Et elle l’avait été : assis dans l’ombre, Oliver avait assisté à tout le spectacle, mais il n’avait d’yeux que pour Lily. Lorsqu’elle était apparue avec son père, pour accueillir le public, elle brillait de mille feux. Son sourire éblouissant, sa grâce et sa prestance s’étaient gravés plus profondément dans son cœur.
Entre deux annonces, elle fut présente partout, esprit de douceur, d’encouragement et de détermination. Elle fit répéter Dame Vauvert une dernière fois ; elle rassura Iphaïs, le magicien, qui tremblait de trac pour sa première représentation ; elle aida les alfrés à s’échauffer ; elle rangea les costumes et les accessoires, déposés hâtivement dans les loges, lors d’un changement de numéro…
Les minutes s’égrenèrent ; les prestations s’enchainèrent, puis ce fut le clou de la soirée : le ballet aérien. Lily l’annonça, puis s’éclipsa dans l’obscurité, alors que les danseurs ailés s’élançaient. Au milieu des exclamations de joie et de surprise du public, elle se glissa auprès d’Oliver, installé dans un angle des tribunes.
Elle n’en perdit pas une miette, emportée par le spectacle. Son ami vit ses pieds qui tapaient en rythme avec la musique, ses mains qui mimaient les gestes, son corps tout entier qui bougeait en accord avec les mouvements des artistes. Lorsque les danseurs aériens se rejoignirent en une dernière volte au centre de la piste et se posèrent avec grâce, Oliver imagina son amie au milieu d’eux, rouge et or parmi les bleus et verts des alfrés. C’est là sa place.
Le ballet se termina. Lily se leva et fit une pause de quelques secondes, un instant éphémère où il aperçut un éclair de regret sur son visage. L’émotion disparut aussi vite qu’elle était arrivée, emportée par la volonté de Lily. Elle offrit un clin d’œil et un sourire à Oliver, puis bondit pour retrouver la troupe pour le salut final.
J'aime la façon dont tu fais ressentir à la fois la volonté de fer de Lily et ses regrets de ne pas pouvoir voler, tout en douceur et en sous-entendu.