Ce fut d’abord un point dans le lointain.
Au début, on n’y vit qu’une curiosité de plus sur les cartes d’Orelle. La blessure était encore trop fraîche, la perte trop récente pour qu’on envisage tout de suite une autre expédition.
Mais, jour après jour, le point grandit. Dans la longue-vue de Meten, il gagna une forme. Une forme familière.
Des nageoires. Une immense bouche. Deux yeux.
La rumeur se répandit comme une traînée de poudre dans l’hôte. On assaillit les prêtres de questions auxquelles ils furent bien incapables de répondre. Fallait-il se réjouir ? Fallait-il craindre ?
La réponse arriva un matin de la source la plus inattendue qui fût.
De nulle part, un chant s’éleva. Il résonna sur les plaines, sur les bosquets, sur la mer et les déserts. Il vibra dans le sol, il flotta dans le ciel.
D’un bout à l’autre du monde, on s’immobilisa. On écouta, des larmes dévalant les joues, l’ode joyeuse du géant qu’on avait cru muet.
Cet instant de communion qui réunit des millions d’âmes, Jebellan seul n’en fit pas l’expérience. Ce jour-là, comme tous les jours depuis l’apparition, il se trouvait dans le grand vide. Son attention était fixée vers le large. Aussi ne se retourna-t-il que lorsqu’il vit quelque chose bouger du coin de l’œil.
Le flanc de l’hôte s’incurva autour de lui. Lentement, avec une grâce pachydermique, la nageoire caudale changea d’axe. L’immense créature pivotait.
De mémoire de chasseurs, c’était une première. Un peu inquiet à l’idée d’être dépassé, Jebellan lança son chariot à pleine vitesse vers le sas. Mais il lui fallut bien constater qu’il ne le rejoindrait pas de sitôt. Il se traita de tous les noms. Pourquoi s’était-il autant éloigné ? Que changeraient une ou deux centaines de kilomètres sur la distance colossale qui les séparait encore du nouvel hôte ?
Mav vibra soudain dans ses cheveux. Elle lui tapota la tête avec enthousiasme, comme s’il ne pouvait pas sentir le contact télépathique qu’elle lui offrait. Jebellan arrêta brusquement le chariot. Il ne sut pas au juste qui de Mav l’inexpérimentée ou de son propre subconscient ouvrit le lien.
Il y eut un silence. Les contours de l’esprit qu’il percevait contre le sien lui volèrent tous les mots qu’il aurait pu prononcer. L’autre, évidemment, ne dit rien.
— J’ai failli vous croire morts, dit finalement Jebellan.
— Moi aussi, dit Imes, et une émotion si vive imprégna le lien qu’il devint impossible de savoir qui ressentait quoi.
Imes écarta un rideau de lianes et se faufila entre les immenses troncs. La forêt autour de lui bruissait de sons qui, au début, lui étaient si étrangers qu’ils l’empêchaient de dormir la nuit. Il avait fini par s’y habituer, tout comme il s’était habitué à l’air tiède et moite de cet hôte. Il essuya la sueur qui perlait à son front. Il revêtait de plus en plus rarement son armure, mais elle lui semblait toujours nécessaire lorsqu’il se déplaçait au niveau du sol.
Pan se hérissa dans son cou. Imes se figea docilement. Il coula des regards à travers la végétation alentour. Ce fut dans une clairière non loin qu’il les aperçut : un groupe de prédateurs se prélassant à la lumière. Leurs quatre pattes étaient protégées par d’épaisses écailles. Un sac brun sous leurs gorges, peut-être une poche à venin, ressortait sur leur fourrure d’un magnifique bleu iridescent.
Dans sa tête, Jebellan poussa un juron qui cachait mal sa fascination.
— Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
Imes haussa les épaules sans répondre. Il n’avait pas ressenti le besoin de nommer les espèces indigènes. D’autres s’en occuperaient à sa place.
Il y avait plusieurs quinzaines qu’il avait rétabli le contact avec Jebellan, et depuis, toutes les personnes qu’Imes connaissait avaient joint Pan à un moment ou à un autre. Même Natesa s’était fait le relais de Laomeht, qui n’en revenait toujours pas de savoir où se trouvaient son petit frère et son chucret. Orelle abreuvait Imes et Viviabel de questions sur tout ce qu’ils avaient découvert. Kriis saisissait la moindre occasion pour appeler et bavarder pendant des heures.
Sidon aussi avait tenté de le contacter. Imes avait refusé de lui parler, mais avait demandé à Pan de le basculer en communication passive.
Depuis, deux heures par jour, il diffusait ce qu’il voyait et entendait, laissant quiconque le souhaitait découvrir avec lui ce monde extraordinaire et inconnu. Meten et Navien disaient qu’un nombre croissant d’explorateurs volontaires venaient vers eux de tout l’hôte. La production de nouveaux chariots battait son plein. Mais tous ces gens étaient bien obligés d’attendre… tout comme Jebellan, dont l’impatience grandissait chaque jour.
Imes contourna la clairière et reprit sa route. Il garda son épée à la main. L’arme n’avait pas vu de charognard depuis longtemps, mais elle lui était très utile pour se défendre contre la faune locale.
Il atteignit la berge d’un cours d’eau. La rivière décrivait un coude ici, et une petite crique s’y était formée. Viviabel s’y prélassait. Ses vêtements avaient été abandonnés en tas sur une pierre plate.
Elle n’ouvrit pas les yeux à son arrivée. Il soupira.
— Viviabel.
— Hum ?
— Tu pourrais être un peu plus sur tes gardes, s’il te plaît ? Les bêtes d’ici ne sont pas aussi méfiantes que les javons. Elles auraient vite fait de te dévorer.
Viviabel leva un bras dégoulinant pour agiter la main.
— Tu t’inquiètes trop. Ils me préviendraient si quelque chose approchait.
Elle parlait du groupe de chucrets qui s’étaient rassemblés sur la berge. Ils examinaient les vêtements avec curiosité. Ils ne s’étaient pas encore habitués à voir les bipèdes retirer une partie de leur peau quand cela leur chantait. Pan quitta l’épaule d’Imes et les rejoignit. Il se mit à leur expliquer quelque chose avec autorité.
Une profonde affection pour son petit compagnon envahit Imes.
C’était à lui qu’ils devaient la vie. Pan, sentant la mort arriver pour eux, avait réussi à établir le contact avec la colonie de chucrets indigènes. Les créatures avaient remorqué Imes et Viviabel à travers les étroits passages qui reliaient leur terrain de chasse dans le grand vide à leur nid. À en croire Viviabel, l’expérience avait été oppressante, spongieuse et singulièrement déplaisante. Depuis, les chucrets les hébergeaient dans leur grotte, veillaient sur eux et les suivaient partout où ils allaient.
— Elle est toujours comme ça, maintenant ? demanda Jebellan.
Imes revint à Viviabel.
— Oui.
— Elle a changé.
Imes ressentit sa circonspection comme si c’était la sienne. Il avait du mal à reprocher à Viviabel sa nouvelle gaieté, mais il aurait aimé qu’elle mesure plus le danger qui les entourait.
Elle se retourna et croisa les bras sur la berge pour lui sourire.
— Tu devrais te détendre un peu. Cet endroit ne nous veut aucun mal.
— L’hôte ne nous veut aucun mal, corrigea-t-il pour la énième fois.
Elle haussa les épaules, désinvolte. Jebellan grogna de dépit.
— Qu’est-ce qui lui prend ?
— Elle passe beaucoup de temps en communion avec l’hôte bleu depuis notre arrivée.
Il était inutile d’essayer de la faire changer d’avis. Imes avait vécu avec un cultivateur, il connaissait la différence entre l’hôte et ses innombrables symbiotes. Mais Viviabel était tout entière habitée par la sensation d’un hôte dans la force de l’âge. C’était comme si elle avait rajeuni à son tour.
D’après le silence de Jebellan, il était tout aussi impuissant qu’Imes à trouver les mots pour briser ce rêve auquel elle avait si longtemps aspiré.
Imes changea de sujet.
— Le sas sera bientôt terminé.
Viviabel le regarda comme s’il avait annoncé une parfaite évidence.
Il se sentit bête. Bien sûr qu’elle le savait. C’était elle qui avait demandé sa création, et elle devait percevoir son avancée comme s’il se creusait dans sa propre chair.
— Quand est-ce que tu penses pouvoir l’ouvrir ? ajouta-t-il.
— Bientôt.
Il aurait dû s’attendre à cette réponse laconique. Il n’était pas sûr qu’elle prît encore la peine de mesurer le temps en jours et en heures.
— Mais encore ? râla Jebellan.
— Mais encore ? relaya Imes.
Elle rit.
— Quoi, tu as un petit ami pressé sur le dos ? dit-elle, devinant correctement ce qu’il ne se serait jamais permis de sous-entendre devant elle. C’est pour ça que ton visage change de couleur aussi souvent, ces temps-ci ?
Jebellan choisit cet instant pour lui donner raison. La scène explicite qu’il projeta dans l’esprit d’Imes lui causa un éclair de chaleur qui le traversa de la tête aux pieds. Pan releva le nez, surpris.
— Tu pourrais arrêter ça ? s’indigna Imes. Nos chucrets n’ont pas besoin de savoir ce que leurs bipèdes font sous les draps.
— Ou ne font pas, en l’occurrence.
— Aie pitié de moi, se lamenta Imes tout haut. Son âge mental régresse de jour en jour.
— C’est toi qui l’as voulu, dit Viviabel, souriant de toutes ses dents. D’accord, avant la tombée du jour. Enfin, peut-être.
Le cœur d’Imes s’emballa. La réplique naissante de Jebellan s’éteignit, mouchée comme la flamme d’une bougie.
Imes fit volte-face.
— J’ai dit peut-être ! lança Viviabel après lui.
Mais il s’éloignait déjà à travers les arbres. Il dut s’arrêter lorsque Pan lui courut après en protestant. Il prit son petit compagnon dans ses bras en s’excusant.
La lisière de la forêt échouait plusieurs mètres avant la falaise. Une pente caillouteuse couvrait le reste de la distance, habitée de buissons tordus et de pierres tapissées de mousse. Le sas était une ouverture parfaitement ronde dans l’à-pic, comme un puits de noirceur dans la roche claire. Les prédateurs ne s’en approchaient pas, perturbés par l’étrange phénomène qui causait cette modification topographique.
Imes s’enfonça dans l’obscurité. Aussi longtemps qu’il l’avait pu, il avait observé la création du boyau. Il l’avait vu avancer d’un pas dans la roche chaque jour. Il ignorait par quel mécanisme ce miracle s’opérait, mais toutes les archives du peuple de l’hôte parlaient d’un processus bien plus long lorsque les premiers sas étaient apparus chez eux.
L’accès était barré, à présent. Une membrane s’était formée à mi-chemin. Elle était encore épaisse, mais elle ressemblait de plus en plus à celle qu’Imes avait admirée et maudite toute sa vie.
Il posa sa paume sur la surface rugueuse. Elle était chaude. Un faible battement de cœur caressa sa peau. Il s’assit à même le sol.
Sans prévenir, Jebellan inversa la direction de leur lien. Le grand vide se superposa aux perceptions d’Imes. Il retint un sourire. Il aurait dû se douter que Jebellan était déjà dehors. Il ferma les yeux et laissa ses cinq sens habiter ceux de son amant.
Le silence était absolu. Seul résonnait le chuintement de la respiration de Jebellan. La solidité de l’armure qui l’enserrait du cou jusqu’aux pieds avait quelque chose de rassurant, tout comme la douceur de la fourrure de Mav sur sa tête.
Mais ce fut la vue qui lui coupa le souffle. À travers le néant maculé de couleurs, deux géants évoluaient de concert. Celui de gauche était plus grand, plus fort que son voisin, au cuir pâle et marqué de cicatrices. Mais il n’y avait nulle compétition entre eux.
Qui savait combien de temps cette harmonie durerait ? La faim les pousserait sans doute un jour à s’éloigner. Mais pour l’heure, les hôtes traversaient le cosmos côte à côte, profitant d’un rare moment de compagnie dans leurs longues existences solitaires.
Un puissant désir envahit Imes. Il aurait voulu être là, dans le vide et le froid. Il aurait voulu observer ce spectacle aux côtés de Jebellan, pouvoir glisser sa main dans la sienne. Même son éprouvant périple n’avait pas su tuer en lui l’attrait magnétique qu’exerçait sur lui le grand vide.
Il pressa plus fort sur la membrane. Il lui semblait qu’il avait passé sa vie à attendre que le chemin s’ouvre.
Jebellan dut sentir sa frustration.
— Bientôt, dit-il, un écho de Viviabel.
— Mais encore ? lui asséna Imes, plus cinglant qu’il n’aurait dû.
Jebellan rit, toujours enchanté par ses occasionnels mouvements d’humeur.
— Ce que tu me manques, dit-il soudain.
Imes se tut. L’émotion le saisit à la gorge.
Il fallut à Jebellan plusieurs heures pour franchir le gouffre immense qui séparait les deux hôtes. D’autres chasseurs l’accompagnèrent sur leurs propres chariots, mais il ne leur accorda qu’une attention distraite. Imes resta avec lui. Le sas tout neuf était encore fermé lorsqu’ils l’atteignirent. La membrane était d’un rose vif de ce côté. Jebellan quitta son véhicule et posa la main dessus.
La luminosité dans le boyau baissait. Imes ignorait si le jour était tombé ou non. Il refusait de se déplacer pour vérifier. Pan piaffait d’impatience sur ses genoux. Le temps continua de s’écouler, inexorable.
Ce fut sous la paume de Jebellan que le premier mouvement apparut. Il y eut comme un frémissement. Puis, avec hésitation, la membrane se replia sur elle-même.
Imes bondit sur ses pieds. Toute concentration lui échappa ; le lien se coupa. Pan se mit à sauter contre les murs, submergé par l’excitation.
Un appel d’air souffla dans les cheveux d’Imes. Un trou apparut devant ses yeux. D’abord à peine plus grand qu’une tête d’épingle, il s’élargit.
Dans un puissant courant d’air, la membrane s’ouvrit. L’univers s’offrit à lui.
Je viens enfin écrire mon commentaire final, après 2 ou 3 semaines à laisser poser.
Comme tu as dû le déduire d'après mes commentaires par chapitre, mon ressenti global est très positif : j'ai pris énormément de plaisir à lire Symbiose, d'abord parce que je trouve décidément ton univers génial avec cette idée de l'Hôte, mais aussi parce que j'ai été happée par l'intrigue, je me suis attachée aux personnages (notamment Imes, mais pas seulement), et j'ai beaucoup aimé ta plume facile à lire tout en étant variée et riche, qui fait particulièrement mouche dans les descriptions (le Grand vide ! ♥). J'ai dévoré ton roman comme un bonbon multicouche !
Au niveau de l'intrigue, je pensais que tu allais tirer la romance jusqu'au bout (ce qui m'aurait aussi convenu), et du coup toute la piste de la mort annoncée de l'Hôte et de la recherche d'un nouvel hôte m'a très agréablement surprise en relançant la tension et en partant sur des thèmes assez profonds et complexes. Je n'ai pas trop douté qu'ils allaient réussir (j'aime les happy end !), mais j'ai quand même beaucoup aimé la façon dont tu as géré la tension dans les derniers chapitres.
Finalement, les toutes petites remarques que j'ai sont plus des pistes de tuning que de réelles corrections. D'abord, je suis assez d'accord avec les commentaires précédents et je pense que tu pourrais davantage exploiter le thème de la religion, du libre-arbitre, de la superstition. Tu as ouvert une piste avec la "magouille" du prêtre et du père, et avec l'idée que certaines personnes n'étaient pas prêtes à percevoir l'Hôte comme autre chose qu'une divinité sacrée, mais je pense que tu n'as pas été jusqu'au bout. Or, ça pourrait être très intéressant.
Mon autre minuscule point porte sur le personnage de Kriis. J'ai trouvé qu'il avait du mal à trouver sa place dans l'intrigue. J'ai bien compris qu'elle était importante pour Imes et tout ça, je l'ai trouvé sympa, mais jusqu'à la fin, j'ai attendu de voir le rôle qu'elle allait jouer dans l'intrigue... pour découvrir qu'elle n'en a aucun. Ce n'est sans doute pas grave, mais je trouve inhabituel qu'un personnage, même secondaire, ne "serve à rien" dans l'intrigue. Je veux dire, j'ai eu l'impression que si elle n'était pas là, Imes serait sans doute moins heureux, mais l'intrigue pourrait se dérouler exactement de la même manière. Elle n'intervient dans la résolution d'aucun conflit, elle ne découvre ni ne révèle rien, elle ne participe à aucune phase d'action (sauf parmi un gros groupe à la fin)... Je me demande s'il ne faudrait pas lui donner un rôle "clé" à un moment, histoire de justifier sa présence. Qu'en penses-tu ?
Bon comme tu le vois, rien de grave, et encore une fois, ce qui compte c'est que ton roman se lit avec énormément de plaisir !
Merci pour ça !
A+
Par contre tu es la première à me parler de Kriis, et maintenant que tu le dis, tu as raison. Son arc narratif est plat, voire inexistant... Il va falloir que je me creuse la tête, elle mérite mieux que ça.
En tout cas, merci beaucoup pour tous tes commentaires fouillés, et tes compliments ! Je suis très contente que Symbiose t'ait autant plu !
Finalement, on arrive à la fin heureuse à laquelle on s'attendait, ce qui n'ôte rien à la qualité de ton histoire. Du début à la fin, j'ai dévoré Symbiose comme un bonbon que je prenais plaisir à retrouver à chaque nouvelle étape. Je pense que c'est dû à la fois à cet univers cosmique étonnant que tu as su créer et qui fourmille de bonnes idées (l'hôte, les charognards, les chucrets, les armures des chasseurs et j'en passe) mais aussi à la qualité de tes personnages qui sont attachants, bien construits et que l'on prend plaisir à voir évoluer. Je pense que ce sont là les deux vrais points forts de ton récit.
J'ai bien aimé cette fin qui suggère qu'Imes a trouvé sa place, conquis sa liberté et qui met un joli point non-final à l'évolution du perso. Ça laisse au lecteur tout le plaisir d'imaginer la suite, c'est assez malin de ta part de ne pas nous imposer ta version des retrouvailles et de l'installation sur le nouvel hôte.
Pour autant, il reste des petites choses que tu peux améliorer je pense, et la première d'entre elles, ce serait cet arc narratif autour des problèmes religieux et du prêtre menteur dont on a déjà discuté, et qui selon moi manque cruellement lors de la préparation du voyage vers le grand vide.
On pourrait imaginer l'hostilité d'une partie de la population, de violentes incartades, Helm (je crois que c'était son nom ? Pardonne ma mémoire de papy 😅) qui prend la tête d'un groupe de "fanatiques" qui veulent empêcher le projet, voire même une tentative de sabotage du chariot pendant sa construction ?
Enfin bref, je te laisse décider de tout ça, c'est ton histoire après tout 😉
Mais je pense vraiment qu'un ajout sur cette thématique serait le bienvenu.
En tout cas, j'ai vraiment adoré Symbiose et je te remercie pour ces beaux moments de lecture.
Au plaisir,
Ori
Merci beaucoup pour tes retours très complets, Ori ! Je vois de mieux en mieux comment améliorer l'histoire grâce aux Plumes, c'est très précieux ♥ Et je suis heureuse qu'elle t'ait plu !
J’ai continué ma lecture en mode fantôme, et me voici au bout !
Déjà, merci, un grand merci pour ces moments de lecture, forts, intenses et surprenants. Je lis très peu de littérature dite « de l’imaginaire » - à vrai dire, les seules que je lis proviennent de PA et même là, je ne lis pas autant que je voudrais, et j’arrive très rarement au bout d’un roman entier.
J’ai été complètement transportée par l’univers et par les personnages. Cette base de civilisation (humanoïde ? pas humanoïde ?) qui évolue dans un cétacé géant dans les confins d’un grand vide, je dis oui. Oui oui oui. Et puis, passée l’agréable et très inspirante surprise de cet univers, je me suis sentie greffée aux personnages.
Le hasard fait que je suis actuellement dans les mêmes genres de réflexions que celles qui habitent Imès : le rapport aux autres et surtout aux membres de la famille, la place que chacun-e prend et souvent au détriment des autres, la notion de sacrifice, etc. Du coup, lire Symbiose en ce moment m’a fait beaucoup de bien. Le personnage est très cohérent, touchant, singulier (les thématiques qui le traversent l’associent d’emblée à la figure du héros, mais il dépasse aussi les codes habituels). Et surtout, son évolution est très, très jouissive. Les passages où il prend du galon, de la confiance, de la place, sont attendus et font beaucoup de bien.
Les personnages secondaires sont aussi hyper plaisants à suivre. Je fais partie du fan-club de Jebellan, j’ai beaucoup aimé son côté râleur, rentre-dedans, franc, et j’ai continué à l’aimer parce qu’il me semblait que tout du long, il restait très bienveillant vis-à-vis de lui-même et d’Imès, malgré les circonstances. Et pour ce qui est des autres, l’entourage familial ou amical, j’ai senti que chacun-e avait sa place dans l'histoire et son évolution, ses moments de retrait qui ont du sens, etc. Au final, tout est très bien dosé, les psychologies fonctionnent et apportent beaucoup de richesse !
Avec le recul de cette lecture, je crois que je reste un peu déroutée par les premiers chapitres en ce qui concerne les genres utilisés dans Symbiose. Le premier chapitre nous introduit dans cet univers-cétacé-intergalactique-trop-ouf, puis on part dans une autre direction en s’attardant plus sur l’aspect psychologique des personnages et des situations – direction qui pourrait se dérouler partout, dans un cétacé comme dans la maison de mes voisin-es. Autant j’adore l’idée d’un roman « imaginaire » faisant la part belle à la psychologie et aux liens entre les persos, autant j’aurais été un peu moins déroutée si les deux s’étaient un peu mieux entremêlés dans les premiers chapitres. J’ai longtemps cru que cette histoire de cétacé ne déboucherait sur rien, qu’il ne s’agissait que d’un motif. Et c’est finalement la révélation d’Imès-chasseur qui lie le tout. Si modifications il y a en ce sens, ça consisterait en pas grand-chose, je pense…
Autrement, j’ai adoré les tressauts et rebondissements narratifs. On suit bien un héros qui traverse/surmonte plusieurs péripéties, mais j’ai trouvé que l’enchaînement et les liens entre ces péripéties sortaient là aussi des codes habituels, en bien. Je m’attendais absolument pas à ce qu’une fois passée la thématique de la légitimité d’Imès en tant que chasseur (et toutes les réflexions très cool qui tournent autour), on enchaîne sur cette histoire de fin du monde… La classe, j’ai été cueillie ! D’autant que j’ai pas pu m’empêcher de penser crises écologiques, solastalgie, etc.
Après, je me suis demandée si cette dernière grande aventure (de la révélation du problème à sa résolution) n’allait pas un peu vite – pas forcément en soi, puisque tout se tient et me semble cohérent, mais par rapport à l’ensemble. Au final, la partie concernant l’identité d’Imès prend une grande place dans le roman, son installation est suffisamment longue et étayée pour qu’on sente monter de vraies tensions, évidentes ou plus subtiles, et pour que les résolutions successives de cette partie créent une vraie sensation de soulagement et de satisfaction. En comparaison, la recherche d’un autre hôte et le voyage final, tout aussi flippant qu’il soit, parait un peu rapide ou tassé… Peut-être que ces thématiques-là t’étaient moins chères, ou encore tu souhaitais garder l’identité et la légitimité d’Imès comme objectif principal – et donc le grand voyage n’est que la cerise sur le gâteau, la dernière étape qui vient entériner sa liberté… ?
Autre petite remarque plus ponctuelle : est-ce que les chucrets ne pourraient pas avoir un peu leur mot à dire ? Là, surtout sur la fin (quand les persos proposent de donner/sacrifier leur chucret dans le grand voyage final), j’ai eu un peu l’impression de chair à canon… Ce qui contredit un peu le vent de liberté et d’autonomie qui souffle autour du parcours d’Imès ! Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen que ce soit les chucrets qui décident de faire ce voyage, sur proposition/acceptation de leur propriétaire ?
Voilàààà et j’ai pondu un commentaire à rallonge, hahaaa ! Symbiose le méritait amplement ! 😉 N’hésite pas à rebondir, à me poser des questions, etc., ici ou par MP : je suis fan et par conséquent, à ta disposition !
Encore merci et à tout bientôt <3
Je suis assez d'accord sur tes remarques en général. Il y a deux parties de l'histoire que je voudrais reprendre : les premiers chapitres, où je sens bien qu'il doit y avoir un meilleur moyen d'introduire l'univers et ses tenants et aboutissants, et les derniers, où j'ai moi aussi une impression de rapidité excessive. Je pense par exemple que je devrais davantage développer l'aspect du malaise religieux que pourrait créer l'existence d'un autre hôte, et conclure un peu mieux l'arc du prêtre menteur. L'agencement entre la première moitié et la seconde moitié du roman gagnerait à être plus souple, aussi, même si je ne vois pas encore trop comment m'y prendre. Je réfléchis à tout ça !
Pour les chucrets, par contre, c'est difficile de leur demander leur avis. Ils ont à peu près le même niveau d'intelligence que des chiens, ce qui veut dire qu'ils sont très sages sur certains sujets, mais que le concept d'un voyage sans retour ne va pas leur dire grand-chose ^^;;
Ravie que tu aies aimé Jebellan, ce que tu as à dire sur lui me fait très plaisir. 😊 A bientôt !
J'ai mis le temps mais je suis enfin arrivée au bout de Symbiose. Alors comme j'avais lu le début il y a de (très) longs mois, et que j'enchaîne les chapitres de la fin maintenant, mes remarques concernent surtout la 2e moitié de l'histoire.
Ton univers est vraiment très très beau, à mi chemin entre le monde aquatique et l'espace, on imagine cet hôte qui se balade dans le vide étoilé ! Ma relation Imes/Jebellan est mise en tension pendant de très longs chapitres, avant que ça se dénoue (ou se noue, justement ? ) finalement entre eux. On aurait presque envie que ça continue, du coup (ou que ça commence plus tôt ?).
Concernant l'histoire de la mort à venir de l'hôte, et leur voyage pour en trouver un nouveau, j'ai presque trouvé cela trop rapide ! Il y avait la place pour plus de conflits politiques entre ceux qui suggèrent l'idée d'un nouvel hôte, et ceux qui refusent de l'envisager, voire même de croire en sa mort prochaine ? Idem pour leur voyage : ça se passe en un seul chapitre, c'est très rapide finalement ! (par contre la partie juste avant leur départ est top, entre leurs doutes, et leur plan qui a l'air d'un plan de la dernière chance...)
Concernant leur vie sur l'hôte de départ, les relations entre les personnages sont super bien construites, il y aurait tellement de choses à dire... Les relations entre tous tes personnages sont intéressantes, Imes, son père, Jebellan...
Contente de t'avoir lue !
Merci pour ta lecture et toutes tes remarques !
Ce fut un réel plaisir de te lire tout du long. Retrouver ta plume, retrouver Imes, Jebellan, Kriis et les autres. L'attente valait le coup.
Merci pour ce beau récit !
Alors toutes la dernière partie est très cool et le dénouement final est cohérent, mais je crois que j’en aurais voulu un peu plus aussi.
Je trouve hyper chouette que Viviabel entre en communion avec lui et qu’elle puisse l’amener à se déplacer vers le deuxième hôte, mais du coup, ça implique que le nouvel hôte attende quelque chose de leur part aussi et que sa jeunesse permette aussi un échange plus complexe et c’est hyper intéressant aussi parce que ça ferai un écho au titre avec la symbiose qui évolue. Ca veut dire aussi que si l’hôte et ses habitants coopèrent plus étroitement, ils pourront peut-être se déplacer dans l’espace, etc…
Voilà, j’ai l’impression que j’aurai aimé avoir une conclusion plus fournie sur toutes les conséquences qu’il peut y avoir à changer d’hôte etc… et il faut effectivement voir si le changement d’hôte est accepté facilement du côté religieux, ce serait intéressant aussi !
Bon voilà, j’ai beaucoup critiqué mais c’était trop bien, j’ai bu ça comme du petit lait.
Amour sur toi et à bientôt <3
Merci beaucoup pour tes commentaires, en tout cas, c'était très fourni et tu as mis le doigt sur plusieurs trucs très intéressants. ♥ Je suis vraiment contente que l'histoire t'ait plu. A bientôt !
Haaaaaaan ça y est, ils se retrouvent !
Et dans un nouvel hôte tout jeune en plus ♥
En vrai je suis tout de même un peu triste pour l'ancien, il arrive au bout de sa vie et va se faire dévorer par les charognards... je me demande s'il est "heureux" pour ses habitants d'avoir trouvé un autre hôte ou s'il n'a même pas vraiment conscience de l'événement.
Je me demande aussi si la caste des chasseurs servira encore à quelque chose sans charognard à tuer ^^"
Il y en aura sans doute moins dans les futures générations à naître...
En tout cas félicitations Dragonwing d'être arrivée au bout de ce très beau roman, plein d'extraordinaires qualités ! Quel accomplissement !
J'ai adoré l'aspect contemplatif et très esthétique ♥
Les personnages sont très vivants et attachants et l'univers très riches de belles idées. BRAVO ! ♥
Quoi qu'il en soit, merci beaucoup d'avoir lu jusqu'au bout ! Je suis vraiment contente que tu aies autant aimé ♥ C'est vrai que l'ambiance changeait un peu de ce que j'écris d'habitude, et j'ai beaucoup aimé écrire cette histoire. ^^
Contente que tu aies aimé les échanges entre Imes et Jebellan, ce dernier chapitre m'a causé quelques soucis. ^^ Et merci d'avoir suivi l'histoire tout ce temps ! Je suis d'accord qu'il devrait y avoir un enjeu religieux nettement plus creusé dans la deuxième moitié du roman, c'est quelque chose sur lequel il faudra que je revienne le jour où je retravaillerai le texte pour potentiellement l'envoyer à des maisons d'édition. Mais je ne suis pas pressée, j'aime bien cette version. ^^