La boutique était plutôt calme à cette heure de la journée. Les clients se faisaient rares au lever du jour et Alma mourait d’envie de se rendormir derrière la caisse.
Cela faisait maintenant presque un an qu’elle travaillait dans cette petite boutique d’herbes médicinales en parallèle de ses cours et elle en était très satisfaite. La patronne, Camilla était une petite dame adorable et généreuse qui avait bien aidé Alma quand celle-ci avait cessé de recevoir la rente de ses parents adoptifs après leur décès dans un accident de voiture. Pour payer ses frais de scolarité et son loyer elle avait donc dû trouver un travail et Camilla lui a gentiment accordé sa bienveillance.
Sa patronne sortie de l’arrière-boutique les bras chargés de produits médicaux, elle semblait avoir mal au dos alors Alma lui apporta son aide.
—Merci c’est gentil mon enfant. Je commence à me faire vielle pour porter des choses aussi lourdes.
—Alors laisse les moi je m’en chargerai. Tiens assied toi la, dit-elle en laissant sa place à la caisse.
—Ce n’est pas beau de vieillir.
Camilla avait certes quelques cheveux blancs mais n’était pas si vieille que ça. Seulement Alma pensa que travailler toute sa vie avec un métier pas forcément bon pour le corps, rendait faible plus rapidement.
—Je veux bien te croire mais pourquoi tu n’utilises pas la magie ?
—A mon époque l’Académie était bien différente et surtout très sélective. Seuls ceux qui avait beaucoup de mageia pouvaient y entrer alors je n’ai pas pu apprendre comment me servir de mon énergie magique.
—Et tu ne connais aucun sort basique ?
Camilla esquissa un sourire.
—Si bien sûr que si mais je ne les utilise plus ils m’épuisent bien trop vite.
Pour la première fois Alma pensa qu’elle était heureuse d’être née à cette époque. Les anciennes générations ont souffert d’inégalités par rapport aux taux de mageia présent dans chaque corps alors que c’est ce qui avait unifié ce royaume il y a bien longtemps.
—Tu travailles dans cette boutique depuis combien de temps ? demanda-t-elle.
—Depuis bien trop longtemps. Pourtant j’aime cette boutique, elle appartenait à mes parents et avant eux mes grands-parents. Mais quand je partirai elle s’éteindra avec moi. Ma fille ne veut pas la récupérer. Elle travaille au château et elle s’y plaît. Je ne vais pas la forcer à travailler ici si ce n’est pas ce qu’elle veut.
Le regard de Camilla s’était perdu dans le vague pensant surement à tous les souvenirs que renferment cette petite ancienne boutique remplie d’étagères avec des fioles et des bocaux de toutes formes et couleurs. Tellement d’odeurs régnaient dans l’habitacle : celle du bois, des fleurs et des vieux livres.
Alma éprouva beaucoup d’empathie pour Cam. Ce n’était pas seulement sa patronne, elle était comme une nouvelle mère pour elle. Pendant leurs heures de travail elles partageaient beaucoup de choses et la bienveillance de Camilla envers elle la touchait beaucoup. Avoir l’avis et le soutient d’une personne plus âgée l’aidait beaucoup surtout depuis qu’elle devait se débrouiller seule.
—Tu veux bien t’occuper d’une commande pour moi s’il te plaît ?
Elle lui tendit un petit bout de papier avec le nom du client et la demande.
—Bien sûr.
L’arrière-boutique était légèrement plus grande que la boutique. Il y avait bien plus de produits sur les étagères qui remplissait les murs, des plantes, des liquides, des insectes, beaucoup de bocaux et surtout énormément de livres et grimoires.
Alma sortit un livre ainsi que les produits nécessaires à la préparation d’un antalgique.
—Cam ! Tu n’as plus de mantite je mets quoi à la place ?
—Remplace par trois feuilles de dollila et une demi-pétale de flasnea.
Elle s’exécuta. Les flasneas sentaient fort et avaient une forme singulière, comme des sortes de triangles.
Habituellement elles servaient pour les somnifères mais apparemment elles s’utilisaient aussi pour tuer la douleur.
Alma adorait ce travail. Elle en apprenait tous les jours sur les plantes et la médecine ce qui l’enchantait. La connaissance et le savoir c’était ça qu’elle aimait le plus.
Elle écrasa les pétales et une forte odeur légèrement amère s’en échappa. Elle fronça le nez comme à chaque fois.
—Dit Cam, lança-t-elle pendant qu’elle pressait les feuilles, tu connais la fleur d’Halfelin ?
Camilla émit un petit rire qu’elle entendit à peine.
—Bien sûr je connais presque toutes les plantes du royaume. Pourquoi ?
—Ma prof de chimie m’a demandé de faire des recherches dessus pour finir une potion il y a déjà quelques jours et je n’ai toujours rien fait.
Elle avait une crampe au bras gauche à force de mélanger.
—C’est une fleur assez particulière qui se trouve dans la vallée des cascades. Il faut la travailler de différentes manières en fonction de ce que tu veux obtenir.
Alma réfléchit à ce qu’elle avait lu sur le parchemin.
—Est-ce que tu en as en réserve ?
—Oui je crois.
Camilla arriva dans l’arrière-boutique et regarda dans ses bocaux pour au final en sortir un, rempli de petites fleurs bleues nuit.
—Elles sont superbes.
—En effet. Mais au fait ça ne serait pas de la triche ce que tu fais ?
Alma haussa les épaules.
—Elle n’a jamais précisé quoi que ce soit sur la manière de se la procurer donc ce n’est pas de la triche. À chacun ses méthodes.
La petite dame pouffa.
—Tu es vraiment pleine de ressources. Je suis sûre que tu seras une excellente magicienne.
—Je le suis déjà voyons, lui répondit-elle avait un clin d’œil.
—Et c’est pas la modestie qui t’étouffe en plus ! se moqua Camilla.
Avant de se rendre à l’Académie pour la première heure, Alma fit un détour par les résidences nord pour déposer la commande du client de ce matin.
Sur le chemin du retour elle croisa Hasper et Mariana main dans la main.
—Salut !
Ils sursautèrent tous les deux.
—Oh Alma par les Joyaux arrête de nous faire ce coup !
Elle explosa de rire.
—C’est sûr qu’avec l’électricité qu’il y a entre vous, vous ne sentez personne arriver.
Marianna se teinta d’un rouge qui rivalisait avec la couleur rousse de ses cheveux alors qu’Hasper s’esclaffa. Il avait les cheveux détachés ce jour-ci et avait laissé la chemise de l’uniforme ouvert dévoilant un simple tee-shirt noir.
—Elle va mieux Pénélope ? se moqua-t-il.
Alma lui répondit avec un coup de coude :
—La ferme je m’en fou de savoir comment elle va.
Lui rigola de nouveau.
—Pourquoi a-t-elle fait ça en réalité ? demanda Marianna qui ne connaissait pas la véritable raison.
—Pour se venger d’un duel qu’elle a perdu, répondit Hasper à la place d’Alma. Loréa m’a raconté la vérité. Et puis c’était sûr que ce qui traîne ne pouvait pas être la vérité, rigola-t-il. Toi avec avec un petit copain c’est déjà inimaginable alors en voler un, pffff, c’est trop drôle.
Le grand blond était parti dans un fou rire qui ne s’arrêtait pas sous le regard souriant d’Alma.
—Je ne comprends pas pourquoi les gens racontent autre chose que la vérité ça ne sert à rien, s’indigna la copine d’Hasper qui n’avait pas pris part à son fou rire.
—Ça doit stimuler leur plaisir.
—Et ça ne te fait rien ?
Alma haussa les sourcils.
—Tu crois que si ça me faisait quelque chose je serais la en train de me moquer d’eux ?
Marianna se trouva toute gênée d’avoir pu penser le contraire. Elle était assez timide et réservée : tout le contraire d’Hasper.
En réalité ce sujet laissait toujours à Alma un goût amer dans la bouche, elle ne l’avouait pas mais toutes ces rumeurs commençaient à l’irriter sérieusement.
Le chemin de l’Académie était noir de monde et il y avait dans l’air des centaines de pétales roses qui virevoltaient dû au changement de saison.
Alma en attrapa une qu’elle observa dans sa main avant de refermer son poing et d’écraser le pétale. Marianna et Hasper le remarquèrent mais aucun ne réagit, de peur de la froisser encore plus.
—Hé !
Un deuxième cri s’éleva près d’eux.
—Hé la petite aux cheveux noirs attend !
Alma regarda autour mais ne vit personne qui ressemblait à la description. Personne… à part elle.
Elle fit volte-face explorant la foule à la recherche de celui qui avait eu le culot de la traité de petite —et si c’était elle surtout.
Un garçon lui faisait un signe de la main pendant qu’il s’approchait d’elle. Il était brun et sa démarche était…désinvolte. Les mains dans les poches, il ressemblait à Hasper mais il dégageait tout autre chose. Quelque chose de sombre. Bien qu’elle ne le connût pas, Alma s’en méfia aussitôt.
—Qu’est-ce que tu me veux ?
Ignorant son ton sec il répondit sur un ton dansant :
—On m’a dit que tu es la meilleure de cette école, c’est vrai ?
—C’est pas faux, dit-elle, sans le regarder.
En réalité ce n’était pas tout à fait vrai non plus. Elle n’a combattu seulement quelques élèves, il y a surement de bons élèves qui restent dans l’ombre, n’appréciant pas les duels.
—Affronte moi.
À ses mots, elle dénia regarder celui qui avait proposé un duel. Elle vit dans ses yeux verts une lueur sournoise. Tout ceux autour d’eux s’étaient arrêtés pour écouter leur échange.
—Hmm et pourquoi je ferai cela ? Et puis qui es-tu ?
—Soan Syken, nouveau à l’Académie et je sais que tu fais souvent des duels.
Nouveau ? Alma ricana mais tiqua sur la seconde partie de sa phrase. Sa réputation la suivait partout, même chez les nouveaux.
—Tu n’a pas peur de te faire mal ?
Le comportement hautain d’Alma ne sembla en rien perturber Soan, il affichait toujours ce sourire simpliste, parfaitement maître de ses émotions.
—Je veux voir ce qu’il me reste à faire pour devenir le meilleur de cette Académie.
Tout le monde resta abasourdi par son annonce. Sauf Alma. Elle avait le sourire jusqu’aux oreilles. La compétition avait un goût si délicat pour elle.
Son regard croisa d’Hasper qui lui conseillait de refuser, surement avait-il lui aussi de la défiance vis-à-vis ce garçon. Mais jamais elle n’avait refusé un duel et ce n’étais pas près d’arriver.
Les blessures de son dernier affrontement contre Pénélope avaient eu le temps de guérir grâce aux onguents de Camilla donc elle était prête à en découdre.
—Seize heure à l’arène. On va voir ce que tu as dans le ventre.
Elle reprit la direction de l’Académie et tout le monde autour reprit vie comme si chaque personne s’étaient figées.
Hasper inspira profondément.
—Quand trouveras-tu ta limite ?
Elle lui lança un regard noir.
—Je n’en ai pas.
—Et le jour où tu te feras battre que feras-tu ?
Il vit qu’elle s’était légèrement raidit. C’était presque imperceptible.
—Je ne perdrai pas.
N’est-ce pas ?
Camilla a face à elle la solution pour donner un avenir à sa boutique, mais je pense qu'elle veut qu'Alma est un meilleur travail.
Cette énergie magique a enfin un nom, la mageia. Ce royaume a un passé sulfureux, on le sent, et les anciennes inégalités ne font que le confirmer.
Il y a de l'orage dans l'air, le nouveau cherche les ennuis, ça promet d'être intéressant. Je sens qu'il ne va pas se laisser battre, et qu'il n'est pas comme les autres élèves de l'académie.
J'ai hâte d'en savoir plus !
une magicienne talentueuse peut s'offrir un avenir radieux dans ce monde où les inégalités pleuvaient mais existe-t-il un monde ou cela n'existe pas ?
un nouveau personnage pour révéler le personnage principal hmm, j'adore !