Chapitre 28 : Une mélodie d’antan.
Le Troisième – An 2719 – Le 6 août à 2 h 47.
Thibault et son groupe marchèrent une trentaine de minutes en direction de la bourgade. Le jeune homme l’avait entourée sur le plan qu’il tenait entre ses mains, et y jetait des coups d’œil réguliers. Les autres suivaient à pas de loup, et bientôt, de belles maisons s’alignèrent les unes à côtés des autres. Il semblait que les troupes impériales avaient été regroupées plutôt au sud de l’étage, vers le manoir de Pluto, parce qu’ici la nuit était calme. À l’approche de la zone riveraine, quelques lampadaires grésillant diffusaient leur douce clarté sur les gazons bien tondus des jardins, révélant l’absence des soldats.
— Laquelle est sa maison ? chuchota Théo à l’oreille de Thibault alors qu’ils atteignaient la première de la rangée.
— Comment veux-tu que je sache ? Je ne suis pas souvent venu me balader ici…
— Moi encore moins…
— On se divise en deux groupes ? suggéra Lino. C’est quoi, le nom de la famille chez qui elle vit ?
— Barnabas. Je suis sûr que c’est cette bourgade. Et je sais aussi qu’il y a un saule pleureur dans le jardin. Elle m’avait dit qu’elle le voyait depuis sa chambre.
Les autres acquiescèrent pour signifier qu’ils avaient bien noté l’information, et ils se répartirent de nouveau en deux équipes de quatre.
Thibault scrutait chaque boîte aux lettres. Dans la pénombre, la douce lumière de la lune se combinait à celle des réverbères. Il passa devant Zoë et Jenkins, alors qu’ils déchiffraient un énième nom à la lumière de la page du jeune homme.
— … as quel âge toi ?
Thibault s’arrêta net, fronçant les sourcils. Il revint sur ses pas et saisit Jenkins par le bras pour l’emmener un peu plus loin, sans tenir compte de l’air surpris de Zoë. Quand il fit face au jeune homme, ce dernier était hilare.
— Quoi, qu’est-ce que j’ai fait ?
— Ce que tu fais avec toutes les filles. Attention, c’est ma sœur, elle !
Jenkins eut une moue pleine de malice et haussa les épaules.
— Tu vois le mal partout, mon petit Thibault.
— Je te connais.
— Bon… C’est vrai qu’elle est très jolie, ta sœur.
Thibault leva les yeux au ciel. Puis il repartit auprès de Zoë, s’efforçant de faire comprendre à Jenkins par son seul regard qu’il avait intérêt à aller directement déchiffrer les noms des boîtes aux lettres suivantes.
Une dizaine de minutes plus tard, l’autre groupe les contacta. Ils avaient trouvé la maison du comte Barnabas et le groupe de Thibault se hâta de les rejoindre.
C’était une bâtisse en pierres blanches, haute de trois étages. Dans son jardin parfaitement entretenu, dont le gazon semblait avoir été coupé brin par brin et où des glaïeuls colorés diffusaient suavement leur parfum, trônait un magnifique saule pleureur, immense, et dont les branches retombaient paresseusement sur le sol.
— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Félicie quand ils furent suffisamment proches. Il est plus de trois heures du matin !
Thibault se mordit la lèvre inférieure. Le temps pressait, mais réveiller toute la famille Barnabas au milieu de la nuit ne semblait pas avisé pour autant.
— Tu as dit que sa chambre donnait sur le saule pleureur, n’est-ce pas ? demanda alors Théo. C’est forcément une de celles-là…
Il fit un mouvement vertical avec son bras, suivant la ligne de l’arbre et les trois fenêtres se superposant sur le côté gauche de la maison.
— C’était une esclave, ajouta Lino. Elle est sûrement au rez-de-chaussée, non ? On nous place généralement en bas…
— J’imagine. On va essayer…
Il prit un instant pour réfléchir, avant de finalement se décider à enjamber la clôture de bois blanc qui entourait le jardin. C’était risqué. S’ils se trompaient, il faudrait se montrer convaincant pour justifier leur présence ici au beau milieu de la nuit. Il approcha de la fenêtre dont les volets étaient baissés, et, après un coup d’œil jeté au groupe qui était resté en retrait derrière lui, y donna quelques petits coups discrets.
Pendant une minute, il retint son souffle, le cœur battant si fort qu’il avait l’impression de l’entendre cogner contre sa cage thoracique. Rien ne se produisit. De nouveau, il leva le bras et frappa, plus fort. Une légère angoisse le traversa. Et si, quand elle avait eu terminé sa peine, on lui avait proposé une autre chambre… ? Il fit un pas en arrière quand tout à coup, de petits faisceaux de lumière se révélèrent dans les interstices du volet. Puis il y eut un bruit qui indiquait qu’on avait ouvert la fenêtre de l’autre côté.
— Il y a quelqu’un ?
Thibault se sentit traversé par une joie euphorique en reconnaissant la voix de la jeune femme.
— Lyria ?
Il n’y eut pas de réponse immédiate, mais un nouveau bruit indiqua qu’on actionnait un mécanisme. Le volet s’enroula sur lui-même et bientôt, le visage de l’ancienne esclave de la famille Barnabas apparut dans la fente tout en bas.
— Thibault ? C’est toi ? Qu’est-ce que…
Elle aperçut les autres et referma la bouche, interdite. Le volet continuait de monter et révéla bientôt qu’elle portait une simple robe de nuit sur sa silhouette mince. Elle paraissait étonnée de se retrouver face à un tel public, et jeta un nouveau regard effaré à Thibault qui s’était rapproché.
— Je suis désolé de te réveiller, c’est urgent… Est-ce qu’on peut entrer ?
De nouveau, Lyria avisa le groupe de huit personnes qui s’invitait dans sa chambre. Une moue dépitée apparut sur son visage.
— Je croyais que tu étais porté disparu ou un truc du genre ? demanda-t-elle en faisant passer une chaise par la fenêtre afin qu’ils puissent prendre appui et monter la rejoindre.
— C’est une longue histoire.
Quand Théo fut passé, et après qu’il eut adressé un sourire rayonnant à Lyria, la jeune femme referma la fenêtre et en abaissa de nouveau le volet.
— Raconte, ordonna-t-elle de son ton sec. C’est qui eux ?
— Des amis. Écoute Lyria, l’impératrice se trouve actuellement chez Seth Pluto et je dois la voir. Je ne peux pas, pour des raisons sur lesquelles je ne préfère pas m’étendre, prévenir qui que ce soit d’autre de ma présence ici. Tu as le droit de circuler librement dans l’étage ?
Lyria ne répondit pas immédiatement. Elle s’était assise sur son lit et les observait tous, debout face à elle, avec une suspicion grandissante.
— Oui mais… Je ne peux pas entrer chez n’importe qui. Surtout pas chez le mari de l’impératrice… Et sûrement pas en pleine nuit, avec huit illustres inconnus à mes côtés.
Thibault retint une grimace à ces mots, mais vint s’assoir à côté de Lyria.
— C’est vraiment important.
— Tu vas me raconter, ou pas ?
— Je ne peux pas me montrer très spécifique à vrai dire…
Lyria soupira longuement. Elle parcourut les autres d’un bref regard et recentra son attention sur Thibault.
— Il est où, le petit ? Gabriel ?
Thibault soutint son regard un instant, puis détourna les yeux. Lyria ne l’avait jamais rencontré sans lui, c’était évident qu’elle allait lui poser la question. Il se mordit les lèvres, noyé dans ses propres pensées. Le silence devenait pesant quand il l’entendit reprendre sa respiration.
— Je vois… murmura-t-elle.
Son air froid lui échappa.
— Je suis désolée, Thibault, si c’est ce que je devine. J’avais vu qu’il avait disparu aussi… J’espérais que vous réapparaîtriez bientôt….
Elle lui jeta un regard de biais et Thibault prit une minute avant de se décider à reprendre la parole.
— Est-ce que tu penses pouvoir nous aider ?
Elle balaya de nouveau les autres du regard, l’air hésitante. Thibault lui posa une main sur l’épaule, quasi suppliant.
— Je veux bien essayer, finit-elle par dire. Disons, en souvenir du bon vieux temps. Mais au mieux, je peux vous rapprocher de la maison de Pluto, pas plus. Et il faudra attendre le matin…
— Comment procéderait-on ? demanda alors Jenkins en s’approchant à son tour du lit.
Elle le regarda de haut en bas, sourcils froncés, puis se tourna de nouveau vers Thibault.
— Je regarderai demain ce que j’ai de disponible, mais je peux peut-être vous cacher dans mes étuis, et prendre le camion du comte. L’opéra est au sud, alors ça ne paraîtra pas inhabituel si je me dirige par là. Je dirai que je vais à une répétition.
— C’est vrai que tu es une grande musicienne… souffla Théo sur un ton admiratif, s’approchant à son tour.
Thibault se retint à grande difficulté de lever les yeux au ciel. Vraiment, le moment était-il bien choisi ? Mais à sa surprise, Lyria laissa poindre un petit sourire.
— Bien, fit-elle d’une voix un peu plus chaleureuse. Maintenant, d’ici demain matin, est-ce que je peux terminer ma nuit ? Je n’ai pas de lit pour vous. Vous dormirez par terre, je ne vais pas réveiller tout le monde.
— Il vaut mieux que personne ne sache, assura Thibault.
Il n’y eut pas le moindre commentaire, et après que Lyria se fut enfouie sous ses propres couvertures sans plus leur accorder d’attention, ils tentèrent de trouver des positions confortables sur le sol recouvert d’une épaisse moquette. Avant d’éteindre la lumière, la musicienne adressa un bref sourire à Thibault, puis le noir se fit.
***
Il était 9 h 23 quand Thibault ouvrit les yeux. Son regard était directement tombé sur l’horloge. Il avait davantage somnolé que dormi, car bien qu’il fut épuisé, il était surtout trop anxieux pour pouvoir prendre du repos. Il se redressa pour découvrir la pièce éclairée par la lumière vive qui perçait le volet. Lyria n’était plus là, et les autres dormaient encore. Il s’assit sur le lit, observant Zoë qui somnolait paisiblement, la tête posée sur le bras de Donovan. Il fit la grimace en constatant Jenkins couché pas si loin d’elle, et préféra détourner les yeux. Un peu plus loin, Félicie commençait à bouger. Elle ouvrit un œil et croisa le regard de Thibault, puis lui adressa un sourire avant de se lever.
— On peut lui faire confiance, à cette Lyria ? chuchota-t-elle en prenant place à côté de lui.
— Je crois. Elle est du genre à penser à elle d’abord, mais elle n’aurait pas proposé son aide si elle n’avait pas l’intention d’aider.
Félicie n’ajouta rien. Les autres remuaient à présent. Jenkins se redressa en suivant, grimaçant terriblement alors qu’il étirait son dos. Quand tous furent éveillés, ils patientèrent en silence, jusqu’à ce que Lyria les rejoigne.
— Bonjour, lança-t-elle d’une voix morne. Thibault, viens-là.
Il se redressa, s’apprêtant à la suivre dans le couloir où elle lui faisait signe de la rejoindre, mais une main s’accrocha à son bras. C’était Zoë. Il lui adressa un sourire.
— C’est bon, je reviens.
Elle afficha une mine inquiète, mais il lui tapota gentiment la main pour qu’elle le laisse partir.
— C’est ta sœur ? demanda Lyria quand il eut refermé la porte.
— Oui… Comment tu sais ?
— Elle te ressemble.
Thibault haussa les sourcils. C’était bien la première fois qu’on lui disait que Zoë lui ressemblait.
— Qu’est-ce que tu voulais ? lui demanda-t-il, pour dissiper sa gêne.
— Écoute Thibault, j’ai vu le tatouage sur ton poignet pendant que tu dormais…
— Oh.
Lyria plissait les yeux, l’air suspicieux. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine et attendait une réponse.
— Ce n’est pas ce que tu crois, assura-t-il. Ils m’ont enlevé. Je n’ai pas demandé à…
— Pourquoi tu veux voir l’impératrice ?
— Parce que quelque chose se prépare. Ils veulent frapper un très gros coup. Vraiment très gros… Il n’y a qu’elle qui peut empêcher ça. Ce serait trop long de tout t’expliquer… Mais je ne veux faire de mal à personne, je te le promets.
— Je veux juste être sûre que ça ne retombera pas sur ma famille.
— Ta famille ? répéta-t-il, intrigué.
Elle afficha une moue irritée, et il vit que ses doigts martelaient son bras avec une sorte d’impatience.
— Les Barnabas.
À cet instant, Thibault ouvrit de grands yeux. Sa « famille ». Il avait connu Lyria dix ans auparavant, et pour la toute première fois, il était frappé par les similitudes entre eux. Malgré sa froideur apparente, elle aussi, s’était prise d’affection pour ceux qui l’avaient entretenue toutes ces années… Elle aussi, voulait les protéger.
Il lui adressa un sourire.
— Solène, c’est ma famille.
Elle le dévisagea pendant de longues secondes. Puis, lentement, elle décroisa les bras et les traits de son visage se détendirent.
— Bien. Je ne chercherai pas à en savoir plus. J’ai un problème par contre. Je viens d’aller vérifier mon matériel, et je n’ai pas de quoi transporter plus de six personnes…
Deux étuis de contrebasse. Une longue caisse où Lyria rangeait divers petits objets. Un caisson pour une gigantesque harpe à pédale. Dans la dépendance derrière la maison des Barnabas, ils échangèrent des regards contrits.
— Je pense qu’en serrant, les trois filles peuvent entrer dans le caisson de la harpe… indiqua Lyria. Et trois garçons pour les étuis et la caisse.
Elle se tourna vers eux et les détailla. Son regard s’arrêta sur Théo.
— Lui déjà, c’est non. Il ne rentre dans rien.
Thibault jeta un coup d’œil à Théo qui était devenu écarlate. Il lui adressa un petit sourire désolé, puis observa les autres. En dehors de lui, Jenkins et Lino étaient plutôt minces. Donovan s’approchait déjà de l’un des étuis et le soulevait pour le charger dans le camion d’un air décidé, ne leur laissant pas d’autre choix que d’éliminer l’un d’entre eux. Thibault s’approcha du second étui et attendit qu’ils aient choisi lequel prendrait la dernière place.
Lino, ne pouvant que constater le regard inquiet que Jenkins avait jeté vers les jumelles qui tentaient déjà de soulever le caisson de la harpe pour le mettre dans le camion, se désista le premier. Il approcha ensuite de Thibault.
— Je garde ma page avec moi. Si j’ai la moindre nouvelle, que ce soit de Solène ou d’Ajax, je vous contacte. Fais au mieux, d’accord ?
Thibault hocha la tête et le serra dans ses bras. Il se retira rapidement de l’étreinte, pour ne pas laisser les émotions le submerger, puis salua à son tour Théo.
Résolus, ils chargèrent ensemble le matériel à l’arrière du camion. Quelques instants plus tard, l’obscurité enveloppa Thibault, alors que Lyria avait refermé son étui de contrebasse sur lui.
***
— Ça va ? Pas trop inconfortable ?
Ils avaient roulé un long moment, ponctué d’arrêts intempestifs, probablement des contrôles d’identité. Thibault grogna en faisant craquer ses articulations, puis aida Lyria à libérer les autres.
Quand tous furent descendus du camion, il se tourna vers la jeune femme.
— Bon courage, lui murmura-t-elle en pressant doucement sa main. La maison de Seth Pluto se trouve derrière ce bois, il vous suffit de le traverser. Attention, il y a sûrement des gardes partout… Je ne peux pas vous emmener plus loin que ça.
Thibault hocha la tête.
— Merci, Lyria. Tu ne peux pas savoir à quel point je te suis reconnaissant. Merci beaucoup.
Une légère rougeur apparut sur le teint de la jeune femme. Elle fit un pas en arrière, l’air embarrassée, et les salua d’un signe de tête avant de remonter dans son camion.
Ils la regardèrent partir et dès qu’elle se fut éloignée, Thibault tourna la tête vers le bois qu’elle avait indiqué.
Le groupe avançait à bon rythme. Zoë se tenait tout près de Thibault, et Jenkins, légèrement en retrait, ne cessait de jeter des coups d’œil en tous sens. Féline et Félicie les suivaient de près alors que Donovan fermait la marche à l’arrière.
Solène était proche. Thibault sentait son cœur bondir à l’idée qu’il allait enfin la revoir.
— Pourquoi tu souris ?
Il tourna la tête vers sa cadette. Il ne s’était même pas aperçu qu’il souriait.
— Pour rien. J’ai hâte d’arriver.
— De revoir l’impératrice ? demanda-t-elle alors, la mine curieuse.
Il hocha la tête mais ne répondit pas. Il avait hâte, réellement. Hâte de la voir, de lui parler, de lui présenter son frère et sa sœur. Solène arrêterait le raid. Si Tobias n’avait pas encore réussi à désactiver les explosifs, alors elle enverrait du monde pour le soutenir. Phoebus échouerait. Délos serait sauvée, et Diane, dissolue.
Les choses changeraient. Gabriel ne serait pas mort en vain. Tout s’arrangerait.
Ils avaient avancé pendant un moment dans le silence. La journée était chaude, mais à l’ombre des arbres, la marche était facile. Quand le bois devint plus clairsemé cependant, Jenkins approcha Thibault et lui tapota l’épaule pour attirer son attention.
— Je crois qu’on devrait passer les premiers, par rapport à vous trois, fit-il en désignant le frère et la sœur de Thibault du menton. Au cas où.
— Ne crois pas que je n’apprécie pas l’intention, Jenkins, mais vous arrivez comme nous par les bois, je ne suis pas sûr que ça soit moins risqué pour vous et je ne veux pas…
— Écoute Thibault, Solène m’a déjà emmené ici, je connais les esclaves qui travaillent pour les Pluto.
Thibault le fixa, interdit. Jenkins eut un sourire coupable.
— Allez… Tu te doutes que ce n’était pas idéal pour elle, de t’emmener chez Pluto… Il te hait, tu en es conscient quand même ?
Thibault soupira et hocha la tête.
— Très bien, souffla-t-il. Mais sois prudent. Je ne veux pas qu’il vous arrive un truc.
Jenkins parut étonné d’une réponse si aimable, mais acquiesça en retour. Il fit signe aux jumelles d’approcher, alors que les trois Junon restaient en retrait.
Quand ils furent suffisamment proches de l’orée du bois, les filles s’arrêtèrent, laissant Jenkins partir seul vers la demeure des Pluto, dont les briques d’un rouge sombre se dessinaient à présent entre les verts feuillages.
Ceux restés en arrière se tenaient accroupis pour mieux se dissimuler dans les fourrés. Thibault apercevait encore la haute silhouette de Jenkins, un peu plus loin, puis le vit se courber à demi alors qu’il revenait dans leur direction.
— Il y a beaucoup, beaucoup de monde… murmura-t-il quand il les eut rejoints. Vraiment beaucoup. Ils sont partout dans les jardins, je ne sais pas comment on va pouvoir entrer sans être vu… Je n’ai aperçu aucun esclave dehors, ils doivent tous être à l’intérieur avec ce foutoir.
Les jumelles échangèrent une moue dépitée avant de recentrer leur attention sur Thibault, comme si elles attendaient qu’il prenne une décision. Il balaya du regard le reste du groupe, hésitant. Que faire ? Risquer de se mettre à découvert, en espérant que se révéler au grand jour suffirait à attirer l’attention de Solène ? Avec Seth Pluto dans les parages, c’était plutôt ambitieux comme plan.
— Féline, tu as eu des nouvelles de Lino ? Si Solène est trop prise pour regarder sa page, peut-être qu’Ajax aura vu…
— Non, il ne m’a rien envoyé, coupa-t-elle. Et tu sais, Ajax ne se déplace presque jamais avec une page sur lui…
— Le problème récurrent des anciens esclaves, jeta Félicie. Ça nous manque pendant dix ans, puis on ne pense plus jamais à s’en servir quand vient l’heure.
Thibault secoua la tête, refusant de laisser la panique le gagner.
— Et Rebecca ? Elle est toujours sur la sienne !
Féline ouvrit des yeux ronds.
— Thibault, tu crois que j’ai les coordonnées de la grande-duchesse ?
— Tu as bien celles de l’impératrice…
— Oui mais Rebecca…
Thibault essaya d’ignorer la grimace dégoutée de Féline. Dépité, il se laissa tomber sur les fesses et ramena ses jambes en tailleur devant lui. Que faire. Personne ne leur répondait, et entre eux et leur objectif se trouvait une petite armée.
— On peut contourner et passer par un autre côté, peut-être ? suggéra finalement Donovan en jetant un regard de biais à Thibault.
— Ils doivent entourer tout le manoir, ils nous verront…
— J’ai une autre idée, intervint Jenkins. Les jumelles et moi, on peut y aller. Même si on est arrêtés, on nous laissera peut-être voir Solène ?
— C’est moins risqué pour nous, renchérit Féline en montrant son blanc poignet de manière ostentatoire.
— Et si vous êtes enfermés quelque part en attendant que le raid se termine ? S’ils se disent « tiens, d’anciens esclaves, on ne va pas s’embêter à déranger Sa Majesté pour ça » ?
Les jumelles échangèrent un regard éloquent, puis soupirèrent à l’unisson. Jenkins se grattait le menton. Il ouvrit la bouche, sur le point de répliquer…
Quand tout à coup, une explosion assourdissante retentit au loin.
Honnêtement, je trouve que l'expédition vers le Sommet commence à tirer un peu en longueur, que la tension commence un peu à s'essouffler. Si proche de la fin de l'histoire, j'ai plus envie de voir Diane / Solène / les enjeux politiques que le camion dans lequel ils montent, le développement de Lyra... Ceci étant, l'intensité remonte très fort avec la chute de chapitre, qui annonce enfin des problèmes pour Thibault et cie...
Je valide le couple Jenkins / Chloë, après je me demande si c'est nécessaire de l'établir si tôt ? Il pourrait être évoqué dans l'épilogue ou qqchose comme ça ? Quitte à glisser des indices très légers ici.
Lyria occupe pas mal de place dans ce chapitre et du coup ça me frustre pas mal de ne plus me souvenir de son rôle dans les premiers chapitres. J'imagine que tu fais plein de clins d'oeil ici ^^
Bon, comme c'est une évidence je ne le dis plus mais ton histoire est un énorme coup de coeur, je suis complètement happé ! J'ai trop hâte de découvrir ta fin.
Mes remarques :
"après un coup d’œil jeté au groupe qui était resté en retrait derrière lui" couper le derrière lui ?
"Et si, quand elle avait eu terminé sa peine," couper le eu ?
"Elle paraissait étonnée de se retrouver face à un tel public, et jeta un nouveau regard effaré à Thibault qui s’était rapproché." suggestion -> Etonnée, de se retrouver face à un tel public, elle jeta...
"Les choses changeraient. Gabriel ne serait pas mort en vain. Tout s’arrangerait." LA phrase qui annonce que ça va mal tourner xD
"Avec Seth Pluto dans les parages, c’était plutôt ambitieux comme plan." dangereux plutôt qu'ambitieux ?
Je continue !!
aaaaaah tu as finiiiiii !
Bon je reprends tes retours un par un ♥
C'est vrai que le personnage de Lyria occupe beaucoup de place dans ce chapitre. En vérité c'était un personnage que j'aimais beaucoup.
En fait pour rentrer dans les détails de l'histoire, j'ai écrit le premier chapitre comme ça sur un coup de tête, sans savoir si je continuerai à écrire. J'avais besoin de me changer les idées par rapport à une saga sur laquelle j'étais depuis 6 ans (et qu'il faudrait aujourd'hui que je reprenne à zéro mais bref ce n'est pas le sujet). Bref j'ai commencé ensuite à faire une sorte de plan pour D.D.D., et à la base, dans ce plan initial, Lyria et Gabriel n'étaient qu'une seule et même personne. Cette personne entre les deux mourraient d'ailleurs dans de terribles conditions, au Sommet, faisant plutôt naître chez Thibault un sentiment de révolte.
Puis je me suis dit que c'était trop simple que de prendre le prisme du malheureux esclave qui se fait torturer dix ans durant. Et là je me suis dit : et si finalement, tout se passait bien pour lui, là-haut? Ça serait original...
Je ne sais plus trop à quel moment j'ai vraiment divisé les personnages de Lyria et Gabi, mais je crois que c'est quand j'ai écrit le chapitre deux que Gabriel est vraiment apparu dans ma tête. Quand j'ai eu l'image du pauvre garçon qui venait en aide à Thibault et que je me suis dit que ça le toucherait forcément après avoir été éjecté de chez lui comme un malpropre.
Bref je digresse un peu beaucoup alors j'arrête là pour ça xD Donc oui, Lyria prend de la place dans ce chapitre parce que c'est un personnage qui m'est resté en tête et je voulais qu'elle ait sa place dans la résolution finale. Toujours obsédée par mon côté histoire en miroir, elle était là au début, il fallait qu'elle apparaisse à la fin. Dans les premiers chapitres, elle jouait un rôle dans les avis de Thibault ; c'était elle qui "l'encourageait" à bien se tenir pour qu'ils soient mieux vendus.
Concernant le "couple" Jenkins / Zoë, c'était davantage pour donner un goût de "la vie continue", donc je ne voulais pas trop rentrer dans les détails, juste donner une amorce que je laisserais au lecteur le soin d'interpréter par la suite. J'ai peut-être mal dosé mais je trouvais ces échanges assez mimi.
Je file voir la suite de tes retours !
Ohhh je comprends mieux pour Lyria. Je valide tous les choix que tu m'expliques par rapport à la V1, qui sont en effet trop intéressants. Si tu souhaites garder cette place pour Lyria dans la conclusion, je pense quand même qu'elle gagnerait à avoir plus d'importance dans les premiers chapitres.
Et oui, j'ai fini..... ça fait bizarre de ne plus attendre la suite^^
Ohhh je comprends mieux pour Lyria. Je valide tous les choix que tu m'expliques par rapport à la V1, qui sont en effet trop intéressants. Si tu souhaites garder cette place pour Lyria dans la conclusion, je pense quand même qu'elle gagnerait à avoir plus d'importance dans les premiers chapitres.
Et oui, j'ai fini..... ça fait bizarre de ne plus attendre la suite^^
Ils trouvent donc la « grande musicienne » :D Après une explication quant aux embrouilles à venir (qu'elle accepte un peu facilement, mais on va mettre ça sur le compte des soirées passées au palais), il est temps de réduire la taille de la troupe de personnages à gérer dans les scènes suivantes.
Je pensais qu'ils seraient entrés dans les caisses une fois celles-ci dans le camion, parce que ça pèse lourd, trois humains. C'est « Résolus, ils chargèrent ensemble le matériel à l’arrière du camion » qui vient après que les gens se sont rués vers les caissons, qui me perturbe.
Proche de l'objectif, Thibault se prend à rêver. Moi, je sens que le putsch du gouvernement contre l'impératrice.
Eh bah ! Il était grand temps qu'ils commencent à réfléchir à comment sonner à la porte, ces couillons !
Boum ! Voilà, ça part en cacahuètes !
Ça tombe bien, ma tartiflette est bientôt prête. À bientôt ! J'ai hâte !
une trentaine de minute -> minutes
Personne n’ajouta -> tu as aussi « personne » dans la réplique précédente
alors que les trois Junon restaient plus en retrait. -> en retrait tout court ?
Ceux restaient en arrière -> il n'y a pas que les persos qui se dissimulent à merveille, semble-t-il :D
Lyria accepte un peu facilement, c'est vrai. Mais elle a un caractère assez "noir ou blanc" donc ça lui va bien d'accepter facilement je trouve. Si elle avait dit non, ça aurait été un non catégorique. C'est comme ça que je l'imagine en tout cas ^^
Je note pour ta remarque sur les caisses. Oui, ils montent d'abord les caisses, mais je me suis peut-être emmêlée les pinceaux, je vais le reprendre !
Merci pour toutes tes corrections :D
PS : j'adore la tartiflette, c'est un de mes plats préférés !