Chapitre 3

Par Ava
Notes de l’auteur : Bonne lecture :)

La journée d’Esen se finit par la réception d’un courrier du Cardinal l’informant qu’elle était convoquée à la dernière heure du matin le lendemain. Elle lui avait fait envoyer au lever du jour une missive pour le rencontrer et lui expliquer comment elle comptait faire tomber l’entièreté du réseau des Monarques.

Cela faisait maintenant trois jours qu’Esen travaillait sur les infos que son prisonnier lui avait données. Elle se réjouissait d’avance à l’idée qu’elle pourrait bientôt trouver l’endroit où l’Ordre des Monarques avait élu domicile depuis maintenant près de six ans. Elle décida exceptionnellement de rentrer dormir à l’auberge. Elle avait minutieusement préparé un plan digne d’elle-même et ne voyait aucun détail à ajouter. Elle n’avait qu’à réfléchir à la meilleure présentation qu’elle pouvait en faire pour qu’il soit accepté. En partant elle aperçue Ansa du coin de l’œil en train d’éplucher des dossiers. Son amie avait toujours été contre l’ablation des ailes de Monarque pour asseoir la puissance du régime. Elle pensait que leurs ailes étaient reliées à leur âme. Très pieuse depuis la naissance elle avait pour idée que retirer l’âme d’une personne s’était se couper la sienne en même temps. Esen n’en avait que faire de sa propre âme. Elle avait le sentiment que celle-ci lui avait été retiré dix ans auparavant. Malgré tout, son amie refusait de lui parler depuis cette soirée. Au diable ce qu’elle pouvait penser, au moins elle progressait dans son enquête et c’était tout ce qui lui importait. Chasser les Monarques était la seule chose importante.

Elle sortit dans le froid de l’hiver pour rejoindre l’auberge. Le lendemain matin pourrait bien tout changé.

 

*

 

Esen avait revêtu sa tenue officielle et s’était coiffée de sorte à ne pas laisser un cheveu dépasser. Les rencontres avec le cardinal était rare et celui ne souffrait d’aucun manque de discipline. Esen était passée par la brigade pour récupérer le dossier qu’elle avait concocté et marchait à présent en direction du palais collégiale : le palais du régime. Ses hautes tours se voyaient depuis n’importe quel endroit de la cité et s’imposait comme la seule vérité. Sur un rythme régulier, des étendards au couleur du régime étaient accrochés sur l’ensemble des tours. Depuis la base du palais il semblait que la structure grattait le ciel pour rejoindre le Royaume d’en haut.

Esen franchit la grande porte et un garde se rapprocha d’elle pour savoir ce qu’elle faisait là. Elle montra son insigne puis la lettre signée par le cardinal. Celui-ci lui montra les escaliers au centre du hall et lui dit de suivre les indications pour rejoindre la salle des Réclamations. Elle prit un instant pour admirer l’architecture du palais. Elle avait eu le privilège de visiter la demeure du Régime lorsqu’elle avait reçu son insigne de lieutenant des Passereaux. Depuis le hall on pouvait admirer l’énorme coupole qui octroyait un puit de lumière. A la gauche d’Esen des tas de domestiques s’affairaient. Ils portaient des légumes et autres ingrédients essentiels pour le met du déjeuner. Elle savait que les cuisines étaient non loin. Elles savaient aussi qu’il était rare de voir des domestiques se balader dans le palais à la vue et au su de tous. Ils avaient normalement des couloirs réservés à leurs travaux. Elle se tourna vers le garde :

 

-Pourquoi les domestiques naviguent-ils ainsi dans le hall ? l’interrogea-t-elle.

 

-Une partie des couloirs domestiques est en reconstruction depuis deux semaines. Y sont impraticables.

 

-Pourquoi sont-ils en travaux ?

 

-ça, ma p’tite dame, il faudrait le demander à l’architecte en chef, pas à moi. J’m’occupe seulement d’la porte m’dame.

 

-Lieutenant, le reprit-elle, je suis votre lieutenant et non votre p’tite dame.

 

Elle tentait de contenir l’agacement qui avait pris séjour en elle. Elle détestait cette idée selon laquelle sa nature de femme semblait plus importante que son grade pour certains hommes du régime. Elle tourna la tête et n’écouta pas les excuses maladroites du garde.

Pendant qu’elle montait l’escalier Esen regardait les gravures faites dans les murs. Celles-ci racontaient comment le Cardinal avait renversé les Monarques. On le voyait face à quelques hommes ailés seul, puis rassemblant des troupes de pyrales -que l’on nommerait bientôt les passereaux-, mettre en place un recrutement pour une armée puis vaincre les Monarques dans leur propre palais. Le palais qu’Esen foulait à ce moment-même. De ce point de vue on aurait pu penser que la guerre n’avait duré qu’un petit mois tout au plus et non trois longues années pendant lesquelles les civils souffrirent de famine tout en perdant des membres de leur propre famille. Cette partie-là était cachée par le Régime, à raison selon Esen. Tout le monde ne pouvait accepter que la paix s’accompagne souvent de victime collatérale. Sans cette guerre les Monarques exécuteraient toujours un pouvoir malsain sur les Sans pouvoirs – le nom que les Monarques donnaient aux pyrales.

En face de l’escalier était dressée la statue du Dieu Unique. Le Dieu qui avait envoyé un message au Cardinale une quinzaine d’année auparavant pour lui montrer la Voie à suivre pour le Régime. Le Dieu Unique n’avait pas de prénom ; ni de visage ; personne ne l’avait jamais vu et il semblait que seul le Cardinal ait entendu sa voix. Cependant les écrits précisaient qu’Il vivait dans la cité d’En Haut, cité par laquelle toutes les âmes passaient avant de trouver une nouvelle vie sur terre. Cette statue avait été sculptée à partir des anciennes statues qu’il y avait à cette place. Celles-ci représentaient les multiples dieux auxquels les Monarques croyaient dur comme fer. Voilà une raison de plus pour les éliminer : ils propageaient de fausses croyances sûrement dans le but de réserver l’après à une poignée d’érudit dont ils pensaient faire partis.

Aujourd’hui, on croyait en l’Unité, une religion basée sur un dieu Unique à laquelle tous les pyrales adhéraient. On apprenait très jeune les principes de cette croyance et les hauts métiers nécessitaient de posséder la Remarque pour y accéder. Il s’agissait d’un certificat de bonne croyance, une haute distinction que seul le cardinal pouvait distribuer. Esen se rappelait encore le premier jour où elle était entrée dans le palais, de la joie qu’elle ressentait à l’idée d’enfin avoir sa propre Remarque. Il lui avait semblé que le palais et le cardinal étaient tous deux entourés d’un petit halo imperceptible pour qui n’y prêtait pas attention. Ansa était là elle aussi, d’un an son ainée elle avait obtenu sa Remarque l’année précédente. Elles s’étaient rencontrées lors de leur séjour dans la Demeure des Six – la demeure des sœurs de l’Unité, les Saintes croyantes les plus honorables du régime.

Esen avait rejoint la demeure des Six quand elle avait treize ans, comme la plupart des jeunes filles du Régime. Les garçons eux ne passaient pas autant de temps dans la Demeure des Trois, celle-ci abritait les frères de la Croyance. On pensait que les garçons étaient moins prédestinés à pêcher que les femmes, alors ils avaient besoin de moins de temps pour comprendre l’Unité et leur séjour ne durait que deux ans au lieu de cinq comme les filles. Esen n’avait jamais réellement compris pourquoi mais ne s’en est jamais plainte. Elle avait été heureuse de quitter la maison de sa tante pour entrer dans la Demeure. Elle n’y était jamais retournée depuis.

Aujourd’hui le palais représentait bien plus à ses yeux que l’endroit d’obtention de la Remarque. Quand elle en parcourait les couloirs elle se sentait vibrer. Elle n’était plus l’enfant qu’elle était à ses dix-sept ans. Elle ne se sentait plus minuscule face à la grandeur du Régime, comme si elle n’y avait pas vraiment sa place. Elle avait plutôt l’impression d’appartenir à cette grandeur et cela la réjouissait.

Dans les couloirs, toutes les statues des Monarques n’avaient pas été remplacées par le grand architecte. Il y avait çà et là des alcôves vides preuves de leur ancien passage dans le palais du Régime. Il restait aussi les clous auxquels on avait accroché les portraits des anciens dirigeants. Certains avaient été remplacé par le visage du cardinal et d’autres avaient simplement été enlevés. Sur le mur adjoint à la salle des audiences, la salle où le cardinal recevait les citoyens pour entendre leur demande, se trouvait la prière des Neufs :

 

Toi l’unique, dans ta bonté et ton audace nous t’honorons

Pour toi nous donnons notre vie et nos compétences

L’unité sera notre religion et notre maison

Chaque jour plus près de toi nous ferons preuve de tempérance

Car dans le soleil tu nous as donné la vie

Puis la force de battre nos ennemis,

Pour rétablir la bonne croyance !

 

Esen ne comptait plus le nombre de fois où elle avait récité cette prière lorsqu’elle séjournait dans la demeure des Six. Elle la récitait en prenant son pain du petit-déjeuner. Elle la récitait avant puis après avoir effectuée ses corvées. Elle la récitait avant et après la soupe du déjeuner. Elle la récitait avant, pendant et après les leçons dispensées l’après-midi. Elle la récitait quand elle sortait de la demeure pour faire les courses demandées par les Six. Elle la récitait quand elle volait un bout de pain pour être expiée de ce péché. Elle la réciter avant le souper et après lorsque la Six Suprême leur rappelait l’honneur qu’elles avaient de vivre dans une des demeures de l’unique. Pour finir elle la récitait en s’endormant, comme une berceuse, puis en se levant comme un réveil. Mais ce temps était révolu et Esen ne récitait la prière que lorsqu’elle se rendait à l’autel de l’Unique une fois par mois. Celle-ci était inscrite sur le mur adjacent à la salle de l’Audience pour rappeler à tous les citoyens que l’Unique était le seul a accordé les requêtes ou non.

Bon nombre de citoyens venait quémander bon nombre de choses lors des sessions d’Audience dispensées par le cardinal. Une bonne partie d’entre eux n’étaient que des paysans qui n’avait jamais reçu d’éducation religieuse. Certains n’étaient restés dans les demeures qu’un petit temps avant de rejoindre leur famille, faute de moyens pour financer leur éducation jusqu’à l’obtention de la Remarque. La prière était ici pour rappeler à chacun pourquoi le Régime se battait et qui il honorait.

Une salle adjacente était ouverte et munie de bancs pour attendre son tour. De cette partie s’échappait une certaine puanteur qu’Esen n’aurait su décrire. Il y avait un homme malingre, la tête penchée sur ses genoux et légèrement tourné de sorte que l’on ne voyait que son œil gauche, rouge et scintillant. De petites larmes s’échappaient de celui-ci pour effectuer une course sur sa joue. Son bras droit était encerclé autour de son corps sa main tenant son coude gauche. Il avait la tenue des artisans de l’architecte ainsi que les bleus et les coupures qui allaient avec. Les artisans étaient des hommes payés à coup de lance-pierre par le Régime pour reconstruire la cité afin d’y enlever toutes traces des monarques. Leur situation était leur punition pour avoir soutenu les monarques pendant la guerre inter-espèce. Seul les artisans reconnus en avaient bénéficié. Les autres traitres du régime subissaient un sort bien moins paisible.

Esen n’avait jamais contesté ce traitement. Elle le trouvait plus que justifié. Elle ne comprenait pas comment des hommes ou des femmes pouvait se retourner contre le Régime alors que celui-ci était le seul à avoir osé combattre les Monarques. Comment pouvait-on s’allier à une sous-espèce contre nature de la sorte ? Rien qu’à cette idée elle sentait un courant d’air remonter sa colonne vertébrale lui donnant des frissons.

Esen n’avait définitivement aucune pitié pour cette homme faible d’esprit, aussi quand il leva ses yeux vers elle et qu’elle s’aperçut que l’un d’eux semblait se nécroser elle n’eut qu’un sentiment de dégout.

 

-Mademoiselle, commença-t-il avec une voix chevrotante, auriez-vous une pièce pour un vieil homme nécessiteux comme moi ?

 

Elle ne pouvait y croire. Cet homme faisait la manche auprès d’elle, dans le palais du Régime après avoir honteusement trahi les siens.

 

-Je n’ai point d’argent pour les hommes sans foi ni loi dans votre genre, s’insurgea-t-elle.

 

L’homme se déplaça légèrement sur sa chaise dévoilant son bras gauche. Bras qui manquait d’une main. Son moignon était enrobé dans un linge sale et ensanglanté. Voilà d’où venait la puanteur qu’Esen sentait depuis son entrée dans la salle. Cet homme était surement venu demander grâce au cardinal pour ne plus avoir à expier son plus grand pêché.

 

-Si vous saviez ce que cette guerre m’a apporté, ce que cette guerre a apporté sur le Royaume, vous réagiriez différemment jeune fille, expliqua-t-il le voix douce.

 

Il s’était condamné en parlant du Royaume et non du Régime. Personne n’appelait plus les terres d’Ambrosie de cette manière. Le Royaume d’Ambrosie était mort en même temps que ses dirigeants. Quiconque soutenait le Royaume était soit faible d’esprit, soit mesquin, soit les deux.

Malgré tout Esen fit mine de ne pas avoir remarqué ce détail et écouta ce que l’artisan avait à dire.

 

-Avez-vous déjà lu ne serait-ce qu’un écrit sur la période d’avant-guerre ? chuchota-t-il alors qu’un garde passait non loin.

 

Il n’attendit pas la réponse et enchaina, la voix toujours basse :

 

-Bien sûr que non. Vous pensez que les Monarques sont un peuple barbare qui n’a aucun respect pour la littérature. Je vais vous en apprendre une : vous étiez sûrement jeune au moment de la guerre alors vous ne saviez pas. En ces lieux, autrefois, se trouvait la plus grande bibliothèque du monde. Ambrosie était respecté pour son savoir… et aussi sa magie, ajouta-t-il un mince sourire aux lèvres.

 

Esen n’en croyait pas ses oreilles. La magie était bannie au Régime. Si on constatait qui que ce soit procédant à un quelconque rituel, celui-ci était envoyé au bûcher. Les livres sacrés de l’Unité était catégorique : la magie venait du Monde d’en Bas. En parler de cette façon sans se soucier des conséquences ? Esen eut soudain très pitié de cet homme, il avait sûrement été avalé par le Néant de toute chose pour être recraché sur terre avec toute sa sénilité. Ses paroles n’avaient pas plus de sens que ce qui se passait sous son crâne vieillit par les années. Elle espérait qu’il mourrait bientôt pour ne plus avoir à vivre avec un tel fardeau. Parler de magie… Dans un tel endroit ?

 

-Oh ne me regardez pas comme un fou, jeune fille. Le Néant existe oui mais il ne m’a pas avalé. Je n’ai jamais compris cette idée que le cardinal avait eu de condamner le Néant pour justifier la vieillesse. On vieillit, point. La magie n’est pas plus la graine du Néant que le gland est la graine de l’érable.

 

Sa voix avait pris un léger ton plus enjoué sur cette dernière phrase, comme s’il était heureux d’exposer cette théorie grotesque. L’Unique avait parlé au Cardinal et l’Unique savait tout en toute chose. Aussi seul le Néant pouvait être à l’origine d’une telle démence. Sans s’en rendre compte Esen s’était déplacée légèrement sur son banc de manière à s’éloigner de cet horrible personnage.

 

-Vous me voyez dans ma tenue d’artisan, donc vous savez qu’autrefois j’utilisais mes mains en guise de travail. Celle-ci ne servaient pas à construire des remparts pour honorer un chef puéril. Je faisais des livres. De beaux livres dont la reliure prenait une teinte dorée au soleil. Les enluminures exposaient un texte aussi beau que poétique. Si vous saviez comme j’aimais mon métier. Aujourd’hui l’art n’existe plus et si vous pensez que je participe à la beauté du Royaume, pardon, du Régime, en construisant ce que voit l’architecte alors vous n’avez jamais connu la beauté du pays dans lequel vous vivez.

 

Esen était bouche bée par ce qu’il venait de dire. Il représentait de toute évidence un réel danger pour le Régime. Comment osait-il s’exprimer de la sorte dans ce palais, trésor du Régime. S’il y avait eu un soldat non loin elle lui aurait demandé d’enfermer cet homme sans attendre. Mais il n’y avait pas de soldat et elle n’avait pas de pouvoir en cette salle. Passereaux ou non la salle d’attente des Audiences et la salle des Audiences elle-même était régit par des lois strictes. Seul un garde éminent au service direct avec le Cardinal pouvait choisir d’emprisonner un homme dans cette salle. C’était pour cela que l’homme s’exprimait même si elle portait son uniforme. Il savait qu’elle n’avait aucun pouvoir en cette salle. Malgré tout, il devait aussi savoir qu’aussitôt rencontrerait-elle un garde du Cardinal elle le mettrait au courant des paroles de ce vieux fou. Pourquoi parlait-il ? Comme à chacune des questions qu’elle se posait il lui répondit sans même qu’elle ne la prononce à voix haute :

 

-Je n’ai pas beaucoup d’espoir quant à être gracié. Si le Cardinal me reçoit il choisira entre deux choses : me renvoyer sur le chantier ou m’exécuter. Dans les deux cas je mourrais sous une septaine. Je préfère que mon savoir se déploie. J’ai toujours aimé partager, ajouta-t-il avec un petit rire. Comme c’est ironique que ce soit vous que j’ai rencontré, lieutenante.

 

Alors qu’il finissait sa phrase la porte de la salle des audiences s’ouvrit. Un homme barbu avec une bonne bedaine en sortit d’un air satisfait. Le secrétaire qui tenait la porte appela au suivant. Le vieil homme se leva. Esen remarqua qu’il boitait. Il se présenta au secrétaire qui lui demanda sa convocation. Il n’en avait pas. Il fallait une convocation portant le sceau du cardinal pour venir demander une audience. L’homme le savait. C’était pour cette raison qu’il se savait condamner. Il n’aurait jamais parlé autant sinon. C’était le dernier acte d’un homme désireux de faire passer son savoir. Le dégoût d’Esen s’était dissipé pendant son monologue. Elle ne voyait plus qu’un homme vieux et triste.

L’homme repartait dans les longs couloirs bredouillent. Le secrétaire regardait avec impatience Esen qui était restée bloquée entre la salle d’attente et la porte de la salle d’audience. Elle regardait ce vieux bibliothécaire s’en aller, claudiquant le dos courbé. Avant qu’il ne disparaisse elle se rendit compte qu’il lui restait une dernière question.

 

-Quel est votre nom ? S’écria-t-elle aussi fort qu’elle le put pour qu’il l’entende.

 

Il se retourna avec une certaine lenteur puis cria à son tour :

 

-Je suis Hadrien de Phalères, mais voilà une décennie que plus personne ne m’appelle ainsi. Et vous mademoiselle vous portiez un autre nom qu’Esen Siola. Vous devriez fouiner dans les vieux ouvrages.

 

Sur cette dernière phrase il disparut dans un autre couloir du palais. Cela faisait deux fois en quelques jours que l’on remettait en cause qui elle était. Qu’avait-il tous à lui inventer une vie qu’elle n’avait pas ? Elle devait avoir un sosie dans cette cité. C’était la seule explication valable.

Ce fut le secrétaire qui éloigna Esen de ses pensées pour la ramener dans le palais. Il lui demandait sa convocation avec un certain agacement dans la voix.

Esen se rappela rapidement qu’elle n’était pas ici pour écouter les paroles folles d’un homme tout aussi fou. Elle sortit sa convocation puis montra de nouveau son insigne de lieutenant. Le secrétaire passa un appareil au-dessus du papier pour en vérifier l’authenticité puis, avec véhémence, lui indiqua qu’elle était en ordre.

Esen suivit le secrétaire dans la salle des audiences. Elle entendit la porte claquer dans son dos. Son spectacle allait enfin commencer.

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