Chapitre 29 - Latebra

Par Jamreo

Une poubelle pleine à ras bord et une gouttière cabossée. De l’eau coulait. Plic plic. Roy s’arrêtait là.

Sur le chemin, Effy choquait un objet métallique. Arrosoir pour enfants. Yeux verts de Roy, vert sombre comme Duke, qui lançaient des éclairs. Sol pavé, disloqué.

Carillon sur la porte, au bout de la coursive. Objets sans valeur, jouets, lampe à huile, le carillon faisait encore du bruit.

Roy tira doucement sur le bras de Sanne pour la sortir de sa rêverie.

— On va monter, indiqua-t-il en hochant la tête vers un escalier.

Sanne manqua se tordre la cheville. Le couloir en haut menait à une série de pièces vides. Fenêtres barricadées.

— Au fond.

Roy avait rallumé sa lampe torche aux reflets curieusement rouges. Dans la chambre du fond, il y avait un matelas, un fauteuil, une table et deux chaises en fer-blanc. Autour du matelas, de vieux papiers de cigarettes à rouler parsemés de tabac, des allumettes craquées, des emballages en plastique et des capsules de bouteilles... comme mue par la volonté d’une autre, spectre au milieu d’un rêve, Sanne traîna les pieds jusqu’au fauteuil et s’y affala en grelottant. Ils s’étaient pris de la pluie glacée à n’en plus finir. Ses cheveux et ses vêtements dégoulinaient au moins autant que la gouttière.

La Chasseuse restait consciente de la présence des deux autres, debout sur le seuil. Ils la regardaient. Roy, le premier, se détourna pour demander à Effy, agressivement :

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Bien sûr. Il voulait savoir ce qui était arrivé à son frère. Sanne fut reconnaissante à Effy de gérer la situation ; elle-même n’était pas en état de revivre l’horreur du centre d’euthanasie. Après que l’histoire lui eut été racontée à mi-voix, Roy tomba dans le silence. Sanne, du coin de l’œil, observait sa silhouette à peine discernable, derrière le filet de la lampe, les amandes de ses yeux baissés rougeoyant comme des braises sur le point de s’éteindre. Puis, emporté par un terrible élan, le jeune homme lâcha la lampe et écrasa ses poings sur le mur. Il resta là un moment, paumes repliées plantées sur la cloison, courbé, tête rentrée dans les épaules. Puis il s’écarta, marmonna des choses confuses et sortit, remonta le couloir, descendit à l’étage inférieur. Effy le suivit.

Sanne entendit que la conversation se poursuivait en bas. Il y avait des mots emplis de colère, d’autres alourdis de tristesse malgré les efforts évidents que Roy faisait pour la dissimuler.

Le ton se calma progressivement. Enfoncée dans le fauteuil, Sanne mobilisait toute son attention à comprendre ce qu’il se disait. Ce n’était pas que son ouïe n’était pas suffisante, mais les récents événements l’avaient sévèrement ébranlée et elle peinait à faire un tri efficace des informations.

Effy et Roy terminèrent leur échange après trois minutes, et Sanne en avait saisi l’essentiel.

La Chasseuse entendit Effy remonter l’escalier et prendre le couloir, puis sa silhouette reparut dans l’encadrement de la porte, où elle demeura quelques instants.

Effy vint ensuite s’asseoir sur le bord du matelas. Elle adressa un sourire timide à Sanne qui n’eut pas le courage de le lui rendre. Évidemment, elle était liée à cette femme par la reconnaissance. Elle avait conscience de lui devoir la vie. Mais c’était aussi de sa faute si Duke était mort ; même indirectement.

Duke avait pris trop de risques. Il avait préféré tenter le tout pour venir en aide à sa coéquipière et enfin lui apporter les réponses qu’elle cherchait. C’était admirable, autant que stupide, et Sanne se considérait aussi coupable de ne l’avoir pas incité à fuir.

— Sanne ? osa Effy. Roy et moi allons quitter la ville, probablement ce soir. Voulez-vous nous accompagner ?

La Chasseuse serrait ses genoux contre elle et y avait posé le menton. Le regard perdu dans le vague, elle haussa les épaules.

— C’est comme vous voulez, expliqua-t-elle. Je m’en fiche.

Effy frictionna le bras de Sanne, en guise de réconfort.

— Il ne faut pas vous sentir responsable. Ce qui est arrivé à Duke est très triste, mais aucun de nous n’aurait pu l’éviter. C’était… de la malchance.

— Vous n’avez pas bien compris, rétorqua Sanne. Je suis condamnée, de toute façon.

Pour ce qui lui restait à vivre, ils feraient mieux de la laisser crever derrière. Mais une infime lueur d’espoir et de pitié pour elle-même la retint de formuler cet ultime constat. Profondément ébranlée par la présence de cette étincelle, Sanne enfouit son visage dans ses bras.

— Tenez-vous prête, annonça Effy comme si elle n’avait rien entendu. Je dois régler quelques petites choses, et puis nous partons.

Sanne n’eut pas de réaction. L’autre n’insista plus et regagna le couloir.

Epuisée, la goutte au nez, Sanne s’enroula comme elle le put dans ses vêtements trempés et ferma les yeux sur son brouillard mental. Il ne lui fallut pas longtemps pour quitter sa peau de douleurs, tel un serpent en mue, et sombrer dans le sommeil.

Quand elle s’éveilla, la lumière qui entrait par la fenêtre était éblouissante. Sanne dut cligner plusieurs fois des yeux pour que sa vision s’éclaircisse. Derrière le verre, le ciel était dégagé, d’un bleu pur, quoiqu’un peu froid. On était en décembre, pourtant une chaleur moelleuse s’infiltrait dans la chambre, et des reflets dorés dansaient sur les murs blancs. Sanne se sentait étrangement bien. Sereine. Les draps étaient tièdes. Les douleurs musculaires l’avaient désertée. Quand elle sonda son esprit à la recherche de souffrances mentales, elle ne put en déceler que des restes, de piteux fantômes.

— Bonjour.

Elle rata un battement.

Wyatt était assis près d’elle de l’autre côté du lit. Sa barbe de trois jours et ses cheveux sombres ressortaient contre son T-shirt clair, et ses yeux vert olive l’observaient. Elle se redressa en position assise, se rendit compte qu’elle était nue ; mais cela ne lui procurait pas la moindre gêne.

— Il est quelle heure ? demanda-t-elle.

Wyatt se tordit pour consulter sa montre posée par terre.

— Bientôt neuf heures du matin.

— Déjà ? Je… je ne m’étais pas rendu compte.

Elle se frotta les joues en baillant. Au fond, elle se doutait qu’elle n’aurait pas dû se sentir si sereine. Mais le bien-être était là. Impromptu. Inébranlable, surtout. Wyatt laissa échapper un rire, et elle eut tant de tendresse pour ce rire qu’une bulle sembla se former dans sa poitrine, gonfler de seconde en seconde.

— Bien dormi ?

— J’ai fait un rêve affreux, murmura-t-elle. Tu…

Tu étais mort. Le souvenir de l’horreur s’effritait peu à peu dans ses pensées. Le rêve se détruisait de lui-même.

— N’y pense plus.

Il lui effleura les cheveux. Tout à coup il paraissait grave. Il se pencha vers elle et posa un baiser sur son front.

— Je t’aime.

Il avait dit ça sincèrement, avec simplicité. Comme une évidence. Son visage était là, suspendu au-dessus du sien, sa main toujours dans les cheveux de Sanne. Il attendait quelque chose de sa part, des mots pour faire écho aux siens, sans exercer de pression. Patiemment.

Un malaise diffus fondit sur Sanne. Des grésillements dans le cœur, de la sueur dans le cou, le regard fuyant. Je t’aime. Trois petits mots qu’il serait facile de prononcer en retour. Pourquoi sa langue ne se décidait-elle pas ?

Collée au palais, les dents serrées, elle n’y parvenait pas. Dire ces mots relevait de l’obstacle insurmontable.

Les yeux de Wyatt s’humidifiaient. Elle ne l’avait jamais vu pleurer, l’idée même était impensable.

Sanne avait mal à l’estomac. Ce n’était pas de la gêne mais de la détresse pure et dure. Et si, par malheur, elle n’avait rien à lui donner, rien qui égale ce qu’il avait à offrir ? Peut-être lui fallait-il chercher un peu mieux. Mais la tristesse de Wyatt, indécente, la déconcentrait.

— Je… balbutia-t-elle en s’agitant sous les draps.

Elle leva les yeux et retint un hurlement.

Les larmes de Wyatt avaient la couleur du sang, qui faisait ressortir le vert de ses yeux - un vert de diable.

— Qu’est-ce qui t’arrive, s’étrangla-t-elle.

Elle recula le plus possible, dos plaqué au mur.

Mais, déjà, son esprit se décousait. Elle avait l’impression de partir… partir… le tournis la submergea, puis le noir.

Sanne ouvrit les yeux sur un plafond nu, dans une atmosphère glacée. Son corps se convulsait sur du béton et les douleurs désespérément vives d’une crise lui tordaient les boyaux. Duke accourait vers elle, comme cette autre fois, lorsqu’on l’avait abandonnée dans la neige avec une tempe ensanglantée… Il se pencha et lui saisit les épaules.

— Une crise ? Pourquoi t’as franchi le champ, hein ?

— La patrouille…

Duke jeta un regard sourcilleur dans le couloir de béton.

— Y avait une patrouille ? Elle est partie. Tout va bien.

Malgré ses mots de réconfort, elle percevait dans son timbre un tremblement d’angoisse. Il mesurait son manque de précautions, sa précipitation à violer la remise secrète de Memoria pour y dénicher l’identité de Sanne.

La remise de Memoria, oui, c’était l’endroit.

Choquée, elle se rendit compte qu’elle avait tout rêvé. Sa crise avait eu raison d’elle ; elle s’était laissé emporter dans une inconscience de délires fiévreux et son esprit avait fait le reste.

— J’ai trouvé, quelque chose, murmura-t-il. Tu veux venir voir ?

À ces mots, son palpitant fit un bon dans sa poitrine. S’accrochant à Duke avec une énergie nouvelle, elle se remit sur pied. Il était prévenant et ne lâcha pas son avant-bras dans le couloir. Ça l’agaçait, pire, ça lui donnait l’impression de lui être redevable ; elle n’en dit rien, se doutant qu’elle n’aurait de toute façon pas la force d’avancer seule.

Cette fois, le champ n’opposa aucune résistance. Pas même besoin de réciter la clé.

Au seuil de la pièce saccagée, mille feuilles volantes dans l’espace confiné, Sanne s’arrêta.

L’horreur de ses rêves lui revenait en mémoire. L’horreur atroce du rêve profond, celui de son arrestation par la folle en costume monastique, celui où Duke mourait ; et puis celle plus ouatée, insidieuse, dans l’antichambre du réveil, de ce moment irréel passé avec lui dans son lit, ce matin qui en réalité n’avait pas été beau puisqu’il n’était pas encore arrivé.

Il était là, en chair et en os, à retourner les papiers éparpillés, à pester comme il savait si bien le faire. Bientôt, il revint vers elle avec une feuille où s’alignaient des caractères noirs en lignes serrées.

— En recoupant avec la date de ta Transformation, je pense que c’est celle-là.

Sanne ne prit pas la feuille. Etait-elle prête à se recevoir une vérité de cette ampleur dans la face ? Elle imaginait que ce serait comme rentrer dans un mur. Elle avait souhaité ce moment, l’avait appelé de ses vœux, et maintenant que la possibilité lui était donnée de savoir, enfin…

Sanne ne pouvait pas prendre cette feuille.

— Non ? lui disait Duke, et sa voix était distante, comme lui parvenant de loin. Je vais te le lire, alors.

Et, théâtral, il tenait le papier à deux mains et lisait distinctement un prénom, puis un nom. Un prénom. Un nom.

Sanne avait dû les entendre – Duke n’était pas à cinquante centimètres d’elle, et ne possédait-elle pas le don maudit des Chasseurs ? Elle avait dû l’entendre ; seulement, elle ne se rappelait déjà plus. Désorientée, elle le pria de répéter. Le jeune homme la regarda bizarrement, secoua le papier, articula le prénom et le nom.

La même chose se produisit. Elle se jeta sur lui et lui arracha la feuille. Plus d’hésitation cette fois. Vite, trouver ce fichu nom qui lui avait fait défaut toute sa courte vie de Transformée. Elle tomba à genoux et déchiffra les lettres, qui passaient une à une dans son esprit, refusaient de s’assembler. Elle les lut et les relut, en vain. Des larmes de dépit vinrent gratter l’intérieur de ses paupières. La main de Duke se pressa contre son épaule, réconfortante.

— Pauvre Sanne, chuchota-t-il. Tu sauras jamais. Pauvre Sanne.

Et il répétait les mots, les transformait en litanie, et la jeune femme comprit que quelque chose clochait. Enfin, après un moment de silence durant lequel il avait approché ses lèvres tout près de son oreille, il murmura :

— Sanne, écoute… tu sauras jamais.

Et ce fut comme si les entrailles de Sanne s’étaient changées en eau. Ses inspirations chaotiques lui soulevaient le buste, elle ployait sous un poids irréel, causé par rien ou, peut-être, la main si légère de son coéquipier.

Devant elle, le carré de la feuille se fondait dans la couleur terne de la moquette. Le décor entier paraissait flou, observé à travers une vitre mal dépolie. Et ces mots destructeurs, porteurs de désastre, criards, caracolaient dans son crâne. Sanne ferma les yeux.

Un sursaut remonté de son cauchemar la fit brusquement retomber dans le monde réel. Sanne demeura un instant étourdie, les pensées mélangées et perdues entre ses deux rêves successifs.

Elle se trouvait inconfortablement pliée dans le fauteuil, à l’étage de cette maison abandonnée. Effy était partie. Sanne dut attendre que ses yeux se fassent à la pénombre. Entre les planches à la fenêtre se faufilait un rayon de lampadaire orangé.

Elle prit son temps pour pleurer, comme elle aurait voulu le faire dans ces rêves si seulement elle en avait eu le temps. Pleurer était son dernier recours, celui vers lequel on se tourne lorsque le corps et l’esprit s’effondrent, lorsque la vie mord et déchire et qu’il n’y a plus rien d’autre.

L’absence était une blessure sans cesse rouverte. La vérité nue manquait décidément de glamour. Il n’avait pas suffi qu’il meure devant elle, qu’elle ait fait preuve de suffisamment de lâcheté pour ne pas soutenir son regard ; il fallait que son esprit s’amuse à le faire revenir et lui faire goûter un soulagement factice. Un goût de miel pourri. Et quand il vous laissait, il causait plus encore de douleur.

On n’était toujours pas venue la chercher pour l’évacuer. Sanne se disait qu’il serait bientôt trop tard. La brigade l’avait coincée une fois. Si vraiment les choses n’avaient jamais été aussi peu sûres pour une Transformée de sa trempe, mouillée jusqu’au cou dans les affaires louches depuis très exactement ce même soir, le cauchemar pouvait recommencer.

Seulement, Sanne n’arrivait pas à se dire que son propre sort lui importait encore.

À l'étage inférieur, Roy, s'activait, on aurait dit qu'il déplaçait des cartons emplis de bouteilles, des canettes. Il ne parlait pas, et Sanne ne percevait aucun mouvement autre que les siens. Effy était partie.

Elle essuya ses larmes, se leva, s’étira pour dégager son dos et ses membres de la raideur du sommeil. Et quel sommeil… Plus fatiguée qu’avant, Sanne descendit à l’étage. Elle n’en pouvait plus de rester seule dans cette pièce désolée et craignait trop de se rendormir.

En bas, elle se laissa guider par les bruits et déboucha dans une pièce éclairée d’une ampoule à fil, les fenêtres barricadées. Des piles et des piles de cartons y étaient entassées. Roy se trouvait accroupi, un rouleau de gros scotch à la main.

Sanne reçut un nouveau coup au cœur. Pas le même homme. Mais il y avait cette ressemblance… Il ne s’aperçut d’abord pas de sa présence et continua de vaquer à ses occupations : refermer des cartons, inspecter le contenu d’autres – des bouteilles, devina la Chasseuse au son cristallin que les doigts de Roy produisaient à leur contact. Elle en profita pour l’observer. L’écouter. Un jean collant, parsemé d’accrocs. Le même sweater trop large pour lui. Des poignets fins, énergiques, qui dépassaient des manches retroussées. Elle aimait ses poignets. Des cheveux légèrement plus sombres que ceux de Duke. Bien moins lisses et brillantinés que la journée précédente, comme s’ils souffraient eux aussi. Et cette inadéquate moustache.

— Qu’est-ce que vous faites ? finit-elle par demander.

Roy l’ignora.

Sanne effleura pensivement le pansement à moitié déchiré sur son crâne. Il se défit au contact de ses doigts ; elle le recueillit dans sa paume, qu’elle replia pour le froisser. Roy avait remarqué son geste :

— Vous devriez vous reposer, dit-il.

— Après le coup que Fitz m’a mis, oui, c’est sûr, répliqua-t-elle, acide.

Elle regretta immédiatement ses paroles. Au fond, cet homme avait tous les droits de lui en vouloir. De l’exécrer. Tout comme elle tenait Effy partiellement responsable de la mort de Duke, lui, qui n’avait pas été présent et ne pouvait se raccrocher qu’à des versions rapportées, devait considérer la Chasseuse coupable. Et la vérité, c’était que sa culpabilité ne faisait aucun doute.

Elle n’avait pas eu la force de se sacrifier pour lui.

— Excusez-moi. Je suis secouée.

— Non, c’est moi. On ne vous a pas très bien traitée.

— C’est vrai. Mais je crois comprendre pourquoi vous l’avez fait.

Sanne se racla la gorge. Roy faisait tourner le rouleau de scotch entre ses doigts.

— Il a toujours été têtu, lança-t-il soudain. Et très énervant. Ce n’était pas un enfant facile. Remarquez, après avoir grandi… il ne l’était pas plus.

Il eut un mince sourire qui réchauffa un peu Sanne.

— Il cherchait des motifs de vexation partout. Par exemple, raconta-t-il en brandissant son scotch vers Sanne et en l’agitant pour ponctuer ses mots, il a mal supporté le choix de nos nouveaux noms. Duke pour lui, Roy pour moi. Et parce que j’étais l’aîné, il y a vu un signe. Moi j’étais le roi, lui le simple duc. C’était devenu une obsession.

Sur ces réminiscences, il poussa un rire mi-figue mi-raisin. Puis il leva des yeux penauds vers la Chasseuse.

— Je n’aurais pas dû vous dire tout ça.

— Je le savais, le rassura-t-elle. Que Duke était votre frère.

— Eh bien, maintenant vous savez aussi que ce n’était pas son nom, et que je ne m’appelle pas Roy.

— Honnêtement, ça ne me surprend pas plus que ça.

Sans savoir pourquoi, elle ne tenait pas à lui dire que Duke lui avait révélé son véritable nom.

— Effy sera bientôt de retour ? lança-t-elle pour changer de sujet.

— Je l’espère.

— Ce n’est pas un peu… risqué ?

Inconscient, même. Et si les illuminés du gouvernement lui mettaient le grappin dessus ?

— C’est risqué, mais on ne va tout de même pas les abandonner.

— Abandonner qui ?

— Des… condisciples. Si tout se passe bien, ils devraient pouvoir nous suivre. Ce qui me dérange, soupira Roy, c’est d’abandonner le navire si précipitamment. De laisser tout ça derrière nous.

Il fit un geste englobant les cartons et les bouteilles.

Ses yeux olive étaient décidément très semblables à ceux de Duke, et la perturbaient. Elle se dandina sur ses pieds. Des bribes de ses cauchemars la hantaient encore et elle se sentait exténuée. Ce n’était pas forcément une excellente idée pour son moral d’engager la discussion avec le frère de son défunt coéquipier.

Elle aurait voulu sortir une formule d’excuse polie et remonter se cacher. Mais les mots ne lui venaient pas à l’esprit, ou ce qui lui venait était d’une incorrection qui ne lui ressemblait pas.

— Justement, qu’est-ce que c’est, tout ça ? s’intéressa-t-elle à nouveau.

En réalité, ça ne l’intéressait pas vraiment. Elle avait besoin de se divertir.

Roy la regarda longuement avant de répondre, comme s’il s’apprêtait à dévoiler un secret et évaluait le degré de fiabilité de son interlocutrice.

— Venez. Asseyez-vous.

Il lui désigna un carton renversé.

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Fannie
Posté le 23/01/2020
Franchement, je ne comprends pas pourquoi Roy n’a pas envoyé balader Effy après avoir appris qu’elle a tué son frère. Il va encore partir avec elle. A-t-il besoin d’elle à ce point-là ? Ou a-t-elle arrangé la vérité ? Dire que c’était de la malchance, c’est quand même gonflé. Elle l’a tué en toute connaissance de cause. Et qu’avait-elle besoin de conserver sa couverture du moment qu’elle allait s’enfuir de toute façon ? Après avoir écrit cette remarque, je découvre qu’il y a d’autres personnes à sauver, mais je laisse mon coup de gueule. :-)
Les rêves de Sanne sont vraiment angoissants et ce n’est pas étonnant après ce qui s’est passé au centre. Quand elle s’est vue avec Duke à l’endroit où ils ont été surpris, j’y ai presque cru.
Coquilles et remarques :
— Il avait préféré tenter le tout pour venir en aide à sa coéquipière [Je propose « Il avait préféré tenter le tout pour le tout afin de venir en aide à sa coéquipière ».]
— Sanne ? osa Effy. Roy et moi allons quitter la ville [Je propose « hasarda ».]
— Epuisée, la goutte au nez [Épuisée]
— Elle se frotta les joues en baillant [en bâillant ; « bailler » s’apparente à « bail »]
— le vert de ses yeux - un vert de diable [Il faut un tiret long.]
— Qu’est-ce qui t’arrive, s’étrangla-t-elle [Qu’est-ce qui t’arrive ? s’étrangla-t-elle]
— Duke jeta un regard sourcilleur dans le couloir [sourcilleux ? en sourcillant ?]
— Etait-elle prête à se recevoir une vérité [Était-elle]
— qu’est-ce que c’est, tout ça ? s’intéressa-t-elle à nouveau [Je propose « s’enquit-elle » ; « s’intéressa-t-elle » n’est pas vraiment adéquat comme verbe d’incise et en plus, il y a « ça ne l’intéressait pas vraiment » dans la phrase suivante.]
Jamreo
Posté le 05/04/2020
Effy lui a tout raconté probablement en arrondissant les angles et en insistant sur le fait qu'elle ne pouvait pas faire autrement, du moins que faire autrement aurait été pire e bilan humain. Roy a de quoi la détester, oui, mais ils font aussi partie du même réseau et ils savaient depuis le début que c'était dangereux et qu'ils risquaient de perdre des gens. En plus, Duke s'est quand même montré inconscient, et il en a payé le prix ^^ après, techniquement, oui elle l'a tué en connaissance de cause. Elle a menti devant la New Light pour ne pas attirer les soupçons sur elle et pouvoir rester libre au moment de s'enfuir avec Sanne. Et puis oui, il y a d'autres gens à sauver :p
Oui la pauvre Sanne fait des rêves pas très sympas après ce qu'elle a vu et vécu...
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