par un titre soigneusement calligraphié.
L’enfant venu de l’eau
Ses sourcils se froncèrent.
Il le connaissait ; mais jamais il ne l’avait vu écrit nulle part. Il s’agissait d’un vieux conte marin venu des terres au-delà de la Mer étoilée, tressé de traditions orales qu’on ne couchait que rarement sur papier. Fut un temps, il était son favori.
Il se rapprocha à pas lents de la fenêtre et prit place dans le siège tirée près de celle-ci, le livre déposé sur ses genoux de façon à bénéficier de la lumière déclinante. L’écriture manuscrite, vieillie par les ans, était difficile à déchiffrer, mais il s’y attela néanmoins avec application.
Au temps où le ciel de la nuit était plongé de ténèbres souveraines, il existait, par-delà la mer, une île qui n’avait pas de nom. Sa terre était fertile et ses arbres étiraient leurs branches jusqu’au ciel, bercés par le souffle du vent bienveillant. Il est dit que le peuple qui y vivait était le plus heureux que le monde ait porté. Ils étaient humbles et pacifiques, et ne demandaient que ce que la généreuse nature pouvait leur donner. La seule règle qu’ils connussent était celle de ne jamais quitter leur village blotti entre la terre et la mer, car l’étendue des flots bleus qui les encerclaient leur semblait une frontière placée là pour une raison par les Dieux qu’ils vénéraient.
Puis un jour, ils découvrirent une femme mourante et sur le point de donner la vie gisant sur la plage. Ils la portèrent jusqu’au village et tentèrent de la soigner avec toutes les plantes qu’ils connaissaient ; mais l’enfant qu’elle portait dans son ventre dévorait ses forces, et elle s’éteignit en lui donnant le jour. Affligés, les villageois interrogèrent les Dieux à propos de cette femme, mais ne reçurent jamais aucune réponse. Alors ils enterrèrent son corps selon leur coutume, et baptisèrent l’enfant Gaerë, « venu de l’eau ». Ils le chérirent comme l’un des leurs, et pourtant ils sentaient qu’il était différent. Il y avait dans ses yeux un éclat pareil au flux de l’océan, et partout où il regardait, il semblait voir plus loin que quiconque. Sa parole était rare, mais toujours écoutée, car sa voix avait la puissance calme du vent et la douce mélodie du chant d’un oiseau ; et l’on dit que jamais le monde ne connut meilleur chanteur que lui. Il aimait demeurer seul sur la plage, à contempler l’horizon qui ne changeait jamais, comme s’il attendait. Seize ans passèrent ainsi, et puis un jour Gaerë vint trouver celle qui était comme sa mère, et lui parla en ces termes :
— Vous m’avez élevé et aimé comme votre fils, et pourtant je ne le suis pas ; je le sais, bien que vous l’ayez toujours tu. Soyez certaine que je vous aime en retour, avec toute la tendresse et la reconnaissance d’un enfant qui vous doit la vie ; cependant, il me faut vous quitter.
— Mais où iras-tu, Gaerë ? demanda-t-elle en fondant en larmes. A quoi bon courir la terre si incertaine, puisque tu peux rester auprès de moi ?
— Ce n’est pas la terre que je veux courir, répondit le jeune homme en prenant ses mains dans les siennes ; non, c’est l’océan qui m’appelle. Libérez-moi, par pitié, car votre crainte de l’eau infinie n’est pas la mienne. Je sais ce que mon nom signifie, et d’où je suis venu, je souhaite repartir.
Sa mère pleura longtemps, mais elle accéda à sa demande, et lui donna sa liberté. Lorsque la nuit d’encre tomba sur le monde et que la femme accablée s’endormit, le jeune homme quitta la petite maison qui l’avait abrité pendant seize ans, et disparut à jamais.
Il est dit que, la nuit qui suivit sa disparition, on vit s’élever dans le ciel noir un astre blanc, semblable à un soleil d’argent ; et la mère adoptive de Gaerë, qui pleurait à sa fenêtre, reconnut dans son éclat doux celui qui animait les yeux de cet enfant qu’elle avait perdu ; et toutes les nuits qui suivirent, jusqu’à ce que sa vie s’éteigne, elle admira cette étoile immense dans l’espoir vain de le voir revenir avec elle.
Caraghon tourna la page, mais le conte s’arrêtait là. La frustration qui l’envahit était la même que celle qu’il éprouvait enfant lorsque le conteur suspendait là son récit, un sourire mystérieux aux lèvres. Il avait toujours voulu savoir ce qui était advenu de Gaerë, si son destin était bel et bien lié à l’apparition de la lune : mais personne ne le savait vraiment. Il avait entendu, relayé et inventé des centaines de théories ; certains disaient qu’il était l’enfant de Gaerkàn, le Maître de l’eau ; d’autres que, lors de son aventure en mer, il avait croisé la route de Lomenirè, le Seigneur du ciel, qui s’était épris de lui et l’avait élevé à ses côtés. Qui savait ? Car la lune demeurait l’un des grands mystères des légendes anciennes.
Songeur, il parcourut du regard les marges du court récit, parsemées de vaguelettes représentant peut-être l’océan, et de toute une flopée d’esquisses de croissants de lune de toutes tailles. Sur la dernière page était jetée la forme d’un œil à la prunelle vide, éclaboussée de mouchetures d’encre. Il y demeura longtemps focalisé sans vraiment la voir, l’esprit vide, avant de refermer lentement l’ouvrage.
Quand enfin il leva la tête, il découvrit par la fenêtre le ciel noir piqueté d’étoiles brillantes. Il quitta son siège en y laissant le livre de contes et approcha son visage de la fente de pierre, jusqu’à sentir la caresse du vent nocturne contre sa peau. Il y avait quelque chose dans ce ciel qu’il trouvait différent. Comme un sentiment de chaleur dans la lumière des astres qui baignait la cour. Dans le champ de vision restreint dont il disposait, il chercha la lune. Elle était suspendue entre les deux tourelles est, auréolée de pourpre comme si son sang se mêlait à l’encre de la nuit. Une lune rouge.
Caraghon n’était pas superstitieux, et les légendes concernant de dieux qui n’étaient même pas les siens ne l’atteignaient pas, et malgré tout ce spectacle singulier avait à ses yeux quelque chose d’inquiétant. Incapable de la quitter des yeux, il suivit sa lente ascension au-dessus des créneaux. C’était lorsqu’elle parvenait dans son exacte ligne de mire que la voix de Lün s’élevait, et il comptait les secondes, le cœur battant d’une impatience inexplicable.
Elle éclairait de plus en plus nettement la cour déserte du palais et sculptait les ombres des bâtiments de ses rayons rougis. Elle semblait couronner un palais mort, qui tombait dans les ruines de l’ombre en retenant son souffle ; et Caraghon songea que, vraiment, peu importe qu’il ne crût pas en Drogö à la manière des Eälagoniens, c’était l’une de ces nuits qui semblait propices au surnaturel.
Au même instant, la voix de Lün l’arracha de sa léthargie. Le jeune soldat frissonna en l’entendant tomber de la nuit pourpre. Elle portait un accent qui mêlait si suavement soulagement et douleur qu’il fut pris de l’envie de cacher son visage entre ses bras comme un enfant. Et ce fut comme si la voix du prince le déchargeait en douceur d’un poids dont il n’avait même pas conscience. Avec une absolue lucidité, il conçut la certitude qu’elle l’appelait.
Comme un étranger à son propre corps, il se sentit se lever et gravir l’escalier à l’aveugle, jusqu’à la porte de Lün. Un faible rayon filtrant dans l’encadrement lui fit comprendre que le battant n’était pas clos. Il se rapprocha jusqu’à sentir le bois rêche sur sa joue, glissant son regard dans l’interstice, poussé par quelque chose qui se plaçait au-delà de toute réflexion rationnelle.
Le pourpre et l’écarlate éclaboussaient les tentures et les rideaux soulevés par le vent. Droit devant, la vaste fenêtre lui offrait la vue de la perle rouge trônant dans le ciel, et agenouillée face à elle, cette silhouette frêle au vêtement blanc qui semblait souillé de sang. A peine son regard l’eut-il effleuré que son monde se réduisit à l’existence de Lün, sa voix, son corps courbé et ses cheveux noirs déployés sous le vent comme les ailes d’un corbeau.
Quand le chant décrut, il lui sembla que le temps suspendu reprenait son cours, et que quelque chose s’évaporait de son esprit, le laissant vide et apaisé.
Parfaitement immobile, il ne quitta pas Lün des yeux, le regardant prendre lentement appui sur la rambarde du balcon pour se relever. Ainsi, le dos tourné, il ressemblait à un grand oiseau blanc perché au bord du vide, fragile et rayonnant d’une aura sereine. Caraghon s’attendit presque à le voir déployer ses ailes et s’envoler vers la lune rouge. Mais, après un long moment à seulement contempler la nuit, le prince fit volte-face. Sa longue tunique blanche flottait autour de ses pieds nus, et même à distance, ses yeux étaient animés d’un éclat intense, semblable aux facettes rutilantes d’un diamant. Avant que le jeune soldat n’ait pu faire un geste, ces yeux se tournèrent en sa direction pour se planter dans les siens.
Lün ne sembla pas surpris, ni effrayé, ni en colère. Rien sur ses traits n’exprimait la moindre émotion. Il s’avança de quelques pas, se glissant entre les rideaux mouvants avec une grâce spectrale.
— Je vous avais senti, déclara-t-il d’une voix à peine plus haute qu’un murmure, et pourtant parfaitement audible.
Le corps tendu comme une corde d’arc, Caraghon n’osa pas bouger d’un cil, dans l’espoir peut-être que son immobilité ferait oublier sa présence. Mais le prince ne le lâchait pas de son regard magnétique, dans lequel couvait une interrogation claire. Un nouveau coup de vent s’éleva, plus puissant, et la porte s’ouvrit toute grande. Paralysé sur le seuil, Caraghon la vit lentement coulisser sur ses gonds avec la sensation de voir s’abattre le dernier rempart entre lui et le prince de la tour.
— Pourquoi est-ce que vous venez ici alors que je ne veux pas ? souffla celui-ci en dardant sur lui son regard aigu. Est-ce que vous me voulez du mal, hîl Caraghon ?
— Jamais, se récria-t-il, s’extirpant enfin de la torpeur qui le tenait figé et muet.
Il fixa Lün droit dans les yeux, essayant de lui transmettre par ce seul contact toute la détermination qui l’animait. Mais il voyait, au tranchant de ses prunelles qui ne s’émoussait pas, que ce n’était pas suffisant. D’une voix altérée, il s’efforça de poursuivre :
— Ce qui m’a mené ici cette nuit, je l’ignore ; hormis peut-être que c’est vous qui m’avez guidé.
— Moi ? répéta Lün dans un murmure étonné.
— Votre voix.
Et le jeune soldat se tut abruptement, comme si les mots ne suffisaient plus. A quatre pas de lui, et pourtant aussi loin que si un monde les séparait, Lün cilla lentement et l’éclat ardent de ses yeux sembla s’affaiblir.
Puis, à pas lents, il se dirigea vers le lit aux baldaquins relevés. Une main tendue devant lui, il tâta les édredons en désordre avant de s’y asseoir, avec une grâce légère, comme s’il ne pesait rien, n’existait qu’à peine. L’étoffe blanche de sa tunique se confondait avec les draps entre lesquels son corps semblait s’effacer. La force lumineuse qui émanait de lui s’était estompée, le laissant tel qu’il apparaissait, frêle, les épaules voûtées et le regard errant. Quand il leva la tête vers lui, il le fixa d’un air aussi désorienté que s’il avait vu un inconnu surgir devant lui. Ce qui n’était pas si éloigné de la réalité.
— J’ai peur de vous sentir si près, et pourtant j’ai l’impression que je ne devrais pas.
Il semblait d’avantage s’adresser à lui-même qu’à Caraghon, et celui-ci conserva un silence respectueux.
— Dois-je vous faire confiance ? ajouta Lün en faisant peser sur lui un regard empreint de fatigue.
L’ingénuité de cette question sidéra le jeune soldat.
Et en lui rendant son regard, il sentit une bouffée de rage brûlante monter dans sa poitrine, tournée contre le roi, contre le peuple Eälagonien, contre la lumière du jour et tout ce qui avait fait de ce jeune prince ce qu’il était devenu ; une ombre égarée entre l’enfant et l’adulte, une voix sans visage que nulle ne voyait et qui ne voyait personne, un fantôme qu’on avait oublié dans sa prison.
— C’est à vous seul de décider de cela, déclara-t-il avec une douceur qui contrastait avec cette colère qui bouillait en lui. C’est à vous de me faire confiance, si vous le souhaitez. Et si vous vous y refusez, je le comprendrai.
Après tout, il avait brisé par deux fois l’interdit qui lui avait été posé. Lui-même, à la place du prince, se serait-il risqué à croire en un tel gardien ? Probablement pas.
Mais Lün secoua la tête en joignant les mains sur ses genoux.
— Tyeltaran vous fait confiance.
Il le regardait comme cette nuit où il avait posé ses mains sur son visage pour en découvrir les traits, avec une expression de curiosité fatiguée que reflétaient seulement ses yeux. Son visage était d’albâtre immuable, et sa voix ne semblait pas faite pour les mots ; mais ses prunelles étaient des océans où voyager, des miroirs où se perdre, l’unique fenêtre qui permettait de percer son mystère.
Dans un mouvement totalement inattendu, le jeune prince se laissa tomber en arrière et chût sur la couche. Ses cheveux répandant leurs gerbes d’encre sur l’oreiller, il roula sur le flanc, un bras glissé sous sa tête. Caraghon se troubla incapable de détourner les yeux de cette vue qu’il offrait, fasciné par son abandon, sa fragilité. Il semblait que chaque seconde qui passait le révélait encore plus vulnérable, et cette réalité l’ébranla profondément.
— Je vais vous laisser, parvint-il à articuler en effectuant un pas en arrière.
— Non.
Un soupir bas qui le retint comme s’il s’était agi d’un déchirant appel.
— Mais… commença-t-il.
Entre ses paupières mi-closes, les yeux de Lün étaient posés sur lui.
— Restez.
Après de longues secondes d’incertitude, Caraghon se résolut à obéir, et poussa du pied la porte pour la fermer. Le vent était tombé, et comme aucun d’eux ne parlait plus, un silence profond tomba sur la chambre.
Il choisit de demeurer près de la porte, autant par pragmatisme que par peur de faire ne serait-ce qu’un seul pas à l’intérieur de la pièce. Tâchant de se faire le plus discret possible, osant à peine respirer de peur de déranger Lün, il ancra son regard à la lune qui les nimbait toujours de sa lueur rougeâtre par les rideaux écartés. Se concentrer sur un point fixe jusqu’à oublier tout ce qui l’entourait l’avait toujours aidé à passer le temps lors de ses tours de garde. Mais c’était moins l’immobilité totale qu’il s’astreignait que la conscience de la présence du prince à quelques mètres seulement qui le crispait convulsivement. Et malgré tous ses efforts pour se focaliser sur la lune, son regard ne cessait de dériver sur le lit dont les baldaquins voilaient le corps étendu. Même dans le silence de mort qui régnait, il ne parvenait à percevoir sa respiration. Dormait-il déjà ?
— Je vous entendais marcher, lorsque vous étiez en bas.
La voix le fit tressaillir. Il vit la silhouette de Lün se redresser, son ombre se détachant de la blancheur des draps.
— Pourquoi êtes-vous aussi immobile ?
— Pour ne pas vous troubler, répondit Caraghon avec surprise.
Le prince garda un instant le silence, avant de souffler :
— Je sens votre malaise. Je n’aime pas cela.
Pris de court, le jeune soldat chercha une réponse à donner, mais Lün reprit :
— Je préfère vous sentir vivre.
Et il se recoucha. Caraghon déglutit avec la sensation de nager dans l’irréel. Un instant, il se demanda s’il ne s’était pas endormi dans le boudoir et s’il n’était pas simplement aux prises avec un rêve absurde.
Guidé par un automatisme rodé, il fit un pas, puis deux, délicatement, le son de ses bottes amorti par l’épais tapis qui recouvrait le sol. Il traversa la chambre jusqu’à la fenêtre, et s’arrêta à la lisière des rideaux de velours. La lune poursuivait son lent voyage vers l’ouest, semant une trainée d’étoiles rougissantes sur son sillage. En l’observant rêveusement, Caraghon songea à Gaerë, l’enfant venu de la mer et retourné à la mer, dont le voyage inconnu était peut-être lié, selon la légende dejclane, à la naissance de l’astre de la nuit.
Gaerë et sa solitude, Gaerë et sa voix d’or, Gaerë et ses yeux troublants.
Le jeune soldat se retourna à demi. Lün était roulé en boule, le visage à moitié noyé sous sa chevelure noire. Peu importe qu’il fût endormi ou non, Caraghon ne put s’empêcher de le contempler, son regard irrésistiblement attiré par lui comme un papillon de nuit par la lueur d’une chandelle.
Condamné à la solitude, enfermé dans sa cage dorée, menacé par un assassin insaisissable. Et tout cela pour quoi ?
Vous m’avez vu, et pourtant vous êtes encore là.
Cette pensée était ourlée de la voix de Lün, bien qu’il ne l’ait jamais entendu prononcer ces mots. Elle effleura son esprit avec tant de délicatesse qu’il n’en fut même pas surpris.
En quoi cela est-il étonnant ? songea-t-il en retour.
Tournant son regard vers la lumière rouge entre les rideaux, il se demanda si c’était la solitude ou le manque de sommeil qui le poussaient à dialoguer avec lui-même. Ou peut-être l’effet de cette lune écarlate que les Eälagoniens craignaient…
Personne ne veut me voir. Il doit y avoir une raison.
Cette fois, il fronça les sourcils. La voix résonnait comme un écho dans une pièce immense, distendue, estompée, mais toujours reconnaissable.
Il a dit que j’étais un monstre.
Les rayons vifs de la lune blessaient sans yeux, et pourtant il était incapable de s’en détacher.
Qui ? demanda-t-il, murmurant dans son propre esprit.
Seul le silence lui répondit.
La tête de Lün bougea légèrement, s’enfouissant un peu plus dans l’oreiller. Une expiration à peine perceptible lui échappa.
Caraghon parcourut attentivement la pièce du regard. Il avisa, tout près de lui, un confortable fauteuil tendu de velours qui semblait lui ouvrir les bras. Curieux, il ne l’avait pas remarqué avant.
Puis, songeant que la nuit serait longue, il céda à ses avances et s’y installa.
Les paupières closes, emporté loin du monde par un sommeil protecteur, Lün souriait.
J'adore avoir une histoire dans une histoire, la petite fable est bien écrit (tu n'es pas une jeanne de la Fontaine pour rien ;).
Ce binome est mal assorti mais fonctionne pourtant si bien !
Lun me met autant mal à l'aise qu'il m'émeut.
Je pense que dans ce conte tu parles un peu de Lun, enfin il y a une référence à ce genre de personne qu'est Lun.
On note le lien particulier entre les deux. Pourquoi Cara est-il attiré par Lun et pas les autres, que comprend-t-il de plus ? Que voit-il que les autres ne voient pas, n'entendent pas ?
Hâte de lire la suite ;)
Mais oui c'est n'importe quoi les deux ^^
Ravie qu'il te mette à l'aise (non cette phrase n'est pas du tout bizarre à écrire xD) et oui y'a plein de questions autour de lui xD (spoiler : il se pourrait que je n'ai pas encore réponse à tout t_T)
Ouiii, on retrouve Lune-chou et Caraghon ! Déjà, tu sais qu'insérer une histoire dans une histoire me plait beaucoup, du coup, j'ai dévoré ce conte avec beaucoup de plaisir et, en effet, les similitudes avec Lune-chou sont assez évidentes mais qu'est-ce que cela veut dire, exactement ? Est-ce que Lune-chou est quelque part lié à ce conte ? Je pense qu'ils en apprendraient plus à son sujet en Dejclancie, puisque le conte est issus de là-bas. Mais je suis très curieuse d'en savoir plus même si je n'ai absolument pas envie de voir Lune-chou partir dans les étoiles ! Il reste ici, avec nous, point barre U.U
Je note aussi que Caraghon et Lune-chou ont vraiment tissé un mien particulier. Pourquoi ? Qu'est-ce que Caraghon a de si spécial ? Est-ce parce qu'il est Dejclan que le pouvoir de Lune marche si bien sur lui ? Ou bien il y a autre chose ? Parce que, clairement... ils ont communiqué par la pensée, là, hein ?! xD Ce n'est pas le genre de chose qui se passe en toute tranquillité en temps normal. D'ailleurs, je suis amusée de voir avec quel sang froid Caraghon accepte la situation, ah ah ah !
En tout cas, je suis ravie de les voir se rapprocher de plus en plus, de voir que Lune-chou lui fait de plus en plus confiance, qu'il réclame même sa présence et qu'il accepte de le laisser pénétrer dans son refuge, c'est un pas énorme, je trouve et je pense que Caraghon sera celui qui va amener Lune-chou à se confier à l'avenir. En tout cas, je veux savoir qui l'a traité de monstre ! Son père ? Tyel ? >.< J'espère pas ! Alàtar ? Quiiii ? Je suis curieuse et dès que je saurais, je lui enverrais une malédiction qui lui feront perdre ses cheveux, pourrir les orteils et qui le rendra impotent et débile, voilà U.U Vous êtes prévenus de ce qui vous attend si vous faites du mal à Lune-chou xD
Sur ce, je vais te laisser ! Encore une fois, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce chapitre et je reviendrai vite lire la suite (sans doute dimanche prochain, ou lundi ^^) parce que j'ai hâte de savoir ce que tu nous réserves <3
Je te dis à tout bientôt !
Natsunokaze
J'adore aussi ce genre d'histoire dans l'histoire (tout ce qui touche au worldbuilding c'est ma passioooon)
Ok promis Lün va retarder le décollage de sa fusée si tu ne veux pas le voir partir ^^
Ahah j'adore toutes tes questions mais je ne dirai rieeen xD Et oui Cara reste un peu de marbre parce qu'il est à moitié persuadé qu'il est en train de délirer en s'endormant xD
Et ouiii ils arrivent à s'apprivoiser un peu là ^^ ravie que ça te plaise !
Oulàlà ta malédiction donne tellement pas envie xD on prends note et on ferme notre bouche...
... Non ?
Comme toujours j'adore quand tu cales des petites anecdotes qui nous en apprennent plus sur ton monde comme ici ! Très chouette. Un seul point, mais ça peut se régler facilement si tu fais du remaniement par la suite : si ce conte était le préféré de Caraghon, est-ce qu'il n'aurait pas dû y penser beaucoup plus tôt, dès qu'il en appris un peu plus sur l'histoire de Lün qui, effectivement, est un écho assez proche du conte ?
Une remarque très constructive que je me suis faite sinon : j'adore la manière dont tu décris les trois frères. Non parce que des fois j'en viens à me demander si le petit Carino il craque pas sur Tyeltaran seulement parce qu'il l'a vu en premier, vu comme les deux autres semblent tout aussi canons XD (je t'avais dit que c'était constructif)
... comment ça j'ai tout spoilé ?
C'eeeeest en effeeeeet une question pertinente à laquelle j'ai pensé aussi... Réponse d'architecte trahi : ce débile de Cara ne m'avait pas prévenue de l'existence de ce conte avant de tomber dessus dans la bibliothèque. Rien que des cachottiers ces personnages, comme tu veux que je m'en sorte ?
Mais ouais ce sera quelque chose à introduire plus tôt du coup ;)
J'aime tes remarques constructives xD déjà je me suis tapée une barre sur le Carino, et ensuite je pense que tu as parfaitement raison ^^ bon après outre le fait qu'ils soient canons, nous avons dans l'ordre un alcoolique irresponsable, un type aussi expressif qu'une porte de prison et un chanteur d'opéra un peu barge... faites votre choix mesdames et messieurs !
Cela étant c'est pas hyper choquant non plus, c'est typiquement le genre de truc qui se corrige pas avant d'avoir plusieurs jets sous le coude à mon avis ^^, quand tu peux vraiment commencer à réfléchir aux petits détails quoi.
Oui désormais je crois que Carino va rester XD j'avait commencé par Cara et d'un seul coup tout mon italien m'est revenu de plein fouet.
Roooh si tu les rabaisses comme ça aussi faut pas t'étonner qu'ils te fassent des cachotteries !!
Ce conte est super beau ! Et en effet, je ne l'avais pas remarqué avant que tu le dises mais il y a pas mal de similitudes entre Gaerë et Lün ! 😳
J'aime bien leur dialogue, on sent une intimité se créer et je trouve ça plutôt cool (en dépit de l'histoire de beau-frère et de mariage et tout et tout que je te sors à chaque fois XD) ! ^^
Le dialogue dans la tête de Caraghon est intrigant, est-ce qu'il n'est justement que dans sa tête, est-ce qu'il est lié à la lune rouge (dont j'ai adoré les descriptions, et qui donne une autre saveur à ce moment entre les deux hommes, d'ailleurs), est-ce que Lün possède des "pouvoirs magiques"... ? Et qui a dit qu'il était un monstre ? Celui qui a essayé de le tuer ?
Bref, que de questions (et un commentaire bien calme, pour une fois xD), dont j'ai hâte d'avoir les réponses ! ;p
Ravie qu'il te plaise ^^
Oui oui on connaît la chanson c'est bon, vives les beaux frères xD Ahah tu te doutes que je ne vais pas pouvoir répondre à tes questions ! Mais ravie que l'atmosphère du chapitre t'ai plu ! Et oui mdr c'est vrai que c'était un commentaire calme mais il y avait ni Tyel ni Askaos dedans, donc c'est logique xD