Reviens.
Sa voix, enrouée par l’émotion, bute sur ce dernier mot. Puis, pendant quelques secondes, elle retient sa respiration, comme si le moindre mouvement risquait de tout gâcher. Comme si elle devait rester parfaitement immobile pour accueillir un tremblement, un sursaut. N’importe quoi, du moment que ça lui donne l’espoir dont elle a besoin depuis des mois. Finalement, elle lâche un soupir. Rien n’a changé. Les ventilateurs continuent de bourdonner, la perfusion se vide au goutte-à-goutte et les machines égrènent leurs bips agaçants. Elle replie les feuilles jaunies qu’elle tient dans les mains, lissant délicatement les plis.
— Rosa, il faut y aller. Les visites sont terminées pour aujourd’hui.
Sans prendre la peine de répondre à l’infirmière, déjà en route vers le prochain patient, Rosa glisse la lettre dans son sac, puis se lève. Avant de sortir de la chambre, elle prend la main de sa sœur, étendue sur les draps rêches. Tiède, douce, décontractée. Et comme chaque soir, elle la serre doucement, espérant la faire sortir du monde imaginaire dans lequel elle s’est enfermée.
Un monde dans lequel, elle en est sûre, Emilie court pieds nus sur une plage, à l’aube, accompagnée du vol des goélands.
FIN