Chapitre 3

Dans le bus qui la ramène chez elle, Lois manque de s'endormir. Elle a passé la nuit plongée dans le quatrième tome de La Passe-miroir. Elle avait prévu de lire un chapitre par jour pour prolonger le plaisir aussi longtemps que possible. Savourer chaque paragraphe, débattre avec elle-même des actions de l'héroine. Mais dès la dixième page tournée, elle n'a pas pu s'arrêter. Ophélie, c'était elle. Maladroite, timide, intello. Dans ce monde d'arches et de clans, Lois avait l'impression qu'elle pourrait, tout comme Ophélie, trouver sa place. Elle aurait des pouvoirs magiques, voyagerait de pays en pays et vivrait des aventures incroyables à base de téléportation et de télépathie. Là bas, tout était possible. On se ficherait bien qu'elle ne soit pas la plus jolie ou la plus intelligente. D'ailleurs, Ophélie avait aussi une drôle de tête et un sens de l'humour douteux. C'est sûr, elles seraient les meilleures amies du monde. Lois voulait que le roman se finisse bien. Ca ne pouvait pas mal se finir, non, l'autrice ne lui aurait pas fait ça. Elle devait en avoir le coeur net. Les 500 pages furent dévorées d'une traite.

L'excitation n'est retombée qu'une fois le livre refermé. Fini, c'était fini. Plus jamais elle ne se baladerait dans les rues d'Anima en compagnie d'Ophélie et de Thorne. Elle ne lirait plus jamais rien d'autre. Rien n'arriverait jamais à la cheville de ça. Elle s'est morfondue dans son lit avant de daigner regarder son portable : 6 heures du matin. Elle devait partir travailler dans 2 heures. Aucun intérêt de s'endormir pour si peu de sommeil. Non, mieux valait miser sur un dessin animé japonais afin de garder l'esprit alerte. Dans un premier temps, la stratégie a fonctionné. Elle est arrivée au travail surexcitée, et à midi, ses objectifs de la journée étaient déjà atteints. Mais à la pause déjeuner, lorsqu'elle s'est retrouvée devant son sandwich beurre-rosette, la fatigue l'a rattrappé par surprise. Son petit déjeuner est remonté le long de son oesophage et elle a du courir aux toilettes pour éviter de vomir sur Sophie. L'après-midi a été un supplice. Vers 15 heures, elle a tenté de faire une micro-sieste dans les toilettes, la tête posée sur la cuvette, mais les bruits de pas sur le carrelage l'a empêché de s'endormir. Finalement, elle a fait le strict minimum et 16 heures venues, a quitté le travail le plus dignement possible. Dans le bus, Lois a choisi une place près de la fenêtre, pour se caler contre la vitre. Elle ne rêve que de son lit et se demande quelle autre nuit elle aurait pu passer. Dans les séries télévisées, les filles de son âge trainent dans les bars et boivent des mojito à la chaîne. Parfois, elles s'invitent l'une chez l'autre, et commentent le physique des garçons en riant. Lois s'imagine plus mince qu'elle n'est, les cheveux relevés, le regard espiègle, le sourire large. Ainsi, peut-être serait-elle conviée à une pyjama-party chez les filles populaires du lycée. Au fil des nuits, elle apprendrait à préparer des cocktails et deviendrait la reine de la mixologie, régalant ses amies de margarita et de pina colada. Elle se voit en maitresse de cérémonie, réorientant les conversations et calmant les querelles. Oui, là-bas elle aurait sa place. 

Elle est réveillée par le dernier arrêt du bus, devant le métro des Courtilles : elle descent là. Lorsqu'elle arrive chez elle, Lois salue sa mère avant de se jeter dans son lit. Autour d'elle, les livres éparpillées et les pyjamas en pilou lui paraissent pathétiques. Elle voudrait appeler Lottie pour parler du roman, lui exposer ses sentiments et ses théories. Mais son amie a deux tomes de retard sur elle, et les vacances avec ses cousins ne lui ont pas permis d'avancer. L'été va être long. Elle rêve de nouveau de pyjama-party et de cocktails. Devant elle, des filles sont à demi allongées dans un immense lit. Elles portent des nuisettes en dentelle qui dévoilent leurs formes. Lois est en retrait, assise sur une chaise, en short de nuit, et elle les regarde, buvant une boisson sucrée à petite lampées. Parmi les jeunes filles, elle visualise Inès, qui rit plus fort que tout le monde. Inès Hachim. Quand Lois est montée chez les Allouins récupérer son chargeur, Inès a été presque sympathique. Elles ont échangé sur l'avenir et bu un café infecte dans la cuisine. Elle a paru triste quant Lois est rentré chez elle. Peut-être pourraient-elles devenir amies? Lois doit trouver une bonne raison pour l'aborder de nouveau. L'excuse du chargeur, peut-être?

Penchée au-dessus du tiroir de sa commode, elle en tire un vieux fil détricoté. Le voilà, le prétexte ! C'est maintenant ou jamais. Elle remet un coup de blush, du déodorant, puis fourre le chargeur dans un sac. Elle sort de l'appartement, descend un étage, et sonne chez les Allouins. Quand Inès apparait, Lois réalise combien sa démarche est ridicule, le chargeur miteux dans son sac, son jean qui la boudine. Inès, elle, resplendit, dans un top jaune à grosses fleurs et une jupe en simili cuir. Mais c'est trop tard, elle est là, et elle n'a pas d'autres excuses pour avoir sonné, que ce vieux truc à lui tendre. Lois regarde un point derrière Inès et dit à tout vitesse. 

"Voilà, c'est pour toi!"

Inès écarquille les yeux.

"Heu... Bonjour, déjà.

- Bonjour! répond Lois en rougissant.

- C'est quoi?

- Un chargeur, pour toi. Vu que la dernière fois tu n'en avais pas, tu pourrais laisser celui là ici. Je ne l'utilise pas de toute façon.

- Ah! Ouai, c'est sympa."

Inès prend l'objet. Lois sent des gouttes de sueur glisser le long de ses côtes. Des auréoles immondes ont du apparaitre sous ses aisselles. Elle espère au moins ne pas sentir mauvais. Dans le doute, elle recule d'un pas, puis de deux, pendant qu'Inès la fixe.

"Je t'aurais bien fait rentrer, mais c'est pas chez moi. Ça serait de l'abus que tu squattes tous les aprèms. Plus tard si tu veux.

- Genre, ce soir?"

Lois a lancé la proposition à toute vitesse, en évitant de réfléchir. Devant l'air hésitant d'Inès, elle regrette. Qu'est-ce qui lui arrive aujourd'hui? Est-ce la chaleur qui lui tape sur le tête? Elle a cru qu'Inès se sentait aussi seule qu'elle. Mais Inès n'est pas Lois, non, elles ne jouent pas dans la même cour. Lois n'ose plus rien dire, figée sur place, à mi-chemin entre la porte d'entrée et les escaliers.

"Heu... ouai, si tu veux ce soir... Je sors du babysitting à 18H. T'as qu'à passer chez moi!" finit par lâcher Inès. "Je t'enverrai l'adresse."

Lois la salue et repart dans les escaliers. Elle est en nage, le front moite et les cuisses collantes. Elle traverse l'appartement et se jète dans son lit, la tête entre les mains. Quelle idée a-t-elle eu de s'incruster ainsi chez les Allouins! Pire encore : de s'imposer chez Inès. Elle tient à peine le choc quand il s'agit de la saluer. Alors lui faire la conversation pendant plusieurs heures... Doit-elle même y aller? Inès le lui a proposé par politesse, mieux valait annuler. Elle ouvre son téléphone et commence à rédiger un message. Mais quelle excuse inventer pour se défiler? Elle ne peut pas prétendre avoir quelque chose d'autre de prévu, Inès ne la croira jamais. C'est trop tard, elle doit y aller ou elle passera pour plus idiote encore. Lois élabore son plan. Il lui faut des sujets de conversation. Sur son portable, elle liste ce à quoi elle pense.

  • Le lycée : les profs chiants, le proviseur.
  • La rentrée, le futur : qu'est ce qu'Inès a envie de faire plus tard?
  • Dernières sorties Netflix

Lois soupire. Elle ne tiendra pas 20 minutes avec ça. Qu'est-ce-qui intéresse Inès? Elle lance Facebook, tape "Inès Hachim" dans la barre de recherche et clique sur son nom. Le cliché date d'il y a deux mois. Inès y est assise dans l'herbe, en tailleur. A ses côtés, Leila et Cyrielle, les genoux ramenés sur la poitrine. Au loin, Lois reconnait le lac du parc des Chanteraines. Il fait beau et les filles sont habillées courts. Inès porte une jupe rouge moulante et une tunique trop large, qu'elle a resserée autour de sa taille à l'aide d'une ceinture. Sa jupe remonte le long de ses cuisses et Lois croit deviner sa culotte. Elle zoome, oui, on dirait bien une culotte. Lois en reste abasourdie. Peut-être qu'Inès n'a pas réalisé qu'on voyait ses sous-vêtements? Lois déroule le reste du profil : il n'y a rien. Elle réessaye plusieurs fois, mais non, rien de rien. Des joyeux anniversaires postés par des inconnus, c'est tout. Elle retourne sur la photo principale. En commentaire, un lien vers un compte instagram, celui d'Inès. 1000 abonnés. Pas de description, mais un émoji en forme de cocktail. Puis, un alignement d'images. Sur chacune d'entre elles, Inès, sous toutes les coutures. De face, en pied, accompagnée, seule. Sur la dernière en date, elle se tient devant un miroir. En arrière-plan, un porte serviette : elle est dans sa salle de bain. D'une main elle tient son téléphone pour se photographier, et de l'autre, elle touche ses cheveux. Poitrine en avant, léger sourire, regard malicieux. En description, ces mots : "Avicii - Wake me up". Lois copie colle le texte sur Google. Mélodie électronique et voix angélique retentissent dans la chambre. Ainsi, Inès aime la musique et se prendre en photo. A part ça, le profil est vide. Pas de mention de livres, de films, de voyages. Juste sa beauté, en plein écran, et des centaines de mentions "j'aime" sous chaque cliché. Mais qu'est-ce-qu'elles allaient bien trouver à ce dire?

***

 Assises sur le canapé du salon, Lois et Inès regardent un vieil épisode de Skam. Dix minutes plus tôt, Lois a tenté de lancer le sujet de discussion Netflix. Inès a alors voulu lui montrer un épisode de sa série préférée. Etait-ce pour couper court à la discussion ? Lois dissèque les hypothèses, tandis que sa camarade est plongée dans son épisode, silencieuse. Devant elles, de jeunes garçons montent des plans afin de séduire une camarade de classe.

"La chanceuse!" commente Inès "Je te jure Alexandre, il me pécho  quand il me veut!

- Ouai, grave!"

Lois a répondu au hasard. Elle ne sait même pas lequel est Alexandre. Inès, étonnée, lève un sourcil.

"Tiens, Lois Garcia s'intéresse aux garçons maintenant!"

Lois ne peut empêcher le rouge de lui monter aux joues. Elle n'a jamais eu de petit ami. Au lycée, elle et Lottie se contentaient de se désigner des amoureux éventuels. Pour faire leur choix, elles se basaient sur le physique ou le potentiel sympathie des garçons. Ces deux critères se combinaient ou se compensaient en fonction des cas. Guillaume était trop maigre, mais son sourire gentil lui permettait d'être un amoureux de choix pour Lois. Abdoulaye martyrisait les enfants dans la cour de récré, mais ses talents au jujitsu lui permettait de prendre la première place du classement de Charlotte. Il ne leur serait pas venu à l'esprit de parler à ces garçons, leur proposer de boire un verre ou d'aller au cinéma. Un jour, une camarade de classe avait surpris une conversation entre les deux amies et s'était empressée de raconter à l'intéressé le béguin de Lois. Le drame! Cette dernière avait passé des journées au lit, à prétexter une gastro-entérite, pour éviter de le croiser dans les couloirs. Elle était dévastée, non pas parce qu'il aurait pu la rejeter, mais parce que l'idée de concrétiser un tel amour était terrible. Il nourrissait ses dicussions avec Lottie, lui permettait de construire des scénarios incroyables, où elle était une fille populaire et désirée. Mais quand elle imaginait la main de Guillaume dans la sienne, elle en avait presque la nausée. 

Le bruit d'une clé qui tourne dans la serrure de la porte d'entrée sort Lois de ses réflexions. Elle époussète son t-shirt et remet sa chevelure en place.

"Ne t'inquiète pas" rigole Inès. "Ca n'est que ma soeur. Fati, je suis dans le salon!"

"Fati" entre dans le salon et s'adosse au mur. Tailleur bleu marine, chemise blanche et mocassins. Elle jette un coup d'oeil à la télévision et esquisse un sourire.

"Une soirée de folie à ce que je vois!

- Parce que la tienne était mieux?" répond Inès.

Fatima s'approche et s'assoit à côté de Lois. Elle sent les épices. Lois doit cogiter pour identifier l'odeur exact. Les biscuits de Noël. Le vin chaud. La cannelle. En plein été, la fragrance est étouffante. Lois passe son avant-bras sur son front pour éponger la transpiration.

"Et elle, c'est... ?"

Lois se retourne vers Fatima. Elle a le même nez long et arrondi qu'Inès, les mêmes boucles sauvages, les mêmes yeux noirs profonds. Ses oreilles pointent à travers la masse de sa chevelure, qu'elle porte courte. Malgré sa tenue, elle est moins apprêtée qu'Inès. Pas maquillée, à peine coiffée. Elle détaille Lois du regard, sans gêne. 

"Une copine" répond Inès.

Lois se sent rougir. Une copine. Fatima hoche les épaules, enlève ses mocassins et allonge ses jambes sur le canapé. Ses pieds nus effleurent Lois. Elle essaye de se concentrer sur la série, mais sans cesse, elle revient à ça, le contact du gros orteil à travers son jean, presque imperceptible. Elle compte le nombre de fois qu'il la touche, une, deux, trois, en rythme. Puis, la pression devient constante, appuyée. Lois se tourne vers Fatima. Elle a sorti de quelque part un énorme roman. "Belle du seigneur". Sur la couverture, le buste d'une femme mate, les cheveux bruns, nue. Ses traits sont masqués par la pénombre, mais elle doit être jolie.  Le roman a été écrit par un homme, Albert Cohen. C'est peut-être une histoire d'amour. En tout cas, ce n'est pas du fantastique, même si l'ouvrage est aussi gros qu'un premier tome de saga. D'après le nombre de pages tournées, Fatima en a lu la moitié. 

Dans sa poche, le portable de Lois vibre. Un SMS de sa mère lui demande où elle est. Elle soupire.

"Y a un problème? interroge Inès.

- Non, mais va falloir que je rentre!

Inès appuie sur pause et se lève.

"A la prochaine alors!" lui lance Fatima, en la regardant par-dessus son livre. 

Lois hoche la tête et rejoint Inès dans l'entrée. Là, elles se saluent rapidement, et Lois sort, sans regarder derrière elle. Sur le chemin qui la ramène à la maison, elle marche lentement en déroulant le fil de la soirée. Elle est incapable de savoir si elle a été un sujet de moquerie, un passe-temps ou une nouvelle amie pour les soeurs. Quand elles se sont retrouvées toutes les deux après le départ de Lois, ont-elles poursuivi la journée en l'humiliant, moquant ses réponses maladroites et son physique imparfait? Apporter ce chargeur à Inès était une folie. Lois a réussi à traverser les années lycée incognito, sans se faire remarquer. Pourquoi donc commencer à prendre des risques ? Pourtant, elle rêve déjà de leur prochaine rencontre. Elle a été chez Inès, la fille la plus populaire du lycée! Elles se sont assises sur son canapé et ont commenté le physique des garçons, comme deux copines à la sortie des cours. Et elle a même rencontré sa soeur. En pensant à Fatima, elle a l'impression de sentir l'odeur de la cannelle. Subitement, elle meurt de chaud, a envie d'enlever son pull à toute vitesse. Arrivée chez elle, elle fait couler un bain tiède et plonge dedans. La mousse recouvre la surface et l'empêche de voir sa silhouette. Petit à petit, sa peau devient flasque, molle. Le bout de ses doigts se fripe. Elle se détend. Rêve qu'une main parcourt son corps. Elle met la tête sous l'eau pour ne plus rien entendre. Quand elle émerge, elle a une envie folle de parler à Lottie. Tout lui raconter, en rire avec elle. Elle saisit son téléphone. A peine Charlotte lui répond, qu'elle sourit. Elle lui a tant manqué. Lois lui raconte sa soirée. Son amie n'en croit pas ses oreilles.

"Nan mais notre Inès? Inès Hachim? La meuf la plus hautaine de tout le lycée?

- Arrête, t'exagères! Elle est plutôt sympa en vrai. Souriante, simple.

- Tu rigoles! A part de la couleur de son rouge à lèvres, vous avez parlé de quoi? C'est la reine des abeilles cette fille. Elle a juste à faire bzzzz, bzzz... Et tous les mecs rappliquent !

- Au contraire, je trouve qu'elle se prend pas au sérieux.

- Je demande à voir! Si on m'avait dit qu'à mon retour tu serais devenue la bestah d'Inès Hachim... Belle performance, bravo!

- Bestah, tu t'avances! C'était un one-shot cette histoire. 

- Tu vas pas lui proposer de vous revoir?

- Tu délires? Je me suis humiliée une fois, pas deux."

Plus tard, alors que Lois peine à s'endormir, elle décide de ne pas contacter Inès. C'était une journée improbable, insolite, mais unique. Désormais, l'été reprendrait son cours prévisible, jusqu'à la rentrée.

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Cocochoup
Posté le 08/11/2020
J'ai adoré ce chapitre où Lois se dévoile un peu plus.
Je me sens très proche de ce personnage, de sa maladresse, de sa manière de se poser mille questions dans des situations qui devraient s'écouler naturellement. J'espère vraiment qu'Ines se montrera sympa !
cecile_sotto
Posté le 08/11/2020
Lois est aussi le personnage dont je me sens le plus proche! Mais j'essaye vraiment de faire en sorte que le personnage d'Inès ne soit pas en reste, j'aimerai qu'elle soit aussi attachante que Lois, même si on a forcément ses préférences :p
Soah
Posté le 14/10/2020
Je suis vraiment curieuse de savoir comment les deux personnages principales vont devenir amies. J'aime également beaucoup le parallélisme des points de vue, en lisant les passages avec Lois, je me suis dit qu'Ines aurait probablement une opinion radicalement différente sur la question.
Je me demande bien de quelle manière elles vont occupé leur été n_n
cecile_sotto
Posté le 07/11/2020
haha Ne t'inquiètes pas, j'ai prévu plein de péripéties :p
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