Londres, 30 août 1984
Au cours de ces derniers mois, Persea était parvenue à convaincre ses parents que Poudlard était le meilleur choix pour elle : l’école était en Écosse, ce qui était plus proche de Londres que le sud de la France où se trouvait Beauxbâtons, elle serait accompagnée d’excellents professeurs, dans une école avec une bonne réputation dans le monde sorcier. Elle profita même de sa lecture sur l’histoire de Poudlard pour lancer çà et là des anecdotes qui lui permirent de gagner l’intérêt de ses parents. Surtout, elle leur expliqua qu’elle souhaitait avant tout se concentrer sur son avenir et qu’elle n’avait aucune intention de suivre le chemin de son frère. Ceux-ci semblèrent convaincus de la bonne foi de leur fille aînée et acceptèrent son choix.
Ce matin-là, ses parents ainsi que ses adelphes se trouvaient tous déjà autour de la table à manger. Lorsque la rentrée scolaire approchait, il n'y avait pas de concerts, alors même Elena pouvait sans autre passer son temps avec sa famille. Tout le monde discutait gaiement en prenant son petit déjeuner. Persea fit le tour de la table pour embrasser tout le monde avant de prendre place à la droite de sa maman.
- Bien dormi, ma chérie ?
- Plutôt, mais je suis tout de même un peu stressée pour mon entrée à l'école. Je me demande comment ça va se passer. Dans quelle maison je vais être. Si je vais me faire des amis, aussi.
C'était un mensonge. Persea n'avait pas vraiment en tête de se faire des amis pendant sa scolarité et elle avait décidé qu’elle souhaitait entrer à Serpentard, comme son frère. Sa lecture de l’histoire de Poudlard, lui avait permis de comprendre que le Choixpeau magique tenait compte de l’intérêt des élèves pour une maison. Elle voulait trouver Vasile et faire taire les rumeurs sur son frère et sa famille, alors fréquenter la même maison que celui-ci lui permettrait de trouver plus facilement des indices à son sujet. Aussi, les heures à étudier les ouvrages de première année l'avait conforté dans sa décision : elle ferait tout pour comprendre ce qu'il s'est passé et pour soulager la peine de sa famille. Cependant, il lui fallait taire son ambition face à ses parents, elle avait pris la peine de ne pas paraître trop insistante à l’idée de rentrer à Poudlard, pour ne pas éveiller les soupçons. Elle avait toutefois pris certains risques : pratiquant des sorts en cachette, en empruntant la baguette de son père lorsque celui-ci dormait. Elle ne connaissait que des sorts assez basiques, selon elle, mais ce serait suffisant pour commencer et alléger son temps de travail pour se consacrer aux caves. Elle avait appris plusieurs utilisations de plantes par cœur, leurs noms latins et les méthodes de cueillette, après des heures de répétition acharnée. Elle savait les bases de la fabrication de potion et avait une idée générale de la composition de celles qui lui semblait les plus utiles, mais évidemment elle n'avait pu en faire aucune. La métamorphose lui semblait bien plus difficile, elle parvint à faire quelques exercices de base, mais ce sera une matière pour laquelle elle devra travailler. Elle avait par contre fait l'impasse sur l'histoire de la magie. Elle avait vraiment, vraiment, essayé, mais n'est parvenue qu'au premier tiers du livre. Les chapitres étaient d'une lourdeur... Notamment celui sur les inventeurs de chaudrons spéciaux.
Qui pouvait bien enseigner ça ?
- Ne t'en fais pas, Pers', tout va bien se passer.
- Ta mère a raison et puis, tu devrais te réjouir, car aujourd'hui on va se rendre au Chemin de Traverse pour acheter le matériel qui te manque !
Persea sourit, elle était tout de même un peu excitée d'avoir sa première baguette. Adelina et Andréu ne tenaient plus en place, c'était toujours un agréable moment que d'aller au Chemin de Traverse en famille. Ils faisaient ça régulièrement quand Vasile était encore là, bien moins depuis.
Les Țepeș se faufilèrent au milieu de la foule de Moldus dans les rues de Londres. Ils arrivèrent au bout de quelques minutes dans la cour du Chaudron Baveur. Elena sortit sa baguette, tapota une brique de sa pointe et le mur s'écarta promptement, leur laissant alors la place de rejoindre la rue commerçante, elle aussi bondée.
- On va à la ménagerie ? S'enquit Adelina
- Moi, j'veux bien aller chez Fortarôme. Insista Andréu
- Allons, allons. On est ici pour faire les achats scolaires de Persea. Mais on pourra s'y rendre par la suite. Reprit Connor
- De quoi as-tu besoin ?
La jeune fille s’empressa d’énumérer le matériel qui lui manquait, précisant qu’elle souhaitait prendre les livres de son frère. Toutefois, il lui semblait qu’elle oubliait quelque chose. Sa mère ajouta qu’il lui fallait acheter un animal aussi. Persea acquiesça.
Elena prit les enfants pour se rendre chez Madame Guipure pendant que Connor allait chercher le matériel restant. Ensuite, ce serait la ménagerie, puis Ollivander.
Les essayages furent un peu trop long au goût de ses adelphes et ceux-ci n'arrêtaient pas de poser des questions à la couturière, mais celle-ci ne semblait pas dérangée outre mesure alors Elena ne leur demanda pas de cesser. Elle s'inquiétait un peu du comportement de son aînée : Pers' avait passé ces derniers mois presque toujours dans sa chambre à lire et les tentatives de Connor pour la faire sortir avait été le plus souvent infructueuse. Peut-être auraient-ils dû lui faire voir un psychomage après la disparition de Vasile, ç' eut été mieux. Qui sait ? Parfois, Elena oubliait que sa fille était douée pour feindre les apparences et peut-être qu'elle aurait plus dû insister à lui parler.
- C'est bon, maman ! On a tout ce qu'il nous faut.
Son sourire se voulait sincère, mais ses yeux ternes et un peu cernés trahissaient quelque chose, mais Elena ne parvenait pas à mettre le doigt sur cette impression, elle regretta seulement de ne pas avoir été plus insistante pour Beauxbâtons. Certainement qu’elle avait été plus laxiste en vue de la situation actuelle et elle s’était dit que des professeurs pourraient lui parler un peu des années de son frère, mais maintenant elle réalisait que cela pourrait être plus délétère qu’autre chose.
La famille se retrouva près de la ménagerie, Persea semblait ravie des trouvailles de son père et l'en remercia. Ils se rendirent alors à la ménagerie pour le plus grand bonheur d'Adelina.
- Je peux choisir ton animal ?
- D'accord, mais choisis bien !
La petite prit son air le plus sérieux et commença à scruter les animaux présents dans la ménagerie. Trop grand, trop petit, pas beau...Enfin, Adelina pointait une chouette effraie qui était, Persea devait l'avouer, absolument adorable. La dernière se tourna vers ses parents en attente d'une réponse, mais ceux-ci lui dirent que c'était à Persea de dire si l'animal lui convenait.
- C'est parfait, Adelina. Andréu, tu lui choisis un prénom ?
Bien qu’elle ait clairement nommé son frère, Adelina ne put s’empêcher de vouloir participer au choix du nom. Son aîné semblait toutefois en accord avec la situation et les deux se mirent à discuter de leurs préférences. Elena alla payer la chouette en attendant et lorsqu'elle les rejoint devant le magasin, ses deux cadets débattaient toujours.
- On l'appelle William ! cria Adelina
- Mais c'est pour les humains, moi je préfère Bufnița.
- Tu veux appeler ma chouette, ‘’chouette’’ ?
Il haussa les épaules.
- Alors, Nița ? C’est plus court !
- Va pour Nița, Andréu.
Les cadets sautèrent de joie et se félicitèrent de leur trouvaille. Persea et ses parents rirent. Tout semblait un peu plus léger dans ces moments-là. Après quelques instants, Connor tendit sept Gallions à son aînée et lui dit d’aller chercher sa baguette, il a jouta aussi qu’ils l’attendraient chez Fortarôme. Persea leur fit un signe de la main alors qu’ils s’éloignaient et elle remonta l'allée commerçante, replongeant dans ses pensées. Elle se demandait si elle parviendrait à faire ce qu'elle veut, seule. Le problème, c'est qu'elle n'a aucune garantie de se faire des amis à Poudlard et si elle y parvenait, elle ne pouvait se risquer à les mettre en dang-Elle cogna violemment dans ce qui semble être une autre personne. Elle secoua la tête et se releva assez rapidement, tendant sa main vers la personne qu'elle avait percutée.
- Pardon.
- Il n'y a pas de mal. Répondit la jeune fille en se saisissant de la main de Persea.
Elle avait de longs cheveux noirs, très raides et épais, la peau foncée, des yeux bruns et de grandes lunettes à monture blanche. La jeune fille fit un grand sourire et secoua doucement la main de Persea qu'elle tenait toujours entre la sienne.
- Rowan Khanna. Ma famille tient une ferme qui produit du bois pour les baguettes. J'entre en première année : future préfète, puis préfète-en-chef et future professeure de Poudlard.
Ambitieuse. Elle pourrait certainement l'aider... Alors Persea lui rendit son sourire et se fit la plus agréable possible.
- Persea Țepeș, j'aimerais être magizoologiste.
- Attends... Țepeș ? Comme Vasile Țepeș ? L'élève de Serpentard qui recherchait les caves maudites !
- Oui. Je vois que je ne peux pas y échapper.
- Désolée. C'est juste... Non, c'était malvenu de ma part. Vraiment désolée qu'il ait disparu... Tu… tu allais quelque part ? Je vais chez Ollivander !
- Moi aussi, mais tu te dirigeais dans le sens contraire.
- Ah vraiment ! Mince. Elle se frotta le menton. On peut y aller ensemble ! Je ne connais personne ici, ça pourrait être chouette !
L’aînée des Țepeș accepta. Les deux jeunes filles prirent la direction de la boutique d'Ollivander. Rowan lui faisait un compte détaillé de ce qu'elle avait appris sur l'histoire de Poudlard dans le livre éponyme. Persea se rendit compte qu’elle n’était pas la seule à avoir étudié les mois précédants et elle devait admettre que Rowan semblait être extrêmement brillante par le niveau de détails qu’elle avait retenu du livre. Persea s’était contentée de connaître l’essentiel. Elle se dit alors que d'essayer de se la mettre dans la poche pourrait lui être utile durant sa scolarité.
- Tu voudrais aller dans quelle maison ?
- Serpentard, je pense.
- Hm. C'est vrai que c'est une bonne maison, mais en même temps elles ont toutes de grandes qualités !
La discussion reprit de plus belle, Rowan énumérant les qualités de chaque maison et Persea acquiesçant au moment opportun. Cette dernière tentait tout de même de participer un minimum, il fallait y mettre du sien si elle souhaitait avoir une alliée dans ses recherches. Plusieurs minutes passèrent et leurs pas les menèrent dans la boutique désirée. L'endroit semblait un peu délabré, poussiéreux et plutôt étroit. Personne ne semblait s'y trouver, alors Persea s'avança près du bureau et appuya sur la sonnette. Un vieil homme aux cheveux blancs ébouriffés apparu soudainement, surprenant les deux jeunes filles. Il les observa silencieusement avant d'esquisser un petit sourire.
- Bienvenue. Vous êtes, je suppose, venues chercher votre première baguette. Qui souhaiterait commencer ?
- Je veux bien ! Enfin... Ça ne te dérange pas, Persea ? Dit-elle un peu gênée de s’être emballée
- Non, non je peux attendre. répondit-elle en souriant.
Rowan s'avança et Ollivander lui tendit une première baguette.
- C'est du poirier !
- Et ventricule de dragon. Bonne observation. Vous êtes de la famille Khanna, n'est-ce pas ? 21,5 centimètres, légèrement flexible.
Rowan s'en saisit et fit un geste du poignet : la baguette diffusa une lueur dorée autour de celle qui la tenait.
- Et du premier coup ! C'est une baguette qui convient à une personne loyale et sage. Je pense qu'elle vous ira parfaitement.
Rowan sautilla sur place, elle paya sa baguette et se mit à l'arrière de la boutique pour regarder l'attribution de Persea.
- Vous ne seriez pas une Țepeș, me tromperai-je ?
- Non, vous avez raison.
- Je me souviens de la baguette de votre frère : érable, ventricule de dragon, 25,5 centimètres,
rigide. Une baguette avec du caractère, qui aime l'aventure, mais qui peut être plutôt instable. Je me demande...
Il fixa Persea. Celle-ci se sentait quelque peu mal à l’aise devant son regard insistant et les quelques secondes qui s’écoulèrent lui paraissaient une éternité. C’était comme s’il lisait en elle, qu’il tentait de comprendre qui elle était vraiment et Persea détestait se livrer. Surtout à des inconnus. Elle tenta tant bien que mal de garder contenance et de regarder le vieil homme droit dans les yeux. Il finit par sortir de son espèce de transe et se rendit dans l'arrière-boutique. Il revint avec une boîte en carton qui ressemblait comme deux gouttes d’eau aux milliers d’autres boîtes qui composaient les étagères de la boutique.
- Essayez-la.
Persea obéit et du bout de sa baguette jaillit une lumière dorée, intense et lumineuse qui l'enveloppa.
- Et de deux. Reprit Ollivander en souriant. C'est aussi de l'érable, mais avec un crin de licorne, 23 centimètres, plutôt flexible. Vous pouvez faire de belles choses, mais ne vous laissez pas aveugler par vos préjugés, mademoiselle Țepeș.
La jeune fille lui jeta un regard plein d’incompréhension auquel Ollivander répondit par un sourire malicieux. Elle voulait une baguette, pas un proverbe aléatoire sorti d’on-ne-sait-où et puis qu’est-ce qu’il pouvait bien savoir d’elle ? Elle paya à son tour, observa une dernière fois le boutiquier et les deux filles sortirent l’une derrière l’autre.
- C'était génial !
Persea pouffa
- Oui, c'était plutôt bien. Je suis désolée, Rowan, mais je dois rejoindre ma famille maintenant. J'espère qu'on se recroisera au plus vite.
Rowan lui serra la main et sourit à nouveau.
- J'espère aussi ! A bientôt !
Et ainsi elles prirent des chemins opposés.
Me revoici par ici pour la suite des aventures de Persea. Quel bonheur de se retrouver à nouveau sur le chemin de traverse pour les achats des premières années. Nostalgie... J'ai aussi bien reconnu Ollivander grâce aux mots que tu as choisis.
Je commence à aimer de plus en plus Persea. Malgré ses appréhensions, elle est déterminée à mener l'enquête sur son frère ! Je sens que je vais aimer sa personnalité.
Quelques petites remarques :
> Je n'ai pas compris cette phrase :"...alors même qu'Elena pouvait sans autre passer son temps avec sa famille." Peut-être qu'il manque quelque chose ?
> petit soucis de temps ici : "... mais n'était parvenue qu'au premier tiers du livre."
> pour la mise en forme des dialogues : ... Mais on pourra s'y rendre par la suite, reprit Connor
> une proposition pour une phrase :"Elena oubliait que sa fille était douée pour feindre les apparences et peut-être qu'elle aurait dû insister plus pour lui parler".
> "lorsqu'elle les rejoignit devant le magasin" (temps)
> Il n'y a pas de mal, répondit la jeune fille en se saisissant de la main de Persea
> "... et secoua doucement la main de Persea qu'elle tenait toujours dans la sienne"
Et une petite question, ça vient d'un alphabet particulier les petites virgules que tu mets sous certaines lettres ? Je suis curieuse :)
Je suis content.e que ça t'ait plu et que tu apprécies Persea. Pour les virgules sous certaines lettres, cela vient du roumain. :)
Encore merci, passe une très belle journée !