J'ai mal dormi, très mal. En fouillant ma nouvelle chambre, qui est presque vide, je pensais au moins trouver un lit, mais la seule couchette disponible était un tapis qui sentait moisi. Je n'ai pas dormi dessus, je préfère éviter d'attraper des maladies étranges. J'ai aussi trouvé une bassine et un robinet cachés dans un placard au fond de la pièce, qui est construite en long. J'étais contente pendant quelques secondes, quand j'ai trouvé une fenêtre, mais malheureusement elle est grillagée. Mais le plus bizarre dans tout ça c'est le fait que j'ai trouvé une cage assez grande pour contenir un humain faisant ma taille.
Mon ventre gargouille mais j'essaie de ne pas faire attention à ses protestations. Vesper n'est toujours pas venu, m'aurait-il oubliée ? Je ne sais pas quelle heure il est, je ne peux pas voir le ciel depuis ma fenêtre. Pour passer le temps, je m'entraîne donc avec ma petite dague.
Puis d'un coup, Vesper claque la porte de ma chambre et esquive le coup qui manque de le décapiter.
– Oh, pardon, Vesper ! je m'écris, m'empressant de ranger ma dague dans ma sacoche.
La première chose que je vois est le capuchon qui recouvre les cheveux de jais de Vesper.
– Si tu es prête, tu peux me suivre, dit-il sans même un bonjour.
Il était plus nonchalant au marché noir, hier.
– Tu vas pouvoir faire la connaissance de mes amis qui, comme tu travailles pour moi dorénavant, sont tes collègues.
"Tu travaille pour moi dorénavant" ? Ce mec ne manque pas de culot, à ce que je vois. J'ai accepté de bosser pour lui pour un temps, c'est tout, mais je ne vais pas rester ici bien longtemps, si c'est ce qu'il croit.
Je suis mon guide dans la pièce, qui est à peine plus lumineuse qu'il y a quelques heures, mais assez pour que je puisse voir et comprendre que cette mezzanine est un point d'accès entre plusieurs chambres sûrement identique à la mienne. Sans doute celles de mes "nouveaux collègues de travail".
Nous descendons pour arriver dans la pièce avec l'escalier, puis nous prenons la porte à gauche, celle à droite quand on arrive d'en face. Dès que nous entrons, un homme vêtu d'une cape vient à notre rencontre.
– J'ai ce que tu cherchais, Ves'.
– Parfait. Merci, Orion.
Tant qu'ils discutent, je penche la tête pour apercevoir le décor derrière le dénommé Orion. Ce que je vois me laisse interdite. La pièce est tout en longueur, si bien qu'elle semble ne jamais se finir. Des rangées de cages décorent les murs et elles sont remplies de… de créatures que je n'ai pas du tout envie d'approcher de plus près. Malheureusement, je crois bien que l'objet de ma nouvelle mission se trouve parmi ces choses qui dégagent une aura plus qu’inquiétante.
Vesper, pour la énième fois, me fait signe de le suivre. Des milliers d'yeux sont posés sur nous, je les sens. Sans doute nous auraient-ils déjà dévorés tout crus si les barreaux de leur cage ne les retenaient pas.
Orion ne cesse de me jeter des regards en biais, intrigué, mais il n'ose pas me parler. J'essaie d'entrer en contact visuel avec lui, mais il semble vouloir l'éviter.
– Tu t'appelles Orion, c'est bien ça ? Moi c'est Nausicaa, enchantée de te connaître.
Je lui tends la main, mais il ne la sert pas et se contente de hocher la tête.
– Moi de même, répond-il simplement.
– Désolé, Nausicaa. Orion n'est jamais très bavard, rigole Vesper devant nous.
Le principal intéressé le foudroie du regard. Moi, je ne rigole pas du tout. J'ai l'impression que je vais faire un malaise si je reste ici plus longtemps.
Vesper s'arrête devant une porte marquée Créatures spéciales. J'ai l'impression qu'on a marché de longues minutes, et pourtant je crois bien que nous n'avons parcouru qu'une centaine de mètres. Vesper ouvre la porte et la soudaine lumière m'aveugle. Il me faut plusieurs dizaines de secondes avant de m'y habituer.
Nous sommes dans une sorte de laboratoire. Les murs sont couverts d'étagères, elles-mêmes couvertes de flacon, de carton et d'autres trucs dans le genre. Sur chaque côté de la pièce, des tables blanches ont été poussées pour laisser de l'espace, au milieu, à une cage presque identique à celle de ma chambre. Dans cette cage, il y a une silhouette allongée, mais je ne parviens pas à l'identifier. Sur le sol blanc, des taches de sang frais n'ont pas été nettoyées. Une odeur de mort flotte dans l'air, mais la créature dans la cage est encore en vie, elle respire.
Vesper se tourne vers moi, désigne la cage et la créature à l'intérieur.
– Voici l'objet de ta mission. Je te présente Vanille. C'est… ton "colis", en quelque sorte. Tu devras t'occuper de la vendre.
Cette créature a un nom ? Pétrifiée, je commence à douter de cette mission. Pourquoi suis-je venue ici, déjà ? Ah oui. Mes dettes.
Orion semble également avoir peur de cette créature, il se tient à l'écart de la cage depuis tout à l'heure. Vesper s'accroupit devant mon… "colis" et lui murmure quelques mots inaudibles. La créature bouge, puis s'assied. C'est une humaine.
Me voici de retour dans ma chambre avec… elle. Je n'arrive pas à croire que le colis dont je dois m'occuper est un humain, comme moi, comme Vesper ! Comment est-ce possible de considérer un humain comme une marchandise ? Elle s'appelle Vanille. D'après Vesper, elle a environ 8 ans, soit la moitié de mon âge. Je n'ai pas essayé de lui parler, elle est terrifiée.
Je m'allonge sur le sol, la tête posée sur ma sacoche, tentant vainement de fermer les yeux.
– Dis…, murmure une petite voix.
Je me retourne et jette un coup d'œil à la petite fille dans la cage. Elle est enveloppée dans une petite couverture, elle tremble.
– Toi, tu es gentille, hein ? Parce que… le garçon aux cheveux noirs et celui aux grandes dents, ils me font peur…
Je devine que le garçon aux cheveux noirs est Vesper, mais celui aux grandes dents m'est inconnu. Je ne sais que répondre à ça, elle est tellement petite, sans défense.
Vanille approche sa main des barreaux, hésitante. Je comprends qu'elle veuille me parler, mais je ne sais pas ce qu'elle va devenir, donc je ne préfère pas m'attacher à elle.
– Tu me trouves bizarre ? demande-t-elle.
Je ne sais pas.
Elle retire la couverture de sa tête, dévoilant de longs cheveux blancs lui tombant dans le dos. Elle est extrêmement pâle et les iris de ses yeux sont blanc laiteux, on croirait presque qu'elle est aveugle. Sur ses épaules, je remarque également des plumes immaculées. Je me lève et je vais m'accroupir devant la cage de la petite fille.
– Vanille, dis-moi…
Elle me lance un regard humide.
– D'où viennent ces plumes ? Tu serais une humanoïde ?
Je ne m'y connais pas beaucoup en humanoïde, mais je sais que, à cause des gènes de créature surnaturelle qu'ils possèdent, ils peuvent avoir des caractéristiques particulières.
– Mes plumes… je les ai depuis toujours…
– Et… tes parents ?
Son visage se voile de tristesse à ces mots.
– Je ne sais pas. Ce sont les hommes en blanc qui qui m'ont élevée.
Ce n'est pas la peine de poser plus de questions. Je la laisse venir toucher ma main à travers les barreaux.
– Désolée, je murmure.
– Désolée pour quoi ? demande la petite fille.
Je ne pensais pas qu'elle m'entendrait. Je me lève brusquement.
– Pour rien, dis-je, sûrement un peu trop durement.
Vesper m'a expliqué ce que je devais faire, et contrairement à ce que je pensais je ne dois pas vendre Vanille ou quoi que ce soit dans le genre. Je vais devoir toutes, les 12h, prélever un peu de son sang et l'apporter à la scientifique spécialiste en créatures surnaturelles, une femme nommée Cassandre en qui Vesper semble avoir pleine confiance. Je ne sais pas jusqu'à quand cela durera. Vesper m'a dit que mon travail ne commencerait que dans un ou deux jours, le temps que je fasse connaissance de Vanille, de mes collègues de travail et de mon nouvel environnement.
D'après ce que j'ai compris, mon nouvel employeur travaille dans la vente et le trafic d'humanoïdes et de créatures surnaturelles. Les humanoïdes sont des humains, certes mais pas tout à fait. Ils sont qualifiés d'humanoïdes quand au moins 10 % de leur corps et de leur ADN est composé de créatures surnaturelles, comme les goules ou les vampires par exemple. À partir de 50 % l'humanoïde est considéré comme une créature surnaturelle, ou CS en abrégé. Il est "banni" de la société, même si le mot "exclu" serait plus juste. J’aimerai bien en apprendre plus sur les créatures et les humanoïdes, mais pour le moment, j’ai d’autres priorités.
Sans demander son avis à Vanille, je quitte la chambre, la laissant seule dans l'obscurité. J'ai décidé de rendre visite à Cassandre pour en apprendre plus à propos de la petite fille et de ma mission vis-à-vis d'elle. Seul petit problème : je ne sais pas du tout où est le laboratoire de la scientifique.
Je suis dans la mezzanine avec toutes les portes qui mènent aux chambres de mes collègues. Prise d'une soudaine illumination, je fais le tour des écriteaux sur les portes, dans l'espoir d'y trouver inscrit "Vesper" ou "Orion", mais je ne trouve ni l'un ni l'autre. Le nom de Cassandre n'y est pas non plus. Bon, j'imagine que c'est parti pour la chercher.
Je compte 12 portes, en dehors de celle de ma chambre qui sont marquées d'un nom, et 5 qui sont marquées d'un lieu, comme cette porte grise menant à la cantine. Je regarde chaque pièce qui n'est pas une chambre.
La première, une porte blanche indique les douches. La deuxième, de la même couleur indique la bibliothèque et les archives. La 3e désigne la salle de socialisation. Je me demande ce que ça peut être. La 4e, une porte en métal, mène vers le toit mais elle est fermée à clé. Enfin, la 5e, la grise, indique la cantine.
À cette vue, mon ventre gargouille violemment, comme pour me prouver qu'il meurt de faim, mais je n'ai pas besoin de lui pour savoir que j'ai besoin de me nourrir.
J’entre dans la pièce. Au centre, de nombreuses tables ont été disposées, entourées de bancs tenant à peine sur leurs pieds. Sur les murs, il y a de nombreux placards. Et tout en fond de la salle, il y a un self-service. Je me rends, mais il n’y a personne. Je décide donc de ressortir
Ne sachant où aller pour chercher le laboratoire de Cassandre, je descends l’escalier de marbre. Ce matin, Vesper m'a emmené à gauche pour voir Vanille, essayons donc à droite. Je lis le panneau en métal doré de la porte, gravé Bureau de Vesper. Étonnée qu'il ait un bureau pour lui tout seul, je toque.
– Entrez.
Je tourne la poignée d’argent. Tiens, Vesper aurait-il peur des loups-garous ? L’argent est nocif pour eux, je crois bien.
Le bureau est sûrement la pièce la plus décorée de tout l’entrepôt. Tout le mur derrière le secrétaire de bois noir laqué est couvert d’armes en tous genres, affichées dans des grands cadres dorés.
Vesper est accoudé à son bureau.
– Parfait, te voilà, Nausicaa, sourit-il en me voyant. Je voulais justement te parler de quelque chose.
J'aime beaucoup ton chapitre et celui-ci est très fournit en détail ! L'histoire d'est humanoïdes est super intéressante mais je t'avoue que je n'ai pas tout compris. Je suppose qu'on aura plus d'information avec Cassandre haha, mais, je pense quand même que ton petit paragraphe mériterait d'être un peu plus clair, voir moins fournit en infos s'il le faut pour garder cette idée que ton héroine n'y connais pas trop.
Je croyais qu'elle devait vendre Vanille ? J'ai du rater un épisode...
J'ai hâte de découvrir la suite et je vais essayer de laisser un commentaire à chaque fois si ça te tente ?
Après, je ne suis pas expert donc ne prends pas tout au pied de la lettre, c'est juste mon avis sur la situation !!
Sur ce, bisous bisous
Je suis contente que ça te plaise toujours, et j'ai prévu une grosse correction niveau intrigue prochainement, car l'histoire en a bien besoin, donc tes conseils me seront très utiles !
À bientôt :)
Un troisième chapitre rondement mené ; ton personnage principal évolue maintenant dans un contexte bien défini, même si la tâche qu'il doit accomplir reste encore un peu mystérieuse. J'apprécie toujours autant le ton du récit qui nous plonge directement dans le quotidien (assez particulier ;-) de ton héroïne. J'ai relevé quelques bricoles :
- "Tant qu'ils discutent, je pense la tête pour apercevoir le décor derrière le dénommé Orion." : "...je penche la tête..." ;
- "Le principal intéressé le lance des éclairs par les yeux" : je trouve la formule un peu maladroite ; pourquoi pas "le foudroie du regard"... ;
- "D'après Vesper, elle a environ 8 ans, soit la moitié moins de mon âge." : "...soit la moitié de mon âge." suffit, à mon avis ;
- "Je deviens que le garçon aux cheveux noirs est Vesper, mais celui aux grandes dents m'est inconnu" : "Je devine..." ;
- "Ce n'est pas la peine de poser plus de questions je laisse venir toucher ma main à travers les barreaux." : "Ce n'est pas la peine de poser plus de questions. Je la laisse venir toucher ma main à travers les barreaux" .
Je sens que je m'attache déjà à Nausicaa !
A bientôt de te lire
Merci pour ces remarques.
Contente que l'histoire et les personnages continuent de te plaire, et à bientôt !
— “Le principal intéressé le lance des éclairs par les yeux. Moi, je ne rigole pas du tout. J'ai l'impression que je vais faire un malaise si je reste ici plus longtemps.”
Le principal intéressé “lui” lance des éclairs par les yeux.
— “Vesper s'arrête devant une porte marquée Créatures spéciales. J'ai l'impression qu'on a marché pendant une heure, et pourtant je crois bien que nous n'avons parcouru qu'une centaine de mètres.
Au vu de l’écriture, on dirait pas du tout que ça fait une heure, peut-être 10mins tout au plus. Soit tu étends les descriptions, soit tu précises que Nausicaa sent que ça commence à faire long. Sinon, juste “après une centaine de mètre qui me parurent une heure…” marche aussi.
— “Orion semble également avoir peur de cette créature, il se tient à l'écart de la cage depuis tout à l'heure. Vesper s'accroupit devant mon… "colis" et lui murmure quelques mots inaudibles. La créature bouge, puis s'assied. C'est… une humaine.”
Yey incroyable ce paragraphe. A la rigueur tu peux même enlever les “C’est… une humaine” pour “C’est une humaine”. La chute n’en serait que plus brutale car je la trouve vraiment brutale et faut jouer là-dessus.
— “Je deviens que le garçon aux cheveux noirs est Vesper, mais celui aux grandes dents m'est inconnu.”
Petite coquille sur le ‘deviens” qui doit être “devine”
— “Je ne m'y connais pas beaucoup en humanoïde, mais je sais que, à cause des gènes de créature surnaturelle qu'ils possèdent, ils peuvent avoir des caractéristiques… particulières”
Les “...” sont pas obligés avant le “particulières”. On parle d’un truc surnaturel, mais pas transcendant pour les habitants de ce monde, semble-t-il, et surtout, très facile à comprendre en quelque sorte. De mon avis, faire “caractéristiques… particulières” ça accentue un mystère, or, la, elle décrit juste un fait.
— Les humanoïdes sont des humains, certes même pas tout à fait.
Coquille 2, “même” → “mais”
— Il est "banni" de la société, même si le mot "exclu" serait plus juste. Enfin, tout cela ne me concerne pas vraiment.”
Ça la concerne pas, mais elle a commencé à en parler donc revenir sur ses pensées en disant “ouais ça me concerne pas flemme de toute façon” c’est bizarre. En fait, ta dernière phrase sonne comme si c’était pas intéressant comme sujet à ses yeux, or quand même un peu j’ose imaginer. Cela dit tu peux mettre “heureusement, ça ne me concerne pas vraiment” ou la la signification change un peu en gardant l’idée de, “de toute façon, je subis pas ça” ; sans juste abandonner le sujet comme ça.
Plutôt cool le chapitre puisqu'on a globalement un contexte de lieu à présent. On a le personnage, Nausicaa, le lieu, ne reste plus que l'élément déclencheur et j'avoue que pour l'instant, j'ai du mal à anticiper ce qui va se produire, ce qui est en soit une bonne chose. Toujours cool de voir que Vesper reste pas un mec gentil ; probablement tout l'inverse qui sait, mais en tout cas, tout ça évolue très bien pour l'instant~
Comme d'habitude, je prend note, et tout et tout ;)
J'espère que tu seras aussi présent sur la suite !!!
À bientôt~